Actuel / Monde arabe: les racines du mal

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En marge de la parution du livre «Monde arabe: les racines du mal», le week-end dernier au salon du livre de Beyrouth, le «HuffPost Tunisie» a interrogé son auteur Bachir El Khoury, journaliste et ancien responsable du service économique au journal «L'Orient le jour» sur ces maux qui traversent aujourd'hui le monde arabe mais également la Tunisie. Sans langue de bois, l'auteur fait un diagnostic de la situation dans la région qui s'étend du Maghreb au Golfe mais présente aussi ses solutions. Interview.
Yassine Bellamine, HuffPost Tunisie
Vous venez de publier votre livre «Monde arabe: Les racines du mal». Où selon vous les maux traversant le monde arabe puisent-ils leurs racines?
Les vrais maux du monde arabe résident dans l’absence, dans cette partie du monde, d’un développement réel – au sens large du terme – depuis au moins un demi-siècle. Nous en payons le «prix» depuis 2010 sous différentes déclinaisons. Le monde arabe se dirigeait inéluctablement vers ce point de rupture et cette implosion aux divers éclats. C’est ce que j’essaie d’élucider, chiffres à l’appui, dans l’ouvrage. Le développement est un long processus ou cheminement qui devait commencer il y a très longtemps mais qui n’a jamais eu lieu dans cette région. Cela concerne aussi bien la dimension politique que celles liées à l’économie, à la société et à l’environnement.
Comment cela s’est manifesté?
Sur le plan politique, l’absence d’un système de gouvernance participatif, ainsi que les pratiques de terreur et d’oppression utilisées par des régimes basés sur le règne d’un homme, d’une famille ou d’un parti unique ont étouffé le désir de liberté intrinsèque à la nature humaine et exacerbé le sentiment d’injustice et d’exclusion.
Quant à la dimension économique, le monde arabe souffre depuis des années d’un chômage très élevé face à des économies improductives et incapables d’absorber une population de plus en plus nombreuse et jeune. Ce décalage entre deux fonctions, l’une exponentielle, l’autre constante, n’a cessé de croître jusqu’à devenir insoutenable. La population arabe a, en effet, quadruplé au cours des cinq dernières décennies, passant de 90 millions d’habitants en 1960 à plus de 400 millions l’an dernier tandis que l’infrastructure économique n’a quasiment pas changé d’un iota.
Ces réalités démographiques, couplées à l’arrivée des femmes sur le marché du travail dans certains pays, ont considérablement augmenté l’offre, face une structure rentière ou semi-rentière incapable de satisfaire des besoins croissants sur le marché. A titre illustratif, la population active arabe a augmenté trois fois plus que dans le reste des régions émergentes, entre 1996 et 2006. Conséquence majeure de cette réalité – à laquelle de nombreux dirigeants arabes sont restés totalement sourds ou indifférents –, le chômage des jeunes a atteint des pics mondiaux au cours de la décennie ayant précédé les soulèvements populaires, à 30% en moyenne à l’échelle régionale. Dans certains pays, comme la Libye, celui-ci culminait même à 49%.
A ce fléau, accentué par le nombre croissant d’étudiants en cycle supérieur – ils sont plus de 400’000 diplômés chaque année à investir le marché du travail en Égypte, 150'000 en Algérie et près de 60’000 en Tunisie et au Maroc – s’est greffée ce que je qualifie dans mon essai de «trinité fatale»: inégalités, pauvreté et insécurité alimentaire. A partir des années 1990, les disparités se sont, en effet, creusées davantage dans le monde arabe, sous l’effet, entre autres, de l’absence d’un système de redistribution équitable – lequel découle, dans certains pays, de l’inexistence même d’un dispositif fiscal, au vu de la structure rentière – ainsi qu’aux réformes néolibérales dictées par le FMI. Celles-ci ont profité davantage au cercle du pouvoir ainsi qu’aux détenteurs de capitaux, au profit des travailleurs. L’indice de Gini dans les zones urbaines d’Égypte a ainsi progressé de 34% en 1991 à 37,5% en 2005.
En parallèle, la dépendance alimentaire a sévi durant cette période. Dans le cadre des politiques d’infitah (ouverture) et de réformes dictées par les institutions de Bretton Woods, dont la contre réforme agraire, de nombreux pays de la région ont, en effet, abandonné les secteurs industriels et agricoles, alors que le Moyen-Orient et l’Afrique du Nord souffrent déjà d’un faible potentiel agricole. En Egypte par exemple, la part de l’agriculture dans le PIB a chuté de 31% en 1972 à 13% en 2008. Il en a résulté une dépendance accrue aux importations, ainsi qu’aux fluctuations des prix à l’international. Avec l’hyperinflation des années 2000, cette dépendance pathologique est devenue excessivement coûteuse aussi bien pour la société que pour les régimes en place. Conséquence: déficits publics croissants tandis que des millions de ménages ont basculé en quelques années, voire en quelques mois, sous le seuil de pauvreté. En Égypte, près de 72% de la population vivait avec moins de 4 dollars par jour en 2008. L’insécurité alimentaire a été aggravée par le phénomène de désertification et de stress hydrique, en l’absence de toute politique de prévention…
Dernière racine transversale du mal arabe: la corruption rampante. 84% des pays arabes sont considérés comme «hautement corrompus» par l’ONG Transparency International. Selon la Arab Anti-Corruption Organization, près de 1000 milliards de dollars – soit le tiers des revenus arabes cumulés – ont été «salis» par de multiples formes de corruption au cours de la deuxième moitié du XXe siècle.
D’ailleurs, peut-on selon vous parler d’un monde arabe, n’existe-t-il pas des mondes arabes?
Il existe des caractéristiques communes à l’ensemble des pays arabes, du Maghreb au Golfe en passant par le Mashrek (l'Orient arabe, bplt): une structure économique rentière ou semi-rentière totalement inadaptée aux réalités démographiques et celle de la population active. Il faut savoir que la rente ne concerne pas uniquement le pétrole et le gaz. Il existe également des formes non-conventionnelles comme le tourisme, les transferts d’émigrés ou encore l’exploitation de sites stratégiques, comme le Canal de Suez. C’est le cas notamment de la Jordanie, où les transferts des expatriés pèsent à hauteur de 13% du PIB, contre 15 à 20% au Liban, pénalisant dans une large mesure l’entrain pour une croissance endogène basée sur la spécialisation industrielle, l’innovation et la productivité – seule garante d’un niveau d’emploi pérenne.
En parallèle, le chômage et le faible taux de participation à la population active n’épargnent désormais aucun pays. Même les riches monarchies pétrolières sont désormais menacées par ce phénomène.
Quant aux inégalités et à la pauvreté, elles sont également marquées dans la plupart des pays, y compris dans le Golfe. En Arabie saoudite, quelque 3 millions de personnes vivaient sous le seuil de pauvreté à la veille du printemps arabe, soit près de 22% de la population.
Cela dit, il existe, certes, des différences entre les divers pays ou groupes de pays de la région: il y a les exportateurs et importateurs de pétrole, les pays plus ou moins riches en eau et ceux totalement désertiques, mais aussi ceux dont les régimes économiques sont libéraux, sociaux de marché, ou autarciques. Au niveau de la révolution technologique, la fracture est, quant à elle, importante entre les pays du Golfe et ceux du Mashrek ou du Maghreb, etc.
