Actuel / Les échecs de politiques face au changement climatique

Le message des climatologues est clair: la Suisse est touchée plus durement par le changement climatique que d’autres pays et cela, bien plus fortement qu’on ne le pensait. © NCCS
Le réchauffement climatique frappe la Suisse plus durement que prévu. La réaction politique devrait être d'autant plus énergique. Pourtant, elle reste hésitante: analyse en six points.
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Des enfants dont les luges restent coincées dans une boue brunâtre: c’est de cette manière que le <a href="https://www.nccs.admin.ch/nccs/fr/home/changement-climatique-et-impacts/scenarios-climatiques-suisses.html">Centre climatique du NCCS</a> décrit l’avenir de la Suisse si la température globale continue son envolée effrénée.</p><p>Le message des climatologues est clair: la Suisse est touchée plus durement par le changement climatique que d’autres pays et cela, bien plus fortement qu’on ne le pensait. Des accords internationaux tels que l’Accord de Paris, qui visent à limiter l’augmentation de la température à moins de deux degrés Celsius par rapport à l’ère préindustrielle sont donc d’un intérêt fondamental pour la Suisse.</p><p><strong>Les grandes questions sont pourtant les suivantes: le pays se comporte-t-il en conséquence? Notre politique climatique est-elle suffisamment efficace? La Suisse prend-elle les mesures nécessaires pour jouer son rôle dans la résolution du problème?</strong></p><p>Si nous voulons répondre à ces questions en termes généraux, il n’y a qu’une seule réponse: non. La Suisse n’en fait pas encore assez pour lutter contre le changement climatique.</p><p>C’est ce qu’atteste déjà l’«ancienne» politique climatique suisse, qui date pourtant seulement de 2011. L’objectif d’ici 2020 est de réduire les émissions de CO<sub>2</sub> de 20% par rapport à 1990, mais la Suisse n’atteindra probablement pas cet objectif, comme le montre le graphique suivant.</p><p>Il y a deux ans, l’équivalent de 48,3 millions de tonnes de gaz à effet de serre CO<sub>2</sub> a été émis en Suisse. L’exigence à la fin de la décennie serait de passer à 42,4 millions de tonnes, soit nettement moins qu’à l’heure actuelle.</p><h3 style="text-align: center;">Réalité et objectifs divergents</h3><p style="text-align: center;"><strong>Objectifs climatiques suisses et émission de CO<sub>2</sub> par secteurs<img class="img-responsive img-center " src="https://media.bonpourlatete.com/default/w1200/1542884157_graphique1.png"></strong></p><h4 style="text-align: center;">Source: <a href="https://www.bafu.admin.ch/bafu/fr/home/themes/climat/en-bref.html">OFEV</a>. L’agriculture représente environ deux tiers des émissions représentées dans le secteur «Autres». Les objectifs sectoriels sont tirés du <a href="https://www.bafu.admin.ch/dam/bafu/fr/dokumente/klima/rechtliche-grundlagen/entwurf-co2-gesetz.pdf.download.pdf/Beilage_05_BG_FR_CO2-Gesetz_zu_BRA_UVEK.pdf">projet de révision de loi sur le CO<sub>2</sub></a>. L’objectif global pour 2020 représente la somme des secteurs.</h4><br><p>Mais la «nouvelle» politique climatique, qui a été tracée dans la perspective de la Conférence de Paris de novembre 2015, est déjà dépassée d’un point de vue scientifique. La Confédération a pour objectif, d’ici à 2030, de ramener les émissions à 50% des niveaux de 1990 – avec le but à long terme que la Suisse émette jusqu’à 85% de gaz à effet de serre en moins d’ici à 2050.</p><p>C’est ce que formule le <a href="https://www.bafu.admin.ch/dam/bafu/fr/dokumente/klima/rechtliche-grundlagen/botschaft-totalrevision-co2-gesetz-nach-2020.pdf.download.pdf/Beilage_01_BO_FR_CO2-Gesetz_zu_BRA_UVEK.pdf">message sur la révision de la loi sur le CO<sub>2</sub></a>, dont le Parlement débat cet hiver. Mais entre-temps, la recherche a déjà fait un pas de plus. En octobre, elle a porté un nouvel objectif aux standards. La température de la planète ne devrait en effet pas augmenter de plus de 1,5 degré Celsius. Conformément aux intentions réaffirmées à Paris, le monde serait ainsi préservé des pires conséquences liées au changement climatique. Toutefois, cet objectif n’a pas encore été pris en compte dans la nouvelle loi sur le CO<sub>2</sub>.</p><p>Ceci peut être compris à l’aide d’une formule simple: si l’on veut limiter l’augmentation de la température mondiale à 1,5 degré, le bilan des émissions de gaz à effet de serre doit être ramené à zéro d’ici le milieu du siècle. De plus, la planète ne doit pas rejeter plus de CO<sub>2</sub> dans l’atmosphère qu’elle ne peut en élimine (grâce à des procédés techniques qui restent encore à inventer). Si la Suisse veut participer à cette politique, son bilan d’émissions doit être nul d’ici 2050.</p><p>Pourtant, la Suisse en est encore loin. Les sections suivantes montrent dans quels domaines la politique climatique a déjà été couronnée de succès – et dans quels domaines elle y a un encore du chemin à parcourir.</p><p>Les émissions nationales de gaz à effet de serre sont généralement divisées en quatre catégories: Bâtiments, Industrie, Transport, Autres.</p><p></p><hr><p></p><h2>Bâtiments</h2><p>Les nouvelles règles en vigueur demandent un remplacement des systèmes de chauffage au mazout par des systèmes plus respectueux du climat. Mais les progrès sont trop lents.</p><p style="text-align: left;"><em><strong>Émissions actuelles</strong>: 13,2 millions de tonnes d’équivalent CO<sub>2</sub></em></p><p style="text-align: left;"><em><strong>Tendance:</strong> à la baisse</em></p><p style="text-align: left;"><em><strong>Conclusion de la politique climatique</strong>: juste ok</em></p><p>C’est en matière de bâtiment que la politique climatique suisse a le plus fait ses preuves. Les émissions ont diminué de près d’un quart depuis 1990. De plus en plus de maisons sont chauffées avec des pompes à chaleur et bon nombre de vieux bâtiments sont en cours de rénovation.</p><h3 style="text-align: center;">La majorité d’entre eux chauffent encore à l’énergie fossile</h3><p style="text-align: center;"><strong>Part des sources d’énergie dans le chauffage des ménages</strong></p><h4 style="text-align: center;"><img class="img-responsive img-center " src="https://media.bonpourlatete.com/default/w1200/1542884819_graphique2bis.png">Source: <a href="https://www.bfs.admin.ch/bfs/fr/home/statistiques/construction-logement/batiments/domaine-energetique.html">OFS</a><strong><br></strong></h4><p>Au cœur de la politique climatique se trouve ici une taxe sur le CO<sub>2</sub> pour le pétrole, le gaz et le charbon. Il rend le chauffage aux combustibles fossiles peu attrayant. Et cela fonctionne: <a href="https://www.energie-experten.ch/fileadmin/user_upload/content/Blog/Dokumente/Heizsysteme_-_Entwicklung_der_Marktanteile_2000-2013.pdf">dans les nouveaux bâtiments, plus aucun système de chauffage au mazout n’est installé aujourd’hui (ou presque)</a>. Patrick Hofstetter, spécialiste du climat au WWF Suisse, estime toutefois que la réflexion concernant les vieux bâtiments n’est pas suffisante. «Dans deux cas sur trois, quand un chauffage est remplacé, le mazout ou le gaz entre en jeu.»</p><p>Le problème est le suivant: un nouveau système de chauffage au mazout installé aujourd’hui fonctionnera pendant les 25 prochaines années. Cela influence donc l’équilibre climatique à long terme. «Pour être sur la voie du zéro émission en 2050, il ne faudrait plus installer aucun système de chauffage au mazout ou au gaz», explique M. Hofstetter.</p><p>La stratégie de la <a href="https://www.endk.ch/fr/documentation/communiques-de-presse/medienmitteilung/ftw-simplelayout-filelistingblock/Medienmitteilung_PV_20160829_f.pdf/download">Conférence des directeurs cantonaux de l’énergie</a> prévoit que d’ici 2050, les émissions de CO<sub>2</sub> des bâtiments soient ramenées à 20% par rapport à 1990 – un objectif ambitieux, mais pas encore suffisant par rapport à l’objectif des 1,5 degré. S’il s’avère au milieu de la prochaine décennie qu’il ne sera pas respecté, le gouvernement compte d’ailleurs introduire une valeur limite d’émission de CO<sub>2</sub> lors des remplacements de systèmes de chauffage dans les vieux bâtiments et interdire complètement les systèmes de chauffage au mazout dans les nouveaux bâtiments, comme l’a d<a href="http://www.aue.bs.ch/energie/gebaeude-energie/heizungsersatz.html">écidé Bâle-Ville</a> l’année dernière.</p><p><a href="https://www.bafu.admin.ch/bafu/fr/home/themes/climat/droit/totalrevision-co2-gesetz.html">La nouvelle loi sur le CO<sub>2</sub></a> veut également relever taxe en vigueur depuis 2008: de 120 CHF à 210 CHF au maximum par tonne. Mais même à des taux plus élevés, les incitations à se chauffer d’une manière respectueuse du climat ne sont suffisantes que si les propriétaires sont bien informés – ce qui n’est pas toujours le cas. Les réglementations telles que celles de Bâle constituent la mesure la plus efficace.</p><p>Pour ramener le bilan des émissions à zéro d’ici 2050, il faudrait mettre plus rapidement à niveau l’ensemble du parc immobilier. À l’heure actuelle, seul 1% des bâtiments sont rénovés chaque année. L’association Swisscleantech estime qu’un taux de 2 à 3% serait nécessaire pour atteindre les objectifs climatiques de Paris. En ce qui concerne l’objectif de 1,5 degré, il en faudrait encore plus, selon l’économiste des ressources Lucas Bretschger de l’ETH Zurich.</p><p><strong>Ce qui manque</strong>: des taxes plus élevées sur le CO<sub>2</sub>, une interdiction rapide des systèmes de chauffage au mazout.</p><p></p><hr><p></p><h2>Industrie</h2><p>Les entreprises suisses émettent moins de CO<sub>2 </sub>que par le passé. Mais c’est surtout dû aux changements structurels: certaines émissions ont été délocalisées à l’étranger.</p><p><em><strong>Émissions actuelles</strong>: 10,9 millions de tonnes d’équivalent CO<sub>2</sub></em></p><p><em><strong>Tendance</strong>: en légère baisse</em></p><p><em><strong>Conclusion sur la politique climatique</strong>: passable</em></p><p>Au niveau du secteur industriel, la Suisse n’est pas en trop mauvais chemin. Les émissions de gaz à effet de serre ont diminué de 17% depuis 1990. Cela est dû aux lois, mais aussi aux changements structurels: les activités à forte intensité énergétique sont de plus en plus délocalisées à l’étranger – et ne figurent donc pas dans les statistiques.</p><p>La taxe sur le CO<sub>2</sub> lié aux carburants a pour but d’obliger l’industrie à adopter un comportement respectueux du climat. Les entreprises peuvent pourtant passer outre, soit parce qu’elles sont suffisamment grandes pour participer au système d’échange de quotas d’émission, soit parce qu’elles sont suffisamment petites pour conclure un accord individuel avec la Confédération sur la réduction de leurs émissions.</p><p>Ce système, qui réunit des entreprises et des experts en énergie, est unique au monde. La majorité des spécialistes le juge positif, à l’exception du manque partiel de transparence. En fin de compte, le facteur décisif pour l’industrie est la précision avec laquelle les rouages sont imbriqués.</p><p>Cela vaut surtout pour l’échange de droits d’émission, qui devrait à l’avenir s’ancrer dans le système européen. Cela ouvrirait des opportunités économiques pour la cinquantaine d’entreprises suisses qui participent au système: si elles se comportent de manière exemplaire, elles pourront à l’avenir vendre des certificats d’émission. Le droit d’émettre une tonne de CO<sub>2</sub> se négocie actuellement <a href="https://www.finanzen.ch/rohstoffe/co2-emissionsrechte">à un peu moins de 20 euros en Europe</a>, un prix bien plus haut qu’en Suisse.</p><h3>Les émissions de polluants seront à nouveau plus chères</h3><p><strong>Prix d’échange des certificats d’émission en Europe</strong></p><h4><strong><img class="img-responsive img-center " src="https://media.bonpourlatete.com/default/w1200/1542885621_graphique3.png"></strong></h4><h4 style="text-align: center;">Source: <a href="https://www.investing.com/commodities/carbon-emissions">Investir.com</a></h4><br><p>Toutefois, l’impact de l’échange de droits d’émission dans son ensemble dépend de l’évolution de la quantité totale de droits d’émission négociables. Jürg Füssler d’Infras, une société de conseil, déclare que le système est encore constitué de beaucoup de vent: «Trop de certificats sont attribués gratuitement aux entreprises chaque année, de sorte qu’il n’y a guère de pression pour réduire les émissions.»</p><p>Quoi qu’il en soit, l’offre dans le système européen devrait diminuer plus rapidement à partir de 2021: <a href="https://ec.europa.eu/clima/policies/ets_en">de 2,2% </a>par an, <a href="https://www.bafu.admin.ch/bafu/fr/home/themes/climat/info-specialistes/politique-climatique/echange-de-quotas-demission/systeme-suisse-dechange-de-quotas-demission--seqe-.html">contre 1,7%</a> actuellement. Mais même cela ne suffit pas pour s’engager sur un chemin en harmonie avec les accords de Paris.</p><p>La Suisse a toutefois les mains liées si elle veut aller accélérer le tempo. Sa politique climatique en matière d’échange de droits d’émission – qui couvre un dixième de l’ensemble des émissions – sera en effet à l’avenir mise en œuvre par l’UE.</p><p><strong>Ce qui manque</strong>: des réductions plus rapides de la quantité totale dans le commerce des certificats.</p><p></p><hr><p></p><h2>Agriculture</h2><br><p>L’agriculture a longtemps été ignorée dans la politique climatique suisse. C’est sur le point de changer. Cependant, on ne sait toujours pas comment.</p><p><em><strong>Emissions actuelles</strong>: 6,5 millions de tonnes d’équivalent CO<sub>2</sub></em></p><p><em><strong>Tendance</strong>: constante</em></p><p><em><strong>Conclusion sur la politique climatique:</strong> insuffisante</em></p><p>Les vaches émettent du méthane et les engrais libèrent de l’oxyde nitreux. Les deux sont des gaz à effet de serre à impact fort. C’est pourquoi l’agriculture joue un rôle important dans le bilan climatique de la Suisse.</p><p>Cela dit, les émissions de gaz à effet de serre ont baissé de 11% depuis 1990. Selon la stratégie climatique agricole du gouvernement fédéral, une réduction similaire doit encore être observée jusqu’à 2030. Et d’ici 2050, les émissions devraient finalement diminuer d’un tiers par rapport au niveau de 1990.</p><p>Ça a l’air d’être un plan réfléchi. Mais pour atteindre les objectifs climatiques globaux dans les décennies à venir, c’est loin d’être suffisant.</p><p>Il est étrange que l’agriculture – contrairement à d’autres secteurs comme l’industrie – ne soit pas incluse dans la nouvelle loi sur le CO<sub>2</sub>. Au lieu de cela, le Conseil fédéral veut y réglementer la politique climatique dans le cadre de la n<a href="https://www.admin.ch/gov/fr/accueil/documentation/communiques.msg-id-72932.html">ouvelle politique agricole 2022 (PA22+)</a>, qui a fait l’objet d’une consultation la semaine dernière.</p><p>Toutefois, on ne sait toujours pas exactement comment les émissions agricoles seront réduites. Dans un premier rapport sur la PA22+, le gouvernement propose simplement d’augmenter les subventions pour les productions durables comme les fermes biologiques. Le rapport ne contient pas d’autres mesures climatiques ni de critères de référence concrets à l’aune desquels la politique climatique devrait être mesurée.</p><p>Pourtant, le <a href="https://www.republik.ch/2018/09/07/das-land-wo-bald-die-zitronen-bluehn">changement climatique frappe durement l’agriculture.</a> Cela est devenu évident cet été, alors que les sols et les cours d’eau se sont asséchés et que l<a href="https://www.republik.ch/2018/09/07/das-land-wo-bald-die-zitronen-bluehn">e fourrage s’est raréfié</a>. Il est donc d’autant plus étonnant que les agriculteurs n’aient, jusqu’à présent, guère été inclus dans ces questions.</p><p>La politique alimentaire manque également d’une vue d’ensemble. En septembre, <a href="https://www.republik.ch/2018/09/06/was-sie-zu-den-beiden-landwirtschafts-abstimmungen-wissen-muessen">le peuple a rejeté l’initiative populaire «Pour la sécurité alimentaire» et l’Initiative pour une alimentation équitable</a>. Les deux préoccupations appelaient à une reconversion radicale de l’agriculture et au renforcement d’une production locale durable en faveur de la réduction des émissions de CO<sub>2</sub>. Aucune alternative n’a néanmoins été proposée.</p><p><strong>Ce qui manque</strong>: une stratégie globale qui place le climat au centre de la politique agricole et alimentaire de la Suisse.</p><h2><hr></h2><h2>Transport</h2><p>L’essence est trop bon marché, les Suisses se déplacent trop en voiture, et l’électrification du transport routier est en retard par rapport à celle d’autres pays.</p><p><em><strong>Émissions actuelles:</strong> 15,3 millions de tonnes d’équivalent CO<sub>2</sub></em></p><p><em><strong>Tendance:</strong> en hausse</em></p><p><em><strong>Conclusion sur la politique climatique</strong>: misérable</em></p><p>Si les gens ne voyageaient pas, nous n’aurions pas de problèmes climatiques: les voitures et les camions sont responsables d’un tiers des émissions de gaz à effet de serre en Suisse. Presque tous les ménages possèdent une voiture particulière, le nombre de kilomètres parcourus augmente d’année en année; les émissions liées au trafic aussi.</p><p>Que fait la politique suisse à cet égard?</p><p>Depuis 2015, une voiture neuve n’émet en moyenne pas plus de 130 grammes de CO<sub>2</sub> par kilomètre (la VW Golf compense la consommation d’un 4X4). À partir de 2020, cela sera réduit à 95 grammes. Toutefois, de nombreux importateurs de voitures n’adhèrent pas aux règles et préfèrent payer une amende plutôt que de s’abstenir de vendre d’imposantes voitures de luxe et des véhicules surpuissants particulièrement gourmands en essence.</p><p>L’efficacité du parc automobile, qui est meilleure qu’au début de la décennie, ne descend pourtant pas en dessous du minimum prescrit, et augmente même de plus en plus au-dessus de la valeur limite. Les incitations écologiques pour la circulation automobile sont minimes. L’essence reste bon marché, car la taxe sur le CO<sub>2</sub> n’est perçue que sur les combustibles, et non sur l’essence.</p><h3 style="text-align: center;">Deombreux nouveaux 4x4 sur les routes suisses</h3><p style="text-align: center;"><strong>Émissions moyennes de CO<sub>2</sub> des véhicules neufs</strong></p><h4 style="text-align: center;"><img class="img-responsive img-center " src="https://bonpourlatete.comhttps://media.bonpourlatete.com/default/w1016/1542890181_graphique4.png">Source: <a href="http://www.bfe.admin.ch/php/modules/publikationen/stream.php?extlang=fr&name=fr_591419039.pdf&endung=Mise%20en%20oeuvre%20des%20prescriptions%20sur%20les%20%E9missions%20de%20CO2%20des%20voitures%20de%20tourisme%20en%202017">OFEN</a></h4><br><p>Des mesures plus radicales sont donc nécessaires pour réduire davantage les émissions dues au trafic, conformément aux objectifs climatiques. Dans l<a href="https://www.bafu.admin.ch/bafu/fr/home/themes/climat/droit/totalrevision-co2-gesetz.html">a nouvelle loi sur le CO<sub>2</sub>,</a> le Conseil fédéral exige que les importateurs de carburants compensent jusqu’à 90% des émissions liées au trafic dans un délai de douze ans. En d’autres termes, ils doivent dépenser de l’argent pour des projets qui permettent de réaliser des économies de CO<sub>2</sub>. À l’heure actuelle, ce taux d’indemnisation est de 10%.</p><p>Dans le même temps, le prix du carburant ne devrait pas augmenter de plus de 8 centimes: c’est ce que veut la Commission de l’environnement du Conseil national, qui s’est penchée sur la facture il y a quelques semaines. Une décision qui contredit diamétralement la demande du Conseil fédéral. En effet, la compensation des émissions de CO<sub>2</sub> ne peut être efficace que si elle entraîne une certaine augmentation du prix de l’essence. <a href="https://www.tagesanzeiger.ch/schweiz/standard/erdoelbranche-haut-im-benzinpreispoker-auf-den-tisch/story/25000288">Les estimations pour cette fourchette vont de 10 à 16 centimes.</a></p><p>La politique climatique dans le secteur des transports est un casse-tête. Outre le prix de l’essence, cela inclut également l’expansion des transports publics et l’infrastructure pour les voitures électriques. Le gouvernement fédéral veut rendre les véhicules électriques plus attrayants grâce à un catalogue de mesures: d’ici 2050, <a href="https://www.derbund.ch/schweiz/standard/Foerderung-von-Elektroautos-ist-keine-Antwort-auf-die-Staubelastung-/story/19891077">une voiture suisse sur cinq devrait être alimentée à l’électricité</a>, ce qui est extrêmement faible par rapport à l’objectif des 1,5 degré.</p><p>En Norvège, ce pays e-Pioneer, la proportion de voitures électriques atteint déjà ce chiffre. Là-bas, l’ère des carburants fossiles pour les voitures <a href="https://www.theguardian.com/environment/2017/feb/07/power-to-the-ev-norway-spearheads-europes-electric-vehicle-surge">devrait s’achever d’ici 2025</a>.</p><p><strong>Ce qui manque:</strong> des limites d’émissions strictes, des taxes de carburant élevées et des efforts concertés pour développer rapidement la mobilité électrique.</p><p></p><hr><p></p><h2>Trafic aérien</h2><p>Il n’existe pas de politique climatique suisse dans le domaine de l’aviation. Les compagnies aériennes sont indirectement subventionnées, et les bas prix des billets alimentent la demande.</p><p><strong>Émissions actuelles</strong>: environ 10 millions de tonnes d’équivalent CO<sub>2</sub></p><p><strong>Tendance:</strong> en hausse</p><p><strong>Conclusion sur la politique climatique</strong>: inexistante</p><p>La population suisse vole deux fois plus souvent que celle des pays voisins: 9000 kilomètres par an et par habitant. Bien que les citoyens soient plus respectueux de l’environnement dans la plupart des domaines, les émissions augmentent néanmoins au niveau du trafic aérien.</p><blockquote><p><em><strong>«La politique climatique a longtemps ignoré l’aviation», déclare Florian Brunner de la Fondation suisse pour l’énergie. «On en paye maintenant le prix.»