Une caricature de Donald Trump et de la reine Elizabeth d'Angleterre, signé Dave Brown, dans le quotidien The Independent (juin 2019). © norbet1/Flickr
Patrick Charaudeau, Université Paris 13 – USPC
L’humour est un acte de transgression non négociable. C’est sa raison d’être. L’acte humoristique brise le miroir des conventions sociales, casse les jugements bien pensants, fait voler en éclats les stéréotypes identitaires. Ce qui fait que l’humour est, par définition, excessif.
Pour qu’il ait un impact, il doit frapper très fort, «un coup de poing dans la gueule», disaient les dessinateurs Loup et Cavanna, créateur d’Hara-Kiri et de Charlie-Hebdo. Face à l’arrogance des bien-pensants, il n’y a que l’outrance du bon ou mauvais dessin. Face à la dureté de la coque des idées reçues, il n’y a que le trait de la flèche pour la percer, ou le bazooka pour la faire éclater en morceaux, jusqu’à l’outrance.
L’humoriste doit donc pouvoir rire de tout, «de la guerre, de la misère et de la mort», comme le préconisait, à son époque, le regretté Pierre Desproges. Oui, mais, lui-même, à l’autre question qu’il se posait, lors du Tribunal des flagrants délires, à savoir: «Peut-on rire avec tout le monde?», il répondait: «C’est dur!». En précisant qu’il peut difficilement rire en compagnie d’un «stalinien pratiquant», d’un «terroriste hystérique», ou d’un «militant d’extrême droite».
Voilà donc le dilemme: ou rire de tout, mais avec un public sélectionné; ou sélectionner ses sujets pour plaire à tout le monde, et ne vexer personne.
Une affaire d’interprétation
Le dessin de presse se trouve dans une situation ambivalente: pour une part, il est sans conteste un acte humoristique, de par le trait caricatural et la mise en scène insolite d’une situation; mais, pour une autre part, il participe des commentaires que l’on peut faire sur les événements de l’actualité politique et sociale. Autrement dit, il est à la fois un acte pour rire et un acte sérieux d’information, car jouerait-il sur le paradoxe ou l’absurde, il propose une interprétation qui après tout mérite réflexion. Tout est donc affaire d’interprétation.
Or, c’est là que se présente le piège. Comme pour tout acte de langage, qu’il soit oral ou écrit, celui qui interprète le fait en y projetant ce qu’il est avec ses propres idées, ses propres sentiments, sa propre sensibilité, en fonction de ce qu’il a à défendre; autrement dit, en toute subjectivité. Et pourtant, il croit que son interprétation est la seule possible.
Le dessin de presse n’échappe pas à la pluralité des interprétations. Il se joue dans un rapport triangulaire entre un dessinateur qui raconte, une cible objet de sa mise en dessein, un lecteur qui interprète et juge. Il faut alors se poser la triple question de «qui dessine?», «quelle cible?», «qui juge?».
Qui dessine?
Est-ce la personne en tant qu’individu avec sa psychologie, ses déterminations sociales et ses valeurs, ou le personnage-dessinateur, celui qui transparaît dans son dessin, et raconte une histoire qui correspond à sa vision critique du monde? Et donc à qui doit-on imputer l’intention critique, à l’auteur ou au dessinateur-conteur? Qui est antisémite, raciste, sexiste, la personne ou le personnage qui livre un dessin?
Dans le chapitre «Peut-on rire des Juifs» de son dernier ouvrage, Peut-on rire de tout? (J.C. Lattès, 2013), Geluck, le créateur du Chat, présente un dialogue (inventé ou réel) avec un ami juif qui lui dit:
«[Le] type qui dit que les juifs ont des grands nez et des gros yeux, eh bien, ce type c’est un antisémite».
A quoi, Geluck répond:
«[En] le regardant droit dans ses gros yeux situés à la base de son énorme nez: 'toi-même, on ne peut pas dire que tu aies un physique neutre'.»
Et l’ami, juif, de s’exclamer:
«Mais toi, tu peux. Je sais que tu es insoupçonnable!»
Voilà, c’est toute la question: «Être ou ne pas être insoupçonnable.»
