Chronique / Le nihilisme apocalyptique d'Albert Caraco
Notice (8): Trying to access array offset on value of type null [APP/Template/Posts/view.ctp, line 123]Code Context<div class="post__article">
<? if ($post->free || $connected['active'] || $crawler || defined('IP_MATCH') || ($this->request->getParam('prefix') == 'smd')): ?>
<?= $post->content ?>
$viewFile = '/data01/sites/bonpourlatete.com/dev/bonpourlatete.com/src/Template/Posts/view.ctp' $dataForView = [ 'referer' => '/', 'OneSignal' => '8a2ea76e-2c65-48ce-92e5-098c4cb86093', '_serialize' => [ (int) 0 => 'post' ], 'post' => object(App\Model\Entity\Post) { 'id' => (int) 1086, 'created' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'modified' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'publish_date' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'notified' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'free' => false, 'status' => 'PUBLISHED', 'priority' => 'NORMAL', 'readed' => null, 'subhead' => 'LE BILLET DU VAURIEN', 'title' => 'Le nihilisme apocalyptique d'Albert Caraco', 'subtitle' => '', 'subtitle_edition' => null, 'content' => '<p>Albert Caraco était un homme courtois, approuvant toutes les sottises et se gardant de paraître plus savant ou plus spirituel qu'il ne l'était. C'est ainsi qu'il se décrit et c'est ainsi qu'il m'est apparu quand je l'ai croisé à Lausanne aux éditions L'Age d'Homme, à la fin des années soixante. Il vivait alors avec son père au Beau-Rivage Palace et publiait en Suisse, ce qui permettait aux critiques français d'ignorer son œuvre. Cet homme effacé, presque insignifiant, portait en lui un secret, un secret que je découvre aujourd'hui seulement, près de quarante ans après sa mort. Ce secret, c'est qu'il concoctait une œuvre si féroce, si dévastatrice, si prophétique qu'il fallait être mentalement dérangé pour y succomber. Lui-même, il le pensait, ne pouvait qu'en être la victime consentante. Il vivait dans l'ombre de la mort. Et son père, Monsieur Père, était le dernier lien qui l'attachait à la vie. En le voyant dormir, il songeait que s'il ne s'éveillait pas un beau matin, il le suivrait de bonne grâce. Il ne tenait pas à marcher sur ses traces. «Ah! Quelle horreur que la vieillesse! Plutôt mourir sept fois!», écrivait-il. Quelques heures après la mort de Monsieur Père, il se pendit, imprimant ainsi à son œuvre un sceau d'authenticité dont nul ne se soucia. </p><blockquote><h3><em>Les misérables rédacteurs du </em>Monde<em> se trompent</em></h3></blockquote><p>Le suicide de Caraco passa aussi inaperçu que ses livres. Il n'était pas un rentier du désespoir. Il était le désespoir même. Si je suis passé à côté de lui, comme beaucoup d'autres, c'est que ses propos racistes m'insupportaient et que la préciosité de son style me déconcertait. En réalité, il avait tout simplement du style et se montrait plus clairvoyant que nous ne l'étions alors, surtout quand on collaborait au quotidien <em>Le Monde</em> qu'il tenait pour la plus méprisable des gazettes. Il soutenait que la France, après avoir collaboré avec les Allemands, avait une seconde fois en une génération choisi le mauvais parti, celui des nations arabes par haine invétérée des Juifs. «Ce que la France, écrivait-il, ne pardonne pas au peuple d'Israël, c'est d'avoir retrouvé le chemin de l'honneur et de n'avoir pas capitulé comme elle. Au moment où les Juifs sont devenus un peuple militaire, la France aura cessé de l'être (...) Les misérables rédacteurs du<em> Monde</em> se trompent avec application et depuis force années, ce qu'ils écrivent paraît destiné plus souvent aux Arabes qu'aux Français, ils arabisent les Français, ils les négrifieront bientôt...» J'étais un de ces misérables rédacteurs. C'est dire si, en dépit de mon admiration pour Israël, l'amère pilule caracolienne me restait au travers de la gorge. Certes, mon ami Cioran tenait à peu près les même propos dans l'intimité. il n'était pas loin de penser, comme Caraco, que les Arabes étaient un peuple en trop rongé par le fanatisme pour lequel la castration serait une charité. Étant totalement étranger à toutes formes de racisme, je ne pouvais que l'être à celui de Caraco ou de Cioran. Il est vrai qu'ils étaient l'un et l'autre des lecteurs d'Oswald Spengler et moi de <em>Salut les Copains</em> dans un premier temps et de <em>Playboy</em> ensuite. De Freud enfin. Mais, comme eux, je ne doutais pas que la tolérance est une duperie et le respect une forme de délire hypocrite. Quant à la fraternité, je n'étais pas loin d'être en accord avec Caraco quand il écrivait dans son Bréviaire du chaos que nous oublions un peu facilement que ceux d'en face sont des mendiants et des vengeurs, laids, malsains, vicieux, cruels et despotiques, plus roués et menteurs que nos sophistiques à la mode. Il visait Sartre, bien sûr, et à travers lui tous les faux-monnayeurs d'un monde plus juste.</p><blockquote><h3><em>Madame Mère est morte. Je l'avais oubliée depuis assez longtemps</em></h3></blockquote><p>Rien ne serait plus faux que d'imaginer Albert Caraco sous les traits d'un vieux ronchon, vivant reclus et nourrissant par dépit une vision du monde un peu rance. Il naît à Constantinople le 8 juillet 1919 dans une famille de banquiers juifs. Soucieux de donner à leur fils unique l'éducation la plus cosmopolite, ses parents l'entraîneront successivement à Vienne, à Prague, à Berlin, puis à Paris où il fera ses humanités à Janson-de-Sailly, avant qu'il ne soit obligé de s'exiler en Amérique latine où il obtiendra non sans mal la nationalité uruguayenne qu'il conservera jusqu'à sa mort en 1971. Il écrira indifféremment, comme Cioran d'ailleurs, en allemand, en espagnol, en anglais et en français, goûtant les civilisations à leur apogée: la France du XVIII<sup>e</sup> siècle, la Chine des Ming et, bien sûr, l'excentricité des écrivains anglais – le docteur Samuel Johnson notamment – et la profondeur des philosophes allemands. Caraco se considérait d'ailleurs comme l'héritier de Schopenhauer et de Nietzsche. Il ne doutait pas qu'un jour, un jour lointain certes, les Français finiraient par l'adorer, tout comme les Allemands ont adoré Nietzsche: «J'écris le français comme Nietzsche l'allemand, je me sens l'héritier du philosophe et l'on m'appellera demain le légataire du prophète», écrit-il dans <em>Ma Confession</em>. Ce jour tant attendu est-il enfin arrivé? C'est fort probable. Caraco était inaudible. Il est en passe de devenir l'auteur européen par excellence. Un penseur sereinement et froidement athée qui ne se fait d'illusions sur rien, traitant Dieu comme un monstre, les théologiens comme les architectes de chambres de torture, Kant comme l'auteur d'un chef d'œuvre de naïveté avec son projet de paix perpétuelle. Il se moquait également de l'amour maternel, un préjugé dont il convenait par simple hygiène intellectuelle de se débarrasser au plus vite, ce qu'il fit dans un livre sublime: <em>Post Mortem</em> qui débute ainsi: «Madame Mère est morte. Je l'avais oubliée depuis assez longtemps, sa fin la restitue à ma mémoire, ne fût-ce que pour quelques heures, méditons là-dessus, avant qu'elle retombe dans les oubliettes. Je me demande si je l'aime et je suis forcé de répondre: Non.»</p><h3>Suicide, extermination, racisme</h3><p>Par ailleurs, Caraco considère le plaisir sexuel comme un esclavage, ce qui le conduira à la continence. La seule idée d'avoir des enfants le révulse. «S'il régnait un peu de logique dans les têtes, écrit-il, l'homme ayant six enfants serait un criminel, car il revient au même désormais d'avoir six condamnations ou six poupards.» On lui a reproché ces paradoxes: ils seront bientôt des lieux communs. Inutile d'insister sur ce point: l'amour de la vie rappelle à Caraco l'érection de l'homme que l'on pend. Et il attend de la mort qu'elle l'affranchisse d'une vie qu'il méprise autant qu'il la hait. Rarement un homme aussi discret, courtois et cultivé aura manifesté des sentiments d'une telle violence dans une langue aussi châtiée. Comme me l'écrit Alain Bonnand: «Prodigieux bonhomme, qui aura su tout digérer, sa mère, son père... Cerner le rien avant de s'y retirer.»</p><p>La pensée de Caraco, comme celle de Cioran, gravite inlassablement autour des mêmes obsessions: le suicide, l'extermination, le racisme, le déclin de l'Occident, la religion, l'inconvénient d'être né, la chasteté et la luxure... Weininger, Wittgenstein et Karl Kraus sont leurs frères d'armes. Si l'un, Cioran, est un ermite mondain, l'autre, Caraco, est un banni. Si l'un feint de ne pas adhérer à ses délires, l'autre ne cesse de s'y plonger... et, parfois, de s'y noyer. Cioran a compris qu'en France, il lui faudrait pour survivre jouer un double jeu. Il avance masqué, dissimulant un passé qui le discréditerait. Caraco ne cache pas son jeu... mais personne ne veut jouer avec lui. Même Cioran le tiendra à l'écart. Il faut lire à ce sujet les souvenirs de Louis Nucera dans <em>Mes ports d'attache</em>, un des rares admirateurs avec Raphaël Sorin, de cet imprécateur disqualifié moins par l'outrance de ses propos que par le fait qu'il ne les tourne pas en dérision. Pourtant, il ne manque pas d'humour. Il suffit de lire son <em>Supplément à la Psychopathia sexualis</em> de Krafft-Ebing pour s'en convaincre. </p><blockquote><h3><em>Je crois en l'inégalité des hommes</em></h3></blockquote><p>Caraco n'est pas homme à prendre des précautions. Ce que Cioran chuchote à ses amis quand il les entraîne avec lui dans ses promenades nocturnes, Caraco le proclame haut et fort. Notamment son mépris pour la France, sa haine des Arabes, les ricanements que lui inspirent les idéaux démocratiques et la pitié condescendante qu'il éprouve quand il écoute un homme de gauche. Il ne déplaît pas à Cioran d'être célébré dans<em> Le Monde</em> que Caraco vomit. </p><p>Caraco ne transigeait pas: son suicide, à 54 ans, dans la solitude la plus totale était la conclusion logique de son nihilisme apocalyptique. Cioran, lui, sera enterré en grande pompe dans une église orthodoxe, conclusion non moins logique de son nihilisme frivole. Il est vrai qu'avant de devenir un modèle de l'esprit français, il avait célébré sans retenue le nazisme et plaidé pour un nationalisme roumain semant la terreur. L'eût-il su qu'un Saint-John Perse n'aurait jamais écrit, ni tant d'autres après lui, qu'il tenait l'altière pensée de Cioran pour l'une des plus exigeantes aujourd'hui en Europe. </p><p>Par courtoisie, Albert Caraco attendra la mort de Monsieur Père pour prendre congé d'un monde qu'il exécrait, réaffirmant auparavant: «Je suis Raciste, je suis Colonialiste. Je crois en l'inégalité des hommes et je professe la nécessité de les réduire en servitude quand ils sont déplaisants, barbares, ignorants ou pauvres.» Je me demande en mettant un point final à ce texte pourquoi je trouvais Caraco odieux dans ma jeunesse et pourquoi je le juge maintenant plus fraternel – plus franc en tout cas – que tous ceux qui professent un humanisme de façade. Je vous laisse le soin de répondre à ma place.</p>', 'content_edition' => null, 'slug' => 'le-nihilisme-apocalyptique-d-albert-caraco', 'headline' => false, 'homepage' => 'col-md-12', 'like' => (int) 720, 'editor' => null, 'index_order' => (int) 1110, 'homepage_order' => (int) 1326, 'original_url' => null, 'podcast' => false, 'tagline' => null, 'poster' => null, 'category_id' => (int) 3, 'person_id' => (int) 2758, 'post_type_id' => (int) 1, 'poster_attachment' => null, 'editions' => [[maximum depth reached]], 'tags' => [ [maximum depth reached] ], 'locations' => [[maximum depth reached]], 'attachment_images' => [[maximum depth reached]], 'attachments' => [[maximum depth reached]], 'person' => object(App\Model\Entity\Person) {}, 'comments' => [ [maximum depth reached] ], 'category' => object(App\Model\Entity\Category) {}, '[new]' => false, '[accessible]' => [ [maximum depth reached] ], '[dirty]' => [[maximum depth reached]], '[original]' => [[maximum depth reached]], '[virtual]' => [[maximum depth reached]], '[hasErrors]' => false, '[errors]' => [[maximum depth reached]], '[invalid]' => [[maximum depth reached]], '[repository]' => 'Posts' }, 'relatives' => [ (int) 0 => object(App\Model\Entity\Post) {}, (int) 1 => object(App\Model\Entity\Post) {}, (int) 2 => object(App\Model\Entity\Post) {}, (int) 3 => object(App\Model\Entity\Post) {} ], 'embeds' => [], 'images' => [], 'audios' => [], 'comments' => [ (int) 0 => object(App\Model\Entity\Comment) {}, (int) 1 => object(App\Model\Entity\Comment) {}, (int) 2 => object(App\Model\Entity\Comment) {} ], 'author' => 'Roland Jaccard, Écrivain', 'description' => 'Albert Caraco était un homme courtois, approuvant toutes les sottises et se gardant de paraître plus savant ou plus spirituel qu'il ne l'était....', 'title' => 'Le nihilisme apocalyptique d'Albert Caraco', 'crawler' => true, 'connected' => null, 'menu_blocks' => [ (int) 0 => object(App\Model\Entity\Block) {}, (int) 1 => object(App\Model\Entity\Block) {} ], 'menu' => [ (int) 0 => object(App\Model\Entity\Category) {}, (int) 1 => object(App\Model\Entity\Category) {}, (int) 2 => object(App\Model\Entity\Category) {}, (int) 3 => object(App\Model\Entity\Category) {}, (int) 4 => object(App\Model\Entity\Category) {}, (int) 5 => object(App\Model\Entity\Category) {}, (int) 6 => object(App\Model\Entity\Category) {}, (int) 7 => object(App\Model\Entity\Category) {}, (int) 8 => object(App\Model\Entity\Category) {}, (int) 9 => object(App\Model\Entity\Category) {}, (int) 10 => object(App\Model\Entity\Category) {}, (int) 11 => object(App\Model\Entity\Category) {}, (int) 12 => object(App\Model\Entity\Category) {} ] ] $bufferLevel = (int) 1 $referer = '/' $OneSignal = '8a2ea76e-2c65-48ce-92e5-098c4cb86093' $_serialize = [ (int) 0 => 'post' ] $post = object(App\Model\Entity\Post) { 'id' => (int) 1086, 'created' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'modified' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'publish_date' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'notified' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'free' => false, 'status' => 'PUBLISHED', 'priority' => 'NORMAL', 'readed' => null, 'subhead' => 'LE BILLET DU VAURIEN', 'title' => 'Le nihilisme apocalyptique d'Albert Caraco', 'subtitle' => '', 'subtitle_edition' => null, 'content' => '<p>Albert Caraco était un homme courtois, approuvant toutes les sottises et se gardant de paraître plus savant ou plus spirituel qu'il ne l'était. C'est ainsi qu'il se décrit et c'est ainsi qu'il m'est apparu quand je l'ai croisé à Lausanne aux éditions L'Age d'Homme, à la fin des années soixante. Il vivait alors avec son père au Beau-Rivage Palace et publiait en Suisse, ce qui permettait aux critiques français d'ignorer son œuvre. Cet homme effacé, presque insignifiant, portait en lui un secret, un secret que je découvre aujourd'hui seulement, près de quarante ans après sa mort. Ce secret, c'est qu'il concoctait une œuvre si féroce, si dévastatrice, si prophétique qu'il fallait être mentalement dérangé pour y succomber. Lui-même, il le pensait, ne pouvait qu'en être la victime consentante. Il vivait dans l'ombre de la mort. Et son père, Monsieur Père, était le dernier lien qui l'attachait à la vie. En le voyant dormir, il songeait que s'il ne s'éveillait pas un beau matin, il le suivrait de bonne grâce. Il ne tenait pas à marcher sur ses traces. «Ah! Quelle horreur que la vieillesse! Plutôt mourir sept fois!», écrivait-il. Quelques heures après la mort de Monsieur Père, il se pendit, imprimant ainsi à son œuvre un sceau d'authenticité dont nul ne se soucia. </p><blockquote><h3><em>Les misérables