Mais c’est justement cette fragmentation du monde arabe en plusieurs «mondes» distincts, voire méfiants les uns envers les autres, qui constitue une autre racine du malaise arabe et de sa pérennité; seule la création d’un bloc économique à terme permettra, en effet, de relever les nombreux défis développementaux de la région, surtout si celle-ci est construite dans un esprit de respect mutuel et de réelle coopération basée sur le principe de l’avantage comparatif. Le Soudan et le Liban sont, par exemple, riches en eau et en terres arables. Quant aux 11 pays pétroliers, parmi les 22 de la ligue arabe, ils concentrent 55% des réserves pétrolières mondiales. D’autres pays sont riches en matières de capital humain ou d’histoire et de sites touristiques et naturels, etc. Mettre en commun toutes ces ressources ne peut être qu’à l’avantage de l’ensemble de la région.
Mais pour que ce projet se concrétise, il faut une prise de conscience collective, sur le plan arabe, de la nécessité de mettre fin aux cycles récurrents de violence et de guerres intestines et des vertus d’un projet panarabe constructif. Il faut également et surtout que s’estompe le cycle interminable d’interventions étrangères qui visent depuis les accords de Sykes-Picot1 et la déclaration de Balfour2 ou même depuis l’empire ottoman, à morceler la région et son unité, l’amputer ou la diluer. Enfin, il faudra aussi des personnalités ou des leaders visionnaires, désormais totalement absents ou absentés, à l’instar de Robert Shuman, Jean Monnet et Konrad Adenauer…
Dans votre livre vous revenez entre autres sur différentes causes économiques de ce malaise, avec notamment des racines socioéconomiques communes au despotisme, aux soulèvements populaires ainsi qu’à l’islamisme. Comment l’expliquez-vous?
Je vous donne deux exemples illustratifs. La manne pétrolière et l’absence de diversification économiques. Celles-ci ont renforcé la minorité au pouvoir, tandis que la majorité s’est retrouvée exclue et donc acculée à choisir entre l’exil, la révolte, ou l’adhésion à des groupes extrémistes. Idem pour les réformes néolibérales; en Égypte, la politique de l’infitah (ouverture économique) s’est accompagnée d’une montée du pouvoir économique de l’armée, qui contrôlait à la veille de la «Révolution du 25 janvier» le tiers de l’économie égyptienne, ainsi que d’une augmentation sensible du nombre d’entrepreneurs au sein de l’Assemblée nationale, à 83 membres en 2005, contre 37 en 1995, pour la plupart membres du parti de Hosni Moubarak. Ainsi, lorsque plus de 300 usines et entreprises publiques ont été privatisées au début des années 1990, les avoirs de l’armée sont restés intacts. Ce scénario s’est reproduit entre 2004 et 2011, tandis que les hauts gradés de l’armée ont été placés dans des postes-clés au sein de ces sociétés ou usines privatisées. Quant aux dizaines de milliers d’employés licenciés, suite à ces vagues de privatisation, ou d’autres victimes des réformes imposées par le FMI, ils se sont retrouvés au chômage ou sur le marché noir, et ont ainsi rejoint des mouvements protestataires civils ou des organisations et associations comme celle des Salafistes et des Frères musulmans…
Vous dites que le printemps arabe se transforme en hiver, avec pour chaque pays ses propres démons, comment aujourd’hui ces pays et le monde arabe en général peuvent-ils en sortir?
Le monde arabe n’en sortira pas de sitôt. L’hiver est un passage obligé dans la succession des saisons. Le vrai printemps succédera à la période actuelle. Mais pour que l’hiver ne soit pas très long et dur, une prise de conscience et une action efficace s’imposent, aussi bien sur le plan local qu’au niveau des puissances étrangères et institutions internationales concernées par la chose arabe. Dans un premier temps, il faudra surtout mettre fin aux conflits qui ravagent la région, de la Syrie, au Yémen, en passant par la Libye et l’Irak. En parallèle, un vaste chantier de réformes économiques doit être mis en place, axée prioritairement sur une transition vers des économies post-rentières et la création massive d’emplois pour endiguer le phénomène de chômage parmi les jeunes.
«Le printemps arabe est peut-être mort aujourd’hui. Mais il peut encore être ressuscité» et cela passe nécessairement selon vous par «un printemps arabe socioéconomique». Pensez-vous qu’aujourd’hui, que les hommes politiques, autant que les citoyens du monde arabe et de Tunisie, ont suffisamment de maturité et de prise de conscience pour le mettre en mouvement?
Il y a ceux qui n’ont pas conscience de ces problèmes ou se sentent simplement impuissants face à leur ampleur, notamment parmi les citoyens et les «victimes» de la triple exclusion politique, économique et sociale, y compris ceux qui se sont enrôlés dans des partis extrémistes. Il y a ceux qui en sont conscients, notamment les personnes au pouvoir, qui profitent néanmoins d’un système de privilèges et ne sont donc pas facilement prêts à y renoncer, même si le séisme des révoltes populaires et de la montée des mouvances radicales a provoqué une certaine brèche à ce niveau. C’est pourquoi un travail de sensibilisation aux vrais problèmes et leur médiatisation s’impose afin de vulgariser la conscience des vrais enjeux, tandis que la pression populaire civile devrait se poursuivre.
L’Occident s’est-il trompé dans sa stratégie vis-à-vis du monde arabe?
La stratégie d’«élimination à la racine» du terrorisme, adoptée par l’Occident, notamment par les Etats-Unis, a coûté la vie, depuis presque vingt ans maintenant, à plusieurs centaines de milliers de soldats et de civils et drainé plusieurs milliers de milliards de dollars. Les guerres en Afghanistan et en Irak auront coûté jusqu’à 6’000 milliards de dollars à l’horizon 2050. Le comble est que ces guerres n’ont non seulement échoué à éradiquer le terrorisme, représenté par Al-Qaïda jusqu’en 2014, mais ont engendré un monstre d’autant plus dangereux que celui qui l’a précédé.
Si ces mêmes montants alloués aux politiques de lutte anti-terroristes avaient été investis dans l’éducation, l’emploi et l’éradication de la pauvreté – le coût global des guerres en Afghanistan et en Irak est de 70 à 100 fois supérieur aux dépenses publiques allouées à l’éducation dans l’ensemble du monde arabe et équivaut au montant nécessaire pour éradiquer la faim à l’échelle planétaire –, il ne fait aucun doute que la configuration serait aujourd’hui de loin meilleure aussi bien dans la région MENA (Moyen-Orient et Afrique du Nord, bplt) qu’en Europe et ailleurs.
