Actuel / A Berne, la police anti-émeute s’en est prise violemment à des manifestants et des promeneurs. Règne de l’arbitraire
Berne, samedi 20 mars 2021. La présidente de Bon pour la tête, Sarah Dohr (au premier plan derrière le cordon de policiers), bloquée avec d'autres personnes sur la Place de la Gare par les forces de l'ordre. © Marie-Anna Carteron
400 policiers anti-émeute ont été mobilisés pour empêcher tout rassemblement à Berne ce samedi 20 mars 2021. © Lou Marchand
Un joueur de cor des Alpes faisait partie des manifestants encerclés par la police anti-émeute. © Joëlle Neury
Une rue de Berne bouclée. © Lou Marchand
La manifestation est restée plutôt pacifique, en tout cas du côté des manifestants... © Christel Mailler
Sarah Dohr essayant, vainement, de communiquer avec les policiers. © Lou Marchand
Lors de la manifestation pacifique non-autorisée contre les mesures sanitaires de samedi dernier à Berne, la police anti-émeute a eu recours à une tactique quasiment militaire pour empêcher ce rassemblement. Des personnes ont été arrêtées et contrôlées sur le simple soupçon de vouloir participer à cette manifestation. Elles ont été encerclées durant des heures, puis expulsées de Berne pour 48 heures. D’autres, comme la présidente de Bon pour la tête, ont été arrêtées, menottées et détenues dans le centre d’attente et détention de Neufeld. Récit et témoignages.
Le droit de manifester combine deux libertés fondamentales qui figurent dans la Déclaration universelle des droits de l’homme (art. 19 et 20) ainsi que dans la Constitution suisse (art. 16 et 22): la liberté d’opinion et la liberté de réunion. Ce droit fait également partie des obligations internationales que la Suisse a contractées (articles 10 et 11 de la Convention européenne des droits de l'homme, CEDH. et articles 19 et 21 du Pacte II des Nations Unies - Droits civils et politiques). Le droit international prévoit la possibilité de rassemblements spontanés en réaction à l’actualité. La simple absence de notification aux autorités de la tenue d'une manifestation ne rend pas celle-ci illégale et, par conséquent, ne justifie pas à elle seule la dispersion de la manifestation. Et les manifestants ne devraient pas, pour ce motif, être soumis à des sanctions pénales ou administratives se soldant par des amendes ou des peines d'emprisonnement. En résumé: tant que les manifestations sont pacifiques, elles sont protégées par les droits fondamentaux et les droits humains. Cela vaut également pour les manifestations non autorisées et spontanées.
L’appel d’ISOFIA pour un «World Wide Rally for Freedom and Democracy» - un rassemblement pacifique contre les mesures sanitaires dans les capitales le 20 mars
Nous en avons déjà parlé sur BPLT, le collectif ISOFIA a appelé à un rassemblement pacifique contre les mesures sanitaires dans les capitales du monde entier le samedi 20 mars. La Municipalité de Berne a considéré cet appel comme irresponsable et a mandaté le 18 mars la Police cantonale bernoise pour contrer tout rassemblement.
Malgré l’absence d’autorisation, un millier de personnes, la plupart sans pancartes et banderoles, arrivant en compte goutte et en se déplaçant par petits groupes, a fait le déplacement à Berne où les attendaient, dès la gare, 400 polices anti-émeute et quelques dizaines de policiers en civile. La police a bouclé la Place fédérale peu après la fin du marché qui s’y tient, à midi. L’Helvetiaplatz a également été rapidement bouclée, tout comme les ponts donnant accès au centre-ville. Motif invoqué par les forces de l’ordre: l'interdiction en vigueur des rassemblements de plus de 15 personnes dans l'espace public. A un moment donné, toutes les sorties de la gare ont été bouclées. Plus personne ne pouvait entrer ou sortir. Des contrôles d’identité ont eu lieu tout l’après-midi. La police bernoise a annoncé dans la soirée en avoir effectué plus de 600.
Différents témoignages
Les témoignages sont multiples et sidérants. Mickaël*, un Valaisan de 25 ans, participe pacifiquement depuis plusieurs mois à toutes les manifestations contre les mesures sanitaires. Il est sorti de la gare de Berne à 11h15, accompagné de deux amis. Ils se sont fait arrêter et contrôler par la police anti-émeute. Après avoir dû donner leur identité, ils ont été bannis de Berne pour 48 heures (1). Mickaël et ses amis, ne voulant pas partir, sont revenus à la place de la gare et se sont fait arrêter une deuxième fois, avant d’être amenés sur le quai d’où partait le train pour Martigny.
Pascale* et Aron* sont venus de Bienne avec leurs deux jeunes enfants. Ils étaient assis autour d’une table dans le parc Helvetia, comme une cinquantaine d’autres personnes, lorsqu’ils ont été encerclés par la police, contrôlés et expulsés de Berne pour 48 heures. Rien ne laissait penser qu’ils participaient à une manifestation. Juste une petite famille en train de pique-niquer... Déjà trop pour la police.
Un couple lausannois, la septantaine bien sonnée, n’ayant encore jamais participé à une manifestation, s’est rendu à Berne en minibus pour signifier son désaccord avec les mesures sanitaires du Conseil Fédéral. Arrivés vers midi, et comme l’accès au Palais fédéral était bloqué, ils se sont promenés le long de l’Aar pour finalement se reposer dans un petit parc (Münsterplattform). Au bout de quelques minutes, ils ont été encerclés par la police anti-émeute. Atterrés, ils racontent combien ils se sont sentis impuissants face à des policiers qui ressemblaient à des RoboCops, et avec lesquels toutes discussion était impossible vu leur hostilité. La police a annoncé par mégaphone un contrôle d’identité de toutes les personnes rassemblées sur la petite pelouse. Cela a duré quatre heures, puis les gens ont pu partir, avec l’interdiction de remettre les pieds à Berne avant 48 heures. Le plus absurde? Quand le mari a dû aller aux toilettes, un policier l'a accompagné et attendu dehors pour ensuite le ramener dans le parc.