La cible
La cible peut être une personne touchée à travers une de ses caractéristiques psychologique, physique ou morale. On peut aussi l’atteindre en touchant son appartenance à un groupe ethnique, religieux, politique, à moins que ce soit son appartenance sexuelle, et dans tous les cas, c’est alors qu’apparaissent les stéréotypes qui s’attachent à ces catégories.
Mais la cible peut être aussi une idée, un système de pensée: une religion, une idéologie politique, des valeurs sociales, et c’est alors qu’apparaissent les tabous et autres valeurs sacrés qui sont objet de moqueries.
Il s’agit donc de percevoir dans chaque acte humoristique: qui l’on touche et de quel point de vue. Et c’est là qu’intervient l’acte d’interprétation qui dépend de «qui juge».
Qui juge?
Est-ce la personne qui se considère victime qui se sent outragée et exige réparation? Sont-ce les représentants des cibles (associations diverses de défense des communautés ethniques ou religieuses) qui s’érigent alors en censeurs et engagent des procès. Sont-ce les juges qui doivent interpréter le caractère éventuellement délictueux du dessin et sanctionner au regard de la jurisprudence?
Question importante car juger révèle le positionnement de celui qui juge, en fonction de ce qu’il juge: juge-t-il le dessin ou la personne? Celle-ci est-elle, comme on l’a dit, soupçonnable ou insoupçonnable? Antonio Antunes, l’auteur du dessin incriminé, paru dans la New York Times, se défend d’être antisémite. Ira-t-on le confondre avec son dessin? C’est le syndrome de Céline.
Et puis, qu’est-ce qui est interprété? Est-ce que ceux qui se sont sentis offensés par le dessin de Mahomet se plaignant qu’il est «aimé par des cons» ont bien perçu que la cible n’était pas Mahomet ni les musulmans, mais seulement les intégristes qui sont ici qualifiés, à juste titre, de «cons»?
Le dessin d’Antonio Antunes représentant Donald Trump portant des lunettes noires, tel un aveugle, tenant en laisse un chien basset sous les traits du premier ministre israélien Benyamin Nétanyahou, est-il antisémite? Le président des États-Unis porte une kippa? Oui, mais lui-même se coiffa d’une kippa lorsqu’il se rendit à Jérusalem: signe religieux, mais aussi signe politique d’allégeance. L’étoile de David au collier du chien? Symbole sacré de religion, mais aussi symbole politique puisqu’il se trouve dans le drapeau israélien. La laisse qui unit les deux personnages? Elle peut être interprétée dans deux sens: c’est Nétanyahou qui guide Trump, l’aveugle, qui ne se rend compte de rien; c’est Trump qui apporte son soutien à Nétanyahou.
Pour une éthique de conviction et de responsabilité
Il se peut que le dessin ne soit pas une réussite, comme le disent certains dessinateurs. Mais en tout état de cause, on voit que ce n’est pas la religion qui est ici la cible de ce dessin, ni même les Juifs, mais les personnalités politiques de Trump et Nétanyahou dont est critiquée la collusion et complicité politique.
Aux termes de la jurisprudence concernant les actes humoristiques, il est dit que
«Le message humoristique, aussi 'choquan'” soit-il, ne doit pas chercher à nuire, de sorte qu’il dégénère 'dans l’insulte ou la calomnie'.»
Or, dans ce cas, ce qui peut être incriminé est la représentation des personnes, et donc, si elles se sentent insultées, calomniées, elles peuvent instruire un procès, mais ce ne peut être au titre d’une diffamation visant une religion ou une appartenance ethnique. Il s’agit d’un dessin de critique politique.
Il est dommage que le New York Times ait décidé de supprimer toute caricature politique de ses éditions. Il perd la possibilité de commenter les événements du monde en en montrant une face cachée qui suscite toujours réflexion.
Il est à espérer qu’en France, pays de Voltaire et de Daumier, on puisse en appeler à l’intelligence des humoristes, des supports de médiatisation et de ceux qui jugent, pour que l’on continue à voir circuler dans l’espace public cette salutaire liberté d’expression. Il y va, à la fois, d’une éthique de conviction et de responsabilité.
Patrick Charaudeau, Professeur émérite en Sciences du langage, chercheur au Laboratoire de communication politique (CNRS), Université Paris 13 – USPC
Cet article est republié à partir de The Conversation sous licence Creative Commons. Lire l’article original.
