Actuel / La renaissance du nucléaire en période de crise climatique
Les «petits réacteurs modulaires» (SMR) sont de petits modules nucléaires d’une puissance de 20 à 300 mégawatts, qui seraient fabriqués en usine et seraient même «transportables» individuellement. © NuScale / DR
L’industrie nucléaire prépare – une fois de plus– sa renaissance. Pour cela: de petits réacteurs mobiles devront compléter les grandes centrales nucléaires. Discours d’«innovation» pour vendre cette aberration économico-écologique aux pays du sud.
Un article original de Heimo Claasen paru dans Infosperber
Une traduction de Diana-Alice Ramsauer
Des centaines de nouvelles centrales nucléaires seront construites au cours de la prochaine décennie, en particulier dans les pays du sud. D’ici 2035, on en comptera mille de plus, voire davantage. C’est ce que pense la société américaine NuScale – financée en partie par le gouvernement américain – qui travaille sur un projet de «petits réacteurs modulaires» (SMR pour Small Modual Reactors). Un produit annoncé comme futur best-seller en la matière. Les entreprises nucléaires russes et chinoises sont également sur le coup. Ils construisent même de «petites» centrales nucléaires sur des bateaux qui devraient être ancrés sur des îles isolées des océans du Sud et de l’Arctique.
Avec le changement climatique, l’industrie nucléaire voit à nouveau des opportunités. Le dernier rapport du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) lui donne des raisons d’espérer. Le GIEC estime en effet que l’énergie nucléaire serait nécessaire pour garantir l’approvisionnement de base mondial en électricité, si la quasi-totalité des centrales à charbon devaient être arrêtées d’ici 2050. L’abandon rapide du charbon est par ailleurs nécessaire pour réduire les émissions de gaz à effet de serre et limiter le réchauffement planétaire à moins de deux degrés, comme l’exige l’accord de Paris sur le climat de 2015.
La propagande du lobby nucléaire
Le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat souscrit donc à la stratégie susmentionnée en ce qui concerne quelques points précis, ce que la présidente de l’Association nucléaire mondiale (World Nuclear Association: WNA), Agneta Rising, ne manque pas de souligner: «Le rapport du GIEC met en évidence la qualité éprouvée de l’énergie nucléaire comme méthode très efficace pour réduire les gaz à effet de serre ainsi que pour assurer un approvisionnement sûr, fiable et adapté en électricité.»
C’est pourtant de la pure propagande. En effet, chacune des caractéristiques citées est fausse. Depuis des années, le groupe de recherche néerlandais autour de Storm/Smith travaille sur «l’efficacité» de l’énergie nucléaire et obtient des résultats lamentables:
Le rendement énergétique est d’au plus un sixième de la quantité d’énergie primaire théoriquement fournie. Cela signifie que l’efficacité de l’énergie nucléaire est inférieure à celle des centrales au charbon.
Efficacité économique: la disponibilité économique des mines d’uranium actuelles a déjà atteint ses limites. Quant aux gisements d’uranium provenant de l’eau de mer – en effet énormes – ils ne peuvent pourtant être exploités qu’à des coûts astronomiques.
Intensité en gaz à effet de serre: si l’on prend en compte l’ensemble du cycle, c’est-à-dire l’extraction minière, l’enrichissement et le retraitement des barres de combustible, le stockage des déchets et l’élimination des déchets nucléaires, le bilan énergétique et climatique tend à peine à être meilleur que celui du gaz naturel.
Cela n’a toutefois pas empêché l’association nucléaire mondiale (WNA) de diffuser un flot d’histoires à succès sur les projets de nouvelles centrales nucléaires. Et cela en particulier à l’approche de la Conférence des Nations Unies sur le climat de décembre 2018 à Katowice, en Pologne, où des lobbyistes nucléaires étaient représentés dans certaines des délégations nationales.
