Actuel

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</p>
<p>C’est bien simple, outre les Russes, qui ont acheté la moitié des billets disponibles, les Allemands sont les seuls Européens à avoir demandé plus de places que les Argentins, les Mexicains et les Brésiliens. Alors, comment expliquer une telle mobilisation citoyenne dans un contexte économique pour le moins chancelant ?
</p><h3>Jusqu'à 30'000 dollars</h3>
<p>Tout d’abord, le football a toujours tenu une place importante en Amérique du sud, grâce notamment à un Brésil trônant sur les tournois à plusieurs reprises. Neymar, Messi, Cavani et consorts ont su entretenir une flamme qui n'a jamais faibli dans le cœur des sud-Américains.
</p>
<p>De plus, il est important de noter que la classe moyenne de ces pays compte tout de même son lot de foyers aisés qui ont pu s’offrir les forfaits proposés par différentes compagnies à l’occasion du Mondial, malgré des tarifs allant de 8000 à plus de 30'000 dollars. 
</p><p>Quant aux autres, ils sont nombreux à s’en remettre au bon vieux système D. Des voyages low cost direction la Russie, où ils se déplacent en train, jusqu’à l’utilisation d’Airbnb et Uber. Des groupes whatsapp fleurissent et la solidarité et l’entre-aide font foi, notamment pour faciliter la communication dans un pays où la barrière de la langue peut constituer un obstacle non négligeable. Comme les villes hébergeuses des rencontres ont subi une inflation pour l’occasion, beaucoup se sont débrouillés pour loger en dehors du cœur de l’action.
</p><h3>Une persévérance à toute épreuve</h3>
<p>Les supporters sud-Américains ont rivalisé d’ingéniosité afin de franchir les 13'935 kilomètres qui les séparent de la Russie pour soutenir leur équipe, à l’image de Ricardo Vargas. Cet ingénieur automobile originaire de Bogota s’est d’abord heurté à l’opposition de sa femme. Il a donc évoqué l’argument culturel afin d’esquiver ce premier contretemps, en utilisant les cartes Tolstoï et Dostoïevski. «Un couple d’amis nous a montré que si nous décidions d’organiser nous-mêmes notre propre itinéraire, nous pouvions nous en sortir pour moins cher», raconte Ricardo Vargas au site <a href="https://www.semana.com/deportes/articulo/colombianos-que-viajan-a-rusia-y-no-se-quebraron-en-el-intento/570158">Semana.com</a>
</p>
<p>Et puis, parmi les supporters Latino-Américains, il y a aussi ceux qui souhaitent uniquement se rendre sur place, même s’ils n’ont pas les moyens de s’offrir le sésame pour les stades, afin de profiter de l’ambiance et de se mêler à d’autres cultures.</p>
<p>Tout à fait subjectivement, il semblerait que les pays d’Amérique latine se sentent un peu laissés pour compte. Dans les médias traditionnels, il n’y en a souvent que pour l’Europe, l’Amérique du nord et l’Asie. Ce besoin de reconnaissance aurait pour conséquences de galvaniser la fierté de leurs habitants lorsque l’occasion se présente de se confronter à armes égales au reste du monde. 
</p><p>Une autre explication serait tout simplement le boycott de la Russie qui est actuellement dans l'air du temps. Les sud-Américains semblent moins enclins à pratiquer la «russophobie», tel que c'est parfois le cas en Europe de l'ouest.</p>
<p>Les Anglais, qui sont habituellement très friands de cette compétition, n'ont envoyé que 26'000 demandes. A l'instar de ces derniers, les Français ne sont même pas parmi les dix premiers pays demandeurs de place. Douteraient-ils de leur Bleus, ou auraient-ils du bleu à l’âme ?</p><p></p><hr><p></p><h2 style="text-align: center;">Les pays les plus demandeurs de places</h2><p style="text-align: center; ">1. Russie 2'503'957
</p><p style="text-align: center; ">2. Allemagne 338'414</p><p style="text-align: center; ">3. Argentine 186'005
</p><p style="text-align: center; ">4. Mexique 154'611
</p><p style="text-align: center; ">5. Brésil 140'848
</p><p style="text-align: center; ">6. Pologne 128'736
</p><p style="text-align: center; ">7. Espagne 110'649
</p><p style="text-align: center; ">8. Pérou 100'256
</p><p style="text-align: center; ">9. Colombie 87'786
</p><p style="text-align: center; ">10. Etats-Unis 87'052
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<p>C’est bien simple, outre les Russes, qui ont acheté la moitié des billets disponibles, les Allemands sont les seuls Européens à avoir demandé plus de places que les Argentins, les Mexicains et les Brésiliens. Alors, comment expliquer une telle mobilisation citoyenne dans un contexte économique pour le moins chancelant ?
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<p>De plus, il est important de noter que la classe moyenne de ces pays compte tout de même son lot de foyers aisés qui ont pu s’offrir les forfaits proposés par différentes compagnies à l’occasion du Mondial, malgré des tarifs allant de 8000 à plus de 30'000 dollars. 
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<p>Les supporters sud-Américains ont rivalisé d’ingéniosité afin de franchir les 13'935 kilomètres qui les séparent de la Russie pour soutenir leur équipe, à l’image de Ricardo Vargas. Cet ingénieur automobile originaire de Bogota s’est d’abord heurté à l’opposition de sa femme. Il a donc évoqué l’argument culturel afin d’esquiver ce premier contretemps, en utilisant les cartes Tolstoï et Dostoïevski. «Un couple d’amis nous a montré que si nous décidions d’organiser nous-mêmes notre propre itinéraire, nous pouvions nous en sortir pour moins cher», raconte Ricardo Vargas au site <a href="https://www.semana.com/deportes/articulo/colombianos-que-viajan-a-rusia-y-no-se-quebraron-en-el-intento/570158">Semana.com</a>
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<p>Et puis, parmi les supporters Latino-Américains, il y a aussi ceux qui souhaitent uniquement se rendre sur place, même s’ils n’ont pas les moyens de s’offrir le sésame pour les stades, afin de profiter de l’ambiance et de se mêler à d’autres cultures.</p>
<p>Tout à fait subjectivement, il semblerait que les pays d’Amérique latine se sentent un peu laissés pour compte. Dans les médias traditionnels, il n’y en a souvent que pour l’Europe, l’Amérique du nord et l’Asie. Ce besoin de reconnaissance aurait pour conséquences de galvaniser la fierté de leurs habitants lorsque l’occasion se présente de se confronter à armes égales au reste du monde. 
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<p>Cette probl&eacute;matique du consentement, ainsi que le &laquo;flou artistique&raquo; qui l&rsquo;entoure, est abord&eacute;e avec brio dans le dernier film d&rsquo;Yvan Attal, <i>Les choses humaines</i>, adapt&eacute; du livre &eacute;ponyme de Karine Tuil. L&rsquo;acteur-r&eacute;alisateur met en sc&egrave;ne son fils, Ben Attal, dans le r&ocirc;le d&rsquo;un jeune homme accus&eacute; de viol.</p>
<p>Celui-ci se rend &agrave; une soir&eacute;e avec la fille (Suzanne Jouannet) du copain (Mathieu Kassovitz) de sa m&egrave;re (Charlotte Gainsbourg). Ils consomment de l&rsquo;alcool et du cannabis, puis se rendent dans un parc. Une relation sexuelle a lieu dans un cabanon, apr&egrave;s quoi le jeune homme s&rsquo;en va avec la culotte de sa partenaire en guise de troph&eacute;e. Pour lui, c&rsquo;&eacute;tait une partie de jambes en l&rsquo;air, pour elle c&rsquo;&eacute;tait un viol.</p>
<p>Il est arr&ecirc;t&eacute; peu apr&egrave;s et commence alors le proc&egrave;s et la narration des faits selon les deux parties. La jeune femme n&rsquo;avait pas l&rsquo;habitude de boire et n&rsquo;&eacute;tait pas dans son &eacute;tat normal, selon elle. Elle n&rsquo;aurait pas eu le courage de dire &laquo;non&raquo;, car elle &eacute;tait effray&eacute;e, bien qu&rsquo;elle ait suivi son agresseur pr&eacute;sum&eacute; de son propre chef dans le cabanon. Ce dernier affirme n&rsquo;avoir pas pris conscience de l&rsquo;&eacute;tat de sa victime pr&eacute;sum&eacute;e et r&eacute;fute vigoureusement l&rsquo;id&eacute;e selon laquelle il aurait pu la contraindre &agrave; quoi que ce soit. Dans le film, l&rsquo;&eacute;tat de conscience alt&eacute;r&eacute; par les drogues de la jeune femme est utilis&eacute; &agrave; la fois par la d&eacute;fense et l&rsquo;accusation. <a href="https://www.village-justice.com/articles/Alcool-viol-agression-sexuelle-que-dit-loi-par-Carine-DURRIEU-DIEBOLT-Avocate,23718.html">Dans le droit fran&ccedil;ais</a>, elle est une circonstance aggravante au crime. En Suisse, elle est plut&ocirc;t une circonstance att&eacute;nuante pour l&rsquo;auteur, qui <a href="https://www.parlament.ch/fr/ratsbetrieb/suche-curia-vista/geschaeft?AffairId=20194485">peut plaider la responsabilit&eacute; restreinte.</a> L&agrave; aussi, le &laquo;flou artistique&raquo; r&egrave;gne donc.</p>
<p>Dans le m&ecirc;me genre, en moins ambigu, la mini-s&eacute;rie <i>Anatomie d&rsquo;un scandale</i> (avec Sienna Miller, Rupert Friend, Michelle Dockery) &ndash; diffus&eacute;e sur Netflix &ndash; aborde la m&ecirc;me question. Nous assistons notamment &agrave; une sc&egrave;ne particuli&egrave;rement troublante, lors de laquelle un jeune homme &laquo;se sert&raquo; d&rsquo;une jeune femme dans un couloir pour son plaisir, tout en se livrant &agrave; des bavardages apr&egrave;s coup et en la quittant sur une &eacute;treinte pleine d&rsquo;empathie et de bienveillance. L&agrave; non plus, la victime pr&eacute;sum&eacute;e n&rsquo;a pas exprim&eacute; son refus. Ni verbalement, ni physiquement.</p>
<h3>Technologie contre-productive</h3>
<p>Afin de mettre un terme au doute qui entoure le consentement, ou son absence, certains petits malins ont saut&eacute; sur l&rsquo;occasion pour d&eacute;velopper des applications pour smartphone cens&eacute;es r&eacute;gler la question.</p>
<p>En 2019, <a href="https://www.liberation.fr/debats/2019/12/09/app-de-consentement-sexuel-danger_1811184/"><em>Lib&eacute;ration</em> faisait le listing</a> de ces nouveaux programmes qui permettent &agrave; leurs utilisateurs de signer des contrats virtuels afin d&rsquo;assurer de leur consentement. Selon les variantes, on peut pr&eacute;ciser formellement notre accord, certifier de notre sobri&eacute;t&eacute; ou d&eacute;noncer un viol.</p>
<p>La plupart de ces applications ne sont pas disponibles sur l&rsquo;AppStore ni le Google Shop pour cause de &laquo;contenu inappropri&eacute;&raquo;, rapportent nos coll&egrave;gues fran&ccedil;ais, car les experts du domaine sont nombreux &agrave; monter au cr&eacute;neau pour <a href="https://www.vice.com/fr/article/d34jxy/une-app-de-consentement-sexuel-nest-pas-une-solution-miracle">souligner leur dangerosit&eacute;.</a></p>
<p>En voici les raisons:</p>
<p>1. Si une des deux personnes change d&rsquo;avis au cours de l&rsquo;acte, elle n&rsquo;ose plus le faire, car elle se sent tenue par contrat de respecter l&rsquo;accord.</p>
<p>2. Si une des deux personnes change d&rsquo;avis, l&rsquo;autre peut tr&egrave;s bien faire la sourde oreille et consid&eacute;rer qu&rsquo;un contrat sign&eacute; l&rsquo;autorise &agrave; exercer son &laquo;droit&raquo;.</p>
<p>3. Si une des deux personnes change d&rsquo;avis, mais que l&rsquo;autre n&rsquo;&eacute;coute pas, le viol ne sera pas d&eacute;nonc&eacute; devant la justice. La victime se sentira coupable d&rsquo;avoir dit &laquo;oui&raquo;.</p>
<p>4. Si la victime porte plainte pour viol, le fait qu&rsquo;elle ait d&rsquo;abord consenti risque de discr&eacute;diter son t&eacute;moignage.</p>
<h3>Confusion mentale</h3>
<p>En cas de viol, notre compassion va naturellement vers la victime. Mais ces deux &oelig;uvres nous permettent d&rsquo;en avoir &eacute;galement pour l&rsquo;accus&eacute;, qui se d&eacute;couvre violeur. D&rsquo;essayer de comprendre ses actes. Reste &agrave; savoir s&rsquo;il pourrait nous prendre ensuite de les justifier. L&agrave; est toute la question.</p>
