Culture / Norilsk, la ville la plus froide et la plus polluée du monde
La Place de la Garde, de Norilsk. DR
Les deux architectes en 1942: Kévork Kotchar et Mikael Mazmanian. DR
La construction de la cité. DR
Le plan de Norilsk. DR
Projet prométhéen de l’époque stalinienne, mené à mains nues ou presque, dans les conditions extrêmes de l’Arctique, Norilsk est une ancienne cité du Goulag, bâtie à côté de mines de métaux précieux. Un livre retrace son histoire.
Notice (8): Trying to access array offset on value of type null [APP/Template/Posts/view.ctp, line 123]Code Context<div class="post__article">
<? if ($post->free || $connected['active'] || $crawler || defined('IP_MATCH') || ($this->request->getParam('prefix') == 'smd')): ?>
<?= $post->content ?>
$viewFile = '/data01/sites/bonpourlatete.com/dev/bonpourlatete.com/src/Template/Posts/view.ctp' $dataForView = [ 'referer' => '/', 'OneSignal' => '8a2ea76e-2c65-48ce-92e5-098c4cb86093', '_serialize' => [ (int) 0 => 'post' ], 'post' => object(App\Model\Entity\Post) { 'id' => (int) 1120, 'created' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'modified' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'publish_date' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'notified' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'free' => false, 'status' => 'PUBLISHED', 'priority' => 'NORMAL', 'readed' => null, 'subhead' => 'CULTURE / Russie méconnue ', 'title' => 'Norilsk, la ville la plus froide et la plus polluée du monde', 'subtitle' => 'Projet prométhéen de l’époque stalinienne, mené à mains nues ou presque, dans les conditions extrêmes de l’Arctique, Norilsk est une ancienne cité du Goulag, bâtie à côté de mines de métaux précieux. Un livre retrace son histoire.', 'subtitle_edition' => null, 'content' => '<p>Taline Ter Minassian est une historienne française d'origine arménienne. Elle vient d'éditer un livre sur Norilsk, une ville fascinante qui représente aujourd'hui encore pour les Russes des enjeux internationaux énormes, géopolitiques, stratégiques, sanitaires, écologiques et éthiques.</p><br><span style="color: inherit; font-family: "GT America Standard Regular"; font-size: 1.4rem;"></span><img class="img-responsive img-center " src="https://bonpourlatete.comhttps://media.bonpourlatete.com/default/w258/1532114423_c3ace5f96be9e30215df6e27ff87c6cf.jpg"><p style="text-align: center;"><span style="color: inherit; font-family: "GT America Standard Regular"; font-size: 1.4rem;">Taline Ter Minassian sur radio <a href="http://aligrefm.org/programmes/les-emissions/la-vie-est-un-roman/">Aligre FM</a>. © DR</span></p><br><p></p><hr><p></p><h3>Genèse du projet</h3> <p>Ce projet a été voulu par Staline, au milieu des années trente. Il est fondé sur la volonté pour l’Union soviétique d’acquérir du nickel, ce minerai absolument stratégique, nécessaire dans les alliages de type blindage, et de l’acquérir à moindre coût grâce à une main d’œuvre gratuite constituée par les travailleurs du Goulag, les zeks, (abréviation de zaklioutchennyï, détenu), prisonniers traités différemment selon l’activité qui était la leur dans le camps, car le Norillag (composé du combinat minier et métallurgique et du camp du Goulag de Norilsk), outre ses nombreux mineurs, comptait aussi des intellectuels, de nombreux ingénieurs et géologues et un groupe plus restreint d’architectes déportés, auxquels fut assigné une mission précise: construire une vraie ville au milieu de nulle part. </p> <h3>Un style détaché de son contexte</h3> <p>Cette ville a été construite dans un registre stalino-musolino-balkanique par Kévork Kotchar et Mikael Mazmanian, des architectes arméniens qui étaient des prisonniers, victimes de la répression stalinienne, et qui ont été déportés au Goulag à la fin des années 1930. </p><p>Issus du courant constructiviste soviétique, et ayant subis aussi l’influence de l’architecture mussolinienne, les deux architectes avaient une double mission: chercher des moyens permettant d’édifier des bâtiments pérennes sur le permafrost et répondre aux défis posés par la construction d’une ville coupée du monde.</p><p>Ils vont prendre en charge tous les aspects de cette construction, les aspects techniques, pratiques et esthétiques et apporter une touche littéralement surréaliste, rappelant l’imaginaire à l’œuvre dans les toiles de De Chirico, à la ville stalinienne surgie des glaces. </p><p>Ils construisent Norilsk d’après le plan d’Erevan, ville arménienne de l’extrême sud de l’Union soviétique. Ce mimétisme, cette invraisemblable manière de transplanter une forme d’urbanisme, dans des conditions qui sont complètement autres – passant d'un environnement pensé pour une ville tapie dans une montagne baignée de soleil comme Erevan à un terrain ressemblant à une banquise vouée à dix mois par an de froid intense comme Norilsk – s’explique de deux manières.</p><p>La première, c’est qu’à l’époque stalinienne, les architectes avaient une marge de manœuvre des plus réduite et que donc Kévork Kotchar et Mikael Mazmanian ont reproduit un modèle qui avait déjà été agréé par le système. La deuxième est que les capitales régionales devaient tenir compte du folklore local. </p><p>Il s’agit de l’application du fameux mot d’ordre stalinien: socialiste dans le contenu et national par la forme. Là bas, dans ce grand nord, il y a des Nenets (une population indigène), des rennes, des yourtes, mais pas d’architecture pérenne. En l’absence donc pour eux de style local utilisable, ils choisirent le style qui leur était le plus familiers, le leur. Ils ont notamment représenté partout des feuilles de vignes, des grenades et mis des balcons en fer forgé aux immeubles d’habitation! </p> <h3>1956 – Les komsomols débarquent</h3> <p>Le camps a fermé en 1953 et en 1956, 29'000 jeunes s’installent volontairement à Norilsk. Cette jeunesse patriote, exaltée par les projets d’industrialisation, portée par la victoire de la seconde guerre mondiale et sans expérience directe de la répression des années 1930, transforme Norilsk en profondeur et y apporte de nouveaux modes de vie. Cette génération, lorsqu’on l’interroge aujourd'hui sur son rapport actuel à ce lieu, à cette cité, reste très attachée à la ville comme au combinat et se considère comme étant la seule détentrice légitime de la mémoire locale. Elle est très méfiante envers les anciens zeks qui, contrairement à eux, n'ont pas choisi délibérément de vivre ici.</p> <h3>Aujourd’hui – migrations économiques</h3> <p>Le mythe du front pionnier, c.-à-d. de la maintenance d’une vie urbaine dans un endroit en tous points hostile à cette présence, une sorte d’effort héroïque donc, est-il mort? Pas tout a fait. Face à ces deux mémoires urbaines contradictoires, celle du goulag et celle des komsomols, une troisième s’est progressivement formée: celle des migrants économiques, qui eux aussi se considèrent comme étant des pionniers et qui sont arrivés dans la ville durant les années de la perestroïka. Car, comme les autres villes arctiques riches en ressources énergétiques et minières, Norilsk a attiré des travailleurs venus d’Ukraine et d’Azerbaïdjan, puis du Caucase du Nord et d’Asie centrale. Les pionniers azéris, installés dès les années 1980, tiennent aujourd’hui la plupart des restaurants, cafés et boîtes de nuit de la ville, tandis que la seconde génération azérie domine les marchés, en particulier la vente de fruits et légumes acheminés depuis le sud. </p> <h3>L’homme le plus riche de la Russie</h3> <p>Ville fermée et d’accès réglementée, - on ne peut y rentrer qu’avec l’agrément des services de polices étatiques, un laisser passé officiel donc, c’est toujours aujourd’hui le plus grand gisement de nickel-cuivre-cobalt-palladium du monde. 50 000 ouvriers et employés vivent sur place, et, vu les conditions climatiques extrêmement dures, avec un salaire minimal de 1000 dollars par mois. </p><p>Chaque année, des millions de tonnes de dioxyde de soufre y sont rejetées dans l’air, ce qui en fait sans doute la ville la plus polluée du monde. </p><p>Des oligarques proches de Poutine, et en particulier Vladimir Potanine, en ont fait une sorte de fief. Potanine a été considéré comme étant l’homme le plus riche de la Russie et il a, en 2015, par exemple, acheté un Malevitch, le fameux <em>Carré noir sur fond blanc</em>, pour un million de dollar, afin de l’offrir au musée de l’Ermitage…</p><br> <img class="img-responsive img-center " src="https://bonpourlatete.comhttps://media.bonpourlatete.com/default/w300/1532115072_norilsklarchitectureaugoulag.jpg"><h4 style="text-align: center;"><em>Norilsk: l’architecture au Goulag</em>, de Taline Ter Minassian. Editions B2, 2018. </h4><br><p></p><hr><p></p><h4><br>Le réalisateur François Jacob a consacré un film à Norilsk qui s’intitule <a href="http://www.f3msurdemande.ca/sur-la-lune-de-nickel-fren-2017/" style="font-size: 1.6rem; background-color: rgb(255, 255, 255);">Sur la lune de nickel</a>. <br></h4>', 'content_edition' => null, 'slug' => 'norilsk-la-ville-la-plus-froide-et-la-plus-polluee-du-monde', 'headline' => false, 'homepage' => 'col-md-12', 'like' => (int) 779, 'editor' => null, 'index_order' => (int) 1144, 'homepage_order' => (int) 1373, 'original_url' => null, 'podcast' => false, 'tagline' => null, 'poster' => null, 'category_id' => (int) 6, 'person_id' => (int) 2107, 'post_type_id' => (int) 1, 'poster_attachment' => null, 'editions' => [[maximum depth reached]], 'tags' => [ [maximum depth reached] ], 'locations' => [[maximum depth reached]], 'attachment_images' => [ [maximum depth reached] ], 'attachments' => [ [maximum depth reached] ], 'person' => object(App\Model\Entity\Person) {}, 'comments' => [[maximum depth reached]], 'category' => object(App\Model\Entity\Category) {}, '[new]' => false, '[accessible]' => [ [maximum depth reached] ], '[dirty]' => [[maximum depth reached]], '[original]' => [[maximum depth reached]], '[virtual]' => [[maximum depth reached]], '[hasErrors]' => false, '[errors]' => [[maximum depth reached]], '[invalid]' => [[maximum depth reached]], '[repository]' => 'Posts' }, 'relatives' => [ (int) 0 => object(App\Model\Entity\Post) {}, (int) 1 => object(App\Model\Entity\Post) {}, (int) 2 => object(App\Model\Entity\Post) {}, (int) 3 => object(App\Model\Entity\Post) {} ], 'embeds' => [], 'images' => [ (int) 0 => object(Cake\ORM\Entity) {}, (int) 1 => object(Cake\ORM\Entity) {}, (int) 2 => object(Cake\ORM\Entity) {}, (int) 3 => object(Cake\ORM\Entity) {} ], 'audios' => [], 'comments' => [], 'author' => 'Yves Tenret', 'description' => 'Projet prométhéen de l’époque stalinienne, mené à mains nues ou presque, dans les conditions extrêmes de l’Arctique, Norilsk est une ancienne cité du Goulag, bâtie à côté de mines de métaux précieux. Un livre retrace son histoire.', 'title' => 'Norilsk, la ville la plus froide et la plus polluée du monde', 'crawler' => true, 'connected' => null, 'menu_blocks' => [ (int) 0 => object(App\Model\Entity\Block) {}, (int) 1 => object(App\Model\Entity\Block) {} ], 'menu' => [ (int) 0 => object(App\Model\Entity\Category) {}, (int) 1 => object(App\Model\Entity\Category) {}, (int) 2 => object(App\Model\Entity\Category) {}, (int) 3 => object(App\Model\Entity\Category) {}, (int) 4 => object(App\Model\Entity\Category) {}, (int) 5 => object(App\Model\Entity\Category) {}, (int) 6 => object(App\Model\Entity\Category) {}, (int) 7 => object(App\Model\Entity\Category) {}, (int) 8 => object(App\Model\Entity\Category) {}, (int) 9 => object(App\Model\Entity\Category) {}, (int) 10 => object(App\Model\Entity\Category) {}, (int) 11 => object(App\Model\Entity\Category) {}, (int) 12 => object(App\Model\Entity\Category) {} ] ] $bufferLevel = (int) 1 $referer = '/' $OneSignal = '8a2ea76e-2c65-48ce-92e5-098c4cb86093' $_serialize = [ (int) 0 => 'post' ] $post = object(App\Model\Entity\Post) { 'id' => (int) 1120, 'created' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'modified' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'publish_date' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'notified' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'free' => false, 'status' => 'PUBLISHED', 'priority' => 'NORMAL', 'readed' => null, 'subhead' => 'CULTURE / Russie méconnue ', 'title' => 'Norilsk, la ville la plus froide et la plus polluée du monde', 'subtitle' => 'Projet prométhéen de l’époque stalinienne, mené à mains nues ou presque, dans les conditions extrêmes de l’Arctique, Norilsk est une ancienne cité du Goulag, bâtie à côté de mines de métaux précieux. Un livre retrace son histoire.', 'subtitle_edition' => null, 'content' => '<p>Taline Ter Minassian est une historienne française d'origine arménienne. Elle vient d'éditer un livre sur Norilsk, une ville fascinante qui représente aujourd'hui encore pour les Russes des enjeux internationaux énormes, géopolitiques, stratégiques, sanitaires, écologiques et éthiques.</p><br><span style="color: inherit; font-family: "GT America Standard Regular"; font-size: 1.4rem;"></span><img class="img-responsive img-center " src="https://bonpourlatete.comhttps://media.bonpourlatete.com/default/w258/1532114423_c3ace5f96be9e30215df6e27ff87c6cf.jpg"><p style="text-align: center;"><span style="color: inherit; font-family: "GT America Standard Regular"; font-size: 1.4rem;">Taline Ter Minassian sur radio <a href="http://aligrefm.org/programmes/les-emissions/la-vie-est-un-roman/">Aligre FM</a>. © DR</span></p><br><p></p><hr><p></p><h3>Genèse du projet</h3> <p>Ce projet a été voulu par Staline, au milieu des années trente. Il est fondé sur la volonté pour l’Union soviétique d’acquérir du nickel, ce minerai absolument stratégique, nécessaire dans les alliages de type blindage, et de l’acquérir à moindre coût grâce à une main d’œuvre gratuite constituée par les travailleurs du Goulag, les zeks, (abréviation de zaklioutchennyï, détenu), prisonniers traités différemment selon l’activité qui était la leur dans le camps, car le Norillag (composé du combinat minier et métallurgique et du camp du Goulag de Norilsk), outre ses nombreux mineurs, comptait aussi des intellectuels, de nombreux ingénieurs et géologues et un groupe plus restreint d’architectes déportés, auxquels fut assigné une mission précise: construire une vraie ville au milieu de nulle part. </p> <h3>Un style détaché de son contexte</h3> <p>Cette ville a été construite dans un registre stalino-musolino-balkanique par Kévork Kotchar et Mikael Mazmanian, des architectes arméniens qui étaient des prisonniers, victimes de la répression stalinienne, et qui ont été déportés au Goulag à la fin des années 1930. </p><p>Issus du courant constructiviste soviétique, et ayant subis aussi l’influence de l’architecture mussolinienne, les deux architectes avaient une double mission: chercher des moyens permettant d’édifier des bâtiments pérennes sur le permafrost et répondre aux défis posés par la construction d’une ville coupée du monde.</p><p>Ils vont prendre en charge tous les aspects de cette construction, les aspects techniques, pratiques et esthétiques et apporter une touche littéralement surréaliste, rappelant l’imaginaire à l’œuvre dans les toiles de De Chirico, à la ville stalinienne surgie des glaces. </p><p>Ils construisent Norilsk d’après le plan d’Erevan, ville arménienne de l’extrême sud de l’Union soviétique. Ce mimétisme, cette invraisemblable manière de transplanter une forme d’urbanisme, dans des conditions qui sont complètement autres – passant d'un environnement pensé pour une ville tapie dans une montagne baignée de soleil comme Erevan à un terrain ressemblant à une banquise vouée à dix mois par an de froid intense comme Norilsk – s’explique de deux manières.</p><p>La première, c’est qu’à l’époque stalinienne, les architectes avaient une marge de manœuvre des plus réduite et que donc Kévork Kotchar et Mikael Mazmanian ont reproduit un modèle qui avait déjà été agréé par le système. La deuxième est que les capitales régionales devaient tenir compte du folklore local. </p><p>Il s’agit de l’application du fameux mot d’ordre stalinien: socialiste dans le contenu et national par la forme. Là bas, dans ce grand nord, il y a des Nenets (une population indigène), des rennes, des yourtes, mais pas d’architecture pérenne. En l’absence donc pour eux de style local utilisable, ils choisirent le style qui leur était le plus familiers, le leur. Ils ont notamment représenté partout des feuilles de vignes, des grenades et mis des balcons en fer forgé aux immeubles d’habitation! </p> <h3>1956 – Les komsomols débarquent</h3> <p>Le camps a fermé en 1953 et en 1956, 29'000 jeunes s’installent volontairement à Norilsk. Cette jeunesse patriote, exaltée par les projets d’industrialisation, portée par la victoire de la seconde guerre mondiale et sans expérience directe de la répression des années 1930, transforme Norilsk en profondeur et y apporte de nouveaux modes de vie. Cette génération, lorsqu’on l’interroge aujourd'hui sur son rapport actuel à ce lieu, à cette cité, reste très attachée à la ville comme au combinat et se considère comme étant la seule détentrice légitime de la mémoire locale. Elle est très méfiante envers les anciens zeks qui, contrairement à eux, n'ont pas choisi délibérément de vivre ici.</p> <h3>Aujourd’hui – migrations économiques</h3> <p>Le mythe du front pionnier, c.-à-d. de la maintenance d’une vie urbaine dans un endroit en tous points hostile à cette présence, une sorte d’effort héroïque donc, est-il mort? Pas tout a fait. Face à ces deux mémoires urbaines contradictoires, celle du goulag et celle des komsomols, une troisième s’est progressivement formée: celle des migrants économiques, qui eux aussi se considèrent comme étant des pionniers et qui sont arrivés dans la ville durant les années de la perestroïka. Car, comme les autres villes arctiques riches en ressources énergétiques et minières, Norilsk a attiré des travailleurs venus d’Ukraine et d’Azerbaïdjan, puis du Caucase du Nord et d’Asie centrale. Les pionniers azéris, installés dès les années 1980, tiennent aujourd’hui la plupart des restaurants, cafés et boîtes de nuit de la ville, tandis que la seconde génération azérie domine les marchés, en particulier la vente de fruits et légumes acheminés depuis le sud. </p> <h3>L’homme le plus riche de la Russie</h3> <p>Ville fermée et d’accès réglementée, - on ne peut y rentrer qu’avec l’agrément des services de polices étatiques, un laisser passé officiel donc, c’est toujours aujourd’hui le plus grand gisement de nickel-cuivre-cobalt-palladium du monde. 50 000 ouvriers et employés vivent sur place, et, vu les conditions climatiques extrêmement dures, avec un salaire minimal de 1000 dollars par mois. </p><p>Chaque année, des millions de tonnes de dioxyde de soufre y sont rejetées dans l’air, ce qui en fait sans doute la ville la plus polluée du monde. </p><p>Des oligarques proches de Poutine, et en particulier Vladimir Potanine, en ont fait une sorte de fief. Potanine a été considéré comme étant l’homme le plus riche de la Russie et il a, en 2015, par exemple, acheté un Malevitch, le fameux <em>Carré noir sur fond blanc</em>, pour un million de dollar, afin de l’offrir au musée de l’Ermitage…</p><br> <img class="img-responsive img-center " src="https://bonpourlatete.comhttps://media.bonpourlatete.com/default/w300/1532115072_norilsklarchitectureaugoulag.jpg"><h4 style="text-align: center;"><em>Norilsk: l’architecture au Goulag</em>, de Taline Ter Minassian. Editions B2, 2018. </h4><br><p></p><hr><p></p><h4><br>Le réalisateur François Jacob a consacré un film à Norilsk qui s’intitule <a href="http://www.f3msurdemande.ca/sur-la-lune-de-nickel-fren-2017/" style="font-size: 1.6rem; background-color: rgb(255, 255, 255);">Sur la lune de nickel</a>. <br></h4>', 'content_edition' => null, 'slug' => 'norilsk-la-ville-la-plus-froide-et-la-plus-polluee-du-monde', 'headline' => false, 'homepage' => 'col-md-12', 'like' => (int) 779, 'editor' => null, 'index_order' => (int) 1144, 'homepage_order' => (int) 1373, 'original_url' => null, 'podcast' => false, 'tagline' => null, 'poster' => null, 'category_id' => (int) 6, 'person_id' => (int) 2107, 'post_type_id' => (int) 1, 'poster_attachment' => null, 'editions' => [], 'tags' => [ (int) 0 => object(App\Model\Entity\Tag) {} ], 'locations' => [], 'attachment_images' => [ (int) 0 => object(Cake\ORM\Entity) {}, (int) 1 => object(Cake\ORM\Entity) {}, (int) 2 => object(Cake\ORM\Entity) {}, (int) 3 => object(Cake\ORM\Entity) {} ], 'attachments' => [ (int) 0 => object(Cake\ORM\Entity) {}, (int) 1 => object(Cake\ORM\Entity) {}, (int) 2 => object(Cake\ORM\Entity) {}, (int) 3 => object(Cake\ORM\Entity) {} ], 'person' => object(App\Model\Entity\Person) {}, 'comments' => [], 'category' => object(App\Model\Entity\Category) {}, '[new]' => false, '[accessible]' => [ '*' => true, 'id' => false ], '[dirty]' => [], '[original]' => [], '[virtual]' => [], '[hasErrors]' => false, '[errors]' => [], '[invalid]' => [], '[repository]' => 'Posts' } $relatives = [ (int) 0 => object(App\Model\Entity\Post) { 'id' => (int) 4818, 'created' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'modified' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'publish_date' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'notified' => null, 'free' => false, 'status' => 'PUBLISHED', 'priority' => null, 'readed' => null, 'subhead' => null, 'title' => 'Dominique Goblet, un livre envoûtant et une exposition à Bâle', 'subtitle' => '«Le Jardin des Candidats» de Dominique Goblet et Kai Pfeiffer est un livre grand format où se croisent bande dessinée et art contemporain, céramiques, sculptures, ready-mades, aquarelles et strips narratifs, dans une totale liberté de ton. Ouvrage d’une grande invention offrant des dessins de jardins, de trous dans ces jardins, d’hommes nus ou habillés, de visages d’hommes en pleurs, de vases, photographiés ou dessinés, dus aux deux artistes ou chinés sur des marchés. Tout cela, dans d’infinies nuances d’une couleur dominante, le vert, couleur du règne végétal et couleur de l’espoir.', 'subtitle_edition' => '«Le Jardin des Candidats» de Dominique Goblet et Kai Pfeiffer est un livre grand format où se croisent bande dessinée et art contemporain, céramiques, sculptures, ready-mades, aquarelles et strips narratifs, dans une totale liberté de ton. Ouvrage d’une grande invention offrant des dessins de jardins, de trous dans ces jardins, d’hommes nus ou habillés, de visages d’hommes en pleurs, de vases, photographiés ou dessinés, dus aux deux artistes ou chinés sur des marchés.', 'content' => '<h3>L'exposition</h3> <p>Le Cartoonmuseum de Bâle, logé dans un bâtiment signé par les architectes Herzog & de Meuron, propose, jusqu’au 26 mai prochain, une exposition rétrospective de Dominique Goblet, née à Bruxelles en 1967 et devenue une artiste internationalement reconnue après la publication d’un récit autobiographique <i>Pretending is Lying</i> (2007) racontant sa relation avec ses deux parents, alcooliques notoires, récit qui lui vaudra à Angoulême le prix Töpffer.