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Actuel / Nasser, dans la nasse suisse

David Glaser

27 octobre 2017

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Nasser Al-Khelaïfi était en Suisse ce mercredi 25 octobre pour être entendu par le Ministère public. Il a passé la journée dans le bureau du procureur général de la Confédération. Il fait partie des trois protagonistes de l'enquête sur un soupçon de corruption privée. Le président du Paris Saint Germain a été entendu tandis que des interrogatoires sont prévus par ailleurs avec l'ancien secrétaire général et bras droit de Sepp Blatter à la FIFA Jérome Valcke ainsi qu'un mystérieux professionnel du marketing sportif de nationalité grecque.



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C’est l’histoire d’un déplacement très médiatique. Nasser Al-Khelaïfi, président du Paris Saint-Germain était en Suisse mercredi 25 octobre. Et pas à Nyon pour un tirage au sort d’une poule de Ligue des Champions, compétition que le club champion de France à six reprises (dont quatre fois entre 2012 et 2016) convoite. Non, Nasser, comme la presse sportive et ses amis du milieu du ballon rond le surnomment est devant la justice suisse à Berne dans le cadre d’une instruction complexe visant à identifier les responsabilités des acteurs d’une possible affaire de corruption. La FIFA est aussi concernée. L’instance mondiale a envoyé plusieurs représentants au Ministère public de la Confédération en ce mercredi ensoleillé (les membres et employés de la FIFA, dont le siège est à Zürich, sont en effet soumis au droit suisse). Dans sa quête de transparence et de mise à distance d’un passé récent pourri par les affaires, la fédération coopère avec la justice et a elle-même lancé une enquête interne.

Dans cette histoire de corruption, trois protagonistes:

1. Nasser Al-Khelaïfi, président du Paris Saint-Germain


2. Jérôme Valcke, président du PSG, ex-secrétaire général de la FIFA


3. Un ressortissant grec professionnel de la gestion des droits média pour les retransmissions de compétitions internationales dont le nom n’a pas été divulgué.


Pourquoi Nasser est-il soupçonné de corruption?

Pour avoir mis à disposition du No2 de la FIFA, le français Jérôme Valcke (aujourd’hui suspendu de toutes fonctions dans le football) une villa à Porto Cervo en Sardaigne. Une villa estimée à environ 7 millions d’euros.


Nasser, l'homme médiatique

Devant l’immeuble en «V» du Ministère public de la Confédération (MPC), c’est évidemment le premier qui intéresse les médias. Le quotidien sportif français L’Equipe titre «Al-Khelaïfi devra convaincre». «Nasser» n’a généralement pas de mal à briller dans cet exercice. Mais là, c’est un homme au regard de petit garçon pris la main dans le pot de confiture qui se postera devant une forêt de caméras sur les coups de 17h45. Chose peu habituelle devant les locaux du MPC, les journalistes viennent en majorité de France, tous les grands médias sont là, RTL, Radio France, Europe 1, BFM TV, Canal+ et les agences. Cocasse, beIN, la chaîne que dirige Nasser Al-Khelaïfi est aussi là. Ces représentants sont des reporters d’origine algérienne travaillant pour la version arabe de la chaîne internationale, installée elle-aussi en France.

La France a retrouvé du lustre sur la scène footballistique internationale depuis les succès à répétition du PSG et surtout depuis la réalisation de grands transferts dont celui de Neymar l’été dernier pour plus de 220 millions d’euros sur cinq ans. La France, nouvel eldorado pour certains joueurs vedettes. Oui à Paris, Monaco ou Marseille, même si le dernier titre dans la compétition européenne reine, la Ligue des Champions remonte en réalité à 1993 avec la victoire de l’Olympique de Marseille, période Bernard Tapie, un passage marqué par des affaires de corruption de joueurs dans l’affaire OM-Valenciennes. La Ligue des Champions s’appelait alors la Coupe des Clubs champions. Autre temps, autres mœurs? Les sommes en jeu étaient en tous les cas moins folles, le poids médiatique divisé par 100.