1 Accords secrets signés le 16 mai 19161, après négociations entre novembre 1915 et mars 1916 entre la France et le Royaume-Uni (avec l'aval de l'Empire russe et du royaume d'Italie), prévoyant le partage du Proche-Orient à la fin de la guerre (espace compris entre la mer Noire, la mer Méditerranée, la mer Rouge, l'océan Indien et la mer Caspienne) en plusieurs zones d'influence au profit de ces puissances, ce qui revenait à dépecer l'Empire ottoman. (wikipédia, bplt)
2 Lettre ouverte datée du 2 novembre 1917 dans laquelle le Royaume-Uni se déclare en faveur de l'établissement en Palestine d'un foyer national juif. Cette déclaration est considérée comme une des premières étapes dans la création de l'État d'Israël. (wikipédia, bplt)
L'article original du HuffPost Tunisie: "Monde arabe: les racines du mal", le livre de Bachir El Khoury qui analyse les maux du monde arabe
Monde arabe: les racines du mal, Bachir El Khoury, Sindbad/Actes sud. Disponible en janvier 2018.
Bachir El Khoury
Economiste de formation, ancien responsable du service économique à L'Orient le Jour, Bachir El Khoury est le correspondant à Beyrouth de plusieurs médias dont le Journal du Dimanche et la Tribune de Genève et enseigne également à l'Université Saint-Joseph. Il a animé entre 2013 et 2015 le blog "Economies et Révolutions". (bplt)
Bachir El Khoury en séance de signatures, vendredi dernier, au salon du livre de Beyrouth.
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La population arabe a, en effet, quadruplé au cours des cinq dernières décennies, passant de 90 millions d’habitants en 1960 à plus de 400 millions l’an dernier tandis que l’infrastructure économique n’a quasiment pas changé d’un iota.</p><p>Ces réalités démographiques, couplées à l’arrivée des femmes sur le marché du travail dans certains pays, ont considérablement augmenté l’offre, face une structure rentière ou semi-rentière incapable de satisfaire des besoins croissants sur le marché. A titre illustratif, la population active arabe a augmenté trois fois plus que dans le reste des régions émergentes, entre 1996 et 2006. Conséquence majeure de cette réalité – à laquelle de nombreux dirigeants arabes sont restés totalement sourds ou indifférents –, le chômage des jeunes a atteint des pics mondiaux au cours de la décennie ayant précédé les soulèvements populaires, à 30% en moyenne à l’échelle régionale. Dans certains pays, comme la Libye, celui-ci culminait même à 49%.</p><p>A ce fléau, accentué par le nombre croissant d’étudiants en cycle supérieur – ils sont plus de 400’000 diplômés chaque année à investir le marché du travail en Égypte, 150'000 en Algérie et près de 60’000 en Tunisie et au Maroc – s’est greffée ce que je qualifie dans mon essai de «trinité fatale»: inégalités, pauvreté et insécurité alimentaire. A partir des années 1990, les disparités se sont, en effet, creusées davantage dans le monde arabe, sous l’effet, entre autres, de l’absence d’un système de redistribution équitable – lequel découle, dans certains pays, de l’inexistence même d’un dispositif fiscal, au vu de la structure rentière – ainsi qu’aux réformes néolibérales dictées par le FMI. Celles-ci ont profité davantage au cercle du pouvoir ainsi qu’aux détenteurs de capitaux, au profit des travailleurs. L’indice de Gini dans les zones urbaines d’Égypte a ainsi progressé de 34% en 1991 à 37,5% en 2005.</p><p>En parallèle, la dépendance alimentaire a sévi durant cette période. Dans le cadre des politiques d’infitah (ouverture) et de réformes dictées par les institutions de Bretton Woods, dont la contre réforme agraire, de nombreux pays de la région ont, en effet, abandonné les secteurs industriels et agricoles, alors que le Moyen-Orient et l’Afrique du Nord souffrent déjà d’un faible potentiel agricole. En Egypte par exemple, la part de l’agriculture dans le PIB a chuté de 31% en 1972 à 13% en 2008. Il en a résulté une dépendance accrue aux importations, ainsi qu’aux fluctuations des prix à l’international. Avec l’hyperinflation des années 2000, cette dépendance pathologique est devenue excessivement coûteuse aussi bien pour la société que pour les régimes en place. Conséquence: déficits publics croissants tandis que des millions de ménages ont basculé en quelques années, voire en quelques mois, sous le seuil de pauvreté. En Égypte, près de 72% de la population vivait avec moins de 4 dollars par jour en 2008. L’insécurité alimentaire a été aggravée par le phénomène de désertification et de stress hydrique, en l’absence de toute politique de prévention…</p><p>Dernière racine transversale du mal arabe: la corruption rampante. 84% des pays arabes sont considérés comme «hautement corrompus» par l’ONG Transparency International. Selon la Arab Anti-Corruption Organization, près de 1000 milliards de dollars – soit le tiers des revenus arabes cumulés – ont été «salis» par de multiples formes de corruption au cours de la deuxième moitié du XX<sup>e</sup> siècle.</p><p><strong>D’ailleurs, peut-on selon vous parler d’un monde arabe, n’existe-t-il pas des mondes arabes?</strong></p><p>Il existe des caractéristiques communes à l’ensemble des pays arabes, du Maghreb au Golfe en passant par le Mashrek (<em>l'Orient arabe, bplt</em>): une structure économique rentière ou semi-rentière totalement inadaptée aux réalités démographiques et celle de la population active. Il faut savoir que la rente ne concerne pas uniquement le pétrole et le gaz. Il existe également des formes non-conventionnelles comme le tourisme, les transferts d’émigrés ou encore l’exploitation de sites stratégiques, comme le Canal de Suez. C’est le cas notamment de la Jordanie, où les transferts des expatriés pèsent à hauteur de 13% du PIB, contre 15 à 20% au Liban, pénalisant dans une large mesure l’entrain pour une croissance endogène basée sur la spécialisation industrielle, l’innovation et la productivité – seule garante d’un niveau d’emploi pérenne.</p><p>En parallèle, le chômage et le faible taux de participation à la population active n’épargnent désormais aucun pays. Même les riches monarchies pétrolières sont désormais menacées par ce phénomène.</p><p>Quant aux inégalités et à la pauvreté, elles sont également marquées dans la plupart des pays, y compris dans le Golfe. En Arabie saoudite, quelque 3 millions de personnes vivaient sous le seuil de pauvreté à la veille du printemps arabe, soit près de 22% de la population.</p><p>Cela dit, il existe, certes, des différences entre les divers pays ou groupes de pays de la région: il y a les exportateurs et importateurs de pétrole, les pays plus ou moins riches en eau et ceux totalement désertiques, mais aussi ceux dont les régimes économiques sont libéraux, sociaux de marché, ou autarciques. Au niveau de la révolution technologique, la fracture est, quant à elle, importante entre les pays du Golfe et ceux du Mashrek ou du Maghreb, etc.