<p>&laquo;Ce que cette affaire nous enseigne, c&rsquo;est que tout le monde peut, un jour, se retrouver du mauvais c&ocirc;t&eacute;, commence l&rsquo;avocat du personnage de Ben Attal, dans sa plaidoirie. Ici, il n&rsquo;y a pas une v&eacute;rit&eacute;, mais deux perceptions d&rsquo;une m&ecirc;me sc&egrave;ne.&raquo;</p>
<hr />
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<h4>&laquo;Les choses humaines&raquo;, d'Yvan Attal (France, 2021), avec Ben Attal, Suzanne Jouannet, Charlotte Gainsbourg, 2h18.</h4>
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		'subtitle' => 'Suzette Sandoz est professeure de droit à la retraite, ancienne conseillère nationale et députée au Grand conseil vaudois. Cette femme de caractère se décrit comme une passionnée de la vie et de la politique. Profondément humaniste, l’une des dernières représentantes de libéraux vaudois est très inquiète de voir le tournant totalitaire emprunté par son pays et n’hésite pas à l’exprimer dans son blog, hébergé par «Le Temps». Nous sommes allés lui rendre visite dans sa demeure de l’est-lausannois, afin de recueillir son sentiment sur la votation à venir. Mais pas que!',
		'subtitle_edition' => 'Suzette Sandoz est professeure de droit à la retraite, ancienne conseillère nationale et députée au Grand conseil vaudois. Cette femme de caractère se décrit comme une passionnée de la vie et de la politique. Profondément humaniste, l’une des dernières représentantes de libéraux vaudois est très inquiète de voir le tournant totalitaire emprunté par son pays et n’hésite pas à l’exprimer dans son blog, hébergé par «Le Temps». Nous sommes allés lui rendre visite dans sa demeure de l’est-lausannois, afin de recueillir son sentiment sur la votation à venir. Mais pas que!',
		'content' => '<p><strong>A quel moment avez-vous estim&eacute; que quelque chose ne tournait pas rond dans cette crise?</strong></p>
<p>Apr&egrave;s le premier semi-confinement, j'ai eu le sentiment extr&ecirc;mement d&eacute;sagr&eacute;able qu&rsquo;on ne s&rsquo;int&eacute;ressait pas du tout aux personnes malades. On comptait les morts. On faisait des proportions de morts par rapport &agrave; la population. De mani&egrave;re idiote d&rsquo;ailleurs, pas seulement en Suisse. On n&eacute;gligeait quelquefois de faire la proportion par rapport aux nombres d&rsquo;habitants. Il n&rsquo;y avait jamais de recherche d&rsquo;une comparaison intelligente. Evidemment que dans une ville, vous allez avoir beaucoup plus de cas qu&rsquo;&agrave; la campagne. La Su&egrave;de et les pays nordiques ont une concentration de personnes tr&egrave;s diff&eacute;rente de Londres, New York, etc... On nous ass&eacute;nait des chiffres qui ne voulaient rien dire. Comme si on voulait cr&eacute;er une peur. C&rsquo;est la premi&egrave;re des choses qui m&rsquo;a mise tr&egrave;s mal &agrave; l&rsquo;aise: l&rsquo;utilisation des morts pour faire peur.</p>
<p>Puis, tr&egrave;s, tr&egrave;s vite cette fa&ccedil;on de d&eacute;crier les m&eacute;decins qui disaient qu&rsquo;on pourrait soigner comme ceci ou comme cela. C&rsquo;est quand m&ecirc;me incroyable! La premi&egrave;re des choses qu&rsquo;il aurait fallu chercher &agrave; faire c&rsquo;&eacute;tait &agrave; soigner! Il y a plus et il y aura toujours plus de malades que de morts.</p>
<p>Ensuite, on s&rsquo;est mis &agrave; mettre en quarantaine des gens qui n&rsquo;&eacute;taient pas malades, qui avaient simplement fr&eacute;quent&eacute; quelqu&rsquo;un qui &eacute;tait test&eacute; positif. Et on ne s&rsquo;occupait plus du tout de savoir ce que devenait cette personne. Vous &ecirc;tes en quarantaine, vous ne devez pas sortir, il y avait l&rsquo;impression d&rsquo;une surveillance, qui s&rsquo;aggrave encore lorsqu&rsquo;on est en isolement. Vous pouvez, pardonnez-moi, mais &laquo;crever&raquo; dans votre coin. Personne n&rsquo;&eacute;tait concern&eacute; par l&rsquo;&eacute;tat de sant&eacute; des gens une fois qu&rsquo;ils &eacute;taient malades ou pouvant l&rsquo;&ecirc;tre, en quarantaine ou en isolement.</p>
<p>Pendant le semi-confinement, ce que j&rsquo;ai trouv&eacute; atroce c'est qu'on a cr&eacute;&eacute; une protection des vieux aux d&eacute;pens des jeunes. Cette mani&egrave;re de fractionner la soci&eacute;t&eacute;, de ne jamais demander aux personnes &acirc;g&eacute;es si elles avaient envie qu&rsquo;on les prot&egrave;ge. D&rsquo;enfermer des gens dans des EMS. Certains directeurs de homes ont &eacute;t&eacute; tr&egrave;s humains, essayant de faire les choses avec le maximum de souplesse possible. Mais d'autres ont s&eacute;questr&eacute; leurs pensionnaires. Je l&rsquo;ai constat&eacute; avec certaines connaissances. Quand c&rsquo;est ferm&eacute; &agrave; cl&eacute;, vous ne pouvez plus sortir du b&acirc;timent. Des personnes qui n&rsquo;&eacute;taient pas du tout malades, qui &eacute;taient dans ces maisons et appartements prot&eacute;g&eacute;s, ne pouvaient plus sortir. Elles &eacute;taient enferm&eacute;es.</p>
<p><strong>Mais n&rsquo;&eacute;tait-ce pas pour leur bien, &agrave; ce moment-l&agrave;?</strong></p>
<p>Oui, alors &eacute;coutez on a toujours prot&eacute;g&eacute; les gens pour leur bien dans les meilleures dictatures! La protection est en fait le premier motif de la dictature. La protection c&rsquo;est pour le bien. C&rsquo;est bien connu. Personne ne se l&egrave;ve le matin en disant &laquo;je vais vous prot&eacute;ger pour vous faire du mal&raquo;.</p>
<p>Et je constatais cette esp&egrave;ce d&rsquo;acc&eacute;l&eacute;ration de la protection des gens avec des explications, des motifs et des mesures qui n'&eacute;taient et ne sont toujours pas rationnels.</p>
<p><strong>N&rsquo;avez-vous jamais eu peur du virus?</strong></p>
<p>Non, &agrave; aucun moment. On a commenc&eacute; par nous dire que &ccedil;a ressemblait quand m&ecirc;me un peu &agrave; une grippe. Dans ma famille, on n&rsquo;a jamais eu la grippe, contre laquelle on n&rsquo;a jamais &eacute;t&eacute; vaccin&eacute;s. Sauf ma m&egrave;re, quand elle approchait les 90 ans, parce que le m&eacute;decin le lui avait recommand&eacute;. C&rsquo;est d'ailleurs l&rsquo;ann&eacute;e o&ugrave; elle a &eacute;t&eacute; malade, donc &ccedil;a ne m&rsquo;a pas particuli&egrave;rement pouss&eacute;e &agrave; souhaiter un vaccin de ce genre.</p>
<p>Comme on dit qu&rsquo;il y a des points de convergence entre la grippe et le Covid, depuis plusieurs ann&eacute;es je prends un vaccin &laquo;classique&raquo; contre les maladies des voies respiratoires et je l&rsquo;ai pris un mois plus t&ocirc;t cette ann&eacute;e.</p>
<p><strong>Votre premi&egrave;re stup&eacute;faction post-semi-confinement pass&eacute;e, ce sentiment de malaise s&rsquo;est-il dissip&eacute; &agrave; un moment ou &agrave; un autre?</strong></p>
<p>Non, jamais. C&rsquo;est all&eacute; de pis en pis. Le sentiment extr&ecirc;mement d&eacute;sagr&eacute;able que lorsque, encore une fois, des m&eacute;decins, ou des professeurs aux titres scientifiques voulaient proposer quelque chose pour essayer de soigner, ils se faisaient traiter de tous les noms d&rsquo;oiseaux. Ce n&rsquo;est pas imaginable. Surtout qu&rsquo;on n&rsquo;arr&ecirc;te pas de nous rebattre les oreilles en nous disant que la science c&rsquo;est le questionnement constant. Mais l&agrave;, si on questionnait quoi que ce soit, on &eacute;tait tout de suite trait&eacute; de platistes (ceux qui pensent que la Terre est plate).</p>
<p>Je n&rsquo;ai jamais vu une rage pareille &agrave; l&rsquo;&eacute;gard de celles ou ceux qui ne sont pas tout &agrave; fait du m&ecirc;me avis. Qui posent des questions. La seule rage un peu semblable c&rsquo;est en mati&egrave;re d&rsquo;environnement. Il faut le reconna&icirc;tre. Si vous remettez en question le fait que le CO2 soit l&rsquo;origine absolue de tous les maux, on vous r&eacute;pond que &laquo;le d&eacute;bat est clos&raquo;.</p>
<p><strong>De m&eacute;moire de septuag&eacute;naire, est-ce la premi&egrave;re fois que vous voyez la Suisse dans cet &eacute;tat?</strong></p>
<p>Oui. Cela dit je n&rsquo;ai pas v&eacute;cu la grippe de 18. Mais je n&rsquo;ai pas le souvenir d&rsquo;avoir v&eacute;cu quelque chose de semblable.</p>
<p>Ce qui est quand m&ecirc;me un peu g&ecirc;nant, c&rsquo;est qu&rsquo;on a eu cette excellente &eacute;mission &agrave; la RTS dans laquelle on nous montrait de quelle fa&ccedil;on Gilead avait trich&eacute; pour obtenir la reconnaissance de son Remdesivir et de quelle fa&ccedil;on il avait obtenu un prix nettement sup&eacute;rieur en le faisant passer pour un rem&egrave;de soignant une maladie orpheline. Cette &eacute;mission &eacute;tait extr&ecirc;mement int&eacute;ressante.</p>
<p><strong>D'ailleurs, quel regard portez-vous sur le traitement m&eacute;diatique qui a &eacute;t&eacute; fait de cette affaire?</strong></p>
<p>Je ne sais pas ce qu&rsquo;il faut appeler un traitement m&eacute;diatique... Dans la mesure o&ugrave; les m&eacute;dias rapportent ce que leur donne l&rsquo;officialit&eacute;, je pense que c&rsquo;est un traitement m&eacute;diatique conforme &agrave; ce que rapporte l&rsquo;officialit&eacute;. Dans la mesure o&ugrave; le r&ocirc;le des m&eacute;dias est d&rsquo;aller un petit peu plus loin que les informations purement officielles, je dirais que je suis tr&egrave;s d&eacute;&ccedil;ue. Y compris par <em>Le Temps</em>. Il y a quand m&ecirc;me une sorte de c&ocirc;t&eacute; intouchable de ce qui est la d&eacute;claration officielle.</p>
<p>Il y a bien, de temps en temps, des lettres de lecteurs donnant des avis diff&eacute;rents, en particulier dans<em> 24 heures</em>. C&rsquo;est une des choses int&eacute;ressantes que je constate sur <a href="https://blogs.letemps.ch/suzette-sandoz/" target="_blank" rel="noopener">mon blog</a>: il y a des expressions tr&egrave;s, tr&egrave;s diff&eacute;rentes. Avec des exemples plus vari&eacute;s. Et qui permettent peut-&ecirc;tre de se rendre compte que la population n&rsquo;est de loin pas unanime sur le sujet.</p>
<p><strong>Cette population qui &eacute;met des doutes ne sait pas vraiment o&ugrave; le faire. Elle finit donc parfois dans les &laquo;manifs complotistes&raquo;, parce qu&rsquo;elle ne sait pas par quel biais s&rsquo;exprimer.</strong></p>
<p>Oui. D&rsquo;ailleurs les manifs c&rsquo;est quelque chose que je n&rsquo;aime pas du tout, parce que la foule n&rsquo;a pas de libert&eacute; de r&eacute;action, ni de penser. Donc hors de question pour moi de faire partie d&rsquo;une manif. Et puis il y a toujours le risque que &ccedil;a d&eacute;g&eacute;n&egrave;re.</p>
<p>Mais je dois dire que, jusqu&rsquo;&agrave; pr&eacute;sent, les manifestants se sont bien tenus. Il n&rsquo;y a pas eu de manifestation violente. A part peut-&ecirc;tre celle de Berne...</p>
<p><strong>Lors de laquelle se sont illustr&eacute;s une poign&eacute;e de casseurs, qui ont inspir&eacute; des comparaisons dans les m&eacute;dias le lendemain avec la prise du Capitole...</strong></p>
<p>Oui, alors l&agrave;... il y a des moments o&ugrave; si le ridicule tuait, on n&rsquo;aurait pas de probl&egrave;me de surpopulation!</p>
<p>On se disait au fond que &ccedil;a nous ferait tellement de bien d&rsquo;avoir la prise de &laquo;notre&raquo; Capitole, histoire de nous sentir &agrave; la hauteur des Etats-Unis. C&rsquo;&eacute;tait presque du snobisme journalistique! C&rsquo;&eacute;tait &agrave; mourir de rire... pour ne pas pleurer de d&eacute;sespoir.</p>
<p><strong>Est-ce que la docilit&eacute; des gens vous &eacute;tonne?</strong></p>