Costume sombre, cheveux gominés, l’homme de 43 ans a des allures de jeune cadre dynamique looké par Hedi Slimane. Son autorité sur le foot français et européen est incontestée, ses méthodes parfois controversées. Les Catalans l’ont détesté pour leur avoir volé leur héros de l’attaque du Barça, le célèbre MSN comme Messi-Suarez-Neymar. Neymar est Parisien. On le doit à l’argent de Qatar Sport Investment, QSI, l’actionnaire majoritaire du PSG. Un fonds financier alimenté par le prince Tamim ben Hamad Al Thani. Ami de l’ancien président Nicolas Sarkozy, Nasser dirige la chaîne sportive beIN Médias. On devrait plutôt parler de réseau de chaînes sportives nommées au début de leur existence Al-Jazeera Sport. La structure était associée au réseau d’infos TV arabophone et anglophone Al-Jazeera. Cette dernière étant elle-aussi une chaîne composée exclusivement de capitaux du Qatar.

Si Al-Jazeera s’est fait une place de choix en représentant un alternative sérieuse aux CNN, BBC et autres France 24, dernièrement, elle a connu quelques difficultés au Moyen-Orient en raison des relations tendues entre le Qatar et ses voisins. Mais beIN n’a pas les problèmes de sa grande sœur. La chaîne gère de nombreux droits sportifs qu’elle a acquis au prix fort. Beaucoup de ses droits lui permettent de réaliser de bonnes audiences sur ses chaînes grâce aux retransmissions des meilleurs championnats de foot. Sa tactique a presque toujours été d’acheter à un prix très élevé, mettant hors-jeu ses concurrents comme Canal +, Eurosport, Sky et ESPN pour ne citer que ces marques majeures. La presse attend donc des explications du dirigeant qatari sur des faits présumés de corruption dans le cadre d’une large enquête menée conjointement par les justices suisse, française, italienne et grecque.

Un match décisif devant la justice suisse

Nasser Al-Khelaïfi, devant l’entrée principale du Ministère public de la confédération apparaît comme souvent. Souriant, en bienfaiteur du football mondial, il affiche d’ordinaire une sérénité à toute épreuve. Mais à l’intérieur, il redoutait ce moment d’avoir à expliquer sa position. Le message est hautement politique, mais il est aussi stratégique. Il faut donner l’impression aux observateurs que tout est sous contrôle. Il faut rassurer les fans du PSG, de plus en plus nombreux, de plus en plus heureux de voir le PSG animer le marché des transferts d’année en année. Beckham en fin de carrière, Zlatan Ibrahimovic et son record de buts marqués au club avec 156 unités. Neymar et M’Bappé, «emprunté» à Monaco. Qui d’autre? Messi ou Ronaldo l’an prochain?

Le quadragénaire à qui tout a réussi, malgré les nombreux procès en indécence générés par l’arrivée de flux d’argents anormalement élevés dans un championnat autrefois secondaire comme celui de la Ligue 1 française, doit maintenant convaincre la France mais aussi le monde du football dans sa globalité. Il joue en quelques sorte devant la justice suisse un match décisif. En termes de respectabilité, l’homme s’est toujours débrouillé pour ne pas être pris en défaut. On lui reproche d’avoir mis à disposition du numéro 2 de la FIFA, le français Jérôme Valcke (aujourd’hui suspendu de toutes fonctions dans le football) une villa à Porto Cervo en Sardaigne. Une villa estimée à environ 7 millions d’euros. Pour quelles raisons? C’est ce que le MPC cherche à déterminer. Pour sa défense, «Nasser» via ses avocats Francis Szpiner, Marc Bonnant et Grégoire Mangeat, doit prouver qu'il n’a rien à voir avec cette histoire. Que sait-on de Jérôme Valcke au juste? Que l’ancien journaliste de Canal + et bras droit bras droit du Suisse Sepp Blatter au sein de la FIFA a été impliqué dans une histoire de revente de billets pour le Mondial, qu’il est suspendu pour 10 ans de toutes activités dans le football. Que s’est-il passé exactement? A-t-il obtenu des cadeaux indus pour avoir favorisé le choix du groupe beIN Médias les droits de diffusion des Coupes du Monde 2026 et 2030 pour les zones arabophones couvertes par la chaîne, c’est-à-dire le Moyen-Orient et l’Afrique du Nord? Cela reste encore flou. On sait que beIN Médias a acheté les droits en étant généreux dans la proposition sans avoir de concurrents pour surenchérir.