</strong></em></p></blockquote><p>Le fait que l’aviation ne figure pas dans les statistiques malgré l’impact climatique élevé est dû aux conventions internationales: chaque pays tient un registre de ses émissions de CO2 à l’intérieur de ses frontières nationales. Le trafic aérien international passe à travers les mailles du filet, le traité de Paris sur le climat n’a pas un seul mot sur l’aviation. La réduction des émissions de l’aviation ne fait pas non plus partie des objectifs climatiques officiels de la Suisse.</p><p>Pour réduire les émissions du trafic aérien, il n’y a actuellement qu’une seule solution: le prix des billets doit augmenter. D’autres innovations techniques, comme les avions électriques, qui permettraient de se passer du kérosène, ne sont pas à espérer dans un avenir proche. On doit donc se concentrer sur la consommation et, par conséquent, toucher le portefeuille du consommateur.</p><p>Le gros problème, c’est que la réalité va à l’encontre des intentions. Ces dernières années, le prix des billets n’a cessé de baisser sur le marché très concurrentiel des compagnies aériennes. Dans le même temps, la demande de miles aériens a augmenté.</p><p>Certains pays européens ont, dans une certaine mesure, contrecarré cette tendance en introduisant des taxes sur les billets d’avion au niveau des vols court-courriers et intercontinentaux. Cependant, en Suisse, les partis bourgeois s’opposent à de telles idées.</p><p>La Commission de l’environnement du Conseil national a récemment rejeté <a href="https://www.parlament.ch/press-releases/Pages/2018/mm-urek-n-2018-10-10.aspx">la proposition d’une taxe de 12 à 50 francs sur les billets</a>, avec un résultat de treize contre douze voix. La justification est peu convaincante: selon eux, il y a une migration des clients vers l’étranger. Une redevance de ce montant ne suffirait évidemment pas à réduire sensiblement le trafic aérien, mais cela ce serait au moins une mesure qui alignerait la Suisse sur les autres pays.</p><h3 style="text-align: center;">Prendre l’avion ne doit pas être trop bon marché</h3><p style="text-align: center;"><strong>Taxes sur les billets dans les pays européens</strong></p><h4 style="text-align: center;"><strong><img class="img-responsive img-center " src="https://media.bonpourlatete.com/default/w1200/1542890592_graphique5.png"></strong>* Conversion de la monnaie locale en euros au taux de change du 12 novembre 2018, les tarifs varient selon la classe de vol et la destination. Source: <a href="https://a4e.eu/wp-content/uploads/2017/10/The-economic-impact-of-air-taxes-in-Europe-EEA-1.pdf">PWC</a>, <a href="https://www.fccaviation.com/regulation/sweden/swedish-aviation-tax">FCC Aviation</a>.</h4><br><p>L’aviation reste donc très privilégiée: les vols internationaux continuent d’être exonérés des taxes sur la valeur ajoutée et sur les huiles minérales, alors qu’elles représentent plus de la moitié du prix du carburant automobile. <a href="https://www.tagesanzeiger.ch/schweiz/standard/das-sind-die-profiteure-des-oelbonus/story/22769082">Cela prive ainsi la Confédération de 1,7 milliard de francs suisses de recettes</a> qui pourraient être investis dans la protection du climat.</p><p>La seule petite étape que la Suisse franchit en matière de politique climatique est celle de relier son système d’échange de quotas d’émission à celui de l’UE. Dès que l’accord en question aura été ratifié, le trafic aérien y sera également inclus. Cela signifie que les compagnies aériennes <a href="https://ec.europa.eu/clima/policies/ets/allowances/aviation_en">devront acheter des droits d’émission pour une partie de leur CO<sub>2</sub></a>. Selon les experts, toutefois, la mesure ne devrait entraîner qu’une augmentation minime du prix des billets.</p><p><strong>Ce qui manque</strong>: une taxe sur le CO<sub>2</sub> sur les billets d’avion et une TVA sur le transport aérien.</p><p></p><hr><p></p><h2>Émissions d’énergie grise</h2><p>Les citoyens et citoyennes suisses consomment de plus en plus de produits importés. C’est un avantage pour l’équilibre climatique national. Moins dans la vue d’ensemble.</p><p><em><strong>Émissions actuelles:</strong> 69,9 millions de tonnes d’équivalent CO<sub>2</sub></em></p><p><em><strong>Tendance:</strong> en hausse</em></p><p><em><strong>Conclusion sur la politique climatique:</strong> inexistante</em></p><p>La Suisse peut se vanter. En moyenne, chaque habitant émet un peu moins de six tonnes de CO<sub>2</sub> par an, soit moins que dans la plupart des autres pays.</p><p>Mais les apparences sont trompeuses. Si l’on étend la vision au-delà des frontières nationales à l’ensemble de la chaîne d’approvisionnement, l’empreinte des gaz à effet de serre augmente <a href="https://www.bafu.admin.ch/dam/bafu/fr/dokumente/klima/ui-umwelt-info/klimapolitik-der-schweiz.pdf.download.pdf/la-politique-climatique-suisse-1803.pdf">de huit tonnes pour atteindre un total de quatorze tonnes de CO<sub>2</sub></a> par habitant.</p><p>Cette différence représente ce qu’on appelle l’énergie grise. C’est la quantité de gaz à effet de serre émise lors de la production et du transport de toutes les marchandises importées en Suisse. Il s’agit notamment des matières premières, des biens industriels, des produits ménagers et des denrées alimentaires.</p><p>Les émissions des marchandises importées sont (avec l’aviation) l’angle mort de la politique climatique internationale. En Suisse, contrairement aux émissions nationales, elles ont augmenté pour finalement dépasser les émissions des autres secteurs.</p><h3 style="text-align: center;">Exportation des problèmes climatiques</h3><p style="text-align: center;"><strong>Émissions de gaz à effet de serre, en millions de tonnes d’équivalents CO<sub>2</sub></strong></p><h4 style="text-align: center;"><strong><img class="img-responsive img-center " src="https://media.bonpourlatete.com/default/w1200/1542890932_graphique6.png"></strong>Source: <a href="https://www.bafu.admin.ch/bafu/fr/home/themes/climat/en-bref.html">OFEV</a>, <a href="https://uploads.strikinglycdn.com/files/d09ae0e0-d69e-4f29-a9a3-5d1813dcfae3/Klima-Allianz_Schweiz_Masterplan.pdf">Climate Alliance</a></h4><p>La Suisse pourrait travailler sur trois plans pour corriger cette tendance. <strong>Tout d’abord,</strong> se concentrer sur la consommation: utiliser des labels et lancer des campagnes pour encourager la population à acheter des produits moins nocifs pour le climat.</p><p><strong>Deuxièmement,</strong> se positionner dans le cadre des décisions multilatérales sur le climat, afin que les autres pays adoptent une politique climatique stricte, pour que les produits qu’ils exportent vers la Suisse soient moins nocifs pour le climat.</p><p><strong>Troisièmement</strong>, introduire des «tarifs climatiques» en fonction de l’intensité des émissions d’un bien. Des produits allant du bœuf aux T-shirts jusqu’au aux tubes d’aluminium seraient majorés à des degrés divers. Toutefois, de nouveaux tarifs ne sont pas nécessairement souhaitables dans le climat politique actuel de guerres commerciales mondiales – et surtout, ils seraient seulement efficaces s’ils étaient introduits par un grand pays ou un groupe de nations comme l’UE.</p><p><strong>Ce qui manque</strong>: une action concertée avec l’UE.</p><p></p><hr><p></p><h2>Perspectives</h2><p>Il n’est pas trop tard – pas encore. Le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat considère qu’il est techniquement possible de maintenir le réchauffement planétaire en dessous de 1,5 degré. Pour ce faire, les pays devraient toutefois rapidement prendre des mesures drastiques.</p><p>La Conférence des Nations Unies sur le changement climatique à Katowice, en Pologne, qui débute le 3 décembre, devrait ouvrir la voie à cet égard. Des diplomates y élaboreront un ensemble détaillé de règles pour la mise en œuvre du Traité de Paris sur le climat à partir de 2020. Les questions juridiques et techniques sont au premier plan; par exemple, les pays doivent avoir des directives claires pour mesurer les émissions de CO<sub>2</sub>.</p><p>Le même jour, le débat parlementaire sur la révision de la loi sur le CO<sub>2</sub> débute à Berne. Pour la première fois, le Conseil national se penche sur le plan directeur de la Confédération pour la période 2021-2030. La question controversée est de savoir si le texte est suffisant: début octobre, le Conseil fédéral avait lui-même commandé une nouvelle révision de ses propres objectifs climatiques… Si la Suisse veut atteindre l’objectif de 1,5 degré, son bilan d’émissions doit être ramené à zéro d’ici 2050.</p><p>C’est exactement ce qu’exige l’activiste climatique Marcel Hänggi. Avec son «<a href="https://www.protection-climat.ch">initiative pour les glaciers</a>» récemment lancée, il veut interdire complètement les combustibles fossiles à partir de 2050 et inscrire les objectifs climatiques de Paris dans la Constitution.</p><p>Le dernier mot en matière de politique climatique reviendra donc aux citoyennes et citoyens.</p>', 'content_edition' => null, 'slug' => 'les-echecs-de-politiques-face-au-changement-climatique', 'headline' => false, 'homepage' => 'col-md-6', 'like' => (int) 709, 'editor' => null, 'index_order' => (int) 1376, 'homepage_order' => (int) 1606, 'original_url' => null, 'podcast' => false, 'tagline' => null, 'poster' => null, 'category_id' => (int) 5, 'person_id' => (int) 85, 'post_type_id' => (int) 1, 'poster_attachment' => null, 'editions' => [[maximum depth reached]], 'tags' => [ [maximum depth reached] ], 'locations' => [[maximum depth reached]], 'attachment_images' => [ [maximum depth reached] ], 'attachments' => [ [maximum depth reached] ], 'person' => object(App\Model\Entity\Person) {}, 'comments' => [ [maximum depth reached] ], 'category' => object(App\Model\Entity\Category) {}, '[new]' => false, '[accessible]' => [ [maximum depth reached] ], '[dirty]' => [[maximum depth reached]], '[original]' => [[maximum depth reached]], '[virtual]' => [[maximum depth reached]], '[hasErrors]' => false, '[errors]' => [[maximum depth reached]], '[invalid]' => [[maximum depth reached]], '[repository]' => 'Posts' }, 'relatives' => [ (int) 0 => object(App\Model\Entity\Post) {}, (int) 1 => object(App\Model\Entity\Post) {}, (int) 2 => object(App\Model\Entity\Post) {}, (int) 3 => object(App\Model\Entity\Post) {} ], 'embeds' => [], 'images' => [ (int) 0 => object(Cake\ORM\Entity) {} ], 'audios' => [], 'comments' => [ (int) 0 => object(App\Model\Entity\Comment) {} ], 'author' => 'Bon pour la tête', 'description' => 'Le réchauffement climatique frappe la Suisse plus durement que prévu. 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Des enfants dont les luges restent coincées dans une boue brunâtre: c’est de cette manière que le <a href="https://www.nccs.admin.ch/nccs/fr/home/changement-climatique-et-impacts/scenarios-climatiques-suisses.html">Centre climatique du NCCS</a> décrit l’avenir de la Suisse si la température globale continue son envolée effrénée.</p><p>Le message des climatologues est clair: la Suisse est touchée plus durement par le changement climatique que d’autres pays et cela, bien plus fortement qu’on ne le pensait. Des accords internationaux tels que l’Accord de Paris, qui visent à limiter l’augmentation de la température à moins de deux degrés Celsius par rapport à l’ère préindustrielle sont donc d’un intérêt fondamental pour la Suisse.</p><p><strong>Les grandes questions sont pourtant les suivantes: le pays se comporte-t-il en conséquence? Notre politique climatique est-elle suffisamment efficace? La Suisse prend-elle les mesures nécessaires pour jouer son rôle dans la résolution du problème?</strong></p><p>Si nous voulons répondre à ces questions en termes généraux, il n’y a qu’une seule réponse: non. La Suisse n’en fait pas encore assez pour lutter contre le changement climatique.</p><p>C’est ce qu’atteste déjà l’«ancienne» politique climatique suisse, qui date pourtant seulement de 2011. L’objectif d’ici 2020 est de réduire les émissions de CO<sub>2</sub> de 20% par rapport à 1990, mais la Suisse n’atteindra probablement pas cet objectif, comme le montre le graphique suivant.</p><p>Il y a deux ans, l’équivalent de 48,3 millions de tonnes de gaz à effet de serre CO<sub>2</sub> a été émis en Suisse. L’exigence à la fin de la décennie serait de passer à 42,4 millions de tonnes, soit nettement moins qu’à l’heure actuelle.</p><h3 style="text-align: center;">Réalité et objectifs divergents</h3><p style="text-align: center;"><strong>Objectifs climatiques suisses et émission de CO<sub>2</sub> par secteurs<img class="img-responsive img-center " src="https://media.bonpourlatete.com/default/w1200/1542884157_graphique1.png"></strong></p><h4 style="text-align: center;">Source: <a href="https://www.bafu.admin.ch/bafu/fr/home/themes/climat/en-bref.html">OFEV</a>. L’agriculture représente environ deux tiers des émissions représentées dans le secteur «Autres». Les objectifs sectoriels sont tirés du <a href="https://www.bafu.admin.ch/dam/bafu/fr/dokumente/klima/rechtliche-grundlagen/entwurf-co2-gesetz.pdf.download.pdf/Beilage_05_BG_FR_CO2-Gesetz_zu_BRA_UVEK.pdf">projet de révision de loi sur le CO<sub>2</sub></a>. L’objectif global pour 2020 représente la somme des secteurs.</h4><br><p>Mais la «nouvelle» politique climatique, qui a été tracée dans la perspective de la Conférence de Paris de novembre 2015, est déjà dépassée d’un point de vue scientifique. La Confédération a pour objectif, d’ici à 2030, de ramener les émissions à 50% des niveaux de 1990 – avec le but à long terme que la Suisse émette jusqu’à 85% de gaz à effet de serre en moins d’ici à 2050.</p><p>C’est ce que formule le <a href="https://www.bafu.admin.ch/dam/bafu/fr/dokumente/klima/rechtliche-grundlagen/botschaft-totalrevision-co2-gesetz-nach-2020.pdf.download.pdf/Beilage_01_BO_FR_CO2-Gesetz_zu_BRA_UVEK.pdf">message sur la révision de la loi sur le CO<sub>2</sub></a>, dont le Parlement débat cet hiver. Mais entre-temps, la recherche a déjà fait un pas de plus. En octobre, elle a porté un nouvel objectif aux standards. La température de la planète ne devrait en effet pas augmenter de plus de 1,5 degré Celsius. Conformément aux intentions réaffirmées à Paris, le monde serait ainsi préservé des pires conséquences liées au changement climatique. Toutefois, cet objectif n’a pas encore été pris en compte dans la nouvelle loi sur le CO<sub>2</sub>.</p><p>Ceci peut être compris à l’aide d’une formule simple: si l’on veut limiter l’augmentation de la température mondiale à 1,5 degré, le bilan des émissions de gaz à effet de serre doit être ramené à zéro d’ici le milieu du siècle. De plus, la planète ne doit pas rejeter plus de CO<sub>2</sub> dans l’atmosphère qu’elle ne peut en élimine (grâce à des procédés techniques qui restent encore à inventer). Si la Suisse veut participer à cette politique, son bilan d’émissions doit être nul d’ici 2050.</p><p>Pourtant, la Suisse en est encore loin. Les sections suivantes montrent dans quels domaines la politique climatique a déjà été couronnée de succès – et dans quels domaines elle y a un encore du chemin à parcourir.</p><p>Les émissions nationales de gaz à effet de serre sont généralement divisées en quatre catégories: Bâtiments, Industrie, Transport, Autres.</p><p></p><hr><p></p><h2>Bâtiments</h2><p>Les nouvelles règles en vigueur demandent un remplacement des systèmes de chauffage au mazout par des systèmes plus respectueux du climat. Mais les progrès sont trop lents.</p><p style="text-align: left;"><em><strong>Émissions actuelles</strong>: 13,2 millions de tonnes d’équivalent CO<sub>2</sub></em></p><p style="text-align: left;"><em><strong>Tendance:</strong> à la baisse</em></p><p style="text-align: left;"><em><strong>Conclusion de la politique climatique</strong>: juste ok</em></p><p>C’est en matière de bâtiment que la politique climatique suisse a le plus fait ses preuves. Les émissions ont diminué de près d’un quart depuis 1990. De plus en plus de maisons sont chauffées avec des pompes à chaleur et bon nombre de vieux bâtiments sont en cours de rénovation.</p><h3 style="text-align: center;">La majorité d’entre eux chauffent encore à l’énergie fossile</h3><p style="text-align: center;"><strong>Part des sources d’énergie dans le chauffage des ménages</strong></p><h4 style="text-align: center;"><img class="img-responsive img-center " src="https://media.bonpourlatete.com/default/w1200/1542884819_graphique2bis.png">Source: <a href="https://www.bfs.admin.ch/bfs/fr/home/statistiques/construction-logement/batiments/domaine-energetique.html">OFS</a><strong><br></strong></h4><p>Au cœur de la politique climatique se trouve ici une taxe sur le CO<sub>2</sub> pour le pétrole, le gaz et le charbon. Il rend le chauffage aux combustibles fossiles peu attrayant. Et cela fonctionne: <a href="https://www.energie-experten.ch/fileadmin/user_upload/content/Blog/Dokumente/Heizsysteme_-_Entwicklung_der_Marktanteile_2000-2013.pdf">dans les nouveaux bâtiments, plus aucun système de chauffage au mazout n’est installé aujourd’hui (ou presque)</a>. Patrick Hofstetter, spécialiste du climat au WWF Suisse, estime toutefois que la réflexion concernant les vieux bâtiments n’est pas suffisante. «Dans deux cas sur trois, quand un chauffage est remplacé, le mazout ou le gaz entre en jeu.»</p><p>Le problème est le suivant: un nouveau système de chauffage au mazout installé aujourd’hui fonctionnera pendant les 25 prochaines années. Cela influence donc l’équilibre climatique à long terme. «Pour être sur la voie du zéro émission en 2050, il ne faudrait plus installer aucun système de chauffage au mazout ou au gaz», explique M. Hofstetter.</p><p>La stratégie de la <a href="https://www.endk.ch/fr/documentation/communiques-de-presse/medienmitteilung/ftw-simplelayout-filelistingblock/Medienmitteilung_PV_20160829_f.pdf/download">Conférence des directeurs cantonaux de l’énergie</a> prévoit que d’ici 2050, les émissions de CO<sub>2</sub> des bâtiments soient ramenées à 20% par rapport à 1990 – un objectif ambitieux, mais pas encore suffisant par rapport à l’objectif des 1,5 degré. S’il s’avère au milieu de la prochaine décennie qu’il ne sera pas respecté, le gouvernement compte d’ailleurs introduire une valeur limite d’émission de CO<sub>2</sub> lors des remplacements de systèmes de chauffage dans les vieux bâtiments et interdire complètement les systèmes de chauffage au mazout dans les nouveaux bâtiments, comme l’a d<a href="http://www.aue.bs.ch/energie/gebaeude-energie/heizungsersatz.html">écidé Bâle-Ville</a> l’année dernière.</p><p><a href="https://www.bafu.admin.ch/bafu/fr/home/themes/climat/droit/totalrevision-co2-gesetz.html">La nouvelle loi sur le CO<sub>2</sub></a> veut également relever taxe en vigueur depuis 2008: de 120 CHF à 210 CHF au maximum par tonne. Mais même à des taux plus élevés, les incitations à se chauffer d’une manière respectueuse du climat ne sont suffisantes que si les propriétaires sont bien informés – ce qui n’est pas toujours le cas. Les réglementations telles que celles de Bâle constituent la mesure la plus efficace.</p><p>Pour ramener le bilan des émissions à zéro d’ici 2050, il faudrait mettre plus rapidement à niveau l’ensemble du parc immobilier. À l’heure actuelle, seul 1% des bâtiments sont rénovés chaque année. L’association Swisscleantech estime qu’un taux de 2 à 3% serait nécessaire pour atteindre les objectifs climatiques de Paris. En ce qui concerne l’objectif de 1,5 degré, il en faudrait encore plus, selon l’économiste des ressources Lucas Bretschger de l’ETH Zurich.</p><p><strong>Ce qui manque</strong>: des taxes plus élevées sur le CO<sub>2</sub>, une interdiction rapide des systèmes de chauffage au mazout.</p><p></p><hr><p></p><h2>Industrie</h2><p>Les entreprises suisses émettent moins de CO<sub>2 </sub>que par le passé. Mais c’est surtout dû aux changements structurels: certaines émissions ont été délocalisées à l’étranger.</p><p><em><strong>Émissions actuelles</strong>: 10,9 millions de tonnes d’équivalent CO<sub>2</sub></em></p><p><em><strong>Tendance</strong>: en légère baisse</em></p><p><em><strong>Conclusion sur la politique climatique</strong>: passable</em></p><p>Au niveau du secteur industriel, la Suisse n’est pas en trop mauvais chemin. Les émissions de gaz à effet de serre ont diminué de 17% depuis 1990. Cela est dû aux lois, mais aussi aux changements structurels: les activités à forte intensité énergétique sont de plus en plus délocalisées à l’étranger – et ne figurent donc pas dans les statistiques.</p><p>La taxe sur le CO<sub>2</sub> lié aux carburants a pour but d’obliger l’industrie à adopter un comportement respectueux du climat. Les entreprises peuvent pourtant passer outre, soit parce qu’elles sont suffisamment grandes pour participer au système d’échange de quotas d’émission, soit parce qu’elles sont suffisamment petites pour conclure un accord individuel avec la Confédération sur la réduction de leurs émissions.</p><p>Ce système, qui réunit des entreprises et des experts en énergie, est unique au monde. La majorité des spécialistes le juge positif, à l’exception du manque partiel de transparence. En fin de compte, le facteur décisif pour l’industrie est la précision avec laquelle les rouages sont imbriqués.</p><p>Cela vaut surtout pour l’échange de droits d’émission, qui devrait à l’avenir s’ancrer dans le système européen. Cela ouvrirait des opportunités économiques pour la cinquantaine d’entreprises suisses qui participent au système: si elles se comportent de manière exemplaire, elles pourront à l’avenir vendre des certificats d’émission. Le droit d’émettre une tonne de CO<sub>2</sub> se négocie actuellement <a href="https://www.finanzen.ch/rohstoffe/co2-emissionsrechte">à un peu moins de 20 euros en Europe</a>, un prix bien plus haut qu’en Suisse.</p><h3>Les émissions de polluants seront à nouveau plus chères</h3><p><strong>Prix d’échange des certificats d’émission en Europe</strong></p><h4><strong><img class="img-responsive img-center " src="https://media.bonpourlatete.com/default/w1200/1542885621_graphique3.png"></strong></h4><h4 style="text-align: center;">Source: <a href="https://www.investing.com/commodities/carbon-emissions">Investir.com</a></h4><br><p>Toutefois, l’impact de l’échange de droits d’émission dans son ensemble dépend de l’évolution de la quantité totale de droits d’émission négociables. Jürg Füssler d’Infras, une société de conseil, déclare que le système est encore constitué de beaucoup de vent: «Trop de certificats sont attribués gratuitement aux entreprises chaque année, de sorte qu’il n’y a guère de pression pour réduire les émissions.»