</p> <p>L'exposition, elle, s'ouvre sur <i>Ostende</i>, son dernier roman graphique paru en 2021 chez FRMK, qui interroge son rapport de quinquagénaire au corps et au temps. Les salles suivantes retracent l'ensemble de son parcours artistique, des carnets y côtoyant des planches dessinées et de grands formats peints, mêlant fantasmes et plongées dans l'intime. Dans les dernières salles, partant d’annonces de sites de rencontre, Dominique Goblet et Kai Pfeiffer, les deux auteurs du <i>Jardin des candidats</i>, imbriquent leurs dessins, décloisonnent les disciplines et incluent dans leur scénographie installations et fresques murales.</p> <p>Par ailleurs, dans une vidéo qui figure sur le site du musée, on peut entrapercevoir Dominique Goblet pleine de vie et d’énergie pétillante bloquant un tram à Bâle pour laisser passer la fanfare invitée en l’honneur de son show.</p> <h3>Le livre</h3> <p><i>Le</i> <i>Jardin des Candidats</i> est totalement convaincant et on ne peut qu’en vanter l’indéniable réussite plastique. Toutes les expérimentations formelles y sont au service d'une écriture et tout y est rendu comme étant nécessaire et parfait.</p> <p>En ouverture, un paon déclare dans une bulle: «cherche relation suivie pour moments câlins dans le jardin». <i>Aléa jacta es</i>, les dés sont jetés, toutes les citations sont issues de véritables textes de profils sur des sites de rencontre, apprend-t-on ensuite. Il y a ainsi de la végétation et une voix, celle de la Mère, figure mythique de l’adoration. Elle est «La Grande Absence». Elle possède un amas de livres détrempés et une piscine inachevée. Elle est l’Unique Divin Problème et quand il fait soleil ou quand il pleut, c’est parce qu’elle en a besoin. Les candidats repérés sur internet sont rassemblés dans le parc parmi des buissons, des vases, des paons, des trous et un barbecue. Ils y errent, ils y besognent, jardinent ou se délassent. Ils y attendent. </p> <p>Le récit est non linéaire, avançant dans une gratuité et un arbitraire paradoxalement archi gratifiant. Nous ne sommes pas dans une bande dessinée, dans une histoire avec un début et une fin, mais dans un espace où nous nous évadons et gambadons d’image en image, sautillant de page en page, passant vite là, nous attardant ici, flânant ailleurs et retournant en arrière là.</p> <p>La dialectique entre textes et images et le jeu entre les échelles des dessins sont subtils, tendus, perpétuellement inventifs et renouvelés. Il en nait une musique visuelle avec ses thèmes obsédants. Oui, dans ce monde d’attente, ce monde édénique où rien ne se vit, tout est étonnamment vivant.</p> <h3>Les hommes</h3> <p>Les hommes s’y décrivent de façon récurrente comme étant en manque, et de façon plus occasionnelle, comme étant sensibles, doux, caressants, aimables, gentils, respectueux, espérant être à la hauteur de vos attentes, chauds et infatigables, pratiquant tout ou presque, très fiables, aimant le faire dans la nature, maitrisant leur force masculine, jeunes et dynamiques, donnant le vrai plaisir, sympas tranquilles mignons et grands, du signe du poisson, et donc un tantinet mystérieux et romantiques, entièrement disposés à satisfaire vos envies de filles et de femmes libérées, dominants, très discrets, de nature calme et aimant prendre leur temps, au physique athlétique, pouvant donner beaucoup et devenir ultra sévères si nécessaire, passionnés, ouverts à toutes extravagances, aimant aller au bowling, appelant un chat, un chat, mini doux et ayant un trop plein d’amour à offrir.</p> <h3>Et quand il n'y en a plus, il y en a encore</h3> <p>Ces mots et ces idées assemblés n’étant pas sans rappeler <i>L'Eternité par les astres</i> d’Auguste Blanqui, et au milieu de tous ces prétendants, message subliminal, on perçoit bien que nos deux artistes ont décrypté l’essence même du désir du fervent sportif, de l’amateur de cartes, de l’attachant, du très séduisant, du non photogénique, du très intimidant mais fiable, de l’endurant et coquin célibataire prêt à mettre son corps à votre entière disposition.</p> <h3>Leur quête</h3> <p>Nous avons donc affaire à des hommes cherchant un plan rapide, sans prise de tête, avec une femme sexy, mignonne et sans pression, des rencontres discrètes avec une femme cougar, un flirt discret avec une âme sœur belle et propre, et le tour de force de ce livre est d’arriver avec ces désirs-là à ne jamais tomber dans le sordide, de rester amical avec ces mâles qui aimeraient que les femmes qu’ils désirent rencontrer soient plus âgées, matures, avec des formes généreuses, charmantes, des mères de famille, un peu jalouses et possessives, en bas ou en collants, discrètes, disponibles, actives au lit, vraiment gentilles, très coquines, très humbles, cool et respectueuses, en détresse, sensibles et timides, douces, propres et belles, romantiques, sensuelles, intelligentes, diplomates, câlines.</p> <h3>Les métiers des candidats</h3> <p>Nous dérivons donc avec ces demandeurs de rencontres qui dans leur vie ont un très large éventail d’occupations allant des métiers de col bleu, des métiers manuels, comme teinturier, nettoyeur à sec, ouvrier polyvalent, installateur de chaudière, chocolatier-confiseur, serrurier, bagagiste, machiniste, grutier, monteur d’appareils électro-ménager, éclairagiste, cueilleur, affuteur, et bien sûr l’hyper pertinent et bienvenu, masseur. Des métiers demandant un grand engagement physique comme maître-nageur, guide chasse et pêche, sauveteur, interprète en langue des signes, souffleur, voix off, choriste, professeur de yoga. Et du côté col blanc, nous avons un game designer, un ministre du culte, un greffier, un fiscaliste, un échevin, un architecte de jardin, un humoriste, un acarologue, un acousticien, un fiscaliste, un diamantaire, un médecin légiste, un dénicheur de talent et un très utile dermatologue, l’un possédant une webcam et un autre avouant que cela suffit à son bonheur.</p> <h3>Les objets, les animaux, les décors, la Mère</h3> <p>On l’appelle «La Mère» et elle est «La Grande Absence». Sa maison est envahie par des amas de livres détrempés et son jardin contient une piscine inachevée. Mais tout en étant l’Unique Divin Problème, elle n’a pas de problème. Quand il fait soleil ou quand il pleut, c’est parce qu’Elle en a besoin.</p> <p>Des hommes en manque comme s’il en pleuvait, se soumettent avec docilité à tous ses caprices, elle leur demande de creuser, ils creusent. Des hommes avec des cheveux frisés, des cheveux raides, chauves, des casquettes, des lunettes, des cravates, des hommes nus, des hommes en pierre, en terre, assis, couchés, debout, enlacés entre eux, sur un banc, en tablier devant un barbecue, des paons, une centaine de candidats corvéables à merci. Nous avons aussi un code couleur, blanc, noir, vert, dans une multitude de dégradés, vingt maisons, vingt trous, quarante vases, vingt bols, dix assiettes, des sexes en érection, des sexes au repos, des larmes, beaucoup de visages d’hommes en larmes, un jardin enchanté et bouleversant de quotidienneté sublimée, une gifle, des enlacements de substitution entre hommes, une femme seule entre deux âges, un site de rencontre, un semblant d’ordre monastique avec ses règles propres, un monde fantasmatique avec sa trivialité d’une infinité de possibles et elle en maîtresse de ce grand jeu érotique, donc deux récits parallèles, le sien, le leur, ni libertinage, ni misère sexuelle, juste la langue du désir, avec ses lourdeurs, ses légèretés, ses lapsus, ses aveux, ses refoulements, ses grossièretés, ses finesses.</p> <hr /> <p><img src="https://media.bonpourlatete.com/default/w1200/1710927703_jardin_couverture_rgbbassedef.jpg" class="img-responsive img-fluid left " width="200" height="262" /></p> <h4>«Le Jardin des Candidats», Dominique Goblet et Kai Pfeiffer, Editions FRMK, 256 pages.</h4> <h4>Le livre accompagne la <a href="https://cartoonmuseum.ch/ausstellungen/dominique-goblet" target="_blank" rel="noopener">rétrospective Dominique Goblet</a> au Cartoonmuseum à Bâle qui a lieu du 2 mars au 26 mai.</h4>', 'content_edition' => '', 'slug' => 'dominique-goblet-un-livre-envoutant-et-une-exposition-a-bale', 'headline' => null, 'homepage' => null, 'like' => (int) 42, 'editor' => null, 'index_order' => (int) 1, 'homepage_order' => (int) 1, 'original_url' => '', 'podcast' => false, 'tagline' => null, 'poster' => null, 'category_id' => (int) 6, 'person_id' => (int) 2107, 'post_type_id' => (int) 1, 'post_type' => object(App\Model\Entity\PostType) {}, 'comments' => [[maximum depth reached]], 'tags' => [ [maximum depth reached] ], 'locations' => [[maximum depth reached]], 'attachment_images' => [ [maximum depth reached] ], 'person' => object(App\Model\Entity\Person) {}, 'category' => object(App\Model\Entity\Category) {}, '[new]' => false, '[accessible]' => [ [maximum depth reached] ], '[dirty]' => [[maximum depth reached]], '[original]' => [[maximum depth reached]], '[virtual]' => [[maximum depth reached]], '[hasErrors]' => false, '[errors]' => [[maximum depth reached]], '[invalid]' => [[maximum depth reached]], '[repository]' => 'Posts' }, (int) 1 => object(App\Model\Entity\Post) { 'id' => (int) 4791, 'created' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'modified' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'publish_date' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'notified' => null, 'free' => true, 'status' => 'PUBLISHED', 'priority' => null, 'readed' => null, 'subhead' => null, 'title' => 'Le roman noir en France, incarnations diverses', 'subtitle' => 'Roman gothique anglais, roman-feuilleton, roman à énigme, roman prolétarien, fait divers criminel, «hardboiled» américain, roman réaliste, Série noire, néo-polar, les racines du roman policier français sont multiples et chaque génération a les siennes. «Le roman noir: une histoire française» de Natacha Levet retrace, avec une constante acuité critique et une érudition consciencieuse, l’histoire plus que centenaire du roman policier français.', 'subtitle_edition' => 'Roman gothique anglais, roman-feuilleton, roman à énigme, roman prolétarien, fait divers criminel, «hardboiled» américain, roman réaliste, Série noire, néo-polar, les racines du roman policier français sont multiples et chaque génération a les siennes. «Le roman noir: une histoire française» de Natacha Levet retrace, avec une constante acuité critique et une érudition consciencieuse, l’histoire plus que centenaire du roman policier français.', 'content' => '<h3>Réalisme et naturalisme</h3> <p>Emile Gaboriau et Gaston Leroux sont les chroniqueurs judiciaires tout autant des petites transgressions des normes sociales que des moments de brusque déséquilibre dans l’ordre des choses. La majeure partie des faits divers relatés par la presse du XIXème siècle ne sont pas des crimes spectaculaires, de grandes affaires retentissantes, mais de minuscules incidents de la vie quotidienne, des crimes sans éclats.</p> <p>Le roman réaliste et naturaliste, Dostoïevski, Flaubert et Balzac, ce sont eux, l’héritage revendiqué du roman noir. Il s’agit de représenter la réalité sociale et, comme le disait Zola dans la préface de <i>L’Assommoir</i>, de rédiger une œuvre de vérité qui ait la vitalité et l’odeur du peuple.</p> <h3>Prolétaires et classes moyennes</h3> <p>Le roman dit prolétarien ne sera pas grand-chose et, contrairement à Céline, n’usant pas de la vraie langue du peuple, il ne rencontrera jamais son public. C’est ce que lui a raté que le roman noir va réussir, avec des auteurs paradoxalement issus de la grande bourgeoisie: Boris Vian et José Giovanni; ou avec des auteurs qui n’ont fréquenté que l’école primaire, comme Léo Malet, Auguste Le Breton, George Simenon et Albert Simonin.</p> <h3>Dur à cuire</h3> <p>1943 est l’année de l’adaptation en France du <i>hardboiled</i> <i>made in USA</i> avec la naissance de Nestor Burma dans le <i>120, rue de la Gare </i>de Léo Mallet, récit tissé d’effets de réel, d’écriture à la première personne, de notations de détails sans fonction, d’enracinement dans tel ou tel quartier. Mallet décrit la cité Jeanne-d’Arc, ilot insalubre, ruisseau central, trottoirs inexistants, poubelles débordantes d’immondices jamais enlevées et assiégées par des chats, des chiens et des rats. Maisons étayées par de gros madriers goudronnés. Ça pue les latrines bouchées. Pas mal de vitres cassées remplacées par des morceaux de carton, des tuyaux de poêle pointant par diverses ouvertures, du linge étendu sur des barres d’appuis. On dirait une enquête de Zola, mais lui, Malet, a tout inventé et en ne s’inspirant non pas de Dashiell Hammett ou de <i>Scarface</i>, mais d’Arsène Lupin, Fantômas et Fu Manchu d’où est tiré le patronyme Burma; et en usant de nombreux emprunts à l’anglais: trench-coats, cop, docks, drugstore, building, policemen, barmaid ou knock-out.</p> <h3>La Série noire</h3> <p>En 1964, Sartre, dans son autobiographie, <i>Les Mots</i>, déclare qu’il lit plus volontiers un <i>Série</i> <i>noire</i> que Wittgenstein. Cette nouvelle collection a été lancée par Gallimard en 1945, pour publier des romans <i>hardboiled</i>. Peu de titres au début mais dès 1948 la collection entre dans l’ère fordiste des littératures de genre, standardisation et mode de fabrication contraints aussi bien dans la matérialité des volumes que dans l’identité des textes, avec imprimé sur les rabats de la jaquette. Donnés comme les traits principaux des ces ouvrages: l’immoralité, l’anticonformisme, l’action, la violence, la tension, l’humour et l’angoisse.</p> <p>En 1953, six titres français paraissent. Albert Simonin avec <i>Touchez pas au grisbi!</i> remporte un énorme succès, <i></i>100'000 exemplaires vendus. Auguste le Breton renouvelle ensuite l’exploit avec <i>Du rififi chez les hommes</i>.</p> <h3>Le roman noir à la française</h3> <p>La classe moyenne, tout en se consolidant dans les années 50 et 60, aura son Homère en la personne de Georges Simenon et ses 75 romans mettant en scène le commissaire <i>Maigret.</i> Cette épopée d’une société rurale et ouvrière mutant vers le tertiaire rencontrera un succès planétaire et, en nombre d’exemplaires vendus, sera en concurrence avec la Bible. Auscultant inlassablement le capitalisme moderne, le Liégeois captera ses heurts, ses changements, ses frictions et pour lui, comme pour le roman noir en général, le cinéma sera fondamental. Une adaptation d’un de ses livres avec Jean Gabin dans le rôle-titre, c’est la certitude d’atteindre des tirages phénoménaux.</p> <p>Pour le reste, Manchette le notera dans l’une de ses chronique, les truands du roman noir sont réac et ne cessent de se plaindre du temps qui passe. Leur contre-société est pour eux la seule communauté qui existe. Ils nomment leur milieu le Milieu et ils se nomment eux-mêmes les Hommes. Le reste de la société n’étant qu’un ramassis de pue-la-sueur soumis aux politiciens et craignant les flics.</p> <h3>Ultragauche, le néo-polar</h3> <p>Après Mai 68, le roman noir français reconvertit le genre en acte critique, en radiographie politique de la société et de ses institutions, en instrument d’intervention sociale. Le néo-polar intègre dans ses récits les banlieues, les grands ensembles, les HLM, et décrit de nouveaux espaces tels les caves, les terrains vagues, les cages d’escaliers. La violence sociale n’y est plus un écart mais la norme et toute révolte individuelle y est, par nature, vouée à échouer. Paranoïa et haine de soi y dominent.</p> <p>Jean-Patrick Manchette, invité à l'émission <i>Apostrophes</i> par Bernard Pivot, en utilisant le terme de néo-polar devant des millions de spectateurs, rend son usage universel. L’époque est aux positions tranchées mais c’est A.D.G., sympathisant du Front national, qui brosse avec tendresse des portraits de hippies contestataires, et Manchette qui endosse dans ses livres le point de vue des fascistes.</p> <p>Sur les seize auteurs pratiquant ce nouveau genre, dix ont un passé de militants de gauche, dans des organisations telles que les Jeunesses communistes, le PCF, la Gauche prolétarienne ou Lutte ouvrière, tous, nés après 1945, sont des <i>baby-boomers</i>, ayant fait des études supérieures, et ayant des bac +4, ou +5. Ils sont journalistes, scénaristes, traducteurs, éditeurs ou cinéastes. Manchette se définira d’ailleurs lui-même comme étant un indécrottable intello pas honteux de l’être.</p> <h3>La reconnaissance du genre</h3> <p>Pendant que la contre-culture se dote de ses propres outils de communication, journaux satiriques, BD, fanzines, l’éditeur Plon réagit et crée des collections qui rencontrent un succès phénoménal comme <i>SAS</i> de Gérard de Villiers, avec ses romans d’espionnage racistes et sexistes, homophobes et anticommunistes. De même, la série Brigade spéciale associe toujours l’acte sexuel à des coups et de la torture, d’un racisme appuyé, elle use de termes comme «bougnoule», «négresse» et est riche en descriptions de traitements dégradants. </p> <p>Les années 1980 voient l’entrée en scène de l’amateur érudit et naissent des almanachs, des chroniques, des fanzines, des revues spécialisées vendues en kiosque, comme <i>Gang</i>, <i>Polar</i> ou <i>813</i>, un Festival du roman et du film policier, une exposition au Centre Pompidou, l’ouverture en 1983 de la Bilipo, Bibliothèque des littératures policières à Paris, des thèses sur le sujet sont soutenues et en 1994 paraissent 471 nouveaux titres, en 1995, 700, en 2001, 1'709. </p> <p>Lors du cinquantième anniversaire de la <i>Série noire</i>, Patrick Raynal en devient directeur. <i>Œdipe roi</i> de Sophocle y est publié, Jean-Claude Izzo et Maurice G. Dantec sont recrutés, les ventes repartent à la hausse.</p> <h3>Féminisation du roman noir</h3> <p>Dans les années 1990, on assiste à une entrée progressive d’auteurs femmes et ensuite, au siècle suivant, massive, à la fois comme productrices d’ouvrages et comme lectrices de ceux-ci, la lecture de roman devenant une activité de plus en plus essentiellement féminine.</p> <p>En 2024, 60% des acheteurs et du lectorat de romans policiers sont des acheteuses et des lectrices. Il paraît beaucoup d’articles sur les femmes auteures de polars dont certaines avaient néanmoins choisi un pseudonyme androgyne, telles Fred Vargras, Dominique Manotti ou Claude Amoz. La plus célèbre de toutes, Virginie Despentes, décrit des personnages qui n’ont rien de victimes soumises, ni de douceur féminine et retourne, avec brio, la violence contre les hommes dans des récits urbains, violents, crus et nihilistes.</p> <h3>Auteurs enquêteurs, profs, journalistes et policiers</h3> <p>Le polar du XXIème siècle marque l’avènement d’une prise de parole qui n’est ni le fruit d’un engagement ni le résultat d’une déception militante.</p> <p>Chercheurs, enseignants-chercheurs, journalistes, documentaristes, médecins, psychanalystes, avocats pénalistes, policiers, ils sont très nombreux à exercer ou avoir exercé des professions qui relèvent du paradigme indiciaire. Beaucoup d’auteurs travaillent dans l’audiovisuel, sont profs ou policiers – généralement des officiers. D’autres sont journalistes, donc précarisés ou en voie de l’être, et trouvent dans le polar une liberté dont ne disposent plus les médias d’information. Par le polar, ils peuvent raconter tout ce qu’ils ne peuvent plus dire par le journalisme. Ils utilisent dans l’écriture leur méthodologie d’investigation: collecte de données, recueil de témoignages, enquête de terrain, étude d’archives.</p> <p>Carlos Ginsburg dans <i>Signes, traces et pistes,</i> son article paru en 1980, article faisant lui-même référence à l’article <i>Attribution</i> d’Enrico Castelnuovo paru en 1968 dans l’Encyclopédie Universalis: en 1876, il y a beaucoup de fausses attributions dans les musées, G. Morelli postule que pour distinguer les originaux des copies, il ne faut pas se baser sur les caractères les plus apparents et, par conséquent, les plus faciles à imiter mais examiner les détails les plus négligeables: les lobes des oreilles, les ongles, la forme des doigts des mains et des pieds. Castelnuovo rapproche cette méthode à celle de Sherlock Holmes découvrant l’auteur d’un délit sur la base d’indices imperceptibles pour la plupart des gens.</p> <h3>Extension du domaine de la lutte</h3> <p>De nos jours, le roman noir affronte le post-moderne, les <i>fake news</i> et la post-vérité. Dans de nombreux romans, le dénouement est ouvert. Le texte se clôt sur un assaut, sur une poursuite, sur une disparition non expliquée, sur la recherche non aboutie d’un meurtrier. Il n’y a plus de point de vue surplombant, unifié, de narration organisatrice, il ne reste que dissensus et brouillard narratif. </p> <p>Bref, comme le disait le sociologue Luc Boltanski: que s’est-il passé pour qu’au début du XXème siècle surgisse cette littérature entièrement consacrée à l’énigme? L’émergence du roman policier ne coïncide-t-elle pas à la fois avec la construction de l’Etat-nation, la naissance de la sociologie et avec une nouvelle pathologie décrite par la psychiatrie, la paranoïa? Qu’ont-elles à voir entre elles? C’est simple. Elles utilisent toute l’enquête comme outil principal.</p> <hr /> <p><img src="https://media.bonpourlatete.com/default/w1200/1709203606_9782130841982_1_75.jpg" class="img-responsive img-fluid left " width="200" height="318" /></p> <h4>«Le roman noir: une histoire française», Natacha Levet, Presses Universitaires de France, 416 pages.