Actuel / «Match de pédés»: homophobie ordinaire et hétérosexualité imposées
Des joueurs et supporters des équipes d'Arsenal et Brighton, portant des chaussettes aux couleurs LGBT à Londres
en octobre dernier, avant un match amical destiné à sensibiliser le public à la lutte contre l'homophobie.
© Chris J. Ratcliffe/AFP
Savez-vous combien de footballeurs au monde assument leur homosexualité? Et comment ont-ils été perçus? En 2018, la question reste tabou et met mal à l’aise joueurs comme supporters.
Sylvain Ferez, Université de Montpellier
Savez-vous combien de footballeurs au monde assument leur homosexualité? Et comment ont-ils été perçus? En 2018, la question reste tabou et met mal à l’aise joueurs comme supporters.
Certes, des sondages ont récemment dévoilé que 85 % des Français jugent l’homosexualité dans le football «acceptable», et plusieurs actions à l’initiative d’associations entendent lutter contre l’homophobie ordinaire et sensibiliser le public, d’autant plus que la Coupe du monde 2018 se déroule en Russie, pays considéré comme particulièrement homophobe.
Ces campagnes, pétitions de principe ou enjeux d’expression publique, de police du langage, ont cependant leurs limites. Elles semblent même contribuer à renforcer le verni du politiquement correct, laissant dans l’ombre une multitude de pratiques qui perdurent, et dont le sens a finalement assez peu évolué.
Derrière une pratique qui se présente comme neutre et universelle, dé-sexualisée en quelque sorte, il s’agit d’exhumer la culture profondément hétérosexiste dans laquelle elle s’inscrit.
Rares coming out
En 2009, dans un ouvrage autobiographique titré Je suis le seul joueur de foot homo. Enfin j’étais…, le footballeur amateur Yohan Lemaire explique le coût inattendu de son coming out parmi ses coéquipiers.
Le scénario qu’il décrit correspond aux expériences consignées par la sociologie du sport nord-américaine. Il se déroule en trois temps. La peur de dire d’abord, et les efforts pour contrôler tous les signes qui pourraient le trahir (jusqu’à produire les apparences de l’hétérosexualité pour éviter les questions) dans un milieu perçu comme extrêmement hostile.
Puis, curieusement, c’est la surprise de ne pas être exclu qui domine après l’annonce, vécue comme une épreuve, tant les signes de détestation de l’homosexualité enregistrés au fil du temps ont été nombreux. Le déchaînement de violence attendu ne vient donc finalement pas. Mais la culture hétérosexiste ne disparaît pas pour autant, conduisant lentement à l’auto-exclusion de celui qui ne peut désormais plus la supporter…
Est-ce pour ces raisons que très peu de joueurs ont affiché publiquement leur homosexualité? Et que ceux qui l’ont fait l’ont payé parfois au prix fort?
Des footballeurs «pédés»?
En mai 1998, juste avant la Coupe du monde, un événement tragique ébranle le monde du foot.
Justin Fashanu, considéré comme l’un des grands espoirs du football anglais se donne la mort, huit ans après avoir révélé au journal The Sun son homosexualité afin de faire taire des rumeurs. Son annonce produit l’effet inverse. Il devient rapidement le bouc émissaire des supporters et de son milieu professionnel. A Nottingham Forest, son propre entraîneur n’hésite pas à reprendre les insultes des supporters du club et à le traiter de «sale tante». Il doit changer plusieurs fois d’équipes.
En 1998, le mensuel LGBT Têtu ironise alors sur l’invisibilité de l’homosexualité dans le football professionnel. Lorsqu’en septembre, «le mystère Barthez», concernant l’homosexualité possible du gardien de but de l’équipe de France, est mis à la une, le magazine s’interroge sur la présence d’«une ou deux perles rares» parmi les 22 joueurs de l’équipe de France récemment victorieuse de la Coupe du monde. Et de montrer que beaucoup de joueurs revendiquent une hétérosexualité par défaut, ou simplement évitent toute publicité sur le sujet. (Têtu, n° 27, p. 7)
La dé-sexualisation
Cette normalisation hétérosexuelle est indissociable de l’histoire même des sports modernes.
Ces derniers constituent comme des pratiques autonomes, séparées du reste des activités sociales, durant la seconde moitié du XIXe siècle (lire La raison des sports de Jean‑Michel Faure et Charles Suaud (2015)). La Fédération internationale de football association (FIFA) est créée en 1904, puis la Fédération française de Football (FFF) en 1919.
L’engagement corporel dans le jeu implique une dé-sexualisation des corps, une neutralisation de leur puissance érotique. La finalité est avant tout utilitaire. Les contacts avec les autres corps sont instrumentaux. La sexualité est mise à distance. Ici, la motricité doit être juste et efficace. Les manifestations collectives de joie (à l’occasion d’un but ou pour fêter la victoire) n’y changent rien. Elles recourent à des expressions ritualisées qui, du point de vue de ceux qui les produisent, n’impliquent aucune sensualité.
En fait, si le football donne à deviner la sexualité, c’est de manière indirecte et détournée, en performant une virilité froide et pragmatique.
Cette dernière se fonde sur deux implicites: 1) il ne saurait être question de sexualité; 2) il n’y a pas de place pour les gays.
C’est d’ailleurs pour cela que le magazine gay et lesbien Têtu prend très tôt le contrepied de la culture footballistique en hypersexualisant les footballeurs de haut niveau et cherchant à identifier des gays parmi eux.
En juin 1996, Eric Cantona fait ainsi partie du groupe d’icônes de la «génération gay» présenté dans le quatrième numéro de Têtu. Cette stratégie d’érotisation se poursuit, non sans ironie, après la Coupe du Monde 1998, où un article s’intéresse, après «la croupe de Zidane» et «le bouc de Barthez», à «la bouche à p… de Pirès» (Têtu, n° 33, avril 1999).
