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Chronique

Chronique / Interdits alimentaires, saison 2

Anna Lietti

3 septembre 2018

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Non, le sérieux n'est pas toujours là où l'on croit. Cette chronique d'Anna Lietti paraît tous les mois dans 24heures. Excepté le dessin de Pascal Parrone, en exclusivité pour Bon pour la tête.



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Ma grand-mère s’abstenait de viande le vendredi, et même de bouillon cube, ce qui faisait rigoler mon père – «Il faut avoir la foi pour croire qu’il y a de la viande là-dedans!». J’ai grandi dans l’idée que les interdits alimentaires étaient un archaïsme en voie de disparition accélérée.

Le 21ème siècle est bien entamé et que vois-je? Le jeûne est furieusement tendance, la viande frappée de suspicion et chaque jour qui passe voit naître une prescription, un régime, un tabou nouveaux en matière de nourriture. Le 23 septembre, si l’on en croit les sondages, s’ajoutera à cet arsenal un morceau de choix: la définition, gravée dans la Constitution suisse, de ce qu’est un aliment licite ou illicite. Licite: ce qui est «sûr» et «de bonne qualité» selon les normes helvétiques. Illicite: ce qui, venu de l’étranger, ne se plie pas à notre définition de la qualité. J’ai envie de paraphraser mon père: il faut avoir la foi en son gouvernement pour croire que lui seul détient la vérité. 

Vous allez dire que je mélange tout. Que les nouveaux interdits alimentaires ne sont pas religieux mais désirés par des citoyens soucieux de santé et d’écologie. Je vous répondrai, après lecture d’un excellent article de l’historien Claude Prudhomme*, que ce n’est pas si simple.  

En matière d’interdits alimentaires, les hommes ont toujours surenchéri sur les textes sacrés. C’est vrai dans les sociétés juives et musulmanes, ça l’est encore plus chez les chrétiens puisque le Nouveau Testament rejette les tabous alimentaires. Tout se passe, écrit l’historien, comme si, au-delà du religieux, «l’existence d’interdits alimentaires était vitale». Et comme si, dans nos sociétés de moins en moins religieuses, la prolifération du discours normatif venait «remplir un vide devenu source d’angoisse.»

Nous voilà donc, tout laïcs que nous sommes, irrésistiblement tentés de tracer notre limite entre aliments purs et impurs, sains et malsains, licites et illicites («hallal»/«haram»), convenables (casher) ou pas. Les anthropologues disent qu’il n’y a pas plus puissant moyen de produire de la communauté.

Petit problème: tant que la communauté reste repliée sur elle-même, tout va bien. Mais lorsque les interdits alimentaires s’entrechoquent, la marmite émotionnelle atteint vite des températures explosives. Pour sauver la convivialité dans un monde d’échanges, un peu moins de foi ne nuirait pas.


«Interdits alimentaires, religions, convivialité», Histoire, Monde&Cultures religieuses, oct 2016

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VOS RÉACTIONS SUR LE SUJET

2 Commentaires

@Jackie 04.09.2018 | 10h07

«"Licite: ce qui est «sûr» et «de bonne qualité» selon les normes helvétiques. Illicite: ce qui, venu de l’étranger, ne se plie pas à notre définition de la qualité." Non, les prochaines votations ne porteront pas sur la légalité ou non des produits selon leur provenance, ni même vraiment leur qualité. Ce qui est proposé c’est d’agir, à notre minuscule échelle, sur le mode de production alimentaire à l’étranger. Si l’élevage de poulet en batterie ou l’utilisation d’hormones de croissance dans le bétail sont interdits depuis longtemps en Suisse, il est logique d’interdire l’importation de viande élevée selon des normes illégales chez nous. Ce n’est pas seulement une question de qualité du produit mais de respect de nos valeurs.»


@Kesako 04.09.2018 | 19h57

«C'est vrai ça, "y'en a point comme nous"! Une question de foi, comme le dit si bien l'auteur de cet article. Notre pauvre constitution est en passe de devenir un véritable fous-y-tout. »


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