</p><p>Mais c’est justement cette fragmentation du monde arabe en plusieurs «mondes» distincts, voire méfiants les uns envers les autres, qui constitue une autre racine du malaise arabe et de sa pérennité; seule la création d’un bloc économique à terme permettra, en effet, de relever les nombreux défis développementaux de la région, surtout si celle-ci est construite dans un esprit de respect mutuel et de réelle coopération basée sur le principe de l’avantage comparatif. Le Soudan et le Liban sont, par exemple, riches en eau et en terres arables. Quant aux 11 pays pétroliers, parmi les 22 de la ligue arabe, ils concentrent 55% des réserves pétrolières mondiales. D’autres pays sont riches en matières de capital humain ou d’histoire et de sites touristiques et naturels, etc. Mettre en commun toutes ces ressources ne peut être qu’à l’avantage de l’ensemble de la région.</p><p>Mais pour que ce projet se concrétise, il faut une prise de conscience collective, sur le plan arabe, de la nécessité de mettre fin aux cycles récurrents de violence et de guerres intestines et des vertus d’un projet panarabe constructif. Il faut également et surtout que s’estompe le cycle interminable d’interventions étrangères qui visent depuis les accords de Sykes-Picot<sup>1</sup> et la déclaration de Balfour<sup>2</sup> ou même depuis l’empire ottoman, à morceler la région et son unité, l’amputer ou la diluer. Enfin, il faudra aussi des personnalités ou des leaders visionnaires, désormais totalement absents ou absentés, à l’instar de Robert Shuman, Jean Monnet et Konrad Adenauer…</p><p><strong>Dans votre livre vous revenez entre autres sur différentes causes économiques de ce malaise, avec notamment des racines socioéconomiques communes au despotisme, aux soulèvements populaires ainsi qu’à l’islamisme. Comment l’expliquez-vous?</strong></p><p>Je vous donne deux exemples illustratifs. La manne pétrolière et l’absence de diversification économiques. Celles-ci ont renforcé la minorité au pouvoir, tandis que la majorité s’est retrouvée exclue et donc acculée à choisir entre l’exil, la révolte, ou l’adhésion à des groupes extrémistes. Idem pour les réformes néolibérales; en Égypte, la politique de l’infitah (ouverture économique) s’est accompagnée d’une montée du pouvoir économique de l’armée, qui contrôlait à la veille de la «Révolution du 25 janvier» le tiers de l’économie égyptienne, ainsi que d’une augmentation sensible du nombre d’entrepreneurs au sein de l’Assemblée nationale, à 83 membres en 2005, contre 37 en 1995, pour la plupart membres du parti de Hosni Moubarak. Ainsi, lorsque plus de 300 usines et entreprises publiques ont été privatisées au début des années 1990, les avoirs de l’armée sont restés intacts. Ce scénario s’est reproduit entre 2004 et 2011, tandis que les hauts gradés de l’armée ont été placés dans des postes-clés au sein de ces sociétés ou usines privatisées. Quant aux dizaines de milliers d’employés licenciés, suite à ces vagues de privatisation, ou d’autres victimes des réformes imposées par le FMI, ils se sont retrouvés au chômage ou sur le marché noir, et ont ainsi rejoint des mouvements protestataires civils ou des organisations et associations comme celle des Salafistes et des Frères musulmans…</p><p><strong>Vous dites que le printemps arabe se transforme en hiver, avec pour chaque pays ses propres démons, comment aujourd’hui ces pays et le monde arabe en général peuvent-ils en sortir?</strong></p><p>Le monde arabe n’en sortira pas de sitôt. L’hiver est un passage obligé dans la succession des saisons. Le vrai printemps succédera à la période actuelle. Mais pour que l’hiver ne soit pas très long et dur, une prise de conscience et une action efficace s’imposent, aussi bien sur le plan local qu’au niveau des puissances étrangères et institutions internationales concernées par la chose arabe. Dans un premier temps, il faudra surtout mettre fin aux conflits qui ravagent la région, de la Syrie, au Yémen, en passant par la Libye et l’Irak. En parallèle, un vaste chantier de réformes économiques doit être mis en place, axée prioritairement sur une transition vers des économies post-rentières et la création massive d’emplois pour endiguer le phénomène de chômage parmi les jeunes.</p><p><strong>«Le printemps arabe est peut-être mort aujourd’hui. Mais il peut encore être ressuscité» et cela passe nécessairement selon vous par «un printemps arabe socioéconomique». Pensez-vous qu’aujourd’hui, que les hommes politiques, autant que les citoyens du monde arabe et de Tunisie, ont suffisamment de maturité et de prise de conscience pour le mettre en mouvement?</strong></p><p>Il y a ceux qui n’ont pas conscience de ces problèmes ou se sentent simplement impuissants face à leur ampleur, notamment parmi les citoyens et les «victimes» de la triple exclusion politique, économique et sociale, y compris ceux qui se sont enrôlés dans des partis extrémistes. Il y a ceux qui en sont conscients, notamment les personnes au pouvoir, qui profitent néanmoins d’un système de privilèges et ne sont donc pas facilement prêts à y renoncer, même si le séisme des révoltes populaires et de la montée des mouvances radicales a provoqué une certaine brèche à ce niveau. C’est pourquoi un travail de sensibilisation aux vrais problèmes et leur médiatisation s’impose afin de vulgariser la conscience des vrais enjeux, tandis que la pression populaire civile devrait se poursuivre.</p><p><strong>L’Occident s’est-il trompé dans sa stratégie vis-à-vis du monde arabe?</strong></p><p>La stratégie d’«élimination à la racine» du terrorisme, adoptée par l’Occident, notamment par les Etats-Unis, a coûté la vie, depuis presque vingt ans maintenant, à plusieurs centaines de milliers de soldats et de civils et drainé plusieurs milliers de milliards de dollars. Les guerres en Afghanistan et en Irak auront coûté jusqu’à 6’000 milliards de dollars à l’horizon 2050. 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Le développement est un long processus ou cheminement qui devait commencer il y a très longtemps mais qui n’a jamais eu lieu dans cette région. Cela concerne aussi bien la dimension politique que celles liées à l’économie, à la société et à l’environnement.</p><p><strong>Comment cela s’est manifesté?</strong></p><p>Sur le plan politique, l’absence d’un système de gouvernance participatif, ainsi que les pratiques de terreur et d’oppression utilisées par des régimes basés sur le règne d’un homme, d’une famille ou d’un parti unique ont étouffé le désir de liberté intrinsèque à la nature humaine et exacerbé le sentiment d’injustice et d’exclusion.</p><p>Quant à la dimension économique, le monde arabe souffre depuis des années d’un chômage très élevé face à des économies improductives et incapables d’absorber une population de plus en plus nombreuse et jeune. Ce décalage entre deux fonctions, l’une exponentielle, l’autre constante, n’a cessé de croître jusqu’à devenir insoutenable. La population arabe a, en effet, quadruplé au cours des cinq dernières décennies, passant de 90 millions d’habitants en 1960 à plus de 400 millions l’an dernier tandis que l’infrastructure économique n’a quasiment pas changé d’un iota.</p><p>Ces réalités démographiques, couplées à l’arrivée des femmes sur le marché du travail dans certains pays, ont considérablement augmenté l’offre, face une structure rentière ou semi-rentière incapable de satisfaire des besoins croissants sur le marché. A titre illustratif, la population active arabe a augmenté trois fois plus que dans le reste des régions émergentes, entre 1996 et 2006. Conséquence majeure de cette réalité – à laquelle de nombreux dirigeants arabes sont restés totalement sourds ou indifférents –, le chômage des jeunes a atteint des pics mondiaux au cours de la décennie ayant précédé les soulèvements populaires, à 30% en moyenne à l’échelle régionale. 