Il y a aussi Florian*, sa sœur Vivianne* et son mari, qui sont venus du Valais. Des indépendants dans la quarantaine. Ils se sont rendus à Berne pour la manifestation. Sans pancartes. Ils se sont retrouvés encerclés sur la Place de la Gare, la police resserrant petit à petit sont cercle autour d'eux durant trois heures. Les trois amis racontent qu’ils se sont sentis pris au piège, pris en otages. Avec comme seule possibilité d’attendre que la police décide de l’heure à laquelle ils allaient pouvoir partir après un contrôle d’identité. Et avec une expulsion de Berne pour 24 heures à la clé.
L'arrestation de la présidente de Bon pour la tête
Et il y a moi. Je me suis rendue à Berne par curiosité journalistique. Sortant de la gare à 14h et voyant ces centaines de policiers anti-émeute parmi deux cents personnes sur la Place de la Gare, je me suis éloignée de mes deux amis pour faire des photos de cette situation surréaliste. Quand j’ai voulu rejoindre mes compagnons, je me suis retrouvée face aux boucliers de policiers me bloquant le chemin. L’un d’eux m’a violement poussée pour me faire reculer. Je me suis rapprochée de lui, essayant de passer l’obstacle des boucliers et parlant d’une voix haute, demandant à ces agents pourquoi ils bloquaient une personne libre, une citoyenne de ce pays. Sans me répondre, avec un regard inexpressif, le même policier m’a une fois de plus poussée violement. Je lui ai dit de ne plus me toucher, que personne n’avait le droit d'entraver ma liberté de circuler, qu’il devait m’expliquer les raison de son geste. Troisième coup sur mon épaule.
Sarah Dohr, la présidente de l'association Bon pour la tête, emmenée par la police anti-émeute bernoise.
Aucune explication. Pourquoi étais-je bloquée par la police? Que me reprochait-on? Silence. Je n’avais face à moi que les yeux figés des agents. Au bout de deux heures, et après une annonce par mégaphone d’une procédure de contrôle d’identité, quatre policiers sont venus me chercher. Ils m’ont violement attrapée aux bras − et ensuite par les pieds puisque j’ai résisté en me laissant tomber − et m’ont amenée vers leur véhicule. J’ai demandé pourquoi ils m’emmenaient. Pas de réponse. J’ai réussi à me libérer mais je n’ai pas vu le grand policier derrière eux – il s’avérera être Haut-Valaisan comme moi – qui m’a violement plaquée contre le véhicule, m’a mis les bras derrière mon dos et m’a mis des menottes bien serrées. Je lui ai demandé pourquoi il me menottait. Toujours aucune réponse. J’ai été conduite en panier à salade jusqu’à Neufeld, le centre d’attente et de détention. J'ai été enfermée dans une cellule, toujours sans aucune information sur les raisons de mon arrestation. Deux heures plus tard, les policiers m’ont amenée dans une petite salle où me furent enfin décrits mes délits: violence contre les policiers, participation à une manifestation non-autorisée, non-respect de la loi covid-19 qui interdit le rassemblement de plus de 15 personnes, non-port du masque. J’ai tout démenti, expliquant être venue par curiosité journalistique, puis comment un policier m’avait violement poussée à trois reprises. Le seul «délit» que j’ai reconnu, c’est le non-port du masque. Ils m’ont laissée partir une heure plus tard, il était 19h.
La Suisse, un pays au fonctionnement arbitraire
Le même jour, le 20 mars, une grande manifestation contre les mesures sanitaires (!) a été autorisée à Liestal (BL). Plus de 8500 personnes se sont rendues dans cette petite ville et il n’y a eu aucun débordement à signaler. La police les a accompagnées dans le calme et avec respect.
Le samedi précédant, une manifestation des supporteurs du FC Bâle a reçu une autorisation pour manifester contre l'intention de vendre des parts du club à la société d'investissement britannique Centricus. 3500 personnes y ont participé et ont allumé des «pyros» et des pétards. La police n’est pas intervenue. Deux semaines auparavant, début mars, 1000 supporteurs du FC Bâle avaient déjà protesté, lors d’une manifestation non-autorisée, contre la suspension du capitaine de l’équipe. Des affiches furent déployées, des drapeaux hissés et des chants entonnés. La police n’est pas intervenue parce qu’elle estimait que la situation restait pacifique. Piquant: le 22 février, des militants kurdes n’ont pas reçu l’autorisation de défiler à Bâle. Ils sont quand même descendus dans la rue et ont été dispersés par la police à coups de balles en caoutchouc.
Une autre scène s’est produite le 6 mars à Zürich, où de nombreuses femmes ont été brutalement arrêtées lors d’un rassemblement non-autorisé, à l’appel de l'alliance «8. März Unite». Les manifestantes ont été encerclées par des policiers anti-émeute et des canons à eau. Peu de temps après, la police a extirpé les militantes de la foule pour les arrêter. Ce faisant, ils ont procédé de manière tout à la fois arbitraire et violente. Une personne a été frappée à plusieurs reprises à la tête. Des femmes ont été traînées sur le sol et menottées dans le dos.
