Actuel / Une fuite accidentelle du coronavirus depuis un labo de Wuhan n’est pas à exclure
L’hypothèse d’une fuite accidentelle de ce coronavirus depuis un laboratoire chinois est de plus en plus crédible. Il sera néanmoins difficile d'en apporter la preuve formelle. © DR
Cette histoire de pangolin et de chauve-souris comme origines de la pandémie de coronavirus, selon certaines sources, ne tiendrait pas debout. Il faudrait plutôt se tourner vers le Centre de contrôle et de prévention des maladies, un laboratoire P2, à Wuhan. Explications dans cet article de Maxime Chaix, paru sur le site Deep-News.media - site d’information indépendant et fiable - le 3 avril 2020.
Depuis plusieurs semaines, nos sources bien informées se posent de sérieuses questions sur l’origine de la pandémie de SARS-CoV-2. Si elles excluent qu’il s’agisse d’une attaque bactériologique, elles soupçonnent la fuite accidentelle d’un coronavirus naturel étudié à des fins médicales dans l’un des laboratoires de Wuhan – que nous allons identifier dans cet article. Nous avons donc reproduit leurs témoignages, sachant que le Washington Post vient de confirmer la pertinence de cette hypothèse avec des arguments qui nous paraissent solides. Alors que nous avions déjà souligné les failles de sécurité des laboratoires de virologie aux États-Unis, la présente enquête sur le système chinois n’est pas non plus rassurante. De quoi nous faire réfléchir sur la nécessité de sécuriser davantage de tels labos, y compris en France.
Début mars, l’un de nos confères est formel : « Le monde du renseignement se pose beaucoup de questions. » Il me confirme ainsi les échos que je recevais des milieux de la sécurité nationale en Occident. Parmi mes sources, un membre d’un service secret européen ayant requis l’anonymat observe que « cette histoire de pangolin et de chauve-souris, ça ne tient pas debout. Rien ne l’étaye. On table plutôt sur la fuite accidentelle de ce virus depuis un laboratoire chinois, potentiellement le Centre de contrôle et de prévention des maladies basé à Wuhan. Il s’agit d’un labo P2, donc beaucoup moins sécurisé que le P4 inauguré par le gouvernement français dans cette ville en 2017, à l’Institut de virologie. Je précise que ce coronavirus n’est pas, selon nous, une arme bactériologique ou un virus créé en laboratoire ».
Récemment, David Ignatius confirma la pertinence de l’hypothèse d’une fuite involontaire, ce journaliste étant l’un des mieux renseignés au Washington Post. Soulignant que ce virus pourrait être issu du marché de fruits de mer de Huanan, dans la ville de Wuhan, il nous rappelle qu’il existe « une théorie concurrente – celle de la libération accidentelle du coronavirus de chauve-souris depuis un laboratoire –, ce qui intrigue les scientifiques depuis des semaines. À moins de 300 mètres [de ce] marché des fruits de mer de [Huanan] se trouve des labos du Centre chinois de contrôle et de prévention des maladies. Des chercheurs de cet établissement, mais aussi de l’Institut de virologie de Wuhan qui n’est pas loin, ont publié des articles sur la collecte de coronavirus de chauves-souris en Chine, et ce à des fins de recherches pour prévenir l’apparition de futures maladies. L’un de ces échantillons a-t-il fuité ? Des déchets dangereux ont-ils été déposés dans un endroit où ce virus aurait pu se propager ? »
Précisons alors que l’Institut de virologie de Wuhan possède un laboratoire P4, qui fut co-développé par la France et inauguré par le Premier Ministre Bernard Cazeneuve en février 2017. Pour autant, plusieurs de nos sources confirment que les coronavirus ne sont pas étudiés dans ce labo, ce qu’a récemment expliqué le journaliste Antoine Izambard : « Le P4 a été (…) accrédité par les autorités chinoises pour effectuer des recherches sur les virus Ebola, la fièvre hémorragique de Congo-Crimée (CCHF) et le Nipah (NiV), mais toujours pas pour le SRAS ou les coronavirus. » Or, nous allons voir qu’en Chine, les coronavirus sont étudiés dans des laboratoires nettement moins sécurisés, d’autant plus que l’imprudence de certains scientifiques locaux est documentée.
Dans son article, David Ignatius interroge Richard Ebright, un expert en biosécurité et microbiologiste à l’Université Rutgers, dans le New Jersey. Selon lui, « “la première infection humaine aurait pu être un accident naturel”, le virus passant de la chauve-souris à l’homme, peut-être par le biais d’un autre animal. Or, Ebright nous avertit qu’“elle aurait également pu résulter d’un incident de laboratoire tel que, par exemple, l’infection accidentelle d’un scientifique”. Il nous signale que les coronavirus de chauve-souris ont été étudiés à Wuhan au niveau 2 de biosécurité, “qui n’offre qu’une protection minimale” par rapport au niveau 4 ». D’après l’une de nos sources bien informées, « d’aucuns imaginent un lien entre le laboratoire P4 de Wuhan et l’émergence de cette pandémie. Or, cet établissement n’est pas accrédité pour des recherches sur les coronavirus et, de toute manière, ses règles de sécurité draconiennes rendent toute fuite accidentelle de virus hautement improbable. Ce n’est pas le cas des labos P2 à Wuhan, malheureusement. »
En effet, toujours selon David Ignatius, « Richard Ebright nous a décrit une vidéo de décembre issue du Centre de contrôle et de prévention des maladies de Wuhan. Elle montre des membres du personnel “collectant des coronavirus de chauve-souris avec [des équipements de protection individuelle] inadéquats, et des pratiques opérationnelles dangereuses”. De mon côté, j’ai passé en revue deux articles chinois de 2017 et 2019, qui décrivaient l’“héroïsme” d’un chercheur du Centre de contrôle et de prévention des maladies de Wuhan, Tian Junhua. En effet, tout en capturant des chauves-souris dans une grotte, “il oublia de prendre des mesures de protection”, de sorte que “l’urine de chauve-souris dégoulinait du haut de sa tête comme des gouttes de pluie.” » Interrogées sur ces éléments, plusieurs de nos sources nous confirment être informées de tels comportements, ce qui renforce leurs suspicions.