</p><p>Quoi qu’il en soit, l’offre dans le système européen devrait diminuer plus rapidement à partir de 2021: <a href="https://ec.europa.eu/clima/policies/ets_en">de 2,2% </a>par an, <a href="https://www.bafu.admin.ch/bafu/fr/home/themes/climat/info-specialistes/politique-climatique/echange-de-quotas-demission/systeme-suisse-dechange-de-quotas-demission--seqe-.html">contre 1,7%</a> actuellement. Mais même cela ne suffit pas pour s’engager sur un chemin en harmonie avec les accords de Paris.</p><p>La Suisse a toutefois les mains liées si elle veut aller accélérer le tempo. Sa politique climatique en matière d’échange de droits d’émission – qui couvre un dixième de l’ensemble des émissions – sera en effet à l’avenir mise en œuvre par l’UE.</p><p><strong>Ce qui manque</strong>: des réductions plus rapides de la quantité totale dans le commerce des certificats.</p><p></p><hr><p></p><h2>Agriculture</h2><br><p>L’agriculture a longtemps été ignorée dans la politique climatique suisse. C’est sur le point de changer. Cependant, on ne sait toujours pas comment.</p><p><em><strong>Emissions actuelles</strong>: 6,5 millions de tonnes d’équivalent CO<sub>2</sub></em></p><p><em><strong>Tendance</strong>: constante</em></p><p><em><strong>Conclusion sur la politique climatique:</strong> insuffisante</em></p><p>Les vaches émettent du méthane et les engrais libèrent de l’oxyde nitreux. Les deux sont des gaz à effet de serre à impact fort. C’est pourquoi l’agriculture joue un rôle important dans le bilan climatique de la Suisse.</p><p>Cela dit, les émissions de gaz à effet de serre ont baissé de 11% depuis 1990. Selon la stratégie climatique agricole du gouvernement fédéral, une réduction similaire doit encore être observée jusqu’à 2030. Et d’ici 2050, les émissions devraient finalement diminuer d’un tiers par rapport au niveau de 1990.</p><p>Ça a l’air d’être un plan réfléchi. Mais pour atteindre les objectifs climatiques globaux dans les décennies à venir, c’est loin d’être suffisant.</p><p>Il est étrange que l’agriculture – contrairement à d’autres secteurs comme l’industrie – ne soit pas incluse dans la nouvelle loi sur le CO<sub>2</sub>. Au lieu de cela, le Conseil fédéral veut y réglementer la politique climatique dans le cadre de la n<a href="https://www.admin.ch/gov/fr/accueil/documentation/communiques.msg-id-72932.html">ouvelle politique agricole 2022 (PA22+)</a>, qui a fait l’objet d’une consultation la semaine dernière.</p><p>Toutefois, on ne sait toujours pas exactement comment les émissions agricoles seront réduites. Dans un premier rapport sur la PA22+, le gouvernement propose simplement d’augmenter les subventions pour les productions durables comme les fermes biologiques. Le rapport ne contient pas d’autres mesures climatiques ni de critères de référence concrets à l’aune desquels la politique climatique devrait être mesurée.</p><p>Pourtant, le <a href="https://www.republik.ch/2018/09/07/das-land-wo-bald-die-zitronen-bluehn">changement climatique frappe durement l’agriculture.</a> Cela est devenu évident cet été, alors que les sols et les cours d’eau se sont asséchés et que l<a href="https://www.republik.ch/2018/09/07/das-land-wo-bald-die-zitronen-bluehn">e fourrage s’est raréfié</a>. Il est donc d’autant plus étonnant que les agriculteurs n’aient, jusqu’à présent, guère été inclus dans ces questions.</p><p>La politique alimentaire manque également d’une vue d’ensemble. En septembre, <a href="https://www.republik.ch/2018/09/06/was-sie-zu-den-beiden-landwirtschafts-abstimmungen-wissen-muessen">le peuple a rejeté l’initiative populaire «Pour la sécurité alimentaire» et l’Initiative pour une alimentation équitable</a>. Les deux préoccupations appelaient à une reconversion radicale de l’agriculture et au renforcement d’une production locale durable en faveur de la réduction des émissions de CO<sub>2</sub>. Aucune alternative n’a néanmoins été proposée.</p><p><strong>Ce qui manque</strong>: une stratégie globale qui place le climat au centre de la politique agricole et alimentaire de la Suisse.</p><h2><hr></h2><h2>Transport</h2><p>L’essence est trop bon marché, les Suisses se déplacent trop en voiture, et l’électrification du transport routier est en retard par rapport à celle d’autres pays.</p><p><em><strong>Émissions actuelles:</strong> 15,3 millions de tonnes d’équivalent CO<sub>2</sub></em></p><p><em><strong>Tendance:</strong> en hausse</em></p><p><em><strong>Conclusion sur la politique climatique</strong>: misérable</em></p><p>Si les gens ne voyageaient pas, nous n’aurions pas de problèmes climatiques: les voitures et les camions sont responsables d’un tiers des émissions de gaz à effet de serre en Suisse. Presque tous les ménages possèdent une voiture particulière, le nombre de kilomètres parcourus augmente d’année en année; les émissions liées au trafic aussi.</p><p>Que fait la politique suisse à cet égard?</p><p>Depuis 2015, une voiture neuve n’émet en moyenne pas plus de 130 grammes de CO<sub>2</sub> par kilomètre (la VW Golf compense la consommation d’un 4X4). À partir de 2020, cela sera réduit à 95 grammes. Toutefois, de nombreux importateurs de voitures n’adhèrent pas aux règles et préfèrent payer une amende plutôt que de s’abstenir de vendre d’imposantes voitures de luxe et des véhicules surpuissants particulièrement gourmands en essence.</p><p>L’efficacité du parc automobile, qui est meilleure qu’au début de la décennie, ne descend pourtant pas en dessous du minimum prescrit, et augmente même de plus en plus au-dessus de la valeur limite. Les incitations écologiques pour la circulation automobile sont minimes. L’essence reste bon marché, car la taxe sur le CO<sub>2</sub> n’est perçue que sur les combustibles, et non sur l’essence.</p><h3 style="text-align: center;">Deombreux nouveaux 4x4 sur les routes suisses</h3><p style="text-align: center;"><strong>Émissions moyennes de CO<sub>2</sub> des véhicules neufs</strong></p><h4 style="text-align: center;"><img class="img-responsive img-center " src="https://bonpourlatete.comhttps://media.bonpourlatete.com/default/w1016/1542890181_graphique4.png">Source: <a href="http://www.bfe.admin.ch/php/modules/publikationen/stream.php?extlang=fr&name=fr_591419039.pdf&endung=Mise%20en%20oeuvre%20des%20prescriptions%20sur%20les%20%E9missions%20de%20CO2%20des%20voitures%20de%20tourisme%20en%202017">OFEN</a></h4><br><p>Des mesures plus radicales sont donc nécessaires pour réduire davantage les émissions dues au trafic, conformément aux objectifs climatiques. Dans l<a href="https://www.bafu.admin.ch/bafu/fr/home/themes/climat/droit/totalrevision-co2-gesetz.html">a nouvelle loi sur le CO<sub>2</sub>,</a> le Conseil fédéral exige que les importateurs de carburants compensent jusqu’à 90% des émissions liées au trafic dans un délai de douze ans. En d’autres termes, ils doivent dépenser de l’argent pour des projets qui permettent de réaliser des économies de CO<sub>2</sub>. À l’heure actuelle, ce taux d’indemnisation est de 10%.</p><p>Dans le même temps, le prix du carburant ne devrait pas augmenter de plus de 8 centimes: c’est ce que veut la Commission de l’environnement du Conseil national, qui s’est penchée sur la facture il y a quelques semaines. Une décision qui contredit diamétralement la demande du Conseil fédéral. En effet, la compensation des émissions de CO<sub>2</sub> ne peut être efficace que si elle entraîne une certaine augmentation du prix de l’essence. <a href="https://www.tagesanzeiger.ch/schweiz/standard/erdoelbranche-haut-im-benzinpreispoker-auf-den-tisch/story/25000288">Les estimations pour cette fourchette vont de 10 à 16 centimes.</a></p><p>La politique climatique dans le secteur des transports est un casse-tête. Outre le prix de l’essence, cela inclut également l’expansion des transports publics et l’infrastructure pour les voitures électriques. Le gouvernement fédéral veut rendre les véhicules électriques plus attrayants grâce à un catalogue de mesures: d’ici 2050, <a href="https://www.derbund.ch/schweiz/standard/Foerderung-von-Elektroautos-ist-keine-Antwort-auf-die-Staubelastung-/story/19891077">une voiture suisse sur cinq devrait être alimentée à l’électricité</a>, ce qui est extrêmement faible par rapport à l’objectif des 1,5 degré.</p><p>En Norvège, ce pays e-Pioneer, la proportion de voitures électriques atteint déjà ce chiffre. Là-bas, l’ère des carburants fossiles pour les voitures <a href="https://www.theguardian.com/environment/2017/feb/07/power-to-the-ev-norway-spearheads-europes-electric-vehicle-surge">devrait s’achever d’ici 2025</a>.</p><p><strong>Ce qui manque:</strong> des limites d’émissions strictes, des taxes de carburant élevées et des efforts concertés pour développer rapidement la mobilité électrique.</p><p></p><hr><p></p><h2>Trafic aérien</h2><p>Il n’existe pas de politique climatique suisse dans le domaine de l’aviation. Les compagnies aériennes sont indirectement subventionnées, et les bas prix des billets alimentent la demande.</p><p><strong>Émissions actuelles</strong>: environ 10 millions de tonnes d’équivalent CO<sub>2</sub></p><p><strong>Tendance:</strong> en hausse</p><p><strong>Conclusion sur la politique climatique</strong>: inexistante</p><p>La population suisse vole deux fois plus souvent que celle des pays voisins: 9000 kilomètres par an et par habitant. Bien que les citoyens soient plus respectueux de l’environnement dans la plupart des domaines, les émissions augmentent néanmoins au niveau du trafic aérien.</p><blockquote><p><em><strong>«La politique climatique a longtemps ignoré l’aviation», déclare Florian Brunner de la Fondation suisse pour l’énergie. «On en paye maintenant le prix.»</strong></em></p></blockquote><p>Le fait que l’aviation ne figure pas dans les statistiques malgré l’impact climatique élevé est dû aux conventions internationales: chaque pays tient un registre de ses émissions de CO2 à l’intérieur de ses frontières nationales. Le trafic aérien international passe à travers les mailles du filet, le traité de Paris sur le climat n’a pas un seul mot sur l’aviation. La réduction des émissions de l’aviation ne fait pas non plus partie des objectifs climatiques officiels de la Suisse.</p><p>Pour réduire les émissions du trafic aérien, il n’y a actuellement qu’une seule solution: le prix des billets doit augmenter. D’autres innovations techniques, comme les avions électriques, qui permettraient de se passer du kérosène, ne sont pas à espérer dans un avenir proche. On doit donc se concentrer sur la consommation et, par conséquent, toucher le portefeuille du consommateur.</p><p>Le gros problème, c’est que la réalité va à l’encontre des intentions. Ces dernières années, le prix des billets n’a cessé de baisser sur le marché très concurrentiel des compagnies aériennes. Dans le même temps, la demande de miles aériens a augmenté.</p><p>Certains pays européens ont, dans une certaine mesure, contrecarré cette tendance en introduisant des taxes sur les billets d’avion au niveau des vols court-courriers et intercontinentaux. Cependant, en Suisse, les partis bourgeois s’opposent à de telles idées.</p><p>La Commission de l’environnement du Conseil national a récemment rejeté <a href="https://www.parlament.ch/press-releases/Pages/2018/mm-urek-n-2018-10-10.aspx">la proposition d’une taxe de 12 à 50 francs sur les billets</a>, avec un résultat de treize contre douze voix. La justification est peu convaincante: selon eux, il y a une migration des clients vers l’étranger. Une redevance de ce montant ne suffirait évidemment pas à réduire sensiblement le trafic aérien, mais cela ce serait au moins une mesure qui alignerait la Suisse sur les autres pays.</p><h3 style="text-align: center;">Prendre l’avion ne doit pas être trop bon marché</h3><p style="text-align: center;"><strong>Taxes sur les billets dans les pays européens</strong></p><h4 style="text-align: center;"><strong><img class="img-responsive img-center " src="https://media.bonpourlatete.com/default/w1200/1542890592_graphique5.png"></strong>* Conversion de la monnaie locale en euros au taux de change du 12 novembre 2018, les tarifs varient selon la classe de vol et la destination. Source: <a href="https://a4e.eu/wp-content/uploads/2017/10/The-economic-impact-of-air-taxes-in-Europe-EEA-1.pdf">PWC</a>, <a href="https://www.fccaviation.com/regulation/sweden/swedish-aviation-tax">FCC Aviation</a>.</h4><br><p>L’aviation reste donc très privilégiée: les vols internationaux continuent d’être exonérés des taxes sur la valeur ajoutée et sur les huiles minérales, alors qu’elles représentent plus de la moitié du prix du carburant automobile. <a href="https://www.tagesanzeiger.ch/schweiz/standard/das-sind-die-profiteure-des-oelbonus/story/22769082">Cela prive ainsi la Confédération de 1,7 milliard de francs suisses de recettes</a> qui pourraient être investis dans la protection du climat.</p><p>La seule petite étape que la Suisse franchit en matière de politique climatique est celle de relier son système d’échange de quotas d’émission à celui de l’UE. Dès que l’accord en question aura été ratifié, le trafic aérien y sera également inclus. Cela signifie que les compagnies aériennes <a href="https://ec.europa.eu/clima/policies/ets/allowances/aviation_en">devront acheter des droits d’émission pour une partie de leur CO<sub>2</sub></a>. Selon les experts, toutefois, la mesure ne devrait entraîner qu’une augmentation minime du prix des billets.</p><p><strong>Ce qui manque</strong>: une taxe sur le CO<sub>2</sub> sur les billets d’avion et une TVA sur le transport aérien.</p><p></p><hr><p></p><h2>Émissions d’énergie grise</h2><p>Les citoyens et citoyennes suisses consomment de plus en plus de produits importés. C’est un avantage pour l’équilibre climatique national. Moins dans la vue d’ensemble.</p><p><em><strong>Émissions actuelles:</strong> 69,9 millions de tonnes d’équivalent CO<sub>2</sub></em></p><p><em><strong>Tendance:</strong> en hausse</em></p><p><em><strong>Conclusion sur la politique climatique:</strong> inexistante</em></p><p>La Suisse peut se vanter. En moyenne, chaque habitant émet un peu moins de six tonnes de CO<sub>2</sub> par an, soit moins que dans la plupart des autres pays.</p><p>Mais les apparences sont trompeuses. Si l’on étend la vision au-delà des frontières nationales à l’ensemble de la chaîne d’approvisionnement, l’empreinte des gaz à effet de serre augmente <a href="https://www.bafu.admin.ch/dam/bafu/fr/dokumente/klima/ui-umwelt-info/klimapolitik-der-schweiz.pdf.download.pdf/la-politique-climatique-suisse-1803.pdf">de huit tonnes pour atteindre un total de quatorze tonnes de CO<sub>2</sub></a> par habitant.</p><p>Cette différence représente ce qu’on appelle l’énergie grise. C’est la quantité de gaz à effet de serre émise lors de la production et du transport de toutes les marchandises importées en Suisse. Il s’agit notamment des matières premières, des biens industriels, des produits ménagers et des denrées alimentaires.</p><p>Les émissions des marchandises importées sont (avec l’aviation) l’angle mort de la politique climatique internationale. En Suisse, contrairement aux émissions nationales, elles ont augmenté pour finalement dépasser les émissions des autres secteurs.</p><h3 style="text-align: center;">Exportation des problèmes climatiques</h3><p style="text-align: center;"><strong>Émissions de gaz à effet de serre, en millions de tonnes d’équivalents CO<sub>2</sub></strong></p><h4 style="text-align: center;"><strong><img class="img-responsive img-center " src="https://media.bonpourlatete.com/default/w1200/1542890932_graphique6.png"></strong>Source: <a href="https://www.bafu.admin.ch/bafu/fr/home/themes/climat/en-bref.html">OFEV</a>, <a href="https://uploads.strikinglycdn.com/files/d09ae0e0-d69e-4f29-a9a3-5d1813dcfae3/Klima-Allianz_Schweiz_Masterplan.pdf">Climate Alliance</a></h4><p>La Suisse pourrait travailler sur trois plans pour corriger cette tendance. <strong>Tout d’abord,</strong> se concentrer sur la consommation: utiliser des labels et lancer des campagnes pour encourager la population à acheter des produits moins nocifs pour le climat.</p><p><strong>Deuxièmement,</strong> se positionner dans le cadre des décisions multilatérales sur le climat, afin que les autres pays adoptent une politique climatique stricte, pour que les produits qu’ils exportent vers la Suisse soient moins nocifs pour le climat.</p><p><strong>Troisièmement</strong>, introduire des «tarifs climatiques» en fonction de l’intensité des émissions d’un bien. Des produits allant du bœuf aux T-shirts jusqu’au aux tubes d’aluminium seraient majorés à des degrés divers. Toutefois, de nouveaux tarifs ne sont pas nécessairement souhaitables dans le climat politique actuel de guerres commerciales mondiales – et surtout, ils seraient seulement efficaces s’ils étaient introduits par un grand pays ou un groupe de nations comme l’UE.</p><p><strong>Ce qui manque</strong>: une action concertée avec l’UE.</p><p></p><hr><p></p><h2>Perspectives</h2><p>Il n’est pas trop tard – pas encore. Le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat considère qu’il est techniquement possible de maintenir le réchauffement planétaire en dessous de 1,5 degré. Pour ce faire, les pays devraient toutefois rapidement prendre des mesures drastiques.</p><p>La Conférence des Nations Unies sur le changement climatique à Katowice, en Pologne, qui débute le 3 décembre, devrait ouvrir la voie à cet égard. Des diplomates y élaboreront un ensemble détaillé de règles pour la mise en œuvre du Traité de Paris sur le climat à partir de 2020. Les questions juridiques et techniques sont au premier plan; par exemple, les pays doivent avoir des directives claires pour mesurer les émissions de CO<sub>2</sub>.</p><p>Le même jour, le débat parlementaire sur la révision de la loi sur le CO<sub>2</sub> débute à Berne. Pour la première fois, le Conseil national se penche sur le plan directeur de la Confédération pour la période 2021-2030. La question controversée est de savoir si le texte est suffisant: début octobre, le Conseil fédéral avait lui-même commandé une nouvelle révision de ses propres objectifs climatiques… Si la Suisse veut atteindre l’objectif de 1,5 degré, son bilan d’émissions doit être ramené à zéro d’ici 2050.</p><p>C’est exactement ce qu’exige l’activiste climatique Marcel Hänggi. Avec son «<a href="https://www.protection-climat.ch">initiative pour les glaciers</a>» récemment lancée, il veut interdire complètement les combustibles fossiles à partir de 2050 et inscrire les objectifs climatiques de Paris dans la Constitution.</p><p>Le dernier mot en matière de politique climatique reviendra donc aux citoyennes et citoyens.</p>', 'content_edition' => null, 'slug' => 'les-echecs-de-politiques-face-au-changement-climatique', 'headline' => false, 'homepage' => 'col-md-6', 'like' => (int) 709, 'editor' => null, 'index_order' => (int) 1376, 'homepage_order' => (int) 1606, 'original_url' => null, 'podcast' => false, 'tagline' => null, 'poster' => null, 'category_id' => (int) 5, 'person_id' => (int) 85, 'post_type_id' => (int) 1, 'poster_attachment' => null, 'editions' => [], 'tags' => [ (int) 0 => object(App\Model\Entity\Tag) {} ], 'locations' => [], 'attachment_images' => [ (int) 0 => object(Cake\ORM\Entity) {} ], 'attachments' => [ (int) 0 => object(Cake\ORM\Entity) {} ], 'person' => object(App\Model\Entity\Person) {}, 'comments' => [ (int) 0 => object(App\Model\Entity\Comment) {} ], 'category' => object(App\Model\Entity\Category) {}, '[new]' => false, '[accessible]' => [ '*' => true, 'id' => false ], '[dirty]' => [], '[original]' => [], '[virtual]' => [], '[hasErrors]' => false, '[errors]' => [], '[invalid]' => [], '[repository]' => 'Posts' } $relatives = [ (int) 0 => object(App\Model\Entity\Post) { 'id' => (int) 5295, 'created' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'modified' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'publish_date' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'notified' => null, 'free' => false, 'status' => 'PUBLISHED', 'priority' => null, 'readed' => null, 'subhead' => null, 'title' => 'Un bien cruel conte de Noël (1)', 'subtitle' => 'Catherine et Pierre forment un couple épanoui. 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De retour en Suisse, j’ai soigné ma salpingite et terminé mes études de lettres. Entre deux amants de passage, je traversais de longues périodes d’abstinence sexuelle sans que cela me coûte. A la manif, j’ai trouvé Pierre très beau avec sa moustache et sa barbe de cinq jours. Et je l’ai trouvé irrésistible lorsqu’il a jeté une bouteille vide en direction des forces de l’ordre qui voulaient nous empêcher d’accéder à la salle où se déroulait une assemblée de l’UDC, ce parti d’extrême droite honni par nous. Pierre s’est fait réprimander par les camarades communistes qui assuraient le service d’ordre et il a fini par en venir aux mains avec eux. J’ai spontanément pris sa défense, nous nous sommes faits bousculer et avons quitté la manifestation, lui avec une arcade sourcilière fendue, moi avec un fort désir pour lui. Je l’ai emmené chez moi pour soigner sa blessure et nous avons fait l’amour toute la nuit. 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Pierre est devenu agressif avec Mireille lorsque celle-ci a déclaré que les néo-féministes exagéraient et que #MeToo décourageait toute tentative de séduction de la part des hommes. «Je n’ai pas peur de le dire, j’aime bien que l’on me tienne la porte et que les hommes me fassent sentir qu’ils me désirent…» Pierre lui a rétorqué que le patriarcat était une forme de fascisme et qu’en tant que progressiste nous devions tout faire pour l’abattre. J’ai essayé de dévier la conversation sur la nourriture bio mais très vite c’est l’écriture inclusive qui a fait s’échauffer les esprits. Serge, qui se pique d’aimer la littérature, a déclaré que le français était en danger, qu’il fallait le sauver des points médians et des réformes de l’orthographe. 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En jeu, rien de moins que les causes de la crise de la pollution plastique et les solutions appropriées pour y remédier.