Ces différents traitements des manifestations autorisées ou non sont arbitraires et soulignent par excellence l’expression «deux poids, deux mesures». Dans un monde où le droit international protège les manifestations pacifiques, quelle sont donc les règles en Suisse? La Suisse est-elle partiale, envoyant des centaines de policiers anti-émeute contre certains manifestants et pas contre d’autres?
Quand les citoyens de ce pays n’ont plus le droit d’exprimer pacifiquement leurs opinons, quand leur présence inoffensive sur tel ou tel lieu est jugée suspecte, quand des bannissements de la ville sont décrétés pour 48 heures (comme au Moyen Âge lorsque l’on repoussait les indésirables hors des murs!), alors on peut sans se tromper dire que l’Etat tombe dans l’arbitraire.
*Noms connus de la rédaction
(1) Extrait des lois de la police cantonale bernoise concernant l’interdiction d’accès à la ville :
7.2.6 Renvoi et interdiction d'accès
Art. 83
En général
1. Conditions et contenu
1 La Police cantonale peut renvoyer temporairement une ou plusieurs personnes d'un lieu ou leur en interdire l'accès si
a |
la sécurité et l'ordre public sont troublés ou menacés, en particulier en raison d'un attroupement; |
b |
des tiers sont considérablement importunés ou mis en danger; |
c |
ces personnes entravent, troublent ou menacent des interventions visant au rétablissement de la sécurité et de l'ordre public ou des actions de sauvetage, menées en particulier par les forces de police, les sapeurs-pompiers et les services de sauvetage; |
d |
elles empêchent ou gênent la Police cantonale dans l'application d'ordonnances exécutoires ou qu'elles s'ingèrent dans son action; |
e |
elles sont menacées d'un danger grave et imminent; |
f |
elles portent atteinte à l'intégrité physique, psychique ou sexuelle d'une autre personne, menacent cette dernière ou l'importunent de manière répétée, en particulier en la harcelant, notamment dans des cas de violence domestique; |
g |
une telle mesure est propre à préserver les droits des personnes, en particulier à protéger la dignité ou |
h |
ces personnes campent sans autorisation sur le terrain d'un particulier ou d'une collectivité publique.[9] |
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La simple absence de notification aux autorités de la tenue d'une manifestation ne rend pas celle-ci illégale et, par conséquent, ne justifie pas à elle seule la dispersion de la manifestation. Et les manifestants ne devraient pas, pour ce motif, être soumis à des sanctions pénales ou administratives se soldant par des amendes ou des peines d'emprisonnement. En résumé: tant que les manifestations sont pacifiques, elles sont protégées par les droits fondamentaux et les droits humains. 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La Municipalité de Berne a considéré cet appel comme irresponsable et a mandaté le 18 mars la Police cantonale bernoise pour contrer tout rassemblement.</p> <p>Malgré l’absence d’autorisation, un millier de personnes, la plupart sans pancartes et banderoles, arrivant en compte goutte et en se déplaçant par petits groupes, a fait le déplacement à Berne où les attendaient, dès la gare, 400 polices anti-émeute et quelques dizaines de policiers en civile. La police a bouclé la Place fédérale peu après la fin du marché qui s’y tient, à midi. L’Helvetiaplatz a également été rapidement bouclée, tout comme les ponts donnant accès au centre-ville. Motif invoqué par les forces de l’ordre: l'interdiction en vigueur des rassemblements de plus de 15 personnes dans l'espace public. A un moment donné, toutes les sorties de la gare ont été bouclées. Plus personne ne pouvait entrer ou sortir. Des contrôles d’identité ont eu lieu tout l’après-midi. La police bernoise a annoncé dans la soirée en avoir effectué plus de 600.</p> <h3><strong>Différents témoignages</strong></h3> <p>Les témoignages sont multiples et sidérants. Mickaël*, un Valaisan de 25 ans, participe pacifiquement depuis plusieurs mois à toutes les manifestations contre les mesures sanitaires. Il est sorti de la gare de Berne à 11h15, accompagné de deux amis. Ils se sont fait arrêter et contrôler par la police anti-émeute. Après avoir dû donner leur identité, ils ont été bannis de Berne pour 48 heures <strong>(1).</strong> Mickaël et ses amis, ne voulant pas partir, sont revenus à la place de la gare et se sont fait arrêter une deuxième fois, avant d’être amenés sur le quai d’où partait le train pour Martigny.</p> <p>Pascale* et Aron* sont venus de Bienne avec leurs deux jeunes enfants. Ils étaient assis autour d’une table dans le parc Helvetia, comme une cinquantaine d’autres personnes, lorsqu’ils ont été encerclés par la police, contrôlés et expulsés de Berne pour 48 heures. Rien ne laissait penser qu’ils participaient à une manifestation. Juste une petite famille en train de pique-niquer... Déjà trop pour la police.