Lu ailleurs / Quand l’industrie du tabac impose ses conditions à l’Etat kenyan
Sachets de nicotine Velo, commercialisés par British American Tobacco. © DR
Le «Guardian» se fait l’écho d’une enquête menée conjointement avec le média d’investigation spécialisé en santé publique The Examination, et Africa Uncensored. Au cœur des révélations, une correspondance entre le géant du tabac British American Tobacco et le ministère de la Santé du Kenya. Le cigarettier a fait pression sur les autorités pour réduire les avertissements sanitaires sur ses produits, en échange d’investissements économiques. La santé publique et la souveraineté du Kenya en pâtissent.
En fait de paquets de cigarettes classiques, ce sont surtout les «Velo», produits et commercialisés par British American Tobacco (BAT), l'entreprise britannique propriétaire de Lucky Strike, Dunhill ou encore Pall Mall et Parisienne, qui rencontrent un grand succès au Kenya. Ce sont des «sachets blancs remplis de nicotine, d'arômes et de fibres végétales qui sont placés entre la lèvre et la gencive pour libérer une dose de nicotine. Ils s'inspirent du Snus, le produit de tabac humide suédois, mais sont sans tabac», explique le Guardian. Ces sachets sont vendus par paquets de 20 pour 350 shillings, soit un peu moins de deux francs, et sont ainsi accessibles à la classe moyenne kenyane. Autre avantage commercial, ils se déclinent en plusieurs saveurs attractives, «brise tropicale», «ambiance urbaine»...
Ces sachets sont-ils nocifs pour la santé? La science est encore hésitante à ce sujet. On suppose cependant qu’absorber une dose de nicotine équivalente à celle contenue dans une cigarette n’est pas sans effet sur l’organisme. Hypertension artérielle, risques d’accidents cardiovasculaires, actions néfastes sur le cerveau en développement des adolescents et des fœtus in utero... et fort pouvoir addictif. Comme il ne s’agit pas de tabac et qu’il n’y a pas de combustion, les conséquences sanitaires seraient moindres, mais tout de même bien présentes. Ce qui a poussé le gouvernement kenyan à imposer au fabricant l’apposition d’un avertissement sur les Velo, au même titre que sur tous les produits dérivés du tabac ou contenant de la nicotine.
Au Kenya, comme dans l’Union européenne, la loi impose que l’avertissement sanitaire couvre 30% de la surface d’emballage des produits.
Or, en septembre 2021, révèle l’enquête, BAT a engagé un chantage économique avec le ministère de la Santé kenyan et les avertissements sur les sachets Velo, auparavant commercialisés sous le nom de Lyft, ne couvrent que 15% de l’emballage. Le directeur général de BAT arguait que la «reprise des opérations de l’usine» dépendait de l’approbation de ce petit avertissement. «Votre considération positive de cette demande nous permettra de rendre notre usine opérationnelle», indique la correspondance consultée par les journalistes.
Cette usine, située à Nairobi, la capitale, représente un investissement de 15 millions de dollars, et est prévue pour arroser l’Afrique de l’Est et du Sud en produits nicotiniques.
Deux ans auparavant, BAT était déjà parvenu à contourner la législation en vigueur. Ses produits Velo n’avaient l’autorisation d’être vendus qu’en pharmacie, or le cigarettier les commercialisait aussi sur internet et dans d’autres boutiques, et en faisait faire la publicité par des influenceurs. Il organisait aussi des distributions gratuites dans les universités et touchait ainsi un public jeune, voire très jeune.
Rappelé à l’ordre par les autorités kenyanes, BAT se serait alors lancé dans une campagne de lobbying très agressive, avec à la clé, déjà, l’ouverture – ou non – de l’usine de Nairobi.
In fine, BAT a disposé jusqu’en juillet dernier d’une licence qui l’autorisait à ne pas indiquer sur ses sachets de nicotine la présence de substances toxiques potentiellement cancérigènes. L’entreprise a renouvelé sa demande auprès du gouvernement pour obtenir une dispense à durée illimitée. Ce dernier n’a pas encore répondu à cette requête. A ce jour, malgré quelques ruptures de stock, les sachets Velo sont toujours en vente dans les mêmes conditions au Kenya.
Peu de données sont actuellement disponibles sur les consommateurs de ces produits, qui pèseraient 3 milliards de chiffre d’affaires au total pour BAT. Mais des études préliminaires révèlent que c’est la Génération Z, les moins de 25 ans, qui y serait la plus sensible. Des enseignants affirment que les sachets Velo ont fait irruption dans les écoles et les cours de récréation. Considéré par BAT comme un «marché test» pour son implantation dans les pays émergents, le Kenya est aujourd’hui menacé par un grave problème de santé publique. De nombreux acteurs de la société civile plaident pour une interdiction de la vente aux mineurs, un point qu’il faudra encore âprement négocier avec le géant du tabac.