Du Moyen-Orient à l’Amérique du Sud: des projets nucléaires de haut vol
L’objectif est d’utiliser l’énergie atomique pour produire 25% de l’électricité mondiale d’ici 2050. La part nucléaire serait ainsi plus que doublée par rapport à aujourd’hui (11%). Si la demande d’électricité devait continuer de croître à l’échelle mondiale – comme cela est annoncé – le nucléaire augmenterait encore plus rapidement. Les prévisions sont en effet impressionnantes: si l’on compte uniquement la région du Moyen-Orient, par ailleurs menacée par les crises et les tremblements de terre, l’Egypte et les pays du Golfe veulent mettre en place au moins 23 grandes centrales nucléaires d’au moins 1000 mégawatts (MW) chacune, dont quatre en Turquie. D’autres pays dans le Sud annoncent leurs ambitions en matière de centrales nucléaires:
En Asie: l’Arménie, le Kazakhstan, le Pakistan, l’Inde, le Bangladesh, la Malaisie, la Thaïlande, le Laos, le Vietnam, l’Indonésie et Taiwan;
En Afrique: le Maroc, l’Algérie, le Kenya et le Nigeria;
En Amérique du Sud: l’Argentine, le Brésil et le Chili.
Actuellement, 50 grands réacteurs sont en construction dans le monde (jusqu’à 1000 MW ou plus), dont seize en Chine, sept en Inde, cinq en Russie et quatre en Corée du Sud. A l’exception de l’Inde, ces pays sont également les instigateurs de projets dans d’autres pays du sud, où les entreprises nucléaires françaises et nord-américaines n’ont jusqu’à présent pu s’implanter que de façon modeste. En revanche, aux Etats-Unis, seules deux centrales nucléaires sont en construction, contre quatre en Europe.
Mini réacteurs et travail à la chaîne
Mais cela risque de changer, grâce aux merveilles des «petits réacteurs modulaires» (SMR). Il s’agit de petits modules d’une puissance de 20 à 300 mégawatts, qui seraient fabriqués en usine et seraient même «transportables» individuellement. En outre, ces petits réacteurs devraient pouvoir être reliés entre eux et ainsi être assemblés en grandes centrales nucléaires. L’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) dispose de 51 projets techniques à cet effet; la plupart d’entre eux proviennent d’entreprises américaines et canadiennes, dont les projets sont actuellement à l’étude au sein du groupe de travail SMR de cette même AIEA. L’Agence pour l’énergie atomique (AEN), qui regroupe l’industrie nucléaire des pays industrialisés occidentaux (OCDE), estimait que «105 à 425 unités SMR pourraient être produites entre 2020 et 2035.»
Avec le temps, les «petits modules» devraient devenir plus sûrs et plus efficaces que les grands réacteurs de 1000 mégawatts ou plus. Ces derniers ont d’ailleurs les désavantages de prendre du temps à la construction et de ne produire du courant qu’individuellement. Les modules SMR, quant à eux, pourraient être fabriqués de manière centralisée avec des pièces standard et ensuite transportés sur les sites de production d’électricité. Ils pourraient également être récupérés directement depuis ces sites par exemple pour la recharge de combustible nucléaire ou pour leur élimination en fin de vie.
«Une solution d’avenir» pour l’industrie nucléaire
L’impulsion pour le développement des petits réacteurs est venue de l’administration Obama qui a proposé une forte aide financière à partir de 2010: les SMR sont, pour les lobbys du nucléaire, des «game changers», ils pourraient en effet provoquer un changement de paradigme. Le Gouvernement Trump considère d’ailleurs cette invention comme une «solution d’avenir» pour l’industrie nucléaire. En septembre 2017, au sein d’un groupe de travail de l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA), la représentation de la Communauté européenne de l’énergie atomique (Euratom) a estimé que les mini réacteurs étaient «une perspective prometteuse».