</p> <p>Un couple lausannois, la septantaine bien sonnée, n’ayant encore jamais participé à une manifestation, s’est rendu à Berne en minibus pour signifier son désaccord avec les mesures sanitaires du Conseil Fédéral. Arrivés vers midi, et comme l’accès au Palais fédéral était bloqué, ils se sont promenés le long de l’Aar pour finalement se reposer dans un petit parc (Münsterplattform). Au bout de quelques minutes, ils ont été encerclés par la police anti-émeute. Atterrés, ils racontent combien ils se sont sentis impuissants face à des policiers qui ressemblaient à des RoboCops, et avec lesquels toutes discussion était impossible vu leur hostilité. La police a annoncé par mégaphone un contrôle d’identité de toutes les personnes rassemblées sur la petite pelouse. Cela a duré quatre heures, puis les gens ont pu partir, avec l’interdiction de remettre les pieds à Berne avant 48 heures. Le plus absurde? Quand le mari a dû aller aux toilettes, un policier l'a accompagné et attendu dehors pour ensuite le ramener dans le parc. </p> <p>Il y a aussi Florian*, sa sœur Vivianne* et son mari, qui sont venus du Valais. Des indépendants dans la quarantaine. Ils se sont rendus à Berne pour la manifestation. Sans pancartes. Ils se sont retrouvés encerclés sur la Place de la Gare, la police resserrant petit à petit sont cercle autour d'eux durant trois heures. Les trois amis racontent qu’ils se sont sentis pris au piège, pris en otages. Avec comme seule possibilité d’attendre que la police décide de l’heure à laquelle ils allaient pouvoir partir après un contrôle d’identité. Et avec une expulsion de Berne pour 24 heures à la clé.</p> <h3>L'arrestation de la présidente de Bon pour la tête</h3> <p>Et il y a moi. Je me suis rendue à Berne par curiosité journalistique. Sortant de la gare à 14h et voyant ces centaines de policiers anti-émeute parmi deux cents personnes sur la Place de la Gare, je me suis éloignée de mes deux amis pour faire des photos de cette situation surréaliste. Quand j’ai voulu rejoindre mes compagnons, je me suis retrouvée face aux boucliers de policiers me bloquant le chemin. L’un d’eux m’a violement poussée pour me faire reculer. Je me suis rapprochée de lui, essayant de passer l’obstacle des boucliers et parlant d’une voix haute, demandant à ces agents pourquoi ils bloquaient une personne libre, une citoyenne de ce pays. Sans me répondre, avec un regard inexpressif, le même policier m’a une fois de plus poussée violement. 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J’ai réussi à me libérer mais je n’ai pas vu le grand policier derrière eux – il s’avérera être Haut-Valaisan comme moi – qui m’a violement plaquée contre le véhicule, m’a mis les bras derrière mon dos et m’a mis des menottes bien serrées. Je lui ai demandé pourquoi il me menottait. Toujours aucune réponse. J’ai été conduite en panier à salade jusqu’à Neufeld, le centre d’attente et de détention. J'ai été enfermée dans une cellule, toujours sans aucune information sur les raisons de mon arrestation. Deux heures plus tard, les policiers m’ont amenée dans une petite salle où me furent enfin décrits mes délits: violence contre les policiers, participation à une manifestation non-autorisée, non-respect de la loi covid-19 qui interdit le rassemblement de plus de 15 personnes, non-port du masque. J’ai tout démenti, expliquant être venue par curiosité journalistique, puis comment un policier m’avait violement poussée à trois reprises. Le seul «délit» que j’ai reconnu, c’est le non-port du masque. Ils m’ont laissée partir une heure plus tard, il était 19h.</p> <h3><strong>La Suisse, un pays au fonctionnement arbitraire</strong></h3> <p>Le même jour, le 20 mars, une grande manifestation contre les mesures sanitaires (!) a été autorisée à Liestal (BL). Plus de 8500 personnes se sont rendues dans cette petite ville et il n’y a eu aucun débordement à signaler. La police les a accompagnées dans le calme et avec respect.</p> <p>Le samedi précédant, une manifestation des supporteurs du FC Bâle a reçu une autorisation pour manifester contre l'intention de vendre des parts du club à la société d'investissement britannique Centricus. 3500 personnes y ont participé et ont allumé des «pyros» et des pétards. La police n’est pas intervenue. Deux semaines auparavant, début mars, 1000 supporteurs du FC Bâle avaient déjà protesté, lors d’une manifestation non-autorisée, contre la suspension du capitaine de l’équipe. Des affiches furent déployées, des drapeaux hissés et des chants entonnés. La police n’est pas intervenue parce qu’elle estimait que la situation restait pacifique. Piquant: le 22 février, des militants kurdes n’ont pas reçu l’autorisation de défiler à Bâle. Ils sont quand même descendus dans la rue et ont été dispersés par la police à coups de balles en caoutchouc.</p> <p>Une autre scène s’est produite le 6 mars à Zürich, où de nombreuses femmes ont été brutalement arrêtées lors d’un rassemblement non-autorisé, à l’appel de l'alliance «8. März Unite». Les manifestantes ont été encerclées par des policiers anti-émeute et des canons à eau. Peu de temps après, la police a extirpé les militantes de la foule pour les arrêter. Ce faisant, ils ont procédé de manière tout à la fois arbitraire et violente. Une personne a été frappée à plusieurs reprises à la tête. Des femmes ont été traînées sur le sol et menottées dans le dos.</p> <p>Ces différents traitements des manifestations autorisées ou non sont arbitraires et soulignent par excellence l’expression «deux poids, deux mesures». Dans un monde où le droit international protège les manifestations pacifiques, quelle sont donc les règles en Suisse? La Suisse est-elle partiale, envoyant des centaines de policiers anti-émeute contre certains manifestants et pas contre d’autres?