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Lu ailleurs

Lu ailleurs / Le Royaume-Uni gagné par l’angoisse d’un conflit total


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«Le Monde» se fait l’écho d’une panique qui monte au Royaume-Uni. Plusieurs haut gradés de l’armée britannique et des spécialistes de la défense l’affirment: s'il se déclarait demain un conflit militaire d'ampleur en Europe de l’Ouest, le pays serait incapable d'y faire face. Son armée serait dans un état «préoccupant». Parmi les pistes d’amélioration et de préparation à la guerre, le rétablissement de la conscription, suspendue en 1960, est évoqué.



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Bientôt à la retraite, le général Patrick Sanders, chef d'état-major de l'armée de terre, a sonné le tocsin le 24 janvier dernier. Dans l’hypothèse, plus que crédible selon lui, d’une guerre ouverte entre l’OTAN et la Russie, l’armée britannique ne ferait pas le poids. Le Royaume-Uni ne serait pas prêt à un conflit de la nature de celui qui fait rage en Ukraine. Il conviendrait donc, selon le général, de «placer nos sociétés sur le pied de guerre», en prenant exemple notamment sur la Suède, qui vient de réintroduire une forme de service militaire.

Du côté des politiques, et particulièrement dans le camp des Tories au pouvoir, les réactions n'ont pas tardé. Le Premier ministre Rishi Sunak et le ministre de la Défense refusent de considérer autrement que comme «hypothétiques» les prévisions de sir Sanders. L’armée britannique est traditionnellement une armée de volontaires et a vocation à le rester, disent-il.

Le fait est que, selon Andrew Dorman, spécialiste des questions de sécurité au King’s College de Londres, cité par le quotidien du soir: «L’armée a du mal à recruter et à retenir ses personnels, et ses équipements sont vieillissants. Le processus de recrutement des personnels a été sous-traité et n’est pas assez efficace. Beaucoup de personnels quittent l’armée parce que les salaires sont insuffisants mais aussi à cause de l’état déplorable des logements pour les familles. Il n’y a pas eu suffisamment d’investissements ces quinze dernières années».

Un rétablissement de la conscription permettrait en effet de mettre un terme au problème du recrutement, mais le pays (et sa jeunesse) est-il prêt à se mettre en ordre de bataille? 

Un ex-commandant en chef adjoint de l’OTAN appuie: il faut se mettre à «penser l’inimaginable». Des militaires à la retraite, une ancienne ministre de la Défense sont de cet avis, ainsi que Boris Johnson lui-même, avec plus ou moins de second degré. L’ancien Premier ministre jouait les matamores dernièrement dans les colonnes du Daily Mail: «Signer pour défendre mon roi et mon pays? Oui mon commandant!»

Le Monde précise que la prise de parole du général Sanders n’intervient pas au hasard: dans quelques semaines le chancelier Jeremy Hunt présentera le budget, et nous sommes à quelques mois des élections générales. Le Royaume-Uni consacre actuellement 2,1% de son PIB à la défense, et entend porter ce poste de dépense à 2,5% du PIB. Le Labour, qui ambitionne de revenir au pouvoir à la fin de l’année, à l'issue des prochaines élections, laisse déjà entendre qu’il alignera sa politique sur ces préoccupations de défense.

Reste à maintenir dans l’opinion un fragile équilibre entre insouciance et franche panique: «Sir Patrick Sanders a lancé un débat sain, mais le gouvernement n’a pas envie de faire peur aux Britanniques en année électorale et ces derniers ne sont pas prêts à entendre un tel discours, car ils considèrent qu’ils vivent encore en sécurité à l’extrémité ouest de l’Europe. Il faudrait un électrochoc, comme l’élection de Donald Trump, pour faire changer les esprits», estime lord Peter Ricketts, le représentant du Royaume-Uni à l’OTAN. 

Il est vrai qu’une guerre ouverte impliquant l’Europe de l’Ouest et la Russie est et demeure de l’ordre de l’inimaginable, de l’irréaliste aussi, peut-être bien.


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VOS RÉACTIONS SUR LE SUJET

2 Commentaires

@Chan clear 04.02.2024 | 20h06

«Je veux bien croire que les britanniques ne sont pas prêts à entendre ce genre de discours avec tout ce qu’ils ont a gérer dans le but d’avoir une vie plus ou moins harmonieuse….inflations, chauffages, pauvres dans les rues, système de santé fatigué etc….une chose les sauvent c’est leur sacré sens de l’humour »


@hum 04.02.2024 | 20h36

«Boris Johnson a joué les incendiaires en convainquant Zelensky qu'on mettrait les Russes à genoux. Maintenant, l'Europe commence à réaliser dans quel pétrin elle s'est fourrée, surtout si Trump sera élu. Mais les Anglais ont peu de soucis à se faire, ils ont la dissuasion nucléaire (merci les cousins), ainsi que les Français (merci de Gaulle). Les Russes seraient donc fous de passer le Rhin. Par contre les Allemands, à moins de gagner la revanche de la bataille de Kursk s'il leur reste des chars, auront moins de chance, ainsi que les Italiens. Et la Suisse, ayant jeté sa neutralité aux orties, non plus.»