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Pour désigner ce phénomène précis, un terme s’est petit à petit forgé: celui de réfugié climatique. </p><p>Pourtant, selon Lucile Maertens, Maître assistante à l’Université de Lausanne et membre de l’Institut d’études politiques, historiques et internationales (IEPHI), le qualificatif de réfugié climatique ne veut pas dire grand-chose: «Pour l’instant, cette expression n’a aucun sens juridique, car pour être réfugié, selon la Convention de Genève, il faut avoir été forcé de se déplacer en dehors de son pays pour des raisons politiques. Concrètement, selon le droit international, on ne peut pas être réfugié climatique.»</p><p>Mais les rapports annuels du GIEC (Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat) sont tous plus alarmants les uns que les autres et la version 2018, publiée au début du mois d’octobre, n’échappe pas à la règle. Les experts appellent les gouvernements à faire beaucoup plus pour limiter les émissions de carbone, sous peine de dépasser un réchauffement de plus de 1,5 degré par rapport à l’ère préindustrielle qui engendrerait de nombreuses conséquences irréversibles. Devant de telles prédictions, menées par des chercheurs sérieux, comment ne pas s’inquiéter des migrations qui vont forcément en découler?</p><p>En 2017, Caritas avait déjà lancé un appel aux autorités suisses pour qu’elles promeuvent la création d’un statut de réfugié climatique dans le droit international. «Les personnes qui franchissent des frontières pour échapper aux catastrophes naturelles et aux changements environnementaux ne bénéficient d’aucune protection et d’aucun statut reconnu au plan international, explique Marianne Hochuli, responsable des questions de politique migratoire et membre de la direction de Caritas Suisse. C’est pourquoi il faut régler d’urgence la question de savoir comment offrir une meilleure protection à ces migrants.» Si les autorités suisses se sont montrées attentives à cette question lors des discussions qu’elles ont eues avec l’organisation d’aide aux plus démunis, elles se sont en revanche montrées sceptiques sur les chances de création d’un tel statut. Mais cela montre bien que ce type de migrations n’est pas uniquement de la pure fantaisie et qu’il y a un réel problème.</p><h3>Des migrations avant tout locales</h3><p>Une étude réalisée en 2018 par la Banque mondiale projette que d’ici à 2050, 143 millions de personnes pourraient être déplacées à l’intérieur de leur pays en Afrique subsaharienne, Asie du Sud et Amérique latine en raison des changements climatiques. Cela montre avant tout que les migrations dues aux dégradations de l’environnement seront surtout locales, voire régionales. «Le fantasme des millions de réfugiés climatiques qui vont arriver aux portes de l’Europe n’est absolument pas fondé scientifiquement», assure Lucile Maertens. Elle précise aussi qu’il est très difficile de faire des projections sur le nombre de personnes qui se déplaceront pour des raisons climatiques, parce que la migration est souvent le résultat de nombreuses causes. Les cas où les déplacements de population sont uniquement engendrés par des raisons environnementales sont rares. Pour l’instant, les seuls chiffres vraiment fiables sont ceux qui relatent les catastrophes naturelles qui se sont déjà déroulées.</p><h3>L’ONU privilégie une approche régionale plutôt que mondiale</h3><p>De nombreux Etats sont réticents à négocier la mise en place d’un texte juridique qui protégerait ces personnes. Certains craignent qu’un statut de réfugié climatique dans le droit universel fasse une concurrence avec les réfugiés politiques. L’Agence des Nations unies pour les réfugiés (HCR) n’a, elle, aucune envie de renégocier la Convention de Genève, parce qu’elle a peur que certains Etats en profitent pour diminuer la protection dont bénéficient actuellement les réfugiés politiques. Cette crainte est partagée par Caritas, qui préconise la création d’un tout nouveau texte et pas uniquement l’ajout d’un protocole aux accords de Genève.</p><p>«Il faudrait chercher d’autres outils de protection, qui seraient à la fois nationaux, régionaux et internationaux pour soutenir les Etats qui ne seraient pas en mesure d’apporter cette garantie à leur population», remarque Lucile Maertens. Le HCR adopte une approche allant de ce sens, puisqu’il préconise des réponses régionales plutôt que mondiales. Comme les risques naturels divergent beaucoup en fonction des régions du globe et puisque les migrations engendrées sont avant tout locales, l’agence onusienne encourage les accords qui se font au cas par cas. A ce propos, Marianne Hochuli reconnait que «des conventions régionales existent, comme celle de l’Union africaine ou la Déclaration de Carthagène sur les réfugiés pour l’Amérique centrale, le Mexique et le Panama, qui ont étendu la définition de la notion de réfugié dans un protocole additionnel».</p><p>Bien que les dégâts environnementaux soient toujours plus nombreux d’année en année, la création d’un statut universel de réfugié climatique n’est donc pour l’instant pas au programme. Si l’approche régionale adoptée par l’ONU semble être pragmatique et efficace, l’idée d’un statut universel n’est pas dénuée de tout intérêt. Elle permet notamment de questionner la définition même du mot réfugié. Au fond, ne pourrait-on pas considérer qu’un réfugié est une personne qui fuit un Etat incapable de lui assurer une protection nécessaire à sa survie, que celle-ci soit de nature politique, religieuse, économique ou environnementale?</p><p>La question mérite d’être posée, parce qu’elle reflète l’attitude de l’Occident face au phénomène migratoire. En ne reconnaissant que les réfugiés politiques, les pays dits «développés» se dédouanent des effets dévastateurs provoqués par la mondialisation qu’ils promeuvent. En effet, si les régimes non démocratiques sont à l’origine des réfugiés politiques, la misère économique et les dégradations de l’environnement sont, elles, largement dues au néolibéralisme soutenu par les démocraties occidentales. Ainsi, reconnaître des réfugiés économiques ou climatiques reviendrait à remettre en cause tout le système actuel. Et ça, même le HCR n’est pas prêt à le faire…</p><br><br><br>',
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</p><h3>Une opportunité à saisir?