rédacteurs du </em>Monde<em> se trompent</em></h3></blockquote><p>Le suicide de Caraco passa aussi inaperçu que ses livres. Il n'était pas un rentier du désespoir. Il était le désespoir même. Si je suis passé à côté de lui, comme beaucoup d'autres, c'est que ses propos racistes m'insupportaient et que la préciosité de son style me déconcertait. En réalité, il avait tout simplement du style et se montrait plus clairvoyant que nous ne l'étions alors, surtout quand on collaborait au quotidien <em>Le Monde</em> qu'il tenait pour la plus méprisable des gazettes. Il soutenait que la France, après avoir collaboré avec les Allemands, avait une seconde fois en une génération choisi le mauvais parti, celui des nations arabes par haine invétérée des Juifs. «Ce que la France, écrivait-il, ne pardonne pas au peuple d'Israël, c'est d'avoir retrouvé le chemin de l'honneur et de n'avoir pas capitulé comme elle. Au moment où les Juifs sont devenus un peuple militaire, la France aura cessé de l'être (...) Les misérables rédacteurs du<em> Monde</em> se trompent avec application et depuis force années, ce qu'ils écrivent paraît destiné plus souvent aux Arabes qu'aux Français, ils arabisent les Français, ils les négrifieront bientôt...» J'étais un de ces misérables rédacteurs. C'est dire si, en dépit de mon admiration pour Israël, l'amère pilule caracolienne me restait au travers de la gorge. Certes, mon ami Cioran tenait à peu près les même propos dans l'intimité. il n'était pas loin de penser, comme Caraco, que les Arabes étaient un peuple en trop rongé par le fanatisme pour lequel la castration serait une charité. Étant totalement étranger à toutes formes de racisme, je ne pouvais que l'être à celui de Caraco ou de Cioran. Il est vrai qu'ils étaient l'un et l'autre des lecteurs d'Oswald Spengler et moi de <em>Salut les Copains</em> dans un premier temps et de <em>Playboy</em> ensuite. De Freud enfin. Mais, comme eux, je ne doutais pas que la tolérance est une duperie et le respect une forme de délire hypocrite. Quant à la fraternité, je n'étais pas loin d'être en accord avec Caraco quand il écrivait dans son Bréviaire du chaos que nous oublions un peu facilement que ceux d'en face sont des mendiants et des vengeurs, laids, malsains, vicieux, cruels et despotiques, plus roués et menteurs que nos sophistiques à la mode. Il visait Sartre, bien sûr, et à travers lui tous les faux-monnayeurs d'un monde plus juste.</p><blockquote><h3><em>Madame Mère est morte. Je l'avais oubliée depuis assez longtemps</em></h3></blockquote><p>Rien ne serait plus faux que d'imaginer Albert Caraco sous les traits d'un vieux ronchon, vivant reclus et nourrissant par dépit une vision du monde un peu rance. Il naît à Constantinople le 8 juillet 1919 dans une famille de banquiers juifs. Soucieux de donner à leur fils unique l'éducation la plus cosmopolite, ses parents l'entraîneront successivement à Vienne, à Prague, à Berlin, puis à Paris où il fera ses humanités à Janson-de-Sailly, avant qu'il ne soit obligé de s'exiler en Amérique latine où il obtiendra non sans mal la nationalité uruguayenne qu'il conservera jusqu'à sa mort en 1971. Il écrira indifféremment, comme Cioran d'ailleurs, en allemand, en espagnol, en anglais et en français, goûtant les civilisations à leur apogée: la France du XVIII<sup>e</sup> siècle, la Chine des Ming et, bien sûr, l'excentricité des écrivains anglais – le docteur Samuel Johnson notamment – et la profondeur des philosophes allemands. Caraco se considérait d'ailleurs comme l'héritier de Schopenhauer et de Nietzsche. Il ne doutait pas qu'un jour, un jour lointain certes, les Français finiraient par l'adorer, tout comme les Allemands ont adoré Nietzsche: «J'écris le français comme Nietzsche l'allemand, je me sens l'héritier du philosophe et l'on m'appellera demain le légataire du prophète», écrit-il dans <em>Ma Confession</em>. Ce jour tant attendu est-il enfin arrivé? C'est fort probable. Caraco était inaudible. Il est en passe de devenir l'auteur européen par excellence. Un penseur sereinement et froidement athée qui ne se fait d'illusions sur rien, traitant Dieu comme un monstre, les théologiens comme les architectes de chambres de torture, Kant comme l'auteur d'un chef d'œuvre de naïveté avec son projet de paix perpétuelle. Il se moquait également de l'amour maternel, un préjugé dont il convenait par simple hygiène intellectuelle de se débarrasser au plus vite, ce qu'il fit dans un livre sublime: <em>Post Mortem</em> qui débute ainsi: «Madame Mère est morte. Je l'avais oubliée depuis assez longtemps, sa fin la restitue à ma mémoire, ne fût-ce que pour quelques heures, méditons là-dessus, avant qu'elle retombe dans les oubliettes. Je me demande si je l'aime et je suis forcé de répondre: Non.»</p><h3>Suicide, extermination, racisme</h3><p>Par ailleurs, Caraco considère le plaisir sexuel comme un esclavage, ce qui le conduira à la continence. La seule idée d'avoir des enfants le révulse. «S'il régnait un peu de logique dans les têtes, écrit-il, l'homme ayant six enfants serait un criminel, car il revient au même désormais d'avoir six condamnations ou six poupards.» On lui a reproché ces paradoxes: ils seront bientôt des lieux communs. Inutile d'insister sur ce point: l'amour de la vie rappelle à Caraco l'érection de l'homme que l'on pend. Et il attend de la mort qu'elle l'affranchisse d'une vie qu'il méprise autant qu'il la hait. Rarement un homme aussi discret, courtois et cultivé aura manifesté des sentiments d'une telle violence dans une langue aussi châtiée. Comme me l'écrit Alain Bonnand: «Prodigieux bonhomme, qui aura su tout digérer, sa mère, son père... Cerner le rien avant de s'y retirer.»</p><p>La pensée de Caraco, comme celle de Cioran, gravite inlassablement autour des mêmes obsessions: le suicide, l'extermination, le racisme, le déclin de l'Occident, la religion, l'inconvénient d'être né, la chasteté et la luxure... Weininger, Wittgenstein et Karl Kraus sont leurs frères d'armes. Si l'un, Cioran, est un ermite mondain, l'autre, Caraco, est un banni. Si l'un feint de ne pas adhérer à ses délires, l'autre ne cesse de s'y plonger... et, parfois, de s'y noyer. Cioran a compris qu'en France, il lui faudrait pour survivre jouer un double jeu. Il avance masqué, dissimulant un passé qui le discréditerait. Caraco ne cache pas son jeu... mais personne ne veut jouer avec lui. Même Cioran le tiendra à l'écart. Il faut lire à ce sujet les souvenirs de Louis Nucera dans <em>Mes ports d'attache</em>, un des rares admirateurs avec Raphaël Sorin, de cet imprécateur disqualifié moins par l'outrance de ses propos que par le fait qu'il ne les tourne pas en dérision. Pourtant, il ne manque pas d'humour. Il suffit de lire son <em>Supplément à la Psychopathia sexualis</em> de Krafft-Ebing pour s'en convaincre. </p><blockquote><h3><em>Je crois en l'inégalité des hommes</em></h3></blockquote><p>Caraco n'est pas homme à prendre des précautions. Ce que Cioran chuchote à ses amis quand il les entraîne avec lui dans ses promenades nocturnes, Caraco le proclame haut et fort. Notamment son mépris pour la France, sa haine des Arabes, les ricanements que lui inspirent les idéaux démocratiques et la pitié condescendante qu'il éprouve quand il écoute un homme de gauche. Il ne déplaît pas à Cioran d'être célébré dans<em> Le Monde</em> que Caraco vomit. </p><p>Caraco ne transigeait pas: son suicide, à 54 ans, dans la solitude la plus totale était la conclusion logique de son nihilisme apocalyptique. Cioran, lui, sera enterré en grande pompe dans une église orthodoxe, conclusion non moins logique de son nihilisme frivole. Il est vrai qu'avant de devenir un modèle de l'esprit français, il avait célébré sans retenue le nazisme et plaidé pour un nationalisme roumain semant la terreur. L'eût-il su qu'un Saint-John Perse n'aurait jamais écrit, ni tant d'autres après lui, qu'il tenait l'altière pensée de Cioran pour l'une des plus exigeantes aujourd'hui en Europe. </p><p>Par courtoisie, Albert Caraco attendra la mort de Monsieur Père pour prendre congé d'un monde qu'il exécrait, réaffirmant auparavant: «Je suis Raciste, je suis Colonialiste. Je crois en l'inégalité des hommes et je professe la nécessité de les réduire en servitude quand ils sont déplaisants, barbares, ignorants ou pauvres.» Je me demande en mettant un point final à ce texte pourquoi je trouvais Caraco odieux dans ma jeunesse et pourquoi je le juge maintenant plus fraternel – plus franc en tout cas – que tous ceux qui professent un humanisme de façade. Je vous laisse le soin de répondre à ma place.</p>', 'content_edition' => null, 'slug' => 'le-nihilisme-apocalyptique-d-albert-caraco', 'headline' => false, 'homepage' => 'col-md-12', 'like' => (int) 720, 'editor' => null, 'index_order' => (int) 1110, 'homepage_order' => (int) 1326, 'original_url' => null, 'podcast' => false, 'tagline' => null, 'poster' => null, 'category_id' => (int) 3, 'person_id' => (int) 2758, 'post_type_id' => (int) 1, 'poster_attachment' => null, 'editions' => [], 'tags' => [ (int) 0 => object(App\Model\Entity\Tag) {} ], 'locations' => [], 'attachment_images' => [], 'attachments' => [], 'person' => object(App\Model\Entity\Person) {}, 'comments' => [ (int) 0 => object(App\Model\Entity\Comment) {}, (int) 1 => object(App\Model\Entity\Comment) {}, (int) 2 => object(App\Model\Entity\Comment) {} ], 'category' => object(App\Model\Entity\Category) {}, '[new]' => false, '[accessible]' => [ '*' => true, 'id' => false ], '[dirty]' => [], '[original]' => [], '[virtual]' => [], '[hasErrors]' => false, '[errors]' => [], '[invalid]' => [], '[repository]' => 'Posts' } $relatives = [ (int) 0 => object(App\Model\Entity\Post) { 'id' => (int) 2241, 'created' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'modified' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'publish_date' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'notified' => null, 'free' => true, 'status' => 'PUBLISHED', 'priority' => 'NORMAL', 'readed' => null, 'subhead' => 'Chronique / Le billet du Vaurien', 'title' => 'Qu'en pensent les personnes les plus vulnérables?', 'subtitle' => 'La réanimation ou la cigüe? Roland Jaccard a fait son choix. ', 'subtitle_edition' => null, 'content' => '<p>Le gouvernement, sans doute bien intentionné, prend des mesures de plus en plus drastiques en vue de protéger les personnes les plus vulnérables – celles souffrant de pathologies sévères et celles qui ont atteint la limite au-delà de laquelle leur ticket n’est plus plus valable. Un beau geste de solidarité, apprécié par les âmes charitables. Encore faut-il que ces mesures soient efficaces. Ne préjugeons de rien. A la fin du match, on aura tout loisir de commenter les stratégies mises en œuvre.</p> <p>Il est pourtant une question que personne ne se pose vraiment: les vieillards et les handicapés souhaitent-ils <em>vraiment</em> qu’on prolonge leur calvaire? A titre personnel (je précise que j’ai près de quatre-vingt ans), je réponds: <strong>non</strong>. Et je sais que je ne suis pas le seul. Entre la réanimation et le cocktail létal, je choisis sans hésitation la mixture qui m’enverra <em>ad patres</em>. En accord avec <strong>Sénèque</strong>, je dirais que «<em>ce qui est un bien, ce n’est pas de vivre, mais de vivre bien</em>».</p> <p>«Faut-il quitter la vie?», s’interroge l’empereur philosophe <strong>Marc-Aurèle</strong>. Il importe de se poser la question avant que la vieillesse n’obscurcisse la pensée, répond-il. A quoi bon allonger une vie qui doit de toute manière aboutir à une triste fin, alors que l’on a compris, pour paraphraser l’Écclésiate, que tout ne passe que pour revenir. Vivre n’est pas seulement douloureux, c’est vain. Certes, chacun se fuit toujours…mais à quoi bon, si l’on n’échappe pas à soi?</p> <p>Une intégrité physique et mentale nous donne un élan vital susceptible de nous procurer bien des plaisirs et de nous éviter ce genre de questions. Mais l’heure sonne vite où il n’est plus possible de les esquiver. Et dans des situations d’urgence comme celle que<br />nous vivons – il y en eut de bien pires dans le passé –, il n’est peut-être pas inutile de rappeler que les sacrifices auxquels consentent les citoyens et le corps médical n’ont de sens que si celles et ceux qui sont pris en charge le veulent vraiment. Leur offrir la possibilité de mourir en douceur, sans prolonger leur agonie, me semble tout aussi charitable. Sinon plus. Et raisonnable pour chacun, de surcroît.</p>', 'content_edition' => null, 'slug' => 'qu-en-pensent-les-personnes-les-plus-vulnerables', 'headline' => false, 'homepage' => 'col-md-6', 'like' => (int) 640, 'editor' => null, 'index_order' => (int) 2250, 'homepage_order' => (int) 2490, 'original_url' => '', 'podcast' => false, 'tagline' => null, 'poster' => null, 'category_id' => (int) 3, 'person_id' => (int) 2758, 'post_type_id' => (int) 1, 'post_type' => object(App\Model\Entity\PostType) {}, 'comments' => [ [maximum depth reached] ], 'tags' => [ [maximum depth reached] ], 'locations' => [[maximum depth reached]], 'attachment_images' => [ [maximum depth reached] ], 'person' => object(App\Model\Entity\Person) {}, 'category' => object(App\Model\Entity\Category) {}, '[new]' => false, '[accessible]' => [ [maximum depth reached] ], '[dirty]' => [[maximum depth reached]], '[original]' => [[maximum depth reached]], '[virtual]' => [[maximum depth reached]], '[hasErrors]' => false, '[errors]' => [[maximum depth reached]], '[invalid]' => [[maximum depth reached]], '[repository]' => 'Posts' }, (int) 1 => object(App\Model\Entity\Post) { 'id' => (int) 2141, 'created' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'modified' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'publish_date' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'notified' => null, 'free' => false, 'status' => 'PUBLISHED', 'priority' => 'NORMAL', 'readed' => null, 'subhead' => 'CHRONIQUE / LE BILLET DU VAURIEN', 'title' => 'Oscar Forel, un psychanalyste vaudois', 'subtitle' => '', 'subtitle_edition' => null, 'content' => '<p>Un homme satisfait est un homme à refaire, disait le psychiatre Oscar Forel qui donne l’impression dans le <a href="https://www.rts.ch/archives/tv/culture/en-personne/3468106-armand-forel.html" target="_blank" rel="noopener">documentaire</a> qui lui a été consacré par la télévision suisse d’être très satisfait des privilèges que la vie lui a réservés. Il a publié un recueil d’aphorismes qui ne valent pas ceux de Cioran, mais dont certains peuvent être sauvés. Par exemple celui-ci: «<em>La vanité des autres ne blesse que la nôtre.</em>»<br />Deux épisodes à retenir de ce documentaire: la visite qu’il rend à Freud pour discuter d’un cas de schizophrénie, et sa rencontre à Berlin en 1942 avec Göring - le cousin d’Hermann - qui avait été aux Rives de Prangins et qui n’ignorait pas que parmi ses collaborateurs, nombreux étaient les opposants à Hitler mais qu’il se gardait bien de les dénoncer, car il avait besoin de leurs compétences psychiatriques et que lui-même préférait garder ses distances avec le régime.<br />Pendant la Guerre, Forel qui ne disposait plus de médicaments, fut surpris par l’efficacité des électrochocs. Il semblerait qu’après avoir été vilipendés pendant un demi-siècle on y revienne aujourd’hui. Il observait qu’en vieillissant l’homme se met à émettre toutes sortes de bruits incongrus. Et que lorsque la conversation se tarit, il cite volontiers un bon mot d’Oscar Wilde ou de Sacha Guitry - toujours les mêmes en général. Il lui arrive aussi de fredonner quand il est seul chez lui: c’est juste pour se souvenir qu’il est toujours vivant ou que l’angoisse le guette. J’en suis au point hélas où je ne puis que confirmer les propos de ce brave docteur Forel.