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Selon la Arab Anti-Corruption Organization, près de 1000 milliards de dollars – soit le tiers des revenus arabes cumulés – ont été «salis» par de multiples formes de corruption au cours de la deuxième moitié du XX<sup>e</sup> siècle.</p><p><strong>D’ailleurs, peut-on selon vous parler d’un monde arabe, n’existe-t-il pas des mondes arabes?</strong></p><p>Il existe des caractéristiques communes à l’ensemble des pays arabes, du Maghreb au Golfe en passant par le Mashrek (<em>l'Orient arabe, bplt</em>): une structure économique rentière ou semi-rentière totalement inadaptée aux réalités démographiques et celle de la population active. Il faut savoir que la rente ne concerne pas uniquement le pétrole et le gaz. Il existe également des formes non-conventionnelles comme le tourisme, les transferts d’émigrés ou encore l’exploitation de sites stratégiques, comme le Canal de Suez. 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Le comble est que ces guerres n’ont non seulement échoué à éradiquer le terrorisme, représenté par Al-Qaïda jusqu’en 2014, mais ont engendré un monstre d’autant plus dangereux que celui qui l’a précédé.</p><p>Si ces mêmes montants alloués aux politiques de lutte anti-terroristes avaient été investis dans l’éducation, l’emploi et l’éradication de la pauvreté – le coût global des guerres en Afghanistan et en Irak est de 70 à 100 fois supérieur aux dépenses publiques allouées à l’éducation dans l’ensemble du monde arabe et équivaut au montant nécessaire pour éradiquer la faim à l’échelle planétaire –, il ne fait aucun doute que la configuration serait aujourd’hui de loin meilleure aussi bien dans la région MENA (<em>Moyen-Orient et Afrique du Nord, bplt</em>) qu’en Europe et ailleurs.</p><h4><sup>1</sup> Accords secrets signés le 16 mai 19161, après négociations entre novembre 1915 et mars 1916 entre la France et le Royaume-Uni (avec l'aval de l'Empire russe et du royaume d'Italie), prévoyant le partage du Proche-Orient à la fin de la guerre (espace compris entre la mer Noire, la mer Méditerranée, la mer Rouge, l'océan Indien et la mer Caspienne) en plusieurs zones d'influence au profit de ces puissances, ce qui revenait à dépecer l'Empire ottoman. 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Deux semaines plus tard nous emménagions ensemble; nous ne nous sommes plus quittés.</p> <p>L’autre soir, alors que nous avions des invités à la maison, il m’a semblé reconnaître chez Pierre les signes d’une tension extrême. Depuis le temps, je le connais bien. Serge et Mireille, nos invités, l’ont eux aussi sentie, cette tension. Ce sont tout à la fois des amis et des clients. Des amis parce que comme nous ils sont de centre gauche, des clients car ils font appel à notre agence de communication pour promouvoir leur commerce. Après avoir été de grands voyageurs, Serge et Mireille vendent aujourd’hui des produits venus d’Asie, principalement d’Inde mais aussi de Birmanie et du Cambodge. Ils sélectionnent avec soins les artisans, privilégiant les structures coopératives respectueuses de l’environnement et du bien-être des populations locales. Nous gérons leur site internet et leur publicité, et tournons même pour eux des clips promotionnels. Pierre est devenu agressif avec Mireille lorsque celle-ci a déclaré que les néo-féministes exagéraient et que #MeToo décourageait toute tentative de séduction de la part des hommes. «Je n’ai pas peur de le dire, j’aime bien que l’on me tienne la porte et que les hommes me fassent sentir qu’ils me désirent…» Pierre lui a rétorqué que le patriarcat était une forme de fascisme et qu’en tant que progressiste nous devions tout faire pour l’abattre. J’ai essayé de dévier la conversation sur la nourriture bio mais très vite c’est l’écriture inclusive qui a fait s’échauffer les esprits. Serge, qui se pique d’aimer la littérature, a déclaré que le français était en danger, qu’il fallait le sauver des points médians et des réformes de l’orthographe. Pierre a rétorqué que pour rester vivantes les langues devaient changer, que les normes les étouffaient, que les règles orthographiques avaient été inventées pour empêcher les pauvres d’accéder aux études. «Etes-vous allés récemment au cinéma?» ai-je incidemment demandé à Mireille?</p> <p>Le lendemain, elle m’a appelée. «Avec Serge, on se demande si Pierre n’est pas en train devenir woke…» Mon sang s’est figé dans mes veines, une sourde angoisse est montée de mon estomac jusque dans ma gorge. «Non, non… Vous vous trompez… Vous avez bien vu, il continue de manger de la viande», ai-je rassuré Mireille. Mais le doute s’était instillé en moi, je me suis mise à mieux observer Pierre et, pour la première fois, j’ai fouillé dans ses poches et ses agendas, même dans son ordinateur. 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En jeu, rien de moins que les causes de la crise de la pollution plastique et les solutions appropriées pour y remédier.</p> <ul> <li> <p>D’un côté, la <a href="https://hactoendplasticpollution.org/fr/">Coalition de haute ambition</a> (HAC), les activistes du «zéro déchet» et de <a href="https://theconversation.com/traite-mondial-contre-la-pollution-plastique-en-coulisses-le-regard-des-scientifiques-francais-presents-234046">nombreux scientifiques</a> insistent sur la nécessité d’une <a href="https://hactoendplasticpollution.org/hac-member-states-ministerial-joint-statement-for-inc-5/">approche globale portant sur l’ensemble du cycle de vie des plastiques</a>, y compris leur production.</p> </li> <li> <p>De l’autre côté, une <a href="https://medium.com/points-of-order/spoiler-alert-f737a24292e6">petite minorité d’Etats</a> ainsi que l’industrie pétrochimique ont à de nombreuses reprises détourné l’attention de cette question de la production des plastiques. 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Il s’agit des travailleurs qui récupèrent, réutilisent ou revendent les plastiques, les textiles, l’aluminium et d’autres matériaux précieux issus des déchets.</p> <p>Dans le cadre du traité sur les plastiques, pour que ces travailleurs informels soient reconnus, que leurs conditions de travail puissent être améliorées et qu’ils puissent bénéficient d’une transition écologique plus équitable, les solutions politiques doivent aller au-delà des mécanismes économiques basés sur le seul marché et des stratégies axées sur le profit.</p> <p>Si ce n’est pas le cas, les efforts en faveur d’un recyclage plus inclusif et du développement de l’économie circulaire risquent de renforcer les injustices mêmes qu’ils prétendent combattre.</p> <h3>Qui sont les ramasseurs informels de déchets?</h3> <p>Les collecteurs de déchets – et les autres personnes travaillant avec eux dans un cadre informel et coopératif – effectuent une <a href="https://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S0921344924001824#sec0021">grande partie du travail de recyclage à l’échelle mondiale</a>. Ils réduisent de manière significative la quantité de plastique qui se retrouve dans les océans.