</h4>', 'content_edition' => '', 'slug' => 'le-roman-noir-en-france-incarnations-diverses', 'headline' => null, 'homepage' => null, 'like' => (int) 40, 'editor' => null, 'index_order' => (int) 1, 'homepage_order' => (int) 1, 'original_url' => '', 'podcast' => false, 'tagline' => null, 'poster' => null, 'category_id' => (int) 6, 'person_id' => (int) 2107, 'post_type_id' => (int) 1, 'post_type' => object(App\Model\Entity\PostType) {}, 'comments' => [[maximum depth reached]], 'tags' => [ [maximum depth reached] ], 'locations' => [[maximum depth reached]], 'attachment_images' => [ [maximum depth reached] ], 'person' => object(App\Model\Entity\Person) {}, 'category' => object(App\Model\Entity\Category) {}, '[new]' => false, '[accessible]' => [ [maximum depth reached] ], '[dirty]' => [[maximum depth reached]], '[original]' => [[maximum depth reached]], '[virtual]' => [[maximum depth reached]], '[hasErrors]' => false, '[errors]' => [[maximum depth reached]], '[invalid]' => [[maximum depth reached]], '[repository]' => 'Posts' }, (int) 2 => object(App\Model\Entity\Post) { 'id' => (int) 4762, 'created' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'modified' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'publish_date' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'notified' => null, 'free' => false, 'status' => 'PUBLISHED', 'priority' => null, 'readed' => null, 'subhead' => null, 'title' => 'L’amitié dans les milieux lettrés et artistiques aux XIXème et XXème siècles', 'subtitle' => 'Goethe et Schiller, Nietzsche et Paul Rée, Wagner et Bakounine, Karl Marx et Engels, clair que l’amitié, ce n’est pas rien. Qu’aurait été Sam Shepard sans Johnny Dark? Et Hannah Arendt sans Mary McCarthy? Godard sans Gorin? Ou sans Serge Daney? Van Gogh sans Gauguin? Bien sûr celle-ci peut se décliner en mille et une variantes, de la dépendance à l’épanouissement, de la soumission à la libre égalité fraternelle. Ce sont ces déclinaisons qu’aborde «L’amitié dans tous ses états», ce livre aux horizons divers.', 'subtitle_edition' => 'Goethe et Schiller, Nietzsche et Paul Rée, Wagner et Bakounine, Karl Marx et Engels, clair que l’amitié, ce n’est pas rien. Qu’aurait été Sam Shepard sans Johnny Dark? Et Hannah Arendt sans Mary McCarthy? Godard sans Gorin? Ou sans Serge Daney? Van Gogh sans Gauguin? Bien sûr celle-ci peut se décliner en mille et une variantes, de la dépendance à l’épanouissement, de la soumission à la libre égalité fraternelle. Ce sont ces déclinaisons qu’aborde «L’amitié dans tous ses états», ce livre aux horizons divers.', 'content' => '<p>Ils sont quatre-vingt paires d’amis ou d’amies, écrivain, poète, cinéaste, anthropologue, philosophe, historien d’art, musicien, biologiste, botaniste et quand on écrit, quand on dessine, qu’on peint, qu’on filme, qu’on cherche, qu’on compose, pouvoir échanger, partager, est fondamental. Quand on a le blues aussi. Ces lettres sont souvent liées à une production en cours. On veut être rassuré, approuvé ou même critiqué. Il y a des réponses qui déçoivent, fâchent, enchantent, stimulent, tant de possibles sont possibles! Et on a affaire aussi bien à l’amitié franche et virile qui existe entre Asger Jorn et Christian Dotremont qu’à l’amitié décharnée et ascétique entre Samuel Beckett et Bram van Velde, à l’amitié sensuelle et libertine entre Marcel Duchamp et Henri-Pierre Roché qu’à l’amitié tendre et fidèle entre Pier Paolo Pasolini et Silvana Mauri.</p> <h3>L'amitié entre femmes</h3> <p>Rachel Carson et Dorothy Freeman, l’une théoricienne de l’écologie, biologiste, auteur du <i>Printemps silencieux</i> qui aboutit à l’interdiction du DDT aux Etats-Unis, l’autre, enseignante dans un institut d’agriculture, ont dans les 45 ans quand elles se rencontrent, un été, sur une île, et sont ravies d’avoir enfin trouvé quelqu’un à qui parler, quelqu’un avec qui partager ses intérêts et sentiments. Après deux années d’échanges, Rachel signe ses lettres d’un <i>ILY</i> (I Love You). C’est chaud. Elle lui écrit tous les jours. Le soir, de son lit. Le matin, avant d’aller travailler. En fin d’après-midi, dans le train, après avoir été travailler. Elle signe aussi <i>Always</i> <i>Rachel</i>. Elle le fera pendant les onze ans de leur correspondance, un échange de 900 lettres. Conscientes que celles-ci pourraient être rendues publiques, elles inventent un code, avec deux possibles, <i>Darling</i> et <i>Dearest</i>, les premières strictement intimes, les secondes pouvant être lues par la famille de Dorothy. </p> <p>Hannah Arendt et Mary McCarthy ont entretenu 26 années de correspondance entre 1949 et 1975. Là, la barre est très haute car ces deux déracinées cosmopolites sont géniales. Née en Allemagne en 1906, l'une était juive, réfugiée aux Etats-Unis en 1940 après avoir fui l'Europe sept ans plus tôt et vivait à New York une vie d'intellectuelle déracinée. L'autre était née à Seattle en 1912 dans une famille catholique et s'était installée à New York en 1936, bien décidée à y faire une carrière de critique et d'écrivain. Entre elles, on découvre un dialogue profond dans lequel la romancière s'ouvre aux problèmes de la pensée, tandis que la philosophe se montre passionnée de littérature. Elles partagent leurs enthousiasmes et s'avouent leurs angoisses, passant sans cesse du registre de l’intimité à celui du débat intellectuel, commentant les événements politiques et se protégeant mutuellement dans les controverses, comme celle suscitée par le livre d'Arendt sur Eichmann. </p> <p>Leur amitié s’intensifie au fur et à mesure. Elles s’écrivent des choses comme: Tu me manques, j’aspire à nos journées de dialogues. Je pense à toi avec une intimité et une tendresse nouvelle. Comment écrire à quelqu’un qui ne vous quitte jamais? Jusqu’à ces dix mots dans une lettre d’Arendt en 1974: «Tu ne peux pas raisonnablement douter de <i>moi</i>. Je t’aime.» </p> <h3>La meilleure amie de Pier Paolo Pasolini</h3> <p>Avec Silvana Mauri, ils ont échangé des centaines de lettres, lettres qui ont malheureusement disparu. Ils s’aimaient. Elle est la première personne à qui il a avoué et décrit par le menu son homosexualité. Amitié, tendresse pour toi, dit-il, mais pas d’attirance physique. Ils se rencontrent à Bologne, aux début des années 40, il va souvent la voir dans le Frioul. Elle lui écrit tous les jours, elle aussi, le matin avant d’aller au bureau. </p> <h3>Jules et Jim</h3> <p>En décembre 1916, Marcel Duchamp, devenu célèbre outre-Atlantique grâce à son <i>Nu descendant un escalier</i>, <i></i>exposé à l'Armory Show en 1913, fait la connaissance de Henri-Pierre Roché, diplomate, collectionneur et homme de lettres. La séduction est immédiate et réciproque. Roché, marchand d’art, critique, journaliste, a une vie sexuelle libérée, aime les formes artistiques débridées et fait preuve d’une constante ouverture d’esprit. Après 1919, leur amitié se renforce à Paris. Duchamp tient son ami au courant de ses travaux, entre autres pour lui demander des fonds. D’année en année, la complicité va s’intensifiant.</p> <p>Cette relation, fidèle et exemplaire, est transcrite dans une correspondance que le choix de Marcel Duchamp de vivre aux Etats-Unis rend abondante. Roché conserve toutes les lettres de son ami. Duchamp, qui ne conserve rien, gardera néanmoins celles de Roché postérieures à 1953 – date à laquelle celui-ci publie son roman <i>Jules et Jim.</i> Leurs échanges sont continus, vifs, drôles, affectueux et cela jusqu'à la disparition de Henri-Pierre Roché en 1959.</p> <h3>Amitié et antisémitisme</h3> <p>L’amitié entre Vassily Kandinsky et Arnold Schoenberg va buter sur l’antisémitisme, le premier écrivant au second, suite à une demande d’être engagé au Bauhaus, qu’il le rejette en tant que Juif mais qu’il l’apprécie en tant qu’homme: «… je vous rejette en tant que Juif, mais néanmoins je vous écris une bonne lettre et vous assure que j’aimerais tellement<i> vous</i> avoir ici pour que nous travaillions<i> ensemble!</i>»</p> <p>A quoi le second répond: «Et vous vous joignez à cela et "me rejetez en tant que Juif". Me suis-je donc offert à vous? Croyez-vous que quelqu’un comme moi se laisse rejeter! Pensez-vous qu’un homme qui connait sa valeur accorde à quiconque le droit de critiquer ne serait-ce que ses traits de caractère les plus insignifiants? Qui serait-il donc, celui qui aurait ce droit? En quoi serait-il meilleur? Oui, me critiquer derrière mon dos, il y a là beaucoup de place, c’est loisible à chacun. Mais si je l’apprends, il est alors à ma merci, livré à mes représailles.»</p> <h3>En Belgique dans les années 20</h3> <p>En 1922, le jeune Henri Michaux, complètement paumé, se cherche un parrain littéraire et en Belgique, ça ne court pas vraiment les rues. Il tombe sur Franz Hellens, de 20 ans son ainé, auteur d’un récit onirique, <i>Mélusine</i>, récit qu’il l’a ébloui. Loin de l’homme sans concession qu’il deviendra, à ce moment-là, Michaux manquant de tout, même de livres, aspire à des mondanités, a le souci de parvenir, de trouver une place et de réussir dans la milieu littéraire parisien. Et ça marche, Hellens le prend dans sa revue<i> Le Disque vert</i>. Ils s’écriront pendant vingt ans. Plus tard, l’auteur d’un <i>Barbare en Asie</i> souhaitera voir détruite cette correspondance preuve de ses peu glorieuses errances de jeunesse. </p> <h3>En Suisse dans les années 40</h3> <p>Deux êtres aux antipodes l’un de l’autre, excès contre réserve, volubilité contre frugalité du langage, débordements contre nuances, improbables amis mais nourrissant quand même un généreux dialogue et partageant leurs doutes pendant 60 ans! Maurice Chappaz bouillonne et insuffle de sa tonicité à Philippe Jaccottet qui en manque mais qui, par contre, est attentif, fidèle et patient. Au départ, il y a une note de lecture du second qui a alors 20 ans, à propos de <i>Verdure de la nuit</i> du premier, cantique célébrant la femme, le désir, le Valais. Pendant que le Vaudois Jaccottet déprime et se ronge, Chappaz, le Valaisan, chante l’amour, la vie vagabonde, la bohême. Jaccottet, rongé par les soucis d’argent, ses tâches de traducteur et de critique littéraire, ses inhibitions devant le devoir d’écrire, s’exile à Paris puis à Grignan et même si tout les oppose, une amitié désintéressée et au long cours va se développer et se fortifier, entre l’austère Jaccottet et l’explosif globe-trotteur et contempteur des remonte-pentes.</p> <h3>En guise de conclusion, une merveille merveilleuse</h3> <p>Entre Robert Walser et Frieda Mermet, pendant vingt ans, de 1913 à 1923, s’échange une correspondance joueuse, ludique et facétieuse. Liberté de ton, ferveur, badinage, relation amoureuse à distance, orgueil, sincérité et rétention, tous les sortilèges de la prose walsérienne sont ici à l’œuvre. Quand ils font connaissance, il a 35 ans et elle, 36. Il revient de Berlin où il a passé sept ans à fréquenter les avant-gardes artistiques et a beaucoup publié. Walser vit maintenant chez sa sœur, institutrice puis, en 1920, déménage à Berne. Frieda qui est divorcée et lingère dans une clinique psychiatrique lui sert aussi d’archiviste et de bibliothécaire car Walser n’a jamais possédé de bibliothèque ni conservé quoi que ce soit. Elle satisfait fidèlement ses nombreuses demandes de vivres – fromage, beurre, saucisson, thé. Leur relation épistolaire est entrecoupée de rencontres épisodiques. Walser effectue souvent à pied le trajet entre Bienne et l’asile de Bellelay. Il donne toujours du «vous» à sa «chère Madame Mermet» tout en embrassant l’ourlet de sa ravissante petite culotte et parfois, il joue avec l'idée de l'épouser: «J'aimerais être dès demain matin votre mari, serviable, sage en tout temps, économe, solide, fidèle, toujours, bien sûr», lui écrit-il.</p> <hr /> <p><img src="https://media.bonpourlatete.com/default/w1200/1707986152_correspondancescouverture1046x1536.jpg" class="img-responsive img-fluid left " width="200" height="294" /></p> <h4>«L’amitié dans tous ses états. Correspondances», conçu et présenté par Nicole Marchand-Zañartu et Jean Lauxerois, Médiapop Editions, 212 pages.</h4>', 'content_edition' => '', 'slug' => 'l-amitie-dans-les-milieux-lettres-et-artistiques-aux-xixeme-et-xxeme-siecles', 'headline' => null, 'homepage' => null, 'like' => (int) 46, 'editor' => null, 'index_order' => (int) 1, 'homepage_order' => (int) 1, 'original_url' => '', 'podcast' => false, 'tagline' => null, 'poster' => null, 'category_id' => (int) 6, 'person_id' => (int) 2107, 'post_type_id' => (int) 1, 'post_type' => object(App\Model\Entity\PostType) {}, 'comments' => [[maximum depth reached]], 'tags' => [ [maximum depth reached] ], 'locations' => [[maximum depth reached]], 'attachment_images' => [ [maximum depth reached] ], 'person' => object(App\Model\Entity\Person) {}, 'category' => object(App\Model\Entity\Category) {}, '[new]' => false, '[accessible]' => [ [maximum depth reached] ], '[dirty]' => [[maximum depth reached]], '[original]' => [[maximum depth reached]], '[virtual]' => [[maximum depth reached]], '[hasErrors]' => false, '[errors]' => [[maximum depth reached]], '[invalid]' => [[maximum depth reached]], '[repository]' => 'Posts' }, (int) 3 => object(App\Model\Entity\Post) { 'id' => (int) 4717, 'created' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'modified' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'publish_date' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'notified' => null, 'free' => false, 'status' => 'PUBLISHED', 'priority' => null, 'readed' => null, 'subhead' => null, 'title' => 'Une enfance heureuse à la cure de Pailly dans le Gros-de-Vaud', 'subtitle' => 'Dans «Arpenté», livre tour de force au niveau du rythme, du mouvement et dans son économie de moyens, Alain Freudiger, en un long traveling à travers ses lieux d’enfance, explore une géographie fondatrice, les expériences qui y prennent corps, et confie l’illumination de la découverte de soi-même et de ses origines.', 'subtitle_edition' => 'Dans «Arpenté», livre tour de force au niveau du rythme, du mouvement et dans son économie de moyens, Alain Freudiger, en un long traveling à travers ses lieux d’enfance, explore une géographie fondatrice, les expériences qui y prennent corps, et confie l’illumination de la découverte de soi-même et de ses origines.', 'content' => '<p>Il s’agit donc de cartographier une enfance, qui s’est passée dans la plaine agricole du Gros-de-Vaud, en milieu rural protestant, à Pailly, Oppens, Orzens, non loin d’Yverdon.</p> <h3>Temps et lieu</h3> <p>Le schéma de départ est spatial et déroule des lieux et des sensations à partir d’un plan non pas linéaire mais en spirale et avec divers reliefs. Un parcours, la reconstitution d’un paysage avec ses hauts, ses bas, ses impressions sonores, visuelles, tactiles, ses zones de brouillard. La laiterie, les ponts de grange typiques de son «petit coin de terre vaudoise», le tas de fumier avec sa planche en bois qui permet à la brouette de passer dessus, la remorque à lisier, la fosse à purin, le convoyeur, tapis roulant, avec au centre du village, solide et massive, une grande fontaine de campagne à deux bassins.</p> <h3>Le sol</h3> <p>Cela commence par le sol parce que l’on passe beaucoup de temps au sol lorsqu’on est un petit enfant. On ne sait pas encore marcher, on se fatigue vite, on tombe, et la vue est plus courte. Il y a cette myopie enfantine, on regarde le proche, ce qu’on trouve sous la main, ce qu’on tâte, et puis à partir de ce point de vue, petit à petit la vue se développe et on voit l’environnement de manière un peu plus large mais toujours à partir d’un point très précis du sol. Au début donc, pour l'auteur, tout est sol et rien que sol, sol de l’enfance, sol socle. Il commence par décrire ce sol là où il est le plus dur, la route goudronnée, goudron et gravillons mêlés, son odeur forte, puis il passe au sable, à l’herbe, à la terre sèche ou boueuse, au gravier, au parquet, aux dalles, au tapis, aux couvertures. Oui, il s’agit d’arpenter ce territoire, et ce défilement va se retrouver dans l’écriture et avec le mouvement, ce détachement, cette impression de glisser sur les choses. Il s’agit aussi de prendre conscience de l’immensité de ce qui nous entoure, de la distance entre deux poteaux d’un but de football. </p> <h3>Son style</h3> <p>Plus intéressé par la vérité des sensations, des impressions, des sens, des perceptions que par celle des souvenirs, Alain Freudiger effeuille, effleure, prend son temps, ne brûle pas les étapes et use d’une grande précision dans l’usage du vocabulaire, et de peu de qualificatifs. C’est très fluide et pour ce faire, il n’y a pas de chapitres. Son travail est triple: il parcourt mentalement sa propre mémoire par l’écriture: tous ses lieux, ses maisons, ses chemins, ses bois, ses champs. Ensuite après ce premier jet, il consulte un certain nombre de photographies, non seulement de son enfance mais aussi de la région à cette époque-là, et a quelques discussions avec des proches et des gens qui ont vécu là-bas, non pour vérifier tel ou tel détail mais pour faire sauter des verrous mémoriels, pour s’ouvrir à de nouvelles choses. </p> <h3>Le vocabulaire</h3> <p>L’un des enjeux du livre était d’arriver à une grande précision dans le vocabulaire, pour retrouver ces sensations d’enfant, ces finesses tactiles, olfactives, ces perceptions, ces émotions. Nanti d’une très bonne mémoire, il remonte donc le fleuve de cette enfance pour décrire précisément ce moment où pour lui, entre ses quatre et sept ans, tout était neuf.</p> <p>Temps où chaque paysage, chaque situation, chaque personnage, animal, plante, tout était l’objet d’un étonnement, d’une impression plus ou moins forte. </p> <h3>Le père</h3> <p>Un grand l’ennuie, son père lui dit qu’il se venge parce qu’il n’aime pas le catéchisme car, oui, son père est pasteur. Ce père explique aussi qu’on ne peut dire ni «nom de Dieu», ni «j’adore le chocolat», qu’on ne doit pas jurer et qu’il n’y a que Dieu qu’on adore. Ce père qui regardait toujours ses fils avec bienveillance et qui leur lit chaque soir un chapitre de l’<i>Iliade </i>ou de l’<i>Odyssée</i>. Néanmoins, le soir, avant d’aller dormir, tout est agité, alors, tous ensemble, ils chantent d’une voix très douce une chanson au pouvoir apaisant:</p> <p><em>Demeure par ta grâce, Avec nous Dieu sauveur!</em></p> <p><em>Quoi que l’Ennemi fasse, Protège notre cœur</em> </p> <h3>Le corps, les mouvements, les seuils</h3> <p>Le corps est bien là et les blessures font partie de la vie de tous les jours. A un moment, il y a la morsure par un chien, la blessure qui pourrit et les croûtes, qui peu à peu se détachent, les ecchymoses, les entailles, le corps griffé par les ronces, le corps qui change de forme après avoir été piqué par un insecte ou par la pointe en silice des orties se plantant comme une aiguille dans l'épiderme. </p> <p>Rien d’aérien ou d’évaporé, il y a incarnation. La dynamique de l’écriture est mouvement car l’auteur est très sensible à l’oralité, au rythme, au côté marcheur. Il accorde une grande importance aussi aux seuils, au fait de les franchir, de passer d’un lieu à l’autre, d’un extérieur à un intérieur, d’un chemin à une route, d’un bois à un pré, de toutes les perceptions et des effets de surprise. </p> <h3>Les animaux et les plantes</h3> <p>Il insiste également sur l’importance des animaux, les abeilles, les chiens, les corneilles, les taupes, les hérissons écrasés au bord de la route, les oies, le dindon qui fait peur, les vaches qui traversent le village, les coccinelles, les chenilles, les vertes et les brunes, les poux, les chevaux, les chèvres, les moutons.</p> <p>Et le champ de maïs avec ses innombrables couloirs qui avancent à l’infini et qui cachent les enfants de tous les regards. Les bottes de paille, le seigle, le blé, l’orge. Et dans les bois, surgit un ruisseau, des branches moussues, le bruit de l’écoulement, doux, calme, léger, persistant, les pissenlits, les marguerites, les pâquerettes, le bouton d’or – simplicité, le platane, le sureau, les peupliers sur la place centrale, le cyprès.</p> <h3>Le côté pop</h3> <p>Le chewing-gum, les Lego, les cigarettes filtres, les jeux électroniques avec leur écran à cristaux liquides, une maquette d’avion. L'auteur, enfant, reconnaît très bien les voitures, sait différencier très tôt une Mini Cooper d’une Alfa Roméo, et il est admiré par les adultes pour cela. Une petite poignée de dessinateurs, cinéastes ou groupes, Agnès Rosenstiehl, Yves Yersin, Etienne Delessert, Jörg Müller, les Forbans ou Téléphone, la télévision – où on la place dans la maison, dans quelle position on se met pour la regarder, son premier film: <i>La Grande Vadrouille</i>. </p> <h3>Les autres enfants</h3> <p>Chacun a son caractère. Chez Yves, les tracteurs, chez les Lenz, l’atelier de réparation de voitures, chez Stéphane, après avoir passé le rideau de lamelles plastiques jaune-verte-rose-brune-orange-turquoise, le tapis doux et la table basse.</p> <h3>Le bonheur</h3> <p>Partout où il y a un chemin à deux sillons, à l’orée d’une forêt, il est chez lui, dit-il. La question du paradis, du bonheur, n’est pas liée à des événements, à une exaltation. C’est un bonheur animiste qui est décrit en termes de lumières, de sons, de sensations, et qui n’a pas vocation à durer, qui ne s’appesantit pas. Un rai de lumière, ses millions de grains de poussière, apportant une vague idée cosmique. </p> <p>Ce bonheur est à l’échelle des choses et des événements, petit. Ce n’est pas le paradis perdu. Oui, s’il y a une mélodie dans ce livre, c’est celle du bonheur, d’un bonheur calme, tendre et paisible.</p> <p>Le moulin du village, l’endroit le plus paradisiaque de sa prime enfance, dit-il – un bassin en pierre plein d’eau dans lequel les enfants peuvent se baigner en jouant avec des chambres à air. </p> <p>Au soir tombant, en rentrant au crépuscule, après le portail toujours ouvert, être accueilli par les lumières jaunes aux fenêtres, par une chaleureuse image d’un foyer chaud et lumineux, oui, accueilli par le père ou la mère. Heureux les pacifiques. Un jour, il dit à son petit frère de manger une feuille d’ortie, celui-ci le fait, il ne se passe rien mais l’auteur, ébranlé par cette obéissance aveugle, ne lui fera plus jamais de semblable sale coup.</p> <p>Il écrit aussi qu’au village, il y a peu de classes sociales, que les enfants sont sur une même ligne d’égalité, qu’il n’y a pas de différence entre fils de paysan et fils de notable local. </p> <h3>Le paradis d'avant la Chute</h3> <p>Ce qui importe, c’est de grandir, de bouger, de découvrir, d’aimer, bref de vivre. Oui, en un étonnant coup de maître, Alain Freudiger nous décrit tout simplement sa jouissance à être.</p> <p>Nous ne sommes pas sur le chemin de Damas, il n’y a pas de rédemption, il n’y a pas eu de Chute mais au contraire, conquête de la station verticale. Ce n’est pas l’enfance de tout un chacun. Aux uns, une pente douce, aux autres, des montagnes russes, peu ont eu un rapport aussi harmonieux à leur fratries, peu ont été aussi aimés par leurs parents et moins encore se sentaient les égaux de tous. C’est bien là qu’est le tour de force d’Alain Freudiger. Avec lui, nous sommes dans le paradis de Jérôme Bosch, chez le Breughel de La Chute d’Icare. Mais l’enfer et l’occupation espagnole, cela sera pour une autre fois. Nous sommes dans la campagne romande au début des années 80 et dans les derniers temps heureux de l’histoire de l’humanité. Juste avant l’arrivée massive de la microinformatique, des séries HBO et du réchauffement climatique.