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Sont-ce les juges qui doivent interpréter le caractère éventuellement délictueux du dessin et sanctionner au regard de la jurisprudence?</p> <p>Question importante car juger révèle le positionnement de celui qui juge, en fonction de ce qu’il juge: juge-t-il le dessin ou la personne? Celle-ci est-elle, comme on l’a dit, soupçonnable ou insoupçonnable? Antonio Antunes, l’auteur du dessin incriminé, paru dans la <em>New York Times</em>, <a href="https://www.liberation.fr/planete/2019/06/21/caricature-dans-le-new-york-times-je-sais-pourquoi-j-ai-fait-ce-cartoon-je-ne-culpabilise-pas_1735471">se défend d’être antisémite</a>. Ira-t-on le confondre avec son dessin? 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Lattès, 2013), Geluck, le créateur du Chat, présente un dialogue (inventé ou réel) avec un ami juif qui lui dit:</p> <blockquote> <p>«[Le] type qui dit que les juifs ont des grands nez et des gros yeux, eh bien, ce type c’est un antisémite».</p> </blockquote> <p>A quoi, Geluck répond:</p> <blockquote> <p>«[En] le regardant droit dans ses gros yeux situés à la base de son énorme nez: 'toi-même, on ne peut pas dire que tu aies un physique neutre'.»</p> </blockquote> <p>Et l’ami, juif, de s’exclamer:</p> <blockquote> <p>«Mais toi, tu peux. Je sais que tu es insoupçonnable!»</p> </blockquote> <p>Voilà, c’est toute la question: «Être ou ne pas être insoupçonnable.»</p> <h3>La cible</h3> <p>La cible peut être une personne touchée à travers une de ses caractéristiques psychologique, physique ou morale. 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Sont-ce les juges qui doivent interpréter le caractère éventuellement délictueux du dessin et sanctionner au regard de la jurisprudence?</p> <p>Question importante car juger révèle le positionnement de celui qui juge, en fonction de ce qu’il juge: juge-t-il le dessin ou la personne? Celle-ci est-elle, comme on l’a dit, soupçonnable ou insoupçonnable? Antonio Antunes, l’auteur du dessin incriminé, paru dans la <em>New York Times</em>, <a href="https://www.liberation.fr/planete/2019/06/21/caricature-dans-le-new-york-times-je-sais-pourquoi-j-ai-fait-ce-cartoon-je-ne-culpabilise-pas_1735471">se défend d’être antisémite</a>. Ira-t-on le confondre avec son dessin? C’est le syndrome de Céline.</p> <figure style="text-align: center;"><img src="https://images.theconversation.com/files/281756/original/file-20190628-94688-1d1fq36.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=237&fit=clip" alt="" /> <figcaption><span>La célèbre Une de <em>Charlie Hebdo</em>.</span> <span><a href="https://www.flickr.com/photos/elisaphi/16035678938">Philippe Roos/Flickr</a>, <a href="http://creativecommons.org/licenses/by-sa/4.0/">CC BY-SA</a></span></figcaption> </figure> <p>Et puis, qu’est-ce qui est interprété? Est-ce que ceux qui se sont sentis offensés par le dessin de Mahomet se plaignant qu’il est «aimé par des cons» ont bien perçu que la cible n’était pas Mahomet ni les musulmans, mais seulement les intégristes qui sont ici qualifiés, à juste titre, de «cons»?</p> <p>Le dessin d’Antonio Antunes représentant Donald Trump portant des lunettes noires, tel un aveugle, tenant en laisse un chien basset sous les traits du premier ministre israélien Benyamin Nétanyahou, est-il antisémite? Le président des États-Unis porte une kippa? Oui, mais lui-même se coiffa d’une kippa lorsqu’il se rendit à Jérusalem: signe religieux, mais aussi signe politique d’allégeance. L’étoile de David au collier du chien? Symbole sacré de religion, mais aussi symbole politique puisqu’il se trouve dans le drapeau israélien. La laisse qui unit les deux personnages? Elle peut être interprétée dans deux sens: c’est Nétanyahou qui guide Trump, l’aveugle, qui ne se rend compte de rien; c’est Trump qui apporte son soutien à Nétanyahou.</p> <h3>Pour une éthique de conviction et de responsabilité</h3> <p>Il se peut que le dessin ne soit pas une réussite, comme le disent certains dessinateurs. Mais en tout état de cause, on voit que ce n’est pas la religion qui est ici la cible de ce dessin, ni même les Juifs, mais les personnalités politiques de Trump et Nétanyahou dont est critiquée la collusion et complicité politique.