</p> <ul> <li> <p>D’un côté, la <a href="https://hactoendplasticpollution.org/fr/">Coalition de haute ambition</a> (HAC), les activistes du «zéro déchet» et de <a href="https://theconversation.com/traite-mondial-contre-la-pollution-plastique-en-coulisses-le-regard-des-scientifiques-francais-presents-234046">nombreux scientifiques</a> insistent sur la nécessité d’une <a href="https://hactoendplasticpollution.org/hac-member-states-ministerial-joint-statement-for-inc-5/">approche globale portant sur l’ensemble du cycle de vie des plastiques</a>, y compris leur production.</p> </li> <li> <p>De l’autre côté, une <a href="https://medium.com/points-of-order/spoiler-alert-f737a24292e6">petite minorité d’Etats</a> ainsi que l’industrie pétrochimique ont à de nombreuses reprises détourné l’attention de cette question de la production des plastiques. Au lieu de cela, ils accusent des <a href="https://psmag.com/environment/the-epa-blames-six-asian-nations-that-the-u-s-exports-plastic-waste-to-for-ocean-pollution/">systèmes de recyclage inadéquats et une mauvaise gestion des déchets</a>.</p> </li> </ul> <p>L’attention portée au recyclage des plastiques et à la gestion des déchets touche en réalité des millions de personnes en Asie, en Amérique du Sud et en Afrique. 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Ils réduisent de manière significative la quantité de plastique qui se retrouve dans les océans.</p> <p>Malgré cela, et parce qu’ils font un travail salissant et vivent dans des endroits sales, ils sont souvent tenus pour responsables du problème de la pollution plastique. Dans les discours politiques des villes et des Etats, leur travail a longtemps été <a href="https://journals.sagepub.com/doi/full/10.1177/0956247816657302">tourné en dérision, considéré comme non qualifié et inefficace</a>. <a href="https://www.undp.org/blog/unsung-heroes-four-things-policymakers-can-do-empower-informal-waste-workers">L’absence de reconnaissance officielle</a> de leur travail rend leurs revenus particulièrement instables et précaires. Les réglementations environnementales peuvent <a href="https://iopscience.iop.org/article/10.1088/1748-9326/ac6b49">aggraver ces menaces</a> en accélérant la privatisation du traitement des déchets.</p> <p>Alors que les efforts de lutte contre la pollution plastique gagnent du terrain, les ramasseurs informels sont soumis à une double pression:</p> <ul> <li> <p>Ils doivent protéger leur accès aux déchets, car c’est l’un des rares moyens de subsistance dont ils disposent.</p> </li> <li> <p>En même temps, ils cherchent à améliorer leurs conditions de vie et de travail.</p> </li> </ul> <p>Un groupe de ramasseurs de déchets a donc profité de l’ouverture des négociations pour <a href="https://globalrec.org/document/just-transition-waste-pickers-un-plastics-treaty/">plaider en faveur de la reconnaissance de leur travail</a>. 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Et c’est là que les choses se compliquent.</p> <h3>« Gagnant-gagnant », mais la victoire de qui ?</h3> <p>Dans mon livre <a href="https://mitpress.mit.edu/9780262546973/recycling-class/"><em>Recycling Class</em></a>, j’examine comment les efforts de recyclage inclusif ont été mis en œuvre à Bengaluru, l’une des plus grandes villes de l’Inde.</p> <figure><a href="https://images.theconversation.com/files/635250/original/file-20241129-15-cdpt12.jpg?ixlib=rb-4.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img src="https://images.theconversation.com/files/635250/original/file-20241129-15-cdpt12.jpg?ixlib=rb-4.1.0&q=45&auto=format&w=237&fit=clip" alt="" /></a> <figcaption><span></span></figcaption> </figure> <p>Dans cet ouvrage, je défends que l’intégration dans des programmes d’économie circulaire basés sur le marché n’est pas une solution miracle aux injustices ancrées dans les systèmes de production, de consommation et de production des déchets.</p> <p>La plupart des politiques d’économie circulaire et de recyclage inclusif reposent sur des mécanismes de marché, partant du principe que la création de marchés pour les déchets incitera les acteurs du marché à récupérer efficacement les déchets et à les convertir en ressources.</p> <p>Pour remplir leurs obligations en matière de <a href="https://theconversation.com/faire-payer-plus-les-entreprises-pour-quelles-reduisent-les-emballages-130073">responsabilité élargie des producteurs</a> (REP), les marques peuvent alors s’engager à acheter des plastiques recyclés et à financer la collecte des déchets en achetant des <a href="https://www.worldbank.org/en/programs/problue/publication/unlocking-financing-to-combat-the-plastics-crisis">crédits plastique</a>.</p> <p>Cette approche vise à améliorer le prix des déchets, à augmenter les salaires et à encourager les efforts de collecte, tout en attirant des investissements pour financer l’amélioration des infrastructures et des technologies.</p> <p>Cependant, les mécanismes fondés sur le marché aggravent les inégalités existantes en matière d’accès au marché. Les efforts visant à donner la priorité à la traçabilité et à la transparence – dans le but d’améliorer l’efficacité du marché et le respect de la réglementation – désavantagent souvent les travailleurs informels.</p> <p>Ces derniers ne disposent pas des ressources et des capacités techniques nécessaires pour adopter des systèmes de suivi complexes basés sur les SIG ou la blockchain, et se retrouvent exclus des processus formalisés. Les start-up financées par le capital-risque et les grandes entreprises s’emparent alors du secteur du recyclage.</p> <p>Les multinationales préfèrent d’ailleurs les partenariats avec des start-up technologiques qui offrent des services à «valeur ajoutée» tels que des indicateurs et des tableaux de bord environnementaux, permettant aux entreprises de mettre en scène leur propre récit sur le développement durable. Souvent issus de milieux éduqués et privilégiés, les employés de ces firmes <a href="https://www.sciencedirect.com/science/article/abs/pii/S001671852300057X">concurrencent les travailleurs informels existants, les subordonnant au passage</a>.</p> <p>A l’inverse, les femmes et les membres des minorités ethno-raciales et religieuses, qui constituent la majorité des travailleurs des économies informelles des déchets, sont confrontés à des obstacles supplémentaires. Notamment des <a href="https://mouvements.info/recuperateurs-de-dechets/">stigmates sociaux bien ancrés</a> qui limitent leur capacité à participer sur un pied d’égalité à ces marchés émergents. Ils restent toujours relégués aux mêmes tâches manuelles et difficiles, même si leurs conditions de travail en ressortent légèrement améliorées.</p> <h3>L’industrie du plastique maintient le <em>statu quo</em></h3> <p>Malgré les bonnes intentions de départ, des termes tels que «économie circulaire inclusive» sont donc trop souvent utilisés à des fins de <em>green washing</em> et même de <em>justice washing</em>, tandis que les travailleurs continuent à endurer des conditions difficiles. Une étude de <a href="https://www.circle-economy.com/resources/decent-work-in-the-circular-economy">Circle Economy</a> souligne que la plupart des emplois du secteur de l’économie circulaire restent ad-hoc et informels et ne bénéficient pas des garanties d’un emploi décent.</p> <p>En fin de compte, les travailleurs informels sont confrontés à un choix difficile: soit ils acceptent d’être exploités au sein des circuits de traitements des déchets en tant que simples ressources, soit ils risquent de perdre complètement leurs moyens de subsistance.</p> <p>Les systèmes actuels de production et de consommation du plastique déplacent donc la charge des déchets sur des communautés autochtones ou ethniques marginalisées, créant ainsi des <a href="https://www.dukeupress.edu/pollution-is-colonialism">zones sacrifiées</a>. Ce déplacement permet de maintenir la rentabilité, tout en perpétuant les atteintes à l’environnement et les inégalités sociales.</p> <p>En promouvant des technologies de <a href="https://www.bbc.com/afrique/monde-57087908">recyclage chimique</a> non éprouvées et en étendant les marchés du plastique, les entreprises <a href="https://theconversation.com/comment-lindustrie-fossile-influence-les-negociations-mondiales-sur-le-plastique-222112">pétrochimiques</a> et de matières plastiques <a href="https://direct.mit.edu/glep/article/21/2/121/97367/Future-Proofing-Capitalism-The-Paradox-of-the">s’approprient le langage de l’économie circulaire</a>. Cela leur permet de donner un vernis écologique à leurs propositions, tout en maintenant le <em>statu quo</em> sur les inégalités.</p> <p>Pendant ce temps, la HAC, plusieurs ONG et même certains ramasseurs de déchets invoquent également l’économie circulaire comme solution à la crise du plastique, en mettant l’accent sur le réemploi et le recyclage inclusif.</p> <h3>Demander des comptes aux pollueurs plutôt que compter sur l’efficacité du marché</h3> <p>Pour que l’économie circulaire aille au-delà de la simple protection du capitalisme fossile, elle doit prendre en compte les collecteurs de déchets et recycleurs informels dans le Sud et reconnaître les limites des mécanismes basés sur le marché. C’est vrai aussi bien pour le traité international sur la pollution plastique que pour d’autres démarches régionales comme le <a href="https://www.europarl.europa.eu/RegData/etudes/ATAG/2021/679066/EPRS_ATA(2021)679066_FR.pdf">plan d’action de l’UE pour l’économie circulaire</a>.</p> <p>En effet, toute stratégie de lutte contre la pollution plastique basée sur le marché et axée sur le profit est susceptible de reproduire ces schémas d’inégalité. Et par la même occasion, de pérenniser les injustices systémiques qui soutiennent le statu quo. Pour une transition vraiment juste, la lutte contre la pollution plastique ne doit donc pas devenir une opportunité de croissance économique ou de profit.</p> <p>Au contraire, nous avons besoin d’une approche centrée sur la réparation. Il faut d’abord, pour cela, reconnaître les contributions historiques des collecteurs informels du plastique ainsi que les préjudices qu’ils subissent. Puis redistribuer les ressources aux personnes les plus touchées et créer des systèmes qui donnent la priorité à la restauration de l’environnement et à la justice sociale plutôt qu’au profit des entreprises.</p> <p>Une économie circulaire bien financée devrait d’abord renforcer le pouvoir des travailleurs, puis améliorer les capacités des infrastructures et réduire la concentration de ces déchets en produits chimiques toxiques, plutôt que de s’appuyer sur des solutions basées sur le marché qui aggravent les inégalités.</p> <p>Les vraies solutions consistent à demander des comptes aux pollueurs et à adopter des approches circulaires fondées sur la sobriété et la réparation, et non sur l’efficacité du marché.<img src="https://counter.theconversation.com/content/244065/count.gif?distributor=republish-lightbox-basic" alt="The Conversation" width="1" height="1" /></p> <hr /> <h4><span><a href="https://theconversation.com/profiles/manisha-anantharaman-1526162">Manisha Anantharaman</a>, Assistant Professor, Center for the Sociology of Organisations, CNRS/Sciences Po, <em><a href="https://theconversation.com/institutions/sciences-po-2196">Sciences Po </a></em></span></h4> <h4>Cet article est republié à partir de <a href="https://theconversation.com">The Conversation</a> sous licence Creative Commons. Lire l’<a href="https://theconversation.com/les-ramasseurs-de-dechets-grands-perdants-du-recit-dominant-sur-la-pollution-plastique-244065">article original</a>.</h4> </div>', 'content_edition' => '', 'slug' => 'les-ramasseurs-de-dechets-grands-perdants-du-recit-dominant-sur-la-pollution-plastique', 'headline' => null, 'homepage' => null, 'like' => (int) 42, 'editor' => null, 'index_order' => (int) 1, 'homepage_order' => (int) 1, 'original_url' => '', 'podcast' => false, 'tagline' => null, 'poster' => null, 'category_id' => (int) 5, 'person_id' => (int) 85, 'post_type_id' => (int) 1, 'post_type' => object(App\Model\Entity\PostType) {}, 'comments' => [[maximum depth reached]], 'tags' => [ [maximum depth reached] ], 'locations' => [[maximum depth reached]], 'attachment_images' => [ [maximum depth reached] ], 'person' => object(App\Model\Entity\Person) {}, 'category' => object(App\Model\Entity\Category) {}, '[new]' => false, '[accessible]' => [ [maximum depth reached] ], '[dirty]' => [[maximum depth reached]], '[original]' => [[maximum depth reached]], '[virtual]' => [[maximum depth reached]], '[hasErrors]' => false, '[errors]' => [[maximum depth reached]], '[invalid]' => [[maximum depth reached]], '[repository]' => 'Posts' }, (int) 2 => object(App\Model\Entity\Post) { 'id' => (int) 5283, 'created' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'modified' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'publish_date' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'notified' => null, 'free' => true, 'status' => 'PUBLISHED', 'priority' => null, 'readed' => null, 'subhead' => null, 'title' => 'Les Etats-Unis financent un collectif international de journalistes', 'subtitle' => 'Si le réseau Organized Crime and Corruption Reporting Project (OCCRP) a révélé des avoirs russes cachés ou la corruption au Venezuela, le Delaware, paradis de l'évasion fiscale, reste pour lui un tabou. «Notre politique veut que nous ne fassions pas de rapports sur un pays avec son propre argent», a déclaré Drew Sullivan, son cofondateur.', 'subtitle_edition' => 'Si le réseau Organized Crime and Corruption Reporting Project (OCCRP) a révélé des avoirs russes cachés ou la corruption au Venezuela, le Delaware, paradis de l'évasion fiscale, reste pour lui un tabou. «Notre politique veut que nous ne fassions pas de rapports sur un pays avec son propre argent», a déclaré Drew Sullivan, son cofondateur.', 'content' => '<p style="text-align: center;"><strong>Urs P. Gasche</strong>, article publié sur <a href="https://www.infosperber.ch/medien/medienkritik/die-usa-finanzieren-internationales-journalisten-kollektiv/" target="_blank" rel="noopener"><em>Infosperber</em></a> le 5 décembre 2024, traduit par <em>Bon Pour La Tête</em></p> <hr /> <p>Parmi de nombreux autres médias, la <em>NZZ</em> et le <em>Tages-Anzeiger</em> ont diffusé à plusieurs reprises des révélations du réseau international de journalistes Organized Crime and Corruption Reporting Project (OCCRP). Ce faisant, ils n'ont pas rendu transparent le fait que les services gouvernementaux américains paient la moitié du budget de l'OCCRP. 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De plus, l'agence gouvernementale américaine interdit d'utiliser son argent pour mettre au jour la corruption aux Etats-Unis.</p> <p>Certaines subventions étaient même affectées à un but précis: le Department of State, par exemple, a versé 173 000 dollars à l'OCCRP pour «détecter et combattre la corruption au Venezuela». Ou l'<a href="https://www.usaid.gov/">Agence pour le développement international (USAID)</a> a versé plus de deux millions de dollars dans le but de «mettre au jour la criminalité et la corruption à Malte et à Chypre».</p> <p>Le journal en ligne français indépendant <a href="https://www.mediapart.fr/en/journal/international/021224/hidden-links-between-giant-investigative-journalism-and-us-government">« Mediapart »</a> en a parlé le 2 décembre 2024 <a href="https://www.mediapart.fr/en/journal/international/021224/hidden-links-between-giant-investigative-journalism-and-us-government">.</a></p> <p>Le fondateur de l'OCCRP est un ancien employé <a href="https://www.rockwellautomation.com/de-ch.html">de Rockwell</a> devenu journaliste: <a href="https://www.occrp.org/en/staff/drew-sullivan">Drew Sullivan</a>. L'OCCRP a été créé à l'instigation de fonctionnaires du gouvernement américain. Selon Mediapart, Sullivan a reçu pour cela, en 2008, un financement de départ de 1,7 million de dollars du <a href="https://www.state.gov/bureaus-offices/under-secretary-for-civilian-security-democracy-and-human-rights/bureau-of-international-narcotics-and-law-enforcement-affairs/">Bureau of International Narcotics and Law Enforcement Affairs</a>(INL). Il s'agit d'une agence d'application de la loi du Département d'Etat américain.</p> <p>L'OCCRP s'appuie souvent sur des documents divulgués provenant de sources non identifiées. La qualité des recherches et des révélations de l'OCCRP n'est pas mise en doute. L'orientation unilatérale des recherches et le manque de transparence des informations sur le financement donnent lieu à des critiques.</p> <p>L'ampleur des liens personnels et financiers de l'OCCRP avec le gouvernement américain va à l'encontre de «tous les principes de l'éthique journalistique». C'est ce qu'a déclaré Leonard Novy, directeur de l'Institut allemand des médias et de la politique de communication, à la chaîne NDR. Cela laisse supposer que les journalistes peuvent être utilisés ou instrumentalisés à des fins politiques.</p> <p>Sullivan et l'OCCRP ont également laissé les médias partenaires et leurs lecteurs dans l'ignorance de leur proximité avec le gouvernement américain. Selon Leonard Novy, l'organisation a ainsi dépassé les limites.</p> <h3><strong>Sullivan n'a pas voulu parler clairement aujourd'hui encore</strong></h3> <p>Sullivan a d'abord affirmé à la chaîne NDR que l'OCCRP avait «un groupe de donateurs largement répandu», parmi lesquels «aucun donateur individuel ne domine». Il a ajouté que «le gouvernement américain [...] est l'un des plus grands donateurs, mais ce n'est pas un pourcentage énorme». 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[...] Je suis très reconnaissant au gouvernement américain.»</p> <p>Par écrit, Sullivan a renchéri: «Nous avons dû décider si nous voulions accepter de l'argent du gouvernement ou ne pas exister.» Sur le site web de l'OCCRP, les montants des sponsors ne sont pas indiqués.</p> <h3><strong>Conditions posées</strong></h3> <p>Sullivan a confirmé à la NDR le pouvoir d'influence des autorités américaines: «Dans le cadre d'accords de coopération que nous n'aimons pas conclure, ils ont un droit de regard sur le choix des personnes [...] Ils peuvent mettre leur veto sur quelqu'un [...] Ils n'ont jamais mis leur veto sur quelqu'un.»</p> <p>L'OCCRP ne peut pas enquêter sur des affaires américaines avec l'argent fourni par Washington. «Notre politique veut que nous ne fassions pas de rapports sur un pays avec son propre argent», a déclaré Sullivan à la NDR. «Je pense que le gouvernement américain ne le permet pas. 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Pour la Suisse, le bureau de recherche de Tamedia et Paper Trail Media était de la partie.»</p> <h3><strong>Informations complémentaires</strong></h3> <p><strong>22 décembre 2022</strong> <a href="https://www.infosperber.ch/politik/welt/twitter-diente-jahrelang-als-gehilfe-des-pentagons/">Twitter a servi pendant des années d'auxiliaire au Pentagone</a>. Elon Musk a partiellement révélé les outils internes de Twitter. Ils prouvent des services d'hommes de main pour la propagande de l'armée américaine à l'étranger.</p> <p><strong>12 février 2009</strong> <a href="https://www.tagesanzeiger.ch/27-000-pr-berater-polieren-image-der-usa-631302390683">27 000 conseillers en relations publiques polissent l'image des Etats-Unis</a>. Des faits presque incroyables sur le travail de relations publiques du Pentagone.</p> <p><strong>20 avril 2008</strong> <a href="https://www.spiegel.de/kultur/gesellschaft/gekaufte-meinung-pentagon-beschaeftigt-pr-armee-fuer-us-tv-a-548519.html">Le Pentagone emploie une armée de RP pour la télévision américaine</a>. 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Un article original de Republik écrit par Elia Blülle et Simon Schmid
Une traduction de Diana-Alice Ramsauer, Bon pour la tête
Des personnes âgées qui souffrent d’insomnie en période tropicale. Des propriétaires qui pompent l’eau du sous-sol après de fortes intempéries. Des maraîchers qui restent cois devant leurs concombres desséchés. Des enfants dont les luges restent coincées dans une boue brunâtre: c’est de cette manière que le Centre climatique du NCCS décrit l’avenir de la Suisse si la température globale continue son envolée effrénée.
Le message des climatologues est clair: la Suisse est touchée plus durement par le changement climatique que d’autres pays et cela, bien plus fortement qu’on ne le pensait. Des accords internationaux tels que l’Accord de Paris, qui visent à limiter l’augmentation de la température à moins de deux degrés Celsius par rapport à l’ère préindustrielle sont donc d’un intérêt fondamental pour la Suisse.
Les grandes questions sont pourtant les suivantes: le pays se comporte-t-il en conséquence? Notre politique climatique est-elle suffisamment efficace? La Suisse prend-elle les mesures nécessaires pour jouer son rôle dans la résolution du problème?
Si nous voulons répondre à ces questions en termes généraux, il n’y a qu’une seule réponse: non. La Suisse n’en fait pas encore assez pour lutter contre le changement climatique.
C’est ce qu’atteste déjà l’«ancienne» politique climatique suisse, qui date pourtant seulement de 2011. L’objectif d’ici 2020 est de réduire les émissions de CO2 de 20% par rapport à 1990, mais la Suisse n’atteindra probablement pas cet objectif, comme le montre le graphique suivant.
Il y a deux ans, l’équivalent de 48,3 millions de tonnes de gaz à effet de serre CO2 a été émis en Suisse. L’exigence à la fin de la décennie serait de passer à 42,4 millions de tonnes, soit nettement moins qu’à l’heure actuelle.
Réalité et objectifs divergents
Objectifs climatiques suisses et émission de CO2 par secteurs
Source: OFEV. L’agriculture représente environ deux tiers des émissions représentées dans le secteur «Autres». Les objectifs sectoriels sont tirés du projet de révision de loi sur le CO2. L’objectif global pour 2020 représente la somme des secteurs.
Mais la «nouvelle» politique climatique, qui a été tracée dans la perspective de la Conférence de Paris de novembre 2015, est déjà dépassée d’un point de vue scientifique. La Confédération a pour objectif, d’ici à 2030, de ramener les émissions à 50% des niveaux de 1990 – avec le but à long terme que la Suisse émette jusqu’à 85% de gaz à effet de serre en moins d’ici à 2050.