<p>Cela m&rsquo;&eacute;tonne, mais surtout cela m&rsquo;inqui&egrave;te terriblement. Parce qu&rsquo;il n&rsquo;y a plus d&rsquo;esprit critique du tout. Malheureusement, je crois qu&rsquo;on s&rsquo;efforce, depuis un certain nombre d&rsquo;ann&eacute;es, de tuer l&rsquo;esprit critique. Et je pense que &ccedil;a tient notamment au fait que l&rsquo;enseignement &eacute;carte de plus en plus le retour aux sources. Je pense qu&rsquo;on doit vraiment lire les anciens, les philosophes, les auteurs des si&egrave;cles pr&eacute;c&eacute;dents etc. pour se rendre compte que l&rsquo;&ecirc;tre humain, d&rsquo;abord n&rsquo;a jamais chang&eacute;, qu&rsquo;il n&rsquo;est pas naturellement bon, qu&rsquo;il n&rsquo;est pas immortel.</p>
<p>On n&rsquo;arr&ecirc;te pas de dire que les jeune savent tout; il faut faire attention de ne pas les contrarier &agrave; l&rsquo;&eacute;cole, sinon les parents se f&acirc;chent tout de suite. Il y a une sorte de perte totale du sens &agrave; la fois de la richesse et de la faillibilit&eacute; de l&rsquo;&ecirc;tre humain. On est d&eacute;shumanis&eacute;s. Et c&rsquo;est frappant aussi dans la r&eacute;action des personnes vaccin&eacute;es &agrave; l&rsquo;&eacute;gard des non-vaccin&eacute;s &ndash; et quelquefois aussi le contraire, parce qu&rsquo;on trouvera des extr&eacute;mistes des deux c&ocirc;t&eacute;s &ndash; mais la capacit&eacute; de devenir moutons, pour tellement de personnes, cela m&rsquo;effraie.</p>
<p><strong>Surtout que c&rsquo;est mondial. Toutes les populations ont plus ou moins r&eacute;agi de la m&ecirc;me mani&egrave;re.</strong></p>
<p>Il faut dire qu&rsquo;il n&rsquo;y a pas beaucoup de pays qui soient d&eacute;mocratiques. Donc c&rsquo;est peut-&ecirc;tre moins troublant pour eux. &Ccedil;a l&rsquo;est davantage l&agrave; o&ugrave; on a l&rsquo;habitude de discuter les d&eacute;cisions. Pourtant, l&agrave; aussi: le petit doigt sur la couture du pantalon. C&rsquo;est la toute puissance des autorit&eacute;s sanitaires, pas celle du corps m&eacute;dical. Beaucoup de m&eacute;decins traitants sont tr&egrave;s ennuy&eacute;s. J&rsquo;ai d&rsquo;ailleurs vu que ceux qui exprimeraient des doutes &agrave; l&rsquo;&eacute;gard du vaccin peuvent &ecirc;tre sanctionn&eacute;s d&rsquo;une amende allant jusqu&rsquo;&agrave; 20 000 francs, se voir bl&acirc;mer ou retirer le droit de pratiquer. C&rsquo;est affolant!</p>
<p>Ce sont des sp&eacute;cialistes des courbes et des lectures d&rsquo;&eacute;crans sanitaires qui d&eacute;cident de la mani&egrave;re dont ceux qui essaient de soigner leurs patients devraient s&rsquo;y prendre. C&rsquo;est tellement inqui&eacute;tant...</p>
<p><strong>Est-ce que vous pensez que cela va laisser des s&eacute;quelles au syst&egrave;me politique suisse? Y aura-t-il un avant et un apr&egrave;s?</strong></p>
<p>Un avant et un apr&egrave;s, cela parait in&eacute;vitable. Ce qui m&rsquo;ennuie &ndash; mais je ne r&eacute;ponds pas directement &agrave; votre question &ndash; c'est que cette esp&egrave;ce de transformation de la soci&eacute;t&eacute; en moutons va &ecirc;tre r&eacute;cup&eacute;r&eacute;e par les catastrophistes et les collapsologues qui vont voir que la peur a tr&egrave;s bien fonctionn&eacute; pour la sant&eacute;. Et on greffe la sant&eacute; sur l&rsquo;&eacute;cologie, en disant que c&rsquo;est parce qu&rsquo;il y a des exc&egrave;s de pollution que la sant&eacute; est menac&eacute;e. Donc on va d&eacute;couvrir le chantage que l&rsquo;on peut exercer avec la sant&eacute; et, dans ce sens-l&agrave;, je pense qu&rsquo;on est en train de pr&eacute;parer une soci&eacute;t&eacute; qui, sous pr&eacute;texte de prot&eacute;ger sa sant&eacute;, va accepter toutes les cat&eacute;gories de tyrannies.</p>
<p>Ma crainte est que cet esprit gr&eacute;gaire soit r&eacute;cup&eacute;r&eacute; par des ayatollahs de l&rsquo;environnement, comme il est r&eacute;cup&eacute;r&eacute; en ce moment par des ayatollahs de la sant&eacute;. Et puis &eacute;videmment, on utiliserait les institutions en s&rsquo;assurant une autre majorit&eacute;.</p>
<p><strong>C&rsquo;est tout de m&ecirc;me plus utile d&rsquo;&ecirc;tre mouton pour le climat que mouton pour le Covid...</strong></p>
<p>A la limite, on peut peut-&ecirc;tre plus facilement se d&eacute;barrasser du Covid que sauver le climat, qui ne d&eacute;pend assur&eacute;ment pas que de notre CO2. Les changements climatiques sont intervenus bien avant que l&rsquo;homme puisse en &ecirc;tre la cause.</p>
<p><strong>CO2 ou pas CO2, on traite la plan&egrave;te et les animaux de fa&ccedil;on catastrophique et &ccedil;a ne peut &ecirc;tre que b&eacute;n&eacute;fique de cesser de gaspiller et de polluer comme nous le faisons.</strong></p>
<p>Le gaspillage, c&rsquo;est encore un autre probl&egrave;me. Et c&rsquo;est ce que je regrette, si vous voulez: une sorte de f&eacute;tichisme du CO2 pour un climat sur lequel, comme tel, on n&rsquo;a peut-&ecirc;tre pas tellement d&rsquo;influence, au lieu de se concentrer sur la lutte contre les d&eacute;chets. Je trouve qu&rsquo;au fond, on d&eacute;tourne l&rsquo;attention d&rsquo;un probl&egrave;me sur lequel on pourrait agir, sur un autre sur lequel on n&rsquo;a pas tellement d&rsquo;influence.</p>
<p>Ce qui m&rsquo;amuse aussi, c&rsquo;est qu&rsquo;on entend assez souvent ce respect tout &agrave; fait appr&eacute;ciable de la nature, mais qui ne se traduit pas par le respect de l&rsquo;&ecirc;tre humain. Il y a une sorte de primaut&eacute; de la nature, voire de l&rsquo;animal, sur l&rsquo;&ecirc;tre humain. Je pense qu&rsquo;il y a une esp&egrave;ce de haine de l&rsquo;humain au nom de l&rsquo;amour de la nature et des animaux.</p>
<p>En fin de compte, je pense qu&rsquo;on peut aussi aimer les autres humains. Et j&rsquo;ai plut&ocirc;t confiance en l&rsquo;&ecirc;tre humain. Je ne crois pas du tout l&rsquo;homme naturellement bon, je laisse &ccedil;a &agrave; Rousseau, mais en revanche j&rsquo;ai confiance en lui. Les gens ne sont pas pires que moi, on n&rsquo;est pas forc&eacute;ment meilleur que les autres non plus, mais il y a toujours quelque chose de bon. Et je suis tr&egrave;s attrist&eacute;e par cette d&eacute;testation de l&rsquo;humain au nom de l&rsquo;amour de la nature et des animaux. Alors qu&rsquo;il me semblerait qu&rsquo;il faudrait plut&ocirc;t aimer l&rsquo;&ecirc;tre humain pour l&rsquo;amener &agrave; respecter la nature et les animaux.</p>
<p><strong>Disons qu&rsquo;il y en a un qui d&eacute;truit l&rsquo;autre et pas le contraire...</strong></p>
<p>C&rsquo;est affreux, mais ce n&rsquo;est pas une raison. Pour autant, je ne vais pas me dire qu&rsquo;il faut d&eacute;truire les humains parce qu&rsquo;ils sont trop nombreux. C&rsquo;est d&rsquo;ailleurs ce qu&rsquo;on n&rsquo;arr&ecirc;te pas de nous dire: &laquo;vous &ecirc;tes trop nombreux, vous &ecirc;tes trop nombreux&raquo;. D&rsquo;accord. Et puis maintenant voil&agrave; qu'on nous emp&ecirc;che de mourir. C&rsquo;est hallucinant!</p>
<p><strong>D&rsquo;ailleurs, pour revenir &agrave; nos moutons, justement: quel regard portez-vous sur l&rsquo;extension du pass sanitaire?</strong></p>
<p>Je trouve &ccedil;a aberrant. &Ccedil;a fait vraiment partie de ce chantage au vaccin. Etendre le pass sanitaire, c&rsquo;est juste pour exercer une contrainte. Et ceux qui en souffrent le plus ce sont les jeunes et les &eacute;tudiants. Et puis cette histoire de test... l&rsquo;une de mes connaissances, qui est &eacute;tudiante, me disait r&eacute;cemment qu&rsquo;elle avait d&ucirc; faire un test pour aller en cours, mais que ce dernier ne lui permettait pas d&rsquo;aller &agrave; la cafeteria dans la m&ecirc;me journ&eacute;e. Excusez-moi, une fois de plus c&rsquo;est ce manque total de rationalit&eacute;! Mais est-ce qu&rsquo;on fait expr&egrave;s?! Il faut quand m&ecirc;me se rendre compte que ce sont des dingues qui prennent des d&eacute;cisions pareilles! Ou alors est-ce que ce sont des machines? J&rsquo;en suis &agrave; me demander si c&rsquo;est d&eacute;j&agrave; de la gouvernance par les machines.</p>
<p>Ce ne sont pas les entit&eacute;s politiques que je bl&acirc;me le plus, parce qu&rsquo;elles doivent prendre des d&eacute;cisions. Ceux qui me f&acirc;chent ce sont les scientifiques, qui se pr&eacute;tendent tels, qui ne sortent que des instructions de leur bo&icirc;te et qui n&rsquo;ont jamais &laquo;touch&eacute;&raquo; une personne pour la soigner.</p>
<p>Pas seulement les gens de task force. On a tout le temps les professeurs machin et les professeurs choses qui se consacrent beaucoup &agrave; la recherche &ndash; merci d&rsquo;ailleurs, c&rsquo;est tr&egrave;s pr&eacute;cieux &ndash; mais dont on sait aussi que les laboratoires re&ccedil;oivent &ndash; heureusement &ndash; des fonds pour faire de la recherche. Et de qui les re&ccedil;oivent-ils? Ce n&rsquo;est pas l&rsquo;&eacute;glise r&eacute;form&eacute;e du canton de Vaud qui les leur donne, &ccedil;a je peux vous le dire. Je ne crois m&ecirc;me pas que ce soit l&rsquo;&eacute;glise catholique.</p>
<p><strong>Est-ce que tous ces trucs-l&agrave; sont l&eacute;gaux d&rsquo;ailleurs: l&rsquo;obligation du port du masque, le pass et le reste?</strong></p>
<p>C&rsquo;est pr&eacute;vu d&rsquo;une part dans la loi sur les &eacute;pid&eacute;mies, puis dans la loi Covid d&eacute;clar&eacute;e urgente. Ordonnances d&rsquo;abord, qui sont transform&eacute;es en loi par le Parlement. Des ordonnances qui viennent du Conseil f&eacute;d&eacute;ral. Et sur quoi se base-t-il pour les prendre? Sur ce que lui dit sa task force, ou l&rsquo;OFSP, ou les quelques personnes qu&rsquo;il consulte dont on ne sait pas toujours d&rsquo;o&ugrave; elles ont leur information, ni s&rsquo;il leur arrive quelquefois de savoir que l&rsquo;&ecirc;tre humain n&rsquo;est pas qu&rsquo;un corps qui peut mourir. Il se trouve qu&rsquo;il a m&ecirc;me des sentiments, des souffrances qui sont parfois psychiques, morales... mais &ccedil;a je ne suis pas s&ucirc;re que ce soit toujours tr&egrave;s clair pour des sp&eacute;cialistes des statistiques.</p>
<p><strong>Que penser du suivisme de la gauche?</strong></p>
<p>Je n&rsquo;ai jamais consid&eacute;r&eacute; que la gauche &eacute;tait particuli&egrave;rement ind&eacute;pendante d&rsquo;esprit. Certains gouvernements qui n&rsquo;&eacute;taient pas de droite ont donn&eacute; de magnifiques r&eacute;gimes totalitaires. On peut trouver du totalitarisme des deux c&ocirc;t&eacute;s. Le go&ucirc;t du pouvoir se d&eacute;veloppe aussi bien &agrave; droite qu&rsquo;&agrave; gauche et, par cons&eacute;quent, que la gauche marche le petit doigt sur la couture du pantalon... cela dit il me semble que Monsieur Maillard a une approche plus r&eacute;aliste, mais il ne fait pas toute la gauche.</p>
<p>Pour r&eacute;pondre &agrave; votre question: je ne comprends pas comment c&rsquo;est possible, je n&rsquo;arrive pas &agrave; comprendre. Je suis de droite et vous le savez. Je ne crois pas &ecirc;tre d&rsquo;extr&ecirc;me-droite, car je n&rsquo;aime pas les extr&ecirc;mes. Mais je ne peux pas envisager un seul moment d&rsquo;&ecirc;tre embrigad&eacute;e dans quelque chose et d&rsquo;accepter qu&rsquo;on me raconte des histoires qui ne tiennent pas! Et puis je me trouve d&rsquo;accord, en effet, avec ce qui est plus extr&ecirc;me &agrave; droite. Bon, cela dit, on a une petite tendance &agrave; diaboliser l&rsquo;UDC. Ils n&rsquo;ont pas le pied fourchu et &ccedil;a ne sent pas le souffre quand ils entrent dans une pi&egrave;ce.</p>
<p><strong>Cela semble faire partie de la narration bien pensante qui se permet d&rsquo;ailleurs de qualifier tous les sceptiques d&rsquo;</strong>&laquo;<strong>antivax&raquo;, alors qu&rsquo;il s&rsquo;agit juste de gens qui d&eacute;fendent la libert&eacute; de choix. Puisque nous sommes dans une obligation vaccinale qui ne dit pas son nom. </strong></p>