Dans Bulletin of the Atomic Scientists, le journaliste Matt Field a résumé la situation actuelle dans le titre de son dernier article : « Les experts savent que le nouveau coronavirus n’est pas une arme biologique [, mais ils] ne s’entendent pas sur le fait qu’il aurait pu fuir d’un laboratoire de recherches ». Il rappelle alors que « Yanzhong Huang, un important chercheur en santé mondiale au sein du Council on Foreign Relations, a récemment écrit un article pour Foreign Affairs qui rejette les théories du complot sur les origines de la pandémie, mais qui mentionne également des preuves circonstancielles soutenant la possibilité d’une fuite de laboratoire. Ces preuves comprennent une étude “menée par l’Université de technologie de Chine du Sud [qui] a conclu que le coronavirus était probablement originaire du Centre de contrôle et de prévention des maladies de Wuhan”, situé à seulement 280 mètres du marché de fruits de mer de Huanan souvent cité comme étant le foyer d’origine. “Cet article fut ensuite retiré de ResearchGate, un site commercial de réseautage social qui permet aux scientifiques et aux chercheurs de partager des documents”, a écrit Huang. “Jusqu’à présent, aucun scientifique n’a confirmé ou réfuté les conclusions de cette étude.” »
Au contraire, comme nous l’avons démontré dans cet article, l’hypothèse d’une fuite accidentelle de ce coronavirus depuis un laboratoire chinois est de plus en plus crédible. Or, il s’avère que nos sources confirment la possibilité que cet incident ait eu lieu dans le Centre de contrôle et de prévention des maladies de Wuhan. Il sera néanmoins difficile d’en trouver la preuve formelle, vu l’opacité notoire des autorités chinoises. Pourtant, comme le rappelle David Ignatius dans la conclusion de son article, « les accidents sont inévitables, qu’ils proviennent des humains ou des laboratoires. Résoudre le mystère de la naissance du SARS-CoV-2 ne revient pas à chercher un bouc-émissaire, mais à encourager les États-Unis et la Chine à coopérer dans cette crise, et à en empêcher de nouvelles ».
* Maxime Chaix est journaliste d'investigation. Il est connu pour ses enquêtes et ses analyses, notamment à propos de la Syrie.
Note: Le Daily Mail britannique prend aussi en considération cette hypothèse.
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Alors que nous avions déjà souligné les failles de sécurité des laboratoires de virologie aux États-Unis, la présente enquête sur le système chinois n’est pas non plus rassurante. De quoi nous faire réfléchir sur la nécessité de sécuriser davantage de tels labos, y compris en France.</p> <p>Début mars, l’un de nos confères est formel : « <em>Le monde du renseignement se pose beaucoup de questions.</em> » Il me confirme ainsi les échos que je recevais des milieux de la sécurité nationale en Occident. Parmi mes sources, un membre d’un service secret européen ayant requis l’anonymat observe que « <em>cette histoire de pangolin et de chauve-souris, ça ne tient pas debout. Rien ne l’étaye. On table plutôt sur la fuite accidentelle de ce virus depuis un laboratoire chinois, potentiellement le Centre de contrôle et de prévention des maladies basé à Wuhan. Il s’agit d’un labo P2, donc beaucoup moins sécurisé que le P4 inauguré par le gouvernement français dans cette ville en 2017, à l’Institut de virologie. Je précise que ce coronavirus n’est pas, selon nous, une arme bactériologique ou un virus créé en laboratoire</em> ».</p> <p>Récemment, David Ignatius confirma la pertinence de l’hypothèse d’une fuite involontaire, ce journaliste étant l’un des mieux renseignés au <em>Washington Post</em>. Soulignant que ce virus pourrait être issu du marché de fruits de mer de <a href="https://archive.is/o/ZXoIa/https://www.iflscience.com/health-and-medicine/wuhans-huanan-seafood-market-may-not-be-ground-zero-of-the-covid19-pandemic/" target="_blank" rel="noopener">Huanan</a>, dans la ville de Wuhan, <a href="http://archive.is/ZXoIa#selection-1797.0-1801.385" target="_blank" rel="noopener">il nous rappelle</a> qu’il existe « <i>une théorie concurrente – celle de la libération accidentelle du coronavirus de chauve-souris depuis un laboratoire –, ce qui intrigue les scientifiques depuis des semaines. À moins de 300 mètres [de ce] marché des fruits de mer de [Huanan] se trouve des labos du Centre chinois de contrôle et de prévention des maladies. Des chercheurs de cet établissement, mais aussi de l’Institut de virologie de Wuhan qui n’est pas loin, ont publié des articles sur la collecte de coronavirus de chauves-souris en Chine, et ce à des fins de recherches pour prévenir l’apparition de futures maladies. L’un de ces échantillons a-t-il </i><i>fuité</i><i> ? Des déchets dangereux ont-ils été déposés dans un endroit où ce virus aurait pu se propager ?