Eric Cantona pose en novembre 2014. L’ancien joueur de footballeur, décrété «nouvelle icône» gay dans les années 90 a ensuite continué de mettre à profit son image et son corps (publicité, film). Stephane de Sakutin/AFP
Le footballeur, ce corps toujours hétéro
Hormis ces exceptionnelles sorties médiatiques, le corps du footballeur reste sujet aux injonctions hétérosexuelles.
En France, Olivier Royer est le seul footballeur professionnel qui a publiquement révélé son homosexualité, en 2008, à 52 ans, longtemps après la fin de sa carrière.
Son témoignage fait suite à un travail de mise à l’agenda médiatique de la question de l’homophobie dans le football par l’association Paris Foot Gay (PFG).
Créée en décembre 2003, cette association de footballeurs interpelle les dirigeants du Paris Saint-Germain (PSG) qui s’engagent dès 2004 à lutter contre l’homophobie dans les tribunes du Parc de Princes.
En 2005, Vikaj Dorasso, joueur du PSG sélectionné en équipe de France, accepte de parrainer le PFG. Ce dernier initie une charte contre l’homophobie dans le football. Elle est signée par le président du PSG le 5 septembre 2007, puis par le président de la Ligue de Football Professionnel le 8 juin 2008. Neuf clubs de Ligue 1 et de Ligue 2 se rallient à cette charte dans les mois qui suivent.
Mais, le 29 septembre 2015, un communiqué laconique annonce la dissolution du PFG, précisant que:
«face à l’indifférence notable, la peur des institutionnels à s’engager réellement, la honte pour certains à traiter ce sujet, nous devons nous rendre à l’évidence: nous ne parvenons plus à faire avancer notre combat contre l’homophobie.»
Dix ans après le coming out d’Olivier Royer, aucun nouveau footballeur professionnel n’a fait part de son homosexualité en France.
On observe pourtant une prolifération des discours et initiatives de «lutte contre l’homophobie». Malgré la multiplication des positions officielles, affichées dans le cadre de plans de communication réglés, quelque chose résiste malgré tout, car il relève davantage du registre de l’officieux et de ce qui se transmet dans les petits gestes du quotidien; bref, d’une culture.
Les attitudes homophobes sont rarement assumées publiquement. Certes, certains commettent parfois cette erreur.
En octobre 2009, c’est le cas du club de Créteil Bébel, qui, à la veille d’un match contre le PFG, envoie un courriel pour justifier son refus de participer à la rencontre:
«Désolé, mais par rapport au nom de votre équipe et conformément aux principes de notre équipe, qui est une équipe de musulmans pratiquants, nous ne pouvons jouer contre vous, nos convictions sont de loin plus importantes qu’un simple match de foot, encore une fois excusez-nous de vous avoir prévenus si tard.»
Les médias nationaux, les élus, se saisissent rapidement du cas, pointant une expression de la «montée du communautarisme». Vilipendé, le club finit par faire amende honorable… N’a-t-il pas commis l’erreur d’écrire, ou de dire trop clairement, une gêne et un rejet qui s’expriment habituellement sous des formes moins explicites?
Toujours en 2009, c’est Louis Nicollin, président du Montpellier Hérault Sport Club, qui est pris par les radars. Le 31 octobre 2009, à l’issue de la 12e journée de Ligue 1, il traite le joueur auxerrois Benoît Pedretti de «petite tarlouze» dans une interview télé. Une sanction est proclamée à l’encontre de l’intéressé, bien connu pour ses «dérapages» verbaux. Une erreur de communication regrettable est concédée, mise sur le compte du franc-parler, des excuses suivent.
«Tir de pédé»
Pourtant, sur les terrains de football, l’homosexualité est loin d’être absente. Ce qui frappe, c’est avant tout le décalage entre son omniprésence imaginaire et son invisibilité dans le réel. Elle offre ainsi une ombre pesante, insidieusement instituée en contre-modèle.
Son spectre surgit toujours en négatif. Le «pédé», «l’enculé», la «tarlouze» caractérisent inévitablement l’autre, l’adversaire, celui qui manque son geste technique (un «tir de pédé»); bref, celui qui défaille ou ceux qui suscitent l’ennui (devant un «match de pédés»).
L’insulte est réitérée de façon redondante, selon la force de l’habitude. Lorsqu’on l’interpelle, celui qui la profère n’a a priori aucune arrière-pensée sexuelle. Il s’agit juste de qualifier le mal; en un mot, de souscrire à la désignation collective d’une contre-valeur.
La sexualité de celui qui est visé par l’insulte n’est pas réellement mise en cause. Son hétérosexualité relève de l’évidence culturelle, tout comme celle des autres participants.
Manière de signifier, l’air de rien, ce que doivent être «les footballeurs». Manière de rappeler, donc, non seulement les valeurs partagées au sein de la grande famille du football, mais aussi l’orientation sexuelle supposée les incarner.
C’est ainsi que le football, comme fiction médiatique régit par des règles officieuses, avec ses figures et ses scripts, ses joueurs-acteurs de spectacle qui tentent – plus ou moins vainement – de «contrôler leur image», ne laisse pas ou peu d’espace à une narrative hors «norme».