</p> <p>Aux termes de la jurisprudence concernant les actes humoristiques, <a href="https://www.cairn.info/revue-legicom-2015-1-page-17.htm?contenu=resume">il est dit que</a></p> <blockquote> <p>«Le message humoristique, aussi 'choquan'” soit-il, ne doit pas chercher à nuire, de sorte qu’il dégénère 'dans l’insulte ou la calomnie'.»</p> </blockquote> <p>Or, dans ce cas, ce qui peut être incriminé est la représentation des personnes, et donc, si elles se sentent insultées, calomniées, elles peuvent instruire un procès, mais ce ne peut être au titre d’une diffamation visant une religion ou une appartenance ethnique. Il s’agit d’un dessin de critique politique.</p> <figure><iframe frameborder="0" height="260" src="https://www.youtube.com/embed/MNKNzwueQ0w?wmode=transparent&start=0" width="440"></iframe></figure> <p>Il est dommage que le <em>New York Times</em> ait décidé de supprimer toute caricature politique de ses éditions. Il perd la possibilité de commenter les événements du monde en en montrant une face cachée qui suscite toujours réflexion.</p> <p>Il est à espérer qu’en France, pays de Voltaire et de Daumier, on puisse en appeler à l’intelligence des humoristes, des supports de médiatisation et de ceux qui jugent, pour que l’on continue à voir circuler dans l’espace public cette salutaire liberté d’expression. Il y va, à la fois, d’une éthique de conviction et de responsabilité.</p> <hr /> <p><img src="https://counter.theconversation.com/content/119545/count.gif?distributor=republish-lightbox-basic" alt="The Conversation" width="1" height="1" /></p> <h4><span><a href="https://theconversation.com/profiles/patrick-charaudeau-225036">Patrick Charaudeau</a>, Professeur émérite en Sciences du langage, chercheur au Laboratoire de communication politique (CNRS), <em><a href="http://theconversation.com/institutions/universite-paris-13-uspc-2200">Université Paris 13 – USPC</a></em></span></h4> <h4>Cet article est republié à partir de <a href="http://theconversation.com">The Conversation</a> sous licence Creative Commons. 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Par ce jugement, la CEDH semble vouloir enterrer toute démarche rationnelle appuyée sur des faits pour favoriser des croyances.</p> <p>Accrochées à un mouvement généralisé autour du climat, qui favorise la foi d’une construction sociale de la réalité, à l’instar de la «justice climatique», ces plaignantes semblent avoir banni de leur plaidoyer tout ce qui pourrait résister au contrôle humain de la météo du jour, sans égards aux résultats scientifiques et leurs immenses incertitudes concernant les climats futurs. Les plaignantes ont accusé en substance les autorités suisses de mener une politique climatique aux objectifs et aux mesures insuffisantes, «en violation de leur droit à la vie», arguant de la vulnérabilité des personnes âgées face aux effets des changements en cours, et en particulier aux vagues de chaleur. 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Sur la même période, l’espérance de vie à 65 ans, âge minimal de ces militantes, est passée de 18,4 à 22,5 années. Il ne semble pas que «le climat» ait eu des conséquences fâcheuses sur leur droit à la vie.</p> <p>En recoupant les données de l’OFS et de Météosuisse, on peut observer la nature cyclique du nombre de décès par semaine des personnes de plus de 65 ans en Suisse, de 2010 à 2024 (Figure).</p> <p><img src="https://media.bonpourlatete.com/default/w1200/1713434705_capturedcran2024041812.04.17.png" class="img-responsive img-fluid center " width="784" height="554" /></p> <p>La courbe noire pleine montre que les périodes hivernales restent les plus fatales, toutes causes confondues, pouvant parfois accroître la mortalité de 72% par rapport aux périodes estivales. Bien que les variabilités démographiques soient complexes à appréhender avec précision (comme les «effets moisson» ou les crises sanitaires telles la Covid-19), cette nature cyclique confirme simplement que «le froid tue».