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Lu ailleurs

Lu ailleurs / Homme harcelé sexuellement: que se passe-t-il lorsque les rôles s’inversent?

Amèle Debey

15 août 2018

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A New York, une femme professeure d’Université a été reconnue responsable de harcèlement sexuel sur l’un de ses anciens élèves. Considérée comme une sommité dans le milieu de la philosophie, l’accusée a reçu le soutien de bon nombre de ses consœurs et confrères universitaires, dont plusieurs féministes notoires. Un scénario qui soulève débats et interrogations dans un climat très influencé par le mouvement #metoo, comme le relève le «New York Times».



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Avita Ronell, 66 ans, professeure renommée d’allemand et de littérature comparative à l’Université de New York, a été reconnue responsable de harcèlement sexuel sur l’un de ses anciens élèves, Nimrod Reitman, âgé de 34 ans. Tous deux sont homosexuels.

Au terme d’une enquête de onze mois réalisée au nom de l’amendement Title IX, qui traque la discrimination sexuelle dans les établissements scolaires américains, la professeure Ronell a été suspendue par l’Université.

Nimrod Reitman accuse Avita Ronell de l’avoir tripoté et embrassé sur les mains et sur le torse après l’avoir invité dans sa chambre d’hôtel lors d’un séjour à Paris, en 2012. Ce comportement aurait continué lors de leur retour à New York, où la professeure aurait obligé l’étudiant à dormir dans le même lit qu’elle pendant une semaine, tout en le forçant à l’embrasser.

Si les accusations d’agressions sexuelles n’ont pu être prouvées, des e-mails ont été fournis par la victime présumée. Dans l’un d’entre eux, datant du 16 juin 2012, Avita Ronell aurait écrit: «Je me suis réveillé avec une légère fièvre et un mal de gorge. Je vais essayer très fort de ne pas t’embrasser jusqu’à ce que ma gorge aille mieux. Ce qui ne sera pas un report facile!» En juillet, elle aurait notamment écrit: «C’est l’heure de ton baiser de midi. Mon image pendant ma méditation: nous sommes sur le canapé, ta tête sur mes genoux. Caresser ton front, jouer doucement avec tes cheveux, te réconforter...ton mal de tête est parti, n’est-ce pas?»

Dans une déclaration adressée au New York Times, Avita Ronell déclare: «Nos échanges – dont Reitman prétend maintenant qu'ils constituaient du harcèlement sexuel – se déroulaient entre deux adultes, un homme gay et une femme queer, qui partagent un héritage israélien, ainsi qu'un penchant pour un style épistolaire fleuri et affecté découlant de nos antécédents et sensibilités académiques communs.»

«Nous témoignons de la grâce, de la vivacité d’esprit et de l’engagement intellectuel de la professeure Ronell et nous demandons que lui soit accordée la dignité due à quelqu’un de son rang et de sa réputation à travers le monde.»

Rapidement, des intellectuels du monde entier ont exprimé leur soutien à celle qui est considérée comme l’une des dernières philosophes-stars de la planète. Une cinquantaine de consœurs et de confrères d’Avita Ronell se sont fendus d’une missive dans laquelle ils affirment avoir travaillé pendant de nombreuses années aux côtés de la professeure Ronell et pouvoir témoigner de son rapport avec les élèves. Admettant «ne pas avoir eu accès au dossier confidentiel de l’affaire», ils se permettent pourtant d’affirmer que «les griefs retenus à son encontre ne représentent en rien une preuve concrète».

Défendant leur collègue bec et ongles, ils assurent «connaître l’individu qui a fomenté cette campagne malveillante à son encontre»: «Comme vous le savez, la professeure Ronell a changé le cours des études allemandes, de la littérature comparative et influencé le champ de la philosophie et de la littérature à travers les années, peut-on lire dans cette lettre téléchargeable ici. Nous témoignons de la grâce, de la vivacité d’esprit et de l’engagement intellectuel de la professeure Ronell et nous demandons à que lui soit accordée la dignité due à quelqu’un de son rang et de sa réputation à travers le monde.»

