Actuel / Un Allemand à la tête de l’Europe? Non merci!
Etrange : les Européens vont élire dimanche leur Parlement. Et personne, dans les débats, n’aborde une question sensible: qui prendra la tête de la Commission européenne? Le président qui succèdera à Jean-Claude Juncker sera pourtant élu par cette assemblée. Un candidat paraît favori si la droite classique (le PPE) reste le groupe le plus important: Manfred Weber (47 ans), un obscur député européen Bavarois, sans expérience de gouvernement, qui parle tout juste l’anglais, mais habile politicien local, tout en rondeur. Il est tête de liste de la CDU/CSU allemande. S’il est choisi, l’image d’une «Europe allemande» blessera la sensibilité de plusieurs peuples. A éviter!
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Comme si la fin de l’escalade belliqueuse ne permettait pas d’espérer au contraire une amorce de détente et d’accord avec la Russie propice à toutes les parties.</span></p> <p><span>Voir émerger de très jeunes dirigeants est réjouissant à l’heure où tant de vieux, de très vieux Présidents s’accrochent sans fin au pouvoir. Quel plaisir ainsi d’entendre le jeune chef d’Etat du Chili, Gabriel Boric (38 ans), réinventer la gauche latino-américaine en la débarrassant de ses scories idéologiques. Mais il émerge aussi des freluquets. Sans expérience de vie, sans profondeur, sans réel parcours démocratique. Brûlant d’abord et avant tout d’ambition politicienne. </span><span>Dans la catégorie des poids légers français, il y en a un qui fait plutôt pitié. L’ex-conjoint de Gabriel Attal, Stéphane Séjourné (38 ans), promis au rang de ministre de l’Europe et des Affaires étrangères. A l’oral le malheureux multiplie les fautes grossières de français. 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Ses avions livrent à Tsahal, jour après jour, munitions et bombes qui maintiennent le feu, et d’autres larguent des aliments sur la population affamée. Aberration historique. Mais tout indique que tôt ou tard, après des mois de conflit violent, les combattants du Hamas seront vaincus, même si son idéologie, ses antennes politiques survivront. Israël est déterminé à contrôler dans l’avenir ce champ de ruines. Alors que faire des Palestiniens devenus indésirables chez eux? Sans le dire trop haut, plusieurs puissances, les Etats-Unis, la plupart des Etats du Golfe, d’entente avec les Israéliens, font pression sur l’Egypte pour qu’elle accepte la construction d’un immense camp dans le Sinaï pour accueillir les déplacés. Son emplacement est déjà balisé. Il est prévu l’accueil de 500’000 personnes… dans un premier temps. Une pluie de milliards lui est promise. Pour que ce refuge promis à durer soit décent, avec constructions en dur, écoles, hôpitaux… et aussi pour convaincre Abdel Fatah El-Sissi, un président déchiré entre son refus viscéral de voir cet afflux palestinien et le souci de ne pas fâcher ses alliés dont il a un besoin absolu pour faire face au gouffre astronomique des finances publiques. Ce projet de nouvel exil pour les Gazaouis verra-t-il le jour? Cela dépendra du calendrier de l’offensive, de ce qui se passera au niveau du pouvoir à Jérusalem et à Washington. Quant aux pays arabes, malgré leurs discours de solidarité, ils feront tout pour éviter que ces Palestiniens, politisés, pour une part «Frères musulmans» honnis dans la région, pas tous sunnites, souvent bien formés et turbulents, ne débarquent pas chez eux.</span></p> <p><span>Et qu’adviendra-t-il des habitants de Cisjordanie? La colonisation juive s’accélère avec son chapelet de violences. Le gouvernement israélien vient d’annoncer 3'500 logements nouveaux pour les colons dans la zone. Et 18’000 autorisations de construire ont été accordées par les ministres ultra-nationalistes, principalement à Maale Adoumim, à côté de Jérusalem. Dans la partie est de la ville les expulsions de non-Juifs, à coups de tracas administratifs ou d’actes violents, se multiplient. Où iront les Palestiniens pourchassés? Nul ne le sait. Personne n’a le moindre plan crédible, une fois tournée la page de la solution à deux Etats que tant de gouvernements brandissent… sans y croire, au vu de l’interpénétration des communautés antagonistes. En attendant un pays tremble particulièrement, la Jordanie. Pourra-t-elle garder longtemps sa frontière fermée à ces si proches voisins en quête d’issue?