</p> <p>Pour s’en convaincre, s’affichent en gris sur la figure et à titre d’exemple, les températures <i>maximales </i>quotidiennes de la station de Neuchâtel montrant de larges amplitudes au cours de l’année. A partir du printemps 2020, la courbe des décès-toutes-causes subit les perturbations du Coronavirus et ses conséquences, rendant hasardeuse toute interprétation de détail. Mais la forte anti-corrélation entre décès et saisonnalité demeure. Nous supportons bien plus aisément les températures non-optimales chaudes que froides. Une étude récente<strong><sup>1</sup></strong> publiée dans <i>The Lancet</i> sur les excès de mortalité dans les villes européennes entre 2000 et 2019, dus cette fois uniquement aux températures non-optimales chaudes ou froides, confirme la tendance générale: entre 65 et 74 ans, le froid tue en Suisse 3 fois plus que le chaud, entre 75 et 84 ans, 6 fois plus, et au-dessus de 85 ans, 7,6 fois davantage. Dans une autre étude du <i>Lancet</i><strong><sup>2</sup></strong> sur les températures non-optimales entre 2000 et 2019 au niveau mondial, le constat est identique: le taux mondial de surmortalité liée au froid a baissé de 0,5% alors que celui lié à la chaleur aurait augmenté de 0,2%, conduisant à une réduction nette du ratio mondial des décès liés aux températures extrêmes. Mais ces pourcentages ne touchent pas le même nombre de personnes, bien plus nombreuses à décéder durant les hivers, ce qui amplifie davantage le bénéfice d’un réchauffement climatique. Ces militantes du climat semblent donc avoir convaincu la CEDH de porter la justice dans un monde fantasmé, où seules les températures excessivement chaudes président à la destinée des femmes, en invitant la Suisse à rejeter la réalité des faits.</p> <p>Pourtant, dans le monde réel, faut-il le rappeler, l’espérance de vie des Suissesses n’a cessé d’augmenter, et ce malgré le «dérèglement climatique», et grâce, pour l’essentiel, aux énergies fossiles. De plus, les décès directement liés aux températures non-optimales s’amenuisent grâce en grande partie à des hivers plus cléments.</p> <p>Dans le monde réel, un pays riche comme la Suisse permet à sa population de s’adapter aisément aux inconforts météorologiques (chauffage ou climatisation, isolations, facilité d’accès aux soins, énergie toujours disponible, etc.). A cela peut s’ajouter une topographie bienveillante durant les étés avec de nombreux lacs et rivières, et une fraicheur montagnarde accessible.</p> <p>Dans le monde réel, la Suisse a diminué de près de 40% ses émissions de CO<sub>2</sub> par habitant depuis 1980 et 91% de sa production électrique est bas-carbone. 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Elles séjournent dans un univers peuplé d’illusions où seules les impressions du sujet construisent son milieu, où les slogans inconsistants balaient les données factuelles, où la Suisse parviendrait par sa «politique climatique» à influencer la régulation des climats de la Terre. Oui, la CEDH a bien approuvé la guerre contre la réalité menée par le climatisme, nouvelle religion de certaines classes aisées des pays les plus riches.</p> <hr /> <h4><sup>1</sup>Masselot et al. (2023) <i>Lancet Planet Health</i>, vol. 7, e-271-281</h4> <h4><sup>2</sup>Zhao et al. (2021) <i>Lancet Planet Health</i>, vol. 5, e415-425</h4>', 'content_edition' => '', 'slug' => 'la-cour-europeenne-des-droits-de-l-homme-cedh-aurait-elle-engage-une-guerre-contre-le-monde-des-realites', 'headline' => null, 'homepage' => null, 'like' => (int) 20, 'editor' => null, 'index_order' => (int) 1, 'homepage_order' => (int) 1, 'original_url' => '', 'podcast' => false, 'tagline' => null, 'poster' => null, 'category_id' => (int) 8, 'person_id' => (int) 85, 'post_type_id' => (int) 1, 'post_type' => object(App\Model\Entity\PostType) {}, 'comments' => [ [maximum depth reached] ], 'tags' => [ [maximum depth reached] ], 'locations' => [[maximum depth reached]], 'attachment_images' => [ [maximum depth reached] ], 