Article original en français dans The Conversation: Un « match de pédés »: homophobie ordinaire et hétérosexualité imposées
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En 2018, la question reste tabou et met mal à l’aise joueurs comme supporters.</p> <p>Certes, des sondages ont récemment dévoilé que <a href="https://www.lequipe.fr/Football/Actualites/Sondage-sur-l-homosexualite-dans-le-football-85-des-francais-estiment-qu-il-faut-lutter-contre-l-homophobie/902142">85 % des Français jugent l’homosexualité dans le football «acceptable»</a>, et plusieurs actions à l’initiative d’associations entendent lutter contre l’<a href="http://www.lefigaro.fr/actualite-france/2018/05/17/01016-20180517ARTFIG00076-la-ligue-de-football-professionnel-sommee-d-agir-pour-lutter-contre-l-homophobie.php">homophobie ordinaire et sensibiliser le public</a>, d’autant plus que la Coupe du monde 2018 se déroule en Russie, pays considéré comme <a href="https://www.lemonde.fr/idees/article/2017/06/25/l-homophobie-est-profondement-ancree-dans-la-societe-russe_5150704_3232.html">particulièrement homophobe</a>.</p> <p>Ces campagnes, pétitions de principe ou enjeux d’expression publique, de police du langage, ont cependant leurs limites. Elles semblent même contribuer à renforcer le verni du politiquement correct, laissant dans l’ombre une multitude de pratiques qui perdurent, et dont le sens a finalement assez peu évolué.</p> <p>Derrière une pratique qui se présente comme neutre et universelle, dé-sexualisée en quelque sorte, il s’agit d’exhumer la culture profondément hétérosexiste dans laquelle elle s’inscrit.<br></p><h3>Rares coming out </h3><p>En 2009, dans un ouvrage autobiographique titré <a href="http://www.parlonsfoot.com/archives/2009/12/16/idee-cadeau-je-suis-le-seul-joueur-de-foot-homo/"><em>Je suis le seul joueur de foot homo. Enfin j’étais…</em></a>, le footballeur amateur Yohan Lemaire explique le coût inattendu de son coming out parmi ses coéquipiers.</p> <p>Le scénario qu’il décrit correspond aux expériences consignées par la sociologie du <a href="https://www.jstor.org/stable/3081938?seq=1#page_scan_tab_contents">sport nord-américaine</a>. Il se déroule en trois temps. La peur de dire d’abord, et les efforts pour contrôler tous les signes qui pourraient le trahir (jusqu’à produire les apparences de l’hétérosexualité pour éviter les questions) dans un milieu perçu comme extrêmement hostile.</p> <figure> <iframe src="https://www.youtube.com/embed/uygFXXQP4vY?wmode=transparent&start=0" allowfullscreen="" width="440" height="260" frameborder="0"></iframe> </figure><h4><figure><figcaption><span class="caption">Yohann Lemaire raconte comment il a été « viré » de son club en 2010. Il a réalisé un documentaire sur la question.</span></figcaption></figure></h4> <p>Puis, curieusement, c’est la surprise de ne pas être exclu qui domine après l’annonce, vécue comme une épreuve, tant les signes de détestation de l’homosexualité enregistrés au fil du temps ont été nombreux. Le déchaînement de violence attendu ne vient donc finalement pas. Mais la culture hétérosexiste ne disparaît pas pour autant, conduisant lentement à l’auto-exclusion de celui qui ne peut désormais plus la supporter…</p> <p>Est-ce pour ces raisons que très peu de joueurs ont affiché publiquement leur homosexualité? Et que ceux qui l’ont fait l’ont payé parfois au prix fort?</p><h3>Des footballeurs «pédés»?</h3> <p>En mai 1998, juste avant la Coupe du monde, un événement tragique ébranle le monde du foot.</p> <p>Justin Fashanu, considéré comme l’un des grands espoirs du football anglais <a href="http://www.letelegramme.fr/ar/viewarticle1024.php?aaaammjj=19980504&article=3666718&type=ar">se donne la mort</a>, huit ans après avoir révélé au journal <em>The Sun</em> son homosexualité afin de faire taire des rumeurs. Son annonce produit l’effet inverse. Il devient rapidement le bouc émissaire des supporters et de son milieu professionnel. A Nottingham Forest, son propre entraîneur n’hésite pas à reprendre les insultes des supporters du club et à le traiter de «sale tante». Il doit changer plusieurs fois d’équipes.</p> <figure> <iframe src="https://www.youtube.com/embed/1Wk34X94Whk?wmode=transparent&start=0" allowfullscreen="" width="440" height="260" frameborder="0"></iframe> </figure><h4><figure><figcaption><span class="caption">Justin Fashanu était considéré comme l’un des plus grands espoirs du foot anglais, ici en 1980.</span></figcaption></figure></h4> <p>En 1998, le mensuel LGBT <em>Têtu</em> ironise alors sur l’invisibilité de l’homosexualité dans le football professionnel. Lorsqu’en septembre, «le mystère Barthez», concernant l’homosexualité possible du gardien de but de l’équipe de France, est mis à la une, le magazine s’interroge sur la présence d’«une ou deux perles rares» parmi les 22 joueurs de l’équipe de France récemment victorieuse de la Coupe du monde. Et de montrer que beaucoup de joueurs revendiquent une hétérosexualité par défaut, ou simplement évitent toute publicité sur le sujet. (<em>Têtu</em>, n° 27, p. 7)</p><h3>La dé-sexualisation</h3> <p>Cette normalisation hétérosexuelle est indissociable de l’histoire même des sports modernes.</p> <p>Ces derniers constituent comme des pratiques autonomes, séparées du reste des activités sociales, durant la seconde moitié du XIX<sup>e</sup> siècle (lire <a href="https://journals.openedition.org/lectures/20422"><em>La raison des sports</em></a> de Jean‑Michel Faure et Charles Suaud (2015)). La Fédération internationale de football association (FIFA) est créée en 1904, puis la Fédération française de Football (FFF) en 1919.