C’est ce que formule le message sur la révision de la loi sur le CO2, dont le Parlement débat cet hiver. Mais entre-temps, la recherche a déjà fait un pas de plus. En octobre, elle a porté un nouvel objectif aux standards. La température de la planète ne devrait en effet pas augmenter de plus de 1,5 degré Celsius. Conformément aux intentions réaffirmées à Paris, le monde serait ainsi préservé des pires conséquences liées au changement climatique. Toutefois, cet objectif n’a pas encore été pris en compte dans la nouvelle loi sur le CO2.
Ceci peut être compris à l’aide d’une formule simple: si l’on veut limiter l’augmentation de la température mondiale à 1,5 degré, le bilan des émissions de gaz à effet de serre doit être ramené à zéro d’ici le milieu du siècle. De plus, la planète ne doit pas rejeter plus de CO2 dans l’atmosphère qu’elle ne peut en élimine (grâce à des procédés techniques qui restent encore à inventer). Si la Suisse veut participer à cette politique, son bilan d’émissions doit être nul d’ici 2050.
Pourtant, la Suisse en est encore loin. Les sections suivantes montrent dans quels domaines la politique climatique a déjà été couronnée de succès – et dans quels domaines elle y a un encore du chemin à parcourir.
Les émissions nationales de gaz à effet de serre sont généralement divisées en quatre catégories: Bâtiments, Industrie, Transport, Autres.
Bâtiments
Les nouvelles règles en vigueur demandent un remplacement des systèmes de chauffage au mazout par des systèmes plus respectueux du climat. Mais les progrès sont trop lents.
Émissions actuelles: 13,2 millions de tonnes d’équivalent CO2
Tendance: à la baisse
Conclusion de la politique climatique: juste ok
C’est en matière de bâtiment que la politique climatique suisse a le plus fait ses preuves. Les émissions ont diminué de près d’un quart depuis 1990. De plus en plus de maisons sont chauffées avec des pompes à chaleur et bon nombre de vieux bâtiments sont en cours de rénovation.
La majorité d’entre eux chauffent encore à l’énergie fossile
Part des sources d’énergie dans le chauffage des ménages
Source: OFS
Au cœur de la politique climatique se trouve ici une taxe sur le CO2 pour le pétrole, le gaz et le charbon. Il rend le chauffage aux combustibles fossiles peu attrayant. Et cela fonctionne: dans les nouveaux bâtiments, plus aucun système de chauffage au mazout n’est installé aujourd’hui (ou presque). Patrick Hofstetter, spécialiste du climat au WWF Suisse, estime toutefois que la réflexion concernant les vieux bâtiments n’est pas suffisante. «Dans deux cas sur trois, quand un chauffage est remplacé, le mazout ou le gaz entre en jeu.»
Le problème est le suivant: un nouveau système de chauffage au mazout installé aujourd’hui fonctionnera pendant les 25 prochaines années. Cela influence donc l’équilibre climatique à long terme. «Pour être sur la voie du zéro émission en 2050, il ne faudrait plus installer aucun système de chauffage au mazout ou au gaz», explique M. Hofstetter.
La stratégie de la Conférence des directeurs cantonaux de l’énergie prévoit que d’ici 2050, les émissions de CO2 des bâtiments soient ramenées à 20% par rapport à 1990 – un objectif ambitieux, mais pas encore suffisant par rapport à l’objectif des 1,5 degré. S’il s’avère au milieu de la prochaine décennie qu’il ne sera pas respecté, le gouvernement compte d’ailleurs introduire une valeur limite d’émission de CO2 lors des remplacements de systèmes de chauffage dans les vieux bâtiments et interdire complètement les systèmes de chauffage au mazout dans les nouveaux bâtiments, comme l’a décidé Bâle-Ville l’année dernière.
La nouvelle loi sur le CO2 veut également relever taxe en vigueur depuis 2008: de 120 CHF à 210 CHF au maximum par tonne. Mais même à des taux plus élevés, les incitations à se chauffer d’une manière respectueuse du climat ne sont suffisantes que si les propriétaires sont bien informés – ce qui n’est pas toujours le cas. Les réglementations telles que celles de Bâle constituent la mesure la plus efficace.
Pour ramener le bilan des émissions à zéro d’ici 2050, il faudrait mettre plus rapidement à niveau l’ensemble du parc immobilier. À l’heure actuelle, seul 1% des bâtiments sont rénovés chaque année. L’association Swisscleantech estime qu’un taux de 2 à 3% serait nécessaire pour atteindre les objectifs climatiques de Paris. En ce qui concerne l’objectif de 1,5 degré, il en faudrait encore plus, selon l’économiste des ressources Lucas Bretschger de l’ETH Zurich.
Ce qui manque: des taxes plus élevées sur le CO2, une interdiction rapide des systèmes de chauffage au mazout.
Industrie
Les entreprises suisses émettent moins de CO2 que par le passé. Mais c’est surtout dû aux changements structurels: certaines émissions ont été délocalisées à l’étranger.
Émissions actuelles: 10,9 millions de tonnes d’équivalent CO2
Tendance: en légère baisse
Conclusion sur la politique climatique: passable
Au niveau du secteur industriel, la Suisse n’est pas en trop mauvais chemin. Les émissions de gaz à effet de serre ont diminué de 17% depuis 1990. Cela est dû aux lois, mais aussi aux changements structurels: les activités à forte intensité énergétique sont de plus en plus délocalisées à l’étranger – et ne figurent donc pas dans les statistiques.
La taxe sur le CO2 lié aux carburants a pour but d’obliger l’industrie à adopter un comportement respectueux du climat. Les entreprises peuvent pourtant passer outre, soit parce qu’elles sont suffisamment grandes pour participer au système d’échange de quotas d’émission, soit parce qu’elles sont suffisamment petites pour conclure un accord individuel avec la Confédération sur la réduction de leurs émissions.
Ce système, qui réunit des entreprises et des experts en énergie, est unique au monde. La majorité des spécialistes le juge positif, à l’exception du manque partiel de transparence. En fin de compte, le facteur décisif pour l’industrie est la précision avec laquelle les rouages sont imbriqués.
Cela vaut surtout pour l’échange de droits d’émission, qui devrait à l’avenir s’ancrer dans le système européen. Cela ouvrirait des opportunités économiques pour la cinquantaine d’entreprises suisses qui participent au système: si elles se comportent de manière exemplaire, elles pourront à l’avenir vendre des certificats d’émission. Le droit d’émettre une tonne de CO2 se négocie actuellement à un peu moins de 20 euros en Europe, un prix bien plus haut qu’en Suisse.
Les émissions de polluants seront à nouveau plus chères
Prix d’échange des certificats d’émission en Europe
Source: Investir.com
Toutefois, l’impact de l’échange de droits d’émission dans son ensemble dépend de l’évolution de la quantité totale de droits d’émission négociables. Jürg Füssler d’Infras, une société de conseil, déclare que le système est encore constitué de beaucoup de vent: «Trop de certificats sont attribués gratuitement aux entreprises chaque année, de sorte qu’il n’y a guère de pression pour réduire les émissions.»
Quoi qu’il en soit, l’offre dans le système européen devrait diminuer plus rapidement à partir de 2021: de 2,2% par an, contre 1,7% actuellement. Mais même cela ne suffit pas pour s’engager sur un chemin en harmonie avec les accords de Paris.
La Suisse a toutefois les mains liées si elle veut aller accélérer le tempo. Sa politique climatique en matière d’échange de droits d’émission – qui couvre un dixième de l’ensemble des émissions – sera en effet à l’avenir mise en œuvre par l’UE.
Ce qui manque: des réductions plus rapides de la quantité totale dans le commerce des certificats.
Agriculture
L’agriculture a longtemps été ignorée dans la politique climatique suisse. C’est sur le point de changer. Cependant, on ne sait toujours pas comment.
Emissions actuelles: 6,5 millions de tonnes d’équivalent CO2
Tendance: constante
Conclusion sur la politique climatique: insuffisante
Les vaches émettent du méthane et les engrais libèrent de l’oxyde nitreux. Les deux sont des gaz à effet de serre à impact fort. C’est pourquoi l’agriculture joue un rôle important dans le bilan climatique de la Suisse.
Cela dit, les émissions de gaz à effet de serre ont baissé de 11% depuis 1990. Selon la stratégie climatique agricole du gouvernement fédéral, une réduction similaire doit encore être observée jusqu’à 2030. Et d’ici 2050, les émissions devraient finalement diminuer d’un tiers par rapport au niveau de 1990.
Ça a l’air d’être un plan réfléchi. Mais pour atteindre les objectifs climatiques globaux dans les décennies à venir, c’est loin d’être suffisant.
Il est étrange que l’agriculture – contrairement à d’autres secteurs comme l’industrie – ne soit pas incluse dans la nouvelle loi sur le CO2. Au lieu de cela, le Conseil fédéral veut y réglementer la politique climatique dans le cadre de la nouvelle politique agricole 2022 (PA22+), qui a fait l’objet d’une consultation la semaine dernière.
Toutefois, on ne sait toujours pas exactement comment les émissions agricoles seront réduites. Dans un premier rapport sur la PA22+, le gouvernement propose simplement d’augmenter les subventions pour les productions durables comme les fermes biologiques. Le rapport ne contient pas d’autres mesures climatiques ni de critères de référence concrets à l’aune desquels la politique climatique devrait être mesurée.
Pourtant, le changement climatique frappe durement l’agriculture. Cela est devenu évident cet été, alors que les sols et les cours d’eau se sont asséchés et que le fourrage s’est raréfié. Il est donc d’autant plus étonnant que les agriculteurs n’aient, jusqu’à présent, guère été inclus dans ces questions.
La politique alimentaire manque également d’une vue d’ensemble. En septembre, le peuple a rejeté l’initiative populaire «Pour la sécurité alimentaire» et l’Initiative pour une alimentation équitable. Les deux préoccupations appelaient à une reconversion radicale de l’agriculture et au renforcement d’une production locale durable en faveur de la réduction des émissions de CO2. Aucune alternative n’a néanmoins été proposée.
Ce qui manque: une stratégie globale qui place le climat au centre de la politique agricole et alimentaire de la Suisse.
Transport
L’essence est trop bon marché, les Suisses se déplacent trop en voiture, et l’électrification du transport routier est en retard par rapport à celle d’autres pays.
Émissions actuelles: 15,3 millions de tonnes d’équivalent CO2
Tendance: en hausse
Conclusion sur la politique climatique: misérable
Si les gens ne voyageaient pas, nous n’aurions pas de problèmes climatiques: les voitures et les camions sont responsables d’un tiers des émissions de gaz à effet de serre en Suisse. Presque tous les ménages possèdent une voiture particulière, le nombre de kilomètres parcourus augmente d’année en année; les émissions liées au trafic aussi.
Que fait la politique suisse à cet égard?
Depuis 2015, une voiture neuve n’émet en moyenne pas plus de 130 grammes de CO2 par kilomètre (la VW Golf compense la consommation d’un 4X4). À partir de 2020, cela sera réduit à 95 grammes. Toutefois, de nombreux importateurs de voitures n’adhèrent pas aux règles et préfèrent payer une amende plutôt que de s’abstenir de vendre d’imposantes voitures de luxe et des véhicules surpuissants particulièrement gourmands en essence.
L’efficacité du parc automobile, qui est meilleure qu’au début de la décennie, ne descend pourtant pas en dessous du minimum prescrit, et augmente même de plus en plus au-dessus de la valeur limite. Les incitations écologiques pour la circulation automobile sont minimes. L’essence reste bon marché, car la taxe sur le CO2 n’est perçue que sur les combustibles, et non sur l’essence.
Deombreux nouveaux 4x4 sur les routes suisses
Émissions moyennes de CO2 des véhicules neufs
Source: OFEN
Des mesures plus radicales sont donc nécessaires pour réduire davantage les émissions dues au trafic, conformément aux objectifs climatiques. Dans la nouvelle loi sur le CO2, le Conseil fédéral exige que les importateurs de carburants compensent jusqu’à 90% des émissions liées au trafic dans un délai de douze ans. En d’autres termes, ils doivent dépenser de l’argent pour des projets qui permettent de réaliser des économies de CO2. À l’heure actuelle, ce taux d’indemnisation est de 10%.
Dans le même temps, le prix du carburant ne devrait pas augmenter de plus de 8 centimes: c’est ce que veut la Commission de l’environnement du Conseil national, qui s’est penchée sur la facture il y a quelques semaines. Une décision qui contredit diamétralement la demande du Conseil fédéral. En effet, la compensation des émissions de CO2 ne peut être efficace que si elle entraîne une certaine augmentation du prix de l’essence. Les estimations pour cette fourchette vont de 10 à 16 centimes.
La politique climatique dans le secteur des transports est un casse-tête. Outre le prix de l’essence, cela inclut également l’expansion des transports publics et l’infrastructure pour les voitures électriques. Le gouvernement fédéral veut rendre les véhicules électriques plus attrayants grâce à un catalogue de mesures: d’ici 2050, une voiture suisse sur cinq devrait être alimentée à l’électricité, ce qui est extrêmement faible par rapport à l’objectif des 1,5 degré.
En Norvège, ce pays e-Pioneer, la proportion de voitures électriques atteint déjà ce chiffre. Là-bas, l’ère des carburants fossiles pour les voitures devrait s’achever d’ici 2025.
Ce qui manque: des limites d’émissions strictes, des taxes de carburant élevées et des efforts concertés pour développer rapidement la mobilité électrique.
Trafic aérien
Il n’existe pas de politique climatique suisse dans le domaine de l’aviation. Les compagnies aériennes sont indirectement subventionnées, et les bas prix des billets alimentent la demande.
Émissions actuelles: environ 10 millions de tonnes d’équivalent CO2
Tendance: en hausse
Conclusion sur la politique climatique: inexistante
La population suisse vole deux fois plus souvent que celle des pays voisins: 9000 kilomètres par an et par habitant. Bien que les citoyens soient plus respectueux de l’environnement dans la plupart des domaines, les émissions augmentent néanmoins au niveau du trafic aérien.
«La politique climatique a longtemps ignoré l’aviation», déclare Florian Brunner de la Fondation suisse pour l’énergie. «On en paye maintenant le prix.»
Le fait que l’aviation ne figure pas dans les statistiques malgré l’impact climatique élevé est dû aux conventions internationales: chaque pays tient un registre de ses émissions de CO2 à l’intérieur de ses frontières nationales. Le trafic aérien international passe à travers les mailles du filet, le traité de Paris sur le climat n’a pas un seul mot sur l’aviation. La réduction des émissions de l’aviation ne fait pas non plus partie des objectifs climatiques officiels de la Suisse.
Pour réduire les émissions du trafic aérien, il n’y a actuellement qu’une seule solution: le prix des billets doit augmenter. D’autres innovations techniques, comme les avions électriques, qui permettraient de se passer du kérosène, ne sont pas à espérer dans un avenir proche. On doit donc se concentrer sur la consommation et, par conséquent, toucher le portefeuille du consommateur.
Le gros problème, c’est que la réalité va à l’encontre des intentions. Ces dernières années, le prix des billets n’a cessé de baisser sur le marché très concurrentiel des compagnies aériennes. Dans le même temps, la demande de miles aériens a augmenté.
Certains pays européens ont, dans une certaine mesure, contrecarré cette tendance en introduisant des taxes sur les billets d’avion au niveau des vols court-courriers et intercontinentaux. Cependant, en Suisse, les partis bourgeois s’opposent à de telles idées.
La Commission de l’environnement du Conseil national a récemment rejeté la proposition d’une taxe de 12 à 50 francs sur les billets, avec un résultat de treize contre douze voix. La justification est peu convaincante: selon eux, il y a une migration des clients vers l’étranger. Une redevance de ce montant ne suffirait évidemment pas à réduire sensiblement le trafic aérien, mais cela ce serait au moins une mesure qui alignerait la Suisse sur les autres pays.
Prendre l’avion ne doit pas être trop bon marché
Taxes sur les billets dans les pays européens
* Conversion de la monnaie locale en euros au taux de change du 12 novembre 2018, les tarifs varient selon la classe de vol et la destination. Source: PWC, FCC Aviation.
L’aviation reste donc très privilégiée: les vols internationaux continuent d’être exonérés des taxes sur la valeur ajoutée et sur les huiles minérales, alors qu’elles représentent plus de la moitié du prix du carburant automobile. Cela prive ainsi la Confédération de 1,7 milliard de francs suisses de recettes qui pourraient être investis dans la protection du climat.
La seule petite étape que la Suisse franchit en matière de politique climatique est celle de relier son système d’échange de quotas d’émission à celui de l’UE. Dès que l’accord en question aura été ratifié, le trafic aérien y sera également inclus. Cela signifie que les compagnies aériennes devront acheter des droits d’émission pour une partie de leur CO2. Selon les experts, toutefois, la mesure ne devrait entraîner qu’une augmentation minime du prix des billets.
Ce qui manque: une taxe sur le CO2 sur les billets d’avion et une TVA sur le transport aérien.
Émissions d’énergie grise
Les citoyens et citoyennes suisses consomment de plus en plus de produits importés. C’est un avantage pour l’équilibre climatique national. Moins dans la vue d’ensemble.
Émissions actuelles: 69,9 millions de tonnes d’équivalent CO2
Tendance: en hausse
Conclusion sur la politique climatique: inexistante
La Suisse peut se vanter. En moyenne, chaque habitant émet un peu moins de six tonnes de CO2 par an, soit moins que dans la plupart des autres pays.
Mais les apparences sont trompeuses. Si l’on étend la vision au-delà des frontières nationales à l’ensemble de la chaîne d’approvisionnement, l’empreinte des gaz à effet de serre augmente de huit tonnes pour atteindre un total de quatorze tonnes de CO2 par habitant.
Cette différence représente ce qu’on appelle l’énergie grise. C’est la quantité de gaz à effet de serre émise lors de la production et du transport de toutes les marchandises importées en Suisse. Il s’agit notamment des matières premières, des biens industriels, des produits ménagers et des denrées alimentaires.
Les émissions des marchandises importées sont (avec l’aviation) l’angle mort de la politique climatique internationale. En Suisse, contrairement aux émissions nationales, elles ont augmenté pour finalement dépasser les émissions des autres secteurs.
Exportation des problèmes climatiques
Émissions de gaz à effet de serre, en millions de tonnes d’équivalents CO2
Source: OFEV, Climate Alliance
La Suisse pourrait travailler sur trois plans pour corriger cette tendance. Tout d’abord, se concentrer sur la consommation: utiliser des labels et lancer des campagnes pour encourager la population à acheter des produits moins nocifs pour le climat.
Deuxièmement, se positionner dans le cadre des décisions multilatérales sur le climat, afin que les autres pays adoptent une politique climatique stricte, pour que les produits qu’ils exportent vers la Suisse soient moins nocifs pour le climat.
Troisièmement, introduire des «tarifs climatiques» en fonction de l’intensité des émissions d’un bien. Des produits allant du bœuf aux T-shirts jusqu’au aux tubes d’aluminium seraient majorés à des degrés divers. Toutefois, de nouveaux tarifs ne sont pas nécessairement souhaitables dans le climat politique actuel de guerres commerciales mondiales – et surtout, ils seraient seulement efficaces s’ils étaient introduits par un grand pays ou un groupe de nations comme l’UE.
Ce qui manque: une action concertée avec l’UE.
Perspectives
Il n’est pas trop tard – pas encore. Le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat considère qu’il est techniquement possible de maintenir le réchauffement planétaire en dessous de 1,5 degré. Pour ce faire, les pays devraient toutefois rapidement prendre des mesures drastiques.
La Conférence des Nations Unies sur le changement climatique à Katowice, en Pologne, qui débute le 3 décembre, devrait ouvrir la voie à cet égard. Des diplomates y élaboreront un ensemble détaillé de règles pour la mise en œuvre du Traité de Paris sur le climat à partir de 2020. Les questions juridiques et techniques sont au premier plan; par exemple, les pays doivent avoir des directives claires pour mesurer les émissions de CO2.
Le même jour, le débat parlementaire sur la révision de la loi sur le CO2 débute à Berne. Pour la première fois, le Conseil national se penche sur le plan directeur de la Confédération pour la période 2021-2030. La question controversée est de savoir si le texte est suffisant: début octobre, le Conseil fédéral avait lui-même commandé une nouvelle révision de ses propres objectifs climatiques… Si la Suisse veut atteindre l’objectif de 1,5 degré, son bilan d’émissions doit être ramené à zéro d’ici 2050.
C’est exactement ce qu’exige l’activiste climatique Marcel Hänggi. Avec son «initiative pour les glaciers» récemment lancée, il veut interdire complètement les combustibles fossiles à partir de 2050 et inscrire les objectifs climatiques de Paris dans la Constitution.
Le dernier mot en matière de politique climatique reviendra donc aux citoyennes et citoyens.