</p> <hr /> <p><img src="https://media.bonpourlatete.com/default/w1200/1705961015_arpente2.jpg" class="img-responsive img-fluid left " width="200" height="300" /></p> <h4>«Arpenté», Alain Freudiger, Editions La Baconnière, 152 pages.</h4>', 'content_edition' => '', 'slug' => 'une-enfance-heureuse-a-la-cure-de-pailly-dans-le-gros-de-vaud', 'headline' => null, 'homepage' => null, 'like' => (int) 64, 'editor' => null, 'index_order' => (int) 1, 'homepage_order' => (int) 1, 'original_url' => '', 'podcast' => false, 'tagline' => null, 'poster' => null, 'category_id' => (int) 6, 'person_id' => (int) 2107, 'post_type_id' => (int) 1, 'post_type' => object(App\Model\Entity\PostType) {}, 'comments' => [[maximum depth reached]], 'tags' => [ [maximum depth reached] ], 'locations' => [[maximum depth reached]], 'attachment_images' => [ [maximum depth reached] ], 'person' => object(App\Model\Entity\Person) {}, 'category' => object(App\Model\Entity\Category) {}, '[new]' => false, '[accessible]' => [ [maximum depth reached] ], '[dirty]' => [[maximum depth reached]], '[original]' => [[maximum depth reached]], '[virtual]' => [[maximum depth reached]], '[hasErrors]' => false, '[errors]' => [[maximum depth reached]], '[invalid]' => [[maximum depth reached]], '[repository]' => 'Posts' } ] $embeds = [] $images = [ (int) 0 => object(Cake\ORM\Entity) { 'id' => (int) 4045, 'created' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'modified' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'name' => '1 aNorilsk Place de la GArde.jpeg', 'type' => 'image', 'subtype' => 'jpeg', 'size' => (int) 404972, 'md5' => '6d5ca7843ca6e3a031b9c580d47a1fa8', 'width' => (int) 900, 'height' => (int) 601, 'date' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'title' => '', 'description' => 'La Place de la Garde, de Norilsk.', 'author' => '', 'copyright' => 'DR', 'path' => '1532009086_1anorilskplacedelagarde.jpeg', 'embed' => null, 'profile' => 'default', '_joinData' => object(Cake\ORM\Entity) {}, '[new]' => false, '[accessible]' => [ [maximum depth reached] ], '[dirty]' => [[maximum depth reached]], '[original]' => [[maximum depth reached]], '[virtual]' => [[maximum depth reached]], '[hasErrors]' => false, '[errors]' => [[maximum depth reached]], '[invalid]' => [[maximum depth reached]], '[repository]' => 'Attachments' }, (int) 1 => object(Cake\ORM\Entity) { 'id' => (int) 4046, 'created' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'modified' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'name' => '9-Alabian MM Moscou 1924.jpg', 'type' => 'image', 'subtype' => 'jpeg', 'size' => (int) 103610, 'md5' => '5833c8d8c5d20f3b0aa7cdccb8a03078', 'width' => (int) 960, 'height' => (int) 715, 'date' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'title' => '', 'description' => 'Les deux architectes en 1942: Kévork Kotchar et Mikael Mazmanian.', 'author' => '', 'copyright' => 'DR', 'path' => '1532009167_9alabianmmmoscou1924.jpg', 'embed' => null, 'profile' => 'default', '_joinData' => object(Cake\ORM\Entity) {}, '[new]' => false, '[accessible]' => [ [maximum depth reached] ], '[dirty]' => [[maximum depth reached]], '[original]' => [[maximum depth reached]], '[virtual]' => [[maximum depth reached]], '[hasErrors]' => false, '[errors]' => [[maximum depth reached]], '[invalid]' => [[maximum depth reached]], '[repository]' => 'Attachments' }, (int) 2 => object(Cake\ORM\Entity) { 'id' => (int) 4047, 'created' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'modified' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'name' => '37 Norilsk le camp_le combinat.jpg', 'type' => 'image', 'subtype' => 'jpeg', 'size' => (int) 273118, 'md5' => 'a365e46d58220f635f85ec151250d007', 'width' => (int) 824, 'height' => (int) 528, 'date' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'title' => '', 'description' => 'La construction de la cité.', 'author' => '', 'copyright' => 'DR', 'path' => '1532009227_37norilsklecamp_lecombinat.jpg', 'embed' => null, 'profile' => 'default', '_joinData' => object(Cake\ORM\Entity) {}, '[new]' => false, '[accessible]' => [ [maximum depth reached] ], '[dirty]' => [[maximum depth reached]], '[original]' => [[maximum depth reached]], '[virtual]' => [[maximum depth reached]], '[hasErrors]' => false, '[errors]' => [[maximum depth reached]], '[invalid]' => [[maximum depth reached]], '[repository]' => 'Attachments' }, (int) 3 => object(Cake\ORM\Entity) { 'id' => (int) 4048, 'created' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'modified' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'name' => '45 Plan Norilsk.jpg', 'type' => 'image', 'subtype' => 'jpeg', 'size' => (int) 300020, 'md5' => '1a54be6e296ce6bdc619e9805ff52273', 'width' => (int) 1000, 'height' => (int) 684, 'date' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'title' => '', 'description' => 'Le plan de Norilsk.', 'author' => '', 'copyright' => 'DR', 'path' => '1532009244_45plannorilsk.jpg', 'embed' => null, 'profile' => 'default', '_joinData' => object(Cake\ORM\Entity) {}, '[new]' => false, '[accessible]' => [ [maximum depth reached] ], '[dirty]' => [[maximum depth reached]], '[original]' => [[maximum depth reached]], '[virtual]' => [[maximum depth reached]], '[hasErrors]' => false, '[errors]' => [[maximum depth reached]], '[invalid]' => [[maximum depth reached]], '[repository]' => 'Attachments' } ] $audios = [] $comments = [] $author = 'Yves Tenret' $description = 'Projet prométhéen de l’époque stalinienne, mené à mains nues ou presque, dans les conditions extrêmes de l’Arctique, Norilsk est une ancienne cité du Goulag, bâtie à côté de mines de métaux précieux. Un livre retrace son histoire.' $title = 'Norilsk, la ville la plus froide et la plus polluée du monde' $crawler = true $connected = null $menu_blocks = [ (int) 0 => object(App\Model\Entity\Block) { 'id' => (int) 56, 'created' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'modified' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'active' => true, 'name' => '#Trends', 'subtitle' => null, 'description' => null, 'color' => null, 'order' => null, 'position' => null, 'type' => 'menu', 'slug' => 'menu_tags', 'extern_url' => null, 'tags' => [ [maximum depth reached] ], 'posts' => [[maximum depth reached]], '[new]' => false, '[accessible]' => [ [maximum depth reached] ], '[dirty]' => [[maximum depth reached]], '[original]' => [[maximum depth reached]], '[virtual]' => [[maximum depth reached]], '[hasErrors]' => false, '[errors]' => [[maximum depth reached]], '[invalid]' => [[maximum depth reached]], '[repository]' => 'Blocks' }, (int) 1 => object(App\Model\Entity\Block) { 'id' => (int) 55, 'created' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'modified' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'active' => true, 'name' => 'Les plus lus cette semaine', 'subtitle' => null, 'description' => null, 'color' => null, 'order' => null, 'position' => null, 'type' => 'menu', 'slug' => 'menu_highlight', 'extern_url' => null, 'tags' => [[maximum depth reached]], 'posts' => [ [maximum depth reached] ], '[new]' => false, '[accessible]' => [ [maximum depth reached] ], '[dirty]' => [[maximum depth reached]], '[original]' => [[maximum depth reached]], '[virtual]' => [[maximum depth reached]], '[hasErrors]' => false, '[errors]' => [[maximum depth reached]], '[invalid]' => [[maximum depth reached]], '[repository]' => 'Blocks' } ] $menu = [ (int) 0 => object(App\Model\Entity\Category) { 'id' => (int) 2, 'created' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'modified' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'name' => 'A vif', 'menu' => true, 'menu_order' => (int) 4, 'description' => 'Lorsque nos auteurs ont envie de réagir sur le vif à un événement, des concerts aux disparitions célèbres, ils confient leurs écrits à la rubrique "A vif", afin que ceux-ci soient publiés dans l’instant.', 'slug' => 'a-vif', 'attachment_id' => '0', 'lft' => null, 'rght' => null, 'parent_id' => null, '[new]' => false, '[accessible]' => [ [maximum depth reached] ], '[dirty]' => [[maximum depth reached]], '[original]' => [[maximum depth reached]], '[virtual]' => [[maximum depth reached]], '[hasErrors]' => false, '[errors]' => [[maximum depth reached]], '[invalid]' => [[maximum depth reached]], '[repository]' => 'Categories' }, (int) 1 => object(App\Model\Entity\Category) { 'id' => (int) 3, 'created' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'modified' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'name' => 'Chronique', 'menu' => true, 'menu_order' => (int) 5, 'description' => '<p>La réputation des chroniqueurs de Bon pour la tête n’est plus à faire: Tout va bien, Le billet du Vaurien, la chronique de JLK, ou encore Migraine et In#actuel, il y en a pour tous les goûts!</p>', 'slug' => 'chroniques', 'attachment_id' => '0', 'lft' => null, 'rght' => null, 'parent_id' => null, '[new]' => false, '[accessible]' => [ [maximum depth reached] ], '[dirty]' => [[maximum depth reached]], '[original]' => [[maximum depth reached]], '[virtual]' => [[maximum depth reached]], '[hasErrors]' => false, '[errors]' => [[maximum depth reached]], '[invalid]' => [[maximum depth reached]], '[repository]' => 'Categories' }, (int) 2 => object(App\Model\Entity\Category) { 'id' => (int) 4, 'created' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'modified' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'name' => 'Lu ailleurs', 'menu' => true, 'menu_order' => (int) 5, 'description' => 'Pourquoi ne pas mettre en avant nos collègues lorsque l'on est sensibles à leur travail? Dans la rubrique « Lu ailleurs » vous trouverez des reprises choisies par la rédaction et remaniées façon BPLT.', 'slug' => 'ailleurs', 'attachment_id' => '0', 'lft' => null, 'rght' => null, 'parent_id' => null, '[new]' => false, '[accessible]' => [ [maximum depth reached] ], '[dirty]' => [[maximum depth reached]], '[original]' => [[maximum depth reached]], '[virtual]' => [[maximum depth reached]], '[hasErrors]' => false, '[errors]' => [[maximum depth reached]], '[invalid]' => [[maximum depth reached]], '[repository]' => 'Categories' }, (int) 3 => object(App\Model\Entity\Category) { 'id' => (int) 5, 'created' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'modified' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'name' => 'Actuel', 'menu' => true, 'menu_order' => (int) 1, 'description' => 'Bon pour la tête n’a pas vocation à être un site d’actualité à proprement parler, car son équipe prend le temps et le recul nécessaire pour réagir à l’information.', 'slug' => 'actuel', 'attachment_id' => '0', 'lft' => null, 'rght' => null, 'parent_id' => null, '[new]' => false, '[accessible]' => [ [maximum depth reached] ], '[dirty]' => [[maximum depth reached]], '[original]' => [[maximum depth reached]], '[virtual]' => [[maximum depth reached]], '[hasErrors]' => false, '[errors]' => [[maximum depth reached]], '[invalid]' => [[maximum depth reached]], '[repository]' => 'Categories' }, (int) 4 => object(App\Model\Entity\Category) { 'id' => (int) 6, 'created' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'modified' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'name' => 'Culture', 'menu' => true, 'menu_order' => (int) 3, 'description' => '', 'slug' => 'culture', 'attachment_id' => '0', 'lft' => null, 'rght' => null, 'parent_id' => null, '[new]' => false, '[accessible]' => [ [maximum depth reached] ], '[dirty]' => [[maximum depth reached]], '[original]' => [[maximum depth reached]], '[virtual]' => [[maximum depth reached]], '[hasErrors]' => false, '[errors]' => [[maximum depth reached]], '[invalid]' => [[maximum depth reached]], '[repository]' => 'Categories' }, (int) 5 => object(App\Model\Entity\Category) { 'id' => (int) 7, 'created' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'modified' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'name' => 'Vos lettres', 'menu' => true, 'menu_order' => (int) 6, 'description' => 'Bon pour la tête donne la parole à ses lecteurs, qu’ils aient envie de partager leur avis, pousser un coup de gueule ou contribuer à la palette diversifiée d’articles publiés. A vous de jouer!', 'slug' => 'vos-lettres-a-bon-pour-la-tete', 'attachment_id' => '0', 'lft' => null, 'rght' => null, 'parent_id' => null, '[new]' => false, '[accessible]' => [ [maximum depth reached] ], '[dirty]' => [[maximum depth reached]], '[original]' => [[maximum depth reached]], '[virtual]' => [[maximum depth reached]], '[hasErrors]' => false, '[errors]' => [[maximum depth reached]], '[invalid]' => [[maximum depth reached]], '[repository]' => 'Categories' }, (int) 6 => object(App\Model\Entity\Category) { 'id' => (int) 8, 'created' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'modified' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'name' => 'Analyse', 'menu' => true, 'menu_order' => (int) 3, 'description' => '', 'slug' => 'analyse', 'attachment_id' => '0', 'lft' => null, 'rght' => null, 'parent_id' => null, '[new]' => false, '[accessible]' => [ [maximum depth reached] ], '[dirty]' => [[maximum depth reached]], '[original]' => [[maximum depth reached]], '[virtual]' => [[maximum depth reached]], '[hasErrors]' => false, '[errors]' => [[maximum depth reached]], '[invalid]' => [[maximum depth reached]], '[repository]' => 'Categories' }, (int) 7 => object(App\Model\Entity\Category) { 'id' => (int) 10, 'created' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'modified' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'name' => 'Science', 'menu' => true, 'menu_order' => null, 'description' => '', 'slug' => 'sciences', 'attachment_id' => '0', 'lft' => (int) 1, 'rght' => (int) 2, 'parent_id' => null, '[new]' => false, '[accessible]' => [ [maximum depth reached] ], '[dirty]' => [[maximum depth reached]], '[original]' => [[maximum depth reached]], '[virtual]' => [[maximum depth reached]], '[hasErrors]' => false, '[errors]' => [[maximum depth reached]], '[invalid]' => [[maximum depth reached]], '[repository]' => 'Categories' }, (int) 8 => object(App\Model\Entity\Category) { 'id' => (int) 11, 'created' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'modified' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'name' => 'Histoire', 'menu' => true, 'menu_order' => null, 'description' => '', 'slug' => 'histoire', 'attachment_id' => '0', 'lft' => (int) 3, 'rght' => (int) 4, 'parent_id' => null, '[new]' => false, '[accessible]' => [ [maximum depth reached] ], '[dirty]' => [[maximum depth reached]], '[original]' => [[maximum depth reached]], '[virtual]' => [[maximum depth reached]], '[hasErrors]' => false, '[errors]' => [[maximum depth reached]], '[invalid]' => [[maximum depth reached]], '[repository]' => 'Categories' }, (int) 9 => object(App\Model\Entity\Category) { 'id' => (int) 12, 'created' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'modified' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'name' => 'Humour', 'menu' => true, 'menu_order' => null, 'description' => '', 'slug' => 'humour', 'attachment_id' => '0', 'lft' => (int) 5, 'rght' => (int) 6, 'parent_id' => null, '[new]' => false, '[accessible]' => [ [maximum depth reached] ], '[dirty]' => [[maximum depth reached]], '[original]' => [[maximum depth reached]], '[virtual]' => [[maximum depth reached]], '[hasErrors]' => false, '[errors]' => [[maximum depth reached]], '[invalid]' => [[maximum depth reached]], '[repository]' => 'Categories' }, (int) 10 => object(App\Model\Entity\Category) { 'id' => (int) 13, 'created' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'modified' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'name' => 'Débat', 'menu' => true, 'menu_order' => null, 'description' => '', 'slug' => 'debat', 'attachment_id' => '0', 'lft' => (int) 7, 'rght' => (int) 8, 'parent_id' => null, '[new]' => false, '[accessible]' => [ [maximum depth reached] ], '[dirty]' => [[maximum depth reached]], '[original]' => [[maximum depth reached]], '[virtual]' => [[maximum depth reached]], '[hasErrors]' => false, '[errors]' => [[maximum depth reached]], '[invalid]' => [[maximum depth reached]], '[repository]' => 'Categories' }, (int) 11 => object(App\Model\Entity\Category) { 'id' => (int) 14, 'created' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'modified' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'name' => 'Opinion', 'menu' => true, 'menu_order' => null, 'description' => '', 'slug' => 'opinion', 'attachment_id' => '0', 'lft' => (int) 9, 'rght' => (int) 10, 'parent_id' => null, '[new]' => false, '[accessible]' => [ [maximum depth reached] ], '[dirty]' => [[maximum depth reached]], '[original]' => [[maximum depth reached]], '[virtual]' => [[maximum depth reached]], '[hasErrors]' => false, '[errors]' => [[maximum depth reached]], '[invalid]' => [[maximum depth reached]], '[repository]' => 'Categories' }, (int) 12 => object(App\Model\Entity\Category) { 'id' => (int) 15, 'created' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'modified' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'name' => 'Reportage', 'menu' => true, 'menu_order' => null, 'description' => '', 'slug' => 'reportage', 'attachment_id' => '0', 'lft' => (int) 11, 'rght' => (int) 12, 'parent_id' => null, '[new]' => false, '[accessible]' => [ [maximum depth reached] ], '[dirty]' => [[maximum depth reached]], '[original]' => [[maximum depth reached]], '[virtual]' => [[maximum depth reached]], '[hasErrors]' => false, '[errors]' => [[maximum depth reached]], '[invalid]' => [[maximum depth reached]], '[repository]' => 'Categories' } ] $tag = object(App\Model\Entity\Tag) { 'id' => (int) 8, 'created' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'modified' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'name' => 'Littérature', 'slug' => 'litterature', '_joinData' => object(Cake\ORM\Entity) {}, '[new]' => false, '[accessible]' => [ '*' => true, 'id' => false ], '[dirty]' => [], '[original]' => [], '[virtual]' => [], '[hasErrors]' => false, '[errors]' => [], '[invalid]' => [], '[repository]' => 'Tags' }include - APP/Template/Posts/view.ctp, line 123 Cake\View\View::_evaluate() - CORE/src/View/View.php, line 1435 Cake\View\View::_render() - CORE/src/View/View.php, line 1393 Cake\View\View::render() - CORE/src/View/View.php, line 892 Cake\Controller\Controller::render() - CORE/src/Controller/Controller.php, line 791 Cake\Http\ActionDispatcher::_invoke() - CORE/src/Http/ActionDispatcher.php, line 126 Cake\Http\ActionDispatcher::dispatch() - CORE/src/Http/ActionDispatcher.php, line 94 Cake\Http\BaseApplication::__invoke() - CORE/src/Http/BaseApplication.php, line 256 Cake\Http\Runner::__invoke() - CORE/src/Http/Runner.php, line 65 App\Middleware\IpMatchMiddleware::__invoke() - APP/Middleware/IpMatchMiddleware.php, line 28 Cake\Http\Runner::__invoke() - CORE/src/Http/Runner.php, line 65 Cake\Routing\Middleware\RoutingMiddleware::__invoke() - CORE/src/Routing/Middleware/RoutingMiddleware.php, line 164 Cake\Http\Runner::__invoke() - CORE/src/Http/Runner.php, line 65 Cors\Routing\Middleware\CorsMiddleware::__invoke() - ROOT/vendor/ozee31/cakephp-cors/src/Routing/Middleware/CorsMiddleware.php, line 32 Cake\Http\Runner::__invoke() - CORE/src/Http/Runner.php, line 65 Cake\Routing\Middleware\AssetMiddleware::__invoke() - CORE/src/Routing/Middleware/AssetMiddleware.php, line 88 Cake\Http\Runner::__invoke() - CORE/src/Http/Runner.php, line 65
Warning: file_put_contents(/data01/sites/bonpourlatete.com/dev/bonpourlatete.com/logs/debug.log) [function.file-put-contents]: failed to open stream: Permission denied in /data01/sites/bonpourlatete.com/dev/bonpourlatete.com/vendor/cakephp/cakephp/src/Log/Engine/FileLog.php on line 133
Taline Ter Minassian est une historienne française d'origine arménienne. Elle vient d'éditer un livre sur Norilsk, une ville fascinante qui représente aujourd'hui encore pour les Russes des enjeux internationaux énormes, géopolitiques, stratégiques, sanitaires, écologiques et éthiques.
Taline Ter Minassian sur radio Aligre FM. © DR
Genèse du projet
Ce projet a été voulu par Staline, au milieu des années trente. Il est fondé sur la volonté pour l’Union soviétique d’acquérir du nickel, ce minerai absolument stratégique, nécessaire dans les alliages de type blindage, et de l’acquérir à moindre coût grâce à une main d’œuvre gratuite constituée par les travailleurs du Goulag, les zeks, (abréviation de zaklioutchennyï, détenu), prisonniers traités différemment selon l’activité qui était la leur dans le camps, car le Norillag (composé du combinat minier et métallurgique et du camp du Goulag de Norilsk), outre ses nombreux mineurs, comptait aussi des intellectuels, de nombreux ingénieurs et géologues et un groupe plus restreint d’architectes déportés, auxquels fut assigné une mission précise: construire une vraie ville au milieu de nulle part.
Un style détaché de son contexte
Cette ville a été construite dans un registre stalino-musolino-balkanique par Kévork Kotchar et Mikael Mazmanian, des architectes arméniens qui étaient des prisonniers, victimes de la répression stalinienne, et qui ont été déportés au Goulag à la fin des années 1930.
Issus du courant constructiviste soviétique, et ayant subis aussi l’influence de l’architecture mussolinienne, les deux architectes avaient une double mission: chercher des moyens permettant d’édifier des bâtiments pérennes sur le permafrost et répondre aux défis posés par la construction d’une ville coupée du monde.
Ils vont prendre en charge tous les aspects de cette construction, les aspects techniques, pratiques et esthétiques et apporter une touche littéralement surréaliste, rappelant l’imaginaire à l’œuvre dans les toiles de De Chirico, à la ville stalinienne surgie des glaces.
Ils construisent Norilsk d’après le plan d’Erevan, ville arménienne de l’extrême sud de l’Union soviétique. Ce mimétisme, cette invraisemblable manière de transplanter une forme d’urbanisme, dans des conditions qui sont complètement autres – passant d'un environnement pensé pour une ville tapie dans une montagne baignée de soleil comme Erevan à un terrain ressemblant à une banquise vouée à dix mois par an de froid intense comme Norilsk – s’explique de deux manières.
La première, c’est qu’à l’époque stalinienne, les architectes avaient une marge de manœuvre des plus réduite et que donc Kévork Kotchar et Mikael Mazmanian ont reproduit un modèle qui avait déjà été agréé par le système. La deuxième est que les capitales régionales devaient tenir compte du folklore local.
