Chronique / Richard Brautigan entre San Francisco et Tokyo
«Richard restait fasciné par la sensualité de ce corps incroyablement excitant, tout en observant son visage qui était du Botticelli et qui lui donnait envie de voyager dans l'éther.» © NCMallory
Les néons de Tokyo lui rendaient les yeux de son enfance et le Enrico's bar de San Francisco soignait ses insomnies.
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En accord avec <strong>Sénèque</strong>, je dirais que «<em>ce qui est un bien, ce n’est pas de vivre, mais de vivre bien</em>».</p> <p>«Faut-il quitter la vie?», s’interroge l’empereur philosophe <strong>Marc-Aurèle</strong>. Il importe de se poser la question avant que la vieillesse n’obscurcisse la pensée, répond-il. A quoi bon allonger une vie qui doit de toute manière aboutir à une triste fin, alors que l’on a compris, pour paraphraser l’Écclésiate, que tout ne passe que pour revenir. Vivre n’est pas seulement douloureux, c’est vain. Certes, chacun se fuit toujours…mais à quoi bon, si l’on n’échappe pas à soi?</p> <p>Une intégrité physique et mentale nous donne un élan vital susceptible de nous procurer bien des plaisirs et de nous éviter ce genre de questions. Mais l’heure sonne vite où il n’est plus possible de les esquiver. 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Pendant quinze ans, il répétera: «<em>But it is not about trout fishing</em><em>!</em>» Puis, il se tirera une balle dans la tête avec son Smith and Wesson, calibre 44. «Nom de Dieu, les conneries qu'on va écrire sur moi après ma mort!», disait-il. Finalement, on n'a pas écrit tellement de conneries sur lui. On a préféré oublier ce Baudelaire Yankee, surtout aux Etats-Unis. Un oubli que je ne m'explique pas, tant Richard Brautigan était à lui seul, à côté de ses potes de la Beat Generation qu'il retrouvait au Enrico's Bar de San Francisco, une légende. Il donnait l'impression de se foutre de tout et pourtant il était capable de faire tenir une tragédie grecque dans un thé à coudre, disait Philippe Djian. Il passait pour l'écrivain le plus gauche et le plus bizarre, le plus <em>weird</em> en un mot, des Etats-Unis. Un sacré titre de gloire pour l'auteur de <em>Pourquoi les poètes inconnus restent inconnus</em>.</span></p><p>«Nous tenons, écrivait-il, chacun notre rôle dans l'histoire. 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Comment n'aurais-je pas pu aimer Richard Brautigan?</p><p>S'il y a un bibliothèque insolite, c'est bien celle que décrit Richard Brautigan dans <em>L'Avortement</em>. Située près de Sacramento Street, à San Francisco, ouverte vint-quatre heures sur vingt-quatre, elle accueille les manuscrits refusés. Les auteurs viennent eux-mêmes les déposer. Personne ne les emprunte jamais. Personne ne vient les lire sur place. Mais tous sont enregistrés et archivés scrupuleusement, jour après jour, semaine après semaine, mois après mois.</p><p>Un certain Charles Green est passé l'autre jour pour remettre son livre: «Bel amour, toujours.» Il approchait de la soixantaine et a confié à Richard qu'il était à la recherche d'un éditeur depuis qu'il avait mis le point final à son manuscrit. Il avait alors dix-sept ans. «Ce livre», a-t-il dit, «détient le record absolu des refus». 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Il m'a été retourné 459 fois et maintenant j'ai perdu tout espoir. «Richard Brautigan se souvient de cette fillette - elle avait à peine huit ans et portait une jolie robe blanche - qui avait simplement murmuré avant de s'éclipser: "C'est un livre sur les coquelicots."» Il avait noté son nom dans le registre, Barbara Jones, et le titre: <em>Coquelicot joli</em>. Il se souvenait également de ce type insignifiant, Samuel Humber, qui avait écrit<em> D'abord le petit déjeuner</em> et qui lui avait longuement expliqué combien il est essentiel de prendre son petit-déjeuner, surtout quand on voyage, et que c'est une chose que trop de guides touristiques oublient. C'est pour rappeler à quel point le petit-déjeuner est vital qu'il avait sacrifié cinq années de son existence à écrire ce livre. Il ne comprenait pas pourquoi aucun éditeur ne s'y était intéressé.</p><p>Mais ce que Richard n'avait jamais oublié, c'était cette nuit d'hiver où, alors qu'il mettait du sucre dans son café, il avait entendu tinter la cloche. Il avait allumé les lumières dans la bibliothèque et avait sursauté en voyant une jeune fille d'une incroyable beauté, avec des cheveux noirs qui lui tombaient sur les épaules comme des éclats de chauve-souris, et qui attendait qu'il la laisse entrer. Elle tenait un paquet sous le bras. Il lui demanda ce qu'elle lui apportait de beau. «J'espère que je ne vous dérange pas. Il est tard.» Après l'avoir rassurée, Richard lui demanda quel était le sujet de son livre. «Le sujet, le voici...» Et, brusquement, elle se dévêtit. «C'est mon corps. Je le déteste. Il est trop grand pour moi. C'est le corps de quelqu'un d'autre. Ce n'est pas le mien.» Puis, elle se mit à pleurer. La scène était grotesque, mais Richard restait fasciné par la sensualité de ce corps incroyablement excitant, tout en observant son visage qui était du Botticelli et qui lui donnait envie de voyager dans l'éther.