</p> <p>L’engagement corporel dans le jeu implique une dé-sexualisation des corps, une neutralisation de leur puissance érotique. La finalité est avant tout utilitaire. Les contacts avec les autres corps sont instrumentaux. La sexualité est mise à distance. Ici, la motricité doit être juste et efficace. Les manifestations collectives de joie (à l’occasion d’un but ou pour fêter la victoire) n’y changent rien. Elles recourent à des expressions ritualisées qui, du point de vue de ceux qui les produisent, <a href="https://journals.openedition.org/corpsetculture/275">n’impliquent aucune sensualité</a>.</p> <p>En fait, si le football donne à deviner la sexualité, c’est de manière indirecte et détournée, en performant une virilité froide et pragmatique.</p> <p>Cette dernière se fonde sur deux implicites: 1) il ne saurait être question de sexualité; 2) il n’y a pas de place pour les gays.</p> <p>C’est d’ailleurs pour cela que le magazine gay et lesbien <em>Têtu</em> prend très tôt le contrepied de la culture footballistique en hypersexualisant les footballeurs de haut niveau et cherchant à identifier des gays parmi eux.</p> <p>En juin 1996, Eric Cantona fait ainsi partie du groupe d’icônes de la «génération gay» présenté dans le quatrième numéro de <em>Têtu</em>. Cette stratégie d’érotisation se poursuit, non sans ironie, après la Coupe du Monde 1998, où un article s’intéresse, après «la croupe de Zidane» et «le bouc de Barthez», à «la bouche à p… de Pirès» (<em>Têtu</em>, n° 33, avril 1999).</p><h4><img class="img-responsive " src="https://media.bonpourlatete.com/default/w1200/1528896888_file20180611191965z6lc7a.jpg"><span style="color: inherit; font-family: "GT America Standard Regular" Eric Cantona pose en novembre 2014. L’ancien joueur de footballeur, décrété «nouvelle icône» gay dans les années 90 a ensuite continué de mettre à profit son image et son corps (publicité, film). © Stephane de Sakutin/AFP</span></p><h3>Le footballeur, ce corps toujours hétéro</h3> <p>Hormis ces exceptionnelles sorties médiatiques, le corps du footballeur reste sujet aux injonctions hétérosexuelles.</p> <p>En France, Olivier Royer est le seul footballeur professionnel qui a <a href=" http:="" www.sofoot.com="" rouyer-on-n-est-pas-la-pour-savoir-qui-est-gay-et-qui-ne-l-est-pas-166587.html"=""> Eric Cantona pose en novembre 2014. L’ancien joueur de footballeur, décrété «nouvelle icône» gay dans les années 90 a ensuite continué de mettre à profit son image et son corps (publicité, film). Stephane de Sakutin/AFP </span></h4><span style="color: inherit; font-family: "GT America Standard Regular" Eric Cantona pose en novembre 2014. 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Ce dernier initie une charte contre l’homophobie dans le football. Elle est signée par le président du PSG le 5 septembre 2007, puis par le président de la Ligue de Football Professionnel le 8 juin 2008. Neuf clubs de Ligue 1 et de Ligue 2 se rallient à cette charte dans les mois qui suivent.</p> <p>Mais, le 29 septembre 2015, un communiqué laconique annonce la <a href="https://www.20minutes.fr/sport/football/1698575-20150930-homophobie-paris-foot-gay-arrete-cause-indifference">dissolution du PFG</a>, précisant que:</p> <blockquote> <p>«face à l’indifférence notable, la peur des institutionnels à s’engager réellement, la honte pour certains à traiter ce sujet, nous devons nous rendre à l’évidence: nous ne parvenons plus à faire avancer notre combat contre l’homophobie.»</p> </blockquote> <figure class="align-center "> <h4><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/222535/original/file-20180611-191959-3lakvk.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip"><figcaption><span class="caption">Montreuil contre l’homophobie, Match Paris Foot Gay, 13 décembre 2012. <a href="https://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/a/a6/Montreuil_contre_l%27homophobie.jpg?uselang=fr">Paris Foot Gay/Wikipedia, CC BY</a><br></span></figcaption></h4><figcaption><span class="caption"></span></figcaption><figcaption><span class="caption"><une culture="" homophobe="" bien="" ancrée<="" figcaption=""></une></span></figcaption></figure> <p>Dix ans après le coming out d’Olivier Royer, aucun nouveau footballeur professionnel n’a fait part de son homosexualité en France.</p> <p>On observe pourtant une prolifération des discours et initiatives de «lutte contre l’homophobie». Malgré la multiplication des positions officielles, affichées dans le cadre de plans de communication réglés, quelque chose résiste malgré tout, car il relève davantage du registre de l’officieux et de ce qui se transmet dans les petits gestes du quotidien; bref, d’une culture.</p> <p>Les attitudes homophobes sont rarement assumées publiquement. Certes, certains commettent parfois cette erreur.</p> <p>En octobre 2009, c’est le cas du club de Créteil Bébel, qui, à la veille d’un match contre le PFG, <a href="https://www.lemonde.fr/sport/article/2009/10/06/le-paris-foot-gay-snobe-a-cause-de-son-nom_1250142_3242.html">envoie un courriel</a> pour justifier son refus de participer à la rencontre:</p> <blockquote> <p>«Désolé, mais par rapport au nom de votre équipe et conformément aux principes de notre équipe, qui est une équipe de musulmans pratiquants, nous ne pouvons jouer contre vous, nos convictions sont de loin plus importantes qu’un simple match de foot, encore une fois excusez-nous de vous avoir prévenus si tard.»</p> </blockquote> <p>Les médias nationaux, les élus, se saisissent rapidement du cas, pointant une expression de la «montée du communautarisme». Vilipendé, le club finit par faire amende honorable… N’a-t-il pas commis l’erreur d’écrire, ou de dire trop clairement, une gêne et un rejet qui s’expriment habituellement sous des formes moins explicites?</p> <p>Toujours en 2009, c’est Louis Nicollin, président du Montpellier Hérault Sport Club, qui est pris par les radars. Le 31 octobre 2009, à l’issue de la 12<sup>e</sup> journée de Ligue 1, <a href="https://www.lemonde.fr/sport/article/2009/11/01/les-associations-de-lutte-contre-l-homophobie-demandent-des-sanctions-contre-nicollin_1261368_3242.html">il traite le joueur auxerrois Benoît Pedretti</a> de «petite tarlouze» dans une interview télé. Une sanction est proclamée à l’encontre de l’intéressé, bien connu pour ses «dérapages» verbaux. Une erreur de communication regrettable est concédée, mise sur le compte du franc-parler, des excuses suivent.