</p> <p>Quand les citoyens de ce pays n’ont plus le droit d’exprimer pacifiquement leurs opinons, quand leur présence inoffensive sur tel ou tel lieu est jugée suspecte, quand des bannissements de la ville sont décrétés pour 48 heures (comme au Moyen <em>Â</em>ge lorsque l’on repoussait les indésirables hors des murs!), alors on peut sans se tromper dire que l’Etat tombe dans l’arbitraire.</p> <hr /> <p><strong><em>*Noms connus de la rédaction</em></strong></p> <hr /> <p><strong>(1)</strong> Extrait des lois de la police cantonale bernoise concernant l’interdiction d’accès à la ville :</p> <p><strong><em>7.2.6</em></strong><strong><em> Renvoi et interdiction d'accès </em></strong></p> <p><em>Art.</em><em> 83 </em></p> <p><em>En général</em><em><br />1. Conditions et contenu </em></p> <p><em>1 </em><em>La Police cantonale peut renvoyer temporairement une ou plusieurs personnes d'un lieu ou leur en interdire l'accès si</em></p> <table> <tbody> <tr> <td> <p><em>a </em></p> </td> <td> <p><em>la sécurité et l'ordre public sont troublés ou menacés, en particulier en raison d'un attroupement; </em></p> </td> </tr> </tbody> </table> <p><em> </em></p> <table> <tbody> <tr> <td> <p><em>b </em></p> </td> <td> <p><em>des tiers sont considérablement importunés ou mis en danger; </em></p> </td> </tr> </tbody> </table> <p><em> </em></p> <table> <tbody> <tr> <td> <p><em>c </em></p> </td> <td> <p><em>ces personnes entravent, troublent ou menacent des interventions visant au rétablissement de la sécurité et de l'ordre public ou des actions de sauvetage, menées en particulier par les forces de police, les sapeurs-pompiers et les services de sauvetage; </em></p> </td> </tr> </tbody> </table> <p><em> </em></p> <table> <tbody> <tr> <td> <p><em>d </em></p> </td> <td> <p><em>elles empêchent ou gênent la Police cantonale dans l'application d'ordonnances exécutoires ou qu'elles s'ingèrent dans son action; </em></p> </td> </tr> </tbody> </table> <p><em> </em></p> <table> <tbody> <tr> <td> <p><em>e </em></p> </td> <td> <p><em>elles sont menacées d'un danger grave et imminent; </em></p> </td> </tr> </tbody> </table> <p><em> </em></p> <table> <tbody> <tr> <td> <p><em>f </em></p> </td> <td> <p><em>elles portent atteinte à l'intégrité physique, psychique ou sexuelle d'une autre personne, menacent cette dernière ou l'importunent de manière répétée, en particulier en la harcelant, notamment dans des cas de violence domestique; </em></p> </td> </tr> </tbody> </table> <p><em> </em></p> <table> <tbody> <tr> <td> <p><em>g </em></p> </td> <td> <p><em>une telle mesure est propre à préserver les droits des personnes, en particulier à protéger la dignité ou </em></p> </td> </tr> </tbody> </table> <p><em> </em></p> <table> <tbody> <tr> <td> <p><em>h </em></p> </td> <td> <p><em>ces personnes campent sans autorisation sur le terrain d'un particulier ou d'une collectivité publique.<a href="https://www.belex.sites.be.ch/frontend/versions/1958/embedded_version_content#enumeration_itemtext_content_fn_1286900_3_9_c">[9]</a></em></p> </td> </tr> </tbody> </table> <p><a href="https://www.belex.sites.be.ch/frontend/versions/1958?locale=fr">https://www.belex.sites.be.ch/frontend/versions/1958?locale=fr</a></p> <hr /> <p> </p>', 'content_edition' => '', 'slug' => 'berne-la-police-anti-emeute-s-en-est-prise-violemment-a-des-manifestants-et-des-promeneurs-regne-de-l-arbitraire', 'headline' => null, 'homepage' => null, 'like' => (int) 736, 'editor' => null, 'index_order' => (int) 1, 'homepage_order' => (int) 1, 'original_url' => '', 'podcast' => false, 'tagline' => null, 'poster' => null, 'category_id' => (int) 5, 'person_id' => (int) 53, 'post_type_id' => (int) 1, 'poster_attachment' => null, 'editions' => [ [maximum depth reached] ], 'tags' => [ [maximum depth reached] ], 'locations' => [[maximum depth reached]], 'attachment_images' => [ [maximum depth reached] ], 'attachments' => [ [maximum depth reached] ], 'person' => object(App\Model\Entity\Person) {}, 'comments' => [ [maximum depth reached] ], 'category' => object(App\Model\Entity\Category) {}, '[new]' => false, '[accessible]' => [ [maximum depth reached] ], '[dirty]' => [[maximum depth reached]], '[original]' => [[maximum depth reached]], '[virtual]' => [[maximum depth reached]], '[hasErrors]' => false, '[errors]' => [[maximum depth reached]], '[invalid]' => [[maximum depth reached]], '[repository]' => 'Posts' }, 'relatives' => [ (int) 0 => object(App\Model\Entity\Post) {}, (int) 1 => object(App\Model\Entity\Post) {}, (int) 2 => object(App\Model\Entity\Post) {}, (int) 3 => object(App\Model\Entity\Post) {} ], 'embeds' => [], 'images' => [ (int) 0 => object(Cake\ORM\Entity) {}, (int) 1 => object(Cake\ORM\Entity) {}, (int) 2 => object(Cake\ORM\Entity) {}, (int) 3 => object(Cake\ORM\Entity) {}, (int) 4 => object(Cake\ORM\Entity) {}, (int) 5 => object(Cake\ORM\Entity) {} ], 'audios' => [], 'comments' => [ (int) 0 => object(App\Model\Entity\Comment) {}, (int) 1 => object(App\Model\Entity\Comment) {}, (int) 2 => object(App\Model\Entity\Comment) {}, (int) 3 => object(App\Model\Entity\Comment) {}, (int) 4 => object(App\Model\Entity\Comment) {}, (int) 5 => object(App\Model\Entity\Comment) {}, (int) 6 => object(App\Model\Entity\Comment) {}, (int) 7 => object(App\Model\Entity\Comment) {}, (int) 8 => object(App\Model\Entity\Comment) {}, (int) 9 => object(App\Model\Entity\Comment) {} ], 'author' => 'Sarah Dohr', 'description' => 'Lors de la manifestation pacifique non-autorisée contre les mesures sanitaires de samedi dernier à Berne, la police anti-émeute a eu recours à une tactique quasiment militaire pour empêcher ce rassemblement. 