Il s’agit de l’application du fameux mot d’ordre stalinien: socialiste dans le contenu et national par la forme. Là bas, dans ce grand nord, il y a des Nenets (une population indigène), des rennes, des yourtes, mais pas d’architecture pérenne. En l’absence donc pour eux de style local utilisable, ils choisirent le style qui leur était le plus familiers, le leur. Ils ont notamment représenté partout des feuilles de vignes, des grenades et mis des balcons en fer forgé aux immeubles d’habitation!
1956 – Les komsomols débarquent
Le camps a fermé en 1953 et en 1956, 29'000 jeunes s’installent volontairement à Norilsk. Cette jeunesse patriote, exaltée par les projets d’industrialisation, portée par la victoire de la seconde guerre mondiale et sans expérience directe de la répression des années 1930, transforme Norilsk en profondeur et y apporte de nouveaux modes de vie. Cette génération, lorsqu’on l’interroge aujourd'hui sur son rapport actuel à ce lieu, à cette cité, reste très attachée à la ville comme au combinat et se considère comme étant la seule détentrice légitime de la mémoire locale. Elle est très méfiante envers les anciens zeks qui, contrairement à eux, n'ont pas choisi délibérément de vivre ici.
Aujourd’hui – migrations économiques
Le mythe du front pionnier, c.-à-d. de la maintenance d’une vie urbaine dans un endroit en tous points hostile à cette présence, une sorte d’effort héroïque donc, est-il mort? Pas tout a fait. Face à ces deux mémoires urbaines contradictoires, celle du goulag et celle des komsomols, une troisième s’est progressivement formée: celle des migrants économiques, qui eux aussi se considèrent comme étant des pionniers et qui sont arrivés dans la ville durant les années de la perestroïka. Car, comme les autres villes arctiques riches en ressources énergétiques et minières, Norilsk a attiré des travailleurs venus d’Ukraine et d’Azerbaïdjan, puis du Caucase du Nord et d’Asie centrale. Les pionniers azéris, installés dès les années 1980, tiennent aujourd’hui la plupart des restaurants, cafés et boîtes de nuit de la ville, tandis que la seconde génération azérie domine les marchés, en particulier la vente de fruits et légumes acheminés depuis le sud.
L’homme le plus riche de la Russie
Ville fermée et d’accès réglementée, - on ne peut y rentrer qu’avec l’agrément des services de polices étatiques, un laisser passé officiel donc, c’est toujours aujourd’hui le plus grand gisement de nickel-cuivre-cobalt-palladium du monde. 50 000 ouvriers et employés vivent sur place, et, vu les conditions climatiques extrêmement dures, avec un salaire minimal de 1000 dollars par mois.
Chaque année, des millions de tonnes de dioxyde de soufre y sont rejetées dans l’air, ce qui en fait sans doute la ville la plus polluée du monde.
Des oligarques proches de Poutine, et en particulier Vladimir Potanine, en ont fait une sorte de fief. Potanine a été considéré comme étant l’homme le plus riche de la Russie et il a, en 2015, par exemple, acheté un Malevitch, le fameux Carré noir sur fond blanc, pour un million de dollar, afin de l’offrir au musée de l’Ermitage…
Norilsk: l’architecture au Goulag, de Taline Ter Minassian. Editions B2, 2018.
Le réalisateur François Jacob a consacré un film à Norilsk qui s’intitule Sur la lune de nickel.
Notice (8): Trying to access array offset on value of type null [APP/Template/Posts/view.ctp, line 147]Code Context<div class="col-lg-12 order-lg-4 order-md-4">
<? if(!$connected['active']): ?>
<div class="utils__spacer--default"></div>
$viewFile = '/data01/sites/bonpourlatete.com/dev/bonpourlatete.com/src/Template/Posts/view.ctp' $dataForView = [ 'referer' => '/', 'OneSignal' => '8a2ea76e-2c65-48ce-92e5-098c4cb86093', '_serialize' => [ (int) 0 => 'post' ], 'post' => object(App\Model\Entity\Post) { 'id' => (int) 1120, 'created' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'modified' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'publish_date' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'notified' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'free' => false, 'status' => 'PUBLISHED', 'priority' => 'NORMAL', 'readed' => null, 'subhead' => 'CULTURE / Russie méconnue ', 'title' => 'Norilsk, la ville la plus froide et la plus polluée du monde', 'subtitle' => 'Projet prométhéen de l’époque stalinienne, mené à mains nues ou presque, dans les conditions extrêmes de l’Arctique, Norilsk est une ancienne cité du Goulag, bâtie à côté de mines de métaux précieux. Un livre retrace son histoire.', 'subtitle_edition' => null, 'content' => '<p>Taline Ter Minassian est une historienne française d'origine arménienne. Elle vient d'éditer un livre sur Norilsk, une ville fascinante qui représente aujourd'hui encore pour les Russes des enjeux internationaux énormes, géopolitiques, stratégiques, sanitaires, écologiques et éthiques.</p><br><span style="color: inherit; font-family: "GT America Standard Regular"; font-size: 1.4rem;"></span><img class="img-responsive img-center " src="https://bonpourlatete.comhttps://media.bonpourlatete.com/default/w258/1532114423_c3ace5f96be9e30215df6e27ff87c6cf.jpg"><p style="text-align: center;"><span style="color: inherit; font-family: "GT America Standard Regular"; font-size: 1.4rem;">Taline Ter Minassian sur radio <a href="http://aligrefm.org/programmes/les-emissions/la-vie-est-un-roman/">Aligre FM</a>. © DR</span></p><br><p></p><hr><p></p><h3>Genèse du projet</h3> <p>Ce projet a été voulu par Staline, au milieu des années trente. Il est fondé sur la volonté pour l’Union soviétique d’acquérir du nickel, ce minerai absolument stratégique, nécessaire dans les alliages de type blindage, et de l’acquérir à moindre coût grâce à une main d’œuvre gratuite constituée par les travailleurs du Goulag, les zeks, (abréviation de zaklioutchennyï, détenu), prisonniers traités différemment selon l’activité qui était la leur dans le camps, car le Norillag (composé du combinat minier et métallurgique et du camp du Goulag de Norilsk), outre ses nombreux mineurs, comptait aussi des intellectuels, de nombreux ingénieurs et géologues et un groupe plus restreint d’architectes déportés, auxquels fut assigné une mission précise: construire une vraie ville au milieu de nulle part. </p> <h3>Un style détaché de son contexte</h3> <p>Cette ville a été construite dans un registre stalino-musolino-balkanique par Kévork Kotchar et Mikael Mazmanian, des architectes arméniens qui étaient des prisonniers, victimes de la répression stalinienne, et qui ont été déportés au Goulag à la fin des années 1930. </p><p>Issus du courant constructiviste soviétique, et ayant subis aussi l’influence de l’architecture mussolinienne, les deux architectes avaient une double mission: chercher des moyens permettant d’édifier des bâtiments pérennes sur le permafrost et répondre aux défis posés par la construction d’une ville coupée du monde.</p><p>Ils vont prendre en charge tous les aspects de cette construction, les aspects techniques, pratiques et esthétiques et apporter une touche littéralement surréaliste, rappelant l’imaginaire à l’œuvre dans les toiles de De Chirico, à la ville stalinienne surgie des glaces. </p><p>Ils construisent Norilsk d’après le plan d’Erevan, ville arménienne de l’extrême sud de l’Union soviétique. Ce mimétisme, cette invraisemblable manière de transplanter une forme d’urbanisme, dans des conditions qui sont complètement autres – passant d'un environnement pensé pour une ville tapie dans une montagne baignée de soleil comme Erevan à un terrain ressemblant à une banquise vouée à dix mois par an de froid intense comme Norilsk – s’explique de deux manières.</p><p>La première, c’est qu’à l’époque stalinienne, les architectes avaient une marge de manœuvre des plus réduite et que donc Kévork Kotchar et Mikael Mazmanian ont reproduit un modèle qui avait déjà été agréé par le système. La deuxième est que les capitales régionales devaient tenir compte du folklore local. </p><p>Il s’agit de l’application du fameux mot d’ordre stalinien: socialiste dans le contenu et national par la forme. Là bas, dans ce grand nord, il y a des Nenets (une population indigène), des rennes, des yourtes, mais pas d’architecture pérenne. En l’absence donc pour eux de style local utilisable, ils choisirent le style qui leur était le plus familiers, le leur. Ils ont notamment représenté partout des feuilles de vignes, des grenades et mis des balcons en fer forgé aux immeubles d’habitation! </p> <h3>1956 – Les komsomols débarquent</h3> <p>Le camps a fermé en 1953 et en 1956, 29'000 jeunes s’installent volontairement à Norilsk. Cette jeunesse patriote, exaltée par les projets d’industrialisation, portée par la victoire de la seconde guerre mondiale et sans expérience directe de la répression des années 1930, transforme Norilsk en profondeur et y apporte de nouveaux modes de vie. Cette génération, lorsqu’on l’interroge aujourd'hui sur son rapport actuel à ce lieu, à cette cité, reste très attachée à la ville comme au combinat et se considère comme étant la seule détentrice légitime de la mémoire locale. Elle est très méfiante envers les anciens zeks qui, contrairement à eux, n'ont pas choisi délibérément de vivre ici.</p> <h3>Aujourd’hui – migrations économiques</h3> <p>Le mythe du front pionnier, c.-à-d. de la maintenance d’une vie urbaine dans un endroit en tous points hostile à cette présence, une sorte d’effort héroïque donc, est-il mort? Pas tout a fait. Face à ces deux mémoires urbaines contradictoires, celle du goulag et celle des komsomols, une troisième s’est progressivement formée: celle des migrants économiques, qui eux aussi se considèrent comme étant des pionniers et qui sont arrivés dans la ville durant les années de la perestroïka. Car, comme les autres villes arctiques riches en ressources énergétiques et minières, Norilsk a attiré des travailleurs venus d’Ukraine et d’Azerbaïdjan, puis du Caucase du Nord et d’Asie centrale. Les pionniers azéris, installés dès les années 1980, tiennent aujourd’hui la plupart des restaurants, cafés et boîtes de nuit de la ville, tandis que la seconde génération azérie domine les marchés, en particulier la vente de fruits et légumes acheminés depuis le sud. </p> <h3>L’homme le plus riche de la Russie</h3> <p>Ville fermée et d’accès réglementée, - on ne peut y rentrer qu’avec l’agrément des services de polices étatiques, un laisser passé officiel donc, c’est toujours aujourd’hui le plus grand gisement de nickel-cuivre-cobalt-palladium du monde. 50 000 ouvriers et employés vivent sur place, et, vu les conditions climatiques extrêmement dures, avec un salaire minimal de 1000 dollars par mois. </p><p>Chaque année, des millions de tonnes de dioxyde de soufre y sont rejetées dans l’air, ce qui en fait sans doute la ville la plus polluée du monde. </p><p>Des oligarques proches de Poutine, et en particulier Vladimir Potanine, en ont fait une sorte de fief. Potanine a été considéré comme étant l’homme le plus riche de la Russie et il a, en 2015, par exemple, acheté un Malevitch, le fameux <em>Carré noir sur fond blanc</em>, pour un million de dollar, afin de l’offrir au musée de l’Ermitage…</p><br> <img class="img-responsive img-center " src="https://bonpourlatete.comhttps://media.bonpourlatete.com/default/w300/1532115072_norilsklarchitectureaugoulag.jpg"><h4 style="text-align: center;"><em>Norilsk: l’architecture au Goulag</em>, de Taline Ter Minassian. Editions B2, 2018. </h4><br><p></p><hr><p></p><h4><br>Le réalisateur François Jacob a consacré un film à Norilsk qui s’intitule <a href="http://www.f3msurdemande.ca/sur-la-lune-de-nickel-fren-2017/" style="font-size: 1.6rem; background-color: rgb(255, 255, 255);">Sur la lune de nickel</a>. <br></h4>', 'content_edition' => null, 'slug' => 'norilsk-la-ville-la-plus-froide-et-la-plus-polluee-du-monde', 'headline' => false, 'homepage' => 'col-md-12', 'like' => (int) 779, 'editor' => null, 'index_order' => (int) 1144, 'homepage_order' => (int) 1373, 'original_url' => null, 'podcast' => false, 'tagline' => null, 'poster' => null, 'category_id' => (int) 6, 'person_id' => (int) 2107, 'post_type_id' => (int) 1, 'poster_attachment' => null, 'editions' => [[maximum depth reached]], 'tags' => [ [maximum depth reached] ], 'locations' => [[maximum depth reached]], 'attachment_images' => [ [maximum depth reached] ], 'attachments' => [ [maximum depth reached] ], 'person' => object(App\Model\Entity\Person) {}, 'comments' => [[maximum depth reached]], 'category' => object(App\Model\Entity\Category) {}, '[new]' => false, '[accessible]' => [ [maximum depth reached] ], '[dirty]' => [[maximum depth reached]], '[original]' => [[maximum depth reached]], '[virtual]' => [[maximum depth reached]], '[hasErrors]' => false, '[errors]' => [[maximum depth reached]], '[invalid]' => [[maximum depth reached]], '[repository]' => 'Posts' }, 'relatives' => [ (int) 0 => object(App\Model\Entity\Post) {}, (int) 1 => object(App\Model\Entity\Post) {}, (int) 2 => object(App\Model\Entity\Post) {}, (int) 3 => object(App\Model\Entity\Post) {} ], 'embeds' => [], 'images' => [ (int) 0 => object(Cake\ORM\Entity) {}, (int) 1 => object(Cake\ORM\Entity) {}, (int) 2 => object(Cake\ORM\Entity) {}, (int) 3 => object(Cake\ORM\Entity) {} ], 'audios' => [], 'comments' => [], 'author' => 'Yves Tenret', 'description' => 'Projet prométhéen de l’époque stalinienne, mené à mains nues ou presque, dans les conditions extrêmes de l’Arctique, Norilsk est une ancienne cité du Goulag, bâtie à côté de mines de métaux précieux. Un livre retrace son histoire.', 'title' => 'Norilsk, la ville la plus froide et la plus polluée du monde', 'crawler' => true, 'connected' => null, 'menu_blocks' => [ (int) 0 => object(App\Model\Entity\Block) {}, (int) 1 => object(App\Model\Entity\Block) {} ], 'menu' => [ (int) 0 => object(App\Model\Entity\Category) {}, (int) 1 => object(App\Model\Entity\Category) {}, (int) 2 => object(App\Model\Entity\Category) {}, (int) 3 => object(App\Model\Entity\Category) {}, (int) 4 => object(App\Model\Entity\Category) {}, (int) 5 => object(App\Model\Entity\Category) {}, (int) 6 => object(App\Model\Entity\Category) {}, (int) 7 => object(App\Model\Entity\Category) {}, (int) 8 => object(App\Model\Entity\Category) {}, (int) 9 => object(App\Model\Entity\Category) {}, (int) 10 => object(App\Model\Entity\Category) {}, (int) 11 => object(App\Model\Entity\Category) {}, (int) 12 => object(App\Model\Entity\Category) {} ] ] $bufferLevel = (int) 1 $referer = '/' $OneSignal = '8a2ea76e-2c65-48ce-92e5-098c4cb86093' $_serialize = [ (int) 0 => 'post' ] $post = object(App\Model\Entity\Post) { 'id' => (int) 1120, 'created' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'modified' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'publish_date' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'notified' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'free' => false, 'status' => 'PUBLISHED', 'priority' => 'NORMAL', 'readed' => null, 'subhead' => 'CULTURE / Russie méconnue ', 'title' => 'Norilsk, la ville la plus froide et la plus polluée du monde', 'subtitle' => 'Projet prométhéen de l’époque stalinienne, mené à mains nues ou presque, dans les conditions extrêmes de l’Arctique, Norilsk est une ancienne cité du Goulag, bâtie à côté de mines de métaux précieux. Un livre retrace son histoire.', 'subtitle_edition' => null, 'content' => '<p>Taline Ter Minassian est une historienne française d'origine arménienne. Elle vient d'éditer un livre sur Norilsk, une ville fascinante qui représente aujourd'hui encore pour les Russes des enjeux internationaux énormes, géopolitiques, stratégiques, sanitaires, écologiques et éthiques.</p><br><span style="color: inherit; font-family: "GT America Standard Regular"; font-size: 1.4rem;"></span><img class="img-responsive img-center " src="https://bonpourlatete.comhttps://media.bonpourlatete.com/default/w258/1532114423_c3ace5f96be9e30215df6e27ff87c6cf.jpg"><p style="text-align: center;"><span style="color: inherit; font-family: "GT America Standard Regular"; font-size: 1.4rem;">Taline Ter Minassian sur radio <a href="http://aligrefm.org/programmes/les-emissions/la-vie-est-un-roman/">Aligre FM</a>. © DR</span></p><br><p></p><hr><p></p><h3>Genèse du projet</h3> <p>Ce projet a été voulu par Staline, au milieu des années trente. Il est fondé sur la volonté pour l’Union soviétique d’acquérir du nickel, ce minerai absolument stratégique, nécessaire dans les alliages de type blindage, et de l’acquérir à moindre coût grâce à une main d’œuvre gratuite constituée par les travailleurs du Goulag, les zeks, (abréviation de zaklioutchennyï, détenu), prisonniers traités différemment selon l’activité qui était la leur dans le camps, car le Norillag (composé du combinat minier et métallurgique et du camp du Goulag de Norilsk), outre ses nombreux mineurs, comptait aussi des intellectuels, de nombreux ingénieurs et géologues et un groupe plus restreint d’architectes déportés, auxquels fut assigné une mission précise: construire une vraie ville au milieu de nulle part. </p> <h3>Un style détaché de son contexte</h3> <p>Cette ville a été construite dans un registre stalino-musolino-balkanique par Kévork Kotchar et Mikael Mazmanian, des architectes arméniens qui étaient des prisonniers, victimes de la répression stalinienne, et qui ont été déportés au Goulag à la fin des années 1930. </p><p>Issus du courant constructiviste soviétique, et ayant subis aussi l’influence de l’architecture mussolinienne, les deux architectes avaient une double mission: chercher des moyens permettant d’édifier des bâtiments pérennes sur le permafrost et répondre aux défis posés par la construction d’une ville coupée du monde.</p><p>Ils vont prendre en charge tous les aspects de cette construction, les aspects techniques, pratiques et esthétiques et apporter une touche littéralement surréaliste, rappelant l’imaginaire à l’œuvre dans les toiles de De Chirico, à la ville stalinienne surgie des glaces. </p><p>Ils construisent Norilsk d’après le plan d’Erevan, ville arménienne de l’extrême sud de l’Union soviétique. Ce mimétisme, cette invraisemblable manière de transplanter une forme d’urbanisme, dans des conditions qui sont complètement autres – passant d'un environnement pensé pour une ville tapie dans une montagne baignée de soleil comme Erevan à un terrain ressemblant à une banquise vouée à dix mois par an de froid intense comme Norilsk – s’explique de deux manières.</p><p>La première, c’est qu’à l’époque stalinienne, les architectes avaient une marge de manœuvre des plus réduite et que donc Kévork Kotchar et Mikael Mazmanian ont reproduit un modèle qui avait déjà été agréé par le système. La deuxième est que les capitales régionales devaient tenir compte du folklore local. </p><p>Il s’agit de l’application du fameux mot d’ordre stalinien: socialiste dans le contenu et national par la forme. Là bas, dans ce grand nord, il y a des Nenets (une population indigène), des rennes, des yourtes, mais pas d’architecture pérenne. En l’absence donc pour eux de style local utilisable, ils choisirent le style qui leur était le plus familiers, le leur. Ils ont notamment représenté partout des feuilles de vignes, des grenades et mis des balcons en fer forgé aux immeubles d’habitation! </p> <h3>1956 – Les komsomols débarquent</h3> <p>Le camps a fermé en 1953 et en 1956, 29'000 jeunes s’installent volontairement à Norilsk. Cette jeunesse patriote, exaltée par les projets d’industrialisation, portée par la victoire de la seconde guerre mondiale et sans expérience directe de la répression des années 1930, transforme Norilsk en profondeur et y apporte de nouveaux modes de vie. Cette génération, lorsqu’on l’interroge aujourd'hui sur son rapport actuel à ce lieu, à cette cité, reste très attachée à la ville comme au combinat et se considère comme étant la seule détentrice légitime de la mémoire locale. Elle est très méfiante envers les anciens zeks qui, contrairement à eux, n'ont pas choisi délibérément de vivre ici.</p> <h3>Aujourd’hui – migrations économiques</h3> <p>Le mythe du front pionnier, c.-à-d. de la maintenance d’une vie urbaine dans un endroit en tous points hostile à cette présence, une sorte d’effort héroïque donc, est-il mort? Pas tout a fait. Face à ces deux mémoires urbaines contradictoires, celle du goulag et celle des komsomols, une troisième s’est progressivement formée: celle des migrants économiques, qui eux aussi se considèrent comme étant des pionniers et qui sont arrivés dans la ville durant les années de la perestroïka. Car, comme les autres villes arctiques riches en ressources énergétiques et minières, Norilsk a attiré des travailleurs venus d’Ukraine et d’Azerbaïdjan, puis du Caucase du Nord et d’Asie centrale. Les pionniers azéris, installés dès les années 1980, tiennent aujourd’hui la plupart des restaurants, cafés et boîtes de nuit de la ville, tandis que la seconde génération azérie domine les marchés, en particulier la vente de fruits et légumes acheminés depuis le sud. </p> <h3>L’homme le plus riche de la Russie</h3> <p>Ville fermée et d’accès réglementée, - on ne peut y rentrer qu’avec l’agrément des services de polices étatiques, un laisser passé officiel donc, c’est toujours aujourd’hui le plus grand gisement de nickel-cuivre-cobalt-palladium du monde. 