</p><h3>«Tir de pédé»</h3> <p>Pourtant, sur les terrains de football, l’homosexualité est loin d’être absente. Ce qui frappe, c’est avant tout le décalage entre son omniprésence imaginaire et son invisibilité dans le réel. Elle offre ainsi une ombre pesante, insidieusement instituée en contre-modèle.</p> <p>Son spectre surgit toujours en négatif. Le «pédé», «l’enculé», la «tarlouze» caractérisent inévitablement l’autre, l’adversaire, celui qui manque son geste technique (un «tir de pédé»); bref, celui qui défaille ou ceux qui suscitent l’ennui (devant un «match de pédés»).</p> <p>L’insulte est réitérée de façon redondante, selon la force de l’habitude. Lorsqu’on l’interpelle, celui qui la profère n’a a priori aucune arrière-pensée sexuelle. Il s’agit juste de qualifier le mal; en un mot, de souscrire à la désignation collective d’une contre-valeur.</p> <p>La sexualité de celui qui est visé par l’insulte n’est pas réellement mise en cause. 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Manière de rappeler, donc, non seulement les valeurs partagées au sein de la grande famille du football, mais aussi l’orientation sexuelle supposée les incarner.</p> <p><img src="https://counter.theconversation.com/content/97710/count.gif?distributor=republish-lightbox-basic" alt="The Conversation" width="1" height="1">C’est ainsi que le football, comme fiction médiatique régit par des règles officieuses, avec ses figures et ses scripts, ses joueurs-acteurs de spectacle qui tentent – plus ou moins vainement – de «contrôler leur image», ne laisse pas ou peu d’espace à une narrative hors «norme».</p> <figure> <iframe src="https://player.vimeo.com/video/233999420" webkitallowfullscreen="" mozallowfullscreen="" allowfullscreen="" width="500" height="281" frameborder="0"></iframe> </figure><h4><figure><figcaption><span class="caption">Trailer du documentaire, <em>Footballeur et homo, l’un n’empêche pas l’autre</em>, de Yohann Lemaire, Avril films, 2018.</span></figcaption></figure></h4> <p></p><hr><p></p> <h4>Article original en français dans <a href="https://theconversation.com/fr"><em xmlns="http://www.w3.org/1999/xhtml">The Conversation</em><em xmlns="http://www.w3.org/1999/xhtml"></em>:</a> <a href="https://theconversation.com/un-match-de-pedes-homophobie-ordinaire-et-heterosexualite-imposees-97710">Un « match de pédés »: homophobie ordinaire et hétérosexualité imposées</a></h4> ', 'content_edition' => null, 'slug' => 'un-match-de-pedes-homophobie-ordinaire-et-heterosexualite-imposees', 'headline' => false, 'homepage' => 'col-md-12', 'like' => (int) 782, 'editor' => null, 'index_order' => (int) 1084, 'homepage_order' => (int) 1307, 'original_url' => null, 'podcast' => false, 'tagline' => null, 'poster' => null, 'category_id' => (int) 5, 'person_id' => (int) 85, 'post_type_id' => (int) 1, 'poster_attachment' => null, 'editions' => [[maximum depth reached]], 'tags' => [ [maximum depth reached] ], 'locations' => [[maximum depth reached]], 'attachment_images' => [ [maximum depth reached] ], 'attachments' => [ [maximum depth reached] ], 'person' => object(App\Model\Entity\Person) {}, 'comments' => [ [maximum depth reached] ], 'category' => object(App\Model\Entity\Category) {}, '[new]' => false, '[accessible]' => [ [maximum depth reached] ], '[dirty]' => [[maximum depth reached]], '[original]' => [[maximum depth reached]], '[virtual]' => [[maximum depth reached]], '[hasErrors]' => false, '[errors]' => [[maximum depth reached]], '[invalid]' => [[maximum depth reached]], '[repository]' => 'Posts' }, 'relatives' => [ (int) 0 => object(App\Model\Entity\Post) {}, (int) 1 => object(App\Model\Entity\Post) {}, (int) 2 => object(App\Model\Entity\Post) {}, (int) 3 => object(App\Model\Entity\Post) {} ], 'embeds' => [], 'images' => [ (int) 0 => object(Cake\ORM\Entity) {} ], 'audios' => [], 'comments' => [ (int) 0 => object(App\Model\Entity\Comment) {} ], 'author' => 'Bon pour la tête', 'description' => 'Savez-vous combien de footballeurs au monde assument leur homosexualité? 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En 2018, la question reste tabou et met mal à l’aise joueurs comme supporters.</p> <p>Certes, des sondages ont récemment dévoilé que <a href="https://www.lequipe.fr/Football/Actualites/Sondage-sur-l-homosexualite-dans-le-football-85-des-francais-estiment-qu-il-faut-lutter-contre-l-homophobie/902142">85 % des Français jugent l’homosexualité dans le football «acceptable»</a>, et plusieurs actions à l’initiative d’associations entendent lutter contre l’<a href="http://www.lefigaro.fr/actualite-france/2018/05/17/01016-20180517ARTFIG00076-la-ligue-de-football-professionnel-sommee-d-agir-pour-lutter-contre-l-homophobie.php">homophobie ordinaire et sensibiliser le public</a>, d’autant plus que la Coupe du monde 2018 se déroule en Russie, pays considéré comme <a href="https://www.lemonde.fr/idees/article/2017/06/25/l-homophobie-est-profondement-ancree-dans-la-societe-russe_5150704_3232.html">particulièrement homophobe</a>.</p> <p>Ces campagnes, pétitions de principe ou enjeux d’expression publique, de police du langage, ont cependant leurs limites. Elles semblent même contribuer à renforcer le verni du politiquement correct, laissant dans l’ombre une multitude de pratiques qui perdurent, et dont le sens a finalement assez peu évolué.</p> <p>Derrière une pratique qui se présente comme neutre et universelle, dé-sexualisée en quelque sorte, il s’agit d’exhumer la culture profondément hétérosexiste dans laquelle elle s’inscrit.