</p> <p>Malgré cela, et parce qu’ils font un travail salissant et vivent dans des endroits sales, ils sont souvent tenus pour responsables du problème de la pollution plastique. Dans les discours politiques des villes et des Etats, leur travail a longtemps été <a href="https://journals.sagepub.com/doi/full/10.1177/0956247816657302">tourné en dérision, considéré comme non qualifié et inefficace</a>. <a href="https://www.undp.org/blog/unsung-heroes-four-things-policymakers-can-do-empower-informal-waste-workers">L’absence de reconnaissance officielle</a> de leur travail rend leurs revenus particulièrement instables et précaires. 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Il a été demandé que leurs contributions historiques à la réduction de la pollution plastique soient explicitement reconnues, et qu’un objectif explicite de transition juste soit intégré au traité sur les plastiques.</p> <h3>Avec l’économie circulaire, tout le monde est gagnant?</h3> <p>La <a href="https://theconversation.com/quatre-idees-recues-sur-la-transition-juste-227569">transition juste</a> est un principe défendu par les groupes de travailleurs et les défenseurs de la justice sociale afin de garantir que les politiques de transition écologique protègent, améliorent et compensent équitablement les moyens de subsistance des travailleurs et des communautés affectés par l’environnement.</p> <p>Les ramasseurs de déchets ont utilisé ce terme pour réclamer que le traité comprenne des dispositions pour améliorer leurs conditions de travail et de sécurité. Mais également pour que le traité intègre davantage les travailleurs informels aux systèmes de gestion des déchets, et pour exiger que les systèmes de <a href="https://theconversation.com/fr/topics/responsabilite-elargie-du-producteur-67766">responsabilité élargie des producteurs</a> (REP) soutiennent aussi les travailleurs du secteur des déchets, en particulier les <a href="https://www.wiego.org/gender-waste-project">femmes et d’autres groupes vulnérables</a>.</p> <p>Etonnamment, ces demandes ont obtenu le soutien d’un large éventail de parties prenantes puissantes. Par exemple la <a href="https://www.businessforplasticstreaty.org/vision-statement#Key-elements">Business Coalition for a Plastics Treaty</a>, les <a href="https://news.un.org/en/story/2024/10/1156301">dirigeants des Nations unies</a> et même <a href="https://resolutions.unep.org/resolutions/uploads/american_chemistry_council.pdf">l’industrie pétrochimique</a>.</p> <p>Certaines de ces demandes ont été intégrées aux projets de traité sur les plastiques discutés au cours des négociations, ce qui représente une victoire majeure pour les travailleurs du secteur informel des déchets.</p> <p>Un consensus se dégage sur le fait qu’une économie circulaire inclusive peut être bénéfique à la fois pour l’environnement, l’économie et les travailleurs en améliorant la gestion de la pollution, les moyens de subsistance et les opportunités de croissance économique pour les entreprises.</p> <p>Ces promesses demandent toutefois à être vérifiées sur le terrain. Et c’est là que les choses se compliquent.</p> <h3>« Gagnant-gagnant », mais la victoire de qui ?</h3> <p>Dans mon livre <a href="https://mitpress.mit.edu/9780262546973/recycling-class/"><em>Recycling Class</em></a>, j’examine comment les efforts de recyclage inclusif ont été mis en œuvre à Bengaluru, l’une des plus grandes villes de l’Inde.</p> <figure><a href="https://images.theconversation.com/files/635250/original/file-20241129-15-cdpt12.jpg?ixlib=rb-4.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img src="https://images.theconversation.com/files/635250/original/file-20241129-15-cdpt12.jpg?ixlib=rb-4.1.0&q=45&auto=format&w=237&fit=clip" alt="" /></a> <figcaption><span></span></figcaption> </figure> <p>Dans cet ouvrage, je défends que l’intégration dans des programmes d’économie circulaire basés sur le marché n’est pas une solution miracle aux injustices ancrées dans les systèmes de production, de consommation et de production des déchets.</p> <p>La plupart des politiques d’économie circulaire et de recyclage inclusif reposent sur des mécanismes de marché, partant du principe que la création de marchés pour les déchets incitera les acteurs du marché à récupérer efficacement les déchets et à les convertir en ressources.</p> <p>Pour remplir leurs obligations en matière de <a href="https://theconversation.com/faire-payer-plus-les-entreprises-pour-quelles-reduisent-les-emballages-130073">responsabilité élargie des producteurs</a> (REP), les marques peuvent alors s’engager à acheter des plastiques recyclés et à financer la collecte des déchets en achetant des <a href="https://www.worldbank.org/en/programs/problue/publication/unlocking-financing-to-combat-the-plastics-crisis">crédits plastique</a>.</p> <p>Cette approche vise à améliorer le prix des déchets, à augmenter les salaires et à encourager les efforts de collecte, tout en attirant des investissements pour financer l’amélioration des infrastructures et des technologies.</p> <p>Cependant, les mécanismes fondés sur le marché aggravent les inégalités existantes en matière d’accès au marché. 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Souvent issus de milieux éduqués et privilégiés, les employés de ces firmes <a href="https://www.sciencedirect.com/science/article/abs/pii/S001671852300057X">concurrencent les travailleurs informels existants, les subordonnant au passage</a>.</p> <p>A l’inverse, les femmes et les membres des minorités ethno-raciales et religieuses, qui constituent la majorité des travailleurs des économies informelles des déchets, sont confrontés à des obstacles supplémentaires. Notamment des <a href="https://mouvements.info/recuperateurs-de-dechets/">stigmates sociaux bien ancrés</a> qui limitent leur capacité à participer sur un pied d’égalité à ces marchés émergents. 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Une étude de <a href="https://www.circle-economy.com/resources/decent-work-in-the-circular-economy">Circle Economy</a> souligne que la plupart des emplois du secteur de l’économie circulaire restent ad-hoc et informels et ne bénéficient pas des garanties d’un emploi décent.</p> <p>En fin de compte, les travailleurs informels sont confrontés à un choix difficile: soit ils acceptent d’être exploités au sein des circuits de traitements des déchets en tant que simples ressources, soit ils risquent de perdre complètement leurs moyens de subsistance.</p> <p>Les systèmes actuels de production et de consommation du plastique déplacent donc la charge des déchets sur des communautés autochtones ou ethniques marginalisées, créant ainsi des <a href="https://www.dukeupress.edu/pollution-is-colonialism">zones sacrifiées</a>. Ce déplacement permet de maintenir la rentabilité, tout en perpétuant les atteintes à l’environnement et les inégalités sociales.