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Ce droit fait également partie des obligations internationales que la Suisse a contractées (articles 10 et 11 de la Convention européenne des droits de l'homme, CEDH. et articles 19 et 21 du <a href="https://www.amnesty.ch/fr/themes/droits-humains/droits-civils-et-politiques">Pacte II des Nations Unies - Droits civils et politiques)</a>. Le droit international prévoit la possibilité de rassemblements spontanés en réaction à l’actualité. La simple absence de notification aux autorités de la tenue d'une manifestation ne rend pas celle-ci illégale et, par conséquent, ne justifie pas à elle seule la dispersion de la manifestation. Et les manifestants ne devraient pas, pour ce motif, être soumis à des sanctions pénales ou administratives se soldant par des amendes ou des peines d'emprisonnement. En résumé: tant que les manifestations sont pacifiques, elles sont protégées par les droits fondamentaux et les droits humains. Cela vaut également pour les manifestations non autorisées et spontanées.</p> <h3><strong>L’appel d’ISOFIA pour un «World Wide Rally for Freedom and Democracy» - un rassemblement pacifique contre les mesures sanitaires dans les capitales le 20 mars</strong></h3> <p><a href="https://bonpourlatete.com/actuel/la-contestation-des-mesures-sanitaires-n-en-finit-pas-d-enfler-en-suisse" target="_blank" rel="noopener">Nous en avons déjà parlé sur BPLT</a>, le collectif ISOFIA a appelé à un rassemblement pacifique contre les mesures sanitaires dans les capitales du monde entier le samedi 20 mars. La Municipalité de Berne a considéré cet appel comme irresponsable et a mandaté le 18 mars la Police cantonale bernoise pour contrer tout rassemblement.</p> <p>Malgré l’absence d’autorisation, un millier de personnes, la plupart sans pancartes et banderoles, arrivant en compte goutte et en se déplaçant par petits groupes, a fait le déplacement à Berne où les attendaient, dès la gare, 400 polices anti-émeute et quelques dizaines de policiers en civile. La police a bouclé la Place fédérale peu après la fin du marché qui s’y tient, à midi. L’Helvetiaplatz a également été rapidement bouclée, tout comme les ponts donnant accès au centre-ville. Motif invoqué par les forces de l’ordre: l'interdiction en vigueur des rassemblements de plus de 15 personnes dans l'espace public. A un moment donné, toutes les sorties de la gare ont été bouclées. Plus personne ne pouvait entrer ou sortir. Des contrôles d’identité ont eu lieu tout l’après-midi. 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Ils étaient assis autour d’une table dans le parc Helvetia, comme une cinquantaine d’autres personnes, lorsqu’ils ont été encerclés par la police, contrôlés et expulsés de Berne pour 48 heures. Rien ne laissait penser qu’ils participaient à une manifestation. Juste une petite famille en train de pique-niquer... Déjà trop pour la police.</p> <p>Un couple lausannois, la septantaine bien sonnée, n’ayant encore jamais participé à une manifestation, s’est rendu à Berne en minibus pour signifier son désaccord avec les mesures sanitaires du Conseil Fédéral. Arrivés vers midi, et comme l’accès au Palais fédéral était bloqué, ils se sont promenés le long de l’Aar pour finalement se reposer dans un petit parc (Münsterplattform). Au bout de quelques minutes, ils ont été encerclés par la police anti-émeute. Atterrés, ils racontent combien ils se sont sentis impuissants face à des policiers qui ressemblaient à des RoboCops, et avec lesquels toutes discussion était impossible vu leur hostilité. 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Et avec une expulsion de Berne pour 24 heures à la clé.</p> <h3>L'arrestation de la présidente de Bon pour la tête</h3> <p>Et il y a moi. Je me suis rendue à Berne par curiosité journalistique. Sortant de la gare à 14h et voyant ces centaines de policiers anti-émeute parmi deux cents personnes sur la Place de la Gare, je me suis éloignée de mes deux amis pour faire des photos de cette situation surréaliste. Quand j’ai voulu rejoindre mes compagnons, je me suis retrouvée face aux boucliers de policiers me bloquant le chemin. L’un d’eux m’a violement poussée pour me faire reculer. Je me suis rapprochée de lui, essayant de passer l’obstacle des boucliers et parlant d’une voix haute, demandant à ces agents pourquoi ils bloquaient une personne libre, une citoyenne de ce pays. Sans me répondre, avec un regard inexpressif, le même policier m’a une fois de plus poussée violement. Je lui ai dit de ne plus me toucher, que personne n’avait le droit d'entraver ma liberté de circuler, qu’il devait m’expliquer les raison de son geste. Troisième coup sur mon épaule.</p> <h4><iframe frameborder="0" height="315" src="https://www.youtube.com/embed/YVCt7LXqmNs" title="YouTube video player" width="560"></iframe></h4> <h4>Sarah Dohr, la présidente de l'association Bon pour la tête, emmenée par la police anti-émeute bernoise.