La raison: les centrales nucléaires existantes dans les pays industrialisés et construites sous la direction des États-Unis, sont obsolètes et approchent de la fin de leur durée d’exploitation prévue. Leur âge moyen est de 38 ans aux États-Unis et de 33 ans dans l’UE. Depuis Tchernobyl et Fukushima, le remplacement ou la construction de grandes centrales nucléaires s’est heurté à une résistance de plus en plus vive de la population. Les «petites» centrales nucléaires modulaires arrivent à point nommé: parce qu’un accident maximal hypothétique comme à Tchernobyl ou à Fukushima serait ainsi exclu; parce qu’elles pourraient être construites différemment, fonctionner avec du combustible «neuf» et simplement être à nouveau évacuées; et surtout, parce qu’elles ne produiraient que «peu» de gaz à effet de serre.
L’énergie nucléaire, économiquement absurde
Les entreprises nucléaires russes et chinoises sont également en avance dans le développement de petits réacteurs. Deux d’entre eux sont en exploitation ou en construction sur des barges flottantes. Et, d’après la communication positive de l’association nucléaire mondiale, elles sont également bien accueillies sur place. Même le Malawi, un pays extrêmement pauvre, veut s’engager dans une «coopération nucléaire» avec les constructeurs nucléaires indiens, tandis que la Zambie, qui est à peine plus riche, veut coopérer avec la Russie.
Le premier «bateau centrale nucléaire» russe devrait pouvoir fournir les régions côtières isolées de l'Arctique. © DR / Rosatom South Asia/YouTube
Mais la principale pierre d’achoppement est, et demeure, la viabilité économique. L’énergie nucléaire est aujourd’hui beaucoup plus chère que l’électricité produite à partir de sources renouvelables. Seuls les États (encore) riches du Golfe peuvent se permettre de gros réacteurs. Même selon les calculs optimistes, l’électricité produite par les nouvelles centrales nucléaires miniatures serait jusqu’à trois fois plus chère par kilowattheure que l’électricité solaire ou éolienne. Malgré la décision de principe de l’Union africaine de «prendre en considération les centrales nucléaires» afin de remédier à la pénurie généralisée d’électricité en Afrique, la dernière phrase du rapport de «World Nuclear Industry Status Report» de l’expert critique Mycle Schneider est nuancée: de nombreux pays en développement manifestent leur intérêt, mais seuls quelques-uns seraient disposés à investir leur propre argent dans une centrale nucléaire.
Les États du sud sous pression
La pression politique sur les États du sud d’accepter cette l’énergie nucléaire insensée au niveau économique s’intensifie sous le faux slogan des «objectifs climatiques». Lors du sommet sur le climat de Katowice le 6 décembre 2018, la WNA a été autorisée à organiser son propre «événement». Et avec son message du Nouvel An au monde, le milliardaire de Microsoft, Bill Gates, a annoncé renverser la tendance climatique grâce à l’énergie nucléaire, car les nouvelles centrales «innovantes» seraient «idéales, adaptables, fiables et sûres». Un copier-coller à la Microsoft: cette nouvelle mode de l’«innovation» reprend, parfois littéralement, les slogans publicitaires des débuts de l’industrie nucléaire. Car déjà dans les années 50 et 60, les «petites» centrales nucléaires ont fait l’objet d’une publicité enthousiaste. Leurs spécimens, construits à des fins de démonstration, ont pourtant été des flops.