<br></p><h3>Rares coming out </h3><p>En 2009, dans un ouvrage autobiographique titré <a href="http://www.parlonsfoot.com/archives/2009/12/16/idee-cadeau-je-suis-le-seul-joueur-de-foot-homo/"><em>Je suis le seul joueur de foot homo. Enfin j’étais…</em></a>, le footballeur amateur Yohan Lemaire explique le coût inattendu de son coming out parmi ses coéquipiers.</p> <p>Le scénario qu’il décrit correspond aux expériences consignées par la sociologie du <a href="https://www.jstor.org/stable/3081938?seq=1#page_scan_tab_contents">sport nord-américaine</a>. Il se déroule en trois temps. 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Mais la culture hétérosexiste ne disparaît pas pour autant, conduisant lentement à l’auto-exclusion de celui qui ne peut désormais plus la supporter…</p> <p>Est-ce pour ces raisons que très peu de joueurs ont affiché publiquement leur homosexualité? Et que ceux qui l’ont fait l’ont payé parfois au prix fort?</p><h3>Des footballeurs «pédés»?</h3> <p>En mai 1998, juste avant la Coupe du monde, un événement tragique ébranle le monde du foot.</p> <p>Justin Fashanu, considéré comme l’un des grands espoirs du football anglais <a href="http://www.letelegramme.fr/ar/viewarticle1024.php?aaaammjj=19980504&article=3666718&type=ar">se donne la mort</a>, huit ans après avoir révélé au journal <em>The Sun</em> son homosexualité afin de faire taire des rumeurs. Son annonce produit l’effet inverse. Il devient rapidement le bouc émissaire des supporters et de son milieu professionnel. A Nottingham Forest, son propre entraîneur n’hésite pas à reprendre les insultes des supporters du club et à le traiter de «sale tante». Il doit changer plusieurs fois d’équipes.</p> <figure> <iframe src="https://www.youtube.com/embed/1Wk34X94Whk?wmode=transparent&start=0" allowfullscreen="" width="440" height="260" frameborder="0"></iframe> </figure><h4><figure><figcaption><span class="caption">Justin Fashanu était considéré comme l’un des plus grands espoirs du foot anglais, ici en 1980.</span></figcaption></figure></h4> <p>En 1998, le mensuel LGBT <em>Têtu</em> ironise alors sur l’invisibilité de l’homosexualité dans le football professionnel. Lorsqu’en septembre, «le mystère Barthez», concernant l’homosexualité possible du gardien de but de l’équipe de France, est mis à la une, le magazine s’interroge sur la présence d’«une ou deux perles rares» parmi les 22 joueurs de l’équipe de France récemment victorieuse de la Coupe du monde. Et de montrer que beaucoup de joueurs revendiquent une hétérosexualité par défaut, ou simplement évitent toute publicité sur le sujet. (<em>Têtu</em>, n° 27, p. 7)</p><h3>La dé-sexualisation</h3> <p>Cette normalisation hétérosexuelle est indissociable de l’histoire même des sports modernes.</p> <p>Ces derniers constituent comme des pratiques autonomes, séparées du reste des activités sociales, durant la seconde moitié du XIX<sup>e</sup> siècle (lire <a href="https://journals.openedition.org/lectures/20422"><em>La raison des sports</em></a> de Jean‑Michel Faure et Charles Suaud (2015)). La Fédération internationale de football association (FIFA) est créée en 1904, puis la Fédération française de Football (FFF) en 1919.</p> <p>L’engagement corporel dans le jeu implique une dé-sexualisation des corps, une neutralisation de leur puissance érotique. La finalité est avant tout utilitaire. Les contacts avec les autres corps sont instrumentaux. La sexualité est mise à distance. Ici, la motricité doit être juste et efficace. Les manifestations collectives de joie (à l’occasion d’un but ou pour fêter la victoire) n’y changent rien. Elles recourent à des expressions ritualisées qui, du point de vue de ceux qui les produisent, <a href="https://journals.openedition.org/corpsetculture/275">n’impliquent aucune sensualité</a>.</p> <p>En fait, si le football donne à deviner la sexualité, c’est de manière indirecte et détournée, en performant une virilité froide et pragmatique.</p> <p>Cette dernière se fonde sur deux implicites: 1) il ne saurait être question de sexualité; 2) il n’y a pas de place pour les gays.</p> <p>C’est d’ailleurs pour cela que le magazine gay et lesbien <em>Têtu</em> prend très tôt le contrepied de la culture footballistique en hypersexualisant les footballeurs de haut niveau et cherchant à identifier des gays parmi eux.</p> <p>En juin 1996, Eric Cantona fait ainsi partie du groupe d’icônes de la «génération gay» présenté dans le quatrième numéro de <em>Têtu</em>. Cette stratégie d’érotisation se poursuit, non sans ironie, après la Coupe du Monde 1998, où un article s’intéresse, après «la croupe de Zidane» et «le bouc de Barthez», à «la bouche à p… de Pirès» (<em>Têtu</em>, n° 33, avril 1999).</p><h4><img class="img-responsive " src="https://media.bonpourlatete.com/default/w1200/1528896888_file20180611191965z6lc7a.jpg"><span style="color: inherit; font-family: "GT America Standard Regular" Eric Cantona pose en novembre 2014. 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Ce dernier initie une charte contre l’homophobie dans le football. Elle est signée par le président du PSG le 5 septembre 2007, puis par le président de la Ligue de Football Professionnel le 8 juin 2008. Neuf clubs de Ligue 1 et de Ligue 2 se rallient à cette charte dans les mois qui suivent.</p> <p>Mais, le 29 septembre 2015, un communiqué laconique annonce la <a href="https://www.20minutes.fr/sport/football/1698575-20150930-homophobie-paris-foot-gay-arrete-cause-indifference">dissolution du PFG</a>, précisant que:</p> <blockquote> <p>«face à l’indifférence notable, la peur des institutionnels à s’engager réellement, la honte pour certains à traiter ce sujet, nous devons nous rendre à l’évidence: nous ne parvenons plus à faire avancer notre combat contre l’homophobie.»</p> </blockquote> <figure class="align-center "> <h4><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/222535/original/file-20180611-191959-3lakvk.