Lu ailleurs / Rijeka, capitale de la culture
Rijeka, sur la côte Adriatique, est l'une des deux capitales européennes de la culture 2020. © László Szalai
Depuis 35 ans, l’Union Européenne célèbre chaque année une ou plusieurs capitales de la culture, dans le but de renforcer les liens entre Européens et de célébrer leurs différences. Cette année, Galway (Irlande) et Rijeka (Croatie) s’y collent. Nous avons reçu la carte postale de la NZZ, postée de Rijeka.
Contrairement à ce qu’affirme la légende, le père de l’Europe Jean Monnet n’aurait jamais dit: «Si c’était à refaire, je commencerais par la culture». Que l’Union Européenne soit toujours à la traine en matière de cohésion culturelle, concentrée sur les envahissantes questions économiques et politiques, est un fait. Mais quand il s’agit de symboles, l’UE répond présente. Depuis 1985, sur une idée de l’actrice et Ministre de la Culture grecque Melina Mercouri, chaque année est l’occasion d’honorer une ou plusieurs «villes de la culture». Athènes fut la première. Anoblies dès 1999 en «capitales européennes de la culture», les villes choisies - par le Conseil des ministres de l’UE - capitales nationales ou non, suivant un roulement précis entre Etats membres et parfois non membres, anciens et nouveaux arrivants, sont supposées «mettre en valeur la diversité de la richesse culturelle en Europe et les liens qui nous unissent en tant qu’Européens», dit la Commission européenne. Les choix ont parfois une tonalité politique: Berlin-Ouest en 1988, Istanbul en 2010.
Des expositions, des manifestations culturelles de toutes sortes, des festivals, sont au programme. Financés par des fonds européens, bien sûr. L'Union octroie une enveloppe globale d’environ 50 millions d’euros (le budget total de l’UE en 2020 s’élevant à 148 milliards d’euros).
Le calendrier des candidatures est plein jusqu’en 2033. On peut donc imaginer que les avantages, les retours sur investissements, s’il est convenable de s’exprimer ainsi lorsqu’il est question de culture, sont attractifs. Les retombées médiatiques sont incontestables. Mais les villes sélectionnées pointent du doigt l’insuffisance du budget alloué par l'UE. La fréquentation touristique et le coup de pouce économique sont certes au rendez-vous, mais à court terme seulement.
La Commission ajoute à ces réserves que peu de villes organisatrices semblaient jusqu'ici vraiment attachées à la dimension européenne de la chose.
Il faut enfin souligner l’absence de la Suisse dans ce programme, alors qu’il est possible à tout pays européen, membre de l’UE ou non, de se joindre aux festivités. La Confédération a décidé de faire cavalier seul en créant la Capitale culturelle suisse, toujours à l’étude.
Le charme singulier de Rijeka
Cette année, les deux élues sont Galway, une ville de 80 000 habitants sur la côte ouest de l’Irlande, et Rijeka, sur l’Adriatique, en Croatie. La Neue Zürcher Zeitung a saisi l’occasion pour proposer à ses lecteurs une visite guidée de la cité dalmate, aussi connue sous le nom de Fiume, le port de la flotte austro-hongroise du temps de l’Empire.
Comparable à Lausanne par sa taille et sa densité, Rijeka, ville natale de l’écrivain germanophone Ödön von Horváth (Jeunesse sans dieu, 1937) est une véritable mosaïque de cultures, d’histoire et de civilisations. La présence catholique est l’une des rares constantes de l’histoire de la ville, gouvernée par la gauche depuis des décennies, note le quotidien alémanique. La plus ancienne église, du XIIème siècle, est toujours fréquentée ... et aujourd’hui entourée d’immeubles brutalistes datant de la période yougoslave. Le socialisme de Tito, et bien avant lui les Romains, les Italiens, les sujets de l’empire des Habsbourg, les Croates, ont laissé leur empreinte architecturale. La capitale européenne de la culture est un labyrinthe de chantiers navals à l’abandon, de grues, de hangars, d’immeubles de béton, de forteresses romaines et de palais impériaux fin de siècle.