</p>', 'content_edition' => null, 'slug' => 'oscar-forel-un-psychanalyste-vaudois', 'headline' => false, 'homepage' => 'col-md-6', 'like' => (int) 594, 'editor' => null, 'index_order' => (int) 2158, 'homepage_order' => (int) 2408, 'original_url' => '', 'podcast' => false, 'tagline' => null, 'poster' => null, 'category_id' => (int) 3, 'person_id' => (int) 2758, 'post_type_id' => (int) 1, 'post_type' => object(App\Model\Entity\PostType) {}, 'comments' => [[maximum depth reached]], 'tags' => [ [maximum depth reached] ], 'locations' => [[maximum depth reached]], 'attachment_images' => [[maximum depth reached]], 'person' => object(App\Model\Entity\Person) {}, 'category' => object(App\Model\Entity\Category) {}, '[new]' => false, '[accessible]' => [ [maximum depth reached] ], '[dirty]' => [[maximum depth reached]], '[original]' => [[maximum depth reached]], '[virtual]' => [[maximum depth reached]], '[hasErrors]' => false, '[errors]' => [[maximum depth reached]], '[invalid]' => [[maximum depth reached]], '[repository]' => 'Posts' }, (int) 2 => object(App\Model\Entity\Post) { 'id' => (int) 2113, 'created' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'modified' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'publish_date' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'notified' => null, 'free' => false, 'status' => 'PUBLISHED', 'priority' => 'NORMAL', 'readed' => null, 'subhead' => 'CHRONIQUE / LE BILLET DU VAURIEN', 'title' => 'Dieu et les films d'horreur', 'subtitle' => 'Quand un taoïste vaudois rencontre Cioran.', 'subtitle_edition' => null, 'content' => '<p>Quelle est la différence entre Dieu et un réalisateur de films d’horreur? me demande un de mes lecteurs. Je ne sais que répondre. Heureusement, il vient à mon secours: «La différence, c’est que le réalisateur de films d’horreur utilise des trucages...». Ce lecteur, Gabriel N., projette de publier un recueil d’aphorismes au titre prometteur: <em>Fièvres et crachats d’un nihiliste post-moderne</em>. Le cadavre de Cioran remue encore.<br />Cioran qui, dans sa <em>Fenêtre sur le Rien</em>, avoue que quand il voit la misère humaine, il songe que ceux qui essaient d’y remédier ne lui semblent pas plus louables que ceux qui la favorisent - tant elle est profonde. Finalement, que sont les événements de ce monde, sinon les traces que laissent dans le temps les pas du Diable?<br />Quand Cioran songe à ses années berlinoises - 1933, 1934, 1935 -, il se remémore la folie qui s’était emparée de lui, ses ambitions démesurées, ses visées démentes et, surtout, la vitalité qui palpitait en lui. «J’étais un fou sans fatigue», écrit-il. Et maintenant, ajoute-t-il, je suis fou avec fatigue. Le Diable nous donne une vitalité que la raison nous refuse. Faut-il le regretter?<br />Mes fenêtres ne se sont jamais ouvertes sur des mondes irréels - fussent-ils politiques ou mystiques. C’est sans doute ce que me reprochait ironiquement Cioran quand il me disait que j’étais trop civilisé. Pas comme lui un barbare des Carpates, mais un taoïste vaudois. Incapable même de produire un film d’horreur...</p> <hr /> <p><img src="https://media.bonpourlatete.com/default/w1200/1580407727_31ive1zxgol._sx195_.jpg" class="img-responsive img-fluid left " width="182" height="276" /></p> <h4>Cioran, <em>Fenêtre sur le Rien</em>, traduit du roumain par Nicolas Cavaillès, Gallimard, 2019.</h4>', 'content_edition' => null, 'slug' => 'dieu-et-les-films-d-horreur', 'headline' => false, 'homepage' => 'col-md-12', 'like' => (int) 398, 'editor' => null, 'index_order' => (int) 2122, 'homepage_order' => (int) 2372, 'original_url' => 'https://www.causeur.fr/cioran-dieu-et-les-films-dhorreur-171433', 'podcast' => false, 'tagline' => null, 'poster' => null, 'category_id' => (int) 3, 'person_id' => (int) 2758, 'post_type_id' => (int) 1, 'post_type' => object(App\Model\Entity\PostType) {}, 'comments' => [ [maximum depth reached] ], 'tags' => [ [maximum depth reached] ], 'locations' => [[maximum depth reached]], 'attachment_images' => [[maximum depth reached]], 'person' => object(App\Model\Entity\Person) {}, 'category' => object(App\Model\Entity\Category) {}, '[new]' => false, '[accessible]' => [ [maximum depth reached] ], '[dirty]' => [[maximum depth reached]], '[original]' => [[maximum depth reached]], '[virtual]' => [[maximum depth reached]], '[hasErrors]' => false, '[errors]' => [[maximum depth reached]], '[invalid]' => [[maximum depth reached]], '[repository]' => 'Posts' }, (int) 3 => object(App\Model\Entity\Post) { 'id' => (int) 2062, 'created' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'modified' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'publish_date' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'notified' => null, 'free' => false, 'status' => 'PUBLISHED', 'priority' => 'NORMAL', 'readed' => null, 'subhead' => 'Chronique / Le billet du Vaurien', 'title' => 'Terrence Malick, disciple de Dreyer?', 'subtitle' => 'Le dernier film que j’ai vu en cette fin d’année est Une vie cachée, primé au festival de Cannes à juste titre. ', 'subtitle_edition' => null, 'content' => '<p>Un paysan autrichien refuse de prêter serment à Hitler. Il sera décapité. Il est un prophète du Bien dans le pays du Mal vivant dans une nature majestueuse et indifférente au sort des humains.<br />Impossible de ne pas penser au chef d’œuvre de Carl Dreyer, <a href="https://www.youtube.com/watch?v=-uQEPjRog84" target="_blank" rel="noopener"><em>Ordet</em></a> (1955), un des plus beaux films de l’histoire du cinéma qui, comme celui de Terrence Malick, touche à <strong>l’indicible</strong> dans le combat contre les forces des ténèbres. L’un comme l’autre sont des films <strong>religieux</strong>, d’une intense spiritualité et ne laissant aucun espoir au commun des mortels, sinon celui d’être damnés. <strong>Kierkegaard</strong> n’est pas loin.<br />Franz, le paysan autrichien, père de 3 petites filles et follement amoureux de sa femme, pourrait signer un pacte avec l’antéchrist: cela ne l’engagerait à rien. Même les fonctionnaires du régime nazi, très embarrassés, le lui répètent, craignant en outre son jugement <strong>moral</strong>. Il sauverait ainsi sa famille et, après les humiliations subies dans la prison de Salzbourg, pourrait témoigner contre l’horreur de ce régime. Personne ne comprend son <strong>obstination</strong>. Lui-même sait qu’elle est vaine et n’aura aucun effet sur le cours de l’Histoire. La vie reprendra comme avant dans son modeste village du Salzkammergut une fois l’ouragan passé. Mais cela lui importe peu. Il ne s’oppose à rien. Il ne juge personne. Il n’est pas un résistant. Il suit ce que lui dicte sa conscience, sans faillir. Son refus est de l’ordre de l’indicible.<br />On lui reproche son orgueil - pour qui se prend-il ce pauvre Franz? - alors que, <strong>humble</strong> parmi les humbles, il refuse de céder aux injonctions amicales du curé du village, de son avocat commis d’office qui risque sa carrière en cas d’échec, et même du Président de la Cour Martiale troublé par son attitude, mais plutôt bienveillant, comme l’était sans doute Ponce-Pilate. Dira-t-on que c’est un <strong>Juste</strong>? Sans hésitation. Kierkegaard aurait aimé ce film, un peu trop austère pour un public en quête de divertissements: la salle où j’ai vu <em>Une vie cachée</em> était vide. Et l’âme, un mot vide de sens.</p> <hr /> <p><iframe frameborder="0" height="315" src="https://www.youtube.com/embed/mHcb2SAWNBk" width="560"></iframe></p> <h4><em>Une vie cachée</em>, film américano-allemand de Terrence Malick, avec August Diehl, Valerie Pachner, Michael Nyqvist, 2019. </h4>', 'content_edition' => null, 'slug' => 'terrence-malick-disciple-de-dreyer', 'headline' => false, 'homepage' => 'col-md-6', 'like' => (int) 382, 'editor' => null, 'index_order' => (int) 2072, 'homepage_order' => (int) 2324, 'original_url' => 'https://www.causeur.fr/terrence-malick-vie-cachee-dreyer-170524', 'podcast' => false, 'tagline' => null, 'poster' => null, 'category_id' => (int) 3, 'person_id' => (int) 2758, 'post_type_id' => (int) 1, 'post_type' => object(App\Model\Entity\PostType) {}, 'comments' => [[maximum depth reached]], 'tags' => [ [maximum depth reached] ], 'locations' => [[maximum depth reached]], 'attachment_images' => [[maximum depth reached]], 'person' => object(App\Model\Entity\Person) {}, 'category' => object(App\Model\Entity\Category) {}, '[new]' => false, '[accessible]' => [ [maximum depth reached] ], '[dirty]' => [[maximum depth reached]], '[original]' => [[maximum depth reached]], '[virtual]' => [[maximum depth reached]], '[hasErrors]' => false, '[errors]' => [[maximum depth reached]], '[invalid]' => [[maximum depth reached]], '[repository]' => 'Posts' } ] $embeds = [] $images = [] $audios = [] $comments = [ (int) 0 => object(App\Model\Entity\Comment) { 'id' => (int) 922, 'created' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'modified' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'status' => 'ACCEPTED', 'comment' => 'Étonnant éloge. Bien écrit. Ce qui aggrave le cas. ', 'post_id' => (int) 1086, 'user_id' => (int) 2307, 'user' => object(App\Model\Entity\User) {}, '[new]' => false, '[accessible]' => [ [maximum depth reached] ], '[dirty]' => [[maximum depth reached]], '[original]' => [[maximum depth reached]], '[virtual]' => [[maximum depth reached]], '[hasErrors]' => false, '[errors]' => [[maximum depth reached]], '[invalid]' => [[maximum depth reached]], '[repository]' => 'Comments' }, (int) 1 => object(App\Model\Entity\Comment) { 'id' => (int) 924, 'created' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'modified' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'status' => 'ACCEPTED', 'comment' => 'Magnifique article, intense, que de thèmes soulevés ! Caraco, visionnaire mal-aimé, mal compris. On fait difficilement confiance à ceux qui ont raison, l’idéalisme nous rend aveugle.', 'post_id' => (int) 1086, 'user_id' => (int) 3193, 'user' => object(App\Model\Entity\User) {}, '[new]' => false, '[accessible]' => [ [maximum depth reached] ], '[dirty]' => [[maximum depth reached]], '[original]' => [[maximum depth reached]], '[virtual]' => [[maximum depth reached]], '[hasErrors]' => false, '[errors]' => [[maximum depth reached]], '[invalid]' => [[maximum depth reached]], '[repository]' => 'Comments' }, (int) 2 => object(App\Model\Entity\Comment) { 'id' => (int) 1049, 'created' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'modified' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'status' => 'ACCEPTED', 'comment' => 'Puisqu'il s'est suicidé. Qu'est-ce qu'il exécrait, le monde ou la vie? ', 'post_id' => (int) 1086, 'user_id' => (int) 1045, 'user' => object(App\Model\Entity\User) {}, '[new]' => false, '[accessible]' => [ [maximum depth reached] ], '[dirty]' => [[maximum depth reached]], '[original]' => [[maximum depth reached]], '[virtual]' => [[maximum depth reached]], '[hasErrors]' => false, '[errors]' => [[maximum depth reached]], '[invalid]' => [[maximum depth reached]], '[repository]' => 'Comments' } ] $author = 'Roland Jaccard, Écrivain' $description = 'Albert Caraco était un homme courtois, approuvant toutes les sottises et se gardant de paraître plus savant ou plus spirituel qu'il ne l'était....' $title = 'Le nihilisme apocalyptique d'Albert Caraco' $crawler = true $connected = null $menu_blocks = [ (int) 0 => object(App\Model\Entity\Block) { 'id' => (int) 56, 'created' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'modified' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'active' => true, 'name' => '#Trends', 'subtitle' => null, 'description' => null, 'color' => null, 'order' => null, 'position' => null, 'type' => 'menu', 'slug' => 'menu_tags', 'extern_url' => null, 'tags' => [ [maximum depth reached] ], 'posts' => [[maximum depth reached]], '[new]' => false, '[accessible]' => [ [maximum depth reached] ], '[dirty]' => [[maximum depth reached]], '[original]' => [[maximum depth reached]], '[virtual]' => [[maximum depth reached]], '[hasErrors]' => false, '[errors]' => [[maximum depth reached]], '[invalid]' => [[maximum depth reached]], '[repository]' => 'Blocks' }, (int) 1 => object(App\Model\Entity\Block) { 'id' => (int) 55, 'created' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'modified' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'active' => true, 'name' => 'Les plus lus cette semaine', 'subtitle' => null, 'description' => null, 'color' => null, 'order' => null, 'position' => null, 'type' => 'menu', 'slug' => 'menu_highlight', 'extern_url' => null, 'tags' => [[maximum depth reached]], 'posts' => [ [maximum depth reached] ], '[new]' => false, '[accessible]' => [ [maximum depth reached] ], '[dirty]' => [[maximum depth reached]], '[original]' => [[maximum depth reached]], '[virtual]' => [[maximum depth reached]], '[hasErrors]' => false, '[errors]' => [[maximum depth reached]], '[invalid]' => [[maximum depth reached]], '[repository]' => 'Blocks' } ] $menu = [ (int) 0 => object(App\Model\Entity\Category) { 'id' => (int) 2, 'created' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'modified' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'name' => 'A vif', 'menu' => true, 'menu_order' => (int) 4, 'description' => 'Lorsque nos auteurs ont envie de réagir sur le vif à un événement, des concerts aux disparitions célèbres, ils confient leurs écrits à la rubrique "A vif", afin que ceux-ci soient publiés dans l’instant.', 'slug' => 'a-vif', 'attachment_id' => '0', 'lft' => null, 'rght' => null, 'parent_id' => null, '[new]' => false, '[accessible]' => [ [maximum depth reached] ], '[dirty]' => [[maximum depth reached]], '[original]' => [[maximum depth reached]], '[virtual]' => [[maximum depth reached]], '[hasErrors]' => false, '[errors]' => [[maximum depth reached]], '[invalid]' => [[maximum depth reached]], '[repository]' => 'Categories' }, (int) 1 => object(App\Model\Entity\Category) { 'id' => (int) 3, 'created' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'modified' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'name' => 'Chronique', 'menu' => true, 'menu_order' => (int) 5, 'description' => '<p>La réputation des chroniqueurs de Bon pour la tête n’est plus à faire: Tout va bien, Le billet du Vaurien, la chronique de JLK, ou encore Migraine et In#actuel, il y en a pour tous les goûts!