</i> »</p> <p>Précisons alors que l’Institut de virologie de Wuhan possède un laboratoire P4, qui fut co-développé par la France et inauguré par le Premier Ministre Bernard Cazeneuve <a href="https://archive.is/xHxUr#selection-715.0-723.89" target="_blank" rel="noopener">en février 2017</a>. 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Or, Ebright nous avertit qu’“elle aurait également pu résulter d’un incident de laboratoire tel que, par exemple, l’infection accidentelle d’un scientifique”. Il nous signale que les coronavirus de chauve-souris ont été étudiés à Wuhan au niveau 2 de biosécurité, “qui n’offre qu’une protection minimale” par rapport au niveau 4</em> ». D’après l’une de nos sources bien informées, « <i>d’aucuns imaginent un lien entre le laboratoire P4 de Wuhan et l’émergence de cette pandémie. Or, cet établissement n’est pas accrédité pour des recherches sur les coronavirus et, de toute manière, ses règles de sécurité </i><i>draconiennes</i><i> rendent toute fuite accidentelle de virus hautement improbable. Ce n’est pas le cas des labos P2 à Wuhan, malheureusement.</i> » </p> <p>En effet, toujours selon <a href="http://archive.is/ZXoIa#selection-1817.0-1817.452" target="_blank" rel="noopener">David Ignatius</a>, « <em>Richard </em><em>Ebright nous a décrit une vidéo de décembre issue du Centre de contrôle et de prévention des maladies de Wuhan. Elle montre des membres du personnel “collectant des coronavirus de chauve-souris avec [des équipements de protection individuelle] inadéquats, et des pratiques opérationnelles dangereuses”. De mon côté, j’ai passé en revue deux articles chinois de 2017 et 2019, qui décrivaient l’“héroïsme” d’un chercheur du Centre de contrôle et de prévention des maladies de Wuhan, Tian Junhua. En effet, tout en capturant des chauves-souris dans une grotte, “il oublia de prendre des mesures de protection”, de sorte que “l’urine de chauve-souris dégoulinait du haut de sa tête comme des gouttes de pluie.”</em> » Interrogées sur ces éléments, plusieurs de nos sources nous confirment être informées de tels comportements, ce qui renforce leurs suspicions.</p> <p>Dans <em>Bulletin of the Atomic Scientists</em>, le journaliste Matt Field a résumé la situation actuelle dans le titre de <a href="https://archive.is/34VOm#selection-747.0-747.118" target="_blank" rel="noopener">son dernier article</a> : « <em>Les experts savent que le nouveau coronavirus n’est pas une arme biologique [, mais ils] ne s’entendent pas sur le fait qu’il aurait pu fuir d’un laboratoire de recherches</em> ». <a href="https://archive.is/34VOm#selection-923.0-937.219" target="_blank" rel="noopener">Il rappelle </a>alors que « <i>Yanzhong Huang, un important chercheur en santé mondiale au sein du Council on Foreign Relations, a récemment écrit </i><a href="https://archive.is/QVAtJ" target="_blank" rel="noopener">un article</a><i> pour Foreign Affairs qui rejette les théories du complot sur les origines de la pandémie, mais qui mentionne également des preuves circonstancielles soutenant la possibilité d’une fuite de laboratoire. 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Or, il s’avère que nos sources confirment la possibilité que cet incident ait eu lieu dans le Centre de contrôle et de prévention des maladies de Wuhan. Il sera néanmoins difficile d’en trouver la preuve formelle, vu l’<a href="https://archive.is/wip/XKoga" target="_blank" rel="noopener">opacité notoire</a> des autorités chinoises. Pourtant, comme le rappelle David Ignatius dans la conclusion de <a href="http://archive.is/ZXoIa#selection-1881.0-1881.197" target="_blank" rel="noopener">son article</a>, « <em>les accidents sont inévitables, qu’ils proviennent des humains ou des laboratoires. Résoudre le mystère de la naissance du SARS-CoV-2 ne revient pas à chercher un bouc-émissaire, mais à encourager les États-Unis et la Chine à coopérer dans cette crise, et à en empêcher de nouvelles</em> ».</p> <hr /> <p style="text-align: left;">* Maxime Chaix est journaliste d'investigation. Il est connu pour ses enquêtes et ses analyses, notamment à propos de la Syrie.</p> <hr /> <p style="text-align: left;">Note: Le <em>Daily Mail</em> britannique <a href="https://www.dailymail.co.uk/news/article-8188557/Did-coronavirus-leak-research-lab-Wuhan-Startling-theory-no-longer-discounted.html?fbclid=IwAR1mkeinNoE0iXMw7LVp4AVo1NCWRLwuBzy4mF5s_LplrJeqVarkAA6Nm10" target="_blank" rel="noopener">prend aussi en considération</a> cette hypothèse. </p>', 'content_edition' => null, 'slug' => 'une-fuite-accidentelle-du-coronavirus-depuis-un-labo-de-wuhan-n-est-pas-a-exclure', 'headline' => false, 'homepage' => 'col-md-12', 'like' => (int) 610, 'editor' => null, 'index_order' => (int) 2240, 'homepage_order' => (int) 2480, 'original_url' => '', 'podcast' => false, 'tagline' => null, 'poster' => null, 'category_id' => (int) 5, 'person_id' => (int) 85, 'post_type_id' => (int) 1, 'poster_attachment' => null, 'editions' => [[maximum depth reached]], 