Un charme «étrange», assorti à celui d’Ivan Šarar, le responsable municipal de la culture. Ce quadragénaire a commencé sa carrière comme claviériste dans un groupe punk. «Le poids de l’histoire de Rijeka est un peu encombrant», concède-t-il. La ville est au carrefour de l’Italie, de l’Europe centrale et des Balkans: un enjeu politique, ethnique et un objet de conquêtes depuis sa fondation. Occupée par les légionnaires de Gabriele D’Annunzio, par les Oustachis d’Ante Pavelić et satellisée par l’Allemagne nazie, annexée à la Yougoslavie, attaquée par les Serbes de l'armée populaire yougoslave, Rijeka affiche aujourd’hui ses cicatrices, ses ruines, les stigmates de son passé plus ou moins glorieux, et son élan vers l’avenir. Un musée ouvrira cette année consacré au yacht du maréchal Tito. Le jeune Klimt a réalisé les plafonds du Théâtre national. On plante des jardins suspendus sur le toit des bâtiments préfabriqués.
Rassurons-nous, la cohésion culturelle européenne est bien en marche. L’année honorifique de Rijeka, première ville de Croatie à se voir attribuer le titre, s’ouvre sur un slogan politiquement neutre, positif et historiquement pudique: «Port de la diversité».
L'article original est à lire ici.
Consultez aussi le programme des festivités de Rijeka et Galway.
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Même avec un salaire décent comme celui de Carlos, il est devenu quasi-impossible de louer un appartement en centre-ville, à moins de décrocher une place dans une colocation de 3 ou 4 personnes. Les loyers ont augmenté de 68% en dix ans et l’accession à la propriété est devenue une chimère inatteignable pour les jeunes actifs.</p> <p>Comme ailleurs dans le sud de l’Europe, la population double durant les vacances d’été, une situation invivable pour les résidents. «Il y a de plus en plus de monde» déplore Carlos. En plus de porter des t-shirts qu’on ne risque pas de manquer en déambulant sur les <em>R</em><i>amblas</i>, les habitants des régions concernées redoublent d’imagination pour faire entendre leur voix. Aux îles Canaries, c’est une grève de la faim qui a été décidée dès le mois d’avril. A Barcelone toujours, des locaux excédés s’amusent à viser les touristes au pistolet à eau. Les températures avoisinent les 40 degrés, rien de bien méchant. 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D’autres professionnels craignent même que la ville ne se retrouve «isolée» et que l’attitude des résidents n’entache la réputation de toute l’Espagne.</p> <p>Car cette révolte s'inscrit dans un paradoxe économique. Barcelone vit largement du tourisme, comme de nombreuses autres régions européennes. Comment concilier prospérité et tranquillité? L’exaspération des habitants ne se dirige d’ailleurs pas vers les touristes eux-mêmes, mais plutôt vers les autorités qui n’ont pas engagé de réflexion profonde – et politique – sur un modèle touristique durable à adopter pour atteindre une forme de consensus entre visiteurs et habitants, un équilibre vivable à long terme. Il s’agit d’un problème structurel. </p> <p>En sus des logements confisqués et de la dévitalisation des centres-villes, la question du respect de l’environnement et des habitants par les visiteurs commence à être abordée et regardée en face. 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En pleine pandémie, les organisateurs avaient pris des précautions maximales: masques obligatoires, bulles sanitaires pour protéger les athlètes, public contraint de regarder la majeure partie des festivités à la télévision... Sur certains tronçons du parcours de la flamme, rappelle l’article des <em>Echos</em>, il était même défendu au public de pousser des cris d’enthousiasme, afin d’éviter les contaminations. </p> <p>Un cas d’école, en somme: pour l’historien du sport Robert Withing, cité par le quotidien, «l’opinion publique n’aura pas pu vivre les émotions qui permettent normalement d’effacer toutes les polémiques qui précèdent traditionnellement les JO.» C’est ainsi que les Japonais ont pu découvrir la facture finale de 1’700 milliards de yens (environ 13 milliards de dollars), c’est-à-dire le double des dépenses prévues. Les infrastructures construites pour l’occasion, en particulier le Stade national de Tokyo, dont les gradins sont demeurés vides pendant les Jeux, coûtent aujourd’hui des sommes considérables.</p> <p>Des entreprises privées se proposent d’exploiter le stade d’ici quelques mois, afin d’éponger quelque peu les coûts faramineux: presque jamais utilisé, le stade conçu par l’architecte Kengo Kuma, une harmonieuse structure hybride de bois, d’acier et de béton, coûte près de 50’000 euros par jour aux contribuables.</p> <p>Avec prudence, on évoque la possibilité d’employer cette arène à l’organisation d’une prochaine coupe du monde de football. Mais d’une manière générale, les autorités japonaises comptent patienter avant d’envisager d’accueillir d’autres grands événements internationaux. La candidature de Sapporo pour les Jeux d’hiver 2030 a par exemple été retirée. 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