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Et cela en particulier à l’approche de la Conférence des Nations Unies sur le climat de décembre 2018 à Katowice, en Pologne, où des lobbyistes nucléaires étaient représentés dans certaines des délégations nationales. </p><h3>Du Moyen-Orient à l’Amérique du Sud: des projets nucléaires de haut vol </h3><p>L’objectif est d’utiliser l’énergie atomique pour produire 25% de l’électricité mondiale d’ici 2050. La part nucléaire serait ainsi plus que doublée par rapport à aujourd’hui (11%). Si la demande d’électricité devait continuer de croître à l’échelle mondiale – comme cela est annoncé – le nucléaire augmenterait encore plus rapidement. Les prévisions sont en effet impressionnantes: si l’on compte uniquement la région du Moyen-Orient, par ailleurs menacée par les crises et les tremblements de terre, l’Egypte et les pays du Golfe veulent mettre en place au moins 23 grandes centrales nucléaires d’au moins 1000 mégawatts (MW) chacune, dont quatre en Turquie. D’autres pays dans le Sud annoncent leurs ambitions en matière de centrales nucléaires: </p><ul><li><p> <strong>En Asie:</strong> l’Arménie, le Kazakhstan, le Pakistan, l’Inde, le Bangladesh, la Malaisie, la Thaïlande, le Laos, le Vietnam, l’Indonésie et Taiwan;</p></li><li><p> <strong>En Afrique:</strong> le Maroc, l’Algérie, le Kenya et le Nigeria;</p></li><li><p> <strong>En Amérique du Sud:</strong> l’Argentine, le Brésil et le Chili.</p></li></ul><p>Actuellement, 50 grands réacteurs sont en construction dans le monde (jusqu’à 1000 MW ou plus), dont seize en Chine, sept en Inde, cinq en Russie et quatre en Corée du Sud. A l’exception de l’Inde, ces pays sont également les instigateurs de projets dans d’autres pays du sud, où les entreprises nucléaires françaises et nord-américaines n’ont jusqu’à présent pu s’implanter que de façon modeste. En revanche, aux Etats-Unis, seules deux centrales nucléaires sont en construction, contre quatre en Europe.</p><h3>Mini réacteurs et travail à la chaîne </h3><p>Mais cela risque de changer, grâce aux merveilles des «petits réacteurs modulaires» (SMR). Il s’agit de petits modules d’une puissance de 20 à 300 mégawatts, qui seraient fabriqués en usine et seraient même «transportables» individuellement. En outre, ces petits réacteurs devraient pouvoir être reliés entre eux et ainsi être assemblés en grandes centrales nucléaires. <a href="https://www.iaea.org/fr">L’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA)</a> dispose de 51 projets techniques à cet effet; la plupart d’entre eux proviennent d’entreprises américaines et canadiennes, dont les projets sont actuellement à l’étude au sein du groupe de travail SMR de cette même AIEA. <a href="https://www.oecd-nea.org/general/about/index-fr.html">L’Agence pour l’énergie atomique (AEN)</a>, qui regroupe l’industrie nucléaire des pays industrialisés occidentaux (OCDE), estimait que «105 à 425 unités SMR pourraient être produites entre 2020 et 2035.»</p><p>Avec le temps, les «petits modules» devraient devenir plus sûrs et plus efficaces que les grands réacteurs de 1000 mégawatts ou plus. Ces derniers ont d’ailleurs les désavantages de prendre du temps à la construction et de ne produire du courant qu’individuellement. Les modules SMR, quant à eux, pourraient être fabriqués de manière centralisée avec des pièces standard et ensuite transportés sur les sites de production d’électricité. Ils pourraient également être récupérés directement depuis ces sites par exemple pour la recharge de combustible nucléaire ou pour leur élimination en fin de vie.