'tags' => [ [maximum depth reached] ], 'locations' => [[maximum depth reached]], 'attachment_images' => [ [maximum depth reached] ], 'attachments' => [ [maximum depth reached] ], 'person' => object(App\Model\Entity\Person) {}, 'comments' => [ [maximum depth reached] ], 'category' => object(App\Model\Entity\Category) {}, '[new]' => false, '[accessible]' => [ [maximum depth reached] ], '[dirty]' => [[maximum depth reached]], '[original]' => [[maximum depth reached]], '[virtual]' => [[maximum depth reached]], '[hasErrors]' => false, '[errors]' => [[maximum depth reached]], '[invalid]' => [[maximum depth reached]], '[repository]' => 'Posts' }, 'relatives' => [ (int) 0 => object(App\Model\Entity\Post) {}, (int) 1 => object(App\Model\Entity\Post) {}, (int) 2 => object(App\Model\Entity\Post) {}, (int) 3 => object(App\Model\Entity\Post) {} ], 'embeds' => [], 'images' => [ (int) 0 => object(Cake\ORM\Entity) {} ], 'audios' => [], 'comments' => [ (int) 0 => object(App\Model\Entity\Comment) {}, (int) 1 => object(App\Model\Entity\Comment) {} ], 'author' => 'Bon pour la tête', 'description' => 'Cette histoire de pangolin et de chauve-souris comme origines de la pandémie de coronavirus, selon certaines sources, ne tiendrait pas debout. 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Parmi mes sources, un membre d’un service secret européen ayant requis l’anonymat observe que « <em>cette histoire de pangolin et de chauve-souris, ça ne tient pas debout. Rien ne l’étaye. On table plutôt sur la fuite accidentelle de ce virus depuis un laboratoire chinois, potentiellement le Centre de contrôle et de prévention des maladies basé à Wuhan. Il s’agit d’un labo P2, donc beaucoup moins sécurisé que le P4 inauguré par le gouvernement français dans cette ville en 2017, à l’Institut de virologie. Je précise que ce coronavirus n’est pas, selon nous, une arme bactériologique ou un virus créé en laboratoire</em> ».</p> <p>Récemment, David Ignatius confirma la pertinence de l’hypothèse d’une fuite involontaire, ce journaliste étant l’un des mieux renseignés au <em>Washington Post</em>. 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Or, Ebright nous avertit qu’“elle aurait également pu résulter d’un incident de laboratoire tel que, par exemple, l’infection accidentelle d’un scientifique”. Il nous signale que les coronavirus de chauve-souris ont été étudiés à Wuhan au niveau 2 de biosécurité, “qui n’offre qu’une protection minimale” par rapport au niveau 4</em> ». D’après l’une de nos sources bien informées, « <i>d’aucuns imaginent un lien entre le laboratoire P4 de Wuhan et l’émergence de cette pandémie. Or, cet établissement n’est pas accrédité pour des recherches sur les coronavirus et, de toute manière, ses règles de sécurité </i><i>draconiennes</i><i> rendent toute fuite accidentelle de virus hautement improbable. 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En effet, tout en capturant des chauves-souris dans une grotte, “il oublia de prendre des mesures de protection”, de sorte que “l’urine de chauve-souris dégoulinait du haut de sa tête comme des gouttes de pluie.”</em> » Interrogées sur ces éléments, plusieurs de nos sources nous confirment être informées de tels comportements, ce qui renforce leurs suspicions.</p> <p>Dans <em>Bulletin of the Atomic Scientists</em>, le journaliste Matt Field a résumé la situation actuelle dans le titre de <a href="https://archive.is/34VOm#selection-747.0-747.118" target="_blank" rel="noopener">son dernier article</a> : « <em>Les experts savent que le nouveau coronavirus n’est pas une arme biologique [, mais ils] ne s’entendent pas sur le fait qu’il aurait pu fuir d’un laboratoire de recherches</em> ». <a href="https://archive.is/34VOm#selection-923.0-937.219" target="_blank" rel="noopener">Il rappelle </a>alors que « <i>Yanzhong Huang, un important chercheur en santé mondiale au sein du Council on Foreign Relations, a récemment écrit </i><a href="https://archive.is/QVAtJ" target="_blank" rel="noopener">un article</a><i> pour Foreign Affairs qui rejette les théories du complot sur les origines de la pandémie, mais qui mentionne également des preuves circonstancielles soutenant la possibilité d’une fuite de laboratoire. Ces preuves comprennent </i><a href="https://img-prod.tgcom24.mediaset.it/images/2020/02/16/114720192-5eb8307f-017c-4075-a697-348628da0204.pdf" target="_blank" rel="noopener">une étude</a><i> “menée par l’Université de technologie de Chine du Sud [qui] a conclu que le coronavirus était probablement originaire du Centre de contrôle et de prévention des maladies de Wuhan”, situé à seulement 280 mètres du marché de </i><i>fruits</i><i> de mer de </i><i>Huanan</i><i> souvent cité comme étant le foyer d’origine. “Cet </i><i>article</i><i> fut ensuite retiré de ResearchGate, un site commercial de réseautage social qui permet aux scientifiques et aux chercheurs de partager des documents”, a écrit Huang. “Jusqu’à présent, aucun scientifique n’a confirmé ou réfuté les conclusions de cette étude.”