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A vif / Moins de sexe au cinéma: et si c’était une bonne nouvelle?


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Aujourd’hui, près de 46% des longs-métrages ne comportent aucun contenu sexuel contre 18% il y a 24 ans, et près de la moitié des 13-24 ans estime que le sexe n’est pas nécessaire dans les films. Et si, plutôt que de déplorer une victoire des nouveaux et des anciens moralismes, les libertins et les libertines se réjouissaient d’une fantastique opportunité?



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On ne le répétera jamais assez: le sexe, ça va, ça vient. Il y a des périodes fastes, quand on en parle et quand on le pratique un peu plus joyeusement. Et il y a des périodes de replis, quand la morale se déploie et voile pudiquement la sexualité. Mais quelles que soient les périodes, le sexe reste soumis à la culture et aux habitus, et le concept de liberté ou de libération sexuelle est souvent flou.

Le cinéma, comme les tenues à la plage, fait partie des indices qui permettent plus ou moins de savoir où on en est. Aujourd’hui, une étude commandée par The Economist révèle que «les scènes de sexe ont diminué de 40% depuis 2000. Les 250 plus grands succès cinématographiques du nouveau millénaire ont été examinés et comparés. On trouve aujourd’hui près de 46% de longs-métrages ne comportant aucun contenu sexuel, contre 18% il y a 24 ans», explique la RTBF. De son côté, DHnet annonce «Une étude menée par l’université UCLA, intitulée Teens&Screens, apportait un début d’explication à ce phénomène. Près de la moitié (47,5%) des 13-24 ans estime en effet que le sexe n’est pas nécessaire dans les films. Et 39% réclament même des relations dénuées de toute attirance sexuelle.»

Une libération sexuelle limitée

Celles et ceux qui ont connu les années soixante et septante en Occident pourraient se désoler de ce constat. Ils et elles ont vécu leur sexualité plus librement que leurs parents et que leurs grands-parents. C’est ce qu’ils et elles croient en tout cas. Cette «libération» a surtout eu lieu dans les classes moyennes et chez les plus ou moins intellectuels. Pour les autres, le sexe est souvent resté cantonné dans la chambre à coucher et au sein d’un modèle conjugal prônant la fidélité. Surtout, la sexualité est restée dominée – comme tout le reste – par des règles masculines et économiques.

Comment, alors, comprendre la diminution des scènes de sexe dans le cinéma? Deux mouvements contradictoires sont à l’œuvre aujourd’hui en Occident. D’une part le retour d’une morale contraignante pour la sexualité, un retour opéré au nom d’un péril: la disparition d’une ou l’autre forme de civilisation. Les religieux du monde entier – chrétiens, musulmans, hindous, bouddhistes, etc. – sont d’accords sur ce point: la sexualité doit être contrôlée, sinon les gens deviennent trop libres d’esprit. D’autre part, un mouvement «no sex» se développe dans la jeunesse, en partie dû à l’abus commercial de la pornographie, aux performances suggérées et souvent inatteignables, à un malaise quant aux processus de domination par la sexualité. Cela dit, le cinéma de modèle hollywoodien – c’est-à-dire commercial – est avant tout soumis aux lois du marché; c’est une industrie, et comme toutes les industries – y compris celle du sexe –, elle n’a d’autre but que de générer des profits et donc de plaire au plus grand nombre, en l'occurrence autant aux moralisateurs qu'aux abstinents sexuels.  

Du pain et des jeux

Il y a donc moins de sexe au cinéma. Et si c’était une bonne nouvelle? Pas d’un point de vue moral, vous vous en doutez. Mais si l’on considère le cinéma commercial comme un exutoire – panem e circenses, comme disaient les Romains –, comme une représentation nous éloignant de ce qui était directement vécu, on peut espérer que, ne pouvant plus nous exciter sur des scènes de sexe (sur)jouées, nous nous décidions à explorer «pour de vrai» les multiples agencements sexuels possibles.  

C’est un rêve étrange et pénétrant – également pénétré – que je fais: lors des repas entre amis, plutôt que de parler des films que chacun et chacune a vu, des orgies sont organisées, les corps exultent, les esprit jubilent et de spectateurs, nous tous et toutes devenons acteurs.

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