</p> <p>En promouvant des technologies de <a href="https://www.bbc.com/afrique/monde-57087908">recyclage chimique</a> non éprouvées et en étendant les marchés du plastique, les entreprises <a href="https://theconversation.com/comment-lindustrie-fossile-influence-les-negociations-mondiales-sur-le-plastique-222112">pétrochimiques</a> et de matières plastiques <a href="https://direct.mit.edu/glep/article/21/2/121/97367/Future-Proofing-Capitalism-The-Paradox-of-the">s’approprient le langage de l’économie circulaire</a>. Cela leur permet de donner un vernis écologique à leurs propositions, tout en maintenant le <em>statu quo</em> sur les inégalités.</p> <p>Pendant ce temps, la HAC, plusieurs ONG et même certains ramasseurs de déchets invoquent également l’économie circulaire comme solution à la crise du plastique, en mettant l’accent sur le réemploi et le recyclage inclusif.</p> <h3>Demander des comptes aux pollueurs plutôt que compter sur l’efficacité du marché</h3> <p>Pour que l’économie circulaire aille au-delà de la simple protection du capitalisme fossile, elle doit prendre en compte les collecteurs de déchets et recycleurs informels dans le Sud et reconnaître les limites des mécanismes basés sur le marché. C’est vrai aussi bien pour le traité international sur la pollution plastique que pour d’autres démarches régionales comme le <a href="https://www.europarl.europa.eu/RegData/etudes/ATAG/2021/679066/EPRS_ATA(2021)679066_FR.pdf">plan d’action de l’UE pour l’économie circulaire</a>.</p> <p>En effet, toute stratégie de lutte contre la pollution plastique basée sur le marché et axée sur le profit est susceptible de reproduire ces schémas d’inégalité. Et par la même occasion, de pérenniser les injustices systémiques qui soutiennent le statu quo. Pour une transition vraiment juste, la lutte contre la pollution plastique ne doit donc pas devenir une opportunité de croissance économique ou de profit.</p> <p>Au contraire, nous avons besoin d’une approche centrée sur la réparation. Il faut d’abord, pour cela, reconnaître les contributions historiques des collecteurs informels du plastique ainsi que les préjudices qu’ils subissent. Puis redistribuer les ressources aux personnes les plus touchées et créer des systèmes qui donnent la priorité à la restauration de l’environnement et à la justice sociale plutôt qu’au profit des entreprises.</p> <p>Une économie circulaire bien financée devrait d’abord renforcer le pouvoir des travailleurs, puis améliorer les capacités des infrastructures et réduire la concentration de ces déchets en produits chimiques toxiques, plutôt que de s’appuyer sur des solutions basées sur le marché qui aggravent les inégalités.</p> <p>Les vraies solutions consistent à demander des comptes aux pollueurs et à adopter des approches circulaires fondées sur la sobriété et la réparation, et non sur l’efficacité du marché.<img src="https://counter.theconversation.com/content/244065/count.gif?distributor=republish-lightbox-basic" alt="The Conversation" width="1" height="1" /></p> <hr /> <h4><span><a href="https://theconversation.com/profiles/manisha-anantharaman-1526162">Manisha Anantharaman</a>, Assistant Professor, Center for the Sociology of Organisations, CNRS/Sciences Po, <em><a href="https://theconversation.com/institutions/sciences-po-2196">Sciences Po </a></em></span></h4> <h4>Cet article est republié à partir de <a href="https://theconversation.com">The Conversation</a> sous licence Creative Commons. Lire l’<a href="https://theconversation.com/les-ramasseurs-de-dechets-grands-perdants-du-recit-dominant-sur-la-pollution-plastique-244065">article original</a>.</h4> </div>', 'content_edition' => '', 'slug' => 'les-ramasseurs-de-dechets-grands-perdants-du-recit-dominant-sur-la-pollution-plastique', 'headline' => null, 'homepage' => null, 'like' => (int) 42, 'editor' => null, 'index_order' => (int) 1, 'homepage_order' => (int) 1, 'original_url' => '', 'podcast' => false, 'tagline' => null, 'poster' => null, 'category_id' => (int) 5, 'person_id' => (int) 85, 'post_type_id' => (int) 1, 'post_type' => object(App\Model\Entity\PostType) {}, 'comments' => [[maximum depth reached]], 'tags' => [ [maximum depth reached] ], 'locations' => [[maximum depth reached]], 'attachment_images' => [ [maximum depth reached] ], 'person' => object(App\Model\Entity\Person) {}, 'category' => object(App\Model\Entity\Category) {}, '[new]' => false, '[accessible]' => [ [maximum depth reached] ], '[dirty]' => [[maximum depth reached]], '[original]' => [[maximum depth reached]], '[virtual]' => [[maximum depth reached]], '[hasErrors]' => false, '[errors]' => [[maximum depth reached]], '[invalid]' => [[maximum depth reached]], '[repository]' => 'Posts' }, (int) 2 => object(App\Model\Entity\Post) { 'id' => (int) 5283, 'created' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'modified' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'publish_date' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'notified' => null, 'free' => true, 'status' => 'PUBLISHED', 'priority' => null, 'readed' => null, 'subhead' => null, 'title' => 'Les Etats-Unis financent un collectif international de journalistes', 'subtitle' => 'Si le réseau Organized Crime and Corruption Reporting Project (OCCRP) a révélé des avoirs russes cachés ou la corruption au Venezuela, le Delaware, paradis de l'évasion fiscale, reste pour lui un tabou. «Notre politique veut que nous ne fassions pas de rapports sur un pays avec son propre argent», a déclaré Drew Sullivan, son cofondateur.', 'subtitle_edition' => 'Si le réseau Organized Crime and Corruption Reporting Project (OCCRP) a révélé des avoirs russes cachés ou la corruption au Venezuela, le Delaware, paradis de l'évasion fiscale, reste pour lui un tabou. «Notre politique veut que nous ne fassions pas de rapports sur un pays avec son propre argent», a déclaré Drew Sullivan, son cofondateur.', 'content' => '<p style="text-align: center;"><strong>Urs P. 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Parmi eux, <a href="https://en.wikipedia.org/wiki/Panama_Papers"><em>The Panama Papers</em></a><em>, </em><a href="https://en.wikipedia.org/wiki/Pandora_Papers"><em>Pandora Papers</em></a><em>, </em><a href="https://en.wikipedia.org/wiki/Suisse_Secrets"><em>Suisse Secrets</em></a><em>, </em><a href="https://www.occrp.org/en/project/narcofiles-the-new-criminal-order"><em>Narco Files</em></a><em>, </em><a href="https://www.occrp.org/en/project/the-pegasus-project/about-the-project"><em>Pegasus Project</em></a><em>, </em><a href="https://en.wikipedia.org/wiki/Cyprus_Confidential"><em>Cyprus Confidential </em></a>et la série <a href="https://de.wikipedia.org/wiki/Die_Geldw%C3%A4scherei"><em>Laundromat</em></a>, qui a révélé les systèmes de blanchiment d'argent des élites dirigeantes en Azerbaïdjan et en Russie.</p> <h3><strong>Non sans conditions</strong></h3> <p>Les agences gouvernementales américaines ne financent pas l'OCCRP sans contrepartie: l'<a href="https://www.usaid.gov/"> U.S. Agency for International Development</a> dispose d'un droit de veto sur la nomination des dirigeants de l'OCCRP. De plus, l'agence gouvernementale américaine interdit d'utiliser son argent pour mettre au jour la corruption aux Etats-Unis.