<p>Evidemment, si c&rsquo;&eacute;tait une obligation il y aurait des responsabilit&eacute;s &agrave; assumer d&rsquo;avoir impos&eacute; cette obligation. Mais des responsabilit&eacute;s morales. Les responsabilit&eacute;s financi&egrave;res sont fix&eacute;es par la loi: le montant maximal de l&rsquo;indemnit&eacute; qui pourrait &ecirc;tre vers&eacute;e par la Conf&eacute;d&eacute;ration est de 70 000 francs en cas de cons&eacute;quence grave du vaccin pour une personne.</p>
<p><strong>Ce ne sont pas les assurances maladies qui vont rembourser?</strong></p>
<p>En principe, si c&rsquo;est vraiment &eacute;tabli comme &eacute;tant une cons&eacute;quence du vaccin, th&eacute;oriquement ce devrait &ecirc;tre la Conf&eacute;d&eacute;ration qui est responsable. J&rsquo;esp&egrave;re que je ne serai jamais consult&eacute;e sur un probl&egrave;me de ce genre. Parce que d&rsquo;ici qu&rsquo;on soit sortis de l&rsquo;auberge, on aura r&eacute;ussi &agrave; &laquo;liquider&raquo; un nombre consid&eacute;rable de juges et de parties. Si jamais il y a une recherche de responsabilit&eacute;, ce sera la croix et la banni&egrave;re pour arriver &agrave; prouver quoi que ce soit. D&rsquo;ailleurs, il n&rsquo;y a au fond que tr&egrave;s peu de contr&ocirc;les apr&egrave;s le vaccin. Plus on vaccine de gens et moins c&rsquo;est possible de v&eacute;rifier, pour des raisons pratiques &eacute;videntes.</p>
<p><strong>Pensez-vous que l'on soit dans un r&eacute;gime totalitaire en ce moment?</strong></p>
<p>Pas loin. Ce n&rsquo;est pas un r&eacute;gime totalitaire parce qu&rsquo;on continue &agrave; faire fonctionner les institutions: le r&eacute;f&eacute;rendum, les initiatives. Mais c&rsquo;est un &eacute;tat d&rsquo;esprit totalitaire. C&rsquo;est &ccedil;a qui est inqui&eacute;tant.</p>
<p><strong>Qu&rsquo;allez-vous voter le 28 novembre et pourquoi?</strong></p>
<p>Je voterai naturellement non. Ne f&ucirc;t-ce que pour montrer qu&rsquo;il faut absolument arr&ecirc;ter maintenant ce syst&egrave;me totalitaire. Parce que je vais vous dire que je ne crois pas vraiment &agrave; l&rsquo;utilit&eacute; juridique du non.</p>
<p>Etant donn&eacute; qu&rsquo;on met en effet dans la m&ecirc;me loi des mesures de nature &eacute;conomique, le non n&rsquo;a pas de cons&eacute;quence grave dans ce sens l&agrave;, puisqu&rsquo;elles vont durer jusqu&rsquo;en mars. M&ecirc;me si on refuse la loi. Et puis d&rsquo;autre part, on peut tr&egrave;s bien remettre des mesures &eacute;conomiques entre temps si on veut et il n&rsquo;y a aucun probl&egrave;me. Je n&rsquo;ai donc aucun scrupule &agrave; voter non. Plut&ocirc;t un regret de devoir voter sur un sujet pareil.</p>
<p><strong>Comment est-ce que vous voyez tout &ccedil;a se terminer?</strong></p>
<p>J&rsquo;aimerais qu&rsquo;on arrive assez t&ocirc;t &agrave; faire crever la bulle d&rsquo;une malhonn&ecirc;tet&eacute; quelque part. Pour faire tomber en douve le f&eacute;tichisme d&rsquo;un vaccin. Quand on en cherche et qu&rsquo;on en trouve, c&rsquo;est magnifique et merci &agrave; la recherche. Ils ont trouv&eacute; beaucoup de choses qui nous permettent d&rsquo;arriver maintenant &agrave; l&rsquo;&acirc;ge o&ugrave; on arrive.</p>
<p>Mais il y a quelque chose de profond&eacute;ment anormal et malsain actuellement dans cette esp&egrave;ce de totalitarisme sanitaire et vaccinal. Et de refus de se consacrer d&rsquo;abord &agrave; la recherche de traitements.</p>
<h4>Cet interview est paru initialement sur le site <a href="https://www.limpertinentmedia.com/post/je-n-ai-jamais-vu-une-telle-rage-%C3%A0-l-%C3%A9gard-de-ceux-qui-ne-sont-pas-du-m%C3%AAme-avis" target="_blank" rel="noopener">L'impertinent</a></h4>',
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		'subtitle' => 'Le documentaire «Hold-Up», diffusé mercredi dernier sur Vimeo, a eu pour réaction de déclencher les positions qu’il dénonce: conformisme absolu, soumission aveugle, intolérance face aux opinions divergentes, biais médiatique, censure par les tribunaux du Web et assassinat de la liberté d’expression dans les grandes largeurs. Les détracteurs de «Hold-Up» se rendent-ils compte des conséquences délétères et contreproductives de leur acharnement aveugle sur l’opinion, alimenté par la bien-pensance et la pensée unique? Il semblerait que la raison ne soit pas près de rejoindre le débat, puisque débat il n’y a pas.',
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<p>A la base, j&rsquo;avais pr&eacute;vu un froid compte rendu du film <em>Hold-Up</em>, dont il y aurait effectivement beaucoup &agrave; dire tant il n&rsquo;est pas d&eacute;nu&eacute; de probl&egrave;mes. Exercice rendu inutile, puisque des <a href="https://www.sciencesetavenir.fr/sante/covid-19-4-fake-news-majeures-presentes-dans-le-documentaire-complotiste-hold-up_149107" target="_blank" rel="noopener">journalistes aguerris au milieu scientifique</a> se sont pr&eacute;cipit&eacute;s pour faire ce travail de v&eacute;rification. Des &laquo;<a href="https://sciencepost.fr/hold-up-un-documentaire-a-succes-pretend-devoiler-une-conspiration-mondiale-autour-de-la-covid-19/" target="_blank" rel="noopener">d&eacute;bunkage</a>s&raquo; et des <a href="https://www.liberation.fr/checknews/2020/11/11/que-sait-on-du-documentaire-hold-up-qui-denonce-une-manipulation-mondiale-sur-le-covid-19_1805241?utm_medium=Social&amp;utm_source=Twitter#Echobox=1605161791" target="_blank" rel="noopener">alertes &agrave; la <em>fake news</em></a> fleurissent sur internet. Les <a href="https://www.lemonde.fr/les-decodeurs/article/2020/11/12/covid-19-les-contre-verites-de-hold-up-le-documentaire-a-succes-qui-pretend-devoiler-la-face-cachee-de-l-epidemie_6059526_4355770.html" target="_blank" rel="noopener">D&eacute;codeurs</a> du <em>Monde</em> se sont fendus d&rsquo;un article et d&rsquo;un <a href="https://www.lemonde.fr/planete/live/2020/11/13/covid-19-quels-faits-opposer-aux-theories-du-complot-autour-de-l-epidemie_6059588_3244.html" target="_blank" rel="noopener">live chat</a> pour r&eacute;pondre aux questions des internautes. Les moyens mis en place pour d&eacute;monter le docu de Pierre Barn&eacute;rias et r&eacute;tablir certaines v&eacute;rit&eacute;s ne manquent pas. On peut d&rsquo;ailleurs saluer l&rsquo;effort, tout en regrettant la mani&egrave;re et la proportion, puisque ces r&eacute;actions l&eacute;gitimes et utiles se sont mu&eacute;es en censure.</p>
<h3><strong>Suppressions en s&eacute;rie</strong></h3>
<p>Vimeo, la plateforme qui h&eacute;bergeait la version payante du documentaire, l&rsquo;a supprim&eacute; sans sommation. Les cr&eacute;ateurs sont parvenus &agrave; r&eacute;colter assez d&rsquo;argent pour couvrir leurs frais et le diffuser gratuitement sur d&rsquo;autres plateformes, comme Odys&eacute;e, mais nul ne sait jusqu&rsquo;&agrave; quand. La cagnotte h&eacute;berg&eacute;e sur Tipeee (dont l&rsquo;un des investisseurs est <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Xavier_Niel" target="_blank" rel="noopener">Xavier Niel</a>) a &eacute;t&eacute; suspendue. Du c&ocirc;t&eacute; de Ulule, plateforme de crowdfunding qui a servi en partie &agrave; recueillir les dons pour r&eacute;aliser <em>Hold-Up</em>, on n&rsquo;assume pas. Son PDG <a href="https://www.huffingtonpost.fr/entry/hold-up-crowdfunding-ulule-tipeee_fr_5fad4121c5b68707d1fcd878" target="_blank" rel="noopener">s&rsquo;est d&eacute;solidaris&eacute; de son contenu</a> dans un long message post&eacute; sur Twitter. Tout comme Philippe Douste-Blazy, m&eacute;decin et homme politique fran&ccedil;ais, qui intervient dans le long-m&eacute;trage et qui a demand&eacute; &agrave; en &ecirc;tre retir&eacute;.</p>
<p>Contact&eacute; par t&eacute;l&eacute;phone, Pierre Barn&eacute;rias affirme tomber des nues: &laquo;J&rsquo;ai envoy&eacute; le film cinq jours avant &agrave; tous les intervenants. Phillippe Douste-Blazy pouvait me dire non. Il a accept&eacute; de venir, il a vu le titre, il a vu le sujet, on en a parl&eacute; ensemble, je lui ai indiqu&eacute; l&rsquo;identit&eacute; des autres t&eacute;moins. Pourquoi faire marche arri&egrave;re maintenant?&raquo;, s&rsquo;interroge l&rsquo;ancien journaliste, qui ne comprend pas la censure dont son film fait l&rsquo;objet.</p>
<p>L&rsquo;acharnement de certains internautes, dont des politiciens macronnistes, pour imposer leur vision &agrave; la cantonade a, une fois de plus, pris le d&eacute;bat en otage. Exit les interrogations l&eacute;gitimes et les remises en question, les incoh&eacute;rences, les &laquo;mensonges d&rsquo;Etat&raquo; et les nombreuses erreurs &ndash; volontaires ou pas &ndash;&nbsp; qui resteront dans l&rsquo;histoire. Avec, en toile de fond, la question &agrave; trois milliards: jusqu&rsquo;o&ugrave; ira-t-on dans la n&eacute;gation des libert&eacute;s individuelles? Tout cela est rel&eacute;gu&eacute; au second plan.</p>
<p><em>Hold-Up</em> est affubl&eacute; du sceau si commode du complotisme, critique arbitraire balanc&eacute;e &agrave; toutes les sauces. Puisque s&rsquo;interroger sur la dangerosit&eacute; des vaccins serait du m&ecirc;me ordre de pens&eacute;e que d&rsquo;affirme que la Terre est plate. Encore une fois, pas de place &agrave; la nuance dans la perception des choses et le traitement de <em>Hold-Up </em>en fait la d&eacute;monstration. Il s&rsquo;agit maintenant de d&eacute;molir tant le messager que le message, en brandissant l&rsquo;argument stup&eacute;fiant de la mise en danger de la vie d&rsquo;autrui. &laquo;Nous sommes en discussion avec notre service juridique. Si le film convainc les gens de ne pas se faire vacciner, cela ferait de nous des responsables d&rsquo;homicides involontaires, selon un m&eacute;decin. Comment peut-on laisser dire une chose pareille? Cela nous para&icirc;t grave&raquo;, explique Pierre Barn&eacute;rias, qui compte porter plainte pour diffamation.</p>
<p>Parmi les d&eacute;tracteurs, Ilana Cicurel. D&eacute;l&eacute;gu&eacute;e La R&eacute;publique en marche qui se dit &laquo;sp&eacute;cialis&eacute;e en libert&eacute; d&rsquo;expression&raquo;. Elle a livr&eacute; un spectacle stup&eacute;fiant sur CNews, en critiquant pendant 5 minutes la m&eacute;diatisation &ndash; dont elle participe de fait &ndash; d&rsquo;une &laquo;bombe complotiste&raquo; d&rsquo;une &laquo;tr&egrave;s grande dangerosit&eacute;&raquo;:</p>
<p><iframe frameborder="0" height="315" scrolling="no" src="https://www.facebook.com/plugins/video.php?href=https%3A%2F%2Fwww.facebook.com%2Ffred.egym.3%2Fvideos%2F732735617328864%2F&amp;show_text=0&amp;width=560" width="560"></iframe></p>
<p>&nbsp;</p>
<p>Et puisque nous sommes dans la recherche des faits, quelques clics suffisent pour s&rsquo;apercevoir que la dame n&rsquo;est autre que la s&oelig;ur de Michel Cicurel, cr&eacute;ateur de la holding d'investissement La Maison,&nbsp;o&ugrave; on retrouve Xavier Niel, homme d&rsquo;affaires co-propri&eacute;taire du <em>Monde</em> et membre du Conseil national du num&eacute;rique. Ces liens d&rsquo;int&eacute;r&ecirc;t existent et m&eacute;ritent d&rsquo;&ecirc;tre annonc&eacute;s.</p>
<h3><strong>Bienvenue dans la quatri&egrave;me dimension</strong></h3>