</h4> <p>Aucune explication. Pourquoi étais-je bloquée par la police? Que me reprochait-on? Silence. Je n’avais face à moi que les yeux figés des agents. Au bout de deux heures, et après une annonce par mégaphone d’une procédure de contrôle d’identité, quatre policiers sont venus me chercher. Ils m’ont violement attrapée aux bras − et ensuite par les pieds puisque j’ai résisté en me laissant tomber − et m’ont amenée vers leur véhicule. J’ai demandé pourquoi ils m’emmenaient. Pas de réponse. J’ai réussi à me libérer mais je n’ai pas vu le grand policier derrière eux – il s’avérera être Haut-Valaisan comme moi – qui m’a violement plaquée contre le véhicule, m’a mis les bras derrière mon dos et m’a mis des menottes bien serrées. Je lui ai demandé pourquoi il me menottait. Toujours aucune réponse. J’ai été conduite en panier à salade jusqu’à Neufeld, le centre d’attente et de détention. J'ai été enfermée dans une cellule, toujours sans aucune information sur les raisons de mon arrestation. Deux heures plus tard, les policiers m’ont amenée dans une petite salle où me furent enfin décrits mes délits: violence contre les policiers, participation à une manifestation non-autorisée, non-respect de la loi covid-19 qui interdit le rassemblement de plus de 15 personnes, non-port du masque. J’ai tout démenti, expliquant être venue par curiosité journalistique, puis comment un policier m’avait violement poussée à trois reprises. 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Des femmes ont été traînées sur le sol et menottées dans le dos.</p> <p>Ces différents traitements des manifestations autorisées ou non sont arbitraires et soulignent par excellence l’expression «deux poids, deux mesures». Dans un monde où le droit international protège les manifestations pacifiques, quelle sont donc les règles en Suisse? La Suisse est-elle partiale, envoyant des centaines de policiers anti-émeute contre certains manifestants et pas contre d’autres?</p> <p>Quand les citoyens de ce pays n’ont plus le droit d’exprimer pacifiquement leurs opinons, quand leur présence inoffensive sur tel ou tel lieu est jugée suspecte, quand des bannissements de la ville sont décrétés pour 48 heures (comme au Moyen <em>Â</em>ge lorsque l’on repoussait les indésirables hors des murs!), alors on peut sans se tromper dire que l’Etat tombe dans l’arbitraire.</p> <hr /> <p><strong><em>*Noms connus de la rédaction</em></strong></p> <hr /> <p><strong>(1)</strong> Extrait des lois de la police cantonale bernoise concernant l’interdiction d’accès à la ville :</p> <p><strong><em>7.2.6</em></strong><strong><em> Renvoi et interdiction d'accès </em></strong></p> <p><em>Art.</em><em> 83 </em></p> <p><em>En général</em><em><br />1. Conditions et contenu </em></p> <p><em>1 </em><em>La Police cantonale peut renvoyer temporairement une ou plusieurs personnes d'un lieu ou leur en interdire l'accès si</em></p> <table> <tbody> <tr> <td> <p><em>a </em></p> </td> <td> <p><em>la sécurité et l'ordre public sont troublés ou menacés, en particulier en raison d'un attroupement; </em></p> </td> </tr> </tbody> </table> <p><em> </em></p> <table> <tbody> <tr> <td> <p><em>b </em></p> </td> <td> <p><em>des tiers sont considérablement importunés ou mis en danger; </em></p> </td> </tr> </tbody> </table> <p><em> </em></p> <table> <tbody> <tr> <td> <p><em>c </em></p> </td> <td> <p><em>ces personnes entravent, troublent ou menacent des interventions visant au rétablissement de la sécurité et de l'ordre public ou des actions de sauvetage, menées en particulier par les forces de police, les sapeurs-pompiers et les services de sauvetage; </em></p> </td> </tr> </tbody> </table> <p><em> </em></p> <table> <tbody> <tr> <td> <p><em>d </em></p> </td> <td> <p><em>elles empêchent ou gênent la Police cantonale dans l'application d'ordonnances exécutoires ou qu'elles s'ingèrent dans son action; 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Cette faille permettait ainsi de surdoser les substances injectées aux patients, de manipuler les valeurs du moniteur (tension, rythme cardiaque, ...) et de désactiver l'alarme. Ce qui aurait pu entraîner la mort d’un ou plusieurs patients.</p> <p>Cela donne des frissons, on se croirait dans un film de science-fiction.</p> <p>Selon <a href="https://resources.checkpoint.com/report/2023-check-point-cyber-security-report" target="_blank" rel="noopener">le rapport de sécurité 2023 de Check Point Software Technologies</a>, les cyber-attaques ont augmenté de 38% dans le monde en 2022 par rapport à l'année précédente, et les attaques contre le secteur de la santé ont même augmenté de 74%. La professionnalisation des cybercriminels et leur absence de scrupules de plus en plus flagrante les mènent à exercer des formes de chantages qui sont l’un des principaux défis d’avenir en matière de cybersécurité.</p> <p>M. 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Ce scandale a montré comment des hommes d'affaires sans scrupules développent des cyberarmes et les vendent à presque tous les Etats prêts à payer, qu'il s'agisse de démocraties ou d'Etats de non-droit. Le logiciel malveillant développé par le groupe israélien NSO a également permis d'espionner des opposants politiques, des journalistes et des militants des droits de l'homme. Une <a href="https://www.nzz.ch/technologie/pegasus-die-schweiz-hat-umstrittene-spionagesoftware-eingesetzt-ld.1640310" target="_blank" rel="noopener">enquête menée par des journalistes de la <em>NZZ</em></a> a finalement révélé que le gouvernement Suisse utilisait Pegasus ainsi que d'autres logiciels espions depuis 2017.</p> <p>Et qu’a dit le gouvernement Suisse? La cheffe du DDPS Viola Amherd est restée discrète sur la question de savoir si le logiciel Pegasus ou un produit similaire avait été utilisé par la Confédération. Sans citer de noms, elle a simplement avancé que pour préserver la sécurité intérieure et extérieure de la Suisse, «dans des cas justifiés, des possibilités d'intrusion dans des systèmes informatiques, y compris des téléphones portables» pouvaient avoir lieu.