</span></p> <p><span>L’avenir se joue aussi du côté de l’Iran. Un fait étonnant est en train d’émerger loin des titres d’actualité. Cette puissance est en train de s’entendre secrètement avec sa grande rivale américaine. Un signe a été donné en septembre passé. Washington a rendu 4 milliards de dollars appartenant aux Iraniens et bloqués dans une banque sud-coréenne au nom des sanctions. En échange de la libération de cinq prisonniers américains retenus à Téhéran. En novembre passé, le quotidien koweitien <em>Al Jarida</em> révélait qu’une «réunion secrète a eu lieu à Genève pour chercher les moyens d’éviter un glissement vers une guerre totale» au Moyen-Orient. Selon plusieurs sources libanaises, des contacts ont été noués aussi à Beyrouth où les diplomates américains parlent au Hezbollah, l’antenne iranienne, qui d’ailleurs veille à ne pas se montrer trop agressif contre Israël. Des coups d’épingles mais rien qui donnerait prétexte à un nouvel envahissement du petit pays aux Cèdres, à un élargissement de la guerre qui ne conviendrait guère à Joe Biden et pas davantage, semble-t-il, aux mollahs de Téhéran. Ceux-ci pour leur part entretiennent la tension notamment à travers leur appui aux Houthis du Yémen mais là aussi veillant à ne pas aller trop loin. </span></p> <p><span>Ce dialogue contre-nature a également lieu en Irak, où les Américains restent présents, en contact avec les chiites, d’ailleurs pas tous liés à l’Iran, cela sur un fond politique fort compliqué et inflammable. </span></p> <p><span>Que l’embrasement général de tout le Moyen-Orient paraisse ainsi évité pour le moment est plutôt rassurant. Mais la nouvelle a de quoi inquiéter les Palestiniens. Malgré la reconnaissance de leur cause qui s’étend à travers le monde, malgré les protestations internationales contre le désastre humanitaire à Gaza, malgré les manifestations, les indignations que suscite la tragédie, ce peuple dépossédé, occupé, martyrisé, ne voit plus guère, dans les faits, qui pourra l’aider, demain, à retrouver sa dignité. </span></p> <p><span>Un peuple qui en réalité pourrait se trouver rejeté par tous, violemment par les uns, discrètement par les autres. </span></p> <p><span> Des deux côtés du drame, chez les Israéliens et les Palestiniens, les plaies du passé restent purulentes. Celles du présent, celles encore à venir, le seront aussi longtemps. Nul ne peut esquisser l’avenir. Mais il est sûr que dans les mois et les années qui viennent, les accès violents de fièvre n’en finiront pas.</span></p>', 'content_edition' => 'Rien ne paraît pouvoir arrêter l’offensive israélienne sur la bande de Gaza, en dépit de la tragédie innommable qu’elle provoque. 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Pour que ce refuge promis à durer soit décent, avec constructions en dur, écoles, hôpitaux… et aussi pour convaincre Abdel Fatah El-Sissi, un président déchiré entre son refus viscéral de voir cet afflux palestinien et le souci de ne pas fâcher ses alliés dont il a un besoin absolu pour faire face au gouffre astronomique des finances publiques. 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Manfred Weber. © Wikimedia Commons
C’est un fait: l’Allemagne pèse lourd dans la marche de l’UE. Par sa force économique – bien que celle-ci semble s’essouffler –, par le déséquilibre des échanges en sa faveur. Et surtout par sa présence dans les rouages de la machine bruxelloise. Les fonctionnaires allemands y sont nombreux, efficaces, et occupent quelques-uns des postes-clés de l’administration. La présidence en plus? Ce serait bien trop. Quelques voix s’élèvent contre un tel choix en Pologne, en Italie, en Hongrie mais le débat ne s’impose pas. La décision relèvera pourtant de l’importance de chacun des grands groupes.
Michel Barnier. © Wikimedia Commons
L’usage veut que le président de la Commission soit la tête de liste du parti, au sein de sa famille européenne, ayant recueilli le plus de voix. En allemand: le Spitzenkandidat. Absurde. L’origine et la compétence devraient être les critères. Même la chancelière allemande qui soutient pourtant Weber a admis que là, quelque chose cloche. Mais rien n’est joué. Emmanuel Macron boude. Il cherche à placer un candidat non déclaré, le négociateur du Brexit, Michel Barnier, l’austère Savoyard qui connaît parfaitement la machine. Viktor Orban, que le Bavarois a pourtant tenté de courtiser, est vent debout contre cette nomination. Le gouvernement polonais aussi, pour des raisons historiques compréhensibles.
Frans Timmermans (à droite). © Wikimedia Commons
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Margrethe Vestager. © Wikimedia Commons
Certes, le pouvoir de la Commission est relatif. Celui du Conseil des chefs d'Etat est plus grand. Mais dans l'application des décisions, Bruxelles mène le bal. Et la figure du président est emblématique. Pour le meilleur et le pire. On a vu l'effet désastreux sur l'opinion des images d'un Jean-Claude Juncker titubant, toujours à tripoter ses interlocuteurs et surtout ses interlocutrices.