'person' => object(App\Model\Entity\Person) {}, 'category' => object(App\Model\Entity\Category) {}, '[new]' => false, '[accessible]' => [ [maximum depth reached] ], '[dirty]' => [[maximum depth reached]], '[original]' => [[maximum depth reached]], '[virtual]' => [[maximum depth reached]], '[hasErrors]' => false, '[errors]' => [[maximum depth reached]], '[invalid]' => [[maximum depth reached]], '[repository]' => 'Posts' }, (int) 1 => object(App\Model\Entity\Post) { 'id' => (int) 4878, 'created' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'modified' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'publish_date' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'notified' => null, 'free' => false, 'status' => 'PUBLISHED', 'priority' => null, 'readed' => null, 'subhead' => null, 'title' => 'Cuba entre famine et abondance', 'subtitle' => 'La situation économique à Cuba est catastrophique. 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On assiste ici à une dangereuse érosion de l'esprit démocratique.</span></p> <p style="text-align: justify;"><o:p></o:p><span>La démocratie ne vit pas seulement d'une constitution fondée sur le principe de la majorité, les droits fondamentaux et les droits de l'homme et des règles de procédure équitables ; la démocratie vit aussi du fait que l'esprit de la constitution est déterminant et guide les acteurs politiques. Les principes démocratiques doivent primer sur l'idéologie et le programme des partis. Si cette attitude fondamentale fait défaut, la démocratie risque de devenir lettre morte.</span></p> <h3 style="text-align: justify;"><strong><span>Mauvais perdants</span></strong></h3> <p style="text-align: justify;"><o:p></o:p><span>Le fait que cette attitude fondamentale ne soit pas au mieux en Suisse se manifeste de plus en plus souvent, par exemple récemment après le "oui" à la 13e rente AVS. 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Car ici aussi, seul compte le fait de s'imposer - avec ou contre la démocratie et la constitution.</span></p> <p style="text-align: justify;"><o:p></o:p><span>La démocratie au cas par cas, en fonction de l'idéologie, des intérêts particuliers et des calculs de pouvoir ? Et ce à une époque où il serait plus que jamais nécessaire de défendre les valeurs et les principes démocratiques ? 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Si l’Allemagne et les autres membres de l’alliance nouent bien des partenariats avec des Etats du Pacifique, et conduisent des exercices militaires dans la zone, ce n’est pas à la hauteur de la «menace chinoise».</p> <p>La nature de cette menace? Elle n’est pas directement militaire mais plutôt économique. «Si Pékin était en mesure de bloquer les voies commerciales dans la mer de Chine méridionale, la circulation des marchandises en Europe serait en péril».</p> <p>Autre question qui n’était pas d’actualité il y a 75 ans: la contribution des Etats-Unis. Le <a href="https://www.telegraph.co.uk/opinion/2024/04/03/europe-must-step-up-to-keep-the-us-in-nato/" target="_blank" rel="noopener"><em>Daily Telegraph</em></a> regrette que l’Europe ne fasse aucun effort pour s’assurer que le plus grand contributeur de l’OTAN ne s’en détache pas. L’heure est grave, puisqu’on parle de «passer à la caisse». La menace qui plane sur l’avenir de l’organisation n’est pas seulement la perspective d’une réélection de Donald Trump et de la ligne isolationniste, c’est celle du mécontentement général des Etats-Unis qui «contribuent bien plus à la défense de l’Europe que le continent ne le fait lui-même... On aurait tort de penser que l’aide américaine coule de source.»</p> <p>Les dissensions internes sont toujours un péril sous-estimé, comme le confirme <a href="https://iq.lt/komentarai/issukiai-lietuvos-ateiciai-nato-ir-es/325771" target="_blank" rel="noopener">le mensuel lituanien </a><em><a href="https://iq.lt/komentarai/issukiai-lietuvos-ateiciai-nato-ir-es/325771" target="_blank" rel="noopener">IQ</a>. </em>Au cœur de la discorde, le droit de veto. 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