</p>', 'slug' => 'chroniques', 'attachment_id' => '0', 'lft' => null, 'rght' => null, 'parent_id' => null, '[new]' => false, '[accessible]' => [ [maximum depth reached] ], '[dirty]' => [[maximum depth reached]], '[original]' => [[maximum depth reached]], '[virtual]' => [[maximum depth reached]], '[hasErrors]' => false, '[errors]' => [[maximum depth reached]], '[invalid]' => [[maximum depth reached]], '[repository]' => 'Categories' }, (int) 2 => object(App\Model\Entity\Category) { 'id' => (int) 4, 'created' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'modified' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'name' => 'Lu ailleurs', 'menu' => true, 'menu_order' => (int) 5, 'description' => 'Pourquoi ne pas mettre en avant nos collègues lorsque l'on est sensibles à leur travail? Dans la rubrique « Lu ailleurs » vous trouverez des reprises choisies par la rédaction et remaniées façon BPLT.', 'slug' => 'ailleurs', 'attachment_id' => '0', 'lft' => null, 'rght' => null, 'parent_id' => null, '[new]' => false, '[accessible]' => [ [maximum depth reached] ], '[dirty]' => [[maximum depth reached]], '[original]' => [[maximum depth reached]], '[virtual]' => [[maximum depth reached]], '[hasErrors]' => false, '[errors]' => [[maximum depth reached]], '[invalid]' => [[maximum depth reached]], '[repository]' => 'Categories' }, (int) 3 => object(App\Model\Entity\Category) { 'id' => (int) 5, 'created' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'modified' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'name' => 'Actuel', 'menu' => true, 'menu_order' => (int) 1, 'description' => 'Bon pour la tête n’a pas vocation à être un site d’actualité à proprement parler, car son équipe prend le temps et le recul nécessaire pour réagir à l’information.', 'slug' => 'actuel', 'attachment_id' => '0', 'lft' => null, 'rght' => null, 'parent_id' => null, '[new]' => false, '[accessible]' => [ [maximum depth reached] ], '[dirty]' => [[maximum depth reached]], '[original]' => [[maximum depth reached]], '[virtual]' => [[maximum depth reached]], '[hasErrors]' => false, '[errors]' => [[maximum depth reached]], '[invalid]' => [[maximum depth reached]], '[repository]' => 'Categories' }, (int) 4 => object(App\Model\Entity\Category) { 'id' => (int) 6, 'created' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'modified' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'name' => 'Culture', 'menu' => true, 'menu_order' => (int) 3, 'description' => '', 'slug' => 'culture', 'attachment_id' => '0', 'lft' => null, 'rght' => null, 'parent_id' => null, '[new]' => false, '[accessible]' => [ [maximum depth reached] ], '[dirty]' => [[maximum depth reached]], '[original]' => [[maximum depth reached]], '[virtual]' => [[maximum depth reached]], '[hasErrors]' => false, '[errors]' => [[maximum depth reached]], '[invalid]' => [[maximum depth reached]], '[repository]' => 'Categories' }, (int) 5 => object(App\Model\Entity\Category) { 'id' => (int) 7, 'created' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'modified' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'name' => 'Vos lettres', 'menu' => true, 'menu_order' => (int) 6, 'description' => 'Bon pour la tête donne la parole à ses lecteurs, qu’ils aient envie de partager leur avis, pousser un coup de gueule ou contribuer à la palette diversifiée d’articles publiés. A vous de jouer!', 'slug' => 'vos-lettres-a-bon-pour-la-tete', 'attachment_id' => '0', 'lft' => null, 'rght' => null, 'parent_id' => null, '[new]' => false, '[accessible]' => [ [maximum depth reached] ], '[dirty]' => [[maximum depth reached]], '[original]' => [[maximum depth reached]], '[virtual]' => [[maximum depth reached]], '[hasErrors]' => false, '[errors]' => [[maximum depth reached]], '[invalid]' => [[maximum depth reached]], '[repository]' => 'Categories' }, (int) 6 => object(App\Model\Entity\Category) { 'id' => (int) 8, 'created' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'modified' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'name' => 'Analyse', 'menu' => true, 'menu_order' => (int) 3, 'description' => '', 'slug' => 'analyse', 'attachment_id' => '0', 'lft' => null, 'rght' => null, 'parent_id' => null, '[new]' => false, '[accessible]' => [ [maximum depth reached] ], '[dirty]' => [[maximum depth reached]], '[original]' => [[maximum depth reached]], '[virtual]' => [[maximum depth reached]], '[hasErrors]' => false, '[errors]' => [[maximum depth reached]], '[invalid]' => [[maximum depth reached]], '[repository]' => 'Categories' }, (int) 7 => object(App\Model\Entity\Category) { 'id' => (int) 10, 'created' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'modified' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'name' => 'Science', 'menu' => true, 'menu_order' => null, 'description' => '', 'slug' => 'sciences', 'attachment_id' => '0', 'lft' => (int) 1, 'rght' => (int) 2, 'parent_id' => null, '[new]' => false, '[accessible]' => [ [maximum depth reached] ], '[dirty]' => [[maximum depth reached]], '[original]' => [[maximum depth reached]], '[virtual]' => [[maximum depth reached]], '[hasErrors]' => false, '[errors]' => [[maximum depth reached]], '[invalid]' => [[maximum depth reached]], '[repository]' => 'Categories' }, (int) 8 => object(App\Model\Entity\Category) { 'id' => (int) 11, 'created' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'modified' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'name' => 'Histoire', 'menu' => true, 'menu_order' => null, 'description' => '', 'slug' => 'histoire', 'attachment_id' => '0', 'lft' => (int) 3, 'rght' => (int) 4, 'parent_id' => null, '[new]' => false, '[accessible]' => [ [maximum depth reached] ], '[dirty]' => [[maximum depth reached]], '[original]' => [[maximum depth reached]], '[virtual]' => [[maximum depth reached]], '[hasErrors]' => false, '[errors]' => [[maximum depth reached]], '[invalid]' => [[maximum depth reached]], '[repository]' => 'Categories' }, (int) 9 => object(App\Model\Entity\Category) { 'id' => (int) 12, 'created' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'modified' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'name' => 'Humour', 'menu' => true, 'menu_order' => null, 'description' => '', 'slug' => 'humour', 'attachment_id' => '0', 'lft' => (int) 5, 'rght' => (int) 6, 'parent_id' => null, '[new]' => false, '[accessible]' => [ [maximum depth reached] ], '[dirty]' => [[maximum depth reached]], '[original]' => [[maximum depth reached]], '[virtual]' => [[maximum depth reached]], '[hasErrors]' => false, '[errors]' => [[maximum depth reached]], '[invalid]' => [[maximum depth reached]], '[repository]' => 'Categories' }, (int) 10 => object(App\Model\Entity\Category) { 'id' => (int) 13, 'created' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'modified' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'name' => 'Débat', 'menu' => true, 'menu_order' => null, 'description' => '', 'slug' => 'debat', 'attachment_id' => '0', 'lft' => (int) 7, 'rght' => (int) 8, 'parent_id' => null, '[new]' => false, '[accessible]' => [ [maximum depth reached] ], '[dirty]' => [[maximum depth reached]], '[original]' => [[maximum depth reached]], '[virtual]' => [[maximum depth reached]], '[hasErrors]' => false, '[errors]' => [[maximum depth reached]], '[invalid]' => [[maximum depth reached]], '[repository]' => 'Categories' }, (int) 11 => object(App\Model\Entity\Category) { 'id' => (int) 14, 'created' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'modified' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'name' => 'Opinion', 'menu' => true, 'menu_order' => null, 'description' => '', 'slug' => 'opinion', 'attachment_id' => '0', 'lft' => (int) 9, 'rght' => (int) 10, 'parent_id' => null, '[new]' => false, '[accessible]' => [ [maximum depth reached] ], '[dirty]' => [[maximum depth reached]], '[original]' => [[maximum depth reached]], '[virtual]' => [[maximum depth reached]], '[hasErrors]' => false, '[errors]' => [[maximum depth reached]], '[invalid]' => [[maximum depth reached]], '[repository]' => 'Categories' }, (int) 12 => object(App\Model\Entity\Category) { 'id' => (int) 15, 'created' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'modified' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'name' => 'Reportage', 'menu' => true, 'menu_order' => null, 'description' => '', 'slug' => 'reportage', 'attachment_id' => '0', 'lft' => (int) 11, 'rght' => (int) 12, 'parent_id' => null, '[new]' => false, '[accessible]' => [ [maximum depth reached] ], '[dirty]' => [[maximum depth reached]], '[original]' => [[maximum depth reached]], '[virtual]' => [[maximum depth reached]], '[hasErrors]' => false, '[errors]' => [[maximum depth reached]], '[invalid]' => [[maximum depth reached]], '[repository]' => 'Categories' } ] $tag = object(App\Model\Entity\Tag) { 'id' => (int) 195, 'created' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'modified' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'name' => 'Le billet du vaurien', 'slug' => 'le-billet-du-vaurien', '_joinData' => object(Cake\ORM\Entity) {}, '[new]' => false, '[accessible]' => [ '*' => true, 'id' => false ], '[dirty]' => [], '[original]' => [], '[virtual]' => [], '[hasErrors]' => false, '[errors]' => [], '[invalid]' => [], '[repository]' => 'Tags' }include - APP/Template/Posts/view.ctp, line 123 Cake\View\View::_evaluate() - CORE/src/View/View.php, line 1435 Cake\View\View::_render() - CORE/src/View/View.php, line 1393 Cake\View\View::render() - CORE/src/View/View.php, line 892 Cake\Controller\Controller::render() - CORE/src/Controller/Controller.php, line 791 Cake\Http\ActionDispatcher::_invoke() - CORE/src/Http/ActionDispatcher.php, line 126 Cake\Http\ActionDispatcher::dispatch() - CORE/src/Http/ActionDispatcher.php, line 94 Cake\Http\BaseApplication::__invoke() - CORE/src/Http/BaseApplication.php, line 256 Cake\Http\Runner::__invoke() - CORE/src/Http/Runner.php, line 65 App\Middleware\IpMatchMiddleware::__invoke() - APP/Middleware/IpMatchMiddleware.php, line 28 Cake\Http\Runner::__invoke() - CORE/src/Http/Runner.php, line 65 Cake\Routing\Middleware\RoutingMiddleware::__invoke() - CORE/src/Routing/Middleware/RoutingMiddleware.php, line 164 Cake\Http\Runner::__invoke() - CORE/src/Http/Runner.php, line 65 Cors\Routing\Middleware\CorsMiddleware::__invoke() - ROOT/vendor/ozee31/cakephp-cors/src/Routing/Middleware/CorsMiddleware.php, line 32 Cake\Http\Runner::__invoke() - CORE/src/Http/Runner.php, line 65 Cake\Routing\Middleware\AssetMiddleware::__invoke() - CORE/src/Routing/Middleware/AssetMiddleware.php, line 88 Cake\Http\Runner::__invoke() - CORE/src/Http/Runner.php, line 65
Warning: file_put_contents(/data01/sites/bonpourlatete.com/dev/bonpourlatete.com/logs/debug.log) [function.file-put-contents]: failed to open stream: Permission denied in /data01/sites/bonpourlatete.com/dev/bonpourlatete.com/vendor/cakephp/cakephp/src/Log/Engine/FileLog.php on line 133
Albert Caraco était un homme courtois, approuvant toutes les sottises et se gardant de paraître plus savant ou plus spirituel qu'il ne l'était. C'est ainsi qu'il se décrit et c'est ainsi qu'il m'est apparu quand je l'ai croisé à Lausanne aux éditions L'Age d'Homme, à la fin des années soixante. Il vivait alors avec son père au Beau-Rivage Palace et publiait en Suisse, ce qui permettait aux critiques français d'ignorer son œuvre. Cet homme effacé, presque insignifiant, portait en lui un secret, un secret que je découvre aujourd'hui seulement, près de quarante ans après sa mort. Ce secret, c'est qu'il concoctait une œuvre si féroce, si dévastatrice, si prophétique qu'il fallait être mentalement dérangé pour y succomber. Lui-même, il le pensait, ne pouvait qu'en être la victime consentante. Il vivait dans l'ombre de la mort. Et son père, Monsieur Père, était le dernier lien qui l'attachait à la vie. En le voyant dormir, il songeait que s'il ne s'éveillait pas un beau matin, il le suivrait de bonne grâce. Il ne tenait pas à marcher sur ses traces. «Ah! Quelle horreur que la vieillesse! Plutôt mourir sept fois!», écrivait-il. Quelques heures après la mort de Monsieur Père, il se pendit, imprimant ainsi à son œuvre un sceau d'authenticité dont nul ne se soucia.
Les misérables rédacteurs du Monde se trompent
Le suicide de Caraco passa aussi inaperçu que ses livres. Il n'était pas un rentier du désespoir. Il était le désespoir même. Si je suis passé à côté de lui, comme beaucoup d'autres, c'est que ses propos racistes m'insupportaient et que la préciosité de son style me déconcertait. En réalité, il avait tout simplement du style et se montrait plus clairvoyant que nous ne l'étions alors, surtout quand on collaborait au quotidien Le Monde qu'il tenait pour la plus méprisable des gazettes. Il soutenait que la France, après avoir collaboré avec les Allemands, avait une seconde fois en une génération choisi le mauvais parti, celui des nations arabes par haine invétérée des Juifs. «Ce que la France, écrivait-il, ne pardonne pas au peuple d'Israël, c'est d'avoir retrouvé le chemin de l'honneur et de n'avoir pas capitulé comme elle. Au moment où les Juifs sont devenus un peuple militaire, la France aura cessé de l'être (...) Les misérables rédacteurs du Monde se trompent avec application et depuis force années, ce qu'ils écrivent paraît destiné plus souvent aux Arabes qu'aux Français, ils arabisent les Français, ils les négrifieront bientôt...» J'étais un de ces misérables rédacteurs. C'est dire si, en dépit de mon admiration pour Israël, l'amère pilule caracolienne me restait au travers de la gorge. Certes, mon ami Cioran tenait à peu près les même propos dans l'intimité. il n'était pas loin de penser, comme Caraco, que les Arabes étaient un peuple en trop rongé par le fanatisme pour lequel la castration serait une charité. Étant totalement étranger à toutes formes de racisme, je ne pouvais que l'être à celui de Caraco ou de Cioran. Il est vrai qu'ils étaient l'un et l'autre des lecteurs d'Oswald Spengler et moi de Salut les Copains dans un premier temps et de Playboy ensuite. De Freud enfin. Mais, comme eux, je ne doutais pas que la tolérance est une duperie et le respect une forme de délire hypocrite. Quant à la fraternité, je n'étais pas loin d'être en accord avec Caraco quand il écrivait dans son Bréviaire du chaos que nous oublions un peu facilement que ceux d'en face sont des mendiants et des vengeurs, laids, malsains, vicieux, cruels et despotiques, plus roués et menteurs que nos sophistiques à la mode. Il visait Sartre, bien sûr, et à travers lui tous les faux-monnayeurs d'un monde plus juste.
Madame Mère est morte. Je l'avais oubliée depuis assez longtemps
Rien ne serait plus faux que d'imaginer Albert Caraco sous les traits d'un vieux ronchon, vivant reclus et nourrissant par dépit une vision du monde un peu rance. Il naît à Constantinople le 8 juillet 1919 dans une famille de banquiers juifs. Soucieux de donner à leur fils unique l'éducation la plus cosmopolite, ses parents l'entraîneront successivement à Vienne, à Prague, à Berlin, puis à Paris où il fera ses humanités à Janson-de-Sailly, avant qu'il ne soit obligé de s'exiler en Amérique latine où il obtiendra non sans mal la nationalité uruguayenne qu'il conservera jusqu'à sa mort en 1971. Il écrira indifféremment, comme Cioran d'ailleurs, en allemand, en espagnol, en anglais et en français, goûtant les civilisations à leur apogée: la France du XVIIIe siècle, la Chine des Ming et, bien sûr, l'excentricité des écrivains anglais – le docteur Samuel Johnson notamment – et la profondeur des philosophes allemands. Caraco se considérait d'ailleurs comme l'héritier de Schopenhauer et de Nietzsche. Il ne doutait pas qu'un jour, un jour lointain certes, les Français finiraient par l'adorer, tout comme les Allemands ont adoré Nietzsche: «J'écris le français comme Nietzsche l'allemand, je me sens l'héritier du philosophe et l'on m'appellera demain le légataire du prophète», écrit-il dans Ma Confession. Ce jour tant attendu est-il enfin arrivé? C'est fort probable. Caraco était inaudible. Il est en passe de devenir l'auteur européen par excellence. Un penseur sereinement et froidement athée qui ne se fait d'illusions sur rien, traitant Dieu comme un monstre, les théologiens comme les architectes de chambres de torture, Kant comme l'auteur d'un chef d'œuvre de naïveté avec son projet de paix perpétuelle. Il se moquait également de l'amour maternel, un préjugé dont il convenait par simple hygiène intellectuelle de se débarrasser au plus vite, ce qu'il fit dans un livre sublime: Post Mortem qui débute ainsi: «Madame Mère est morte. Je l'avais oubliée depuis assez longtemps, sa fin la restitue à ma mémoire, ne fût-ce que pour quelques heures, méditons là-dessus, avant qu'elle retombe dans les oubliettes. Je me demande si je l'aime et je suis forcé de répondre: Non.»
