Actuel / La Fête-Dieu, une spiritualité au-delà du folklore?
Les fidèles réunis devant la cathédrale de Fribourg pour la Fête-Dieu le 16 juin 2022 © Loris S. Musumeci
Les fidèles réunis devant la cathédrale de Fribourg pour la Fête-Dieu le 16 juin 2022 © Loris S. Musumeci
Dans les cantons catholiques, la Fête-Dieu est surtout connue parce qu’elle est jour férié. Et il faut dire que ce n’est pas une fête très discrète. Après les grands-messes célébrées en extérieur, les processions traversent les villes comme les villages. Si la fête a tout du folklore, avec ses drapeaux, ses habits traditionnels, ses corps armés et ses fanfares, elle est aussi politique et sociale mais avant tout religieuse. Pour mieux comprendre l’événement, rencontre deux jours avant le jour J avec Paul Salles, agent pastoral à Fribourg et cérémoniaire de cette édition de la Fête-Dieu.
Bon pour la Tête: A deux jours de la grande fête, en quoi consiste votre mission de cérémoniaire?
Paul Salles: Un cérémoniaire n’est rien d’autre que l’organisateur de la partie liturgique de la fête, c’est-à-dire de la messe et de la dimension religieuse de la procession. Aujourd’hui – mardi 14 juin –, il n’y a plus grand-chose à faire: tout est prêt. Il reste maintenant les répétitions de demain pour rendre la fête la plus belle possible, et ensuite tout se passera jeudi. Mon travail lors de ces dernières semaines a surtout consisté à rassembler le matériel religieux et à répartir les tâches entre les différents intervenants. Il a fallu ensuite coordonner les groupes de servants des paroisses de toute la ville, pour que même les plus petits d’entre eux puissent servir en harmonie avec d’autres servants qui ont d’autres habitudes.
Quelle est la coloration particulière de la Fête-Dieu fribourgeoise?
A part qu’elle est très connue pour sa dimension, la Fête-Dieu de Fribourg n’a rien de si particulier par rapport aux autres. Si ce n’est que je crois constater qu’il y a ici un réel rassemblement de tous les milieux sociaux et que les politiques du Conseil d’Etat et du Conseil communal y participent volontiers et avec ferveur, quelle que soit leur orientation politique.
Avec la procession, la musique, les uniformes et les costumes, n’est-on pas plus dans du folklore que du religieux à proprement parler?
En réalité, nous sommes et dans du folklore et dans du religieux. Il y a une réunion des deux dimensions qui est parfaitement assumée. D’ailleurs, les deux ne sont pas incompatibles, même s’ils ne doivent pas être confondus. Toutes les messes ne sont pas de l’ordre de celle de la Fête-Dieu: ce n’est quasiment qu’une seule fois par année où il y a une telle procession avec la présence des corps institués pour montrer l’ancrage de l’Eglise dans l’histoire et les traditions de Fribourg, et l’attachement de l’Eglise à cette ville.
Que l’Eglise soit profondément ancrée dans les traditions et l’histoire fribourgeoise, c’est un fait. Mais n’est-ce pas maladroit d’en arriver à mêler le politique et le religieux par la présence des autorités politiques en tant qu’autorités lors de la fête?
Non, je ne pense pas. Certes, cette fête marque aussi les relations entre l’Eglise et la politique, mais je crois que cela se fait dans une saine cordialité. L’Eglise et l’Etat collaborent étroitement dans la canton de Fribourg: leur présence à la Fête-Dieu est une façon de célébrer cette bonne entente de part et d’autre. L’Eglise tient à ce que les autorités politiques soient présentes, et les autorités tiennent aussi à participer à l’événement, en tant que représentants de la population. En somme, les autorités politiques sont attachées à la Fête-Dieu, parce que les Fribourgeois y sont attachés.
Pour en venir à la Fête-Dieu en elle-même: au fond, que fête-t-on à la Fête-Dieu?
Cette fête religieuse a plusieurs noms, dont le nom officiel qui est «Solennité du Saint-Sacrement du Corps et du Sang du Christ». C’est une fête très catholique où l’on célèbre précisément l’Eucharistie; c’est-à-dire que Jésus-Christ est venu demeurer sous la présence du pain et du vin, qu’Il ait pris l’apparence du pain et vin pour devenir la nourriture de l’homme. Cette fête est très liée avec le Jeudi Saint où l’on fait mémoire des paroles du Christ qui institue l’Eucharistie en prenant le pain et en disant «ceci est mon corps livré pour vous, prenez et mangez-en tous», et en prenant la coupe de vin et en disant «ceci est mon sang versé pour vous, prenez et buvez-en tous.» Seulement, au Jeudi Saint, l’heure n’est pas vraiment à la fête, car les chrétiens entrent à ce moment-là avec le Christ dans sa Passion qui va le mener à la mort sur la croix. C’est pourquoi, un autre jour a été fixé pour célébrer spécifiquement l’Eucharistie et s’en réjouir. Ce qui est d’ailleurs central dans la procession, c’est que l’évêque porte une hostie consacrée – donc corps du Christ – dans un ostensoir à travers pour montrer que Jésus veut se donner à chacun et qu’Il est là pour toute la population, même pour ceux qui ne croient pas en Lui. De plus, en demeurant dans le pain et le vin, il rejoint le travail humain et la nature. Historiquement, cette fête a été instituée au XIIème siècle en Belgique, suite à une apparition de Jésus à sainte Julienne.