50 000 ouvriers et employés vivent sur place, et, vu les conditions climatiques extrêmement dures, avec un salaire minimal de 1000 dollars par mois. </p><p>Chaque année, des millions de tonnes de dioxyde de soufre y sont rejetées dans l’air, ce qui en fait sans doute la ville la plus polluée du monde. </p><p>Des oligarques proches de Poutine, et en particulier Vladimir Potanine, en ont fait une sorte de fief. Potanine a été considéré comme étant l’homme le plus riche de la Russie et il a, en 2015, par exemple, acheté un Malevitch, le fameux <em>Carré noir sur fond blanc</em>, pour un million de dollar, afin de l’offrir au musée de l’Ermitage…</p><br> <img class="img-responsive img-center " src="https://bonpourlatete.comhttps://media.bonpourlatete.com/default/w300/1532115072_norilsklarchitectureaugoulag.jpg"><h4 style="text-align: center;"><em>Norilsk: l’architecture au Goulag</em>, de Taline Ter Minassian. Editions B2, 2018. </h4><br><p></p><hr><p></p><h4><br>Le réalisateur François Jacob a consacré un film à Norilsk qui s’intitule <a href="http://www.f3msurdemande.ca/sur-la-lune-de-nickel-fren-2017/" style="font-size: 1.6rem; background-color: rgb(255, 255, 255);">Sur la lune de nickel</a>. <br></h4>', 'content_edition' => null, 'slug' => 'norilsk-la-ville-la-plus-froide-et-la-plus-polluee-du-monde', 'headline' => false, 'homepage' => 'col-md-12', 'like' => (int) 779, 'editor' => null, 'index_order' => (int) 1144, 'homepage_order' => (int) 1373, 'original_url' => null, 'podcast' => false, 'tagline' => null, 'poster' => null, 'category_id' => (int) 6, 'person_id' => (int) 2107, 'post_type_id' => (int) 1, 'poster_attachment' => null, 'editions' => [], 'tags' => [ (int) 0 => object(App\Model\Entity\Tag) {} ], 'locations' => [], 'attachment_images' => [ (int) 0 => object(Cake\ORM\Entity) {}, (int) 1 => object(Cake\ORM\Entity) {}, (int) 2 => object(Cake\ORM\Entity) {}, (int) 3 => object(Cake\ORM\Entity) {} ], 'attachments' => [ (int) 0 => object(Cake\ORM\Entity) {}, (int) 1 => object(Cake\ORM\Entity) {}, (int) 2 => object(Cake\ORM\Entity) {}, (int) 3 => object(Cake\ORM\Entity) {} ], 'person' => object(App\Model\Entity\Person) {}, 'comments' => [], 'category' => object(App\Model\Entity\Category) {}, '[new]' => false, '[accessible]' => [ '*' => true, 'id' => false ], '[dirty]' => [], '[original]' => [], '[virtual]' => [], '[hasErrors]' => false, '[errors]' => [], '[invalid]' => [], '[repository]' => 'Posts' } $relatives = [ (int) 0 => object(App\Model\Entity\Post) { 'id' => (int) 4818, 'created' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'modified' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'publish_date' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'notified' => null, 'free' => false, 'status' => 'PUBLISHED', 'priority' => null, 'readed' => null, 'subhead' => null, 'title' => 'Dominique Goblet, un livre envoûtant et une exposition à Bâle', 'subtitle' => '«Le Jardin des Candidats» de Dominique Goblet et Kai Pfeiffer est un livre grand format où se croisent bande dessinée et art contemporain, céramiques, sculptures, ready-mades, aquarelles et strips narratifs, dans une totale liberté de ton. Ouvrage d’une grande invention offrant des dessins de jardins, de trous dans ces jardins, d’hommes nus ou habillés, de visages d’hommes en pleurs, de vases, photographiés ou dessinés, dus aux deux artistes ou chinés sur des marchés. Tout cela, dans d’infinies nuances d’une couleur dominante, le vert, couleur du règne végétal et couleur de l’espoir.', 'subtitle_edition' => '«Le Jardin des Candidats» de Dominique Goblet et Kai Pfeiffer est un livre grand format où se croisent bande dessinée et art contemporain, céramiques, sculptures, ready-mades, aquarelles et strips narratifs, dans une totale liberté de ton. Ouvrage d’une grande invention offrant des dessins de jardins, de trous dans ces jardins, d’hommes nus ou habillés, de visages d’hommes en pleurs, de vases, photographiés ou dessinés, dus aux deux artistes ou chinés sur des marchés.', 'content' => '<h3>L'exposition</h3> <p>Le Cartoonmuseum de Bâle, logé dans un bâtiment signé par les architectes Herzog & de Meuron, propose, jusqu’au 26 mai prochain, une exposition rétrospective de Dominique Goblet, née à Bruxelles en 1967 et devenue une artiste internationalement reconnue après la publication d’un récit autobiographique <i>Pretending is Lying</i> (2007) racontant sa relation avec ses deux parents, alcooliques notoires, récit qui lui vaudra à Angoulême le prix Töpffer.</p> <p>L'exposition, elle, s'ouvre sur <i>Ostende</i>, son dernier roman graphique paru en 2021 chez FRMK, qui interroge son rapport de quinquagénaire au corps et au temps. Les salles suivantes retracent l'ensemble de son parcours artistique, des carnets y côtoyant des planches dessinées et de grands formats peints, mêlant fantasmes et plongées dans l'intime. Dans les dernières salles, partant d’annonces de sites de rencontre, Dominique Goblet et Kai Pfeiffer, les deux auteurs du <i>Jardin des candidats</i>, imbriquent leurs dessins, décloisonnent les disciplines et incluent dans leur scénographie installations et fresques murales.</p> <p>Par ailleurs, dans une vidéo qui figure sur le site du musée, on peut entrapercevoir Dominique Goblet pleine de vie et d’énergie pétillante bloquant un tram à Bâle pour laisser passer la fanfare invitée en l’honneur de son show.</p> <h3>Le livre</h3> <p><i>Le</i> <i>Jardin des Candidats</i> est totalement convaincant et on ne peut qu’en vanter l’indéniable réussite plastique. Toutes les expérimentations formelles y sont au service d'une écriture et tout y est rendu comme étant nécessaire et parfait.</p> <p>En ouverture, un paon déclare dans une bulle: «cherche relation suivie pour moments câlins dans le jardin». <i>Aléa jacta es</i>, les dés sont jetés, toutes les citations sont issues de véritables textes de profils sur des sites de rencontre, apprend-t-on ensuite. Il y a ainsi de la végétation et une voix, celle de la Mère, figure mythique de l’adoration. Elle est «La Grande Absence». Elle possède un amas de livres détrempés et une piscine inachevée. Elle est l’Unique Divin Problème et quand il fait soleil ou quand il pleut, c’est parce qu’elle en a besoin. Les candidats repérés sur internet sont rassemblés dans le parc parmi des buissons, des vases, des paons, des trous et un barbecue. Ils y errent, ils y besognent, jardinent ou se délassent. Ils y attendent. </p> <p>Le récit est non linéaire, avançant dans une gratuité et un arbitraire paradoxalement archi gratifiant. Nous ne sommes pas dans une bande dessinée, dans une histoire avec un début et une fin, mais dans un espace où nous nous évadons et gambadons d’image en image, sautillant de page en page, passant vite là, nous attardant ici, flânant ailleurs et retournant en arrière là.</p> <p>La dialectique entre textes et images et le jeu entre les échelles des dessins sont subtils, tendus, perpétuellement inventifs et renouvelés. Il en nait une musique visuelle avec ses thèmes obsédants. Oui, dans ce monde d’attente, ce monde édénique où rien ne se vit, tout est étonnamment vivant.</p> <h3>Les hommes</h3> <p>Les hommes s’y décrivent de façon récurrente comme étant en manque, et de façon plus occasionnelle, comme étant sensibles, doux, caressants, aimables, gentils, respectueux, espérant être à la hauteur de vos attentes, chauds et infatigables, pratiquant tout ou presque, très fiables, aimant le faire dans la nature, maitrisant leur force masculine, jeunes et dynamiques, donnant le vrai plaisir, sympas tranquilles mignons et grands, du signe du poisson, et donc un tantinet mystérieux et romantiques, entièrement disposés à satisfaire vos envies de filles et de femmes libérées, dominants, très discrets, de nature calme et aimant prendre leur temps, au physique athlétique, pouvant donner beaucoup et devenir ultra sévères si nécessaire, passionnés, ouverts à toutes extravagances, aimant aller au bowling, appelant un chat, un chat, mini doux et ayant un trop plein d’amour à offrir.</p> <h3>Et quand il n'y en a plus, il y en a encore</h3> <p>Ces mots et ces idées assemblés n’étant pas sans rappeler <i>L'Eternité par les astres</i> d’Auguste Blanqui, et au milieu de tous ces prétendants, message subliminal, on perçoit bien que nos deux artistes ont décrypté l’essence même du désir du fervent sportif, de l’amateur de cartes, de l’attachant, du très séduisant, du non photogénique, du très intimidant mais fiable, de l’endurant et coquin célibataire prêt à mettre son corps à votre entière disposition.</p> <h3>Leur quête</h3> <p>Nous avons donc affaire à des hommes cherchant un plan rapide, sans prise de tête, avec une femme sexy, mignonne et sans pression, des rencontres discrètes avec une femme cougar, un flirt discret avec une âme sœur belle et propre, et le tour de force de ce livre est d’arriver avec ces désirs-là à ne jamais tomber dans le sordide, de rester amical avec ces mâles qui aimeraient que les femmes qu’ils désirent rencontrer soient plus âgées, matures, avec des formes généreuses, charmantes, des mères de famille, un peu jalouses et possessives, en bas ou en collants, discrètes, disponibles, actives au lit, vraiment gentilles, très coquines, très humbles, cool et respectueuses, en détresse, sensibles et timides, douces, propres et belles, romantiques, sensuelles, intelligentes, diplomates, câlines.</p> <h3>Les métiers des candidats</h3> <p>Nous dérivons donc avec ces demandeurs de rencontres qui dans leur vie ont un très large éventail d’occupations allant des métiers de col bleu, des métiers manuels, comme teinturier, nettoyeur à sec, ouvrier polyvalent, installateur de chaudière, chocolatier-confiseur, serrurier, bagagiste, machiniste, grutier, monteur d’appareils électro-ménager, éclairagiste, cueilleur, affuteur, et bien sûr l’hyper pertinent et bienvenu, masseur. Des métiers demandant un grand engagement physique comme maître-nageur, guide chasse et pêche, sauveteur, interprète en langue des signes, souffleur, voix off, choriste, professeur de yoga. Et du côté col blanc, nous avons un game designer, un ministre du culte, un greffier, un fiscaliste, un échevin, un architecte de jardin, un humoriste, un acarologue, un acousticien, un fiscaliste, un diamantaire, un médecin légiste, un dénicheur de talent et un très utile dermatologue, l’un possédant une webcam et un autre avouant que cela suffit à son bonheur.</p> <h3>Les objets, les animaux, les décors, la Mère</h3> <p>On l’appelle «La Mère» et elle est «La Grande Absence». Sa maison est envahie par des amas de livres détrempés et son jardin contient une piscine inachevée. Mais tout en étant l’Unique Divin Problème, elle n’a pas de problème. Quand il fait soleil ou quand il pleut, c’est parce qu’Elle en a besoin.</p> <p>Des hommes en manque comme s’il en pleuvait, se soumettent avec docilité à tous ses caprices, elle leur demande de creuser, ils creusent. Des hommes avec des cheveux frisés, des cheveux raides, chauves, des casquettes, des lunettes, des cravates, des hommes nus, des hommes en pierre, en terre, assis, couchés, debout, enlacés entre eux, sur un banc, en tablier devant un barbecue, des paons, une centaine de candidats corvéables à merci. Nous avons aussi un code couleur, blanc, noir, vert, dans une multitude de dégradés, vingt maisons, vingt trous, quarante vases, vingt bols, dix assiettes, des sexes en érection, des sexes au repos, des larmes, beaucoup de visages d’hommes en larmes, un jardin enchanté et bouleversant de quotidienneté sublimée, une gifle, des enlacements de substitution entre hommes, une femme seule entre deux âges, un site de rencontre, un semblant d’ordre monastique avec ses règles propres, un monde fantasmatique avec sa trivialité d’une infinité de possibles et elle en maîtresse de ce grand jeu érotique, donc deux récits parallèles, le sien, le leur, ni libertinage, ni misère sexuelle, juste la langue du désir, avec ses lourdeurs, ses légèretés, ses lapsus, ses aveux, ses refoulements, ses grossièretés, ses finesses.</p> <hr /> <p><img src="https://media.bonpourlatete.com/default/w1200/1710927703_jardin_couverture_rgbbassedef.jpg" class="img-responsive img-fluid left " width="200" height="262" /></p> <h4>«Le Jardin des Candidats», Dominique Goblet et Kai Pfeiffer, Editions FRMK, 256 pages.</h4> <h4>Le livre accompagne la <a href="https://cartoonmuseum.ch/ausstellungen/dominique-goblet" target="_blank" rel="noopener">rétrospective Dominique Goblet</a> au Cartoonmuseum à Bâle qui a lieu du 2 mars au 26 mai.</h4>', 'content_edition' => '', 'slug' => 'dominique-goblet-un-livre-envoutant-et-une-exposition-a-bale', 'headline' => null, 'homepage' => null, 'like' => (int) 42, 'editor' => null, 'index_order' => (int) 1, 'homepage_order' => (int) 1, 'original_url' => '', 'podcast' => false, 'tagline' => null, 'poster' => null, 'category_id' => (int) 6, 'person_id' => (int) 2107, 'post_type_id' => (int) 1, 'post_type' => object(App\Model\Entity\PostType) {}, 'comments' => [[maximum depth reached]], 'tags' => [ [maximum depth reached] ], 'locations' => [[maximum depth reached]], 'attachment_images' => [ [maximum depth reached] ], 'person' => object(App\Model\Entity\Person) {}, 'category' => object(App\Model\Entity\Category) {}, '[new]' => false, '[accessible]' => [ [maximum depth reached] ], '[dirty]' => [[maximum depth reached]], '[original]' => [[maximum depth reached]], '[virtual]' => [[maximum depth reached]], '[hasErrors]' => false, '[errors]' => [[maximum depth reached]], '[invalid]' => [[maximum depth reached]], '[repository]' => 'Posts' }, (int) 1 => object(App\Model\Entity\Post) { 'id' => (int) 4791, 'created' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'modified' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'publish_date' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'notified' => null, 'free' => true, 'status' => 'PUBLISHED', 'priority' => null, 'readed' => null, 'subhead' => null, 'title' => 'Le roman noir en France, incarnations diverses', 'subtitle' => 'Roman gothique anglais, roman-feuilleton, roman à énigme, roman prolétarien, fait divers criminel, «hardboiled» américain, roman réaliste, Série noire, néo-polar, les racines du roman policier français sont multiples et chaque génération a les siennes. «Le roman noir: une histoire française» de Natacha Levet retrace, avec une constante acuité critique et une érudition consciencieuse, l’histoire plus que centenaire du roman policier français.', 'subtitle_edition' => 'Roman gothique anglais, roman-feuilleton, roman à énigme, roman prolétarien, fait divers criminel, «hardboiled» américain, roman réaliste, Série noire, néo-polar, les racines du roman policier français sont multiples et chaque génération a les siennes. «Le roman noir: une histoire française» de Natacha Levet retrace, avec une constante acuité critique et une érudition consciencieuse, l’histoire plus que centenaire du roman policier français.', 'content' => '<h3>Réalisme et naturalisme</h3> <p>Emile Gaboriau et Gaston Leroux sont les chroniqueurs judiciaires tout autant des petites transgressions des normes sociales que des moments de brusque déséquilibre dans l’ordre des choses. La majeure partie des faits divers relatés par la presse du XIXème siècle ne sont pas des crimes spectaculaires, de grandes affaires retentissantes, mais de minuscules incidents de la vie quotidienne, des crimes sans éclats.</p> <p>Le roman réaliste et naturaliste, Dostoïevski, Flaubert et Balzac, ce sont eux, l’héritage revendiqué du roman noir. Il s’agit de représenter la réalité sociale et, comme le disait Zola dans la préface de <i>L’Assommoir</i>, de rédiger une œuvre de vérité qui ait la vitalité et l’odeur du peuple.</p> <h3>Prolétaires et classes moyennes</h3> <p>Le roman dit prolétarien ne sera pas grand-chose et, contrairement à Céline, n’usant pas de la vraie langue du peuple, il ne rencontrera jamais son public. C’est ce que lui a raté que le roman noir va réussir, avec des auteurs paradoxalement issus de la grande bourgeoisie: Boris Vian et José Giovanni; ou avec des auteurs qui n’ont fréquenté que l’école primaire, comme Léo Malet, Auguste Le Breton, George Simenon et Albert Simonin.</p> <h3>Dur à cuire</h3> <p>1943 est l’année de l’adaptation en France du <i>hardboiled</i> <i>made in USA</i> avec la naissance de Nestor Burma dans le <i>120, rue de la Gare </i>de Léo Mallet, récit tissé d’effets de réel, d’écriture à la première personne, de notations de détails sans fonction, d’enracinement dans tel ou tel quartier. Mallet décrit la cité Jeanne-d’Arc, ilot insalubre, ruisseau central, trottoirs inexistants, poubelles débordantes d’immondices jamais enlevées et assiégées par des chats, des chiens et des rats. Maisons étayées par de gros madriers goudronnés. Ça pue les latrines bouchées. Pas mal de vitres cassées remplacées par des morceaux de carton, des tuyaux de poêle pointant par diverses ouvertures, du linge étendu sur des barres d’appuis. On dirait une enquête de Zola, mais lui, Malet, a tout inventé et en ne s’inspirant non pas de Dashiell Hammett ou de <i>Scarface</i>, mais d’Arsène Lupin, Fantômas et Fu Manchu d’où est tiré le patronyme Burma; et en usant de nombreux emprunts à l’anglais: trench-coats, cop, docks, drugstore, building, policemen, barmaid ou knock-out.</p> <h3>La Série noire</h3> <p>En 1964, Sartre, dans son autobiographie, <i>Les Mots</i>, déclare qu’il lit plus volontiers un <i>Série</i> <i>noire</i> que Wittgenstein. Cette nouvelle collection a été lancée par Gallimard en 1945, pour publier des romans <i>hardboiled</i>. Peu de titres au début mais dès 1948 la collection entre dans l’ère fordiste des littératures de genre, standardisation et mode de fabrication contraints aussi bien dans la matérialité des volumes que dans l’identité des textes, avec imprimé sur les rabats de la jaquette. Donnés comme les traits principaux des ces ouvrages: l’immoralité, l’anticonformisme, l’action, la violence, la tension, l’humour et l’angoisse.</p> <p>En 1953, six titres français paraissent. Albert Simonin avec <i>Touchez pas au grisbi!</i> remporte un énorme succès, <i></i>100'000 exemplaires vendus. Auguste le Breton renouvelle ensuite l’exploit avec <i>Du rififi chez les hommes</i>.</p> <h3>Le roman noir à la française</h3> <p>La classe moyenne, tout en se consolidant dans les années 50 et 60, aura son Homère en la personne de Georges Simenon et ses 75 romans mettant en scène le commissaire <i>Maigret.</i> Cette épopée d’une société rurale et ouvrière mutant vers le tertiaire rencontrera un succès planétaire et, en nombre d’exemplaires vendus, sera en concurrence avec la Bible. Auscultant inlassablement le capitalisme moderne, le Liégeois captera ses heurts, ses changements, ses frictions et pour lui, comme pour le roman noir en général, le cinéma sera fondamental. Une adaptation d’un de ses livres avec Jean Gabin dans le rôle-titre, c’est la certitude d’atteindre des tirages phénoménaux.</p> <p>Pour le reste, Manchette le notera dans l’une de ses chronique, les truands du roman noir sont réac et ne cessent de se plaindre du temps qui passe. Leur contre-société est pour eux la seule communauté qui existe. Ils nomment leur milieu le Milieu et ils se nomment eux-mêmes les Hommes. Le reste de la société n’étant qu’un ramassis de pue-la-sueur soumis aux politiciens et craignant les flics.</p> <h3>Ultragauche, le néo-polar</h3> <p>Après Mai 68, le roman noir français reconvertit le genre en acte critique, en radiographie politique de la société et de ses institutions, en instrument d’intervention sociale. Le néo-polar intègre dans ses récits les banlieues, les grands ensembles, les HLM, et décrit de nouveaux espaces tels les caves, les terrains vagues, les cages d’escaliers. La violence sociale n’y est plus un écart mais la norme et toute révolte individuelle y est, par nature, vouée à échouer. Paranoïa et haine de soi y dominent.</p> <p>Jean-Patrick Manchette, invité à l'émission <i>Apostrophes</i> par Bernard Pivot, en utilisant le terme de néo-polar devant des millions de spectateurs, rend son usage universel. L’époque est aux positions tranchées mais c’est A.D.G., sympathisant du Front national, qui brosse avec tendresse des portraits de hippies contestataires, et Manchette qui endosse dans ses livres le point de vue des fascistes.</p> <p>Sur les seize auteurs pratiquant ce nouveau genre, dix ont un passé de militants de gauche, dans des organisations telles que les Jeunesses communistes, le PCF, la Gauche prolétarienne ou Lutte ouvrière, tous, nés après 1945, sont des <i>baby-boomers</i>, ayant fait des études supérieures, et ayant des bac +4, ou +5. Ils sont journalistes, scénaristes, traducteurs, éditeurs ou cinéastes. Manchette se définira d’ailleurs lui-même comme étant un indécrottable intello pas honteux de l’être.</p> <h3>La reconnaissance du genre</h3> <p>Pendant que la contre-culture se dote de ses propres outils de communication, journaux satiriques, BD, fanzines, l’éditeur Plon réagit et crée des collections qui rencontrent un succès phénoménal comme <i>SAS</i> de Gérard de Villiers, avec ses romans d’espionnage racistes et sexistes, homophobes et anticommunistes. De même, la série Brigade spéciale associe toujours l’acte sexuel à des coups et de la torture, d’un racisme appuyé, elle use de termes comme «bougnoule», «négresse» et est riche en descriptions de traitements dégradants. </p> <p>Les années 1980 voient l’entrée en scène de l’amateur érudit et naissent des almanachs, des chroniques, des fanzines, des revues spécialisées vendues en kiosque, comme <i>Gang</i>, <i>Polar</i> ou <i>813</i>, un Festival du roman et du film policier, une exposition au Centre Pompidou, l’ouverture en 1983 de la Bilipo, Bibliothèque des littératures policières à Paris, des thèses sur le sujet sont soutenues et en 1994 paraissent 471 nouveaux titres, en 1995, 700, en 2001, 1'709. </p> <p>Lors du cinquantième anniversaire de la <i>Série noire</i>, Patrick Raynal en devient directeur. <i>Œdipe roi</i> de Sophocle y est publié, Jean-Claude Izzo et Maurice G. Dantec sont recrutés, les ventes repartent à la hausse.</p> <h3>Féminisation du roman noir</h3> <p>Dans les années 1990, on assiste à une entrée progressive d’auteurs femmes et ensuite, au siècle suivant, massive, à la fois comme productrices d’ouvrages et comme lectrices de ceux-ci, la lecture de roman devenant une activité de plus en plus essentiellement féminine.</p> <p>En 2024, 60% des acheteurs et du lectorat de romans policiers sont des acheteuses et des lectrices. Il paraît beaucoup d’articles sur les femmes auteures de polars dont certaines avaient néanmoins choisi un pseudonyme androgyne, telles Fred Vargras, Dominique Manotti ou Claude Amoz. La plus célèbre de toutes, Virginie Despentes, décrit des personnages qui n’ont rien de victimes soumises, ni de douceur féminine et retourne, avec brio, la violence contre les hommes dans des récits urbains, violents, crus et nihilistes.</p> <h3>Auteurs enquêteurs, profs, journalistes et policiers</h3> <p>Le polar du XXIème siècle marque l’avènement d’une prise de parole qui n’est ni le fruit d’un engagement ni le résultat d’une déception militante.</p> <p>Chercheurs, enseignants-chercheurs, journalistes, documentaristes, médecins, psychanalystes, avocats pénalistes, policiers, ils sont très nombreux à exercer ou avoir exercé des professions qui relèvent du paradigme indiciaire. Beaucoup d’auteurs travaillent dans l’audiovisuel, sont profs ou policiers – généralement des officiers. D’autres sont journalistes, donc précarisés ou en voie de l’être, et trouvent dans le polar une liberté dont ne disposent plus les médias d’information. Par le polar, ils peuvent raconter tout ce qu’ils ne peuvent plus dire par le journalisme. Ils utilisent dans l’écriture leur méthodologie d’investigation: collecte de données, recueil de témoignages, enquête de terrain, étude d’archives.