Suicide, extermination, racisme
Par ailleurs, Caraco considère le plaisir sexuel comme un esclavage, ce qui le conduira à la continence. La seule idée d'avoir des enfants le révulse. «S'il régnait un peu de logique dans les têtes, écrit-il, l'homme ayant six enfants serait un criminel, car il revient au même désormais d'avoir six condamnations ou six poupards.» On lui a reproché ces paradoxes: ils seront bientôt des lieux communs. Inutile d'insister sur ce point: l'amour de la vie rappelle à Caraco l'érection de l'homme que l'on pend. Et il attend de la mort qu'elle l'affranchisse d'une vie qu'il méprise autant qu'il la hait. Rarement un homme aussi discret, courtois et cultivé aura manifesté des sentiments d'une telle violence dans une langue aussi châtiée. Comme me l'écrit Alain Bonnand: «Prodigieux bonhomme, qui aura su tout digérer, sa mère, son père... Cerner le rien avant de s'y retirer.»
La pensée de Caraco, comme celle de Cioran, gravite inlassablement autour des mêmes obsessions: le suicide, l'extermination, le racisme, le déclin de l'Occident, la religion, l'inconvénient d'être né, la chasteté et la luxure... Weininger, Wittgenstein et Karl Kraus sont leurs frères d'armes. Si l'un, Cioran, est un ermite mondain, l'autre, Caraco, est un banni. Si l'un feint de ne pas adhérer à ses délires, l'autre ne cesse de s'y plonger... et, parfois, de s'y noyer. Cioran a compris qu'en France, il lui faudrait pour survivre jouer un double jeu. Il avance masqué, dissimulant un passé qui le discréditerait. Caraco ne cache pas son jeu... mais personne ne veut jouer avec lui. Même Cioran le tiendra à l'écart. Il faut lire à ce sujet les souvenirs de Louis Nucera dans Mes ports d'attache, un des rares admirateurs avec Raphaël Sorin, de cet imprécateur disqualifié moins par l'outrance de ses propos que par le fait qu'il ne les tourne pas en dérision. Pourtant, il ne manque pas d'humour. Il suffit de lire son Supplément à la Psychopathia sexualis de Krafft-Ebing pour s'en convaincre.
Je crois en l'inégalité des hommes
Caraco n'est pas homme à prendre des précautions. Ce que Cioran chuchote à ses amis quand il les entraîne avec lui dans ses promenades nocturnes, Caraco le proclame haut et fort. Notamment son mépris pour la France, sa haine des Arabes, les ricanements que lui inspirent les idéaux démocratiques et la pitié condescendante qu'il éprouve quand il écoute un homme de gauche. Il ne déplaît pas à Cioran d'être célébré dans Le Monde que Caraco vomit.
Caraco ne transigeait pas: son suicide, à 54 ans, dans la solitude la plus totale était la conclusion logique de son nihilisme apocalyptique. Cioran, lui, sera enterré en grande pompe dans une église orthodoxe, conclusion non moins logique de son nihilisme frivole. Il est vrai qu'avant de devenir un modèle de l'esprit français, il avait célébré sans retenue le nazisme et plaidé pour un nationalisme roumain semant la terreur. L'eût-il su qu'un Saint-John Perse n'aurait jamais écrit, ni tant d'autres après lui, qu'il tenait l'altière pensée de Cioran pour l'une des plus exigeantes aujourd'hui en Europe.
Par courtoisie, Albert Caraco attendra la mort de Monsieur Père pour prendre congé d'un monde qu'il exécrait, réaffirmant auparavant: «Je suis Raciste, je suis Colonialiste. Je crois en l'inégalité des hommes et je professe la nécessité de les réduire en servitude quand ils sont déplaisants, barbares, ignorants ou pauvres.» Je me demande en mettant un point final à ce texte pourquoi je trouvais Caraco odieux dans ma jeunesse et pourquoi je le juge maintenant plus fraternel – plus franc en tout cas – que tous ceux qui professent un humanisme de façade. Je vous laisse le soin de répondre à ma place.
Notice (8): Trying to access array offset on value of type null [APP/Template/Posts/view.ctp, line 147]Code Context<div class="col-lg-12 order-lg-4 order-md-4">
<? if(!$connected['active']): ?>
<div class="utils__spacer--default"></div>
$viewFile = '/data01/sites/bonpourlatete.com/dev/bonpourlatete.com/src/Template/Posts/view.ctp' $dataForView = [ 'referer' => '/', 'OneSignal' => '8a2ea76e-2c65-48ce-92e5-098c4cb86093', '_serialize' => [ (int) 0 => 'post' ], 'post' => object(App\Model\Entity\Post) { 'id' => (int) 1086, 'created' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'modified' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'publish_date' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'notified' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'free' => false, 'status' => 'PUBLISHED', 'priority' => 'NORMAL', 'readed' => null, 'subhead' => 'LE BILLET DU VAURIEN', 'title' => 'Le nihilisme apocalyptique d'Albert Caraco', 'subtitle' => '', 'subtitle_edition' => null, 'content' => '<p>Albert Caraco était un homme courtois, approuvant toutes les sottises et se gardant de paraître plus savant ou plus spirituel qu'il ne l'était. C'est ainsi qu'il se décrit et c'est ainsi qu'il m'est apparu quand je l'ai croisé à Lausanne aux éditions L'Age d'Homme, à la fin des années soixante. Il vivait alors avec son père au Beau-Rivage Palace et publiait en Suisse, ce qui permettait aux critiques français d'ignorer son œuvre. Cet homme effacé, presque insignifiant, portait en lui un secret, un secret que je découvre aujourd'hui seulement, près de quarante ans après sa mort. Ce secret, c'est qu'il concoctait une œuvre si féroce, si dévastatrice, si prophétique qu'il fallait être mentalement dérangé pour y succomber. Lui-même, il le pensait, ne pouvait qu'en être la victime consentante. Il vivait dans l'ombre de la mort. Et son père, Monsieur Père, était le dernier lien qui l'attachait à la vie. En le voyant dormir, il songeait que s'il ne s'éveillait pas un beau matin, il le suivrait de bonne grâce. Il ne tenait pas à marcher sur ses traces. «Ah! Quelle horreur que la vieillesse! Plutôt mourir sept fois!», écrivait-il. Quelques heures après la mort de Monsieur Père, il se pendit, imprimant ainsi à son œuvre un sceau d'authenticité dont nul ne se soucia. </p><blockquote><h3><em>Les misérables rédacteurs du </em>Monde<em> se trompent</em></h3></blockquote><p>Le suicide de Caraco passa aussi inaperçu que ses livres. Il n'était pas un rentier du désespoir. Il était le désespoir même. Si je suis passé à côté de lui, comme beaucoup d'autres, c'est que ses propos racistes m'insupportaient et que la préciosité de son style me déconcertait. En réalité, il avait tout simplement du style et se montrait plus clairvoyant que nous ne l'étions alors, surtout quand on collaborait au quotidien <em>Le Monde</em> qu'il tenait pour la plus méprisable des gazettes. Il soutenait que la France, après avoir collaboré avec les Allemands, avait une seconde fois en une génération choisi le mauvais parti, celui des nations arabes par haine invétérée des Juifs. «Ce que la France, écrivait-il, ne pardonne pas au peuple d'Israël, c'est d'avoir retrouvé le chemin de l'honneur et de n'avoir pas capitulé comme elle. Au moment où les Juifs sont devenus un peuple militaire, la France aura cessé de l'être (...) Les misérables rédacteurs du<em> Monde</em> se trompent avec application et depuis force années, ce qu'ils écrivent paraît destiné plus souvent aux Arabes qu'aux Français, ils arabisent les Français, ils les négrifieront bientôt...» J'étais un de ces misérables rédacteurs. C'est dire si, en dépit de mon admiration pour Israël, l'amère pilule caracolienne me restait au travers de la gorge. Certes, mon ami Cioran tenait à peu près les même propos dans l'intimité. il n'était pas loin de penser, comme Caraco, que les Arabes étaient un peuple en trop rongé par le fanatisme pour lequel la castration serait une charité. Étant totalement étranger à toutes formes de racisme, je ne pouvais que l'être à celui de Caraco ou de Cioran. Il est vrai qu'ils étaient l'un et l'autre des lecteurs d'Oswald Spengler et moi de <em>Salut les Copains</em> dans un premier temps et de <em>Playboy</em> ensuite. De Freud enfin. Mais, comme eux, je ne doutais pas que la tolérance est une duperie et le respect une forme de délire hypocrite. Quant à la fraternité, je n'étais pas loin d'être en accord avec Caraco quand il écrivait dans son Bréviaire du chaos que nous oublions un peu facilement que ceux d'en face sont des mendiants et des vengeurs, laids, malsains, vicieux, cruels et despotiques, plus roués et menteurs que nos sophistiques à la mode. Il visait Sartre, bien sûr, et à travers lui tous les faux-monnayeurs d'un monde plus juste.</p><blockquote><h3><em>Madame Mère est morte. Je l'avais oubliée depuis assez longtemps</em></h3></blockquote><p>Rien ne serait plus faux que d'imaginer Albert Caraco sous les traits d'un vieux ronchon, vivant reclus et nourrissant par dépit une vision du monde un peu rance. Il naît à Constantinople le 8 juillet 1919 dans une famille de banquiers juifs. Soucieux de donner à leur fils unique l'éducation la plus cosmopolite, ses parents l'entraîneront successivement à Vienne, à Prague, à Berlin, puis à Paris où il fera ses humanités à Janson-de-Sailly, avant qu'il ne soit obligé de s'exiler en Amérique latine où il obtiendra non sans mal la nationalité uruguayenne qu'il conservera jusqu'à sa mort en 1971. Il écrira indifféremment, comme Cioran d'ailleurs, en allemand, en espagnol, en anglais et en français, goûtant les civilisations à leur apogée: la France du XVIII<sup>e</sup> siècle, la Chine des Ming et, bien sûr, l'excentricité des écrivains anglais – le docteur Samuel Johnson notamment – et la profondeur des philosophes allemands. Caraco se considérait d'ailleurs comme l'héritier de Schopenhauer et de Nietzsche. Il ne doutait pas qu'un jour, un jour lointain certes, les Français finiraient par l'adorer, tout comme les Allemands ont adoré Nietzsche: «J'écris le français comme Nietzsche l'allemand, je me sens l'héritier du philosophe et l'on m'appellera demain le légataire du prophète», écrit-il dans <em>Ma Confession</em>. Ce jour tant attendu est-il enfin arrivé? C'est fort probable. Caraco était inaudible. Il est en passe de devenir l'auteur européen par excellence. Un penseur sereinement et froidement athée qui ne se fait d'illusions sur rien, traitant Dieu comme un monstre, les théologiens comme les architectes de chambres de torture, Kant comme l'auteur d'un chef d'œuvre de naïveté avec son projet de paix perpétuelle. Il se moquait également de l'amour maternel, un préjugé dont il convenait par simple hygiène intellectuelle de se débarrasser au plus vite, ce qu'il fit dans un livre sublime: <em>Post Mortem</em> qui débute ainsi: «Madame Mère est morte. Je l'avais oubliée depuis assez longtemps, sa fin la restitue à ma mémoire, ne fût-ce que pour quelques heures, méditons là-dessus, avant qu'elle retombe dans les oubliettes. Je me demande si je l'aime et je suis forcé de répondre: Non.»</p><h3>Suicide, extermination, racisme</h3><p>Par ailleurs, Caraco considère le plaisir sexuel comme un esclavage, ce qui le conduira à la continence. La seule idée d'avoir des enfants le révulse. «S'il régnait un peu de logique dans les têtes, écrit-il, l'homme ayant six enfants serait un criminel, car il revient au même désormais d'avoir six condamnations ou six poupards.» On lui a reproché ces paradoxes: ils seront bientôt des lieux communs. Inutile d'insister sur ce point: l'amour de la vie rappelle à Caraco l'érection de l'homme que l'on pend. Et il attend de la mort qu'elle l'affranchisse d'une vie qu'il méprise autant qu'il la hait. Rarement un homme aussi discret, courtois et cultivé aura manifesté des sentiments d'une telle violence dans une langue aussi châtiée. Comme me l'écrit Alain Bonnand: «Prodigieux bonhomme, qui aura su tout digérer, sa mère, son père... Cerner le rien avant de s'y retirer.»</p><p>La pensée de Caraco, comme celle de Cioran, gravite inlassablement autour des mêmes obsessions: le suicide, l'extermination, le racisme, le déclin de l'Occident, la religion, l'inconvénient d'être né, la chasteté et la luxure... Weininger, Wittgenstein et Karl Kraus sont leurs frères d'armes. Si l'un, Cioran, est un ermite mondain, l'autre, Caraco, est un banni. Si l'un feint de ne pas adhérer à ses délires, l'autre ne cesse de s'y plonger... et, parfois, de s'y noyer. Cioran a compris qu'en France, il lui faudrait pour survivre jouer un double jeu. Il avance masqué, dissimulant un passé qui le discréditerait. Caraco ne cache pas son jeu... mais personne ne veut jouer avec lui. Même Cioran le tiendra à l'écart. Il faut lire à ce sujet les souvenirs de Louis Nucera dans <em>Mes ports d'attache</em>, un des rares admirateurs avec Raphaël Sorin, de cet imprécateur disqualifié moins par l'outrance de ses propos que par le fait qu'il ne les tourne pas en dérision. Pourtant, il ne manque pas d'humour. Il suffit de lire son <em>Supplément à la Psychopathia sexualis</em> de Krafft-Ebing pour s'en convaincre. </p><blockquote><h3><em>Je crois en l'inégalité des hommes</em></h3></blockquote><p>Caraco n'est pas homme à prendre des précautions. Ce que Cioran chuchote à ses amis quand il les entraîne avec lui dans ses promenades nocturnes, Caraco le proclame haut et fort. Notamment son mépris pour la France, sa haine des Arabes, les ricanements que lui inspirent les idéaux démocratiques et la pitié condescendante qu'il éprouve quand il écoute un homme de gauche. Il ne déplaît pas à Cioran d'être célébré dans<em> Le Monde</em> que Caraco vomit. </p><p>Caraco ne transigeait pas: son suicide, à 54 ans, dans la solitude la plus totale était la conclusion logique de son nihilisme apocalyptique. Cioran, lui, sera enterré en grande pompe dans une église orthodoxe, conclusion non moins logique de son nihilisme frivole. Il est vrai qu'avant de devenir un modèle de l'esprit français, il avait célébré sans retenue le nazisme et plaidé pour un nationalisme roumain semant la terreur. L'eût-il su qu'un Saint-John Perse n'aurait jamais écrit, ni tant d'autres après lui, qu'il tenait l'altière pensée de Cioran pour l'une des plus exigeantes aujourd'hui en Europe. </p><p>Par courtoisie, Albert Caraco attendra la mort de Monsieur Père pour prendre congé d'un monde qu'il exécrait, réaffirmant auparavant: «Je suis Raciste, je suis Colonialiste. Je crois en l'inégalité des hommes et je professe la nécessité de les réduire en servitude quand ils sont déplaisants, barbares, ignorants ou pauvres.» Je me demande en mettant un point final à ce texte pourquoi je trouvais Caraco odieux dans ma jeunesse et pourquoi je le juge maintenant plus fraternel – plus franc en tout cas – que tous ceux qui professent un humanisme de façade. Je vous laisse le soin de répondre à ma place.