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip"><figcaption><span class="caption">Montreuil contre l’homophobie, Match Paris Foot Gay, 13 décembre 2012. <a href="https://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/a/a6/Montreuil_contre_l%27homophobie.jpg?uselang=fr">Paris Foot Gay/Wikipedia, CC BY</a><br></span></figcaption></h4><figcaption><span class="caption"></span></figcaption><figcaption><span class="caption"><une culture="" homophobe="" bien="" ancrée<="" figcaption=""></une></span></figcaption></figure> <p>Dix ans après le coming out d’Olivier Royer, aucun nouveau footballeur professionnel n’a fait part de son homosexualité en France.</p> <p>On observe pourtant une prolifération des discours et initiatives de «lutte contre l’homophobie». Malgré la multiplication des positions officielles, affichées dans le cadre de plans de communication réglés, quelque chose résiste malgré tout, car il relève davantage du registre de l’officieux et de ce qui se transmet dans les petits gestes du quotidien; bref, d’une culture.</p> <p>Les attitudes homophobes sont rarement assumées publiquement. Certes, certains commettent parfois cette erreur.</p> <p>En octobre 2009, c’est le cas du club de Créteil Bébel, qui, à la veille d’un match contre le PFG, <a href="https://www.lemonde.fr/sport/article/2009/10/06/le-paris-foot-gay-snobe-a-cause-de-son-nom_1250142_3242.html">envoie un courriel</a> pour justifier son refus de participer à la rencontre:</p> <blockquote> <p>«Désolé, mais par rapport au nom de votre équipe et conformément aux principes de notre équipe, qui est une équipe de musulmans pratiquants, nous ne pouvons jouer contre vous, nos convictions sont de loin plus importantes qu’un simple match de foot, encore une fois excusez-nous de vous avoir prévenus si tard.»</p> </blockquote> <p>Les médias nationaux, les élus, se saisissent rapidement du cas, pointant une expression de la «montée du communautarisme». Vilipendé, le club finit par faire amende honorable… N’a-t-il pas commis l’erreur d’écrire, ou de dire trop clairement, une gêne et un rejet qui s’expriment habituellement sous des formes moins explicites?</p> <p>Toujours en 2009, c’est Louis Nicollin, président du Montpellier Hérault Sport Club, qui est pris par les radars. Le 31 octobre 2009, à l’issue de la 12<sup>e</sup> journée de Ligue 1, <a href="https://www.lemonde.fr/sport/article/2009/11/01/les-associations-de-lutte-contre-l-homophobie-demandent-des-sanctions-contre-nicollin_1261368_3242.html">il traite le joueur auxerrois Benoît Pedretti</a> de «petite tarlouze» dans une interview télé. Une sanction est proclamée à l’encontre de l’intéressé, bien connu pour ses «dérapages» verbaux. Une erreur de communication regrettable est concédée, mise sur le compte du franc-parler, des excuses suivent.</p><h3>«Tir de pédé»</h3> <p>Pourtant, sur les terrains de football, l’homosexualité est loin d’être absente. Ce qui frappe, c’est avant tout le décalage entre son omniprésence imaginaire et son invisibilité dans le réel. Elle offre ainsi une ombre pesante, insidieusement instituée en contre-modèle.</p> <p>Son spectre surgit toujours en négatif. Le «pédé», «l’enculé», la «tarlouze» caractérisent inévitablement l’autre, l’adversaire, celui qui manque son geste technique (un «tir de pédé»); bref, celui qui défaille ou ceux qui suscitent l’ennui (devant un «match de pédés»).</p> <p>L’insulte est réitérée de façon redondante, selon la force de l’habitude. Lorsqu’on l’interpelle, celui qui la profère n’a a priori aucune arrière-pensée sexuelle. Il s’agit juste de qualifier le mal; en un mot, de souscrire à la désignation collective d’une contre-valeur.</p> <p>La sexualité de celui qui est visé par l’insulte n’est pas réellement mise en cause. 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Bien que les variabilités démographiques soient complexes à appréhender avec précision (comme les «effets moisson» ou les crises sanitaires telles la Covid-19), cette nature cyclique confirme simplement que «le froid tue».</p> <p>Pour s’en convaincre, s’affichent en gris sur la figure et à titre d’exemple, les températures <i>maximales </i>quotidiennes de la station de Neuchâtel montrant de larges amplitudes au cours de l’année. A partir du printemps 2020, la courbe des décès-toutes-causes subit les perturbations du Coronavirus et ses conséquences, rendant hasardeuse toute interprétation de détail. Mais la forte anti-corrélation entre décès et saisonnalité demeure. Nous supportons bien plus aisément les températures non-optimales chaudes que froides. 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Ces militantes du climat semblent donc avoir convaincu la CEDH de porter la justice dans un monde fantasmé, où seules les températures excessivement chaudes président à la destinée des femmes, en invitant la Suisse à rejeter la réalité des faits.</p> <p>Pourtant, dans le monde réel, faut-il le rappeler, l’espérance de vie des Suissesses n’a cessé d’augmenter, et ce malgré le «dérèglement climatique», et grâce, pour l’essentiel, aux énergies fossiles. De plus, les décès directement liés aux températures non-optimales s’amenuisent grâce en grande partie à des hivers plus cléments.</p> <p>Dans le monde réel, un pays riche comme la Suisse permet à sa population de s’adapter aisément aux inconforts météorologiques (chauffage ou climatisation, isolations, facilité d’accès aux soins, énergie toujours disponible, etc.). A cela peut s’ajouter une topographie bienveillante durant les étés avec de nombreux lacs et rivières, et une fraicheur montagnarde accessible.</p> <p>Dans le monde réel, la Suisse a diminué de près de 40% ses émissions de CO<sub>2</sub> par habitant depuis 1980 et 91% de sa production électrique est bas-carbone. 