Actuel / Trop de prêtres et de pasteurs

«Rien qu’à Fribourg, une petite ville de 38’000 habitants, il y a 40 messes catholiques par dimanche. Cela dépasse de loin la demande», ose dire Mgr Charles Morerod, évêque du diocèse de Lausanne, Genève et Fribourg. © DR
S’il y a un évêque qui n’a pas la langue dans sa poche, c’est Mgr Charles Morerod, en charge de Fribourg, Vaud et Genève. Ses déclarations dans cath.ch et la NZZ ont ému les milieux catholiques. Il annonçait que le nombre de prêtres dans son diocèse devrait passer de 345 à 170. Pour tenir compte de la désaffection des églises. Et ses autres constats décoiffent aussi.
«Rien qu’à Fribourg, une petite ville de 38’000 habitants, il y a 40 messes catholiques par dimanche. Cela dépasse de loin la demande», ose-t-il dire. La situation actuelle est souvent déprimante, en particulier dans les campagnes, ajoute-t-il, «lorsque le prêtre est confronté à une douzaine de fidèles qui suivent le service en silence depuis les rangs les plus éloignés».
Constat chiffré: selon l’Office fédéral de la statistique, la proportion de catholiques dans la population résidente suisse est passée de 43 à 35 % entre 1910 et 2018. Grâce à l’immigration, notamment en provenance du sud de l’Europe, l’Eglise catholique est en meilleure position que son Eglise sœur. Les réformés ne représentent plus que 23 % de la population totale, contre 56 % en 1910, mais la tendance est à la baisse, même chez les catholiques. On compte 5,8 % de musulmans, pratiquants ou non. A noter que le groupe des personnes sans appartenance religieuse a triplé depuis l'an 2000. Il représentait 26% de la population des 15 ans et plus en 2017, selon les chiffres de l’OFS.
Autre point sensible: Mgr Morerod relève que la moitié des prêtres viennent de l’étranger. «Une limite a été atteinte.» Sans la moindre xénophobie — il relève que les communautés étrangères sont bien présentes à l’église —, il note que des différences culturelles peuvent faire problème. Selon lui, lit-on dans cath.ch, certains prêtres de pays africains ou de Pologne, par exemple, ne sont pas habitués à ce qu’un ecclésiastique soit contredit dans ce pays. «Cette culture égalitaire de la conversation leur est étrangère». Mgr Morerod relève aussi: «Enfin et surtout, il y a parfois des barrières linguistiques, poursuit Mgr Morerod. Lorsque les prêtres vietnamiens parlent français, par exemple, tous les fidèles ne comprennent pas le sermon.»
Aïe! Réactions amères sur le site officiel. «Si vous enlevez les Portugais, les Italiens, les Espagnols ou les Africains, il ne reste plus grand monde. L’Eglise de Suisse fait partie de l’Eglise universelle que le Christ a voulue», commente un prêtre africain.
Chapeau néanmoins à un évêque qui voit la réalité en face et l’assume plutôt que de se conforter dans sa fonction.
Et chez les protestants? On ne ferme pas les yeux non plus. La sécularisation de la société est en marche. Les fidèles des temples tendent aussi à se faire rares, tout comme les jeunes catéchumènes. Vincent Guyaz, vice-président du Conseil synodal vaudois, estime que c’est le métier-même de pasteur qui est en train de changer. Les sermons ne suffisent plus. Il s’agit d’apporter une présence sur de multiples terrains, chez ceux qui la souhaitent, chez les vieux, chez les jeunes, dans le débat public. En ce temps où beaucoup meurent dans la solitude et le désarroi, les besoins d’humanité chaleureuse sont grands. Et guère comblés par un service religieux livré sur un CD standard! Un adieu funèbre doit être possible à l’église, si la famille le souhaite, même si le défunt n’était pas croyant. Une cérémonie à la fois laïcisée et nourrie des valeurs chrétiennes est pensable.
Le nombre des pasteurs et diacres vaudois a passé de 258 en 2010 à 218 en 2020. Pour un budget de 40 millions, dont 33 de l’Etat et le reste en provenance de dons privés et d’institutions. La diminution de ces chiffres est inexorable.
Le problème va au-delà: où, comment, sur quels registres les voix chrétiennes peuvent-elles se faire entendre et entrer dans le concert des opinions sécularisées? Les facultés de théologie préparent plus à l’exégèse qu’à la rencontre avec la réalité en mouvement. Le temps des contraintes morales et rigides d’hier est passé, mais celui des pratiques figées, des vieux automatismes, des paroles convenues, des mines pontifiantes, est encore loin de laisser la place à un tableau moins rébarbatif. Qui pourrait illustrer une rencontre vivante, variée, stimulante entre le terreau chrétien de nos racines et la vague de fond du matérialisme sans âme. Car les préoccupations spirituelles, enfouies ou exprimées, dans toutes sortes de directions, restent encore bien présentes. Bien au-delà du dimanche matin et des enterrements.