On voit à travers cette fête une dimension de la foi de plus en plus oubliée, celle de la piété populaire. Cette dernière est-elle aujourd’hui encore portée par une mission?
Absolument! Dans la piété populaire, la foi est très concrète, elle est simplement vécue et elle ne demande pas trop de réflexion. Chacun vient comme il est. Cela ne veut pas dire que la foi chrétienne est dénuée de réflexion, mais simplement chaque chrétien a besoin aussi de savoir se laisser porter, sans se poser trop de questions; cela vaut autant pour les analphabètes que pour les plus grands intellectuels. La religion chrétienne ne doit pas être que cérébrale: c’est ce que nous rappelle la piété populaire. Même si le phénomène qui fonde la Fête-Dieu est éminemment théologique et donc intellectuel, à savoir la transsubstantiation (ndlr. transsubstantiation: phénomène surnaturel dans lequel, par la consécration de la messe, le pain et le vin deviennent réellement le corps et le sang du Christ tout en gardant leurs caractéristiques physiques initiales), on n’en parle pas directement à la Fête-Dieu pour que les fidèles en marche se laissent simplement porter par les chants, par la beauté des ornements, par la joie d’être ensemble et par leur espérance en Jésus-Christ Sauveur.
Jeudi, l’Eglise sera à proprement parler dans la rue. Qu’est-ce que cela vous inspire personnellement en tant agent pastoral?
Cela m’inspire deux choses. Premièrement, c’est un moment de prière, et donc en tant que chrétien ça me permet de prier pour cette ville que je traverse, juste à côté de l’évêque qui porte le Saint-Sacrement, et donc la présence réelle du Christ. Je prierai pour cette ville, pour ses habitants, pour leurs soucis et tous ce qu’ils vivent. Deuxièmement, c’est un témoignage et une invitation à la prière. En voyant la procession depuis son balcon ou se baladant pour une toute autre raison en ville de Fribourg, les personnes verront des gens qui marchent en chantant pour Dieu, ou qui s’arrêteront pour se mettre à genoux. Cela fera peut-être rire certains, mais je suis certain que ça en touchera d’autres qui se diront: «et si moi aussi j’essayais de prier, de me laisser transporter par cette fête et de faire confiance à ce Dieu qui se cache dans cette petite hostie?»
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Dans la tourmente de l’entre-deux guerres, connaissant la pauvreté et le racisme, mais aussi les fêtes de la diaspora arménienne dans le café de son père, les danses, les chants, et les premiers pas sur les planches. «<a href="https://www.youtube.com/watch?v=jSqkbJxF-Mo" target="_blank" rel="noopener">Les deux guitares</a>», chant tzigane, nous ramène à cette époque.</p> <p>Place ensuite au jeune homme, qui rêve de gloire, et qui collectionne les petits boulots. Fatigué d’imiter Trenet et de chanter les bruits de fond des cabarets, il se bat «à corps perdu, assoiffé, obstiné» pour chanter lui aussi l’amour, pour écrire les grands textes qui feront pleurer la France et le monde. Il construit sa vie, avec un mariage, une enfant, une tournée au Québec, et puis déconstruit tout. Il se sépare même de celle dont il est l’homme à tout faire, j’ai nommé «la Môme». 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Le film est bien décevant sous certains aspects, il comporte bien des problèmes tant au niveau du jeu que de la réalisation. <i>Et pourtant, pourtant…</i> ce film a du cœur.</p> <p>Aussi, être grincheux face à cette équipe de jeunes qui aiment sincèrement Aznavour et qui se sont donnés de la peine pour réaliser ce film, ce serait jouer les scribouillards qui critiquent tout sans avoir jamais rien fait par soi. La critique aurait eu de quoi se déchaîner si le film et son équipe étaient prétentieux. <i>Et pourtant, pourtant…</i> il n’en est rien. Etre grincheux, c’eût été encore faire le jeu de ces critiques qui s’en prenaient à Aznavour lui-même en écrivant, pour l’un d'eux cité dans le film, «comment peut-on laisser un infirme chanter?», avant de venir présenter ses excuses à un Aznavour bonhomme qui n’en tient pas rigueur et qui offre même une coupe de champagne à son détracteur.</p> <p><i>Et pourtant, pourtant…</i> disons ce qu’il y a à dire. 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Aznavour me rejoint dans ma <a href="https://leregardlibre.com/musique/la-dimension-chretienne-de-loeuvre-daznavour/" target="_blank" rel="noopener">vie spirituelle</a>, dans ma vie sexuelle – ou du moins telle que je la <a href="https://leregardlibre.com/musique/aznavour-un-chanteur-du-sexe/" target="_blank" rel="noopener">phantasme</a> – et surtout dans ma vie de <a href="https://leregardlibre.com/musique/aznavour-chante-les-loosers/" target="_blank" rel="noopener"><i>loser</i></a>. Aznavour chante les <i>losers</i>. Aznavour est un <i>loser</i>. J’en suis un aussi. <i>Et pourtant, pourtant…</i> le <i>loser</i> n’est pas celui qui a tout raté, loin de là. 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