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Actuel / Voter Parti animaliste, est-ce bête?


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C’est la petite surprise des Européennes en France. Le Parti animaliste a recueilli près d’un demi-million de voix (2,2%) malgré le silence des médias. Sa liste fait jeu égal avec celle du Parti communiste et en surpasse d’autres qui ont bénéficié d’une meilleure couverture médiatique. De nombreux autres «partis frères» de la planète défendent la même cause. Le vote animaliste, pas si bête que ça?



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Profitant de réglementations électorales qui favorisent davantage les petites formations qu’en France, les partis animalistes allemand, néerlandais et portugais sont parvenus à faire élire, chacun, un député au Parlement européen. Ces formations sont chapeautées – comme pour les «grands» – par un parti européen, Animal Politics EU (APEU). Dans la précédente législature du Parlement de Strasbourg, le député animaliste allemand et son camarade néerlandais siégeaient dans le groupe Gauche unitaire européenne/Gauche verte nordique qui comprend notamment La France Insoumise et Die Linke. En Australie, l’Animal Justice Party compte un sénateur et le parti animaliste portugais dispose d’un siège au parlement national.

En Suisse, le Parti pour les animaux, créé en 2010, est surtout actif dans les cantons alémaniques. Il avait présenté une liste à Zurich lors des élections aux Conseil national en 2015, récoltant alors 1796 voix, soit 0,4% des votants. Il faut dire que les Verts et les Verts Libéraux, qui ont une envergure nationale, défendent la plupart des thèmes soulevés par les animalistes. Rude concurrence. Toutefois, les bêtes disposent à Berne d’un groupe de pression, Animaux-Parlement, soutenu par vingt-quatre organisations. Cette plateforme établit un classement des parlementaires aux Chambres fédérales en fonction de leur engagement en faveur ou au détriment de la protection animale. L’extrême-droite (UDC et UDF) et la droite radicale-libérale sont les formations les plus mal classées en la matière.  

Antispécisme et animalisme

Pas de quoi bouleverser les équilibres politiques, certes. Mais ce mouvement est récent; il n’a que neuf ans d’existence en Suisse et trois en France. Le fait qu’il est actif dans une quinzaine de pays démontre qu’il ne relève plus de la sympathique anecdote. De même, il serait faux de considérer les animalistes comme des extrémistes de l’antispécisme ou les associer aux groupes qui agressent les bouchers. Dans sa propagande, le Parti animaliste français adopte un ton modéré en évitant de se laisser enfermer dans la sphère végane, son biotope naturel. «La question animale ne se résume pas qu’au fait d’être végétarien ou végane: elle doit concerner l’ensemble de la population. Toutes les personnes qui souhaitent faire avancer cette question ont leur place dans le parti», précise son site. Cette formation propose 148 mesures dont l’interdiction de l’élevage des veaux en batterie, la vidéosurveillance systématique dans les abattoirs et les laboratoires. Il élabore un discours assez technique sur l’agriculture, la recherche scientifique, les transports, l’alimentation en général. Bref, on est loin des diatribes à la Brigitte Bardot.

Symptôme d’un changement de paradigme

L’animalisme politique est un symptôme parmi d’autres du mouvement bien plus profond qui est en train de bouleverser les relations que l’humain entretient avec les autres êtres vivants, l’environnement et même le cosmos. L’Occident est parvenu à diffuser sur l’ensemble de la planète son schéma qui fait de l’humain un être séparé et omnipotent, pouvant exploiter à sa guise la terre et tous les êtres vivants. Chacun peut aujourd’hui mesurer les conséquences de cette hubris car les désordres climatiques et environnementaux sont devenus perceptibles. Dès lors, le schéma occidental a pris un sacré coup de vieux. Menacé par sa propre démesure, l’humain tend à considérer les autres êtres vivants d’un œil plus compatissant. Comme d’habitude, c’est surtout vers lui que se dirige sa compassion, mais il y englobe de plus en plus son environnement et, en premier lieu, ceux qui lui ressemblent le plus: les animaux. Le mur qu’il avait jadis élevé entre lui et les autres vivants se lézarde. L’animalisme est donc la traduction politique de ce changement de paradigme.

© Twitter

Si les partis animalistes sont incontestablement des formations démocratiques, souvent, mais pas toujours, classées à gauche ou au centre-gauche, il n’en demeure pas moins que leur cause – comme toutes les autres d’ailleurs – est sujette à dérives. Après tout, dès 1933 le Troisième Reich avait adopté une batterie de lois protégeant les animaux et Hitler s’affichait végétarien. De toute évidence, cela ne saurait entacher les partis animalistes. Ce n’est pas parce que le führer a fait goudronner des autoroutes qu’il faut s’abstenir de les emprunter. Toutefois, cet exemple démontre que la sensiblerie exacerbée peut décorer le pire. La philosophe Elisabeth de Fontenay, auteur du «Silence des bêtes», fait bien la part des choses: «Cette forme de sensiblerie envers les animaux relève selon moi de l'antihumanisme, alors que la sensibilité à leur égard nous relie à cette part commune aux hommes et aux bêtes» (interview diffusée par LeMaineLivre, blogue de Frédérique Bréhaut). On ne saurait mieux dire.

Si l’animalisme reste une force d’appoint prodiguant ses piqûres de rappels aux élus qui auraient oublié la cause animale, il aura rempli son rôle. Mais s’il fait perdre des voix aux formations de l’écologie politique – qui défendent la plupart, voire la quasi-totalité, de leurs revendications –, il sera devenu néfaste à la cause que les animalistes entendent représenter. Les dernières élections européennes ainsi que d’autres consultations sur le plan national ont démontré que les partis verts constituent la seule force crédible pour offrir aux Européens une alternative au duel entre la droite capitaliste de type macronien et l’extrême-droite nationaliste. Un duel mortifère pour la démocratie et pour l’environnement. Le vote animaliste n’est donc pas bête. Mais il peut le devenir.

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