</p> <p>Certaines subventions étaient même affectées à un but précis: le Department of State, par exemple, a versé 173 000 dollars à l'OCCRP pour «détecter et combattre la corruption au Venezuela». Ou l'<a href="https://www.usaid.gov/">Agence pour le développement international (USAID)</a> a versé plus de deux millions de dollars dans le but de «mettre au jour la criminalité et la corruption à Malte et à Chypre».</p> <p>Le journal en ligne français indépendant <a href="https://www.mediapart.fr/en/journal/international/021224/hidden-links-between-giant-investigative-journalism-and-us-government">« Mediapart »</a> en a parlé le 2 décembre 2024 <a href="https://www.mediapart.fr/en/journal/international/021224/hidden-links-between-giant-investigative-journalism-and-us-government">.</a></p> <p>Le fondateur de l'OCCRP est un ancien employé <a href="https://www.rockwellautomation.com/de-ch.html">de Rockwell</a> devenu journaliste: <a href="https://www.occrp.org/en/staff/drew-sullivan">Drew Sullivan</a>. L'OCCRP a été créé à l'instigation de fonctionnaires du gouvernement américain. Selon Mediapart, Sullivan a reçu pour cela, en 2008, un financement de départ de 1,7 million de dollars du <a href="https://www.state.gov/bureaus-offices/under-secretary-for-civilian-security-democracy-and-human-rights/bureau-of-international-narcotics-and-law-enforcement-affairs/">Bureau of International Narcotics and Law Enforcement Affairs</a>(INL). Il s'agit d'une agence d'application de la loi du Département d'Etat américain.</p> <p>L'OCCRP s'appuie souvent sur des documents divulgués provenant de sources non identifiées. La qualité des recherches et des révélations de l'OCCRP n'est pas mise en doute. L'orientation unilatérale des recherches et le manque de transparence des informations sur le financement donnent lieu à des critiques.</p> <p>L'ampleur des liens personnels et financiers de l'OCCRP avec le gouvernement américain va à l'encontre de «tous les principes de l'éthique journalistique». C'est ce qu'a déclaré Leonard Novy, directeur de l'Institut allemand des médias et de la politique de communication, à la chaîne NDR. Cela laisse supposer que les journalistes peuvent être utilisés ou instrumentalisés à des fins politiques.</p> <p>Sullivan et l'OCCRP ont également laissé les médias partenaires et leurs lecteurs dans l'ignorance de leur proximité avec le gouvernement américain. Selon Leonard Novy, l'organisation a ainsi dépassé les limites.</p> <h3><strong>Sullivan n'a pas voulu parler clairement aujourd'hui encore</strong></h3> <p>Sullivan a d'abord affirmé à la chaîne NDR que l'OCCRP avait «un groupe de donateurs largement répandu», parmi lesquels «aucun donateur individuel ne domine». Il a ajouté que «le gouvernement américain [...] est l'un des plus grands donateurs, mais ce n'est pas un pourcentage énorme». Confronté aux dernières découvertes, il a finalement reconnu l'importance du financement de Washington: «C'est le plus grand bailleur de fonds de l'OCCRP, oui, et ce depuis presque le début de notre histoire. [...] Je suis très reconnaissant au gouvernement américain.»</p> <p>Par écrit, Sullivan a renchéri: «Nous avons dû décider si nous voulions accepter de l'argent du gouvernement ou ne pas exister.» Sur le site web de l'OCCRP, les montants des sponsors ne sont pas indiqués.</p> <h3><strong>Conditions posées</strong></h3> <p>Sullivan a confirmé à la NDR le pouvoir d'influence des autorités américaines: «Dans le cadre d'accords de coopération que nous n'aimons pas conclure, ils ont un droit de regard sur le choix des personnes [...] Ils peuvent mettre leur veto sur quelqu'un [...] Ils n'ont jamais mis leur veto sur quelqu'un.»</p> <p>L'OCCRP ne peut pas enquêter sur des affaires américaines avec l'argent fourni par Washington. «Notre politique veut que nous ne fassions pas de rapports sur un pays avec son propre argent», a déclaré Sullivan à la NDR. «Je pense que le gouvernement américain ne le permet pas. Mais même dans d'autres pays où ces dispositions n'existent pas, nous ne le faisons pas parce que cela vous place dans une situation de conflit d'intérêts et que vous préférez rester à l'écart de telles situations.»</p> <p>Ainsi, le paradis fiscal américain du Delaware n'a jamais fait l'objet de toutes les recherches sur l'évasion fiscale et l'argent de la corruption.</p> <p>L'OCCRP a tout de même effectué des recherches isolées aux Etats-Unis: par exemple sur les <a href="https://www.occrp.org/en/investigation/meet-the-florida-duo-helping-giuliani-investigate-for-trump-in-ukraine">hommes d'affaires</a> qui avaient soutenu l'avocat de Donald Trump pour nuire à Joe Biden, ou sur la manière dont le Pentagone a dépensé des sommes énormes pour <a href="https://www.occrp.org/en/project/making-a-killing/revealed-the-pentagon-is-spending-up-to-22-billion-on-soviet-style-arms-for-syrian-rebels">fournir des armes</a> à des groupes rebelles en Syrie, ou encore sur un <a href="https://www.occrp.org/en/investigation/flight-of-the-monarch-us-govt-contracted-airline-once-owned-by-criminals-with-ties-to-russian-mob">contrat</a> entre le gouvernement américain et une compagnie aérienne dont les propriétaires sont liés au crime organisé en Russie.</p> <p>Ces recherches ont manifestement respecté une autre condition imposée par les autorités américaines à l'OCCRP: l'activité doit être «en accord avec la politique étrangère et les intérêts économiques des Etats-Unis et les promouvoir.» (<a href="https://www.govinfo.gov/content/pkg/COMPS-1071/pdf/COMPS-1071.pdf">US Foreign Assistance Act</a>).</p> <h3><strong>Voici comment la «NZZ» et Tamedia ont présenté la source OCCRP</strong></h3> <p><strong>«NZZ» du 19 juillet 2023</strong></p> <p>«L'Organized Crime and Corruption Reporting Project (OCCRP) est un réseau d'organisations journalistiques fondé en 2006, basé dans de nombreux pays différents et fonctionnant sous cette forme en tant que filiale du Journalism Development Network à but non lucratif, dont le siège est dans le Maryland.»</p> <p><strong>«Tages-Anzeiger» du 21 juin 2023</strong></p> <p>«Grâce à l'organisation OCCRP, des journalistes femmes de plusieurs pays ont pu étudier ces données, dont <em>Der Standard</em> en Autriche et <em>Der Spiegel</em> en Allemagne. Pour la Suisse, le bureau de recherche de Tamedia et Paper Trail Media était de la partie.»</p> <h3><strong>Informations complémentaires</strong></h3> <p><strong>22 décembre 2022</strong> <a href="https://www.infosperber.ch/politik/welt/twitter-diente-jahrelang-als-gehilfe-des-pentagons/">Twitter a servi pendant des années d'auxiliaire au Pentagone</a>. Elon Musk a partiellement révélé les outils internes de Twitter. Ils prouvent des services d'hommes de main pour la propagande de l'armée américaine à l'étranger.</p> <p><strong>12 février 2009</strong> <a href="https://www.tagesanzeiger.ch/27-000-pr-berater-polieren-image-der-usa-631302390683">27 000 conseillers en relations publiques polissent l'image des Etats-Unis</a>. Des faits presque incroyables sur le travail de relations publiques du Pentagone.</p> <p><strong>20 avril 2008</strong> <a href="https://www.spiegel.de/kultur/gesellschaft/gekaufte-meinung-pentagon-beschaeftigt-pr-armee-fuer-us-tv-a-548519.html">Le Pentagone emploie une armée de RP pour la télévision américaine</a>. 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