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Il va jusqu’à promettre une ambassade à Jérusalem… où l’on n’est guère convaincu par ce nouvel allié proclamé. Ses seuls ennemis, dit-il, ce sont l’Iran et le Hezbollah. Et n’a pas un mot quant aux bombes israéliennes qui pleuvent sur son territoire ni sur la présence de Tsahal aux portes de Damas. Silence aussi devant les exactions et les assassinats commis par ses partisans, rapportés sur le net, image à l’appui. En outre, il est prévu de mijoter une nouvelle constitution. La «République arabe syrienne» devrait s’appeler «Etat islamique de Syrie».</p> <p>On peut comprendre la satisfaction des Américains et des Européens voyant que la Russie et l’Iran sont bannis des lieux. Mais comment peuvent-ils peindre ainsi en rose la nouvelle situation? Sans penser aux désastreux précédents de l’Irak, de la Libye?</p> <p>En fait, ce n’est pas totalement surprenant. 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Conscients d’être dans une dictature, nous constations que chacun exprimait sans peur sa foi, son appartenance. Nous avions visité l’admirable mosquée des Omeyyades à Damas. Nous nous sommes étonnés auprès de deux jeunes filles de voir tant de monde, des familles en sortie, un dimanche et non un vendredi. Elles éclatèrent de rire: «Mais c’est le jour de Pâques!». Comme Noël, les jours de fêtes chrétiennes sont officiellement fériés en Syrie. Jusqu’à quand?</p> <p>Le prêtre d’Alep, devenu un ami, qui vit aujourd’hui en France, n’a pas le cœur à applaudir le tournant actuel. Il s’est exilé avec les siens après que sa fille de dix-huit ans ait été débarquée d’un bus, violée et assassinée parce qu’elle portait une croix autour du cou. Par des «rebelles modérés» comme on disait à l’époque. 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Il vient pourtant de se produire un évènement majeur près de nous, dans un pays membre de l’UE, la Roumanie. Les élections présidentielles y ont été annulées. Car le vainqueur de premier tour, Călin Georgescu, candidat indépendant, est vivement attaqué par les deux grands partis qui se partagent le pouvoir depuis des décennies. L’affrontement ne cesse de s’échauffer entre ses partisans et ses adversaires, dans les médias, sur internet et parfois dans la rue. Aucune nouvelle date n’a encore été fixée pour de nouvelles élections.</p> <p>Or la Commission européenne ne bronche pas. Elle a su tancer, à raison, les pressions du gouvernement sur la justice en Pologne et en Hongrie. Mais là, l’annulation d’une élection incontestée – les bulletins ont été recomptés – n’appelle aucune critique. Donald Trump a d’ailleurs condamné cette décision anti-démocratique. Tout comme la rivale du vainqueur, arrivée en deuxième position, Elena Lasconi, qui voit là «un retour des jours sombres du communisme». Mme von der Leyen croit bon au contraire d’appuyer le président roumain sortant qui réclame une enquête sur les ingérences hypothétiques de la Russie lors de la campagne, largement menée sur les réseaux sociaux.</p> <h3><strong>Qui veut la peau de Călin Georgescu ?</strong></h3> <p>C’est piquant si l’on songe que sur l’autre bord, l’influence américaine pèse lourd sur ce pays. Son commandant en chef, le général Vlad, a été formé dans la plus haute école militaire aux USA et a même participé à l’opération menée contre l’Irak en 2003. Depuis la guerre en Ukraine, la pression de l’OTAN et des lobbies de l’armement est énorme. Le budget de la défense roumaine a augmenté de 53 %, il représente 3 % du PIB. Une grande base est en construction à la frontière avec la Russie. 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VOS RÉACTIONS SUR LE SUJET
6 Commentaires
@LEFV024 18.12.2020 | 23h36
«A Boston, au MIT, il y a une église "pour toutes les religions". Cela m'a toujours fasciné(e). »
@simone 20.12.2020 | 16h51
«merci de mettre sur le tapis ces sujets très actuels.
Suzette Sandoz»
@Eggi 20.12.2020 | 22h34
«Et à quand une réflexion sur le nombre de journalistes par rapport à la diminution d'audience des médias traditionnels?»
@Gio 21.12.2020 | 09h18
«Article très intéressant; mettre le doigt sur le problème de l’adaptation de l’église par rapport à la société actuelle est important. On sait comment finit une société « en errance », il suffit d’un meneur , et tout la meute suit... »
@Lagom 23.12.2020 | 22h21
«@Eggi : Vos commentaires relèvent plutôt du défoulement et des coups de poing sur tout écrit qui ne gagne pas vos faveurs, et quand la matière pour critiquer manque, vous jetez le discrédit sur les intervenants ! Bonnes Fêtes, puisse l'esprit de Jésus vous comble en cette fin d'une magnifique d'année 2020 !»
@Lagom 25.12.2020 | 09h45
«Il y a aussi les longues études liturgiques et l'apprentissage des langues anciennes en Occident qui font fuir les vocations des enfants de nos pays. Est-ce que les africains et les polonais poursuivent les mêmes parcourt avant d'être promus ici? NON, bien sûr que non.
J'ai l'impression que Rome considère les pays avancés comme perdus pour la chrétienté et met l'accent et les efforts sur les continents lointains pour assurer les audiences de fidèles en nombre élevé dans les églises. Joyeux Noël à tous !»