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(2021) <i>Lancet Planet Health</i>, vol. 5, e415-425</h4>', 'content_edition' => '', 'slug' => 'la-cour-europeenne-des-droits-de-l-homme-cedh-aurait-elle-engage-une-guerre-contre-le-monde-des-realites', 'headline' => null, 'homepage' => null, 'like' => (int) 35, 'editor' => null, 'index_order' => (int) 1, 'homepage_order' => (int) 1, 'original_url' => '', 'podcast' => false, 'tagline' => null, 'poster' => null, 'category_id' => (int) 8, 'person_id' => (int) 85, 'post_type_id' => (int) 1, 'post_type' => object(App\Model\Entity\PostType) {}, 'comments' => [ [maximum depth reached] ], 'tags' => [ [maximum depth reached] ], 'locations' => [[maximum depth reached]], 'attachment_images' => [ [maximum depth reached] ], 'person' => object(App\Model\Entity\Person) {}, 'category' => object(App\Model\Entity\Category) {}, '[new]' => false, '[accessible]' => [ [maximum depth reached] ], '[dirty]' => [[maximum depth reached]], '[original]' => [[maximum depth reached]], '[virtual]' => [[maximum depth reached]], '[hasErrors]' => false, '[errors]' => [[maximum depth reached]], '[invalid]' => [[maximum depth reached]], '[repository]' => 'Posts' }, (int) 1 => object(App\Model\Entity\Post) { 'id' => (int) 4878, 'created' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'modified' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'publish_date' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'notified' => null, 'free' => false, 'status' => 'PUBLISHED', 'priority' => null, 'readed' => null, 'subhead' => null, 'title' => 'Cuba entre famine et abondance', 'subtitle' => 'La situation économique à Cuba est catastrophique. 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Si l’Allemagne et les autres membres de l’alliance nouent bien des partenariats avec des Etats du Pacifique, et conduisent des exercices militaires dans la zone, ce n’est pas à la hauteur de la «menace chinoise».</p> <p>La nature de cette menace? Elle n’est pas directement militaire mais plutôt économique. «Si Pékin était en mesure de bloquer les voies commerciales dans la mer de Chine méridionale, la circulation des marchandises en Europe serait en péril».</p> <p>Autre question qui n’était pas d’actualité il y a 75 ans: la contribution des Etats-Unis. Le <a href="https://www.telegraph.co.uk/opinion/2024/04/03/europe-must-step-up-to-keep-the-us-in-nato/" target="_blank" rel="noopener"><em>Daily Telegraph</em></a> regrette que l’Europe ne fasse aucun effort pour s’assurer que le plus grand contributeur de l’OTAN ne s’en détache pas. L’heure est grave, puisqu’on parle de «passer à la caisse». La menace qui plane sur l’avenir de l’organisation n’est pas seulement la perspective d’une réélection de Donald Trump et de la ligne isolationniste, c’est celle du mécontentement général des Etats-Unis qui «contribuent bien plus à la défense de l’Europe que le continent ne le fait lui-même... On aurait tort de penser que l’aide américaine coule de source.»</p> <p>Les dissensions internes sont toujours un péril sous-estimé, comme le confirme <a href="https://iq.lt/komentarai/issukiai-lietuvos-ateiciai-nato-ir-es/325771" target="_blank" rel="noopener">le mensuel lituanien </a><em><a href="https://iq.lt/komentarai/issukiai-lietuvos-ateiciai-nato-ir-es/325771" target="_blank" rel="noopener">IQ</a>. </em>Au cœur de la discorde, le droit de veto. Ce dernier a rendu «complètement inefficace» l’ONU, constate <em>IQ</em>, car le risque est constant de s’en servir pour exercer pressions ou intrigues diplomatiques. «Démocratie, droit international et Etat de droit forment le socle de l'alliance la plus puissante au monde. Mais un certain nombre d'Etats oublieux de ces valeurs tentent depuis longtemps de placer leur intérêts mercantilistes au-dessus des décisions cruciales de l’OTAN.»</p> <p>Cela revient à poser une question essentielle, dans toute organisation: qu’est-ce qui lie entre eux les Etats membres? Au-delà de la coopération militaire, ce sont des «valeurs», celles mêmes que les pays occidentaux s’emploient à défendre en ce moment en Ukraine. La députée Renaissance Anne Genetet plaide même pour la création d’un centre de l’OTAN chargé de défendre de concert les valeurs occidentales et la «résilience démocratique». Dans <a href="https://www.latribune.fr/opinions/tribunes/l-otan-a-75-ans-l-age-de-la-resilience-democratique-994366.html" target="_blank" rel="noopener">les colonnes de <em>La Tribune</em></a>, l’élue souligne que l’organisation «doit plus que jamais être notre bouclier face aux ennemis de la liberté».</p> <p>Un avenir mitigé donc, porté par de beaux discours et une volonté de cohésion, entaché par des divergences internes, car tous les Etats membres ne voient pas toujours leurs intérêts converger. De manière plus pragmatique, le quotidien croate <em>Večernji list</em> remet l’église au centre du village: comment faire face à l’avenir lorsque manque la ressource principale, les soldats? </p> <p>Le nombre de militaires actifs dans les différentes armées des pays membres est en effet en recul, jusqu’à atteindre un seuil inquiétant. 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1 Commentaire
@JeanPaul80 14.06.2018 | 15h27
«L'orientation sexuelle d'un sportif, quel qu'il soit, ne regarde pas le public et encore moins tous ses concurrents. Notre société connaît de sérieuses difficultés dans tout ce qui touche le sexe, de près ou de loin. Lorsque, dans des journaux gratuits, on voit des femelles lascives dans des postures équivoques, arborant des sourires de péripatéticiennes, on ne s'offusque que très peu, mais lorsqu'un joueur de foot, soit-disant modèle de la virilité la plus affirmée, déclare qu'il est homo, c'est souvent un scandale poussé à son paroxysme, en tout cas parmi les spectateurs qui se goinfrent devant le petit écran ou autour des terrains. En ce qui me concerne, il n'est pas nécessaire de faire son "coming out" pour une sexualité qui devrait rester privée. Cela ne regarde PERSONNE !!!!»