</p> <p>Et voilà que début octobre, un autre scandale de malware d'espionnage est révélé. Le 5 octobre, les journaux français <em>Mediapart</em>, l’allemand <em>Der</em> <em>Spiegel</em> et en Suisse la <em>WOZ</em> ont publié les «Predator Files». Ont également participé Amnesty International et d'autres organisations. Ils dévoilent un réseau d'entreprises opaques, issu d'un consortium appelé Intellexa Alliance qui a commercialisé le logiciel espion dans le monde entier. Encore un logiciel espion qui s’introduit dans les smartphones à la suite de failles de sécurité dans les systèmes d'exploitation ou par des liens suspects dans les logiciels populaires. 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En outre, la <em>WOZ</em> affirme qu'il n'est pas possible d'établir clairement quel logiciel de surveillance est utilisé par les autorités suisses elles-mêmes. En réponse à une demande basée sur la loi sur la transparence (LTrans), l'Office fédéral de la police (Fedpol), le SRC ainsi que l'autorité d'acquisition d'armement Armasuisse auraient refusé de communiquer toute information, en invoquant la sécurité intérieure et extérieure de la Suisse.</p> <p>La conclusion d’Amnesty International par sa secrétaire générale Agnès Callamard est un coup de tonnerre: «Intellexa dit être “une entreprise réglementée et basée dans l’UE”, ce qui en soi montre que les Etats membres et les institutions de l’UE ont échoué à empêcher le déploiement débridé de ces produits de surveillance, malgré des enquêtes telles que celle qui a porté sur le projet Pegasus en 2021. 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VOS RÉACTIONS SUR LE SUJET
10 Commentaires
@Ricci 26.03.2021 | 11h09
«Chez nous c'est pas comme en Amérique, la police est?!...
Ça commence à me faire soucis, nous sommes en démocratie, assez vieille mais commence à être malmenée.
Bon weekend à vous.
Riccardo»
@Fabien77 26.03.2021 | 12h53
«Merci pour votre impressionnant compte rendu.
Une fois de plus, ce ne sont que les médias alternatifs comme BPLT qui peuvent se permettre de montrer les disproportions que prend la gestion de cette crise. Où sont nos représentants politiques? Que disent-ils face à cet usage totalement disproportionné de la force?
»
@Rintintin 26.03.2021 | 17h54
«ça fait peur....vraiment ! »
@willoft 28.03.2021 | 03h14
«Bravo, Bon la tête pour votre meilleure charte graphique.
Bon Berne n'est que la quintessence féférale, no?»
@willoft 28.03.2021 | 03h32
«Si vous voulez et si ça peut aider à votre média, je vous envoie volontiers une clé USB avec mes créations que vous userez, comme bon vous semble.
L'argent ne m'a jamais intéressé, mais les idées, si :)»
@XG 28.03.2021 | 05h48
«C’est effarant. Cette crise a pris depuis le début des proportions exagérées. Mais à mon avis, les mesures sanitaires ont le soutien d’une énorme majorité de la population, car la plupart des gens ont peur de mourir et les médias bien pensants se sont très bien chargé d’effrayer la population. Ce virus va peut être arriver à tuer la démocratie. »
@mapu 28.03.2021 | 14h17
«Madame,
Dans la situation difficile que nous connaissons, il me semble que votre journal devrait essayer de garder une position plus neutre, et ne pas attiser des réactions certainement compréhensibles, mais qui n'apportent pas de solutions aux problèmes actuels.
Bien sur, je comprend votre colère et votre déception d'avoir vécu ce moment difficile, immérité. Cependant, si la majorité de la population ne partage pas votre point de vue, je pense qu'elle garde un petit capital de patience, et sait que les choix , si délicats, pris pour ralentir la propagation du virus, ne devraient pas durer... Mapu»
@Philemon 28.03.2021 | 17h19
«Je pourrais vous envoyer un commentaire de dégoût relativement à ce que vous décrivez, mais à quoi cela servirait? Je préfère plutôt m'annoncer volontaire pour participer à un fonds d'entraide si vous décidez de mener cette affaire devant les tribunaux. Je pense en effet qu'aujourd'hui, il faut passer par la voie légale pour dénoncer ces abus qui ne peuvent plus durer. N'hésitez pas à lancer un appel si vous pensez que cela en vaut la peine. Je serai de celles et ceux qui y répondront favorablement.»
@Eggi 30.03.2021 | 19h31
«Aucune liberté n'est absolue, madame la présidente de l'association BPLT, et les dispositions légales internationales et nationales le mentionnent toutes, mais "on" oublie systématiquement d'en parler. Contrairement à ce que vous affirmez, madame la présidente, lorsqu'une manifestation est interdite, les manifestant(e)s sont dans l'illégalité. Il leur est loisible d'ailleurs de contester, devant l'autorité judiciaire, la légalité de l'interdiction... C'est ça, l'Etat de droit!»
@Fabien77 31.03.2021 | 11h37
«@Eggi
C’est dans l’absolutisme que des valeurs ou des droits comme la liberté perdent leur caractère universel ou sont même bafoués.
L’histoire l’a démontré à maintes reprises.
Un rafraîchissement de mémoire ne peut pas faire de mal en ce moment : article premier de la déclaration universelle des droits de l’homme.
« Tous les êtres humains naissent libres et égaux en dignité et en droits. Ils sont doués de raison et de conscience et doivent agir les uns envers les autres dans un esprit de fraternité. »
»