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Des enfants dont les luges restent coincées dans une boue brunâtre: c’est de cette manière que le <a href="https://www.nccs.admin.ch/nccs/fr/home/changement-climatique-et-impacts/scenarios-climatiques-suisses.html">Centre climatique du NCCS</a> décrit l’avenir de la Suisse si la température globale continue son envolée effrénée.</p><p>Le message des climatologues est clair: la Suisse est touchée plus durement par le changement climatique que d’autres pays et cela, bien plus fortement qu’on ne le pensait. Des accords internationaux tels que l’Accord de Paris, qui visent à limiter l’augmentation de la température à moins de deux degrés Celsius par rapport à l’ère préindustrielle sont donc d’un intérêt fondamental pour la Suisse.</p><p><strong>Les grandes questions sont pourtant les suivantes: le pays se comporte-t-il en conséquence? Notre politique climatique est-elle suffisamment efficace? La Suisse prend-elle les mesures nécessaires pour jouer son rôle dans la résolution du problème?</strong></p><p>Si nous voulons répondre à ces questions en termes généraux, il n’y a qu’une seule réponse: non. La Suisse n’en fait pas encore assez pour lutter contre le changement climatique.</p><p>C’est ce qu’atteste déjà l’«ancienne» politique climatique suisse, qui date pourtant seulement de 2011. L’objectif d’ici 2020 est de réduire les émissions de CO<sub>2</sub> de 20% par rapport à 1990, mais la Suisse n’atteindra probablement pas cet objectif, comme le montre le graphique suivant.</p><p>Il y a deux ans, l’équivalent de 48,3 millions de tonnes de gaz à effet de serre CO<sub>2</sub> a été émis en Suisse. L’exigence à la fin de la décennie serait de passer à 42,4 millions de tonnes, soit nettement moins qu’à l’heure actuelle.</p><h3 style="text-align: center;">Réalité et objectifs divergents</h3><p style="text-align: center;"><strong>Objectifs climatiques suisses et émission de CO<sub>2</sub> par secteurs<img class="img-responsive img-center " src="https://media.bonpourlatete.com/default/w1200/1542884157_graphique1.png"></strong></p><h4 style="text-align: center;">Source: <a href="https://www.bafu.admin.ch/bafu/fr/home/themes/climat/en-bref.html">OFEV</a>. L’agriculture représente environ deux tiers des émissions représentées dans le secteur «Autres». Les objectifs sectoriels sont tirés du <a href="https://www.bafu.admin.ch/dam/bafu/fr/dokumente/klima/rechtliche-grundlagen/entwurf-co2-gesetz.pdf.download.pdf/Beilage_05_BG_FR_CO2-Gesetz_zu_BRA_UVEK.pdf">projet de révision de loi sur le CO<sub>2</sub></a>. L’objectif global pour 2020 représente la somme des secteurs.</h4><br><p>Mais la «nouvelle» politique climatique, qui a été tracée dans la perspective de la Conférence de Paris de novembre 2015, est déjà dépassée d’un point de vue scientifique. La Confédération a pour objectif, d’ici à 2030, de ramener les émissions à 50% des niveaux de 1990 – avec le but à long terme que la Suisse émette jusqu’à 85% de gaz à effet de serre en moins d’ici à 2050.</p><p>C’est ce que formule le <a href="https://www.bafu.admin.ch/dam/bafu/fr/dokumente/klima/rechtliche-grundlagen/botschaft-totalrevision-co2-gesetz-nach-2020.pdf.download.pdf/Beilage_01_BO_FR_CO2-Gesetz_zu_BRA_UVEK.pdf">message sur la révision de la loi sur le CO<sub>2</sub></a>, dont le Parlement débat cet hiver. Mais entre-temps, la recherche a déjà fait un pas de plus. En octobre, elle a porté un nouvel objectif aux standards. La température de la planète ne devrait en effet pas augmenter de plus de 1,5 degré Celsius. Conformément aux intentions réaffirmées à Paris, le monde serait ainsi préservé des pires conséquences liées au changement climatique. Toutefois, cet objectif n’a pas encore été pris en compte dans la nouvelle loi sur le CO<sub>2</sub>.</p><p>Ceci peut être compris à l’aide d’une formule simple: si l’on veut limiter l’augmentation de la température mondiale à 1,5 degré, le bilan des émissions de gaz à effet de serre doit être ramené à zéro d’ici le milieu du siècle. De plus, la planète ne doit pas rejeter plus de CO<sub>2</sub> dans l’atmosphère qu’elle ne peut en élimine (grâce à des procédés techniques qui restent encore à inventer). Si la Suisse veut participer à cette politique, son bilan d’émissions doit être nul d’ici 2050.</p><p>Pourtant, la Suisse en est encore loin. Les sections suivantes montrent dans quels domaines la politique climatique a déjà été couronnée de succès – et dans quels domaines elle y a un encore du chemin à parcourir.</p><p>Les émissions nationales de gaz à effet de serre sont généralement divisées en quatre catégories: Bâtiments, Industrie, Transport, Autres.</p><p></p><hr><p></p><h2>Bâtiments</h2><p>Les nouvelles règles en vigueur demandent un remplacement des systèmes de chauffage au mazout par des systèmes plus respectueux du climat. Mais les progrès sont trop lents.</p><p style="text-align: left;"><em><strong>Émissions actuelles</strong>: 13,2 millions de tonnes d’équivalent CO<sub>2</sub></em></p><p style="text-align: left;"><em><strong>Tendance:</strong> à la baisse</em></p><p style="text-align: left;"><em><strong>Conclusion de la politique climatique</strong>: juste ok</em></p><p>C’est en matière de bâtiment que la politique climatique suisse a le plus fait ses preuves. Les émissions ont diminué de près d’un quart depuis 1990. De plus en plus de maisons sont chauffées avec des pompes à chaleur et bon nombre de vieux bâtiments sont en cours de rénovation.</p><h3 style="text-align: center;">La majorité d’entre eux chauffent encore à l’énergie fossile</h3><p style="text-align: center;"><strong>Part des sources d’énergie dans le chauffage des ménages</strong></p><h4 style="text-align: center;"><img class="img-responsive img-center " src="https://media.bonpourlatete.com/default/w1200/1542884819_graphique2bis.png">Source: <a href="https://www.bfs.admin.ch/bfs/fr/home/statistiques/construction-logement/batiments/domaine-energetique.html">OFS</a><strong><br></strong></h4><p>Au cœur de la politique climatique se trouve ici une taxe sur le CO<sub>2</sub> pour le pétrole, le gaz et le charbon. Il rend le chauffage aux combustibles fossiles peu attrayant. Et cela fonctionne: <a href="https://www.energie-experten.ch/fileadmin/user_upload/content/Blog/Dokumente/Heizsysteme_-_Entwicklung_der_Marktanteile_2000-2013.pdf">dans les nouveaux bâtiments, plus aucun système de chauffage au mazout n’est installé aujourd’hui (ou presque)</a>. Patrick Hofstetter, spécialiste du climat au WWF Suisse, estime toutefois que la réflexion concernant les vieux bâtiments n’est pas suffisante. «Dans deux cas sur trois, quand un chauffage est remplacé, le mazout ou le gaz entre en jeu.»</p><p>Le problème est le suivant: un nouveau système de chauffage au mazout installé aujourd’hui fonctionnera pendant les 25 prochaines années. Cela influence donc l’équilibre climatique à long terme. «Pour être sur la voie du zéro émission en 2050, il ne faudrait plus installer aucun système de chauffage au mazout ou au gaz», explique M. Hofstetter.</p><p>La stratégie de la <a href="https://www.endk.ch/fr/documentation/communiques-de-presse/medienmitteilung/ftw-simplelayout-filelistingblock/Medienmitteilung_PV_20160829_f.pdf/download">Conférence des directeurs cantonaux de l’énergie</a> prévoit que d’ici 2050, les émissions de CO<sub>2</sub> des bâtiments soient ramenées à 20% par rapport à 1990 – un objectif ambitieux, mais pas encore suffisant par rapport à l’objectif des 1,5 degré. S’il s’avère au milieu de la prochaine décennie qu’il ne sera pas respecté, le gouvernement compte d’ailleurs introduire une valeur limite d’émission de CO<sub>2</sub> lors des remplacements de systèmes de chauffage dans les vieux bâtiments et interdire complètement les systèmes de chauffage au mazout dans les nouveaux bâtiments, comme l’a d<a href="http://www.aue.bs.ch/energie/gebaeude-energie/heizungsersatz.html">écidé Bâle-Ville</a> l’année dernière.</p><p><a href="https://www.bafu.admin.ch/bafu/fr/home/themes/climat/droit/totalrevision-co2-gesetz.html">La nouvelle loi sur le CO<sub>2</sub></a> veut également relever taxe en vigueur depuis 2008: de 120 CHF à 210 CHF au maximum par tonne. Mais même à des taux plus élevés, les incitations à se chauffer d’une manière respectueuse du climat ne sont suffisantes que si les propriétaires sont bien informés – ce qui n’est pas toujours le cas. Les réglementations telles que celles de Bâle constituent la mesure la plus efficace.</p><p>Pour ramener le bilan des émissions à zéro d’ici 2050, il faudrait mettre plus rapidement à niveau l’ensemble du parc immobilier. À l’heure actuelle, seul 1% des bâtiments sont rénovés chaque année. L’association Swisscleantech estime qu’un taux de 2 à 3% serait nécessaire pour atteindre les objectifs climatiques de Paris. En ce qui concerne l’objectif de 1,5 degré, il en faudrait encore plus, selon l’économiste des ressources Lucas Bretschger de l’ETH Zurich.</p><p><strong>Ce qui manque</strong>: des taxes plus élevées sur le CO<sub>2</sub>, une interdiction rapide des systèmes de chauffage au mazout.</p><p></p><hr><p></p><h2>Industrie</h2><p>Les entreprises suisses émettent moins de CO<sub>2 </sub>que par le passé. Mais c’est surtout dû aux changements structurels: certaines émissions ont été délocalisées à l’étranger.</p><p><em><strong>Émissions actuelles</strong>: 10,9 millions de tonnes d’équivalent CO<sub>2</sub></em></p><p><em><strong>Tendance</strong>: en légère baisse</em></p><p><em><strong>Conclusion sur la politique climatique</strong>: passable</em></p><p>Au niveau du secteur industriel, la Suisse n’est pas en trop mauvais chemin. Les émissions de gaz à effet de serre ont diminué de 17% depuis 1990. Cela est dû aux lois, mais aussi aux changements structurels: les activités à forte intensité énergétique sont de plus en plus délocalisées à l’étranger – et ne figurent donc pas dans les statistiques.</p><p>La taxe sur le CO<sub>2</sub> lié aux carburants a pour but d’obliger l’industrie à adopter un comportement respectueux du climat. Les entreprises peuvent pourtant passer outre, soit parce qu’elles sont suffisamment grandes pour participer au système d’échange de quotas d’émission, soit parce qu’elles sont suffisamment petites pour conclure un accord individuel avec la Confédération sur la réduction de leurs émissions.</p><p>Ce système, qui réunit des entreprises et des experts en énergie, est unique au monde. La majorité des spécialistes le juge positif, à l’exception du manque partiel de transparence. En fin de compte, le facteur décisif pour l’industrie est la précision avec laquelle les rouages sont imbriqués.</p><p>Cela vaut surtout pour l’échange de droits d’émission, qui devrait à l’avenir s’ancrer dans le système européen. Cela ouvrirait des opportunités économiques pour la cinquantaine d’entreprises suisses qui participent au système: si elles se comportent de manière exemplaire, elles pourront à l’avenir vendre des certificats d’émission. Le droit d’émettre une tonne de CO<sub>2</sub> se négocie actuellement <a href="https://www.finanzen.ch/rohstoffe/co2-emissionsrechte">à un peu moins de 20 euros en Europe</a>, un prix bien plus haut qu’en Suisse.</p><h3>Les émissions de polluants seront à nouveau plus chères</h3><p><strong>Prix d’échange des certificats d’émission en Europe</strong></p><h4><strong><img class="img-responsive img-center " src="https://media.bonpourlatete.com/default/w1200/1542885621_graphique3.png"></strong></h4><h4 style="text-align: center;">Source: <a href="https://www.investing.com/commodities/carbon-emissions">Investir.com</a></h4><br><p>Toutefois, l’impact de l’échange de droits d’émission dans son ensemble dépend de l’évolution de la quantité totale de droits d’émission négociables. Jürg Füssler d’Infras, une société de conseil, déclare que le système est encore constitué de beaucoup de vent: «Trop de certificats sont attribués gratuitement aux entreprises chaque année, de sorte qu’il n’y a guère de pression pour réduire les émissions.»</p><p>Quoi qu’il en soit, l’offre dans le système européen devrait diminuer plus rapidement à partir de 2021: <a href="https://ec.europa.eu/clima/policies/ets_en">de 2,2% </a>par an, <a href="https://www.bafu.admin.ch/bafu/fr/home/themes/climat/info-specialistes/politique-climatique/echange-de-quotas-demission/systeme-suisse-dechange-de-quotas-demission--seqe-.html">contre 1,7%</a> actuellement. Mais même cela ne suffit pas pour s’engager sur un chemin en harmonie avec les accords de Paris.</p><p>La Suisse a toutefois les mains liées si elle veut aller accélérer le tempo. Sa politique climatique en matière d’échange de droits d’émission – qui couvre un dixième de l’ensemble des émissions – sera en effet à l’avenir mise en œuvre par l’UE.</p><p><strong>Ce qui manque</strong>: des réductions plus rapides de la quantité totale dans le commerce des certificats.</p><p></p><hr><p></p><h2>Agriculture</h2><br><p>L’agriculture a longtemps été ignorée dans la politique climatique suisse. C’est sur le point de changer. Cependant, on ne sait toujours pas comment.</p><p><em><strong>Emissions actuelles</strong>: 6,5 millions de tonnes d’équivalent CO<sub>2</sub></em></p><p><em><strong>Tendance</strong>: constante</em></p><p><em><strong>Conclusion sur la politique climatique:</strong> insuffisante</em></p><p>Les vaches émettent du méthane et les engrais libèrent de l’oxyde nitreux. Les deux sont des gaz à effet de serre à impact fort. C’est pourquoi l’agriculture joue un rôle important dans le bilan climatique de la Suisse.</p><p>Cela dit, les émissions de gaz à effet de serre ont baissé de 11% depuis 1990. Selon la stratégie climatique agricole du gouvernement fédéral, une réduction similaire doit encore être observée jusqu’à 2030. Et d’ici 2050, les émissions devraient finalement diminuer d’un tiers par rapport au niveau de 1990.</p><p>Ça a l’air d’être un plan réfléchi. Mais pour atteindre les objectifs climatiques globaux dans les décennies à venir, c’est loin d’être suffisant.</p><p>Il est étrange que l’agriculture – contrairement à d’autres secteurs comme l’industrie – ne soit pas incluse dans la nouvelle loi sur le CO<sub>2</sub>. Au lieu de cela, le Conseil fédéral veut y réglementer la politique climatique dans le cadre de la n<a href="https://www.admin.ch/gov/fr/accueil/documentation/communiques.msg-id-72932.html">ouvelle politique agricole 2022 (PA22+)</a>, qui a fait l’objet d’une consultation la semaine dernière.</p><p>Toutefois, on ne sait toujours pas exactement comment les émissions agricoles seront réduites. Dans un premier rapport sur la PA22+, le gouvernement propose simplement d’augmenter les subventions pour les productions durables comme les fermes biologiques. Le rapport ne contient pas d’autres mesures climatiques ni de critères de référence concrets à l’aune desquels la politique climatique devrait être mesurée.</p><p>Pourtant, le <a href="https://www.republik.ch/2018/09/07/das-land-wo-bald-die-zitronen-bluehn">changement climatique frappe durement l’agriculture.</a> Cela est devenu évident cet été, alors que les sols et les cours d’eau se sont asséchés et que l<a href="https://www.republik.ch/2018/09/07/das-land-wo-bald-die-zitronen-bluehn">e fourrage s’est raréfié</a>. Il est donc d’autant plus étonnant que les agriculteurs n’aient, jusqu’à présent, guère été inclus dans ces questions.</p><p>La politique alimentaire manque également d’une vue d’ensemble. En septembre, <a href="https://www.republik.ch/2018/09/06/was-sie-zu-den-beiden-landwirtschafts-abstimmungen-wissen-muessen">le peuple a rejeté l’initiative populaire «Pour la sécurité alimentaire» et l’Initiative pour une alimentation équitable</a>. Les deux préoccupations appelaient à une reconversion radicale de l’agriculture et au renforcement d’une production locale durable en faveur de la réduction des émissions de CO<sub>2</sub>. Aucune alternative n’a néanmoins été proposée.</p><p><strong>Ce qui manque</strong>: une stratégie globale qui place le climat au centre de la politique agricole et alimentaire de la Suisse.</p><h2><hr></h2><h2>Transport</h2><p>L’essence est trop bon marché, les Suisses se déplacent trop en voiture, et l’électrification du transport routier est en retard par rapport à celle d’autres pays.</p><p><em><strong>Émissions actuelles:</strong> 15,3 millions de tonnes d’équivalent CO<sub>2</sub></em></p><p><em><strong>Tendance:</strong> en hausse</em></p><p><em><strong>Conclusion sur la politique climatique</strong>: misérable</em></p><p>Si les gens ne voyageaient pas, nous n’aurions pas de problèmes climatiques: les voitures et les camions sont responsables d’un tiers des émissions de gaz à effet de serre en Suisse. Presque tous les ménages possèdent une voiture particulière, le nombre de kilomètres parcourus augmente d’année en année; les émissions liées au trafic aussi.</p><p>Que fait la politique suisse à cet égard?</p><p>Depuis 2015, une voiture neuve n’émet en moyenne pas plus de 130 grammes de CO<sub>2</sub> par kilomètre (la VW Golf compense la consommation d’un 4X4). À partir de 2020, cela sera réduit à 95 grammes. Toutefois, de nombreux importateurs de voitures n’adhèrent pas aux règles et préfèrent payer une amende plutôt que de s’abstenir de vendre d’imposantes voitures de luxe et des véhicules surpuissants particulièrement gourmands en essence.</p><p>L’efficacité du parc automobile, qui est meilleure qu’au début de la décennie, ne descend pourtant pas en dessous du minimum prescrit, et augmente même de plus en plus au-dessus de la valeur limite. Les incitations écologiques pour la circulation automobile sont minimes. L’essence reste bon marché, car la taxe sur le CO<sub>2</sub> n’est perçue que sur les combustibles, et non sur l’essence.</p><h3 style="text-align: center;">Deombreux nouveaux 4x4 sur les routes suisses</h3><p style="text-align: center;"><strong>Émissions moyennes de CO<sub>2</sub> des véhicules neufs</strong></p><h4 style="text-align: center;"><img class="img-responsive img-center " src="https://bonpourlatete.comhttps://media.bonpourlatete.com/default/w1016/1542890181_graphique4.png">Source: <a href="http://www.bfe.admin.ch/php/modules/publikationen/stream.php?extlang=fr&name=fr_591419039.pdf&endung=Mise%20en%20oeuvre%20des%20prescriptions%20sur%20les%20%E9missions%20de%20CO2%20des%20voitures%20de%20tourisme%20en%202017">OFEN</a></h4><br><p>Des mesures plus radicales sont donc nécessaires pour réduire davantage les émissions dues au trafic, conformément aux objectifs climatiques. Dans l<a href="https://www.bafu.admin.ch/bafu/fr/home/themes/climat/droit/totalrevision-co2-gesetz.html">a nouvelle loi sur le CO<sub>2</sub>,</a> le Conseil fédéral exige que les importateurs de carburants compensent jusqu’à 90% des émissions liées au trafic dans un délai de douze ans. En d’autres termes, ils doivent dépenser de l’argent pour des projets qui permettent de réaliser des économies de CO<sub>2</sub>. À l’heure actuelle, ce taux d’indemnisation est de 10%.</p><p>Dans le même temps, le prix du carburant ne devrait pas augmenter de plus de 8 centimes: c’est ce que veut la Commission de l’environnement du Conseil national, qui s’est penchée sur la facture il y a quelques semaines. Une décision qui contredit diamétralement la demande du Conseil fédéral. En effet, la compensation des émissions de CO<sub>2</sub> ne peut être efficace que si elle entraîne une certaine augmentation du prix de l’essence. <a href="https://www.tagesanzeiger.ch/schweiz/standard/erdoelbranche-haut-im-benzinpreispoker-auf-den-tisch/story/25000288">Les estimations pour cette fourchette vont de 10 à 16 centimes.</a></p><p>La politique climatique dans le secteur des transports est un casse-tête. Outre le prix de l’essence, cela inclut également l’expansion des transports publics et l’infrastructure pour les voitures électriques. Le gouvernement fédéral veut rendre les véhicules électriques plus attrayants grâce à un catalogue de mesures: d’ici 2050, <a href="https://www.derbund.ch/schweiz/standard/Foerderung-von-Elektroautos-ist-keine-Antwort-auf-die-Staubelastung-/story/19891077">une voiture suisse sur cinq devrait être alimentée à l’électricité</a>, ce qui est extrêmement faible par rapport à l’objectif des 1,5 degré.</p><p>En Norvège, ce pays e-Pioneer, la proportion de voitures électriques atteint déjà ce chiffre. Là-bas, l’ère des carburants fossiles pour les voitures <a href="https://www.theguardian.com/environment/2017/feb/07/power-to-the-ev-norway-spearheads-europes-electric-vehicle-surge">devrait s’achever d’ici 2025</a>.</p><p><strong>Ce qui manque:</strong> des limites d’émissions strictes, des taxes de carburant élevées et des efforts concertés pour développer rapidement la mobilité électrique.</p><p></p><hr><p></p><h2>Trafic aérien</h2><p>Il n’existe pas de politique climatique suisse dans le domaine de l’aviation. Les compagnies aériennes sont indirectement subventionnées, et les bas prix des billets alimentent la demande.</p><p><strong>Émissions actuelles</strong>: environ 10 millions de tonnes d’équivalent CO<sub>2</sub></p><p><strong>Tendance:</strong> en hausse</p><p><strong>Conclusion sur la politique climatique</strong>: inexistante</p><p>La population suisse vole deux fois plus souvent que celle des pays voisins: 9000 kilomètres par an et par habitant. Bien que les citoyens soient plus respectueux de l’environnement dans la plupart des domaines, les émissions augmentent néanmoins au niveau du trafic aérien.</p><blockquote><p><em><strong>«La politique climatique a longtemps ignoré l’aviation», déclare Florian Brunner de la Fondation suisse pour l’énergie. «On en paye maintenant le prix.»</strong></em></p></blockquote><p>Le fait que l’aviation ne figure pas dans les statistiques malgré l’impact climatique élevé est dû aux conventions internationales: chaque pays tient un registre de ses émissions de CO2 à l’intérieur de ses frontières nationales. Le trafic aérien international passe à travers les mailles du filet, le traité de Paris sur le climat n’a pas un seul mot sur l’aviation. La réduction des émissions de l’aviation ne fait pas non plus partie des objectifs climatiques officiels de la Suisse.</p><p>Pour réduire les émissions du trafic aérien, il n’y a actuellement qu’une seule solution: le prix des billets doit augmenter. D’autres innovations techniques, comme les avions électriques, qui permettraient de se passer du kérosène, ne sont pas à espérer dans un avenir proche. On doit donc se concentrer sur la consommation et, par conséquent, toucher le portefeuille du consommateur.