</h3><p>Malgré le sursis accordé par Bruxelles jusqu’au 12 avril, la Chambre de communes n’arrive toujours pas à se mettre d’accord sur le plan à suivre pour quitter l’Europe. Lundi soir encore, les Parlementaires ont refusé les quatre alternatives qui semblaient les plus à même de dégager une majorité. Quant au deal de Theresa May, même la mise à prix de tête de la Première ministre n’a pas réussi à faire pencher la balance en sa faveur. Westminster s’enlise toujours plus et semble incapable d’éviter le divorce par défaut, au plus grand plaisir des Tories les plus à droite. Et au grand dam des milieux économiques.
</p><p>Mais à l’heure où l’idée de la décroissance séduit de plus en plus les élites intellectuelles, qui y voient la seule alternative crédible au dérèglement climatique, le No deal pourrait être vu comme une chance à saisir afin de tester une nouvelle manière d’appréhender l’économie. C’est du moins ce que suggère un article publié sur le site anticapitaliste Bella Cadonia, qui explique que «[le Brexit] ouvre la porte aux alternatives à la domination du marché libre poussé à outrance. [Les Britanniques pourraient] passer d’une société organisée autour du capitalisme financier à une société promouvant la justice sociale et environnementale au Royaume-Uni et au niveau international.»
</p><h3>Pour un deuxième référendum
</h3><p>Pourtant, les défenseurs de l’environnement sont parmi les plus farouches opposants au Brexit, et encore plus au No deal. Ils étaient nombreux le 23 mars, lors de la marche historique qui avait réuni dans la capitale plus d’un million de personnes demandant un deuxième référendum. Maintes pancartes soulignaient l’importance de la coopération internationale pour la lutte climatique et déploraient le temps perdu à négocier le Brexit. Dans le même sens, le Green Party soutient mordicus un deuxième vote du peuple. Caroline Lucas, la seule élue écologiste du parlement britannique, a même refusé de suivre le compromis proposé par le Labour. La ligne est donc claire pour les environnementalistes: un deuxième référendum et rien d’autre.
</p><p>Il faut dire que la décroissance ne fait pas vraiment partie du programme des Brexiters les plus convaincus. Ils ne cachent pas leur volonté, une fois divorcé de l’Europe, de conclure des accords de libre-échange aux quatre coins du monde, et plus précisément avec les Etats-Unis. A mille lieues de remettre en question du système néolibéral, ils visent à le pousser encore plus loin en agrandissant les espaces de libre marché tout en se débarrassant des normes de régulation européennes.
</p><h3>Les précaires en première ligne
</h3><p>Une rupture de la croissance n’est donc pas forcément promise en cas de No deal. Elle pourrait même reprendre de plus belle, boostée par la promesse de ces nouveaux marchés dépourvus de toute contrainte. Mais cela reste du domaine des spéculations, et il demeure fortement probable que les chambardements liés à une séparation sans concession entre l’UE et le Royaume-Uni perturbent avant tout la bonne marche de l’économie. Cela ne devrait pas pour autant réjouir les Verts, puisque les ralentissements économiques ont toujours pour principale conséquence de rendre encore plus vulnérables les personnes les plus précaires. En témoigne la crise de 2008, qui a rendu les riches plus riches et les pauvres plus nombreux.
</p><p>Ce n’est pas un hasard si le mouvement en faveur de la décroissance s’accompagne d’une forte dimension sociale. Un infléchissement de la logique productiviste, pour qu’il ne soit pas dévastateur, doit être le fruit d’une forte volonté politique et non pas le contrecoup d’éléments conjoncturels. Ce changement de paradigme n’est envisageable que si la protection des plus vulnérables est assurée. Cela passerait inévitablement par une meilleure répartition des richesses et un Etat fort, qui limiterait la compétitivité individuelle engendrée par la logique capitaliste. Des valeurs aux antipodes de celles partagées par les défenseurs d’un Brexit dur. Si ceux-ci obtiennent leur No deal, les personnes à revenu modeste n’auront plus qu’à prier pour que la croissance ne leur glisse pas des mains.</p><p><hr></p><h2>Retrouvez d'autres articles sur le même thème dans notre <a href="https://bonpourlatete.com/serie/dossier-special-decroissance">dossier spécial Décroissance</a>.</h2>',
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VOS RÉACTIONS SUR LE SUJET
2 Commentaires
@Bogner Shiva 212 17.11.2018 | 14h37
«Comme toujours les politiques !!! Si on veut qu'un projet de quelque nature que ce soit capote ou reste au niveau du balbutiement il faut intégrer des politiques dans le processus ...succès garanti !»
@stef 22.12.2018 | 23h20
«Tant que les politiques seront dirigés en sous-main par les banques et leurs commanditaires, rien ne changera »