<p>En Suisse aussi, on assiste &agrave; des retournements de veste proches de la schizophr&eacute;nie. Lorsque St&eacute;phane Babey, r&eacute;dacteur en chef de <em>Vigousse</em>, journal satirique romand, chantre de la libert&eacute; d&rsquo;expression, qui fait usage de son droit &agrave; &eacute;crire ce qu&rsquo;il veut en toute d&eacute;contraction depuis dix ans, d&eacute;clare publiquement sur Facebook: &laquo;Ce documentaire est un ramassis de d&eacute;bilit&eacute;s ass&eacute;n&eacute;es par des charlatans qui cherchent &agrave; vendre leur soupe. Ce genre de mensonges sont censur&eacute;s car ils sont dangereux, tout simplement. Il ne s&rsquo;agit pas de libert&eacute; d&rsquo;expression, mais d&rsquo;escroquerie et de mise en danger de la vie d&rsquo;autrui.&raquo;</p>
<p>Apparemment, la libert&eacute; d&rsquo;expression est &agrave; deux vitesses chez <em>Vigousse</em>, qui semble lui-aussi avoir bascul&eacute; dans le dogmatisme, en faisant de la chasse au <em>bullshit</em> sont nouveau cheval de bataille et en bafouant all&eacute;grement les principes d&eacute;mocratiques dont il jouit depuis sa cr&eacute;ation.</p>
<p>Pierre Barn&eacute;rias a-t-il voulu provoquer en faisant la d&eacute;monstration (pour le coup r&eacute;ussie) de la partialit&eacute; du d&eacute;bat? Il s&rsquo;en d&eacute;fend: &laquo;Je dois &ecirc;tre na&iuml;f, mais je ne m&rsquo;attendais pas &agrave; une telle censure. A partir du moment o&ugrave; vous avez des informations sourc&eacute;es, destin&eacute;es &agrave; ouvrir le d&eacute;bat, je m&rsquo;&eacute;tonne qu&rsquo;on le referme encore plus&raquo;.</p>
<p>La pens&eacute;e dominante ne souffre d&rsquo;aucune remise en question depuis le d&eacute;but de cette crise. Au nom du sacro-saint principe de pr&eacute;caution qui transforme tout sceptique en meurtrier, et tout d&eacute;bat (<em>Infrarouge</em> en fait la triste d&eacute;monstration lorsque l&rsquo;&eacute;mission aborde le sujet du Covid) en discussion unilat&eacute;rale entre intervenants du m&ecirc;me avis.&nbsp;</p>
<p><em>Hold-Up</em> est-il complotiste? Pour autant que ce terme ait encore un sens, certainement. Encore faudrait-il savoir ce que l&rsquo;on englobe dans cette appellation. Mais le complotisme n&rsquo;est pas puni par la loi. Seul le complot au sein de l'arm&eacute;e est pr&eacute;vu par le code p&eacute;nal (art. 276 CP). Le complotisme en soi ne constitue pas une infraction. En revanche, la fa&ccedil;on dont il est relay&eacute; et/ou son contenu peuvent constituer des infractions: diffamation, calomnie, discrimination et incitation &agrave; la haine, par exemple. Les tribunaux ne sauraient cependant &ecirc;tre substitu&eacute;s par ceux du Web.</p>
<p>Est-ce une raison pour admettre la censure? Pas si on d&eacute;fend des valeurs d&eacute;mocratiques telles que la libert&eacute; d&rsquo;expression. Et celle-ci ne peut pas &ecirc;tre &agrave; g&eacute;om&eacute;trie variable. Au lieu d&rsquo;essayer de l&rsquo;&eacute;touffer, il serait bon de s&rsquo;interroger sur les causes de cette d&eacute;sormais fameuse &laquo;mouvance complotiste&raquo;: si les gouvernements fran&ccedil;ais et suisses, pour ne citer qu&rsquo;eux, &eacute;taient ouverts au d&eacute;bat et incluaient la population dans leurs prises de d&eacute;cisions liberticides autour de cette pand&eacute;mie, peut-&ecirc;tre ces mouvements ne rencontreraient-ils pas le m&ecirc;me succ&egrave;s.</p>',
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		'content' => '<p><strong>Am&egrave;le Debey, pour<em> L'Impertinent</em>: Sur le papier, l'initiative <em>Pour des multinationales responsables </em>semble l'&eacute;vidence m&ecirc;me. Comment expliquer alors son rejet massif par le parti radical (PLR)?</strong></p>
<p>Dick Marty: Il faudrait poser la question &agrave; la direction du parti. Mais ce n&rsquo;est pas le cas de tous les radicaux. Dans le comit&eacute; bourgeois, il y a un ancien pr&eacute;sident du parti radical, un ancien pr&eacute;sident du conseil des &Eacute;tats radical ainsi que beaucoup d&rsquo;autres personnalit&eacute;s radicales, mais aussi du PDC et de l&rsquo;UDC. Je pense tout simplement que la majorit&eacute; du PLR s&rsquo;est fait le porte-voix de certains grands centres d&rsquo;int&eacute;r&ecirc;t qui voient d&rsquo;un mauvais &oelig;il que l&rsquo;on s&rsquo;int&eacute;resse &agrave; ces colosses &eacute;conomiques. Le probl&egrave;me est l&agrave;. En r&eacute;alit&eacute;, je ne crois pas que les multinationales aient peur de cette initiative, parce qu&rsquo;elles savent tr&egrave;s bien qu&rsquo;elles peuvent, d&rsquo;une part, avoir confiance en la justice suisse, et que lancer une proc&eacute;dure en responsabilit&eacute; civile n&rsquo;est pas facile. C&rsquo;est co&ucirc;teux et il appartient au l&eacute;s&eacute; d&rsquo;apporter toutes les preuves.</p>
<hr />
<p style="text-align: center;"><em><a href="https://www.limpertinentmedia.com/overseas" target="_blank" rel="noopener"><strong>Le reportage de L'Impertinent sur les d&eacute;g&acirc;ts des industries au Cameroun</strong></a></em></p>
<hr />
<p>Je crois qu&rsquo;on a peur de la signification symbolique qu&rsquo;aurait le vote suisse, parce que ce serait la premi&egrave;re fois qu&rsquo;un peuple se prononce sur le r&ocirc;le des multinationales dans un contexte de mondialisation. Le d&eacute;veloppement, au cours de ces derni&egrave;res ann&eacute;es, a &eacute;t&eacute; assez &eacute;poustouflant: l&rsquo;&eacute;conomie s&rsquo;est tr&egrave;s rapidement mondialis&eacute;e et les grandes industries, jadis propri&eacute;t&eacute;s de famille, sont devenues des conglom&eacute;rats internationaux, dans lesquels les Suisses sont d&eacute;sormais actionnaires minoritaires, o&ugrave; les managers n&rsquo;ont plus vraiment de rapport avec le pays et ne parlent souvent m&ecirc;me pas leur langue. Ce sont des soci&eacute;t&eacute;s multinationales qui agissent au-del&agrave; et sans &eacute;gards des fronti&egrave;res.</p>
<p>D&rsquo;autre part, le droit et les institutions sont rest&eacute;s confin&eacute;s &agrave; l&rsquo;int&eacute;rieur des &Eacute;tats nationaux. Ce d&eacute;veloppement tout &agrave; fait asym&eacute;trique a cr&eacute;&eacute; des zones de libert&eacute;s, voire de non-droit, qui profitent &eacute;videmment aux grands acteurs de l&rsquo;&eacute;conomie mondialis&eacute;e. Des grands <em>players</em> internationaux d&eacute;cident ainsi si, et o&ugrave;, payer les imp&ocirc;ts; on l&rsquo;a vu, par exemple, avec Amazon, qui, pour son activit&eacute; en Europe, paie ses imp&ocirc;ts au Luxembourg &agrave; la suite d&rsquo;un accord secret qui lui permet de d&eacute;bourser dix fois moins d&rsquo;imp&ocirc;ts que l&rsquo;industrie luxembourgeoise. Apple a fait la m&ecirc;me chose en Irlande.</p>
<blockquote><em>&laquo;</em><em>Les multinationales n&rsquo;ont pas int&eacute;r&ecirc;t &agrave; ce qu&rsquo;il y ait plus de transparence</em><em>&raquo;</em></blockquote>
<p>Notre initiative concerne les soci&eacute;t&eacute;s multinationales avec si&egrave;ge en Suisse, surtout celles actives dans les domaines des mati&egrave;res premi&egrave;res et de l&rsquo;industrie d&rsquo;extraction. Or, elles se trouvent toutes, &agrave; quelques exceptions pr&egrave;s, &agrave; op&eacute;rer dans des pays tr&egrave;s fragiles, o&ugrave; r&egrave;gnent la mis&egrave;re et la violence, et la corruption, malgr&eacute; (ou &agrave; cause?) les extraordinaires richesses de leur sous-sol. Des pays o&ugrave; l&rsquo;&Eacute;tat n&rsquo;est pas &agrave; m&ecirc;me de prot&eacute;ger ses propres citoyens.</p>
<p>D&rsquo;aucuns voient d&rsquo;un mauvais &oelig;il qu&rsquo;une soci&eacute;t&eacute; civile commence &agrave; s&rsquo;int&eacute;resser aux probl&egrave;mes que soul&egrave;vent ces privil&egrave;ges indus dont b&eacute;n&eacute;ficient les multinationales &agrave; la suite d&rsquo;une mondialisation sauvage. Au-del&agrave; des violations des droits de l&rsquo;homme et de la protection de l&rsquo;environnement et de leur devoir de rendre compte, se pose &eacute;galement, par exemple, la question de la justice fiscale et de l&rsquo;&eacute;quitable imposition dans les diff&eacute;rents pays o&ugrave; elles exercent leur activit&eacute;. Tout cela les agace, car manifestement elles n&rsquo;ont pas int&eacute;r&ecirc;t &agrave; ce qu&rsquo;il y ait plus de transparence.</p>
<p><strong>La gauche et les Verts en font-ils assez pour soutenir l'initiative?</strong></p>
<p>C&rsquo;est une initiative qui ne s&rsquo;identifie pas avec des partis, mais qui est n&eacute;e sur la base d&rsquo;une p&eacute;tition lanc&eacute;e par des ONG qui connaissent le probl&egrave;me parce qu&rsquo;elles sont actives dans ces pays. Il ne s&rsquo;agit pas d&rsquo;une confrontation gauche-droite. Je crois cependant que les &eacute;cologistes sont en faveur de l&rsquo;initiative. Les sondages annoncent leur soutien &agrave; 96%. Consultez la liste du Comit&eacute; bourgeois de soutien &agrave; l&rsquo;initiative, vous verrez que le soutien vient vraiment de tous les horizons.</p>
<p><strong>Si j'ai bien compris, les PME ne sont pas concern&eacute;es par cette initiative, &agrave; part celles qui sont actives dans des secteurs &agrave; risque, tels que l&rsquo;or?</strong></p>
<p>Les PME ne sont pas concern&eacute;es tout simplement parce qu&rsquo;il n&rsquo;y a aucun exemple d&rsquo;une PME qui, dans ces 20 ou 30 derni&egrave;res ann&eacute;es, a &eacute;t&eacute; m&ecirc;l&eacute;e &agrave; des scandales de violation des droits de l&rsquo;homme ou &agrave; des d&eacute;g&acirc;ts environnementaux &agrave; l&rsquo;&eacute;tranger. Je ne connais gu&egrave;re de PME qui exercent une activit&eacute; dans ces pays fragiles directement ou par le biais d&rsquo;une soci&eacute;t&eacute; locale qu&rsquo;elles contr&ocirc;lent, une filiale ou une soci&eacute;t&eacute; locale (contr&ocirc;ler signifie qu&rsquo;elles exercent un pouvoir d&eacute;cisionnel). Quelques-unes sont actives dans l&rsquo;or et ont certaines responsabilit&eacute;s quant &agrave; la provenance de cet or. Il y a &eacute;galement les diamants ainsi que la production et le commerce de bois pr&eacute;cieux, mais je crois que &ccedil;a ne concerne que deux soci&eacute;t&eacute;s. Non, contrairement &agrave; ce qui est affirm&eacute;, cette initiative ne concerne pas les PME (en ce sens s&rsquo;est d&rsquo;ailleurs prononc&eacute; &eacute;galement l&rsquo;ancien directeur de l&rsquo;USAM qui a vivement d&eacute;nonc&eacute; les pressions d&rsquo;Economiesuisse).</p>
<p>Les PME ont m&ecirc;me un int&eacute;r&ecirc;t &agrave; ce que l&rsquo;initiative soit accept&eacute;e, parce que ces grands groupes industriels produisent dans des pays tr&egrave;s lointains, comme le Bangladesh, o&ugrave; les conditions de travail sont souvent mis&eacute;rables, et elles inondent notre march&eacute; avec ces produits, qui mettent en danger nos industries, notamment les PME. D&rsquo;ailleurs, on a vu que l&rsquo;industrie du tissu et de l&rsquo;habillement a pratiquement disparu.</p>
<p><strong>Ce texte vise-t-il toutes les transactions internationales? Les importateurs de bananes, par exemple, devront-ils prouver les bonnes conditions de leur production?</strong></p>
<p>Non. On demande &agrave; toutes les entreprises de faire un inventaire des risques li&eacute;s &agrave; leurs activit&eacute;s et de prendre les mesures n&eacute;cessaires &agrave; ce qu&rsquo;il n&rsquo;y ait pas de violation des droits de l&rsquo;homme, ni de d&eacute;g&acirc;t environnementaux. C&rsquo;est ce qu&rsquo;on demande, par ailleurs, en Suisse &agrave; toute entreprise. M&ecirc;me un avocat est tenu d&rsquo;&eacute;valuer les risques li&eacute;s &agrave; son activit&eacute; et &agrave; prendre des mesures. Il n&rsquo;y a sanction qu&rsquo;en cas de dommage suite &agrave; une violation des droits de l&rsquo;homme, et/ou &agrave; une violation des normes internationalement reconnues en mati&egrave;re d&rsquo;environnement. Et donc, cela implique que l&rsquo;entreprise doit &ecirc;tre sur place ou qu&rsquo;elle agit par le biais d&rsquo;une filiale ou d&rsquo;une soci&eacute;t&eacute; qu&rsquo;elle contr&ocirc;le. Seulement en ce cas, elles sont susceptibles d&rsquo;&ecirc;tre l&rsquo;objet d&rsquo;une action en responsabilit&eacute; civile devant un tribunal suisse.</p>