</p>', 'content_edition' => null, 'slug' => 'le-nihilisme-apocalyptique-d-albert-caraco', 'headline' => false, 'homepage' => 'col-md-12', 'like' => (int) 720, 'editor' => null, 'index_order' => (int) 1110, 'homepage_order' => (int) 1326, 'original_url' => null, 'podcast' => false, 'tagline' => null, 'poster' => null, 'category_id' => (int) 3, 'person_id' => (int) 2758, 'post_type_id' => (int) 1, 'poster_attachment' => null, 'editions' => [[maximum depth reached]], 'tags' => [ [maximum depth reached] ], 'locations' => [[maximum depth reached]], 'attachment_images' => [[maximum depth reached]], 'attachments' => [[maximum depth reached]], 'person' => object(App\Model\Entity\Person) {}, 'comments' => [ [maximum depth reached] ], 'category' => object(App\Model\Entity\Category) {}, '[new]' => false, '[accessible]' => [ [maximum depth reached] ], '[dirty]' => [[maximum depth reached]], '[original]' => [[maximum depth reached]], '[virtual]' => [[maximum depth reached]], '[hasErrors]' => false, '[errors]' => [[maximum depth reached]], '[invalid]' => [[maximum depth reached]], '[repository]' => 'Posts' }, 'relatives' => [ (int) 0 => object(App\Model\Entity\Post) {}, (int) 1 => object(App\Model\Entity\Post) {}, (int) 2 => object(App\Model\Entity\Post) {}, (int) 3 => object(App\Model\Entity\Post) {} ], 'embeds' => [], 'images' => [], 'audios' => [], 'comments' => [ (int) 0 => object(App\Model\Entity\Comment) {}, (int) 1 => object(App\Model\Entity\Comment) {}, (int) 2 => object(App\Model\Entity\Comment) {} ], 'author' => 'Roland Jaccard, Écrivain', 'description' => 'Albert Caraco était un homme courtois, approuvant toutes les sottises et se gardant de paraître plus savant ou plus spirituel qu'il ne l'était....', 'title' => 'Le nihilisme apocalyptique d'Albert Caraco', 'crawler' => true, 'connected' => null, 'menu_blocks' => [ (int) 0 => object(App\Model\Entity\Block) {}, (int) 1 => object(App\Model\Entity\Block) {} ], 'menu' => [ (int) 0 => object(App\Model\Entity\Category) {}, (int) 1 => object(App\Model\Entity\Category) {}, (int) 2 => object(App\Model\Entity\Category) {}, (int) 3 => object(App\Model\Entity\Category) {}, (int) 4 => object(App\Model\Entity\Category) {}, (int) 5 => object(App\Model\Entity\Category) {}, (int) 6 => object(App\Model\Entity\Category) {}, (int) 7 => object(App\Model\Entity\Category) {}, (int) 8 => object(App\Model\Entity\Category) {}, (int) 9 => object(App\Model\Entity\Category) {}, (int) 10 => object(App\Model\Entity\Category) {}, (int) 11 => object(App\Model\Entity\Category) {}, (int) 12 => object(App\Model\Entity\Category) {} ] ] $bufferLevel = (int) 1 $referer = '/' $OneSignal = '8a2ea76e-2c65-48ce-92e5-098c4cb86093' $_serialize = [ (int) 0 => 'post' ] $post = object(App\Model\Entity\Post) { 'id' => (int) 1086, 'created' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'modified' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'publish_date' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'notified' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'free' => false, 'status' => 'PUBLISHED', 'priority' => 'NORMAL', 'readed' => null, 'subhead' => 'LE BILLET DU VAURIEN', 'title' => 'Le nihilisme apocalyptique d'Albert Caraco', 'subtitle' => '', 'subtitle_edition' => null, 'content' => '<p>Albert Caraco était un homme courtois, approuvant toutes les sottises et se gardant de paraître plus savant ou plus spirituel qu'il ne l'était. C'est ainsi qu'il se décrit et c'est ainsi qu'il m'est apparu quand je l'ai croisé à Lausanne aux éditions L'Age d'Homme, à la fin des années soixante. Il vivait alors avec son père au Beau-Rivage Palace et publiait en Suisse, ce qui permettait aux critiques français d'ignorer son œuvre. Cet homme effacé, presque insignifiant, portait en lui un secret, un secret que je découvre aujourd'hui seulement, près de quarante ans après sa mort. Ce secret, c'est qu'il concoctait une œuvre si féroce, si dévastatrice, si prophétique qu'il fallait être mentalement dérangé pour y succomber. Lui-même, il le pensait, ne pouvait qu'en être la victime consentante. Il vivait dans l'ombre de la mort. Et son père, Monsieur Père, était le dernier lien qui l'attachait à la vie. En le voyant dormir, il songeait que s'il ne s'éveillait pas un beau matin, il le suivrait de bonne grâce. Il ne tenait pas à marcher sur ses traces. «Ah! Quelle horreur que la vieillesse! Plutôt mourir sept fois!», écrivait-il. Quelques heures après la mort de Monsieur Père, il se pendit, imprimant ainsi à son œuvre un sceau d'authenticité dont nul ne se soucia. </p><blockquote><h3><em>Les misérables rédacteurs du </em>Monde<em> se trompent</em></h3></blockquote><p>Le suicide de Caraco passa aussi inaperçu que ses livres. Il n'était pas un rentier du désespoir. Il était le désespoir même. Si je suis passé à côté de lui, comme beaucoup d'autres, c'est que ses propos racistes m'insupportaient et que la préciosité de son style me déconcertait. En réalité, il avait tout simplement du style et se montrait plus clairvoyant que nous ne l'étions alors, surtout quand on collaborait au quotidien <em>Le Monde</em> qu'il tenait pour la plus méprisable des gazettes. Il soutenait que la France, après avoir collaboré avec les Allemands, avait une seconde fois en une génération choisi le mauvais parti, celui des nations arabes par haine invétérée des Juifs. «Ce que la France, écrivait-il, ne pardonne pas au peuple d'Israël, c'est d'avoir retrouvé le chemin de l'honneur et de n'avoir pas capitulé comme elle. Au moment où les Juifs sont devenus un peuple militaire, la France aura cessé de l'être (...) Les misérables rédacteurs du<em> Monde</em> se trompent avec application et depuis force années, ce qu'ils écrivent paraît destiné plus souvent aux Arabes qu'aux Français, ils arabisent les Français, ils les négrifieront bientôt...» J'étais un de ces misérables rédacteurs. C'est dire si, en dépit de mon admiration pour Israël, l'amère pilule caracolienne me restait au travers de la gorge. Certes, mon ami Cioran tenait à peu près les même propos dans l'intimité. il n'était pas loin de penser, comme Caraco, que les Arabes étaient un peuple en trop rongé par le fanatisme pour lequel la castration serait une charité. Étant totalement étranger à toutes formes de racisme, je ne pouvais que l'être à celui de Caraco ou de Cioran. Il est vrai qu'ils étaient l'un et l'autre des lecteurs d'Oswald Spengler et moi de <em>Salut les Copains</em> dans un premier temps et de <em>Playboy</em> ensuite. De Freud enfin. Mais, comme eux, je ne doutais pas que la tolérance est une duperie et le respect une forme de délire hypocrite. Quant à la fraternité, je n'étais pas loin d'être en accord avec Caraco quand il écrivait dans son Bréviaire du chaos que nous oublions un peu facilement que ceux d'en face sont des mendiants et des vengeurs, laids, malsains, vicieux, cruels et despotiques, plus roués et menteurs que nos sophistiques à la mode. Il visait Sartre, bien sûr, et à travers lui tous les faux-monnayeurs d'un monde plus juste.</p><blockquote><h3><em>Madame Mère est morte. Je l'avais oubliée depuis assez longtemps</em></h3></blockquote><p>Rien ne serait plus faux que d'imaginer Albert Caraco sous les traits d'un vieux ronchon, vivant reclus et nourrissant par dépit une vision du monde un peu rance. Il naît à Constantinople le 8 juillet 1919 dans une famille de banquiers juifs. Soucieux de donner à leur fils unique l'éducation la plus cosmopolite, ses parents l'entraîneront successivement à Vienne, à Prague, à Berlin, puis à Paris où il fera ses humanités à Janson-de-Sailly, avant qu'il ne soit obligé de s'exiler en Amérique latine où il obtiendra non sans mal la nationalité uruguayenne qu'il conservera jusqu'à sa mort en 1971. Il écrira indifféremment, comme Cioran d'ailleurs, en allemand, en espagnol, en anglais et en français, goûtant les civilisations à leur apogée: la France du XVIII<sup>e</sup> siècle, la Chine des Ming et, bien sûr, l'excentricité des écrivains anglais – le docteur Samuel Johnson notamment – et la profondeur des philosophes allemands. Caraco se considérait d'ailleurs comme l'héritier de Schopenhauer et de Nietzsche. Il ne doutait pas qu'un jour, un jour lointain certes, les Français finiraient par l'adorer, tout comme les Allemands ont adoré Nietzsche: «J'écris le français comme Nietzsche l'allemand, je me sens l'héritier du philosophe et l'on m'appellera demain le légataire du prophète», écrit-il dans <em>Ma Confession</em>. Ce jour tant attendu est-il enfin arrivé? C'est fort probable. Caraco était inaudible. Il est en passe de devenir l'auteur européen par excellence. Un penseur sereinement et froidement athée qui ne se fait d'illusions sur rien, traitant Dieu comme un monstre, les théologiens comme les architectes de chambres de torture, Kant comme l'auteur d'un chef d'œuvre de naïveté avec son projet de paix perpétuelle. Il se moquait également de l'amour maternel, un préjugé dont il convenait par simple hygiène intellectuelle de se débarrasser au plus vite, ce qu'il fit dans un livre sublime: <em>Post Mortem</em> qui débute ainsi: «Madame Mère est morte. Je l'avais oubliée depuis assez longtemps, sa fin la restitue à ma mémoire, ne fût-ce que pour quelques heures, méditons là-dessus, avant qu'elle retombe dans les oubliettes. Je me demande si je l'aime et je suis forcé de répondre: Non.»</p><h3>Suicide, extermination, racisme</h3><p>Par ailleurs, Caraco considère le plaisir sexuel comme un esclavage, ce qui le conduira à la continence. La seule idée d'avoir des enfants le révulse. «S'il régnait un peu de logique dans les têtes, écrit-il, l'homme ayant six enfants serait un criminel, car il revient au même désormais d'avoir six condamnations ou six poupards.» On lui a reproché ces paradoxes: ils seront bientôt des lieux communs. Inutile d'insister sur ce point: l'amour de la vie rappelle à Caraco l'érection de l'homme que l'on pend. Et il attend de la mort qu'elle l'affranchisse d'une vie qu'il méprise autant qu'il la hait. Rarement un homme aussi discret, courtois et cultivé aura manifesté des sentiments d'une telle violence dans une langue aussi châtiée. Comme me l'écrit Alain Bonnand: «Prodigieux bonhomme, qui aura su tout digérer, sa mère, son père... Cerner le rien avant de s'y retirer.»</p><p>La pensée de Caraco, comme celle de Cioran, gravite inlassablement autour des mêmes obsessions: le suicide, l'extermination, le racisme, le déclin de l'Occident, la religion, l'inconvénient d'être né, la chasteté et la luxure... Weininger, Wittgenstein et Karl Kraus sont leurs frères d'armes. Si l'un, Cioran, est un ermite mondain, l'autre, Caraco, est un banni. Si l'un feint de ne pas adhérer à ses délires, l'autre ne cesse de s'y plonger... et, parfois, de s'y noyer. Cioran a compris qu'en France, il lui faudrait pour survivre jouer un double jeu. Il avance masqué, dissimulant un passé qui le discréditerait. Caraco ne cache pas son jeu... mais personne ne veut jouer avec lui. Même Cioran le tiendra à l'écart. Il faut lire à ce sujet les souvenirs de Louis Nucera dans <em>Mes ports d'attache</em>, un des rares admirateurs avec Raphaël Sorin, de cet imprécateur disqualifié moins par l'outrance de ses propos que par le fait qu'il ne les tourne pas en dérision. Pourtant, il ne manque pas d'humour. Il suffit de lire son <em>Supplément à la Psychopathia sexualis</em> de Krafft-Ebing pour s'en convaincre. </p><blockquote><h3><em>Je crois en l'inégalité des hommes</em></h3></blockquote><p>Caraco n'est pas homme à prendre des précautions. Ce que Cioran chuchote à ses amis quand il les entraîne avec lui dans ses promenades nocturnes, Caraco le proclame haut et fort. Notamment son mépris pour la France, sa haine des Arabes, les ricanements que lui inspirent les idéaux démocratiques et la pitié condescendante qu'il éprouve quand il écoute un homme de gauche. Il ne déplaît pas à Cioran d'être célébré dans<em> Le Monde</em> que Caraco vomit. </p><p>Caraco ne transigeait pas: son suicide, à 54 ans, dans la solitude la plus totale était la conclusion logique de son nihilisme apocalyptique. Cioran, lui, sera enterré en grande pompe dans une église orthodoxe, conclusion non moins logique de son nihilisme frivole. Il est vrai qu'avant de devenir un modèle de l'esprit français, il avait célébré sans retenue le nazisme et plaidé pour un nationalisme roumain semant la terreur. L'eût-il su qu'un Saint-John Perse n'aurait jamais écrit, ni tant d'autres après lui, qu'il tenait l'altière pensée de Cioran pour l'une des plus exigeantes aujourd'hui en Europe. </p><p>Par courtoisie, Albert Caraco attendra la mort de Monsieur Père pour prendre congé d'un monde qu'il exécrait, réaffirmant auparavant: «Je suis Raciste, je suis Colonialiste. Je crois en l'inégalité des hommes et je professe la nécessité de les réduire en servitude quand ils sont déplaisants, barbares, ignorants ou pauvres.» Je me demande en mettant un point final à ce texte pourquoi je trouvais Caraco odieux dans ma jeunesse et pourquoi je le juge maintenant plus fraternel – plus franc en tout cas – que tous ceux qui professent un humanisme de façade. Je vous laisse le soin de répondre à ma place.</p>', 'content_edition' => null, 'slug' => 'le-nihilisme-apocalyptique-d-albert-caraco', 'headline' => false, 'homepage' => 'col-md-12', 'like' => (int) 720, 'editor' => null, 'index_order' => (int) 1110, 'homepage_order' => (int) 1326, 'original_url' => null, 'podcast' => false, 'tagline' => null, 'poster' => null, 'category_id' => (int) 3, 'person_id' => (int) 2758, 'post_type_id' => (int) 1, 'poster_attachment' => null, 'editions' => [], 'tags' => [ (int) 0 => object(App\Model\Entity\Tag) {} ], 'locations' => [], 'attachment_images' => [], 'attachments' => [], 'person' => object(App\Model\Entity\Person) {}, 'comments' => [ (int) 0 => object(App\Model\Entity\Comment) {}, (int) 1 => object(App\Model\Entity\Comment) {}, (int) 2 => object(App\Model\Entity\Comment) {} ], 'category' => object(App\Model\Entity\Category) {}, '[new]' => false, '[accessible]' => [ '*' => true, 'id' => false ], '[dirty]' => [], '[original]' => [], '[virtual]' => [], '[hasErrors]' => false, '[errors]' => [], '[invalid]' => [], '[repository]' => 'Posts' } $relatives = [ (int) 0 => object(App\Model\Entity\Post) { 'id' => (int) 2241, 'created' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'modified' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'publish_date' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'notified' => null, 'free' => true, 'status' => 'PUBLISHED', 'priority' => 'NORMAL', 'readed' => null, 'subhead' => 'Chronique / Le billet du Vaurien', 'title' => 'Qu'en pensent les personnes les plus vulnérables?', 'subtitle' => 'La réanimation ou la cigüe? Roland Jaccard a fait son choix. ', 'subtitle_edition' => null, 'content' => '<p>Le gouvernement, sans doute bien intentionné, prend des mesures de plus en plus drastiques en vue de protéger les personnes les plus vulnérables – celles souffrant de pathologies sévères et celles qui ont atteint la limite au-delà de laquelle leur ticket n’est plus plus valable. Un beau geste de solidarité, apprécié par les âmes charitables. Encore faut-il que ces mesures soient efficaces. Ne préjugeons de rien. A la fin du match, on aura tout loisir de commenter les stratégies mises en œuvre.</p> <p>Il est pourtant une question que personne ne se pose vraiment: les vieillards et les handicapés souhaitent-ils <em>vraiment</em> qu’on prolonge leur calvaire? A titre personnel (je précise que j’ai près de quatre-vingt ans), je réponds: <strong>non</strong>. Et je sais que je ne suis pas le seul. Entre la réanimation et le cocktail létal, je choisis sans hésitation la mixture qui m’enverra <em>ad patres</em>. En accord avec <strong>Sénèque</strong>, je dirais que «<em>ce qui est un bien, ce n’est pas de vivre, mais de vivre bien</em>».