</p><h3>«Une solution d’avenir» pour l’industrie nucléaire</h3><p>L’impulsion pour le développement des petits réacteurs est venue de l’administration Obama qui a proposé une forte aide financière à partir de 2010: les SMR sont, pour les lobbys du nucléaire, des «game changers», ils pourraient en effet provoquer un changement de paradigme. Le Gouvernement Trump considère d’ailleurs cette invention comme une «solution d’avenir» pour l’industrie nucléaire. En septembre 2017, au sein d’un groupe de travail de l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA), la représentation de la Communauté européenne de l’énergie atomique (Euratom) a estimé que les mini réacteurs étaient «une perspective prometteuse». </p><p>La raison: les centrales nucléaires existantes dans les pays industrialisés et construites sous la direction des États-Unis, sont obsolètes et approchent de la fin de leur durée d’exploitation prévue. Leur âge moyen est de 38 ans aux États-Unis et de 33 ans dans l’UE. Depuis Tchernobyl et Fukushima, le remplacement ou la construction de grandes centrales nucléaires s’est heurté à une résistance de plus en plus vive de la population. Les «petites» centrales nucléaires modulaires arrivent à point nommé: parce qu’un accident maximal hypothétique comme à Tchernobyl ou à Fukushima serait ainsi exclu; parce qu’elles pourraient être construites différemment, fonctionner avec du combustible «neuf» et simplement être à nouveau évacuées; et surtout, parce qu’elles ne produiraient que «peu» de gaz à effet de serre.</p><h3>L’énergie nucléaire, économiquement absurde</h3><p>Les entreprises nucléaires russes et chinoises sont également en avance dans le développement de petits réacteurs. Deux d’entre eux sont en exploitation ou en construction sur des barges flottantes. Et, d’après la communication positive de l’association nucléaire mondiale, elles sont également bien accueillies sur place. Même le Malawi, un pays extrêmement pauvre, veut s’engager dans une «coopération nucléaire» avec les constructeurs nucléaires indiens, tandis que la Zambie, qui est à peine plus riche, veut coopérer avec la Russie.</p><h4><img class="img-responsive " src="https://media.bonpourlatete.com/default/w900/1551868996_akw1.jpg" alt="">Le premier «bateau centrale nucléaire» russe devrait pouvoir fournir les régions côtières isolées de l'Arctique. © DR / Rosatom South Asia/YouTube<br></h4><p>Mais la principale pierre d’achoppement est, et demeure, la viabilité économique. L’énergie nucléaire est aujourd’hui beaucoup plus chère que l’électricité produite à partir de sources renouvelables. Seuls les États (encore) riches du Golfe peuvent se permettre de gros réacteurs. Même selon les calculs optimistes, l’électricité produite par les nouvelles centrales nucléaires miniatures serait jusqu’à trois fois plus chère par kilowattheure que l’électricité solaire ou éolienne. Malgré la décision de principe de l’Union africaine de «prendre en considération les centrales nucléaires» afin de remédier à la pénurie généralisée d’électricité en Afrique, la dernière phrase du rapport de «<a href="https://www.worldnuclearreport.org/">World Nuclear Industry Status Report</a>» de l’expert critique Mycle Schneider est nuancée: de nombreux pays en développement manifestent leur intérêt, mais seuls quelques-uns seraient disposés à investir leur propre argent dans une centrale nucléaire.</p><h3>Les États du sud sous pression</h3><p>La pression politique sur les États du sud d’accepter cette l’énergie nucléaire insensée au niveau économique s’intensifie sous le faux slogan des «objectifs climatiques». Lors du sommet sur le climat de Katowice le 6 décembre 2018, la WNA a été autorisée à organiser son propre «événement». Et avec son message du Nouvel An au monde, le milliardaire de Microsoft, Bill Gates, a annoncé renverser la tendance climatique grâce à l’énergie nucléaire, car les nouvelles centrales «innovantes» seraient «idéales, adaptables, fiables et sûres». Un copier-coller à la Microsoft: cette nouvelle mode de l’«innovation» reprend, parfois littéralement, les slogans publicitaires des débuts de l’industrie nucléaire. Car déjà dans les années 50 et 60, les «petites» centrales nucléaires ont fait l’objet d’une publicité enthousiaste. 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Par ce jugement, la CEDH semble vouloir enterrer toute démarche rationnelle appuyée sur des faits pour favoriser des croyances.