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Comme si la fin de l’escalade belliqueuse ne permettait pas d’espérer au contraire une amorce de détente et d’accord avec la Russie propice à toutes les parties.</span></p> <p><span>Voir émerger de très jeunes dirigeants est réjouissant à l’heure où tant de vieux, de très vieux Présidents s’accrochent sans fin au pouvoir. Quel plaisir ainsi d’entendre le jeune chef d’Etat du Chili, Gabriel Boric (38 ans), réinventer la gauche latino-américaine en la débarrassant de ses scories idéologiques. Mais il émerge aussi des freluquets. Sans expérience de vie, sans profondeur, sans réel parcours démocratique. Brûlant d’abord et avant tout d’ambition politicienne. </span><span>Dans la catégorie des poids légers français, il y en a un qui fait plutôt pitié. L’ex-conjoint de Gabriel Attal, Stéphane Séjourné (38 ans), promis au rang de ministre de l’Europe et des Affaires étrangères. A l’oral le malheureux multiplie les fautes grossières de français. 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Rester à l’est et au sud du pays conquis sans doute, mais ils ne pourront pas, au cas où ils le souhaiteraient, ce qui n’est pas sûr, mettre les pieds à Kiev et dans l’ouest, fief du nationalisme ukrainien, porteur d’un tout autre héritage historique. </span></p> <p><span>Il y a des guerres qui finissent par la défaite totale d’un camp. Comme celle du Reich en 1945. Or les Occidentaux, s’ils souhaitent affaiblir la Russie, ne rêvent pas de planter leur drapeau sur le Kremlin. Quant à Poutine, plus réaliste que ne le décrivent les diatribes, il n’a nulle intention de s’en prendre aux pays de l’OTAN. Il n’en aurait d’ailleurs pas les moyens. Ni humains ni matériels. Sans parler des risques de déflagrations nucléaires.</span></p> <p><span>Gagner ou perdre, s’enfermer dans cette logique est un piège pour les uns et les autres. On n’est pas dans une compétition sportive. Et même là, on connaît des matchs nuls. </span></p> <p><span>Chacun sait que lorsque l’écrasement total d’un camp n’est pas envisageable, toute guerre finit par un accord. Même boiteux. Ce peut être un simple arrêt des hostilités, une ligne de démarcation sans réel plan de paix, comme entre la Corée du sud et du nord. Ou comme le gel des hostilités, d’ailleurs tout aussi frustrant et aléatoire, dans l’ex-Yougoslavie. Tout est cependant préférable à la poursuite sans fin des combats sur une ligne de front qui bouge à peine. </span></p> <p><span>C’est aux Ukrainiens de décider, entend-on. Oui et non. Car au plan militaire ils dépendent entièrement des soutiens extérieurs. Terriblement coûteux à maints égards pour les Européens. Dont les signes de lassitude se multiplient malgré les grands discours. Les Américains s’en tirant mieux grâce au boom de l’industrie des armements, tirant profit notamment de l’approvisionnement énergétique du Vieux Continent. Et puis ils se trouvent fort loin de cette malheureuse Ukraine, même s’ils y tirent les ficelles depuis 2014. Comme le confirme une retentissante enquête du <em>New York Times</em> qui décrit l’implantation depuis cette date de nombreux centres sophistiqués de la CIA à la frontière de la Russie mise ainsi sous étroit contrôle. Qui peut s’étonner qu’elle se soit vue menacée?</span></p> <p><span>Autre constat étonnant: la discrétion de l’ONU. Elle est certes paralysée au Conseil de sécurité par le droit de veto. Mais ses voix fortes, ses agences humanitaires s’expriment peu, à la différence du conflit au Moyen-Orient. Or la souffrance des Ukrainiens est immense à tant d’égards. Celle des hommes russes envoyés au combat et celle de leurs familles l’est aussi. Les journalistes sur le terrain en parlent. Pas les Onusiens. Ce serait un comble que pour eux aussi le mot paix soit devenu tabou. </span></p> <p><span>Qui prendra le relais et préparera le terrain pour de sérieuses négociations, inévitables tôt ou tard? La Suisse s’y est bien mal prise, alignée les yeux fermés sur l’un des camps. L’Europe? On a vu qu’elle est à côté de la plaque. La Chine, sympathisante de la Russie mais qui ose demander la fin du conflit? Ah non… Elle est le pôle désigné par les Etats-Unis pour l’autre à venir, pour la grande guerre froide. Ou chaude. </span></p>', 'content_edition' => 'La réunion de l’Elysée du 26 février n’était pas banale. Dix-huit représentants européens de haut niveau autour de la table. Hors du cadre de l’OTAN et de l’Union européenne. Sans même Ursula van der Leyen d’ordinaire omniprésente. Et voilà que le président français affirme que l’envoi de troupes en Ukraine n'est «pas exclu». Dès le lendemain tous les hôtes, que l’on imagine assez fâchés, s’inscrivent en faux contre cette audacieuse hypothèse. 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VOS RÉACTIONS SUR LE SUJET
2 Commentaires
@Lagom 23.05.2019 | 08h30
«ça serait une chance pour l'UE d'avoir à la tête de sa commission la danoise ! La dispute potentielle entre l'Allemagne et la France pourrait favoriser le bon choix.»
@Bournoud 28.05.2019 | 15h29
«Il est certes plus facile, maintenant que les résultats des élections sont connus pour prendre position. Mais je pense qu'au vu de ce que l'on sait, la nomination de Mme Vestager serait une excellente décision. Cette nomination donnerait une meilleure image de cette commission, tant décriée (à tors)! D'autre part, il me semble que cette dame fait partie d'un parti centriste, ce qui me paraît être un atout pour gérer les affaires dans un espace passablement polarisé.»