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Ils étaient également près de 3’000 Barcelonais à se réunir devant la mairie début juillet pour tâcher d’attirer l’attention médiatique sur la question.</p> <p>La mairie, <span>quant à elle, e</span><span>nvisage d’augmenter le montant de la taxe de séjour pour les visiteurs qui débarquent des bateaux de croisière. Cette taxe rapporte actuellement une centaine de millions d’euros, soit la troisième ressource économique de la ville. 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Voire contre-productive pour les associations de résidents qui craignent que leur ville ne se transforme en «Venise-land», le droit de péage constituant le ticket d'entrée pour ce parc d'attraction. «Nous avons atteint un point de non-retour» déplorent les Vénitiens. «Notre ville se meurt pour le profit de quelques uns». Des services de santé ont en effet dû fermer leurs portes, les boutiques de souvenirs kitsch remplacent les enseignes locales: la vie quotidienne devient impossible.</p> <p>De fait, le pari de Carlos Ramirez et de ses voisins a réussi: plusieurs agences de voyages et compagnies aériennes avertissent désormais leurs clients. Il règne en Catalogne un «climat hostile» à leur venue. «Barcelone a à présent mauvaise réputation. De plus en plus de visiteurs ont peur de s’y rendre», explique Antje Martins, spécialiste du tourisme à l’université du Queensland. D’autres professionnels craignent même que la ville ne se retrouve «isolée» et que l’attitude des résidents n’entache la réputation de toute l’Espagne.</p> <p>Car cette révolte s'inscrit dans un paradoxe économique. Barcelone vit largement du tourisme, comme de nombreuses autres régions européennes. Comment concilier prospérité et tranquillité? L’exaspération des habitants ne se dirige d’ailleurs pas vers les touristes eux-mêmes, mais plutôt vers les autorités qui n’ont pas engagé de réflexion profonde – et politique – sur un modèle touristique durable à adopter pour atteindre une forme de consensus entre visiteurs et habitants, un équilibre vivable à long terme. Il s’agit d’un problème structurel. </p> <p>En sus des logements confisqués et de la dévitalisation des centres-villes, la question du respect de l’environnement et des habitants par les visiteurs commence à être abordée et regardée en face. 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Les enterrements de vie de garçon ont quelque peu cessé d’empoisonner le quotidien et les nuits des riverains des bars et boîtes de nuit.</p> <p>Une autre stratégie consiste à augmenter drastiquement les prix pour se débarrasser des foules. Mais la gentrification qui s’en suit est encore un fléau pour les locaux. Ainsi à Majorque, tout est désormais «hors de prix» afin de dissuader les «touristes alcoolisés» d’envahir l'île et ses plages. Seulement cette inflation ne bénéficie pas aux habitants.</p> <p>Quelles que soient les méthodes employées, une intervention politique semble indispensable aux habitants de ces zones exposées à la surfréquentation. D’Amsterdam à Venise en passant par Palma de Majorque, tous sont décidés à poursuivre leur combat, «jusqu’à ce que l’équilibre soit rétabli». Un équilibre d’avant EasyJet et AirBnB.</p> <hr /> <h4><a href="https://edition.cnn.com/2024/07/27/travel/why-europe-has-become-an-epicenter-for-anti-tourism-protests-this-summer/index.html" target="_blank" rel="noopener">Lire l'article original</a></h4>', 'content_edition' => '', 'slug' => 'surtourisme-un-point-de-non-retour-pour-l-europe', 'headline' => null, 'homepage' => null, 'like' => (int) 152, 'editor' => null, 'index_order' => (int) 1, 'homepage_order' => (int) 1, 'original_url' => '', 'podcast' => false, 'tagline' => null, 'poster' => null, 'category_id' => (int) 4, 'person_id' => (int) 4670, 'post_type_id' => (int) 1, 'post_type' => object(App\Model\Entity\PostType) {}, 'comments' => [ [maximum depth reached] ], 'tags' => [ [maximum depth reached] ], 'locations' => [[maximum depth reached]], 'attachment_images' => [ [maximum depth reached] ], 'person' => object(App\Model\Entity\Person) {}, 'category' => object(App\Model\Entity\Category) {}, '[new]' => false, '[accessible]' => [ [maximum depth reached] ], '[dirty]' => [[maximum depth reached]], '[original]' => [[maximum depth reached]], '[virtual]' => [[maximum depth reached]], '[hasErrors]' => false, '[errors]' => [[maximum depth reached]], '[invalid]' => [[maximum depth reached]], '[repository]' => 'Posts' }, (int) 2 => object(App\Model\Entity\Post) { 'id' => (int) 5065, 'created' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'modified' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'publish_date' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'notified' => null, 'free' => false, 'status' => 'PUBLISHED', 'priority' => null, 'readed' => null, 'subhead' => null, 'title' => 'Les amères retombées des Jeux de Tokyo 2020', 'subtitle' => '«Les Echos» s’est interrogé dans une récente série d’été sur les retombées de l’organisation des Jeux olympiques sur les villes hôtes. 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En pleine pandémie, les organisateurs avaient pris des précautions maximales: masques obligatoires, bulles sanitaires pour protéger les athlètes, public contraint de regarder la majeure partie des festivités à la télévision... Sur certains tronçons du parcours de la flamme, rappelle l’article des <em>Echos</em>, il était même défendu au public de pousser des cris d’enthousiasme, afin d’éviter les contaminations. </p> <p>Un cas d’école, en somme: pour l’historien du sport Robert Withing, cité par le quotidien, «l’opinion publique n’aura pas pu vivre les émotions qui permettent normalement d’effacer toutes les polémiques qui précèdent traditionnellement les JO.» C’est ainsi que les Japonais ont pu découvrir la facture finale de 1’700 milliards de yens (environ 13 milliards de dollars), c’est-à-dire le double des dépenses prévues. 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VOS RÉACTIONS SUR LE SUJET
1 Commentaire
@Loicguelat 23.02.2024 | 10h56
«En échange d’un marché à 3 milliards, le Kenya reçoit une usine à 15 millions….. un rapport de 1 à 200! »