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Chronique / Gazettes, piscines et nymphettes


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À quinze ans, j'ai réussi un exploit : publier dans «La Gazette de Lausanne» un article sur le bouddhisme. J'aurais pu mourir ensuite. Mais je voulais épater les filles à la piscine Montchoisi. Et, tout en considérant que la vie n'est pas une solution, j'avais compris que la mort n'en est pas une non plus....et d'ailleurs qu'il n'y a pas de solution. J'ai donc persévéré dans la même voie.



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Cet exploit, je le dois à François Gross qui était alors un jeune secrétaire de rédaction : il m'avait encouragé, tout en corrigeant mes maladresses. Je précise qu'il n'était pas pédophile et que les rédacteurs de La Gazette de Lausanne m'en imposaient par leur professionnalisme et leur talent. J'ai retrouvé la même ambiance feutrée et incorruptible dix ans plus tard au Monde. Est-il bien nécessaire  de préciser que le déclin de la presse, comme celui de l'édition, a été un interminable chemin de croix au terme duquel la plupart des journaux n'ont pas survécu ou alors dans un état si misérable que la décence nous incite à un silence navré ? Le naufrage de la piscine Deligny nous confirma dans la certitude que l'heure de fermeture avait sonné dans les jardins de l'Occident.

Mais revenons à Lausanne dans les années cinquante. La presse y a connu un âge d'or. Jules Humbert-Droz, l'Oeil de Moscou, officiait dans Le Peuple . La Nouvelle Revue de Lausanne, qui n'était pas une revue, mais le quotidien du parti radical, avait réuni une impressionnante brochette de talents : le poète Crisinel, Philippe Jacottet, Freddy Buache ( je lui dois tant, merci Freddy ... ) et Samuel Chevallier qui était un ami de mon père. Je croisais à l'avenue Tissot où nous vivions, le chroniqueur judiciaire André Marcel. Il avait une pipe et une compagne qui avait résolu de ne jamais vieillir. Je me disais que moi aussi j'empêcherais les nymphettes de se métamorphoser en matrones. Quant à Samuel Chevallier, le Sacha Guitry vaudois, il fixait à chacun de ses mariages une durée limitée. Cinq ans au maximum. Il était en avance sur l'ami Beigbeder.

La Gazette de Lausanne, elle, jouissait d'un prestige international et son supplément littéraire, dirigé par Frank Jotterand, ne le cédait en rien à Arts, Lettres et Spectacles, aux Lettres Françaises ou aux Nouvelles Littéraires. On  ne pouvait rêver meilleure invitation  à la littérature, au cinéma ou au théâtre qui était une des passions de Frank Jotterand. Et, pour l'adolescent que j'étais, rien ne comptait vraiment pour moi en dehors de la piscine et de la presse. J'exagère un peu: il y avait aussi les filles, surtout les étrangères, et il m'arrivait de leur offrir un abonnement à La Gazette de Lausanne à la fin de l'été, persuadé qu'elles ne m'oublieraient jamais si elles me lisaient. Ma présomption était sans limite....et j'ai bien peur qu'elle ne le soit restée.

Quant à mon père, sans jamais me dire un mot sur la valeur de ce que j'écrivais, j'apprenais par ma mère qu'il achetait une vingtaine d'exemplaires de la La Gazette de Lausanne quand ma signature y figurait, et qu'il les glissait subrepticement dans la boîte à lettres de ses amis. Nous nous parlions d'autant moins qu'il mettait un point d'honneur à être plus snob encore qu'un Anglais. Il pensait d'ailleurs que c'était là l'idéal auquel devaient tendre tous les Lausannois. Frank Jotterand y est parvenu avec La Gazette Littéraire. Cet exploit ( véritable, cette fois ) m'indiquait  le chemin à suivre. J'espère n'avoir pas démérité.

P.S. François Gross qui m'a introduit à La Gazette de Lausanne, alors que je n'avais même pas seize ans, m'a envoyé ce mot après avoir lu un article de Frédéric Pagès dans Le Canard Enchaîné sur Ma Vie et autres trahisons, qui m'a rappelé mes débuts dans le journalisme :

«À la fin des années cinquante, un adolescent bien de sa personne est venu un dimanche soir dans les bureaux de La Gazette de Lausanne. Un «dimanche sans voitures» – crise pétrolière le voulant – lui avait inspiré un billet que le rédacteur de service à la locale publia aussitôt. Il fut, le lendemain, engueulé par son patron, étonné de trouver dans la partie rédactionnelle  de «son» journal la contribution signée d'un inconnu. Il fut même soupçonné d'avoir été sensible au charme de ce jeune homme qui n'en manquait pas. Cela vous rappelle-t-il quelque chose ? Bien à vous, François Gross.»



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