<p><strong>Dans le cas o&ugrave; les m&eacute;faits seraient la responsabilit&eacute; des entreprises locales prestataires, ne fait-on pas que de diff&eacute;rer le probl&egrave;me, comme un moyen de se d&eacute;responsabiliser sur le long terme?</strong></p>
<p>Si on reprend les scandales de ces derni&egrave;res ann&eacute;es, on voit des entreprises avec des si&egrave;ges en Suisse qui ont empoisonn&eacute; des rivi&egrave;res, qui ont port&eacute; atteinte &agrave; la sant&eacute; des populations parce qu&rsquo;elles exploitent des cimenteries sans mettre des filtres, donc ces gens vivent avec une poussi&egrave;re perp&eacute;tuelle, qui impacte leur eau, leur nourriture et leurs v&ecirc;tements&hellip; alors qu&rsquo;on peut exploiter des cimenteries sans cr&eacute;er de poussi&egrave;re, comme c&rsquo;est le cas en Suisse. Est-ce qu&rsquo;une vie africaine aurait moins de valeur qu&rsquo;une vie en Suisse?</p>
<p>Avec cette loi, les habitants qui ont essay&eacute; vainement aupr&egrave;s de la justice de leur pays, qui ne marche pas ou qui est corrompue, pourront demain demander &agrave; un tribunal civil suisse un d&eacute;dommagement pour les dommages subis.</p>
<p>Le fait m&ecirc;me qu&rsquo;une entreprise suisse sache qu&rsquo;elle peut &ecirc;tre appel&eacute;e &agrave; d&eacute;dommager les victimes de ses n&eacute;gligences la rendra beaucoup plus prudente. Elle prendra des mesures pour &eacute;viter ces risques. Alors qu&rsquo;elle n&rsquo;avait, jusqu&rsquo;&agrave; pr&eacute;sent, jamais &eacute;t&eacute; appel&eacute;e &agrave; r&eacute;pondre.</p>
<blockquote><em>&laquo;</em><em>L'initiative suisse est loin d'&ecirc;tre unique</em><em>&raquo;</em></blockquote>
<p>D&rsquo;ailleurs, on dit que l&rsquo;initiative suisse est unique, ce qui n&rsquo;est pas du tout vrai. Il y a un proc&egrave;s en Grande-Bretagne pour une rivi&egrave;re empoisonn&eacute;e en Zambie. Un juge londonien a accept&eacute; la plainte d&eacute;j&agrave; en 2015. La Cour supr&ecirc;me de Grande-Bretagne a confirm&eacute; ce jugement en affirmant que, compte tenu du fait que ces villageois ne peuvent pas obtenir justice dans leur pays, il est tout &agrave; fait justifi&eacute; qu&rsquo;ils puissent demander le d&eacute;dommagement au tribunal de Londres, si&egrave;ge de la soci&eacute;t&eacute; qui est accus&eacute;e d&rsquo;avoir cr&eacute;&eacute; ce dommage.</p>
<p>Des proc&eacute;dures analogues sont en cours au Canada (pour des faits qui ont eu lieu en &Eacute;rythr&eacute;e), en France, sur la base d&rsquo;une loi de 2017 (deux proc&eacute;dures sont actuellement ouvertes contre Total pour des dommages caus&eacute;s en Ouganda) et aussi aux Pays-Bas pour avoir exploit&eacute; le travail d&rsquo;enfants. C&rsquo;est exactement ce que demande notre initiative. L&rsquo;Union europ&eacute;enne et l&rsquo;Allemagne sont &eacute;galement en train de mettre au point des directives et des lois allant dans ce m&ecirc;me sens.</p>
<p><strong>La droite est-elle &laquo;achet&eacute;e&raquo; par les multinationales?</strong></p>
<p>Achet&eacute;e, &ccedil;a me para&icirc;t fort. Mais, dans l&rsquo;int&eacute;r&ecirc;t d&rsquo;une v&eacute;ritable d&eacute;mocratie, je crois qu&rsquo;il serait essentiel de cr&eacute;er plus de transparence sur le financement des partis politiques et les grandes organisations &eacute;conomiques. Et peut-&ecirc;tre qu&rsquo;ainsi, on comprendrait mieux certaines choses&hellip;</p>
<p>La capacit&eacute; financi&egrave;re de ces multinationales et leur force de conditionner les opinions publiques, notamment des milieux qui comptent, sont consid&eacute;rables. M&ecirc;me en Suisse, elles sont puissantes et &agrave; m&ecirc;me d&rsquo;influencer la politique. Le Parlement a tent&eacute; plusieurs fois d&rsquo;interdire la publicit&eacute; sur le tabac. Et il aurait de bonnes raisons de le faire, vu que d&rsquo;apr&egrave;s l&rsquo;OFSP, il y a 9500 morts chaque ann&eacute;e dues au tabagisme. Cela fait 26 personnes par jour. Personne ne demande l&rsquo;interdiction de la fum&eacute;e, parce qu&rsquo;on sait que le prohibitionnisme n&rsquo;apporte rien, mais au moins que l&rsquo;on interdise la publicit&eacute;. On n&rsquo;a jamais r&eacute;ussi, pourquoi? Parce que Philip Morris a son si&egrave;ge en Suisse et a toujours fait un lobbying aupr&egrave;s des administrations f&eacute;d&eacute;rales et du Parlement et a toujours r&eacute;ussi &agrave; emp&ecirc;cher que celui-ci adopte une disposition en ce sens.</p>
<p><strong>C&rsquo;est pareil pour l&rsquo;alcool d&rsquo;ailleurs&hellip;</strong></p>
<p>On peut porter &ccedil;a aussi sur l&rsquo;alcool, mais le vin consomm&eacute; d&rsquo;une fa&ccedil;on raisonnable ne cr&eacute;e pas de dommages, alors que la fum&eacute;e est dommageable par d&eacute;finition.</p>
<p><strong>Ne pensez-vous pas que l'initiative, si elle est approuv&eacute;e, risque d'avoir des cons&eacute;quences n&eacute;fastes? Comme le d&eacute;part des entreprises de pays dans lesquels elles cr&eacute;ent de l'emploi?</strong></p>
<p>Non, ces entreprises ne quitteront jamais les pays o&ugrave; elles sont, car ces pays abritent la mati&egrave;re qui continue &agrave; les enrichir. Glencore a un chiffre d&rsquo;affaires de 220 milliards. On ne peut pas abandonner le Congo, o&ugrave; se trouve pratiquement la majorit&eacute; de la production de coltan, indispensable pour le fonctionnement des t&eacute;l&eacute;phones et de tous les gadgets &eacute;lectroniques. Pour aller o&ugrave;? La faiblesse du gouvernement local, l&rsquo;absence d&rsquo;une soci&eacute;t&eacute; civile forte ne d&eacute;range nullement ses activit&eacute;s. Bien au contraire.</p>
<p><strong>Certains reprochent &agrave; l'initiative d'&ecirc;tre d&eacute;connect&eacute;e de la r&eacute;alit&eacute; et de faire risquer des embargos &eacute;conomiques. Ne serait-elle pas un genre de &laquo;melting pot&raquo; qui nie les r&eacute;alit&eacute;s respectives de chaque pays et qui manque de nuance?</strong></p>
<p>On n&rsquo;intervient dans aucun pays. On n&rsquo;impose rien du tout! On donne simplement &agrave; des citoyens la possibilit&eacute; de demander un d&eacute;dommagement devant un tribunal suisse avec la rigueur qui les caract&eacute;rise. C&rsquo;est une cause de droit priv&eacute; entre deux priv&eacute;s: celui qui a subi le dommage et la personne morale de l&rsquo;entreprise. Il n&rsquo;y a aucune intervention dans les pays tiers. En France, il y a une loi similaire depuis d&eacute;but 2017, avec deux proc&egrave;s contre Total, aucune entreprise fran&ccedil;aise n&rsquo;a quitt&eacute; le territoire fran&ccedil;ais. Ce qui est curieux, c&rsquo;est que cette loi n&rsquo;a d&rsquo;ailleurs pas suscit&eacute; le d&eacute;bat qu&rsquo;elle suscite en Suisse.</p>
<p><strong>Comment &ccedil;a se fait d&rsquo;ailleurs?</strong></p>
<p>On a naturellement une tr&egrave;s haute concentration de multinationales. En France, les lois sont adopt&eacute;es par le Parlement et ici, en dernier ressort, par le peuple. Et le fait qu&rsquo;un peuple se prononce sur ce sujet aurait une valeur symbolique et un signal qui irait bien au-del&agrave; de nos fronti&egrave;res.</p>
<p>Je rappelle quand m&ecirc;me que les adversaires &eacute;vitent toujours de parler des droits de l&rsquo;homme, ils ne le font jamais! Alors que l&rsquo;initiative concerne uniquement les droits de l&rsquo;homme et les r&egrave;gles internationalement reconnues de protection de l&rsquo;environnement, qui sont bien moins rigoureuses que les normes suisses. Aucun autre dommage ne peut faire l&rsquo;objet d&rsquo;une action en responsabilit&eacute; civile.</p>
<p><strong>La verte lib&eacute;rale, Isabelle Chevalley, par exemple, taxe cette initiative de </strong>&laquo;<strong>n&eacute;o-colonialiste</strong>&raquo;<strong>. Qu'avez-vous &agrave; lui r&eacute;pondre?</strong></p>
<p>Je ne connais pas madame Chevalley. Vu que nous sommes dans l&rsquo;impertinence, toutefois toujours dans la v&eacute;rit&eacute;, n&rsquo;est-ce pas cette dame qui se dit verte et qui a fait alliance avec l&rsquo;UDC? Rien &agrave; redire, mais c&rsquo;est quand m&ecirc;me bizarre. Nous taxer de n&eacute;o-colonialistes c&rsquo;est simplement ridicule, c&rsquo;est m&ecirc;me grotesque. Ceux qui ont remplac&eacute; les colons apr&egrave;s les ind&eacute;pendances des ann&eacute;es 60, ce sont les grosses industries, du moins certaines d&rsquo;entre elles. D&rsquo;autres, certainement la majorit&eacute;, ont un comportement parfaitement correct. R&eacute;cemment, <a href="https://www.youtube.com/watch?v=w2PZQ-XprQU" target="_blank" rel="noopener"><u>&Eacute;lise Lucet, dans un de ses reportages sur le Congo</u></a>, montrait parfaitement qui se comporte comme des colons l&agrave;-bas. On a vu clairement que c&rsquo;est Glencore qui dictait ses actions aux autorit&eacute;s locales. Nous traiter de n&eacute;o-colonialistes alors qu&rsquo;on veut pr&eacute;server les droits de l&rsquo;homme, je trouve &ccedil;a vraiment fort. &Agrave; la limite du honteux. On peut &ecirc;tre contre, mais l&agrave;&hellip;</p>
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<h4><strong> Extrait de la fronde d'Isabelle Chevalley &copy; <em>Le Temps</em></strong></h4>
<p>&nbsp;</p>
<p><strong>Un de ses arguments est que l&rsquo;initiative ne reconna&icirc;t pas les juridictions locales.</strong></p>
<p>Ce n&rsquo;est pas vrai du tout. Si la juridiction locale s&rsquo;est prononc&eacute;e, la Suisse ne se prononcera pas. Il y a des r&egrave;gles internationales en droit priv&eacute;. Il y a des reconnaissances de jugement, convention de Lugano etc. Quand les gens ne peuvent pas obtenir justice sur place, comme l&rsquo;a dit la Cour supr&ecirc;me britannique, l&rsquo;initiative prouve son utilit&eacute;. Il y a m&ecirc;me une entreprise canadienne accus&eacute;e d&rsquo;esclavagisme en &Eacute;rythr&eacute;e qui doit r&eacute;pondre devant une juridiction canadienne.</p>
<p><strong>Dans </strong><a href="https://l.facebook.com/l.php?u=https%3A%2F%2Fwww.watson.ch%2F!526896897%3Futm_source%3Dfacebook%26utm_medium%3Dsocial-user%26utm_campaign%3Dwatson-site-web%26fbclid%3DIwAR34mKyQrZSVRc02jh5sdFma8y4DNlCR5N3ZJjtiB7apV8ojKmjApUjZ0vI&amp;h=AT3O0DXy-IWZliM-eikapNQwuy2Gh1NcKf0ac3hBwI7raSbnoE7ZmondXoMsFPEoHVxTwhutGFMb0fd8IzPEPInYtHSi9PWRidBWYZJSRiEwKVhRqox7O7ja3iTw8_UHoQ&amp;__tn__=%2CmH-R&amp;c[0]=AT0pESUUuajeLct0Xm_S9IjcXfOMRBlNTbU_V0ETuDd4z-Ep9nUIpdcFr75GC_Rc0HoCWVcbDrfwpvb_jXMdcffZVPSVW7J7hx9hsYyoYsRdbmeBZNqZfkkDh9T0XIKHfmsvNozLSO6xx_J75rTg06n_YTk" target="_blank" rel="noopener"><strong><u>un article publi&eacute; sur Watson</u></strong></a><strong>, l'auteur originaire du sud-Soudan affirme notamment que &laquo;les causes de l'&eacute;chec de la coop&eacute;ration au d&eacute;veloppement ne sont pas abord&eacute;es par l'initiative&raquo;. Ce qui, selon lui, donne l'impression que &laquo;la discussion polaris&eacute;e porte moins sur la moralit&eacute; que sur l'argent et l'int&eacute;r&ecirc;t personnel&raquo;. Qu'en pensez-vous?</strong></p>