</p> <p>«Faut-il quitter la vie?», s’interroge l’empereur philosophe <strong>Marc-Aurèle</strong>. Il importe de se poser la question avant que la vieillesse n’obscurcisse la pensée, répond-il. A quoi bon allonger une vie qui doit de toute manière aboutir à une triste fin, alors que l’on a compris, pour paraphraser l’Écclésiate, que tout ne passe que pour revenir. Vivre n’est pas seulement douloureux, c’est vain. Certes, chacun se fuit toujours…mais à quoi bon, si l’on n’échappe pas à soi?</p> <p>Une intégrité physique et mentale nous donne un élan vital susceptible de nous procurer bien des plaisirs et de nous éviter ce genre de questions. Mais l’heure sonne vite où il n’est plus possible de les esquiver. Et dans des situations d’urgence comme celle que<br />nous vivons – il y en eut de bien pires dans le passé –, il n’est peut-être pas inutile de rappeler que les sacrifices auxquels consentent les citoyens et le corps médical n’ont de sens que si celles et ceux qui sont pris en charge le veulent vraiment. Leur offrir la possibilité de mourir en douceur, sans prolonger leur agonie, me semble tout aussi charitable. Sinon plus. Et raisonnable pour chacun, de surcroît.</p>', 'content_edition' => null, 'slug' => 'qu-en-pensent-les-personnes-les-plus-vulnerables', 'headline' => false, 'homepage' => 'col-md-6', 'like' => (int) 640, 'editor' => null, 'index_order' => (int) 2250, 'homepage_order' => (int) 2490, 'original_url' => '', 'podcast' => false, 'tagline' => null, 'poster' => null, 'category_id' => (int) 3, 'person_id' => (int) 2758, 'post_type_id' => (int) 1, 'post_type' => object(App\Model\Entity\PostType) {}, 'comments' => [ [maximum depth reached] ], 'tags' => [ [maximum depth reached] ], 'locations' => [[maximum depth reached]], 'attachment_images' => [ [maximum depth reached] ], 'person' => object(App\Model\Entity\Person) {}, 'category' => object(App\Model\Entity\Category) {}, '[new]' => false, '[accessible]' => [ [maximum depth reached] ], '[dirty]' => [[maximum depth reached]], '[original]' => [[maximum depth reached]], '[virtual]' => [[maximum depth reached]], '[hasErrors]' => false, '[errors]' => [[maximum depth reached]], '[invalid]' => [[maximum depth reached]], '[repository]' => 'Posts' }, (int) 1 => object(App\Model\Entity\Post) { 'id' => (int) 2141, 'created' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'modified' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'publish_date' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'notified' => null, 'free' => false, 'status' => 'PUBLISHED', 'priority' => 'NORMAL', 'readed' => null, 'subhead' => 'CHRONIQUE / LE BILLET DU VAURIEN', 'title' => 'Oscar Forel, un psychanalyste vaudois', 'subtitle' => '', 'subtitle_edition' => null, 'content' => '<p>Un homme satisfait est un homme à refaire, disait le psychiatre Oscar Forel qui donne l’impression dans le <a href="https://www.rts.ch/archives/tv/culture/en-personne/3468106-armand-forel.html" target="_blank" rel="noopener">documentaire</a> qui lui a été consacré par la télévision suisse d’être très satisfait des privilèges que la vie lui a réservés. Il a publié un recueil d’aphorismes qui ne valent pas ceux de Cioran, mais dont certains peuvent être sauvés. Par exemple celui-ci: «<em>La vanité des autres ne blesse que la nôtre.</em>»<br />Deux épisodes à retenir de ce documentaire: la visite qu’il rend à Freud pour discuter d’un cas de schizophrénie, et sa rencontre à Berlin en 1942 avec Göring - le cousin d’Hermann - qui avait été aux Rives de Prangins et qui n’ignorait pas que parmi ses collaborateurs, nombreux étaient les opposants à Hitler mais qu’il se gardait bien de les dénoncer, car il avait besoin de leurs compétences psychiatriques et que lui-même préférait garder ses distances avec le régime.<br />Pendant la Guerre, Forel qui ne disposait plus de médicaments, fut surpris par l’efficacité des électrochocs. Il semblerait qu’après avoir été vilipendés pendant un demi-siècle on y revienne aujourd’hui. Il observait qu’en vieillissant l’homme se met à émettre toutes sortes de bruits incongrus. Et que lorsque la conversation se tarit, il cite volontiers un bon mot d’Oscar Wilde ou de Sacha Guitry - toujours les mêmes en général. Il lui arrive aussi de fredonner quand il est seul chez lui: c’est juste pour se souvenir qu’il est toujours vivant ou que l’angoisse le guette. J’en suis au point hélas où je ne puis que confirmer les propos de ce brave docteur Forel.</p>', 'content_edition' => null, 'slug' => 'oscar-forel-un-psychanalyste-vaudois', 'headline' => false, 'homepage' => 'col-md-6', 'like' => (int) 594, 'editor' => null, 'index_order' => (int) 2158, 'homepage_order' => (int) 2408, 'original_url' => '', 'podcast' => false, 'tagline' => null, 'poster' => null, 'category_id' => (int) 3, 'person_id' => (int) 2758, 'post_type_id' => (int) 1, 'post_type' => object(App\Model\Entity\PostType) {}, 'comments' => [[maximum depth reached]], 'tags' => [ [maximum depth reached] ], 'locations' => [[maximum depth reached]], 'attachment_images' => [[maximum depth reached]], 'person' => object(App\Model\Entity\Person) {}, 'category' => object(App\Model\Entity\Category) {}, '[new]' => false, '[accessible]' => [ [maximum depth reached] ], '[dirty]' => [[maximum depth reached]], '[original]' => [[maximum depth reached]], '[virtual]' => [[maximum depth reached]], '[hasErrors]' => false, '[errors]' => [[maximum depth reached]], '[invalid]' => [[maximum depth reached]], '[repository]' => 'Posts' }, (int) 2 => object(App\Model\Entity\Post) { 'id' => (int) 2113, 'created' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'modified' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'publish_date' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'notified' => null, 'free' => false, 'status' => 'PUBLISHED', 'priority' => 'NORMAL', 'readed' => null, 'subhead' => 'CHRONIQUE / LE BILLET DU VAURIEN', 'title' => 'Dieu et les films d'horreur', 'subtitle' => 'Quand un taoïste vaudois rencontre Cioran.', 'subtitle_edition' => null, 'content' => '<p>Quelle est la différence entre Dieu et un réalisateur de films d’horreur? me demande un de mes lecteurs. Je ne sais que répondre. Heureusement, il vient à mon secours: «La différence, c’est que le réalisateur de films d’horreur utilise des trucages...». Ce lecteur, Gabriel N., projette de publier un recueil d’aphorismes au titre prometteur: <em>Fièvres et crachats d’un nihiliste post-moderne</em>. Le cadavre de Cioran remue encore.<br />Cioran qui, dans sa <em>Fenêtre sur le Rien</em>, avoue que quand il voit la misère humaine, il songe que ceux qui essaient d’y remédier ne lui semblent pas plus louables que ceux qui la favorisent - tant elle est profonde. Finalement, que sont les événements de ce monde, sinon les traces que laissent dans le temps les pas du Diable?<br />Quand Cioran songe à ses années berlinoises - 1933, 1934, 1935 -, il se remémore la folie qui s’était emparée de lui, ses ambitions démesurées, ses visées démentes et, surtout, la vitalité qui palpitait en lui. «J’étais un fou sans fatigue», écrit-il. Et maintenant, ajoute-t-il, je suis fou avec fatigue. Le Diable nous donne une vitalité que la raison nous refuse. Faut-il le regretter?<br />Mes fenêtres ne se sont jamais ouvertes sur des mondes irréels - fussent-ils politiques ou mystiques. C’est sans doute ce que me reprochait ironiquement Cioran quand il me disait que j’étais trop civilisé. Pas comme lui un barbare des Carpates, mais un taoïste vaudois. Incapable même de produire un film d’horreur...</p> <hr /> <p><img src="https://media.bonpourlatete.com/default/w1200/1580407727_31ive1zxgol._sx195_.jpg" class="img-responsive img-fluid left " width="182" height="276" /></p> <h4>Cioran, <em>Fenêtre sur le Rien</em>, traduit du roumain par Nicolas Cavaillès, Gallimard, 2019.</h4>', 'content_edition' => null, 'slug' => 'dieu-et-les-films-d-horreur', 'headline' => false, 'homepage' => 'col-md-12', 'like' => (int) 398, 'editor' => null, 'index_order' => (int) 2122, 'homepage_order' => (int) 2372, 'original_url' => 'https://www.causeur.fr/cioran-dieu-et-les-films-dhorreur-171433', 'podcast' => false, 'tagline' => null, 'poster' => null, 'category_id' => (int) 3, 'person_id' => (int) 2758, 'post_type_id' => (int) 1, 'post_type' => object(App\Model\Entity\PostType) {}, 'comments' => [ [maximum depth reached] ], 'tags' => [ [maximum depth reached] ], 'locations' => [[maximum depth reached]], 'attachment_images' => [[maximum depth reached]], 'person' => object(App\Model\Entity\Person) {}, 'category' => object(App\Model\Entity\Category) {}, '[new]' => false, '[accessible]' => [ [maximum depth reached] ], '[dirty]' => [[maximum depth reached]], '[original]' => [[maximum depth reached]], '[virtual]' => [[maximum depth reached]], '[hasErrors]' => false, '[errors]' => [[maximum depth reached]], '[invalid]' => [[maximum depth reached]], '[repository]' => 'Posts' }, (int) 3 => object(App\Model\Entity\Post) { 'id' => (int) 2062, 'created' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'modified' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'publish_date' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'notified' => null, 'free' => false, 'status' => 'PUBLISHED', 'priority' => 'NORMAL', 'readed' => null, 'subhead' => 'Chronique / Le billet du Vaurien', 'title' => 'Terrence Malick, disciple de Dreyer?', 'subtitle' => 'Le dernier film que j’ai vu en cette fin d’année est Une vie cachée, primé au festival de Cannes à juste titre. ', 'subtitle_edition' => null, 'content' => '<p>Un paysan autrichien refuse de prêter serment à Hitler. Il sera décapité. Il est un prophète du Bien dans le pays du Mal vivant dans une nature majestueuse et indifférente au sort des humains.<br />Impossible de ne pas penser au chef d’œuvre de Carl Dreyer, <a href="https://www.youtube.com/watch?v=-uQEPjRog84" target="_blank" rel="noopener"><em>Ordet</em></a> (1955), un des plus beaux films de l’histoire du cinéma qui, comme celui de Terrence Malick, touche à <strong>l’indicible</strong> dans le combat contre les forces des ténèbres. L’un comme l’autre sont des films <strong>religieux</strong>, d’une intense spiritualité et ne laissant aucun espoir au commun des mortels, sinon celui d’être damnés. <strong>Kierkegaard</strong> n’est pas loin.<br />Franz, le paysan autrichien, père de 3 petites filles et follement amoureux de sa femme, pourrait signer un pacte avec l’antéchrist: cela ne l’engagerait à rien. Même les fonctionnaires du régime nazi, très embarrassés, le lui répètent, craignant en outre son jugement <strong>moral</strong>. Il sauverait ainsi sa famille et, après les humiliations subies dans la prison de Salzbourg, pourrait témoigner contre l’horreur de ce régime. Personne ne comprend son <strong>obstination</strong>. Lui-même sait qu’elle est vaine et n’aura aucun effet sur le cours de l’Histoire. La vie reprendra comme avant dans son modeste village du Salzkammergut une fois l’ouragan passé. Mais cela lui importe peu. Il ne s’oppose à rien. Il ne juge personne. Il n’est pas un résistant. Il suit ce que lui dicte sa conscience, sans faillir. Son refus est de l’ordre de l’indicible.<br />On lui reproche son orgueil - pour qui se prend-il ce pauvre Franz? - alors que, <strong>humble</strong> parmi les humbles, il refuse de céder aux injonctions amicales du curé du village, de son avocat commis d’office qui risque sa carrière en cas d’échec, et même du Président de la Cour Martiale troublé par son attitude, mais plutôt bienveillant, comme l’était sans doute Ponce-Pilate. Dira-t-on que c’est un <strong>Juste</strong>? Sans hésitation. Kierkegaard aurait aimé ce film, un peu trop austère pour un public en quête de divertissements: la salle où j’ai vu <em>Une vie cachée</em> était vide. Et l’âme, un mot vide de sens.</p> <hr /> <p><iframe frameborder="0" height="315" src="https://www.youtube.com/embed/mHcb2SAWNBk" width="560"></iframe></p> <h4><em>Une vie cachée</em>, film américano-allemand de Terrence Malick, avec August Diehl, Valerie Pachner, Michael Nyqvist, 2019. </h4>', 'content_edition' => null, 'slug' => 'terrence-malick-disciple-de-dreyer', 'headline' => false, 'homepage' => 'col-md-6', 'like' => (int) 382, 'editor' => null, 'index_order' => (int) 2072, 'homepage_order' => (int) 2324, 'original_url' => 'https://www.causeur.fr/terrence-malick-vie-cachee-dreyer-170524', 'podcast' => false, 'tagline' => null, 'poster' => null, 'category_id' => (int) 3, 'person_id' => (int) 2758, 'post_type_id' => (int) 1, 'post_type' => object(App\Model\Entity\PostType) {}, 'comments' => [[maximum depth reached]], 'tags' => [ [maximum depth reached] ], 'locations' => [[maximum depth reached]], 'attachment_images' => [[maximum depth reached]], 'person' => object(App\Model\Entity\Person) {}, 'category' => object(App\Model\Entity\Category) {}, '[new]' => false, '[accessible]' => [ [maximum depth reached] ], '[dirty]' => [[maximum depth reached]], '[original]' => [[maximum depth reached]], '[virtual]' => [[maximum depth reached]], '[hasErrors]' => false, '[errors]' => [[maximum depth reached]], '[invalid]' => [[maximum depth reached]], '[repository]' => 'Posts' } ] $embeds = [] $images = [] $audios = [] $comments = [ (int) 0 => object(App\Model\Entity\Comment) { 'id' => (int) 922, 'created' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'modified' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'status' => 'ACCEPTED', 'comment' => 'Étonnant éloge. Bien écrit. Ce qui aggrave le cas. ', 'post_id' => (int) 1086, 'user_id' => (int) 2307, 'user' => object(App\Model\Entity\User) {}, '[new]' => false, '[accessible]' => [ [maximum depth reached] ], '[dirty]' => [[maximum depth reached]], '[original]' => [[maximum depth reached]], '[virtual]' => [[maximum depth reached]], '[hasErrors]' => false, '[errors]' => [[maximum depth reached]], '[invalid]' => [[maximum depth reached]], '[repository]' => 'Comments' }, (int) 1 => object(App\Model\Entity\Comment) { 'id' => (int) 924, 'created' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'modified' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'status' => 'ACCEPTED', 'comment' => 'Magnifique article, intense, que de thèmes soulevés ! Caraco, visionnaire mal-aimé, mal compris. On fait difficilement confiance à ceux qui ont raison, l’idéalisme nous rend aveugle.', 'post_id' => (int) 1086, 'user_id' => (int) 3193, 'user' => object(App\Model\Entity\User) {}, '[new]' => false, '[accessible]' => [ [maximum depth reached] ], '[dirty]' => [[maximum depth reached]], '[original]' => [[maximum depth reached]], '[virtual]' => [[maximum depth reached]], '[hasErrors]' => false, '[errors]' => [[maximum depth reached]], '[invalid]' => [[maximum depth reached]], '[repository]' => 'Comments' }, (int) 2 => object(App\Model\Entity\Comment) { 'id' => (int) 1049, 'created' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'modified' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'status' => 