</i> » </p> <p>Au contraire, comme nous l’avons démontré dans cet article, l’hypothèse d’une fuite accidentelle de ce coronavirus depuis un laboratoire chinois est de plus en plus crédible. Or, il s’avère que nos sources confirment la possibilité que cet incident ait eu lieu dans le Centre de contrôle et de prévention des maladies de Wuhan. Il sera néanmoins difficile d’en trouver la preuve formelle, vu l’<a href="https://archive.is/wip/XKoga" target="_blank" rel="noopener">opacité notoire</a> des autorités chinoises. Pourtant, comme le rappelle David Ignatius dans la conclusion de <a href="http://archive.is/ZXoIa#selection-1881.0-1881.197" target="_blank" rel="noopener">son article</a>, « <em>les accidents sont inévitables, qu’ils proviennent des humains ou des laboratoires. Résoudre le mystère de la naissance du SARS-CoV-2 ne revient pas à chercher un bouc-émissaire, mais à encourager les États-Unis et la Chine à coopérer dans cette crise, et à en empêcher de nouvelles</em> ».</p> <hr /> <p style="text-align: left;">* Maxime Chaix est journaliste d'investigation. Il est connu pour ses enquêtes et ses analyses, notamment à propos de la Syrie.</p> <hr /> <p style="text-align: left;">Note: Le <em>Daily Mail</em> britannique <a href="https://www.dailymail.co.uk/news/article-8188557/Did-coronavirus-leak-research-lab-Wuhan-Startling-theory-no-longer-discounted.html?fbclid=IwAR1mkeinNoE0iXMw7LVp4AVo1NCWRLwuBzy4mF5s_LplrJeqVarkAA6Nm10" target="_blank" rel="noopener">prend aussi en considération</a> cette hypothèse. </p>', 'content_edition' => null, 'slug' => 'une-fuite-accidentelle-du-coronavirus-depuis-un-labo-de-wuhan-n-est-pas-a-exclure', 'headline' => false, 'homepage' => 'col-md-12', 'like' => (int) 610, 'editor' => null, 'index_order' => (int) 2240, 'homepage_order' => (int) 2480, 'original_url' => '', 'podcast' => false, 'tagline' => null, 'poster' => null, 'category_id' => (int) 5, 'person_id' => (int) 85, 'post_type_id' => (int) 1, 'poster_attachment' => null, 'editions' => [], 'tags' => [ (int) 0 => object(App\Model\Entity\Tag) {}, (int) 1 => object(App\Model\Entity\Tag) {} ], 'locations' => [], 'attachment_images' => [ (int) 0 => object(Cake\ORM\Entity) {} ], 'attachments' => [ (int) 0 => object(Cake\ORM\Entity) {} ], 'person' => object(App\Model\Entity\Person) {}, 'comments' => [ (int) 0 => object(App\Model\Entity\Comment) {}, (int) 1 => object(App\Model\Entity\Comment) {} ], 'category' => object(App\Model\Entity\Category) {}, '[new]' => false, '[accessible]' => [ '*' => true, 'id' => false ], '[dirty]' => [], '[original]' => [], '[virtual]' => [], '[hasErrors]' => false, '[errors]' => [], '[invalid]' => [], '[repository]' => 'Posts' } $relatives = [ (int) 0 => object(App\Model\Entity\Post) { 'id' => (int) 4937, 'created' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'modified' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'publish_date' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'notified' => null, 'free' => true, 'status' => 'PUBLISHED', 'priority' => null, 'readed' => null, 'subhead' => null, 'title' => 'Géopolitique du sport: l’affrontement entre la Russie et l’Ukraine', 'subtitle' => 'Impossible apolitisme du sport mondial face à la guerre en Ukraine. 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Cette déclaration est catégorique : « La guerre non provoquée et injustifiable de la Russie contre l’Ukraine, soutenue par le gouvernement biélorusse, est répugnante et constitue une violation flagrante de ses obligations internationales. » Ainsi, du point de vue sportif et diplomatique, la Russie se retrouve isolée.</p> <h3>La création d’un nouvel ordre mondial du sport ?</h3> <p>Dans les paroles et les actions, le pouvoir russe privilégie depuis le début de l’invasion la création d’un pôle sportif alternatif à l’échelle mondiale pour contrer les institutions sportives internationales traditionnelles telles que le CIO ou la Fifa.</p> <p>En pratique, cela impliquerait de se passer du sport mondial, de le remplacer ou de rivaliser avec lui. En Russie, par exemple, l’idée de diviser le mouvement olympique gagne du terrain. Il s’agirait de séparer les Jeux en deux parties : à l’Ouest, les Jeux occidentaux, et à l’Est, les Jeux russes « traditionnels ». Ces Jeux à la russe se dérouleraient en été en Crimée et en hiver à Sotchi. Ils puiseraient leur légitimité dans les liens historiques plus ou moins confirmés de ces régions avec la Grèce antique. En 2007, pour obtenir les Jeux de Sotchi, Vladimir Poutine avait rappelé aux membres du CIO que « les Grecs anciens ont vécu près de Sotchi. J’ai vu le rocher près de Sotchi où, selon la légende, Prométhée était enchaîné. Prométhée qui a donné le feu aux hommes, le feu qui est finalement la flamme olympique ». Depuis, l’argument du mythe est souvent utilisé pour évoquer cette région russe, composée du Caucase et de la péninsule de Crimée. 