</p> <p>Accrochées à un mouvement généralisé autour du climat, qui favorise la foi d’une construction sociale de la réalité, à l’instar de la «justice climatique», ces plaignantes semblent avoir banni de leur plaidoyer tout ce qui pourrait résister au contrôle humain de la météo du jour, sans égards aux résultats scientifiques et leurs immenses incertitudes concernant les climats futurs. Les plaignantes ont accusé en substance les autorités suisses de mener une politique climatique aux objectifs et aux mesures insuffisantes, «en violation de leur droit à la vie», arguant de la vulnérabilité des personnes âgées face aux effets des changements en cours, et en particulier aux vagues de chaleur. 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Bien que les variabilités démographiques soient complexes à appréhender avec précision (comme les «effets moisson» ou les crises sanitaires telles la Covid-19), cette nature cyclique confirme simplement que «le froid tue».</p> <p>Pour s’en convaincre, s’affichent en gris sur la figure et à titre d’exemple, les températures <i>maximales </i>quotidiennes de la station de Neuchâtel montrant de larges amplitudes au cours de l’année. A partir du printemps 2020, la courbe des décès-toutes-causes subit les perturbations du Coronavirus et ses conséquences, rendant hasardeuse toute interprétation de détail. Mais la forte anti-corrélation entre décès et saisonnalité demeure. Nous supportons bien plus aisément les températures non-optimales chaudes que froides. Une étude récente<strong><sup>1</sup></strong> publiée dans <i>The Lancet</i> sur les excès de mortalité dans les villes européennes entre 2000 et 2019, dus cette fois uniquement aux températures non-optimales chaudes ou froides, confirme la tendance générale: entre 65 et 74 ans, le froid tue en Suisse 3 fois plus que le chaud, entre 75 et 84 ans, 6 fois plus, et au-dessus de 85 ans, 7,6 fois davantage. Dans une autre étude du <i>Lancet</i><strong><sup>2</sup></strong> sur les températures non-optimales entre 2000 et 2019 au niveau mondial, le constat est identique: le taux mondial de surmortalité liée au froid a baissé de 0,5% alors que celui lié à la chaleur aurait augmenté de 0,2%, conduisant à une réduction nette du ratio mondial des décès liés aux températures extrêmes. Mais ces pourcentages ne touchent pas le même nombre de personnes, bien plus nombreuses à décéder durant les hivers, ce qui amplifie davantage le bénéfice d’un réchauffement climatique. 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A cela peut s’ajouter une topographie bienveillante durant les étés avec de nombreux lacs et rivières, et une fraicheur montagnarde accessible.</p> <p>Dans le monde réel, la Suisse a diminué de près de 40% ses émissions de CO<sub>2</sub> par habitant depuis 1980 et 91% de sa production électrique est bas-carbone. 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(2021) <i>Lancet Planet Health</i>, vol. 5, e415-425</h4>', 'content_edition' => '', 'slug' => 'la-cour-europeenne-des-droits-de-l-homme-cedh-aurait-elle-engage-une-guerre-contre-le-monde-des-realites', 'headline' => null, 'homepage' => null, 'like' => (int) 41, 'editor' => null, 'index_order' => (int) 1, 'homepage_order' => (int) 1, 'original_url' => '', 'podcast' => false, 'tagline' => null, 'poster' => null, 'category_id' => (int) 8, 'person_id' => (int) 85, 'post_type_id' => (int) 1, 'post_type' => object(App\Model\Entity\PostType) {}, 'comments' => [ [maximum depth reached] ], 'tags' => [ [maximum depth reached] ], 'locations' => [[maximum depth reached]], 'attachment_images' => [ [maximum depth reached] ], 'person' => object(App\Model\Entity\Person) {}, 'category' => object(App\Model\Entity\Category) {}, '[new]' => false, '[accessible]' => [ [maximum depth reached] ], '[dirty]' => [[maximum depth reached]], '[original]' => [[maximum depth reached]], '[virtual]' => [[maximum depth reached]], '[hasErrors]' => false, '[errors]' => [[maximum depth reached]], '[invalid]' => [[maximum depth reached]], '[repository]' => 'Posts' }, (int) 1 => object(App\Model\Entity\Post) { 'id' => (int) 4878, 'created' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'modified' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'publish_date' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'notified' => null, 'free' => false, 'status' => 'PUBLISHED', 'priority' => null, 'readed' => null, 'subhead' => null, 'title' => 'Cuba entre famine et abondance', 'subtitle' => 'La situation économique à Cuba est catastrophique. 