</p> <p>Carlos Ginsburg dans <i>Signes, traces et pistes,</i> son article paru en 1980, article faisant lui-même référence à l’article <i>Attribution</i> d’Enrico Castelnuovo paru en 1968 dans l’Encyclopédie Universalis: en 1876, il y a beaucoup de fausses attributions dans les musées, G. Morelli postule que pour distinguer les originaux des copies, il ne faut pas se baser sur les caractères les plus apparents et, par conséquent, les plus faciles à imiter mais examiner les détails les plus négligeables: les lobes des oreilles, les ongles, la forme des doigts des mains et des pieds. Castelnuovo rapproche cette méthode à celle de Sherlock Holmes découvrant l’auteur d’un délit sur la base d’indices imperceptibles pour la plupart des gens.</p> <h3>Extension du domaine de la lutte</h3> <p>De nos jours, le roman noir affronte le post-moderne, les <i>fake news</i> et la post-vérité. Dans de nombreux romans, le dénouement est ouvert. Le texte se clôt sur un assaut, sur une poursuite, sur une disparition non expliquée, sur la recherche non aboutie d’un meurtrier. Il n’y a plus de point de vue surplombant, unifié, de narration organisatrice, il ne reste que dissensus et brouillard narratif. </p> <p>Bref, comme le disait le sociologue Luc Boltanski: que s’est-il passé pour qu’au début du XXème siècle surgisse cette littérature entièrement consacrée à l’énigme? L’émergence du roman policier ne coïncide-t-elle pas à la fois avec la construction de l’Etat-nation, la naissance de la sociologie et avec une nouvelle pathologie décrite par la psychiatrie, la paranoïa? Qu’ont-elles à voir entre elles? C’est simple. Elles utilisent toute l’enquête comme outil principal.</p> <hr /> <p><img src="https://media.bonpourlatete.com/default/w1200/1709203606_9782130841982_1_75.jpg" class="img-responsive img-fluid left " width="200" height="318" /></p> <h4>«Le roman noir: une histoire française», Natacha Levet, Presses Universitaires de France, 416 pages.</h4>', 'content_edition' => '', 'slug' => 'le-roman-noir-en-france-incarnations-diverses', 'headline' => null, 'homepage' => null, 'like' => (int) 40, 'editor' => null, 'index_order' => (int) 1, 'homepage_order' => (int) 1, 'original_url' => '', 'podcast' => false, 'tagline' => null, 'poster' => null, 'category_id' => (int) 6, 'person_id' => (int) 2107, 'post_type_id' => (int) 1, 'post_type' => object(App\Model\Entity\PostType) {}, 'comments' => [[maximum depth reached]], 'tags' => [ [maximum depth reached] ], 'locations' => [[maximum depth reached]], 'attachment_images' => [ [maximum depth reached] ], 'person' => object(App\Model\Entity\Person) {}, 'category' => object(App\Model\Entity\Category) {}, '[new]' => false, '[accessible]' => [ [maximum depth reached] ], '[dirty]' => [[maximum depth reached]], '[original]' => [[maximum depth reached]], '[virtual]' => [[maximum depth reached]], '[hasErrors]' => false, '[errors]' => [[maximum depth reached]], '[invalid]' => [[maximum depth reached]], '[repository]' => 'Posts' }, (int) 2 => object(App\Model\Entity\Post) { 'id' => (int) 4762, 'created' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'modified' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'publish_date' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'notified' => null, 'free' => false, 'status' => 'PUBLISHED', 'priority' => null, 'readed' => null, 'subhead' => null, 'title' => 'L’amitié dans les milieux lettrés et artistiques aux XIXème et XXème siècles', 'subtitle' => 'Goethe et Schiller, Nietzsche et Paul Rée, Wagner et Bakounine, Karl Marx et Engels, clair que l’amitié, ce n’est pas rien. Qu’aurait été Sam Shepard sans Johnny Dark? Et Hannah Arendt sans Mary McCarthy? Godard sans Gorin? Ou sans Serge Daney? Van Gogh sans Gauguin? Bien sûr celle-ci peut se décliner en mille et une variantes, de la dépendance à l’épanouissement, de la soumission à la libre égalité fraternelle. Ce sont ces déclinaisons qu’aborde «L’amitié dans tous ses états», ce livre aux horizons divers.', 'subtitle_edition' => 'Goethe et Schiller, Nietzsche et Paul Rée, Wagner et Bakounine, Karl Marx et Engels, clair que l’amitié, ce n’est pas rien. Qu’aurait été Sam Shepard sans Johnny Dark? Et Hannah Arendt sans Mary McCarthy? Godard sans Gorin? Ou sans Serge Daney? Van Gogh sans Gauguin? Bien sûr celle-ci peut se décliner en mille et une variantes, de la dépendance à l’épanouissement, de la soumission à la libre égalité fraternelle. Ce sont ces déclinaisons qu’aborde «L’amitié dans tous ses états», ce livre aux horizons divers.', 'content' => '<p>Ils sont quatre-vingt paires d’amis ou d’amies, écrivain, poète, cinéaste, anthropologue, philosophe, historien d’art, musicien, biologiste, botaniste et quand on écrit, quand on dessine, qu’on peint, qu’on filme, qu’on cherche, qu’on compose, pouvoir échanger, partager, est fondamental. Quand on a le blues aussi. Ces lettres sont souvent liées à une production en cours. On veut être rassuré, approuvé ou même critiqué. Il y a des réponses qui déçoivent, fâchent, enchantent, stimulent, tant de possibles sont possibles! Et on a affaire aussi bien à l’amitié franche et virile qui existe entre Asger Jorn et Christian Dotremont qu’à l’amitié décharnée et ascétique entre Samuel Beckett et Bram van Velde, à l’amitié sensuelle et libertine entre Marcel Duchamp et Henri-Pierre Roché qu’à l’amitié tendre et fidèle entre Pier Paolo Pasolini et Silvana Mauri.</p> <h3>L'amitié entre femmes</h3> <p>Rachel Carson et Dorothy Freeman, l’une théoricienne de l’écologie, biologiste, auteur du <i>Printemps silencieux</i> qui aboutit à l’interdiction du DDT aux Etats-Unis, l’autre, enseignante dans un institut d’agriculture, ont dans les 45 ans quand elles se rencontrent, un été, sur une île, et sont ravies d’avoir enfin trouvé quelqu’un à qui parler, quelqu’un avec qui partager ses intérêts et sentiments. Après deux années d’échanges, Rachel signe ses lettres d’un <i>ILY</i> (I Love You). C’est chaud. Elle lui écrit tous les jours. Le soir, de son lit. Le matin, avant d’aller travailler. En fin d’après-midi, dans le train, après avoir été travailler. Elle signe aussi <i>Always</i> <i>Rachel</i>. Elle le fera pendant les onze ans de leur correspondance, un échange de 900 lettres. Conscientes que celles-ci pourraient être rendues publiques, elles inventent un code, avec deux possibles, <i>Darling</i> et <i>Dearest</i>, les premières strictement intimes, les secondes pouvant être lues par la famille de Dorothy. </p> <p>Hannah Arendt et Mary McCarthy ont entretenu 26 années de correspondance entre 1949 et 1975. Là, la barre est très haute car ces deux déracinées cosmopolites sont géniales. Née en Allemagne en 1906, l'une était juive, réfugiée aux Etats-Unis en 1940 après avoir fui l'Europe sept ans plus tôt et vivait à New York une vie d'intellectuelle déracinée. L'autre était née à Seattle en 1912 dans une famille catholique et s'était installée à New York en 1936, bien décidée à y faire une carrière de critique et d'écrivain. Entre elles, on découvre un dialogue profond dans lequel la romancière s'ouvre aux problèmes de la pensée, tandis que la philosophe se montre passionnée de littérature. Elles partagent leurs enthousiasmes et s'avouent leurs angoisses, passant sans cesse du registre de l’intimité à celui du débat intellectuel, commentant les événements politiques et se protégeant mutuellement dans les controverses, comme celle suscitée par le livre d'Arendt sur Eichmann. </p> <p>Leur amitié s’intensifie au fur et à mesure. Elles s’écrivent des choses comme: Tu me manques, j’aspire à nos journées de dialogues. Je pense à toi avec une intimité et une tendresse nouvelle. Comment écrire à quelqu’un qui ne vous quitte jamais? Jusqu’à ces dix mots dans une lettre d’Arendt en 1974: «Tu ne peux pas raisonnablement douter de <i>moi</i>. Je t’aime.» </p> <h3>La meilleure amie de Pier Paolo Pasolini</h3> <p>Avec Silvana Mauri, ils ont échangé des centaines de lettres, lettres qui ont malheureusement disparu. Ils s’aimaient. Elle est la première personne à qui il a avoué et décrit par le menu son homosexualité. Amitié, tendresse pour toi, dit-il, mais pas d’attirance physique. Ils se rencontrent à Bologne, aux début des années 40, il va souvent la voir dans le Frioul. Elle lui écrit tous les jours, elle aussi, le matin avant d’aller au bureau. </p> <h3>Jules et Jim</h3> <p>En décembre 1916, Marcel Duchamp, devenu célèbre outre-Atlantique grâce à son <i>Nu descendant un escalier</i>, <i></i>exposé à l'Armory Show en 1913, fait la connaissance de Henri-Pierre Roché, diplomate, collectionneur et homme de lettres. La séduction est immédiate et réciproque. Roché, marchand d’art, critique, journaliste, a une vie sexuelle libérée, aime les formes artistiques débridées et fait preuve d’une constante ouverture d’esprit. Après 1919, leur amitié se renforce à Paris. Duchamp tient son ami au courant de ses travaux, entre autres pour lui demander des fonds. D’année en année, la complicité va s’intensifiant.</p> <p>Cette relation, fidèle et exemplaire, est transcrite dans une correspondance que le choix de Marcel Duchamp de vivre aux Etats-Unis rend abondante. Roché conserve toutes les lettres de son ami. Duchamp, qui ne conserve rien, gardera néanmoins celles de Roché postérieures à 1953 – date à laquelle celui-ci publie son roman <i>Jules et Jim.</i> Leurs échanges sont continus, vifs, drôles, affectueux et cela jusqu'à la disparition de Henri-Pierre Roché en 1959.</p> <h3>Amitié et antisémitisme</h3> <p>L’amitié entre Vassily Kandinsky et Arnold Schoenberg va buter sur l’antisémitisme, le premier écrivant au second, suite à une demande d’être engagé au Bauhaus, qu’il le rejette en tant que Juif mais qu’il l’apprécie en tant qu’homme: «… je vous rejette en tant que Juif, mais néanmoins je vous écris une bonne lettre et vous assure que j’aimerais tellement<i> vous</i> avoir ici pour que nous travaillions<i> ensemble!</i>»</p> <p>A quoi le second répond: «Et vous vous joignez à cela et "me rejetez en tant que Juif". Me suis-je donc offert à vous? Croyez-vous que quelqu’un comme moi se laisse rejeter! Pensez-vous qu’un homme qui connait sa valeur accorde à quiconque le droit de critiquer ne serait-ce que ses traits de caractère les plus insignifiants? Qui serait-il donc, celui qui aurait ce droit? En quoi serait-il meilleur? Oui, me critiquer derrière mon dos, il y a là beaucoup de place, c’est loisible à chacun. Mais si je l’apprends, il est alors à ma merci, livré à mes représailles.»</p> <h3>En Belgique dans les années 20</h3> <p>En 1922, le jeune Henri Michaux, complètement paumé, se cherche un parrain littéraire et en Belgique, ça ne court pas vraiment les rues. Il tombe sur Franz Hellens, de 20 ans son ainé, auteur d’un récit onirique, <i>Mélusine</i>, récit qu’il l’a ébloui. Loin de l’homme sans concession qu’il deviendra, à ce moment-là, Michaux manquant de tout, même de livres, aspire à des mondanités, a le souci de parvenir, de trouver une place et de réussir dans la milieu littéraire parisien. Et ça marche, Hellens le prend dans sa revue<i> Le Disque vert</i>. Ils s’écriront pendant vingt ans. Plus tard, l’auteur d’un <i>Barbare en Asie</i> souhaitera voir détruite cette correspondance preuve de ses peu glorieuses errances de jeunesse. </p> <h3>En Suisse dans les années 40</h3> <p>Deux êtres aux antipodes l’un de l’autre, excès contre réserve, volubilité contre frugalité du langage, débordements contre nuances, improbables amis mais nourrissant quand même un généreux dialogue et partageant leurs doutes pendant 60 ans! Maurice Chappaz bouillonne et insuffle de sa tonicité à Philippe Jaccottet qui en manque mais qui, par contre, est attentif, fidèle et patient. Au départ, il y a une note de lecture du second qui a alors 20 ans, à propos de <i>Verdure de la nuit</i> du premier, cantique célébrant la femme, le désir, le Valais. Pendant que le Vaudois Jaccottet déprime et se ronge, Chappaz, le Valaisan, chante l’amour, la vie vagabonde, la bohême. Jaccottet, rongé par les soucis d’argent, ses tâches de traducteur et de critique littéraire, ses inhibitions devant le devoir d’écrire, s’exile à Paris puis à Grignan et même si tout les oppose, une amitié désintéressée et au long cours va se développer et se fortifier, entre l’austère Jaccottet et l’explosif globe-trotteur et contempteur des remonte-pentes.</p> <h3>En guise de conclusion, une merveille merveilleuse</h3> <p>Entre Robert Walser et Frieda Mermet, pendant vingt ans, de 1913 à 1923, s’échange une correspondance joueuse, ludique et facétieuse. Liberté de ton, ferveur, badinage, relation amoureuse à distance, orgueil, sincérité et rétention, tous les sortilèges de la prose walsérienne sont ici à l’œuvre. Quand ils font connaissance, il a 35 ans et elle, 36. Il revient de Berlin où il a passé sept ans à fréquenter les avant-gardes artistiques et a beaucoup publié. Walser vit maintenant chez sa sœur, institutrice puis, en 1920, déménage à Berne. Frieda qui est divorcée et lingère dans une clinique psychiatrique lui sert aussi d’archiviste et de bibliothécaire car Walser n’a jamais possédé de bibliothèque ni conservé quoi que ce soit. Elle satisfait fidèlement ses nombreuses demandes de vivres – fromage, beurre, saucisson, thé. Leur relation épistolaire est entrecoupée de rencontres épisodiques. Walser effectue souvent à pied le trajet entre Bienne et l’asile de Bellelay. Il donne toujours du «vous» à sa «chère Madame Mermet» tout en embrassant l’ourlet de sa ravissante petite culotte et parfois, il joue avec l'idée de l'épouser: «J'aimerais être dès demain matin votre mari, serviable, sage en tout temps, économe, solide, fidèle, toujours, bien sûr», lui écrit-il.</p> <hr /> <p><img src="https://media.bonpourlatete.com/default/w1200/1707986152_correspondancescouverture1046x1536.jpg" class="img-responsive img-fluid left " width="200" height="294" /></p> <h4>«L’amitié dans tous ses états. Correspondances», conçu et présenté par Nicole Marchand-Zañartu et Jean Lauxerois, Médiapop Editions, 212 pages.</h4>', 'content_edition' => '', 'slug' => 'l-amitie-dans-les-milieux-lettres-et-artistiques-aux-xixeme-et-xxeme-siecles', 'headline' => null, 'homepage' => null, 'like' => (int) 46, 'editor' => null, 'index_order' => (int) 1, 'homepage_order' => (int) 1, 'original_url' => '', 'podcast' => false, 'tagline' => null, 'poster' => null, 'category_id' => (int) 6, 'person_id' => (int) 2107, 'post_type_id' => (int) 1, 'post_type' => object(App\Model\Entity\PostType) {}, 'comments' => [[maximum depth reached]], 'tags' => [ [maximum depth reached] ], 'locations' => [[maximum depth reached]], 'attachment_images' => [ [maximum depth reached] ], 'person' => object(App\Model\Entity\Person) {}, 'category' => object(App\Model\Entity\Category) {}, '[new]' => false, '[accessible]' => [ [maximum depth reached] ], '[dirty]' => [[maximum depth reached]], '[original]' => [[maximum depth reached]], '[virtual]' => [[maximum depth reached]], '[hasErrors]' => false, '[errors]' => [[maximum depth reached]], '[invalid]' => [[maximum depth reached]], '[repository]' => 'Posts' }, (int) 3 => object(App\Model\Entity\Post) { 'id' => (int) 4717, 'created' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'modified' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'publish_date' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'notified' => null, 'free' => false, 'status' => 'PUBLISHED', 'priority' => null, 'readed' => null, 'subhead' => null, 'title' => 'Une enfance heureuse à la cure de Pailly dans le Gros-de-Vaud', 'subtitle' => 'Dans «Arpenté», livre tour de force au niveau du rythme, du mouvement et dans son économie de moyens, Alain Freudiger, en un long traveling à travers ses lieux d’enfance, explore une géographie fondatrice, les expériences qui y prennent corps, et confie l’illumination de la découverte de soi-même et de ses origines.', 'subtitle_edition' => 'Dans «Arpenté», livre tour de force au niveau du rythme, du mouvement et dans son économie de moyens, Alain Freudiger, en un long traveling à travers ses lieux d’enfance, explore une géographie fondatrice, les expériences qui y prennent corps, et confie l’illumination de la découverte de soi-même et de ses origines.', 'content' => '<p>Il s’agit donc de cartographier une enfance, qui s’est passée dans la plaine agricole du Gros-de-Vaud, en milieu rural protestant, à Pailly, Oppens, Orzens, non loin d’Yverdon.</p> <h3>Temps et lieu</h3> <p>Le schéma de départ est spatial et déroule des lieux et des sensations à partir d’un plan non pas linéaire mais en spirale et avec divers reliefs. Un parcours, la reconstitution d’un paysage avec ses hauts, ses bas, ses impressions sonores, visuelles, tactiles, ses zones de brouillard. La laiterie, les ponts de grange typiques de son «petit coin de terre vaudoise», le tas de fumier avec sa planche en bois qui permet à la brouette de passer dessus, la remorque à lisier, la fosse à purin, le convoyeur, tapis roulant, avec au centre du village, solide et massive, une grande fontaine de campagne à deux bassins.</p> <h3>Le sol</h3> <p>Cela commence par le sol parce que l’on passe beaucoup de temps au sol lorsqu’on est un petit enfant. On ne sait pas encore marcher, on se fatigue vite, on tombe, et la vue est plus courte. Il y a cette myopie enfantine, on regarde le proche, ce qu’on trouve sous la main, ce qu’on tâte, et puis à partir de ce point de vue, petit à petit la vue se développe et on voit l’environnement de manière un peu plus large mais toujours à partir d’un point très précis du sol. Au début donc, pour l'auteur, tout est sol et rien que sol, sol de l’enfance, sol socle. Il commence par décrire ce sol là où il est le plus dur, la route goudronnée, goudron et gravillons mêlés, son odeur forte, puis il passe au sable, à l’herbe, à la terre sèche ou boueuse, au gravier, au parquet, aux dalles, au tapis, aux couvertures. Oui, il s’agit d’arpenter ce territoire, et ce défilement va se retrouver dans l’écriture et avec le mouvement, ce détachement, cette impression de glisser sur les choses. Il s’agit aussi de prendre conscience de l’immensité de ce qui nous entoure, de la distance entre deux poteaux d’un but de football. </p> <h3>Son style</h3> <p>Plus intéressé par la vérité des sensations, des impressions, des sens, des perceptions que par celle des souvenirs, Alain Freudiger effeuille, effleure, prend son temps, ne brûle pas les étapes et use d’une grande précision dans l’usage du vocabulaire, et de peu de qualificatifs. C’est très fluide et pour ce faire, il n’y a pas de chapitres. Son travail est triple: il parcourt mentalement sa propre mémoire par l’écriture: tous ses lieux, ses maisons, ses chemins, ses bois, ses champs. Ensuite après ce premier jet, il consulte un certain nombre de photographies, non seulement de son enfance mais aussi de la région à cette époque-là, et a quelques discussions avec des proches et des gens qui ont vécu là-bas, non pour vérifier tel ou tel détail mais pour faire sauter des verrous mémoriels, pour s’ouvrir à de nouvelles choses. </p> <h3>Le vocabulaire</h3> <p>L’un des enjeux du livre était d’arriver à une grande précision dans le vocabulaire, pour retrouver ces sensations d’enfant, ces finesses tactiles, olfactives, ces perceptions, ces émotions. Nanti d’une très bonne mémoire, il remonte donc le fleuve de cette enfance pour décrire précisément ce moment où pour lui, entre ses quatre et sept ans, tout était neuf.</p> <p>Temps où chaque paysage, chaque situation, chaque personnage, animal, plante, tout était l’objet d’un étonnement, d’une impression plus ou moins forte. </p> <h3>Le père</h3> <p>Un grand l’ennuie, son père lui dit qu’il se venge parce qu’il n’aime pas le catéchisme car, oui, son père est pasteur. Ce père explique aussi qu’on ne peut dire ni «nom de Dieu», ni «j’adore le chocolat», qu’on ne doit pas jurer et qu’il n’y a que Dieu qu’on adore. Ce père qui regardait toujours ses fils avec bienveillance et qui leur lit chaque soir un chapitre de l’<i>Iliade </i>ou de l’<i>Odyssée</i>. Néanmoins, le soir, avant d’aller dormir, tout est agité, alors, tous ensemble, ils chantent d’une voix très douce une chanson au pouvoir apaisant:</p> <p><em>Demeure par ta grâce, Avec nous Dieu sauveur!</em></p> <p><em>Quoi que l’Ennemi fasse, Protège notre cœur</em> </p> <h3>Le corps, les mouvements, les seuils</h3> <p>Le corps est bien là et les blessures font partie de la vie de tous les jours. A un moment, il y a la morsure par un chien, la blessure qui pourrit et les croûtes, qui peu à peu se détachent, les ecchymoses, les entailles, le corps griffé par les ronces, le corps qui change de forme après avoir été piqué par un insecte ou par la pointe en silice des orties se plantant comme une aiguille dans l'épiderme. </p> <p>Rien d’aérien ou d’évaporé, il y a incarnation. La dynamique de l’écriture est mouvement car l’auteur est très sensible à l’oralité, au rythme, au côté marcheur. Il accorde une grande importance aussi aux seuils, au fait de les franchir, de passer d’un lieu à l’autre, d’un extérieur à un intérieur, d’un chemin à une route, d’un bois à un pré, de toutes les perceptions et des effets de surprise. </p> <h3>Les animaux et les plantes</h3> <p>Il insiste également sur l’importance des animaux, les abeilles, les chiens, les corneilles, les taupes, les hérissons écrasés au bord de la route, les oies, le dindon qui fait peur, les vaches qui traversent le village, les coccinelles, les chenilles, les vertes et les brunes, les poux, les chevaux, les chèvres, les moutons.</p> <p>Et le champ de maïs avec ses innombrables couloirs qui avancent à l’infini et qui cachent les enfants de tous les regards. Les bottes de paille, le seigle, le blé, l’orge. Et dans les bois, surgit un ruisseau, des branches moussues, le bruit de l’écoulement, doux, calme, léger, persistant, les pissenlits, les marguerites, les pâquerettes, le bouton d’or – simplicité, le platane, le sureau, les peupliers sur la place centrale, le cyprès.</p> <h3>Le côté pop</h3> <p>Le chewing-gum, les Lego, les cigarettes filtres, les jeux électroniques avec leur écran à cristaux liquides, une maquette d’avion. L'auteur, enfant, reconnaît très bien les voitures, sait différencier très tôt une Mini Cooper d’une Alfa Roméo, et il est admiré par les adultes pour cela. Une petite poignée de dessinateurs, cinéastes ou groupes, Agnès Rosenstiehl, Yves Yersin, Etienne Delessert, Jörg Müller, les Forbans ou Téléphone, la télévision – où on la place dans la maison, dans quelle position on se met pour la regarder, son premier film: <i>La Grande Vadrouille</i>. </p> <h3>Les autres enfants</h3> <p>Chacun a son caractère. Chez Yves, les tracteurs, chez les Lenz, l’atelier de réparation de voitures, chez Stéphane, après avoir passé le rideau de lamelles plastiques jaune-verte-rose-brune-orange-turquoise, le tapis doux et la table basse.