<p>L&rsquo;initiative ne veut pas r&eacute;soudre le probl&egrave;me de l&rsquo;aide au d&eacute;veloppement. Elle veut r&eacute;soudre un probl&egrave;me qui se pose chez nous en Suisse aussi: le fait que des entreprises suisses agissent dans le monde et ne r&eacute;pondent pas de leurs actes. Nous avons un principe fondamental de civilisation qui stipule que chacun doit r&eacute;pondre de ses actes. Et il nous para&icirc;t absolument aberrant qu&rsquo;il y ait des entreprises suisses qui ne le fassent pas. Il ne s&rsquo;agit pas primairement d&rsquo;un probl&egrave;me d&rsquo;aide au d&eacute;veloppement, c&rsquo;est un probl&egrave;me de droit de l&rsquo;homme, de dignit&eacute;. En reconnaissant des droits, notamment le droit d&rsquo;&ecirc;tre indemnis&eacute;s pour des torts subis, bien s&ucirc;r, on aide ces populations, car la dignit&eacute; et la conscience de ses propres droits sont la pr&eacute;misse de tout d&eacute;veloppement.</p>
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<h4><strong>Regardez l'&eacute;pisode de<em> Cash investigation </em>sur le Congo, entre autres. &copy; France 2</strong></h4>
<p>&nbsp;</p>
<p><strong>Il dit &eacute;galement que &laquo;la coop&eacute;ration entre le secteur priv&eacute; et la soci&eacute;t&eacute; civile internationale semble d&eacute;sint&eacute;resser les partisans de l'initiative&raquo;</strong></p>
<p>C&rsquo;est faux, parce qu&rsquo;on a toujours dit que la plupart des soci&eacute;t&eacute;s multinationales se comportent bien. Le partenariat public/priv&eacute; dans l&rsquo;aide au d&eacute;veloppement peut, selon les lieux et les circonstances, se passer dans de bonnes conditions.</p>
<p>En Suisse, le Code p&eacute;nal ne concerne que 1 ou 2% de la population. Avec ou sans code p&eacute;nal, la majorit&eacute; des personnes ne violeraient pas, ne tueraient pas, ne commettraient pas d&rsquo;actes criminels. Mais on a besoin d&rsquo;un code p&eacute;nal pour ces 1 ou 2% qui agissent contre le vivre ensemble. Il faut prot&eacute;ger la majorit&eacute; pour que cette minorit&eacute; se comporte mieux. C&rsquo;est exactement pareil: la majorit&eacute; des multinationales ont parfaitement compris qu&rsquo;il est dans leur int&eacute;r&ecirc;t d&rsquo;&ecirc;tre correctes et de respecter les droits de l&rsquo;homme, mais il y a une petite minorit&eacute; qui ne le fait pas. Et c&rsquo;est cette petite minorit&eacute; que vise l&rsquo;initiative.</p>
<p>Les scandales dans le monde, ces vingt derni&egrave;res ann&eacute;es, concernent toujours <a href="https://initiative-multinationales.ch/contexte/" target="_blank" rel="noopener"><u>la m&ecirc;me poign&eacute;e d&rsquo;entreprises.</u></a></p>
<p><strong>Cette initiative ne risque-t-elle pas d'augmenter le sentiment de mise sous tutelle de l'Afrique? Ne pensez-vous pas que les Africains en ont marre de la position paternaliste du reste du monde &agrave; son &eacute;gard?</strong></p>
<p>Non, je crois que les Africains ont soif de justice. Si vous allez interviewer des gens pr&egrave;s du pouvoir, &eacute;videmment ils vous diront &ccedil;a, parce que ce sont les privil&eacute;gi&eacute;s. Lorsque j&rsquo;ai rencontr&eacute; une femme ministre au Congo, j&rsquo;&eacute;tais estomaqu&eacute; par ses habits Chanel et ses bijoux, alors qu&rsquo;&agrave; c&ocirc;t&eacute;, dans la brousse, les personnes vivaient dans la mis&egrave;re.</p>
<p>Ces pays demandent seulement d&rsquo;&ecirc;tre trait&eacute;s avec dignit&eacute; et justice. Rien &agrave; voir avec une mise sous tutelle, il s&rsquo;agit d&rsquo;un droit dont leurs citoyens peuvent &ndash; ou non &ndash; faire usage. Ils ne sont pas oblig&eacute;s de le faire. Notre initiative n&rsquo;influence pas la vie sur place, elle donne des droits qu&rsquo;ils peuvent exercer en Suisse.</p>
<p><strong>Lors de </strong><a href="https://bonpourlatete.com/serie/niger-reportage-aux-portes-du-sahara" target="_blank" rel="noopener"><strong><u>mon reportage au Niger</u></strong></a><strong>, j'ai pu constater que les actions de la DDC &eacute;taient en d&eacute;calage avec la r&eacute;alit&eacute; des locaux. Ces organisations ne servent-elles pas d'avantage &agrave; se donner bonne conscience? </strong></p>
<p>C&rsquo;est un vaste d&eacute;bat. Je connais aussi le Niger, dans des zones recul&eacute;es. Quand ils ont su que j&rsquo;&eacute;tais d&eacute;put&eacute;, tous les villageois sont venus me voir, car ils n&rsquo;avaient jamais vu celui de leur r&eacute;gion. On a constat&eacute; que les d&eacute;put&eacute;s l&agrave;-bas avaient le salaire qui correspondait &agrave; celui des d&eacute;put&eacute;s suisses, avec un pouvoir d&rsquo;achat infiniment plus grand. En plus, chaque d&eacute;put&eacute; recevait un nouveau 4x4.</p>
<p>Le Niger produit de l&rsquo;uranium, mais sa population n&rsquo;en tire pratiquement aucun b&eacute;n&eacute;fice. C&rsquo;est probablement un des pays les plus pauvres que j&rsquo;aie vu. Quand vous voyez des enfants de trois ans qui manquent de vitamine, de sels min&eacute;raux, le regard absent, le ventre gonfl&eacute;. On se demande o&ugrave; va la richesse.</p>
<blockquote><em>&laquo;Il est impensable de laisser mourir des gens pour prot&eacute;ger un brevet&raquo;</em></blockquote>
<p>Je crois que ces pays ont surtout besoin de justice. Le commerce international devrait &ecirc;tre juste, et les richesses appartenir &agrave; la population, qui doit avoir acc&egrave;s aux m&eacute;dicaments. Ceux qui sauvent des vies aujourd&rsquo;hui sont &agrave; un prix prohibitif. La Suisse a fait pression sur l&rsquo;Inde et sur la Colombie, qui produisaient des m&eacute;dicaments g&eacute;n&eacute;riques pour gu&eacute;rir d&rsquo;un certain cancer, pour interdire cette production pour leur population. C&rsquo;est l&agrave; qu&rsquo;il faudrait de l&rsquo;aide au d&eacute;veloppement. C&rsquo;est impensable de laisser mourir des gens pour prot&eacute;ger un brevet. C&rsquo;est inconcevable que des m&eacute;dicaments qui sauvent des vies soient r&eacute;serv&eacute;s &agrave; une petite minorit&eacute;.</p>
<p>Aujourd&rsquo;hui, je suis pr&eacute;sident d&rsquo;une fondation pour la recherche sur le cancer, il y a des m&eacute;dicaments qui co&ucirc;tent des centaines de milliers de francs par ann&eacute;e.</p>
<p><strong>Ne serait-il pas utile d'envisager &eacute;galement une initiative pour des ONG responsables?</strong></p>
<p>Les ONG sont des organisations priv&eacute;es, il y en a des bonnes, des moins bonnes et des tout &agrave; fait mauvaises. Ce sont les donateurs qui devraient s&rsquo;y int&eacute;resser un peu plus. Il y a des labels de qualit&eacute;. Le Zewo, qui garantit une gestion correcte des moyens. Et puis il y a la DDC, qui soutient les ONG apr&egrave;s avoir fait des examens et des v&eacute;rifications de qualit&eacute;.</p>
<p><strong>On re&ccedil;oit partout des le&ccedil;ons de morales sur tous les sujets. &Ecirc;tes-vous un moraliste? Sommes-nous collectivement na&iuml;fs?</strong></p>
<p>Si le choix se situe entre cynique ou moraliste, je pr&eacute;f&egrave;re &ecirc;tre moraliste. Aujourd&rsquo;hui, h&eacute;las, je constate que c&rsquo;est le cynisme qui r&egrave;gne. &laquo;Moraliste&raquo; a aujourd&rsquo;hui une connotation n&eacute;gative, moi, je crois plut&ocirc;t &agrave; la justice. Et je pense que si tout le monde avait l&rsquo;impression d&rsquo;&ecirc;tre trait&eacute; justement, on vivrait tous beaucoup mieux et beaucoup plus en paix. Un monde en paix est prosp&egrave;re et favorable &agrave; l&rsquo;&eacute;conomie.</p>
<p>Martin Luther King disait qu&rsquo;une injustice quelque part dans le monde est une menace pour nous tous. C&rsquo;est tellement vrai. Aujourd&rsquo;hui, avec la crise sanitaire, on se rend compte que ce qui se passe loin dans le monde peut nous concerner tr&egrave;s rapidement.</p>
<p><strong>Vous avez, vous aussi, &eacute;t&eacute; une sorte de lanceur d'alerte dans le cadre de l'affaire des prisons de la CIA, puis vice-pr&eacute;sident de l'Organisation mondiale de la torture, quel regard portez-vous sur le traitement r&eacute;serv&eacute; &agrave; Julian Assange?</strong></p>
<p>C&rsquo;est honteux. Les lanceurs d&rsquo;alerte dans une d&eacute;mocratie sont fondamentaux. Jusqu&rsquo;&agrave; preuve du contraire, Julian Assange a diffus&eacute; des nouvelles inqui&eacute;tantes sur le fonctionnement de la d&eacute;mocratie. Comme ce qu&rsquo;a fait Snowden et avant lui Daniel Ellsberg avec les Pentagon Papers, qui a risqu&eacute; 100 ans de prison et qui a permis une issue plus courte &agrave; la guerre du Vietnam.</p>
<p>Je consid&egrave;re assez honteux le l&acirc;chage par la presse, qui a b&eacute;n&eacute;fici&eacute; de son travail. Elle devrait se mobiliser beaucoup plus, parce que c&rsquo;est quand m&ecirc;me une des libert&eacute;s fondamentales qui est en jeu.</p>
<p><strong>Comment expliquer cette l&acirc;chet&eacute; de la part des m&eacute;dias?</strong></p>
<p>C&rsquo;est vrai qu&rsquo;une campagne de presse internationale serait plus que n&eacute;cessaire.</p>
<p>Vous savez, on n&rsquo;a jamais eu autant de nouvelles que maintenant et je crains qu&rsquo;on n&rsquo;ait jamais eu autant de manque de qualit&eacute; dans les nouvelles diffus&eacute;es. On a de moins en moins de m&eacute;dias ind&eacute;pendants. Les milliardaires s&rsquo;ach&egrave;tent des journaux, comme on s&rsquo;offre une Rolex. Ils disent naturellement que la r&eacute;daction est libre. C&rsquo;est peut-&ecirc;tre vrai, mais la pire des censures c&rsquo;est celle qu&rsquo;on s&rsquo;impose &agrave; soi-m&ecirc;me. Amazon a achet&eacute; le <em>Washington Post</em>. Le <em>Financial Time</em> appartient &agrave; un groupe japonais et <em>Le Monde</em> &agrave; des industriels.</p>
<p>Et puis, ils n&rsquo;ont plus les moyens pour faire un v&eacute;ritable journalisme d&rsquo;enqu&ecirc;te, qui est absolument n&eacute;cessaire dans une d&eacute;mocratie.</p>
<p><strong>Vous avez men&eacute; de nombreuses enqu&ecirc;tes retentissantes. A posteriori, n'auriez-vous pas loup&eacute; une vocation de journaliste? </strong></p>
<p>(<em>&Eacute;clate de rire, ndlr</em>) Je ne m&rsquo;y attendais pas &agrave; celle-l&agrave;!</p>
<p>Peut-&ecirc;tre que j&rsquo;aurais pu &ecirc;tre journaliste d&rsquo;enqu&ecirc;te, oui. Ce n&rsquo;est pas un regret. Il faut que les institutions fassent leur travail. J&rsquo;ai essay&eacute; de faire le mien, mais je ne consid&egrave;re pas avoir fait quelque chose d&rsquo;extraordinaire. Il n&rsquo;y a point de m&eacute;rite &agrave; faire son devoir, le probl&egrave;me est constitu&eacute; plut&ocirc;t par ceux qui ne le font pas. Les premiers ne sont pas des h&eacute;ros, mais les autres sont un poids pour la soci&eacute;t&eacute;. J&rsquo;aimerais que, soit dans la presse, soit dans la politique, soit chez les magistrats, il y ait un peu plus de courage. Et ce courage, c&rsquo;est celui de prendre les d&eacute;cisions au bon moment, sans tourner la t&ecirc;te de l&rsquo;autre c&ocirc;t&eacute;.</p>
<hr />
<h4><a href="https://www.limpertinentmedia.com/post/en-afrique-les-n%C3%A9o-colonisateurs-sont-les-grosses-industries" target="_blank" rel="noopener">Lire l'article sur le site <em>L'Impertinent</em></a></h4>',
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$author = 'Amèle  Debey'
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Depuis le début du Mondial 2018, on constate une présence majoritaire des supporters Latino-Américains dans les tribunes, alors même que des pays comme la Colombie, le Pérou ou le Mexique sont dans une situation économique particulièrement complexe. Cette mobilisation était flagrante lors du match France – Pérou, jeudi 21 juin, puisque les Péruviens ont demandé et obtenu cinq fois plus de places que les Français. Même constat lors du match de la Suisse contre le Costa Rica, le 27 juin, lors duquel les Helvètes n’étaient que 2000 à soutenir la Nati.

