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Chronique

Chronique / Paris sans fin


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S'ouvrir à la surprise de la redécouverte littéraire, artistique; changer de longueurs d’onde, prendre du champ, bref: se montrer in#actuel. Autrement dit, indocile. Une autre façon encore d’aborder l’actualité.



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Alors que la Fondation Beyeler fait dialoguer cet été ces deux géants du XXe siècle que sont Francis Bacon (1909–1992) et Alberto Giacometti (1901–1966), voilà que Les Cahiers dessinés ont l’excellente idée de sortir une nouvelle édition de Paris sans fin. Augmentée d’une trentaine de dessins inédits, elle prend la suite de celle de 2003, qui avait donné lieu à une exposition des planches originales de l’ouvrage au Musée Jenisch à Vevey. On a pu parler de livre mythique à propos de Paris sans fin, cet ensemble de quelques 150 dessins lithographiés de Giacometti. Un projet d’ouvrage que l’artiste grison mit près de dix ans à réaliser, mais qu’il ne put achever. C’est l’éditeur Tériade, animateur notamment des célèbres Cahiers d’art fondés par Zervos, qui publia l’ouvrage à 200 exemplaires en 1969, trois ans après la mort du sculpteur.

L’idée de consacrer une série de lithographies à Paris s’est présentée à l’esprit du Grison un soir, alors qu’il rentrait de chez l’imprimeur Mourlot: «Le départ du livre, la descente de la rue Saint-Denis en taxi vers le soir au crépuscule. Oh l’envie de faire des images de Paris un peu partout, où la vie m’amenait, m’amènerait.» L’artiste ne précise pas la date de cette sorte d’illumination. Mais tout plaide pour le milieu des années 1950. Quant au titre, s’il est de Giacometti lui-même, il lui aurait été suggéré par Tériade à la sortie d’un café. Comme le sculpteur s’exclamait, en s’émerveillant du spectacle offert par les rues, «Ah! Paris… Paris sans fin! – Vous avez votre titre, lui répondit l’éditeur.» La technique utilisée s’est également imposée d’emblée ce même soir, rue Saint-Denis: «La seule possibilité pour cela, ce crayon lithographique, ni la peinture ni le dessin, ce crayon le seul moyen pour faire vite, l’impossibilité de revenir dessus, d’effacer, de gommer, de recommencer.» Et, de fait, Giacometti va travailler directement, non pas sur la pierre, mais sur du papier report, qui sera ensuite confié à l’atelier Mourlot. Car c’est bien à une liberté nouvelle qu’il entend se dédier désormais.

Le travail le plus libre de toute l’œuvre de Giacometti

Elle se marque à la fois par les exigences extrêmes qui sont celles alors du sculpteur à l’égard de ses modèles, auxquels plusieurs dessins de Paris sans fin sont consacrés, en particulier sa femme Annette, que dans son rapport aux thèmes, aux sujets de la série. Les rues, bien sûr, que l’artiste helvétique parcourt en nouveau «Paysan de Paris»; les monuments: Sorbonne, tour Saint-Jacques, Saint-Sulpice, pont Alexandre III; l’atelier, toujours et encore, avec son poêle, et naturellement les cafés: Le Gaulois, proche de son atelier, ou encore Le Select, boulevard du Montparnasse, dessiné depuis la terrasse de La Coupole où régulièrement il soupait tard le soir. Ce qui frappe dans cet ensemble, c’est la rigueur absolue de certains dessins, presque des épures, comme celui de la façade de Saint-Sulpice, au contraire de certains autres, parfois réduits à de simples esquisses. Avec toutefois une constance: leur spontanéité, leur vitesse qui caractérisent ce travail. Le plus libre peut-être de toute l’œuvre de Giacometti.


  Alberto Giacometti, Tour Saint-Jacques © Les Cahiers Dessinés


Qu’on me permette ici de tirer un parallèle avec une autre série dessinée, également consacrée à Paris, certes infiniment plus modeste puisqu’elle ne comporte que vingt planches. Il s’agit du Voyage à Paris du graveur Pierre Aubert (1910-1987), paru il y a quelques mois – dans sa postface, Philippe Kaenel parle d’une même approche kaléidoscopique chez les deux artistes. Réalisée en 1968, cette suite au stylo bille bleu raconte le trajet en train jusqu’à Paris – on est avant le TGV – et ensuite c’est Montparnasse où le Vaudois avait ses habitudes, Le Dôme, Saint-Germain-des-Prés, les quais de la Seine.
  Pierre Aubert, Au Dôme 2.XII.1968 © art&fiction

Sans vouloir, encore une fois, les mettre sur le même pied, une égale spontanéité réunit les deux œuvres. Une même liberté chez l’un comme chez l’autre. Sans entrave, dans leur commune recherche, leur quête à tous deux de la ressemblance.

PS: avec l’arrivée de l’été, le chroniqueur prend des vacances. Prochain in#actuel, le 15 août.



Exposition Bacon – Giacometti, jusqu’au 2 septembre, Fondation Beyeler, Riehen/Basel


 

Alberto Giacometti, Paris sans fin, Les Cahiers Dessinés, 2018



Raphaël Aubert, Le Voyage à Paris. Un carnet de Pierre Aubert, art&fiction, 2017

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