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Concomitante à une dynamique plus générale de désoccidentalisation du monde, cette influence dépasse très largement le cadre sportif.</p> <h3>Le sport ukrainien, c’est la guerre avec les balles</h3> <p>Depuis le 24 février 2022, pour Volodymyr Zelensky et l’Ukraine, le sport, c’est la <a href="https://www.radiofrance.fr/franceculture/podcasts/culturesmonde/le-sport-c-est-la-guerre-les-fusils-en-moins-g-orwell-1945-2-4-la-guerre-un-sport-comme-les-autres-7282852">guerre avec les balles</a>. En effet, à l’heure du conflit russo-ukrainien, le domaine sportif en Ukraine a subi une transformation significative.</p> <p>Initialement, au lendemain de l’invasion et sur une période de moins de deux mois, les autorités nationales ont suspendu l’ensemble des activités sportives en Ukraine. L’accent était alors mis sur l’effort de guerre, et les installations sportives ont été utilisées par les militaires ukrainiens comme bases de repli ou de déploiement. Cela explique pourquoi les installations sportives, telles que les stades ou les gymnases, sont souvent la cible des forces russes, car elles pourraient potentiellement abriter des unités ukrainiennes entières.</p> <p>Par la suite, lorsque l’armée russe a commencé à faire du surplace voire à reculer sur le terrain, le secteur sportif ukrainien a pris une nouvelle orientation. Certains clubs de football ont obtenu la permission de jouer des matchs de charité à l’étranger, malgré la loi martiale interdisant aux hommes âgés de 18 à 60 ans de quitter le territoire. Ces matchs visaient à sensibiliser à la cause ukrainienne. De même, les athlètes en préparation pour d’importantes compétitions ont pu s’entraîner à l’étranger.</p> <p>Par exemple, l’équipe nationale de football a été autorisée à s’entraîner en Slovénie pendant un mois en mai 2022 en vue des qualifications pour la Coupe du monde de football 2022 au Qatar. Ainsi, le soft power sportif a contribué symboliquement à l’effort de guerre. Les autorités estimaient qu’un athlète ukrainien était plus utile sur le terrain sportif que sur le front militaire. Selon elles, il offrait un double avantage en donnant à l’Ukraine une visibilité internationale et en pouvant potentiellement rehausser le moral des troupes déployées sur le terrain. Cette dimension ne doit pas être sous-estimée : une victoire sportive pour un athlète ukrainien procurait aux soldats, qui suivaient régulièrement les matchs et les résultats, un certain espoir et un regain de moral.</p> <p>À partir de la mi-juin 2022, le sport à l’échelle nationale a progressivement retrouvé sa place, bien que dans des conditions exceptionnelles. Par exemple, la Première Ligue ukrainienne de football a obtenu l’autorisation de débuter la saison 2022-2023 fin août. Toutefois, les règles ont été adaptées à la situation du moment. Les spectateurs ne sont plus autorisés à assister aux matchs, et ceux-ci nécessitent une autorisation systématique de l’administration militaire pour avoir lieu. Si une alerte de raid aérien potentiel retentit dans un rayon de moins de 500 mètres, le match est interrompu et les joueurs se réfugient dans les vestiaires, ce qui se produit régulièrement. Après un an et demi de guerre, aucun footballeur ukrainien n’a été blessé. Cependant, certains matchs ont duré plus de cinq heures au total.</p> <p>Paradoxalement, l’Ukraine continue de participer activement aux événements sportifs européens et mondiaux. Chaque compétition internationale offre l’opportunité aux autorités de promouvoir les intérêts du pays dans un contexte de guerre. De plus, certains clubs ukrainiens sont accueillis par les alliés géopolitiques les plus proches de l’Ukraine. Par exemple, le Dynamo Kyiv s’entraîne et joue certains de ses matchs à Cracovie, en Pologne. Dnipro, quant à lui, joue et s’entraîne à Košice, en Slovaquie, de manière permanente. En général, de nombreux athlètes et entraîneurs ukrainiens, actifs ou non, ont choisi de rejoindre le front dans l’est de l’Ukraine, mettant leur carrière en suspens. Le cas emblématique est peut-être celui de Yuriy Vernydub, entraîneur ukrainien du Sheriff Tiraspol, qui est parti au front dès le lendemain de l’invasion. Il est important de noter que ces professionnels du sport proviennent souvent de divisions sportives moins importantes. En effet, les athlètes de renom préfèrent généralement contribuer à l’effort de guerre d’un point de vue sportif et symbolique.</p> <p>Le cas des supporters des clubs ukrainiens est également notable. Depuis 2014 et surtout depuis l’invasion russe en Ukraine, de nombreux ultras ont rejoint le front pour combattre ensemble, mettant de côté leur rivalité sportive. En temps de paix rivaux, les supporters du Shakhtar Donetsk et du Dynamo Kyiv combattent ensemble contre leur ennemi commun.