'ACCEPTED', 'comment' => 'Puisqu'il s'est suicidé. Qu'est-ce qu'il exécrait, le monde ou la vie? ', 'post_id' => (int) 1086, 'user_id' => (int) 1045, 'user' => object(App\Model\Entity\User) {}, '[new]' => false, '[accessible]' => [ [maximum depth reached] ], '[dirty]' => [[maximum depth reached]], '[original]' => [[maximum depth reached]], '[virtual]' => [[maximum depth reached]], '[hasErrors]' => false, '[errors]' => [[maximum depth reached]], '[invalid]' => [[maximum depth reached]], '[repository]' => 'Comments' } ] $author = 'Roland Jaccard, Écrivain' $description = 'Albert Caraco était un homme courtois, approuvant toutes les sottises et se gardant de paraître plus savant ou plus spirituel qu'il ne l'était....' $title = 'Le nihilisme apocalyptique d'Albert Caraco' $crawler = true $connected = null $menu_blocks = [ (int) 0 => object(App\Model\Entity\Block) { 'id' => (int) 56, 'created' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'modified' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'active' => true, 'name' => '#Trends', 'subtitle' => null, 'description' => null, 'color' => null, 'order' => null, 'position' => null, 'type' => 'menu', 'slug' => 'menu_tags', 'extern_url' => null, 'tags' => [ [maximum depth reached] ], 'posts' => [[maximum depth reached]], '[new]' => false, '[accessible]' => [ [maximum depth reached] ], '[dirty]' => [[maximum depth reached]], '[original]' => [[maximum depth reached]], '[virtual]' => [[maximum depth reached]], '[hasErrors]' => false, '[errors]' => [[maximum depth reached]], '[invalid]' => [[maximum depth reached]], '[repository]' => 'Blocks' }, (int) 1 => object(App\Model\Entity\Block) { 'id' => (int) 55, 'created' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'modified' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'active' => true, 'name' => 'Les plus lus cette semaine', 'subtitle' => null, 'description' => null, 'color' => null, 'order' => null, 'position' => null, 'type' => 'menu', 'slug' => 'menu_highlight', 'extern_url' => null, 'tags' => [[maximum depth reached]], 'posts' => [ [maximum depth reached] ], '[new]' => false, '[accessible]' => [ [maximum depth reached] ], '[dirty]' => [[maximum depth reached]], '[original]' => [[maximum depth reached]], '[virtual]' => [[maximum depth reached]], '[hasErrors]' => false, '[errors]' => [[maximum depth reached]], '[invalid]' => [[maximum depth reached]], '[repository]' => 'Blocks' } ] $menu = [ (int) 0 => object(App\Model\Entity\Category) { 'id' => (int) 2, 'created' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'modified' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'name' => 'A vif', 'menu' => true, 'menu_order' => (int) 4, 'description' => 'Lorsque nos auteurs ont envie de réagir sur le vif à un événement, des concerts aux disparitions célèbres, ils confient leurs écrits à la rubrique "A vif", afin que ceux-ci soient publiés dans l’instant.', 'slug' => 'a-vif', 'attachment_id' => '0', 'lft' => null, 'rght' => null, 'parent_id' => null, '[new]' => false, '[accessible]' => [ [maximum depth reached] ], '[dirty]' => [[maximum depth reached]], '[original]' => [[maximum depth reached]], '[virtual]' => [[maximum depth reached]], '[hasErrors]' => false, '[errors]' => [[maximum depth reached]], '[invalid]' => [[maximum depth reached]], '[repository]' => 'Categories' }, (int) 1 => object(App\Model\Entity\Category) { 'id' => (int) 3, 'created' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'modified' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'name' => 'Chronique', 'menu' => true, 'menu_order' => (int) 5, 'description' => '<p>La réputation des chroniqueurs de Bon pour la tête n’est plus à faire: Tout va bien, Le billet du Vaurien, la chronique de JLK, ou encore Migraine et In#actuel, il y en a pour tous les goûts!</p>', 'slug' => 'chroniques', 'attachment_id' => '0', 'lft' => null, 'rght' => null, 'parent_id' => null, '[new]' => false, '[accessible]' => [ [maximum depth reached] ], '[dirty]' => [[maximum depth reached]], '[original]' => [[maximum depth reached]], '[virtual]' => [[maximum depth reached]], '[hasErrors]' => false, '[errors]' => [[maximum depth reached]], '[invalid]' => [[maximum depth reached]], '[repository]' => 'Categories' }, (int) 2 => object(App\Model\Entity\Category) { 'id' => (int) 4, 'created' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'modified' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'name' => 'Lu ailleurs', 'menu' => true, 'menu_order' => (int) 5, 'description' => 'Pourquoi ne pas mettre en avant nos collègues lorsque l'on est sensibles à leur travail? Dans la rubrique « Lu ailleurs » vous trouverez des reprises choisies par la rédaction et remaniées façon BPLT.', 'slug' => 'ailleurs', 'attachment_id' => '0', 'lft' => null, 'rght' => null, 'parent_id' => null, '[new]' => false, '[accessible]' => [ [maximum depth reached] ], '[dirty]' => [[maximum depth reached]], '[original]' => [[maximum depth reached]], '[virtual]' => [[maximum depth reached]], '[hasErrors]' => false, '[errors]' => [[maximum depth reached]], '[invalid]' => [[maximum depth reached]], '[repository]' => 'Categories' }, (int) 3 => object(App\Model\Entity\Category) { 'id' => (int) 5, 'created' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'modified' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'name' => 'Actuel', 'menu' => true, 'menu_order' => (int) 1, 'description' => 'Bon pour la tête n’a pas vocation à être un site d’actualité à proprement parler, car son équipe prend le temps et le recul nécessaire pour réagir à l’information.', 'slug' => 'actuel', 'attachment_id' => '0', 'lft' => null, 'rght' => null, 'parent_id' => null, '[new]' => false, '[accessible]' => [ [maximum depth reached] ], '[dirty]' => [[maximum depth reached]], '[original]' => [[maximum depth reached]], '[virtual]' => [[maximum depth reached]], '[hasErrors]' => false, '[errors]' => [[maximum depth reached]], '[invalid]' => [[maximum depth reached]], '[repository]' => 'Categories' }, (int) 4 => object(App\Model\Entity\Category) { 'id' => (int) 6, 'created' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'modified' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'name' => 'Culture', 'menu' => true, 'menu_order' => (int) 3, 'description' => '', 'slug' => 'culture', 'attachment_id' => '0', 'lft' => null, 'rght' => null, 'parent_id' => null, '[new]' => false, '[accessible]' => [ [maximum depth reached] ], '[dirty]' => [[maximum depth reached]], '[original]' => [[maximum depth reached]], '[virtual]' => [[maximum depth reached]], '[hasErrors]' => false, '[errors]' => [[maximum depth reached]], '[invalid]' => [[maximum depth reached]], '[repository]' => 'Categories' }, (int) 5 => object(App\Model\Entity\Category) { 'id' => (int) 7, 'created' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'modified' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'name' => 'Vos lettres', 'menu' => true, 'menu_order' => (int) 6, 'description' => 'Bon pour la tête donne la parole à ses lecteurs, qu’ils aient envie de partager leur avis, pousser un coup de gueule ou contribuer à la palette diversifiée d’articles publiés. A vous de jouer!', 'slug' => 'vos-lettres-a-bon-pour-la-tete', 'attachment_id' => '0', 'lft' => null, 'rght' => null, 'parent_id' => null, '[new]' => false, '[accessible]' => [ [maximum depth reached] ], '[dirty]' => [[maximum depth reached]], '[original]' => [[maximum depth reached]], '[virtual]' => [[maximum depth reached]], '[hasErrors]' => false, '[errors]' => [[maximum depth reached]], '[invalid]' => [[maximum depth reached]], '[repository]' => 'Categories' }, (int) 6 => object(App\Model\Entity\Category) { 'id' => (int) 8, 'created' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'modified' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'name' => 'Analyse', 'menu' => true, 'menu_order' => (int) 3, 'description' => '', 'slug' => 'analyse', 'attachment_id' => '0', 'lft' => null, 'rght' => null, 'parent_id' => null, '[new]' => false, '[accessible]' => [ [maximum depth reached] ], '[dirty]' => [[maximum depth reached]], '[original]' => [[maximum depth reached]], '[virtual]' => [[maximum depth reached]], '[hasErrors]' => false, '[errors]' => [[maximum depth reached]], '[invalid]' => [[maximum depth reached]], '[repository]' => 'Categories' }, (int) 7 => object(App\Model\Entity\Category) { 'id' => (int) 10, 'created' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'modified' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'name' => 'Science', 'menu' => true, 'menu_order' => null, 'description' => '', 'slug' => 'sciences', 'attachment_id' => '0', 'lft' => (int) 1, 'rght' => (int) 2, 'parent_id' => null, '[new]' => false, '[accessible]' => [ [maximum depth reached] ], '[dirty]' => [[maximum depth reached]], '[original]' => [[maximum depth reached]], '[virtual]' => [[maximum depth reached]], '[hasErrors]' => false, '[errors]' => [[maximum depth reached]], '[invalid]' => [[maximum depth reached]], '[repository]' => 'Categories' }, (int) 8 => object(App\Model\Entity\Category) { 'id' => (int) 11, 'created' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'modified' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'name' => 'Histoire', 'menu' => true, 'menu_order' => null, 'description' => '', 'slug' => 'histoire', 'attachment_id' => '0', 'lft' => (int) 3, 'rght' => (int) 4, 'parent_id' => null, '[new]' => false, '[accessible]' => [ [maximum depth reached] ], '[dirty]' => [[maximum depth reached]], '[original]' => [[maximum depth reached]], '[virtual]' => [[maximum depth reached]], '[hasErrors]' => false, '[errors]' => [[maximum depth reached]], '[invalid]' => [[maximum depth reached]], '[repository]' => 'Categories' }, (int) 9 => object(App\Model\Entity\Category) { 'id' => (int) 12, 'created' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'modified' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'name' => 'Humour', 'menu' => true, 'menu_order' => null, 'description' => '', 'slug' => 'humour', 'attachment_id' => '0', 'lft' => (int) 5, 'rght' => (int) 6, 'parent_id' => null, '[new]' => false, '[accessible]' => [ [maximum depth reached] ], '[dirty]' => [[maximum depth reached]], '[original]' => [[maximum depth reached]], '[virtual]' => [[maximum depth reached]], '[hasErrors]' => false, '[errors]' => [[maximum depth reached]], '[invalid]' => [[maximum depth reached]], '[repository]' => 'Categories' }, (int) 10 => object(App\Model\Entity\Category) { 'id' => (int) 13, 'created' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'modified' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'name' => 'Débat', 'menu' => true, 'menu_order' => null, 'description' => '', 'slug' => 'debat', 'attachment_id' => '0', 'lft' => (int) 7, 'rght' => (int) 8, 'parent_id' => null, '[new]' => false, '[accessible]' => [ [maximum depth reached] ], '[dirty]' => [[maximum depth reached]], '[original]' => [[maximum depth reached]], '[virtual]' => [[maximum depth reached]], '[hasErrors]' => false, '[errors]' => [[maximum depth reached]], '[invalid]' => [[maximum depth reached]], '[repository]' => 'Categories' }, (int) 11 => object(App\Model\Entity\Category) { 'id' => (int) 14, 'created' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'modified' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'name' => 'Opinion', 'menu' => true, 'menu_order' => null, 'description' => '', 'slug' => 'opinion', 'attachment_id' => '0', 'lft' => (int) 9, 'rght' => (int) 10, 'parent_id' => null, '[new]' => false, '[accessible]' => [ [maximum depth reached] ], '[dirty]' => [[maximum depth reached]], '[original]' => [[maximum depth reached]], '[virtual]' => [[maximum depth reached]], '[hasErrors]' => false, '[errors]' => [[maximum depth reached]], '[invalid]' => [[maximum depth reached]], '[repository]' => 'Categories' }, (int) 12 => object(App\Model\Entity\Category) { 'id' => (int) 15, 'created' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'modified' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'name' => 'Reportage', 'menu' => true, 'menu_order' => null, 'description' => '', 'slug' => 'reportage', 'attachment_id' => '0', 'lft' => (int) 11, 'rght' => (int) 12, 'parent_id' => null, '[new]' => false, '[accessible]' => [ [maximum depth reached] ], '[dirty]' => [[maximum depth reached]], '[original]' => [[maximum depth reached]], '[virtual]' => [[maximum depth reached]], '[hasErrors]' => false, '[errors]' => [[maximum depth reached]], '[invalid]' => [[maximum depth reached]], '[repository]' => 'Categories' } ] $tag = object(App\Model\Entity\Tag) { 'id' => (int) 195, 'created' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'modified' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'name' => 'Le billet du vaurien', 'slug' => 'le-billet-du-vaurien', '_joinData' => object(Cake\ORM\Entity) {}, '[new]' => false, '[accessible]' => [ '*' => true, 'id' => false ], '[dirty]' => [], '[original]' => [], '[virtual]' => [], '[hasErrors]' => false, '[errors]' => [], '[invalid]' => [], '[repository]' => 'Tags' }include - APP/Template/Posts/view.ctp, line 147 Cake\View\View::_evaluate() - CORE/src/View/View.php, line 1435 Cake\View\View::_render() - CORE/src/View/View.php, line 1393 Cake\View\View::render() - CORE/src/View/View.php, line 892 Cake\Controller\Controller::render() - CORE/src/Controller/Controller.php, line 791 Cake\Http\ActionDispatcher::_invoke() - CORE/src/Http/ActionDispatcher.php, line 126 Cake\Http\ActionDispatcher::dispatch() - CORE/src/Http/ActionDispatcher.php, line 94 Cake\Http\BaseApplication::__invoke() - CORE/src/Http/BaseApplication.php, line 256 Cake\Http\Runner::__invoke() - CORE/src/Http/Runner.php, line 65 App\Middleware\IpMatchMiddleware::__invoke() - APP/Middleware/IpMatchMiddleware.php, line 28 Cake\Http\Runner::__invoke() - CORE/src/Http/Runner.php, line 65 Cake\Routing\Middleware\RoutingMiddleware::__invoke() - CORE/src/Routing/Middleware/RoutingMiddleware.php, line 164 Cake\Http\Runner::__invoke() - CORE/src/Http/Runner.php, line 65 Cors\Routing\Middleware\CorsMiddleware::__invoke() - ROOT/vendor/ozee31/cakephp-cors/src/Routing/Middleware/CorsMiddleware.php, line 32 Cake\Http\Runner::__invoke() - CORE/src/Http/Runner.php, line 65 Cake\Routing\Middleware\AssetMiddleware::__invoke() - CORE/src/Routing/Middleware/AssetMiddleware.php, line 88 Cake\Http\Runner::__invoke() - CORE/src/Http/Runner.php, line 65
Warning: file_put_contents(/data01/sites/bonpourlatete.com/dev/bonpourlatete.com/logs/debug.log) [function.file-put-contents]: failed to open stream: Permission denied in /data01/sites/bonpourlatete.com/dev/bonpourlatete.com/vendor/cakephp/cakephp/src/Log/Engine/FileLog.php on line 133
VOS RÉACTIONS SUR LE SUJET
3 Commentaires
@contat 26.06.2018 | 12h05
«Étonnant éloge. Bien écrit. Ce qui aggrave le cas. »
@Gio 26.06.2018 | 17h03
«Magnifique article, intense, que de thèmes soulevés ! Caraco, visionnaire mal-aimé, mal compris. On fait difficilement confiance à ceux qui ont raison, l’idéalisme nous rend aveugle.»
@Fandeski 05.08.2018 | 11h27
«Puisqu'il s'est suicidé. Qu'est-ce qu'il exécrait, le monde ou la vie? »