C’est bien simple, outre les Russes, qui ont acheté la moitié des billets disponibles, les Allemands sont les seuls Européens à avoir demandé plus de places que les Argentins, les Mexicains et les Brésiliens. Alors, comment expliquer une telle mobilisation citoyenne dans un contexte économique pour le moins chancelant ?

Jusqu'à 30'000 dollars

Tout d’abord, le football a toujours tenu une place importante en Amérique du sud, grâce notamment à un Brésil trônant sur les tournois à plusieurs reprises. Neymar, Messi, Cavani et consorts ont su entretenir une flamme qui n'a jamais faibli dans le cœur des sud-Américains.

De plus, il est important de noter que la classe moyenne de ces pays compte tout de même son lot de foyers aisés qui ont pu s’offrir les forfaits proposés par différentes compagnies à l’occasion du Mondial, malgré des tarifs allant de 8000 à plus de 30'000 dollars.

Quant aux autres, ils sont nombreux à s’en remettre au bon vieux système D. Des voyages low cost direction la Russie, où ils se déplacent en train, jusqu’à l’utilisation d’Airbnb et Uber. Des groupes whatsapp fleurissent et la solidarité et l’entre-aide font foi, notamment pour faciliter la communication dans un pays où la barrière de la langue peut constituer un obstacle non négligeable. Comme les villes hébergeuses des rencontres ont subi une inflation pour l’occasion, beaucoup se sont débrouillés pour loger en dehors du cœur de l’action.

Une persévérance à toute épreuve

Les supporters sud-Américains ont rivalisé d’ingéniosité afin de franchir les 13'935 kilomètres qui les séparent de la Russie pour soutenir leur équipe, à l’image de Ricardo Vargas. Cet ingénieur automobile originaire de Bogota s’est d’abord heurté à l’opposition de sa femme. Il a donc évoqué l’argument culturel afin d’esquiver ce premier contretemps, en utilisant les cartes Tolstoï et Dostoïevski. «Un couple d’amis nous a montré que si nous décidions d’organiser nous-mêmes notre propre itinéraire, nous pouvions nous en sortir pour moins cher», raconte Ricardo Vargas au site Semana.com

Et puis, parmi les supporters Latino-Américains, il y a aussi ceux qui souhaitent uniquement se rendre sur place, même s’ils n’ont pas les moyens de s’offrir le sésame pour les stades, afin de profiter de l’ambiance et de se mêler à d’autres cultures.

Tout à fait subjectivement, il semblerait que les pays d’Amérique latine se sentent un peu laissés pour compte. Dans les médias traditionnels, il n’y en a souvent que pour l’Europe, l’Amérique du nord et l’Asie. Ce besoin de reconnaissance aurait pour conséquences de galvaniser la fierté de leurs habitants lorsque l’occasion se présente de se confronter à armes égales au reste du monde.

Une autre explication serait tout simplement le boycott de la Russie qui est actuellement dans l'air du temps. Les sud-Américains semblent moins enclins à pratiquer la «russophobie», tel que c'est parfois le cas en Europe de l'ouest.

Les Anglais, qui sont habituellement très friands de cette compétition, n'ont envoyé que 26'000 demandes. A l'instar de ces derniers, les Français ne sont même pas parmi les dix premiers pays demandeurs de place. Douteraient-ils de leur Bleus, ou auraient-ils du bleu à l’âme ?

Les pays les plus demandeurs de places

1. Russie 2'503'957

2. Allemagne 338'414

3. Argentine 186'005

4. Mexique 154'611

5. Brésil 140'848

6. Pologne 128'736

7. Espagne 110'649

8. Pérou 100'256

9. Colombie 87'786

10. Etats-Unis 87'052

11. Pays-Bas 71'096