</p> <h3>La stratégie politique et sportive de Volodymyr Zelensky après l’invasion russe</h3> <p>Depuis le 24 février 2022, la stratégie internationale de Volodymyr Zelensky s’est intensifiée dans le domaine sportif, trouvant écho dans l’espace médiatique mondial. Les ministères, les organisations privées et le comité olympique ukrainien, tous les organes politiques, économiques et sportifs du pays sont mobilisés pour transmettre un message : l’exclusion de la Russie doit durer tant que l’invasion se poursuit.</p> <figure><iframe frameborder="0" height="260" src="https://www.youtube.com/embed/YQiSJ3AO5CI?wmode=transparent&start=0" width="440"></iframe></figure> <p>Le hashtag #boycottrussiansport en est devenu le symbole. De manière concrète, les arguments ukrainiens peuvent être résumés en cinq points. La Russie devrait être exclue des événements sportifs mondiaux et des Jeux olympiques de Paris 2024 car elle est un État envahisseur et terroriste ; les athlètes russes sont de quelque manière liés à l’État russe ou à l’armée russe ; le régime de Vladimir Poutine exploite le sport à des fins de propagande ; dans de telles conditions, l’équité des compétitions sportives (Jeux olympiques, Coupe du monde, etc.) ne peut être maintenue ; les athlètes ukrainiens perdent la vie au front ou ne peuvent pas s’entraîner convenablement pour les grandes compétitions internationales, par conséquent la Russie et la Biélorussie ne devraient pas être autorisés à y participer.</p> <p>Pour diffuser ces arguments, le gouvernement ukrainien utilise divers canaux. Tout comme Volodymyr Zelensky utilise son smartphone pour communiquer avec différentes générations, les principaux porte-parole du sport ukrainien exploitent les canaux et les codes contemporains pour diffuser leur message. Les réseaux sociaux tels que TikTok, Facebook ou Instagram sont fréquemment utilisés pour diffuser des propos politiques liés au sport. On peut souvent voir circuler des vidéos de quelques secondes transmettant un message percutant. Par exemple, l’une de ces vidéos virales montre un athlète russe lançant un javelot dans les airs. Le javelot se transforme ensuite en obus, suit la trajectoire de l’athlète et finit par s’écraser sur un bâtiment ukrainien. Un message s’affiche alors à l’écran : « Boycott Russian Sport. »</p> <h4 style="text-align: center;"><a href="https://images.theconversation.com/files/592021/original/file-20240503-16-h8q7b1.jpeg?ixlib=rb-4.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img src="https://images.theconversation.com/files/592021/original/file-20240503-16-h8q7b1.jpeg?ixlib=rb-4.1.0&q=45&auto=format&w=237&fit=clip" alt="" /></a></h4> <h4 style="text-align: center;"><em><span>Ces extraits sont issus de « La Guerre du sport. 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Le compte Facebook du ministère suit la même approche, avec une bannière principale affichant à nouveau le hashtag #boycottrussiansport, cette fois-ci en lettres sanglantes.</p> <p>Pour avoir un impact encore plus fort, le Comité des sports d’Ukraine (SKU), chargé de promouvoir le développement des sports non olympiques, a lancé le projet Angels of Sport via un site web recensant les athlètes et entraîneurs ukrainiens professionnels décédés au combat depuis le 24 février 2022.<img src="https://counter.theconversation.com/content/229262/count.gif?distributor=republish-lightbox-basic" alt="The Conversation" width="1" height="1" /></p> <hr /> <p> </p> <h4><span><a href="https://theconversation.com/profiles/lukas-aubin-910318">Lukas Aubin</a>, Docteur en Études slaves contemporaines : spécialiste de la géopolitique de la Russie et du sport, <em><a href="https://theconversation.com/institutions/universite-paris-nanterre-universite-paris-lumieres-2294">Université Paris Nanterre – Université Paris Lumières</a></em> et <a href="https://theconversation.com/profiles/jean-baptiste-guegan-234426">Jean-Baptiste Guégan</a>, Enseignant en géopolitique du sport, journaliste et consultant, <em><a href="https://theconversation.com/institutions/sciences-po-2196">Sciences Po </a></em></span></h4> <h4>Cet article est republié à partir de <a href="https://theconversation.com">The Conversation</a> sous licence Creative Commons. Lire l’<a href="https://theconversation.com/geopolitique-du-sport-laffrontement-entre-la-russie-et-lukraine-229262">article original</a>.</h4> <h4><em>Lukas Aubin, directeur de recherche à l’IRIS, spécialiste de la géopolitique de la Russie et du sport et membre associé du Centre de Recherches Pluridisciplinaires Multilingues (CRPM) à l’université Paris-Nanterre, et Jean-Baptiste Guégan, expert en géopolitique du sport et enseignant à Sciences Po Paris, viennent de publier aux éditions Tallandier</em> <a href="https://www.tallandier.com/livre/la-guerre-du-sport/">La Guerre du Sport, une nouvelle géopolitique</a>, <em>un ouvrage complet qui met en lumière l’influence des grands enjeux internationaux sur un un monde du sport à l’apolitisme de plus en plus illusoire. 