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Chronique

Chronique / Du côté de chez Reynaldo Hahn


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Il fut l’une des personnalités à la mode de la scène musicale parisienne à la Belle Epoque et plus tard encore durant l’entre-deux-guerres. Il fut tout à la fois pianiste, compositeur et critique musical avant de diriger l’Opéra de Paris. Ce musicien, c’est Reynaldo Hahn (1874-1947) auquel l’ensemble Les Furies lyriques consacrent, pour quelques jours encore, un très beau spectacle en forme de traversée de son œuvre. Surtout connu aujourd’hui pour ses qualités de mélodiste, Reynaldo Hahn l’est tout autant pour sa relation avec Marcel Proust.



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C’est en mai 1894 que les deux hommes se rencontrent chez Madeleine Lemaire, rue Monceau. C’est la grande époque des Salons où écrivains et musiciens en herbe font leurs débuts, sont bien souvent «lancés». Et celui de Madeleine Lemaire (1845-1928), elle-même peintre et illustratrice, est l’un des plus courus. Il servira d’ailleurs de modèle à Proust pour les mercredis de Madame Verdurin dans Du côté de chez Swann. Ce jour-là, un jeune homme chante en s’accompagnant au piano l’une de ses mélodies qui vont le rendre célèbre: Reynaldo Hahn. Le futur écrivain d’A la Recherche du temps perdu est aussitôt conquis. L’attirance est réciproque.

Reynaldo Hahn au piano par Lucie Lambert (1907) © BNF


Au contraire de Proust qui n’a encore rien publié, le jeune musicien, dont raffolent les cercles artistiques parisiens, est déjà très en vue. Reynaldo Hahn est né à Caracas, au Venezuela en 1874 d’une mère basque et d’un père allemand. En raison des troubles politiques – déjà! – sa famille s’installe à Paris lorsqu’il a sept ans. Très tôt, il fait preuve de dons certains pour la musique. En 1890, alors qu’il n’a que seize ans, il écrit la musique de scène de L’Obstacle d’Alphonse Daudet. Trois ans auparavant, il a déjà composé une mélodie devenue vite à la mode, Si mes vers avaient des ailes sur un poème de Victor Hugo. D’autres suivront; sept cycles au total, dont le premier, Les Chansons grises toutes tirées de l’œuvre de Paul Verlaine, paraît en 1893. On y trouve notamment L’heure exquise, qui est, de mon point de vue, l’une des plus belles mélodies de toute la musique française de cette époque.



A la suite d’un séjour dans la Marne au château de Réveillon durant l’été, toujours à l’invitation de Madeleine Lemaire, la relation entre l’écrivain et le musicien s’intensifie et ils deviennent amants. Puis c’est la Bretagne. Tandis que Hahn compose, Proust entreprend ce qui deviendra Les Plaisirs et les Jours. De retour à Paris, les deux hommes s’écrivent, des lettres souvent passionnées de la part de l’écrivain – on ne possède que celles de Proust réunies aujourd’hui en volume.

«Mon amitié pour vous est une étoile fixe»

De cette liaison intense, qui prendra fin deux ans après leur rencontre pour se transformer en amitié fidèle, le journaliste Emmanuel Berle écrit:

«Reynaldo Hahn a été sans doute un des êtres que Proust a le plus aimés. Quiconque a pu approcher un tant soit peu Reynaldo Hahn le comprend sans peine. Sa conversation avait un grand charme qui ne tenait pas seulement à son talent de musicien et de chanteur, mais à l’étendue de sa culture, à son usage du monde, à un enthousiasme généreux et narquois, dont on subissait aussitôt la contagion.»


Reynaldo Hahn s’éteindra un quart de siècle après Marcel Proust. Mais jusqu’au bout il restera fidèle à sa mémoire. Durant l’entre-deux-guerres, il enseigne le chant au conservatoire et continue à beaucoup composer, notamment des comédies musicales pour Yvonne Printemps et Arletty. En particulier Ô mon bel inconnu sur un livret de Sacha Guitry. Tout de suite après la guerre, passée à Monaco où il s’est réfugié, il est nommé à la tête de l’Opéra de Paris. Deux après il s’éteint.

Madeleine Lemaire, Autoportrait avec deux élégants (vers 1890) © Coll. Part

Pour Proust, assurément cette amitié, quand bien même elle fut parfois à éclipse, a beaucoup compté. Davantage sans doute que pour Reynaldo Hahn. Une lettre, parmi d’autres, en dit énormément. Elle a été écrite à Trouville; elle date de 1898, deux ans donc après la fin de leur rupture amoureuse. Proust n’a alors guère correspondu avec son ami: «Vous auriez bien tort de croire que mon silence est celui qui prépare l’oubli. C’est celui qui comme une cendre fidèle couve la tendresse intacte et ardente. Mon affection pour vous demeure ainsi et s’avive sans cesse et je vois mieux que c’est une étoile fixe en la voyant à la même place quand tant de feux ont passé.»


Les Furies Lyriques, Le nouveau carnaval des vieilles poules. Mise en lumière de l’œuvre de Reynaldo Hahn (1874-1947). 15-17 février, Café-théâtre de la Voirie, Pully.

Marcel Proust, Lettres à Reynaldo Hahn, Gallimard

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