</p><p>C'est en lisant ce passage du récit de Richard Brautigan dans le Shinkansen qui la conduisait à Tokyo qu'une jeune Japonaise, Akiko Yoshimura, mariée depuis quelques jours, prit la décision la plus surprenante de son existence: partager sa vie avec Richard Brautigan. Il était déjà oublié aux États-Unis, mais encore une star au Japon. Akiko savait par la presse qu'il logeait au Keio Palace. Elle s'y rendit aussitôt.</p><p>Richard regardait un film policier dans sa suite quand le téléphone sonna. La réception lui passa une jeune fille qui, défiant toutes les conventions, voulait le voir.</p><p>Intrigué, il la reçut. Elle était nerveuse. Pour elle, la vie et la mort étaient identiques. Elle percevait qu'il en était de même pour lui. Elle était déjà amoureuse de Brautigan après l'avoir lu. Elle le devint plus encore dans cette suite du Keio Palace. Elle demeura un mystère pour lui. En la contemplant, il se demandait de quelle bibliothèque elle s'était échappée, de quel manuscrit elle était le rêve. Le sien sans doute. Les rêves des écrivains ont ceci de particulier qu'ils finissent toujours par prendre forme. Richard avait rêvé d'être un humoriste américain à Tokyo amoureux fou d'une geisha. Il l'était enfin.</p><p>C'est alors que je l'ai croisé avec Akiko au Keio Palace. Je l'ai revu au bar de l'hôtel devant une bouteille de whisky, toujours vêtu de la même veste sombre ornée de badges fantaisistes et de son chapeau gris élimé, avec sa moustache jaune qui lui donnait un air anachronique. Déjà passablement éméché, il me parla de Fred Pinkus qui avait déposé dans sa bibliothèque un manuscrit intitulé <em>Encre d'imprimerie</em>. C'était un ancien journaliste, me confia-t-il, et son livre écrit à la main sur des feuilles tachées par le whisky, était quasiment illisible. «Et voilà vingt ans de ma vie......», a-t-il ajouté en quittant la bibliothèque d'un pas chancelant. Richard considérait ce Fred Pinkus comme son double. Vingt ans de ratage. Et maintenant un miracle s'était produit à Tokyo. Ce miracle, c'était Akiko. Il s'accrochait à moi et voulait savoir si c'était bien réel. Je lui ai dit: «Bien sûr!» . Mais je songeais en le voyant tituber «Plus dure sera la chute.» Il le pressentait sans doute, lui qui avait écrit cette phrase qui m'avait bouleversé: «Quand une Japonaise vous quitte, c'est la vie qui s'en va.» J 'étais payé pour le savoir. Tous les deux, nous partagions la même passion pour les Japonaises. Tous les deux, nous écrivions pour raconter ce que c'est que d'être dans notre peau. Tous les deux, nous retrouvions les yeux de notre enfance dans les néons de Tokyo. Mais Richard passait plus de temps au bar du Keio et moi au bord de la piscine. Je ne suis plus jamais retourné au Keio, mais je relis souvent ses <em>Poèmes Japonais</em>. Surtout celui-ci: </p><p> «Je l'aime bien, ce chauffeur de taxi</p><p> Qui fonce dans les rues sombres de Tokyo</p><p> Comme si la vie n'avait aucun sens</p><p> Je ressens la même chose.»</p><p>J'ignore si Richard Brautigan a lu les mangas de Kazuo Kamimura, mais c'est probable: le romantisme morbide et l'esthétique éclatée de Kamimura ne pouvaient que le séduire. Kamimura est mort deux ans après Brautigan, en 1986, d'un cancer du pharynx. Il avait quarante-cinq ans et déjà une œuvre prolifique derrière lui. Tarantino s 'en inspirera. Il insérait volontiers des haïkus dans ses dessins de jeunes filles. Elles ressemblaient à Akiko. Elles rendaient Richard proches de l'extase. <em>Maria</em> vient d'être éditée en deux volumes aux éditions Sensei. Quant au <em>Fleuve Shinano</em>, sans doute son chef-d'œuvre, il illustre à merveille ce poème de Brautigan:</p><p> «L'amour est plus cruel </p><p> Que le couteau</p><p> D'un homme</p><p> Qui tranche</p><p> La gorge </p><p> De quatre enfants»</p>', 'content_edition' => null, 'slug' => 'richard-brautigan-entre-san-francisco-et-tokyo', 'headline' => false, 'homepage' => 'col-md-12', 'like' => (int) 677, 'editor' => null, 'index_order' => (int) 1458, 'homepage_order' => (int) 1720, 'original_url' => null, 'podcast' => false, 'tagline' => null, 'poster' => null, 'category_id' => (int) 3, 'person_id' => (int) 2758, 'post_type_id' => (int) 1, 'poster_attachment' => null, 'editions' => [], 'tags' => [ (int) 0 => object(App\Model\Entity\Tag) {} ], 'locations' => [], 'attachment_images' => [ (int) 0 => object(Cake\ORM\Entity) {} ], 'attachments' => [ (int) 0 => object(Cake\ORM\Entity) {} ], 'person' => object(App\Model\Entity\Person) {}, 'comments' => [], 'category' => object(App\Model\Entity\Category) {}, '[new]' => false, '[accessible]' => [ '*' => true, 'id' => false ], '[dirty]' => [], '[original]' => [], '[virtual]' => [], '[hasErrors]' => false, '[errors]' => [], '[invalid]' => [], '[repository]' => 'Posts' } $relatives = [ (int) 0 => object(App\Model\Entity\Post) { 'id' => (int) 2241, 'created' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'modified' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'publish_date' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'notified' => null, 'free' => true, 'status' => 'PUBLISHED', 'priority' => 'NORMAL', 'readed' => null, 'subhead' => 'Chronique / Le billet du Vaurien', 'title' => 'Qu'en pensent les personnes les plus vulnérables?', 'subtitle' => 'La réanimation ou la cigüe? 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