</p><p>Le gros problème, c’est que la réalité va à l’encontre des intentions. Ces dernières années, le prix des billets n’a cessé de baisser sur le marché très concurrentiel des compagnies aériennes. Dans le même temps, la demande de miles aériens a augmenté.</p><p>Certains pays européens ont, dans une certaine mesure, contrecarré cette tendance en introduisant des taxes sur les billets d’avion au niveau des vols court-courriers et intercontinentaux. Cependant, en Suisse, les partis bourgeois s’opposent à de telles idées.</p><p>La Commission de l’environnement du Conseil national a récemment rejeté <a href="https://www.parlament.ch/press-releases/Pages/2018/mm-urek-n-2018-10-10.aspx">la proposition d’une taxe de 12 à 50 francs sur les billets</a>, avec un résultat de treize contre douze voix. La justification est peu convaincante: selon eux, il y a une migration des clients vers l’étranger. Une redevance de ce montant ne suffirait évidemment pas à réduire sensiblement le trafic aérien, mais cela ce serait au moins une mesure qui alignerait la Suisse sur les autres pays.</p><h3 style="text-align: center;">Prendre l’avion ne doit pas être trop bon marché</h3><p style="text-align: center;"><strong>Taxes sur les billets dans les pays européens</strong></p><h4 style="text-align: center;"><strong><img class="img-responsive img-center " src="https://media.bonpourlatete.com/default/w1200/1542890592_graphique5.png"></strong>* Conversion de la monnaie locale en euros au taux de change du 12 novembre 2018, les tarifs varient selon la classe de vol et la destination. Source: <a href="https://a4e.eu/wp-content/uploads/2017/10/The-economic-impact-of-air-taxes-in-Europe-EEA-1.pdf">PWC</a>, <a href="https://www.fccaviation.com/regulation/sweden/swedish-aviation-tax">FCC Aviation</a>.</h4><br><p>L’aviation reste donc très privilégiée: les vols internationaux continuent d’être exonérés des taxes sur la valeur ajoutée et sur les huiles minérales, alors qu’elles représentent plus de la moitié du prix du carburant automobile. <a href="https://www.tagesanzeiger.ch/schweiz/standard/das-sind-die-profiteure-des-oelbonus/story/22769082">Cela prive ainsi la Confédération de 1,7 milliard de francs suisses de recettes</a> qui pourraient être investis dans la protection du climat.</p><p>La seule petite étape que la Suisse franchit en matière de politique climatique est celle de relier son système d’échange de quotas d’émission à celui de l’UE. Dès que l’accord en question aura été ratifié, le trafic aérien y sera également inclus. Cela signifie que les compagnies aériennes <a href="https://ec.europa.eu/clima/policies/ets/allowances/aviation_en">devront acheter des droits d’émission pour une partie de leur CO<sub>2</sub></a>. Selon les experts, toutefois, la mesure ne devrait entraîner qu’une augmentation minime du prix des billets.</p><p><strong>Ce qui manque</strong>: une taxe sur le CO<sub>2</sub> sur les billets d’avion et une TVA sur le transport aérien.</p><p></p><hr><p></p><h2>Émissions d’énergie grise</h2><p>Les citoyens et citoyennes suisses consomment de plus en plus de produits importés. C’est un avantage pour l’équilibre climatique national. Moins dans la vue d’ensemble.</p><p><em><strong>Émissions actuelles:</strong> 69,9 millions de tonnes d’équivalent CO<sub>2</sub></em></p><p><em><strong>Tendance:</strong> en hausse</em></p><p><em><strong>Conclusion sur la politique climatique:</strong> inexistante</em></p><p>La Suisse peut se vanter. En moyenne, chaque habitant émet un peu moins de six tonnes de CO<sub>2</sub> par an, soit moins que dans la plupart des autres pays.</p><p>Mais les apparences sont trompeuses. Si l’on étend la vision au-delà des frontières nationales à l’ensemble de la chaîne d’approvisionnement, l’empreinte des gaz à effet de serre augmente <a href="https://www.bafu.admin.ch/dam/bafu/fr/dokumente/klima/ui-umwelt-info/klimapolitik-der-schweiz.pdf.download.pdf/la-politique-climatique-suisse-1803.pdf">de huit tonnes pour atteindre un total de quatorze tonnes de CO<sub>2</sub></a> par habitant.</p><p>Cette différence représente ce qu’on appelle l’énergie grise. C’est la quantité de gaz à effet de serre émise lors de la production et du transport de toutes les marchandises importées en Suisse. Il s’agit notamment des matières premières, des biens industriels, des produits ménagers et des denrées alimentaires.</p><p>Les émissions des marchandises importées sont (avec l’aviation) l’angle mort de la politique climatique internationale. En Suisse, contrairement aux émissions nationales, elles ont augmenté pour finalement dépasser les émissions des autres secteurs.</p><h3 style="text-align: center;">Exportation des problèmes climatiques</h3><p style="text-align: center;"><strong>Émissions de gaz à effet de serre, en millions de tonnes d’équivalents CO<sub>2</sub></strong></p><h4 style="text-align: center;"><strong><img class="img-responsive img-center " src="https://media.bonpourlatete.com/default/w1200/1542890932_graphique6.png"></strong>Source: <a href="https://www.bafu.admin.ch/bafu/fr/home/themes/climat/en-bref.html">OFEV</a>, <a href="https://uploads.strikinglycdn.com/files/d09ae0e0-d69e-4f29-a9a3-5d1813dcfae3/Klima-Allianz_Schweiz_Masterplan.pdf">Climate Alliance</a></h4><p>La Suisse pourrait travailler sur trois plans pour corriger cette tendance. <strong>Tout d’abord,</strong> se concentrer sur la consommation: utiliser des labels et lancer des campagnes pour encourager la population à acheter des produits moins nocifs pour le climat.</p><p><strong>Deuxièmement,</strong> se positionner dans le cadre des décisions multilatérales sur le climat, afin que les autres pays adoptent une politique climatique stricte, pour que les produits qu’ils exportent vers la Suisse soient moins nocifs pour le climat.</p><p><strong>Troisièmement</strong>, introduire des «tarifs climatiques» en fonction de l’intensité des émissions d’un bien. Des produits allant du bœuf aux T-shirts jusqu’au aux tubes d’aluminium seraient majorés à des degrés divers. Toutefois, de nouveaux tarifs ne sont pas nécessairement souhaitables dans le climat politique actuel de guerres commerciales mondiales – et surtout, ils seraient seulement efficaces s’ils étaient introduits par un grand pays ou un groupe de nations comme l’UE.</p><p><strong>Ce qui manque</strong>: une action concertée avec l’UE.</p><p></p><hr><p></p><h2>Perspectives</h2><p>Il n’est pas trop tard – pas encore. Le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat considère qu’il est techniquement possible de maintenir le réchauffement planétaire en dessous de 1,5 degré. Pour ce faire, les pays devraient toutefois rapidement prendre des mesures drastiques.</p><p>La Conférence des Nations Unies sur le changement climatique à Katowice, en Pologne, qui débute le 3 décembre, devrait ouvrir la voie à cet égard. Des diplomates y élaboreront un ensemble détaillé de règles pour la mise en œuvre du Traité de Paris sur le climat à partir de 2020. Les questions juridiques et techniques sont au premier plan; par exemple, les pays doivent avoir des directives claires pour mesurer les émissions de CO<sub>2</sub>.</p><p>Le même jour, le débat parlementaire sur la révision de la loi sur le CO<sub>2</sub> débute à Berne. Pour la première fois, le Conseil national se penche sur le plan directeur de la Confédération pour la période 2021-2030. La question controversée est de savoir si le texte est suffisant: début octobre, le Conseil fédéral avait lui-même commandé une nouvelle révision de ses propres objectifs climatiques… Si la Suisse veut atteindre l’objectif de 1,5 degré, son bilan d’émissions doit être ramené à zéro d’ici 2050.</p><p>C’est exactement ce qu’exige l’activiste climatique Marcel Hänggi. Avec son «<a href="https://www.protection-climat.ch">initiative pour les glaciers</a>» récemment lancée, il veut interdire complètement les combustibles fossiles à partir de 2050 et inscrire les objectifs climatiques de Paris dans la Constitution.</p><p>Le dernier mot en matière de politique climatique reviendra donc aux citoyennes et citoyens.</p>', 'content_edition' => null, 'slug' => 'les-echecs-de-politiques-face-au-changement-climatique', 'headline' => false, 'homepage' => 'col-md-6', 'like' => (int) 709, 'editor' => null, 'index_order' => (int) 1376, 'homepage_order' => (int) 1606, 'original_url' => null, 'podcast' => false, 'tagline' => null, 'poster' => null, 'category_id' => (int) 5, 'person_id' => (int) 85, 'post_type_id' => (int) 1, 'poster_attachment' => null, 'editions' => [[maximum depth reached]], 'tags' => [ [maximum depth reached] ], 'locations' => [[maximum depth reached]], 'attachment_images' => [ [maximum depth reached] ], 'attachments' => [ [maximum depth reached] ], 'person' => object(App\Model\Entity\Person) {}, 'comments' => [ [maximum depth reached] ], 'category' => object(App\Model\Entity\Category) {}, '[new]' => false, '[accessible]' => [ [maximum depth reached] ], '[dirty]' => [[maximum depth reached]], '[original]' => [[maximum depth reached]], '[virtual]' => [[maximum depth reached]], '[hasErrors]' => false, '[errors]' => [[maximum depth reached]], '[invalid]' => [[maximum depth reached]], '[repository]' => 'Posts' }, 'relatives' => [ (int) 0 => object(App\Model\Entity\Post) {}, (int) 1 => object(App\Model\Entity\Post) {}, (int) 2 => object(App\Model\Entity\Post) {}, (int) 3 => object(App\Model\Entity\Post) {} ], 'embeds' => [], 'images' => [ (int) 0 => object(Cake\ORM\Entity) {} ], 'audios' => [], 'comments' => [ (int) 0 => object(App\Model\Entity\Comment) {} ], 'author' => 'Bon pour la tête', 'description' => 'Le réchauffement climatique frappe la Suisse plus durement que prévu. 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Des enfants dont les luges restent coincées dans une boue brunâtre: c’est de cette manière que le <a href="https://www.nccs.admin.ch/nccs/fr/home/changement-climatique-et-impacts/scenarios-climatiques-suisses.html">Centre climatique du NCCS</a> décrit l’avenir de la Suisse si la température globale continue son envolée effrénée.</p><p>Le message des climatologues est clair: la Suisse est touchée plus durement par le changement climatique que d’autres pays et cela, bien plus fortement qu’on ne le pensait. Des accords internationaux tels que l’Accord de Paris, qui visent à limiter l’augmentation de la température à moins de deux degrés Celsius par rapport à l’ère préindustrielle sont donc d’un intérêt fondamental pour la Suisse.</p><p><strong>Les grandes questions sont pourtant les suivantes: le pays se comporte-t-il en conséquence? Notre politique climatique est-elle suffisamment efficace? La Suisse prend-elle les mesures nécessaires pour jouer son rôle dans la résolution du problème?</strong></p><p>Si nous voulons répondre à ces questions en termes généraux, il n’y a qu’une seule réponse: non. La Suisse n’en fait pas encore assez pour lutter contre le changement climatique.</p><p>C’est ce qu’atteste déjà l’«ancienne» politique climatique suisse, qui date pourtant seulement de 2011. L’objectif d’ici 2020 est de réduire les émissions de CO<sub>2</sub> de 20% par rapport à 1990, mais la Suisse n’atteindra probablement pas cet objectif, comme le montre le graphique suivant.</p><p>Il y a deux ans, l’équivalent de 48,3 millions de tonnes de gaz à effet de serre CO<sub>2</sub> a été émis en Suisse. L’exigence à la fin de la décennie serait de passer à 42,4 millions de tonnes, soit nettement moins qu’à l’heure actuelle.</p><h3 style="text-align: center;">Réalité et objectifs divergents</h3><p style="text-align: center;"><strong>Objectifs climatiques suisses et émission de CO<sub>2</sub> par secteurs<img class="img-responsive img-center " src="https://media.bonpourlatete.com/default/w1200/1542884157_graphique1.png"></strong></p><h4 style="text-align: center;">Source: <a href="https://www.bafu.admin.ch/bafu/fr/home/themes/climat/en-bref.html">OFEV</a>. L’agriculture représente environ deux tiers des émissions représentées dans le secteur «Autres». Les objectifs sectoriels sont tirés du <a href="https://www.bafu.admin.ch/dam/bafu/fr/dokumente/klima/rechtliche-grundlagen/entwurf-co2-gesetz.pdf.download.pdf/Beilage_05_BG_FR_CO2-Gesetz_zu_BRA_UVEK.pdf">projet de révision de loi sur le CO<sub>2</sub></a>. L’objectif global pour 2020 représente la somme des secteurs.</h4><br><p>Mais la «nouvelle» politique climatique, qui a été tracée dans la perspective de la Conférence de Paris de novembre 2015, est déjà dépassée d’un point de vue scientifique. La Confédération a pour objectif, d’ici à 2030, de ramener les émissions à 50% des niveaux de 1990 – avec le but à long terme que la Suisse émette jusqu’à 85% de gaz à effet de serre en moins d’ici à 2050.</p><p>C’est ce que formule le <a href="https://www.bafu.admin.ch/dam/bafu/fr/dokumente/klima/rechtliche-grundlagen/botschaft-totalrevision-co2-gesetz-nach-2020.pdf.download.pdf/Beilage_01_BO_FR_CO2-Gesetz_zu_BRA_UVEK.pdf">message sur la révision de la loi sur le CO<sub>2</sub></a>, dont le Parlement débat cet hiver. Mais entre-temps, la recherche a déjà fait un pas de plus. En octobre, elle a porté un nouvel objectif aux standards. La température de la planète ne devrait en effet pas augmenter de plus de 1,5 degré Celsius. Conformément aux intentions réaffirmées à Paris, le monde serait ainsi préservé des pires conséquences liées au changement climatique. Toutefois, cet objectif n’a pas encore été pris en compte dans la nouvelle loi sur le CO<sub>2</sub>.</p><p>Ceci peut être compris à l’aide d’une formule simple: si l’on veut limiter l’augmentation de la température mondiale à 1,5 degré, le bilan des émissions de gaz à effet de serre doit être ramené à zéro d’ici le milieu du siècle. De plus, la planète ne doit pas rejeter plus de CO<sub>2</sub> dans l’atmosphère qu’elle ne peut en élimine (grâce à des procédés techniques qui restent encore à inventer). Si la Suisse veut participer à cette politique, son bilan d’émissions doit être nul d’ici 2050.</p><p>Pourtant, la Suisse en est encore loin. Les sections suivantes montrent dans quels domaines la politique climatique a déjà été couronnée de succès – et dans quels domaines elle y a un encore du chemin à parcourir.</p><p>Les émissions nationales de gaz à effet de serre sont généralement divisées en quatre catégories: Bâtiments, Industrie, Transport, Autres.</p><p></p><hr><p></p><h2>Bâtiments</h2><p>Les nouvelles règles en vigueur demandent un remplacement des systèmes de chauffage au mazout par des systèmes plus respectueux du climat. Mais les progrès sont trop lents.</p><p style="text-align: left;"><em><strong>Émissions actuelles</strong>: 13,2 millions de tonnes d’équivalent CO<sub>2</sub></em></p><p style="text-align: left;"><em><strong>Tendance:</strong> à la baisse</em></p><p style="text-align: left;"><em><strong>Conclusion de la politique climatique</strong>: juste ok</em></p><p>C’est en matière de bâtiment que la politique climatique suisse a le plus fait ses preuves. Les émissions ont diminué de près d’un quart depuis 1990. De plus en plus de maisons sont chauffées avec des pompes à chaleur et bon nombre de vieux bâtiments sont en cours de rénovation.</p><h3 style="text-align: center;">La majorité d’entre eux chauffent encore à l’énergie fossile</h3><p style="text-align: center;"><strong>Part des sources d’énergie dans le chauffage des ménages</strong></p><h4 style="text-align: center;"><img class="img-responsive img-center " src="https://media.bonpourlatete.com/default/w1200/1542884819_graphique2bis.png">Source: <a href="https://www.bfs.admin.ch/bfs/fr/home/statistiques/construction-logement/batiments/domaine-energetique.html">OFS</a><strong><br></strong></h4><p>Au cœur de la politique climatique se trouve ici une taxe sur le CO<sub>2</sub> pour le pétrole, le gaz et le charbon. Il rend le chauffage aux combustibles fossiles peu attrayant. Et cela fonctionne: <a href="https://www.energie-experten.ch/fileadmin/user_upload/content/Blog/Dokumente/Heizsysteme_-_Entwicklung_der_Marktanteile_2000-2013.pdf">dans les nouveaux bâtiments, plus aucun système de chauffage au mazout n’est installé aujourd’hui (ou presque)</a>. Patrick Hofstetter, spécialiste du climat au WWF Suisse, estime toutefois que la réflexion concernant les vieux bâtiments n’est pas suffisante. «Dans deux cas sur trois, quand un chauffage est remplacé, le mazout ou le gaz entre en jeu.»</p><p>Le problème est le suivant: un nouveau système de chauffage au mazout installé aujourd’hui fonctionnera pendant les 25 prochaines années. Cela influence donc l’équilibre climatique à long terme. «Pour être sur la voie du zéro émission en 2050, il ne faudrait plus installer aucun système de chauffage au mazout ou au gaz», explique M. Hofstetter.</p><p>La stratégie de la <a href="https://www.endk.ch/fr/documentation/communiques-de-presse/medienmitteilung/ftw-simplelayout-filelistingblock/Medienmitteilung_PV_20160829_f.pdf/download">Conférence des directeurs cantonaux de l’énergie</a> prévoit que d’ici 2050, les émissions de CO<sub>2</sub> des bâtiments soient ramenées à 20% par rapport à 1990 – un objectif ambitieux, mais pas encore suffisant par rapport à l’objectif des 1,5 degré. S’il s’avère au milieu de la prochaine décennie qu’il ne sera pas respecté, le gouvernement compte d’ailleurs introduire une valeur limite d’émission de CO<sub>2</sub> lors des remplacements de systèmes de chauffage dans les vieux bâtiments et interdire complètement les systèmes de chauffage au mazout dans les nouveaux bâtiments, comme l’a d<a href="http://www.aue.bs.ch/energie/gebaeude-energie/heizungsersatz.html">écidé Bâle-Ville</a> l’année dernière.</p><p><a href="https://www.bafu.admin.ch/bafu/fr/home/themes/climat/droit/totalrevision-co2-gesetz.html">La nouvelle loi sur le CO<sub>2</sub></a> veut également relever taxe en vigueur depuis 2008: de 120 CHF à 210 CHF au maximum par tonne. Mais même à des taux plus élevés, les incitations à se chauffer d’une manière respectueuse du climat ne sont suffisantes que si les propriétaires sont bien informés – ce qui n’est pas toujours le cas. Les réglementations telles que celles de Bâle constituent la mesure la plus efficace.</p><p>Pour ramener le bilan des émissions à zéro d’ici 2050, il faudrait mettre plus rapidement à niveau l’ensemble du parc immobilier. À l’heure actuelle, seul 1% des bâtiments sont rénovés chaque année. L’association Swisscleantech estime qu’un taux de 2 à 3% serait nécessaire pour atteindre les objectifs climatiques de Paris. En ce qui concerne l’objectif de 1,5 degré, il en faudrait encore plus, selon l’économiste des ressources Lucas Bretschger de l’ETH Zurich.</p><p><strong>Ce qui manque</strong>: des taxes plus élevées sur le CO<sub>2</sub>, une interdiction rapide des systèmes de chauffage au mazout.</p><p></p><hr><p></p><h2>Industrie</h2><p>Les entreprises suisses émettent moins de CO<sub>2 </sub>que par le passé. Mais c’est surtout dû aux changements structurels: certaines émissions ont été délocalisées à l’étranger.</p><p><em><strong>Émissions actuelles</strong>: 10,9 millions de tonnes d’équivalent CO<sub>2</sub></em></p><p><em><strong>Tendance</strong>: en légère baisse</em></p><p><em><strong>Conclusion sur la politique climatique</strong>: passable</em></p><p>Au niveau du secteur industriel, la Suisse n’est pas en trop mauvais chemin. Les émissions de gaz à effet de serre ont diminué de 17% depuis 1990. Cela est dû aux lois, mais aussi aux changements structurels: les activités à forte intensité énergétique sont de plus en plus délocalisées à l’étranger – et ne figurent donc pas dans les statistiques.</p><p>La taxe sur le CO<sub>2</sub> lié aux carburants a pour but d’obliger l’industrie à adopter un comportement respectueux du climat. Les entreprises peuvent pourtant passer outre, soit parce qu’elles sont suffisamment grandes pour participer au système d’échange de quotas d’émission, soit parce qu’elles sont suffisamment petites pour conclure un accord individuel avec la Confédération sur la réduction de leurs émissions.</p><p>Ce système, qui réunit des entreprises et des experts en énergie, est unique au monde. La majorité des spécialistes le juge positif, à l’exception du manque partiel de transparence. En fin de compte, le facteur décisif pour l’industrie est la précision avec laquelle les rouages sont imbriqués.</p><p>Cela vaut surtout pour l’échange de droits d’émission, qui devrait à l’avenir s’ancrer dans le système européen. Cela ouvrirait des opportunités économiques pour la cinquantaine d’entreprises suisses qui participent au système: si elles se comportent de manière exemplaire, elles pourront à l’avenir vendre des certificats d’émission. Le droit d’émettre une tonne de CO<sub>2</sub> se négocie actuellement <a href="https://www.finanzen.ch/rohstoffe/co2-emissionsrechte">à un peu moins de 20 euros en Europe</a>, un prix bien plus haut qu’en Suisse.</p><h3>Les émissions de polluants seront à nouveau plus chères</h3><p><strong>Prix d’échange des certificats d’émission en Europe</strong></p><h4><strong><img class="img-responsive img-center " src="https://media.bonpourlatete.com/default/w1200/1542885621_graphique3.png"></strong></h4><h4 style="text-align: center;">Source: <a href="https://www.investing.com/commodities/carbon-emissions">Investir.com</a></h4><br><p>Toutefois, l’impact de l’échange de droits d’émission dans son ensemble dépend de l’évolution de la quantité totale de droits d’émission négociables. Jürg Füssler d’Infras, une société de conseil, déclare que le système est encore constitué de beaucoup de vent: «Trop de certificats sont attribués gratuitement aux entreprises chaque année, de sorte qu’il n’y a guère de pression pour réduire les émissions.»</p><p>Quoi qu’il en soit, l’offre dans le système européen devrait diminuer plus rapidement à partir de 2021: <a href="https://ec.europa.eu/clima/policies/ets_en">de 2,2% </a>par an, <a href="https://www.bafu.admin.ch/bafu/fr/home/themes/climat/info-specialistes/politique-climatique/echange-de-quotas-demission/systeme-suisse-dechange-de-quotas-demission--seqe-.html">contre 1,7%</a> actuellement. Mais même cela ne suffit pas pour s’engager sur un chemin en harmonie avec les accords de Paris.</p><p>La Suisse a toutefois les mains liées si elle veut aller accélérer le tempo. Sa politique climatique en matière d’échange de droits d’émission – qui couvre un dixième de l’ensemble des émissions – sera en effet à l’avenir mise en œuvre par l’UE.</p><p><strong>Ce qui manque</strong>: des réductions plus rapides de la quantité totale dans le commerce des certificats.