Qatar, pays à la réputation sulfureuse

Le problème, c’est que cette corruption présumée paraît bien légère en comparaison avec les sommes d’argent qui ont été versées pour l’obtention de ses droits. Environ 500 millions d’euros auraient été versés par le Qatar à la FIFA. Nasser, ancien joueur de tennis pro (classé juste au-dessus de la millième place à l’ATP quand il était plus jeune) connaît bien les processus pour aller droit au but en matière d’achats de droits. Il y a des règles qu’on ne peut enfreindre, celle de graisser la patte à un organisateur ou un marketeur de la compétition. Difficile de croire donc que le ministre (sans affectation) du Qatar, placé à ce niveau de pouvoir par son ami et ancien partenaire de courts de tennis le prince héritier Tamim ben Hamad al Thani, s’est fourvoyé directement. Il sait très bien que la réputation de son pays, de son prince et ami ne doit souffrir d’aucun soupçons. Mais voilà, le Qatar est déjà soupçonné d’avoir usé de son pouvoir de conviction auprès de Michel Platini, l’ancien président de l’UEFA et de Nicolas Sarkozy à l’époque de leur candidature à l’organisation de la Coupe du Monde 2022, candidature gagnante. Le pays sous-paye ses travailleurs. Les accidents sur les chantiers des stades se multiplient au point que l’on compte chaque année plusieurs ouvriers morts de fatigue ou d’hyperthermie, les conditions de travail au Qatar étant rendus inhumaines à cause de la chaleur. Alors, que dit le président du PSG et de beIN Médias? Qu’il est venu en Suisse pour s'expliquer. «J’ai demandé de venir en Suisse pour donner mes explications, je n’ai rien à cacher. Je suis disponible pour le procureur de Suisse s’il veut me revoir. Je suis suis venu tranquille et je repars très tranquille.»

Dans l’ombre du président Nasser, Jean-Martial Ribes, le directeur de communication de Qatar Sports Investments et du PSG avait distillé les petites informations sur le contexte de la venue de Nasser Al-Khelaïfi en Suisse, au compte-goutte et dans un langage amical. «On a repéré les lieux hier soir pour savoir où se trouvait l’entrée... pour pouvoir arriver tranquillement.» Sur la question de la transparence de son patron, il répondait en souriant. «Nasser va parler, il fera une courte intervention un peu plus tard.» En effet, il a parlé, preuve que le dirigeant a joué le jeu médiatique jusqu’au bout. C’est aussi à sa demande que le rendez-vous du 25 octobre avait été fixé. L’instance judiciaire en charge d’enquêter et de punir les auteurs d’actes de corruption et de projets terroristes a donc entendu le «prévenu», comme on nomme Nasser Al-Khelaïfi dans cette affaire gérée par la justice suisse. Mais il est présumé innocent. André Marty, le porte-parole du MPC l’a répété. «Nasser Al-Khelaïfi a été questionné par les représentants du MPC, il a été coopératif, il a répondu aux questions, il reste à savoir si ses réponses sont suffisantes aujourd’hui. Il est présumé innocent jusqu’à ce qu’une quelconque court l’ait jugé coupable ou pas. Comme dans toutes enquêtes criminelles, la responsabilité du procureur est de mettre au jour tous les éléments en faveur ou en défaveur du prévenu. C’est ce qui s’est passé aujourd’hui. Les membres de la «football task force» ont mené cet entretien en toute sérénité et ce ne serait pas sérieux de donner une date de fin de l’enquête. Ces enquêtes prennent des années, pas des mois. Tous les éléments de preuve n’ont pas encore été rassemblés.» Il n’est donc pas à exclure de revoir prochainement Nasser Al-Khelaïfi à Berne pour un nouvel entretien devant le Procureur général de la Confédération.

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