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On assiste ici à une dangereuse érosion de l'esprit démocratique.</span></p> <p style="text-align: justify;"><o:p></o:p><span>La démocratie ne vit pas seulement d'une constitution fondée sur le principe de la majorité, les droits fondamentaux et les droits de l'homme et des règles de procédure équitables ; la démocratie vit aussi du fait que l'esprit de la constitution est déterminant et guide les acteurs politiques. Les principes démocratiques doivent primer sur l'idéologie et le programme des partis. Si cette attitude fondamentale fait défaut, la démocratie risque de devenir lettre morte.</span></p> <h3 style="text-align: justify;"><strong><span>Mauvais perdants</span></strong></h3> <p style="text-align: justify;"><o:p></o:p><span>Le fait que cette attitude fondamentale ne soit pas au mieux en Suisse se manifeste de plus en plus souvent, par exemple récemment après le "oui" à la 13e rente AVS. 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Le Tribunal fédéral n'est pas habilité à contrôler les lois fédérales. Le gardien suprême de la Constitution est le Parlement lui-même. Il est à la fois législateur et juge et peut, de fait, édicter des lois fédérales non conformes à la Constitution sans avoir à craindre de sanctions. Les membres du Conseil des États et du Conseil national portent donc une grande responsabilité et devraient d'autant plus être un exemple en matière de respect de la Constitution et d'esprit démocratique. Mais beaucoup ne le sont pas !</span></p> <p style="text-align: justify;"><o:p></o:p><span>Le fait que de nombreux représentants bourgeois du peuple se soient détournés de cette attitude fondamentale est probablement dû surtout à l'évolution politique des dernières décennies. Celle-ci est marquée par deux courants profonds : premièrement, une politique économique, fiscale, financière et sociale néolibérale prononcée et, deuxièmement, une radicalisation dans l'éventail des partis de droite avec un effet d'aspiration sur les partis bourgeois. Ces deux phénomènes ont affaibli la conscience de la nécessité du respect de la Constitution et de l'esprit démocratique.</span></p> <h3 style="text-align: justify;"><strong><span>Néolibéraux et droits de l'Homme</span></strong></h3> <p style="text-align: justify;"><o:p></o:p><span>Tout d'abord, le néolibéralisme : il a conduit à un déchaînement du pouvoir économique, avec pour conséquence que l'État démocratique est devenu le serviteur de groupes et de branches et que le lobbying s'est propagé jusque dans les ramifications les plus fines de la politique et de l'administration. 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Car ici aussi, seul compte le fait de s'imposer - avec ou contre la démocratie et la constitution.</span></p> <p style="text-align: justify;"><o:p></o:p><span>La démocratie au cas par cas, en fonction de l'idéologie, des intérêts particuliers et des calculs de pouvoir ? Et ce à une époque où il serait plus que jamais nécessaire de défendre les valeurs et les principes démocratiques ? 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VOS RÉACTIONS SUR LE SUJET
2 Commentaires
@stef 24.03.2019 | 15h18
«Toute "CO2 séduisante" soit-elle, l’energie nucléaire n’est pas viable à long terme. L’energie solaire, elle, l’est !»
@Dri 24.03.2019 | 18h49
«Je travaille dans le monde de l'énergie, et pourtant j'entends souvent dire que le nucléaire est "quasi-neutre" en CO2", limite comparable aux énergies renouvelables. A mon cela provient d'une doctrine, française notamment, dont on aurait tôt fait de se méfier. Merci donc de rappeler - on ne l'entend pas assez - que sur la totalité de son cycle de vie, le bilan énergétique et climatique n'est de loin pas neutre.»