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Il y voyait un moyen efficace de lutter contre les maladies dues à une carence en vitamine A, très répandues en Asie du Sud-Est et qui peuvent entraîner la cécité, voire la mort. Potrykus était alors loin de se douter qu'un tribunal philippin retoquerait son invention un an et demi après son autorisation.</p> <h3>Syngenta acquiert des droits de brevet</h3> <p>La route a été longue jusqu'à la première récolte du riz doré: en 1999 déjà, Potrykus et son collègue Peter Beyer avaient présenté un prototype. Celui-ci contenait des gènes de jonquille qui produisaient de la provitamine A dans le grain de riz et le faisaient ainsi briller d'un jaune doré. En 2005, les chercheurs avaient développé une deuxième variante en collaboration avec le géant de l'agroalimentaire Syngenta. 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En effet, le corps humain n'utiliserait la provitamine A que s'il dispose de suffisamment de graisse, ce qui, selon Greenpeace, n'est souvent pas le cas chez ces personnes. De plus, il y aurait un risque que le riz génétiquement modifié, une fois introduit dans le champ, se reproduise de manière autonome, se propage et contamine ainsi d'autres variétés de riz. En raison de ces doutes, il a fallu attendre 16 ans de plus pour que les autorités philippines en charge de la biosécurité donnent finalement le feu vert à la culture du riz doré en 2021.</p> <h3>Le tribunal révoque l’autorisation</h3> <p>Mais aujourd'hui, une nouvelle décision de justice met déjà un frein à la propagation de la variété de riz transgénique. Ainsi, une Cour d'appel philippine a révoqué l'autorisation le 17 avril dernier en se référant au principe de précaution: «En l'absence de consensus scientifique sur la sécurité du riz doré, il ne devrait plus être cultivé à des fins commerciales». L'interdiction s'étend en outre à la culture d'une aubergine génétiquement modifiée. La culture commerciale de ces variétés n'est pas autorisée «jusqu'à ce que les autorités gouvernementales concernées apportent la preuve de la sécurité et du respect de toutes les exigences légales», précise le tribunal.</p> <p>Le tribunal a aussi relevé que le gouvernement n'avait pas mis en place de mécanismes de surveillance pour assurer la sécurité de la culture et de la consommation du riz doré. Le jugement met donc pour l'instant à l’arrêt de nouveaux essais menés en plein champ, dans des serres ou des champs ouverts.</p> <p>Ce jugement intervient après que l'association d'agriculteurs philippins MASIPAG a porté plainte, avec d'autres organisations, contre l'autorisation de cultiver du riz doré. La plainte, déposée en 2022, se base sur un instrument juridique philippin appelé Writ of Kalikasan. Celui-ci protège le droit constitutionnel à une «écologie équilibrée et saine» et stipule que ce droit prévaut sur les activités humaines susceptibles de nuire à l'environnement.</p> <h3>Un recours porterait-il ses fruits?</h3> <p>Comme l'explique Aldrich Fitz Dy, avocat et consultant philippin interrogé par la revue <em>Science</em>, le gouvernement a désormais deux possibilités. Il peut soit faire appel, soit porter le jugement devant la Cour suprême. Selon Dy, la première solution est peu probable, la seconde prendrait au moins deux ans.</p> <p>Adrian Dubock, membre du Golden Rice Humanitarian Board, voit les choses différemment. Il s'attend à ce que le gouvernement philippin fasse appel auprès de la Cour: «Je suppose que l'appel sera couronné de succès», estime Dubock auprès de la plateforme scientifique <em>New Scientist</em>.</p> <p>Il reste à voir si l'interdiction actuelle de cultiver le riz doré peut encore être remise en question. En attendant, ce jugement devrait inspirer les mouvements qui, dans d'autres pays, s'opposent à l'introduction du riz doré et d'autres variétés génétiquement modifiées. 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VOS RÉACTIONS SUR LE SUJET
2 Commentaires
@alphanet 08.04.2020 | 15h02
«Donc, le message c'est: des chercheurs ont peut-être fait passer par accident de l'animal à l'homme une souche de coronavirus, avec des méthodes de collecte inadaptées. Donc, soyez plus prudent en général.
Et les sites de réinformation vont dire: "Le labo P4 de Wuhan, financé par la France, a créé une arme biologique" ...»
@Da_S 08.04.2020 | 20h59
«Sources anonymes, citations d'autres articles.. pourquoi accepterions-nous cet article comme fiable et vrai ?
Les "tuyaux sous condition d'anonymat" sont un bon moyen pour planter un narratif particulier dans un but spécifique
Article a classer dans la catégorie des théories sans preuve vérifiable
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