</p> <h3>Le bonheur</h3> <p>Partout où il y a un chemin à deux sillons, à l’orée d’une forêt, il est chez lui, dit-il. La question du paradis, du bonheur, n’est pas liée à des événements, à une exaltation. C’est un bonheur animiste qui est décrit en termes de lumières, de sons, de sensations, et qui n’a pas vocation à durer, qui ne s’appesantit pas. Un rai de lumière, ses millions de grains de poussière, apportant une vague idée cosmique. </p> <p>Ce bonheur est à l’échelle des choses et des événements, petit. Ce n’est pas le paradis perdu. Oui, s’il y a une mélodie dans ce livre, c’est celle du bonheur, d’un bonheur calme, tendre et paisible.</p> <p>Le moulin du village, l’endroit le plus paradisiaque de sa prime enfance, dit-il – un bassin en pierre plein d’eau dans lequel les enfants peuvent se baigner en jouant avec des chambres à air. </p> <p>Au soir tombant, en rentrant au crépuscule, après le portail toujours ouvert, être accueilli par les lumières jaunes aux fenêtres, par une chaleureuse image d’un foyer chaud et lumineux, oui, accueilli par le père ou la mère. Heureux les pacifiques. Un jour, il dit à son petit frère de manger une feuille d’ortie, celui-ci le fait, il ne se passe rien mais l’auteur, ébranlé par cette obéissance aveugle, ne lui fera plus jamais de semblable sale coup.</p> <p>Il écrit aussi qu’au village, il y a peu de classes sociales, que les enfants sont sur une même ligne d’égalité, qu’il n’y a pas de différence entre fils de paysan et fils de notable local. </p> <h3>Le paradis d'avant la Chute</h3> <p>Ce qui importe, c’est de grandir, de bouger, de découvrir, d’aimer, bref de vivre. Oui, en un étonnant coup de maître, Alain Freudiger nous décrit tout simplement sa jouissance à être.</p> <p>Nous ne sommes pas sur le chemin de Damas, il n’y a pas de rédemption, il n’y a pas eu de Chute mais au contraire, conquête de la station verticale. Ce n’est pas l’enfance de tout un chacun. Aux uns, une pente douce, aux autres, des montagnes russes, peu ont eu un rapport aussi harmonieux à leur fratries, peu ont été aussi aimés par leurs parents et moins encore se sentaient les égaux de tous. C’est bien là qu’est le tour de force d’Alain Freudiger. Avec lui, nous sommes dans le paradis de Jérôme Bosch, chez le Breughel de La Chute d’Icare. Mais l’enfer et l’occupation espagnole, cela sera pour une autre fois. Nous sommes dans la campagne romande au début des années 80 et dans les derniers temps heureux de l’histoire de l’humanité. Juste avant l’arrivée massive de la microinformatique, des séries HBO et du réchauffement climatique.</p> <hr /> <p><img src="https://media.bonpourlatete.com/default/w1200/1705961015_arpente2.jpg" class="img-responsive img-fluid left " width="200" height="300" /></p> <h4>«Arpenté», Alain Freudiger, Editions La Baconnière, 152 pages.</h4>', 'content_edition' => '', 'slug' => 'une-enfance-heureuse-a-la-cure-de-pailly-dans-le-gros-de-vaud', 'headline' => null, 'homepage' => null, 'like' => (int) 64, 'editor' => null, 'index_order' => (int) 1, 'homepage_order' => (int) 1, 'original_url' => '', 'podcast' => false, 'tagline' => null, 'poster' => null, 'category_id' => (int) 6, 'person_id' => (int) 2107, 'post_type_id' => (int) 1, 'post_type' => object(App\Model\Entity\PostType) {}, 'comments' => [[maximum depth reached]], 'tags' => [ [maximum depth reached] ], 'locations' => [[maximum depth reached]], 'attachment_images' => [ [maximum depth reached] ], 'person' => object(App\Model\Entity\Person) {}, 'category' => object(App\Model\Entity\Category) {}, '[new]' => false, '[accessible]' => [ [maximum depth reached] ], '[dirty]' => [[maximum depth reached]], '[original]' => [[maximum depth reached]], '[virtual]' => [[maximum depth reached]], '[hasErrors]' => false, '[errors]' => [[maximum depth reached]], '[invalid]' => [[maximum depth reached]], '[repository]' => 'Posts' } ] $embeds = [] $images = [ (int) 0 => object(Cake\ORM\Entity) { 'id' => (int) 4045, 'created' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'modified' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'name' => '1 aNorilsk Place de la GArde.jpeg', 'type' => 'image', 'subtype' => 'jpeg', 'size' => (int) 404972, 'md5' => '6d5ca7843ca6e3a031b9c580d47a1fa8', 'width' => (int) 900, 'height' => (int) 601, 'date' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'title' => '', 'description' => 'La Place de la Garde, de Norilsk.', 'author' => '', 'copyright' => 'DR', 'path' => '1532009086_1anorilskplacedelagarde.jpeg', 'embed' => null, 'profile' => 'default', '_joinData' => object(Cake\ORM\Entity) {}, '[new]' => false, '[accessible]' => [ [maximum depth reached] ], '[dirty]' => [[maximum depth reached]], '[original]' => [[maximum depth reached]], '[virtual]' => [[maximum depth reached]], '[hasErrors]' => false, '[errors]' => [[maximum depth reached]], '[invalid]' => [[maximum depth reached]], '[repository]' => 'Attachments' }, (int) 1 => object(Cake\ORM\Entity) { 'id' => (int) 4046, 'created' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'modified' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'name' => '9-Alabian MM Moscou 1924.jpg', 'type' => 'image', 'subtype' => 'jpeg', 'size' => (int) 103610, 'md5' => '5833c8d8c5d20f3b0aa7cdccb8a03078', 'width' => (int) 960, 'height' => (int) 715, 'date' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'title' => '', 'description' => 'Les deux architectes en 1942: Kévork Kotchar et Mikael Mazmanian.', 'author' => '', 'copyright' => 'DR', 'path' => '1532009167_9alabianmmmoscou1924.jpg', 'embed' => null, 'profile' => 'default', '_joinData' => object(Cake\ORM\Entity) {}, '[new]' => false, '[accessible]' => [ [maximum depth reached] ], '[dirty]' => [[maximum depth reached]], '[original]' => [[maximum depth reached]], '[virtual]' => [[maximum depth reached]], '[hasErrors]' => false, '[errors]' => [[maximum depth reached]], '[invalid]' => [[maximum depth reached]], '[repository]' => 'Attachments' }, (int) 2 => object(Cake\ORM\Entity) { 'id' => (int) 4047, 'created' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'modified' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'name' => '37 Norilsk le camp_le combinat.jpg', 'type' => 'image', 'subtype' => 'jpeg', 'size' => (int) 273118, 'md5' => 'a365e46d58220f635f85ec151250d007', 'width' => (int) 824, 'height' => (int) 528, 'date' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'title' => '', 'description' => 'La construction de la cité.', 'author' => '', 'copyright' => 'DR', 'path' => '1532009227_37norilsklecamp_lecombinat.jpg', 'embed' => null, 'profile' => 'default', '_joinData' => object(Cake\ORM\Entity) {}, '[new]' => false, '[accessible]' => [ [maximum depth reached] ], '[dirty]' => [[maximum depth reached]], '[original]' => [[maximum depth reached]], '[virtual]' => [[maximum depth reached]], '[hasErrors]' => false, '[errors]' => [[maximum depth reached]], '[invalid]' => [[maximum depth reached]], '[repository]' => 'Attachments' }, (int) 3 => object(Cake\ORM\Entity) { 'id' => (int) 4048, 'created' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'modified' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'name' => '45 Plan Norilsk.jpg', 'type' => 'image', 'subtype' => 'jpeg', 'size' => (int) 300020, 'md5' => '1a54be6e296ce6bdc619e9805ff52273', 'width' => (int) 1000, 'height' => (int) 684, 'date' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'title' => '', 'description' => 'Le plan de Norilsk.', 'author' => '', 'copyright' => 'DR', 'path' => '1532009244_45plannorilsk.jpg', 'embed' => null, 'profile' => 'default', '_joinData' => object(Cake\ORM\Entity) {}, '[new]' => false, '[accessible]' => [ [maximum depth reached] ], '[dirty]' => [[maximum depth reached]], '[original]' => [[maximum depth reached]], '[virtual]' => [[maximum depth reached]], '[hasErrors]' => false, '[errors]' => [[maximum depth reached]], '[invalid]' => [[maximum depth reached]], '[repository]' => 'Attachments' } ] $audios = [] $comments = [] $author = 'Yves Tenret' $description = 'Projet prométhéen de l’époque stalinienne, mené à mains nues ou presque, dans les conditions extrêmes de l’Arctique, Norilsk est une ancienne cité du Goulag, bâtie à côté de mines de métaux précieux. Un livre retrace son histoire.' $title = 'Norilsk, la ville la plus froide et la plus polluée du monde' $crawler = true $connected = null $menu_blocks = [ (int) 0 => object(App\Model\Entity\Block) { 'id' => (int) 56, 'created' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'modified' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'active' => true, 'name' => '#Trends', 'subtitle' => null, 'description' => null, 'color' => null, 'order' => null, 'position' => null, 'type' => 'menu', 'slug' => 'menu_tags', 'extern_url' => null, 'tags' => [ [maximum depth reached] ], 'posts' => [[maximum depth reached]], '[new]' => false, '[accessible]' => [ [maximum depth reached] ], '[dirty]' => [[maximum depth reached]], '[original]' => [[maximum depth reached]], '[virtual]' => [[maximum depth reached]], '[hasErrors]' => false, '[errors]' => [[maximum depth reached]], '[invalid]' => [[maximum depth reached]], '[repository]' => 'Blocks' }, (int) 1 => object(App\Model\Entity\Block) { 'id' => (int) 55, 'created' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'modified' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'active' => true, 'name' => 'Les plus lus cette semaine', 'subtitle' => null, 'description' => null, 'color' => null, 'order' => null, 'position' => null, 'type' => 'menu', 'slug' => 'menu_highlight', 'extern_url' => null, 'tags' => [[maximum depth reached]], 'posts' => [ [maximum depth reached] ], '[new]' => false, '[accessible]' => [ [maximum depth reached] ], '[dirty]' => [[maximum depth reached]], '[original]' => [[maximum depth reached]], '[virtual]' => [[maximum depth reached]], '[hasErrors]' => false, '[errors]' => [[maximum depth reached]], '[invalid]' => [[maximum depth reached]], '[repository]' => 'Blocks' } ] $menu = [ (int) 0 => object(App\Model\Entity\Category) { 'id' => (int) 2, 'created' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'modified' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'name' => 'A vif', 'menu' => true, 'menu_order' => (int) 4, 'description' => 'Lorsque nos auteurs ont envie de réagir sur le vif à un événement, des concerts aux disparitions célèbres, ils confient leurs écrits à la rubrique "A vif", afin que ceux-ci soient publiés dans l’instant.', 'slug' => 'a-vif', 'attachment_id' => '0', 'lft' => null, 'rght' => null, 'parent_id' => null, '[new]' => false, '[accessible]' => [ [maximum depth reached] ], '[dirty]' => [[maximum depth reached]], '[original]' => [[maximum depth reached]], '[virtual]' => [[maximum depth reached]], '[hasErrors]' => false, '[errors]' => [[maximum depth reached]], '[invalid]' => [[maximum depth reached]], '[repository]' => 'Categories' }, (int) 1 => object(App\Model\Entity\Category) { 'id' => (int) 3, 'created' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'modified' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'name' => 'Chronique', 'menu' => true, 'menu_order' => (int) 5, 'description' => '<p>La réputation des chroniqueurs de Bon pour la tête n’est plus à faire: Tout va bien, Le billet du Vaurien, la chronique de JLK, ou encore Migraine et In#actuel, il y en a pour tous les goûts!</p>', 'slug' => 'chroniques', 'attachment_id' => '0', 'lft' => null, 'rght' => null, 'parent_id' => null, '[new]' => false, '[accessible]' => [ [maximum depth reached] ], '[dirty]' => [[maximum depth reached]], '[original]' => [[maximum depth reached]], '[virtual]' => [[maximum depth reached]], '[hasErrors]' => false, '[errors]' => [[maximum depth reached]], '[invalid]' => [[maximum depth reached]], '[repository]' => 'Categories' }, (int) 2 => object(App\Model\Entity\Category) { 'id' => (int) 4, 'created' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'modified' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'name' => 'Lu ailleurs', 'menu' => true, 'menu_order' => (int) 5, 'description' => 'Pourquoi ne pas mettre en avant nos collègues lorsque l'on est sensibles à leur travail? Dans la rubrique « Lu ailleurs » vous trouverez des reprises choisies par la rédaction et remaniées façon BPLT.', 'slug' => 'ailleurs', 'attachment_id' => '0', 'lft' => null, 'rght' => null, 'parent_id' => null, '[new]' => false, '[accessible]' => [ [maximum depth reached] ], '[dirty]' => [[maximum depth reached]], '[original]' => [[maximum depth reached]], '[virtual]' => [[maximum depth reached]], '[hasErrors]' => false, '[errors]' => [[maximum depth reached]], '[invalid]' => [[maximum depth reached]], '[repository]' => 'Categories' }, (int) 3 => object(App\Model\Entity\Category) { 'id' => (int) 5, 'created' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'modified' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'name' => 'Actuel', 'menu' => true, 'menu_order' => (int) 1, 'description' => 'Bon pour la tête n’a pas vocation à être un site d’actualité à proprement parler, car son équipe prend le temps et le recul nécessaire pour réagir à l’information.', 'slug' => 'actuel', 'attachment_id' => '0', 'lft' => null, 'rght' => null, 'parent_id' => null, '[new]' => false, '[accessible]' => [ [maximum depth reached] ], '[dirty]' => [[maximum depth reached]], '[original]' => [[maximum depth reached]], '[virtual]' => [[maximum depth reached]], '[hasErrors]' => false, '[errors]' => [[maximum depth reached]], '[invalid]' => [[maximum depth reached]], '[repository]' => 'Categories' }, (int) 4 => object(App\Model\Entity\Category) { 'id' => (int) 6, 'created' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'modified' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'name' => 'Culture', 'menu' => true, 'menu_order' => (int) 3, 'description' => '', 'slug' => 'culture', 'attachment_id' => '0', 'lft' => null, 'rght' => null, 'parent_id' => null, '[new]' => false, '[accessible]' => [ [maximum depth reached] ], '[dirty]' => [[maximum depth reached]], '[original]' => [[maximum depth reached]], '[virtual]' => [[maximum depth reached]], '[hasErrors]' => false, '[errors]' => [[maximum depth reached]], '[invalid]' => [[maximum depth reached]], '[repository]' => 'Categories' }, (int) 5 => object(App\Model\Entity\Category) { 'id' => (int) 7, 'created' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'modified' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'name' => 'Vos lettres', 'menu' => true, 'menu_order' => (int) 6, 'description' => 'Bon pour la tête donne la parole à ses lecteurs, qu’ils aient envie de partager leur avis, pousser un coup de gueule ou contribuer à la palette diversifiée d’articles publiés. A vous de jouer!', 'slug' => 'vos-lettres-a-bon-pour-la-tete', 'attachment_id' => '0', 'lft' => null, 'rght' => null, 'parent_id' => null, '[new]' => false, '[accessible]' => [ [maximum depth reached] ], '[dirty]' => [[maximum depth reached]], '[original]' => [[maximum depth reached]], '[virtual]' => [[maximum depth reached]], '[hasErrors]' => false, '[errors]' => [[maximum depth reached]], '[invalid]' => [[maximum depth reached]], '[repository]' => 'Categories' }, (int) 6 => object(App\Model\Entity\Category) { 'id' => (int) 8, 'created' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'modified' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'name' => 'Analyse', 'menu' => true, 'menu_order' => (int) 3, 'description' => '', 'slug' => 'analyse', 'attachment_id' => '0', 'lft' => null, 'rght' => null, 'parent_id' => null, '[new]' => false, '[accessible]' => [ [maximum depth reached] ], '[dirty]' => [[maximum depth reached]], '[original]' => [[maximum depth reached]], '[virtual]' => [[maximum depth reached]], '[hasErrors]' => false, '[errors]' => [[maximum depth reached]], '[invalid]' => [[maximum depth reached]], '[repository]' => 'Categories' }, (int) 7 => object(App\Model\Entity\Category) { 'id' => (int) 10, 'created' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'modified' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'name' => 'Science', 'menu' => true, 'menu_order' => null, 'description' => '', 'slug' => 'sciences', 'attachment_id' => '0', 'lft' => (int) 1, 'rght' => (int) 2, 'parent_id' => null, '[new]' => false, '[accessible]' => [ [maximum depth reached] ], '[dirty]' => [[maximum depth reached]], '[original]' => [[maximum depth reached]], '[virtual]' => [[maximum depth reached]], '[hasErrors]' => false, '[errors]' => [[maximum depth reached]], '[invalid]' => [[maximum depth reached]], '[repository]' => 'Categories' }, (int) 8 => object(App\Model\Entity\Category) { 'id' => (int) 11, 'created' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'modified' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'name' => 'Histoire', 'menu' => true, 'menu_order' => null, 'description' => '', 'slug' => 'histoire', 'attachment_id' => '0', 'lft' => (int) 3, 'rght' => (int) 4, 'parent_id' => null, '[new]' => false, '[accessible]' => [ [maximum depth reached] ], '[dirty]' => [[maximum depth reached]], '[original]' => [[maximum depth reached]], '[virtual]' => [[maximum depth reached]], '[hasErrors]' => false, '[errors]' => [[maximum depth reached]], '[invalid]' => [[maximum depth reached]], '[repository]' => 'Categories' }, (int) 9 => object(App\Model\Entity\Category) { 'id' => (int) 12, 'created' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'modified' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'name' => 'Humour', 'menu' => true, 'menu_order' => null, 'description' => '', 'slug' => 'humour', 'attachment_id' => '0', 'lft' => (int) 5, 'rght' => (int) 6, 'parent_id' => null, '[new]' => false, '[accessible]' => [ [maximum depth reached] ], '[dirty]' => [[maximum depth reached]], '[original]' => [[maximum depth reached]], '[virtual]' => [[maximum depth reached]], '[hasErrors]' => false, '[errors]' => [[maximum depth reached]], '[invalid]' => [[maximum depth reached]], '[repository]' => 'Categories' }, (int) 10 => object(App\Model\Entity\Category) { 'id' => (int) 13, 'created' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'modified' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'name' => 'Débat', 'menu' => true, 'menu_order' => null, 'description' => '', 'slug' => 'debat', 'attachment_id' => '0', 'lft' => (int) 7, 'rght' => (int) 8, 'parent_id' => null, '[new]' => false, '[accessible]' => [ [maximum depth reached] ], '[dirty]' => [[maximum depth reached]], '[original]' => [[maximum depth reached]], '[virtual]' => [[maximum depth reached]], '[hasErrors]' => false, '[errors]' => [[maximum depth reached]], '[invalid]' => [[maximum depth reached]], '[repository]' => 'Categories' }, (int) 11 => object(App\Model\Entity\Category) { 'id' => (int) 14, 'created' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'modified' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'name' => 'Opinion', 'menu' => true, 'menu_order' => null, 'description' => '', 'slug' => 'opinion', 'attachment_id' => '0', 'lft' => (int) 9, 'rght' => (int) 10, 'parent_id' => null, '[new]' => false, '[accessible]' => [ [maximum depth reached] ], '[dirty]' => [[maximum depth reached]], '[original]' => [[maximum depth reached]], '[virtual]' => [[maximum depth reached]], '[hasErrors]' => false, '[errors]' => [[maximum depth reached]], '[invalid]' => [[maximum depth reached]], '[repository]' => 'Categories' }, (int) 12 => object(App\Model\Entity\Category) { 'id' => (int) 15, 'created' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'modified' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'name' => 'Reportage', 'menu' => true, 'menu_order' => null, 'description' => '', 'slug' => 'reportage', 'attachment_id' => '0', 'lft' => (int) 11, 'rght' => (int) 12, 'parent_id' => null, '[new]' => false, '[accessible]' => [ [maximum depth reached] ], '[dirty]' => [[maximum depth reached]], '[original]' => [[maximum depth reached]], '[virtual]' => [[maximum depth reached]], '[hasErrors]' => false, '[errors]' => [[maximum depth reached]], '[invalid]' => [[maximum depth reached]], '[repository]' => 'Categories' } ] $tag = object(App\Model\Entity\Tag) { 'id' => (int) 8, 'created' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'modified' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'name' => 'Littérature', 'slug' => 'litterature', '_joinData' => object(Cake\ORM\Entity) {}, '[new]' => false, '[accessible]' => [ '*' => true, 'id' => false ], '[dirty]' => [], '[original]' => [], '[virtual]' => [], '[hasErrors]' => false, '[errors]' => [], '[invalid]' => [], '[repository]' => 'Tags' }include - APP/Template/Posts/view.ctp, line 147 Cake\View\View::_evaluate() - CORE/src/View/View.php, line 1435 Cake\View\View::_render() - CORE/src/View/View.php, line 1393 Cake\View\View::render() - CORE/src/View/View.php, line 892 Cake\Controller\Controller::render() - CORE/src/Controller/Controller.php, line 791 Cake\Http\ActionDispatcher::_invoke() - CORE/src/Http/ActionDispatcher.php, line 126 Cake\Http\ActionDispatcher::dispatch() - CORE/src/Http/ActionDispatcher.php, line 94 Cake\Http\BaseApplication::__invoke() - CORE/src/Http/BaseApplication.php, line 256 Cake\Http\Runner::__invoke() - CORE/src/Http/Runner.php, line 65 App\Middleware\IpMatchMiddleware::__invoke() - APP/Middleware/IpMatchMiddleware.php, line 28 Cake\Http\Runner::__invoke() - CORE/src/Http/Runner.php, line 65 Cake\Routing\Middleware\RoutingMiddleware::__invoke() - CORE/src/Routing/Middleware/RoutingMiddleware.php, line 164 Cake\Http\Runner::__invoke() - CORE/src/Http/Runner.php, line 65 Cors\Routing\Middleware\CorsMiddleware::__invoke() - ROOT/vendor/ozee31/cakephp-cors/src/Routing/Middleware/CorsMiddleware.php, line 32 Cake\Http\Runner::__invoke() - CORE/src/Http/Runner.php, line 65 Cake\Routing\Middleware\AssetMiddleware::__invoke() - CORE/src/Routing/Middleware/AssetMiddleware.php, line 88 Cake\Http\Runner::__invoke() - CORE/src/Http/Runner.php, line 65
Warning: file_put_contents(/data01/sites/bonpourlatete.com/dev/bonpourlatete.com/logs/debug.log) [function.file-put-contents]: failed to open stream: Permission denied in /data01/sites/bonpourlatete.com/dev/bonpourlatete.com/vendor/cakephp/cakephp/src/Log/Engine/FileLog.php on line 133
VOS RÉACTIONS SUR LE SUJET
0 Commentaire