Et de prévenir: «Si elle devait être relevée de ses fonctions, l’injustice serait largement reconnue et combattue. La perte humaine qui s’ensuivrait pour l’Université de New York et pour la vie intellectuelle de cette époque serait énorme et déclencherait, très justement, l’attention intense et largement relayée du public.»

#metoo réservé aux femmes?

Comme le soulève le New York Times dans son article, il est intéressant d’observer la réaction des féministes lorsque c’est l'une d’entre elles qui se retrouve sur le banc des accusés. Force est de constater que les soutiens d’Avita Ronell chantent une mélodie sensiblement semblable à ceux d’Harvey Weinstein. Le fait que Nimrod Reitman ait attendu deux ans après l’obtention de son diplôme pour porter plainte alimente la technique de décrédibilisation de la victime présumée. La journaliste Olivia Goldhill écrit ainsi, via le site Quartz: «Les sentiments exprimés dans la lettre vont directement à l'encontre des principes de base sur lesquels la plupart des gens s'entendent lorsqu'il s'agit de répondre aux allégations d'agression sexuelle: ses auteurs calomnient l'accusateur, suggèrent que l'importance de l'accusée devrait influencer la façon dont elle est traitée et prétendent – sans mener une enquête ni fournir des preuves – que l'accusée ne peut être déclarée coupable. La lettre dépeint également l'acte d'enquêter comme étant fort préjudiciable à l'accusé.

«Dans ce contexte, prétendre que l'acte même d'accuser quelqu'un ou de mener une enquête cause un préjudice semble soutenir un système qui protège typiquement l'accusé.»

Ces attitudes, lorsqu'elles sont mises en avant pour défendre des hommes accusés, ont été critiquées, à juste titre. Les méthodes contemporaines d'enquête sur le harcèlement sexuel et les agressions sexuelles – qu'il s'agisse d'un tribunal pénal, civil ou interne à un lieu de travail – n'ont pas réussi à protéger les victimes et ont permis aux auteurs de s’en sortir impunément. Dans ce contexte, prétendre que l'acte même d'accuser quelqu'un ou de mener une enquête cause un préjudice semble soutenir un système qui protège typiquement l'accusé.»

Diane Davis, qui dirige le Département rhétorique de l'Université d'Austin, au Texas fait partie des cinquante et un signataires de la lettre défendant Avita Ronell. Pour elle, l'amendement Title IX a été créé pour protéger les femmes: «Je soutiens évidemment ce que Title IX et le mouvement #metoo essaient de faire, leurs efforts pour lutter contre et prévenir les abus et pour exiger que justice soit faite, a-t-elle écrit dans un email. Mais c’est justement pour cette raison que c’est aussi décevant lorsque cette énergie est détournée et utilisée contre elle-même. C’est ce que nombre d’entre nous pensons qu’il se passe dans cette affaire.»


Retrouvez l'article original, en anglais, sur le site du New York Times
Ainsi qu'une reprise, en français, sur le site de TV5 Monde

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VOS RÉACTIONS SUR LE SUJET

3 Commentaires

@Lagom 17.08.2018 | 08h35

«Elle à 66 ans, s'en sortira. Au pire, elle arrêtera d'enseigner pour écrire un livre et gagner un peu plus d'argent. Mais lui il va traîner, à longueur de sa vie, la réputation d'être un traître. J'espère qu'il aura la bonne idée de changer de nom et d'Etat pour se relancer dans la vie. En tout cas, joli scénario pour un film, où les thèmes peuvent se basculer et se bousculer autour de la jeunesse, la méchanceté, la vieillesse, le sexe, l'université, les défenseurs de droits tendancieux, les alliances sexistes, la religion, etc. »


@Roland J. 17.08.2018 | 19h40

«Passionnant !»


@stef 19.08.2018 | 16h29

«Si les femmes souhaitent être un tant soi peu crédibles avec le mouvement MeToo, il serait bon d’appliquer ce-dit mouvement aussi bien aux femmes qu’aux hommes !»


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