</p><p></p><hr><p></p><h2>Agriculture</h2><br><p>L’agriculture a longtemps été ignorée dans la politique climatique suisse. C’est sur le point de changer. Cependant, on ne sait toujours pas comment.</p><p><em><strong>Emissions actuelles</strong>: 6,5 millions de tonnes d’équivalent CO<sub>2</sub></em></p><p><em><strong>Tendance</strong>: constante</em></p><p><em><strong>Conclusion sur la politique climatique:</strong> insuffisante</em></p><p>Les vaches émettent du méthane et les engrais libèrent de l’oxyde nitreux. Les deux sont des gaz à effet de serre à impact fort. C’est pourquoi l’agriculture joue un rôle important dans le bilan climatique de la Suisse.</p><p>Cela dit, les émissions de gaz à effet de serre ont baissé de 11% depuis 1990. Selon la stratégie climatique agricole du gouvernement fédéral, une réduction similaire doit encore être observée jusqu’à 2030. Et d’ici 2050, les émissions devraient finalement diminuer d’un tiers par rapport au niveau de 1990.</p><p>Ça a l’air d’être un plan réfléchi. Mais pour atteindre les objectifs climatiques globaux dans les décennies à venir, c’est loin d’être suffisant.</p><p>Il est étrange que l’agriculture – contrairement à d’autres secteurs comme l’industrie – ne soit pas incluse dans la nouvelle loi sur le CO<sub>2</sub>. Au lieu de cela, le Conseil fédéral veut y réglementer la politique climatique dans le cadre de la n<a href="https://www.admin.ch/gov/fr/accueil/documentation/communiques.msg-id-72932.html">ouvelle politique agricole 2022 (PA22+)</a>, qui a fait l’objet d’une consultation la semaine dernière.</p><p>Toutefois, on ne sait toujours pas exactement comment les émissions agricoles seront réduites. Dans un premier rapport sur la PA22+, le gouvernement propose simplement d’augmenter les subventions pour les productions durables comme les fermes biologiques. Le rapport ne contient pas d’autres mesures climatiques ni de critères de référence concrets à l’aune desquels la politique climatique devrait être mesurée.</p><p>Pourtant, le <a href="https://www.republik.ch/2018/09/07/das-land-wo-bald-die-zitronen-bluehn">changement climatique frappe durement l’agriculture.</a> Cela est devenu évident cet été, alors que les sols et les cours d’eau se sont asséchés et que l<a href="https://www.republik.ch/2018/09/07/das-land-wo-bald-die-zitronen-bluehn">e fourrage s’est raréfié</a>. Il est donc d’autant plus étonnant que les agriculteurs n’aient, jusqu’à présent, guère été inclus dans ces questions.</p><p>La politique alimentaire manque également d’une vue d’ensemble. En septembre, <a href="https://www.republik.ch/2018/09/06/was-sie-zu-den-beiden-landwirtschafts-abstimmungen-wissen-muessen">le peuple a rejeté l’initiative populaire «Pour la sécurité alimentaire» et l’Initiative pour une alimentation équitable</a>. Les deux préoccupations appelaient à une reconversion radicale de l’agriculture et au renforcement d’une production locale durable en faveur de la réduction des émissions de CO<sub>2</sub>. Aucune alternative n’a néanmoins été proposée.</p><p><strong>Ce qui manque</strong>: une stratégie globale qui place le climat au centre de la politique agricole et alimentaire de la Suisse.</p><h2><hr></h2><h2>Transport</h2><p>L’essence est trop bon marché, les Suisses se déplacent trop en voiture, et l’électrification du transport routier est en retard par rapport à celle d’autres pays.</p><p><em><strong>Émissions actuelles:</strong> 15,3 millions de tonnes d’équivalent CO<sub>2</sub></em></p><p><em><strong>Tendance:</strong> en hausse</em></p><p><em><strong>Conclusion sur la politique climatique</strong>: misérable</em></p><p>Si les gens ne voyageaient pas, nous n’aurions pas de problèmes climatiques: les voitures et les camions sont responsables d’un tiers des émissions de gaz à effet de serre en Suisse. Presque tous les ménages possèdent une voiture particulière, le nombre de kilomètres parcourus augmente d’année en année; les émissions liées au trafic aussi.</p><p>Que fait la politique suisse à cet égard?</p><p>Depuis 2015, une voiture neuve n’émet en moyenne pas plus de 130 grammes de CO<sub>2</sub> par kilomètre (la VW Golf compense la consommation d’un 4X4). À partir de 2020, cela sera réduit à 95 grammes. Toutefois, de nombreux importateurs de voitures n’adhèrent pas aux règles et préfèrent payer une amende plutôt que de s’abstenir de vendre d’imposantes voitures de luxe et des véhicules surpuissants particulièrement gourmands en essence.</p><p>L’efficacité du parc automobile, qui est meilleure qu’au début de la décennie, ne descend pourtant pas en dessous du minimum prescrit, et augmente même de plus en plus au-dessus de la valeur limite. Les incitations écologiques pour la circulation automobile sont minimes. L’essence reste bon marché, car la taxe sur le CO<sub>2</sub> n’est perçue que sur les combustibles, et non sur l’essence.</p><h3 style="text-align: center;">Deombreux nouveaux 4x4 sur les routes suisses</h3><p style="text-align: center;"><strong>Émissions moyennes de CO<sub>2</sub> des véhicules neufs</strong></p><h4 style="text-align: center;"><img class="img-responsive img-center " src="https://bonpourlatete.comhttps://media.bonpourlatete.com/default/w1016/1542890181_graphique4.png">Source: <a href="http://www.bfe.admin.ch/php/modules/publikationen/stream.php?extlang=fr&name=fr_591419039.pdf&endung=Mise%20en%20oeuvre%20des%20prescriptions%20sur%20les%20%E9missions%20de%20CO2%20des%20voitures%20de%20tourisme%20en%202017">OFEN</a></h4><br><p>Des mesures plus radicales sont donc nécessaires pour réduire davantage les émissions dues au trafic, conformément aux objectifs climatiques. Dans l<a href="https://www.bafu.admin.ch/bafu/fr/home/themes/climat/droit/totalrevision-co2-gesetz.html">a nouvelle loi sur le CO<sub>2</sub>,</a> le Conseil fédéral exige que les importateurs de carburants compensent jusqu’à 90% des émissions liées au trafic dans un délai de douze ans. En d’autres termes, ils doivent dépenser de l’argent pour des projets qui permettent de réaliser des économies de CO<sub>2</sub>. À l’heure actuelle, ce taux d’indemnisation est de 10%.</p><p>Dans le même temps, le prix du carburant ne devrait pas augmenter de plus de 8 centimes: c’est ce que veut la Commission de l’environnement du Conseil national, qui s’est penchée sur la facture il y a quelques semaines. Une décision qui contredit diamétralement la demande du Conseil fédéral. En effet, la compensation des émissions de CO<sub>2</sub> ne peut être efficace que si elle entraîne une certaine augmentation du prix de l’essence. <a href="https://www.tagesanzeiger.ch/schweiz/standard/erdoelbranche-haut-im-benzinpreispoker-auf-den-tisch/story/25000288">Les estimations pour cette fourchette vont de 10 à 16 centimes.</a></p><p>La politique climatique dans le secteur des transports est un casse-tête. Outre le prix de l’essence, cela inclut également l’expansion des transports publics et l’infrastructure pour les voitures électriques. Le gouvernement fédéral veut rendre les véhicules électriques plus attrayants grâce à un catalogue de mesures: d’ici 2050, <a href="https://www.derbund.ch/schweiz/standard/Foerderung-von-Elektroautos-ist-keine-Antwort-auf-die-Staubelastung-/story/19891077">une voiture suisse sur cinq devrait être alimentée à l’électricité</a>, ce qui est extrêmement faible par rapport à l’objectif des 1,5 degré.</p><p>En Norvège, ce pays e-Pioneer, la proportion de voitures électriques atteint déjà ce chiffre. Là-bas, l’ère des carburants fossiles pour les voitures <a href="https://www.theguardian.com/environment/2017/feb/07/power-to-the-ev-norway-spearheads-europes-electric-vehicle-surge">devrait s’achever d’ici 2025</a>.</p><p><strong>Ce qui manque:</strong> des limites d’émissions strictes, des taxes de carburant élevées et des efforts concertés pour développer rapidement la mobilité électrique.</p><p></p><hr><p></p><h2>Trafic aérien</h2><p>Il n’existe pas de politique climatique suisse dans le domaine de l’aviation. Les compagnies aériennes sont indirectement subventionnées, et les bas prix des billets alimentent la demande.</p><p><strong>Émissions actuelles</strong>: environ 10 millions de tonnes d’équivalent CO<sub>2</sub></p><p><strong>Tendance:</strong> en hausse</p><p><strong>Conclusion sur la politique climatique</strong>: inexistante</p><p>La population suisse vole deux fois plus souvent que celle des pays voisins: 9000 kilomètres par an et par habitant. Bien que les citoyens soient plus respectueux de l’environnement dans la plupart des domaines, les émissions augmentent néanmoins au niveau du trafic aérien.</p><blockquote><p><em><strong>«La politique climatique a longtemps ignoré l’aviation», déclare Florian Brunner de la Fondation suisse pour l’énergie. «On en paye maintenant le prix.»</strong></em></p></blockquote><p>Le fait que l’aviation ne figure pas dans les statistiques malgré l’impact climatique élevé est dû aux conventions internationales: chaque pays tient un registre de ses émissions de CO2 à l’intérieur de ses frontières nationales. Le trafic aérien international passe à travers les mailles du filet, le traité de Paris sur le climat n’a pas un seul mot sur l’aviation. La réduction des émissions de l’aviation ne fait pas non plus partie des objectifs climatiques officiels de la Suisse.</p><p>Pour réduire les émissions du trafic aérien, il n’y a actuellement qu’une seule solution: le prix des billets doit augmenter. D’autres innovations techniques, comme les avions électriques, qui permettraient de se passer du kérosène, ne sont pas à espérer dans un avenir proche. On doit donc se concentrer sur la consommation et, par conséquent, toucher le portefeuille du consommateur.</p><p>Le gros problème, c’est que la réalité va à l’encontre des intentions. Ces dernières années, le prix des billets n’a cessé de baisser sur le marché très concurrentiel des compagnies aériennes. Dans le même temps, la demande de miles aériens a augmenté.</p><p>Certains pays européens ont, dans une certaine mesure, contrecarré cette tendance en introduisant des taxes sur les billets d’avion au niveau des vols court-courriers et intercontinentaux. Cependant, en Suisse, les partis bourgeois s’opposent à de telles idées.</p><p>La Commission de l’environnement du Conseil national a récemment rejeté <a href="https://www.parlament.ch/press-releases/Pages/2018/mm-urek-n-2018-10-10.aspx">la proposition d’une taxe de 12 à 50 francs sur les billets</a>, avec un résultat de treize contre douze voix. La justification est peu convaincante: selon eux, il y a une migration des clients vers l’étranger. Une redevance de ce montant ne suffirait évidemment pas à réduire sensiblement le trafic aérien, mais cela ce serait au moins une mesure qui alignerait la Suisse sur les autres pays.</p><h3 style="text-align: center;">Prendre l’avion ne doit pas être trop bon marché</h3><p style="text-align: center;"><strong>Taxes sur les billets dans les pays européens</strong></p><h4 style="text-align: center;"><strong><img class="img-responsive img-center " src="https://media.bonpourlatete.com/default/w1200/1542890592_graphique5.png"></strong>* Conversion de la monnaie locale en euros au taux de change du 12 novembre 2018, les tarifs varient selon la classe de vol et la destination. Source: <a href="https://a4e.eu/wp-content/uploads/2017/10/The-economic-impact-of-air-taxes-in-Europe-EEA-1.pdf">PWC</a>, <a href="https://www.fccaviation.com/regulation/sweden/swedish-aviation-tax">FCC Aviation</a>.</h4><br><p>L’aviation reste donc très privilégiée: les vols internationaux continuent d’être exonérés des taxes sur la valeur ajoutée et sur les huiles minérales, alors qu’elles représentent plus de la moitié du prix du carburant automobile. <a href="https://www.tagesanzeiger.ch/schweiz/standard/das-sind-die-profiteure-des-oelbonus/story/22769082">Cela prive ainsi la Confédération de 1,7 milliard de francs suisses de recettes</a> qui pourraient être investis dans la protection du climat.</p><p>La seule petite étape que la Suisse franchit en matière de politique climatique est celle de relier son système d’échange de quotas d’émission à celui de l’UE. Dès que l’accord en question aura été ratifié, le trafic aérien y sera également inclus. Cela signifie que les compagnies aériennes <a href="https://ec.europa.eu/clima/policies/ets/allowances/aviation_en">devront acheter des droits d’émission pour une partie de leur CO<sub>2</sub></a>. Selon les experts, toutefois, la mesure ne devrait entraîner qu’une augmentation minime du prix des billets.</p><p><strong>Ce qui manque</strong>: une taxe sur le CO<sub>2</sub> sur les billets d’avion et une TVA sur le transport aérien.</p><p></p><hr><p></p><h2>Émissions d’énergie grise</h2><p>Les citoyens et citoyennes suisses consomment de plus en plus de produits importés. C’est un avantage pour l’équilibre climatique national. Moins dans la vue d’ensemble.</p><p><em><strong>Émissions actuelles:</strong> 69,9 millions de tonnes d’équivalent CO<sub>2</sub></em></p><p><em><strong>Tendance:</strong> en hausse</em></p><p><em><strong>Conclusion sur la politique climatique:</strong> inexistante</em></p><p>La Suisse peut se vanter. En moyenne, chaque habitant émet un peu moins de six tonnes de CO<sub>2</sub> par an, soit moins que dans la plupart des autres pays.</p><p>Mais les apparences sont trompeuses. Si l’on étend la vision au-delà des frontières nationales à l’ensemble de la chaîne d’approvisionnement, l’empreinte des gaz à effet de serre augmente <a href="https://www.bafu.admin.ch/dam/bafu/fr/dokumente/klima/ui-umwelt-info/klimapolitik-der-schweiz.pdf.download.pdf/la-politique-climatique-suisse-1803.pdf">de huit tonnes pour atteindre un total de quatorze tonnes de CO<sub>2</sub></a> par habitant.</p><p>Cette différence représente ce qu’on appelle l’énergie grise. C’est la quantité de gaz à effet de serre émise lors de la production et du transport de toutes les marchandises importées en Suisse. Il s’agit notamment des matières premières, des biens industriels, des produits ménagers et des denrées alimentaires.</p><p>Les émissions des marchandises importées sont (avec l’aviation) l’angle mort de la politique climatique internationale. En Suisse, contrairement aux émissions nationales, elles ont augmenté pour finalement dépasser les émissions des autres secteurs.</p><h3 style="text-align: center;">Exportation des problèmes climatiques</h3><p style="text-align: center;"><strong>Émissions de gaz à effet de serre, en millions de tonnes d’équivalents CO<sub>2</sub></strong></p><h4 style="text-align: center;"><strong><img class="img-responsive img-center " src="https://media.bonpourlatete.com/default/w1200/1542890932_graphique6.png"></strong>Source: <a href="https://www.bafu.admin.ch/bafu/fr/home/themes/climat/en-bref.html">OFEV</a>, <a href="https://uploads.strikinglycdn.com/files/d09ae0e0-d69e-4f29-a9a3-5d1813dcfae3/Klima-Allianz_Schweiz_Masterplan.pdf">Climate Alliance</a></h4><p>La Suisse pourrait travailler sur trois plans pour corriger cette tendance. <strong>Tout d’abord,</strong> se concentrer sur la consommation: utiliser des labels et lancer des campagnes pour encourager la population à acheter des produits moins nocifs pour le climat.</p><p><strong>Deuxièmement,</strong> se positionner dans le cadre des décisions multilatérales sur le climat, afin que les autres pays adoptent une politique climatique stricte, pour que les produits qu’ils exportent vers la Suisse soient moins nocifs pour le climat.</p><p><strong>Troisièmement</strong>, introduire des «tarifs climatiques» en fonction de l’intensité des émissions d’un bien. Des produits allant du bœuf aux T-shirts jusqu’au aux tubes d’aluminium seraient majorés à des degrés divers. Toutefois, de nouveaux tarifs ne sont pas nécessairement souhaitables dans le climat politique actuel de guerres commerciales mondiales – et surtout, ils seraient seulement efficaces s’ils étaient introduits par un grand pays ou un groupe de nations comme l’UE.</p><p><strong>Ce qui manque</strong>: une action concertée avec l’UE.</p><p></p><hr><p></p><h2>Perspectives</h2><p>Il n’est pas trop tard – pas encore. Le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat considère qu’il est techniquement possible de maintenir le réchauffement planétaire en dessous de 1,5 degré. Pour ce faire, les pays devraient toutefois rapidement prendre des mesures drastiques.</p><p>La Conférence des Nations Unies sur le changement climatique à Katowice, en Pologne, qui débute le 3 décembre, devrait ouvrir la voie à cet égard. Des diplomates y élaboreront un ensemble détaillé de règles pour la mise en œuvre du Traité de Paris sur le climat à partir de 2020. Les questions juridiques et techniques sont au premier plan; par exemple, les pays doivent avoir des directives claires pour mesurer les émissions de CO<sub>2</sub>.</p><p>Le même jour, le débat parlementaire sur la révision de la loi sur le CO<sub>2</sub> débute à Berne. Pour la première fois, le Conseil national se penche sur le plan directeur de la Confédération pour la période 2021-2030. La question controversée est de savoir si le texte est suffisant: début octobre, le Conseil fédéral avait lui-même commandé une nouvelle révision de ses propres objectifs climatiques… Si la Suisse veut atteindre l’objectif de 1,5 degré, son bilan d’émissions doit être ramené à zéro d’ici 2050.</p><p>C’est exactement ce qu’exige l’activiste climatique Marcel Hänggi. Avec son «<a href="https://www.protection-climat.ch">initiative pour les glaciers</a>» récemment lancée, il veut interdire complètement les combustibles fossiles à partir de 2050 et inscrire les objectifs climatiques de Paris dans la Constitution.</p><p>Le dernier mot en matière de politique climatique reviendra donc aux citoyennes et citoyens.</p>', 'content_edition' => null, 'slug' => 'les-echecs-de-politiques-face-au-changement-climatique', 'headline' => false, 'homepage' => 'col-md-6', 'like' => (int) 709, 'editor' => null, 'index_order' => (int) 1376, 'homepage_order' => (int) 1606, 'original_url' => null, 'podcast' => false, 'tagline' => null, 'poster' => null, 'category_id' => (int) 5, 'person_id' => (int) 85, 'post_type_id' => (int) 1, 'poster_attachment' => null, 'editions' => [], 'tags' => [ (int) 0 => object(App\Model\Entity\Tag) {} ], 'locations' => [], 'attachment_images' => [ (int) 0 => object(Cake\ORM\Entity) {} ], 'attachments' => [ (int) 0 => object(Cake\ORM\Entity) {} ], 'person' => object(App\Model\Entity\Person) {}, 'comments' => [ (int) 0 => object(App\Model\Entity\Comment) {} ], 'category' => object(App\Model\Entity\Category) {}, '[new]' => false, '[accessible]' => [ '*' => true, 'id' => false ], '[dirty]' => [], '[original]' => [], '[virtual]' => [], '[hasErrors]' => false, '[errors]' => [], '[invalid]' => [], '[repository]' => 'Posts' } $relatives = [ (int) 0 => object(App\Model\Entity\Post) { 'id' => (int) 5295, 'created' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'modified' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'publish_date' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'notified' => null, 'free' => false, 'status' => 'PUBLISHED', 'priority' => null, 'readed' => null, 'subhead' => null, 'title' => 'Un bien cruel conte de Noël (1)', 'subtitle' => 'Catherine et Pierre forment un couple épanoui. 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La fidélité absolue est un concept éculé et hypocrite qui a pour but principal que les hommes soient certains que les enfants qui sortent des ventres de leur épouse soient bien le produit de leurs spermatozoïdes à eux. Transmettre ses gènes est un réflexe très animal, si Sapiens est vraiment un être supérieur, il devrait se détendre sur cette question. En plus, Pierre et moi n’avons pas fait d’enfants, trop concentrés sur nous-mêmes et nos vies à réussir. Marie, ma sœur, prétend que pour les femmes, l’importance de la fidélité n’a pas pour but la perpétuation de l’espèce mais plutôt la conservation à leur côté du mâle qui assure leur protection. Elle se trompe. Si Pierre et moi sommes toujours ensemble après trente-cinq ans de mariage, c’est justement parce que nous nous laissons la liberté d’aller de temps en temps voir ailleurs. Marie, elle, ne souhaitait plus de rapports sexuels tout en menaçant son mari de le quitter s’il la trompait. C’est lui qui est parti avec la première maîtresse qu’il s’est autorisée.</p> <p>Mais Pierre a changé.</p> <p>Nous nous sommes connus dans une manifestation contre le racisme alors que nous avions vingt-sept ans. Il était graphiste tandis que moi j’enseignais le français à des réfugiés dans un centre géré par l’Eglise protestante. Je l’avais déjà remarqué à d’autres occasions au fil des ans – Lausanne est une petite ville – notamment lors d’une soirée chez Jean-Luc, lequel a été mon amant lorsque j’avais vingt ans et que j’hésitais entre le trotskisme et l’écologie politique. Lorsque Jean-Luc, figure de proue des trotskistes locaux, m’avait quittée pour une camarade d’origine kurde plus valorisante pour lui, j’avais renoncé aux principes de la Quatrième Internationale et milité pour la sauvegarde de la planète, jusqu’à ma rencontre avec un zapatiste belge avec qui je suis partie au Mexique où j’ai attrapé une infection sexuellement transmissible. De retour en Suisse, j’ai soigné ma salpingite et terminé mes études de lettres. Entre deux amants de passage, je traversais de longues périodes d’abstinence sexuelle sans que cela me coûte. A la manif, j’ai trouvé Pierre très beau avec sa moustache et sa barbe de cinq jours. Et je l’ai trouvé irrésistible lorsqu’il a jeté une bouteille vide en direction des forces de l’ordre qui voulaient nous empêcher d’accéder à la salle où se déroulait une assemblée de l’UDC, ce parti d’extrême droite honni par nous. Pierre s’est fait réprimander par les camarades communistes qui assuraient le service d’ordre et il a fini par en venir aux mains avec eux. J’ai spontanément pris sa défense, nous nous sommes faits bousculer et avons quitté la manifestation, lui avec une arcade sourcilière fendue, moi avec un fort désir pour lui. Je l’ai emmené chez moi pour soigner sa blessure et nous avons fait l’amour toute la nuit. Deux semaines plus tard nous emménagions ensemble; nous ne nous sommes plus quittés.</p> <p>L’autre soir, alors que nous avions des invités à la maison, il m’a semblé reconnaître chez Pierre les signes d’une tension extrême. Depuis le temps, je le connais bien. Serge et Mireille, nos invités, l’ont eux aussi sentie, cette tension. Ce sont tout à la fois des amis et des clients. Des amis parce que comme nous ils sont de centre gauche, des clients car ils font appel à notre agence de communication pour promouvoir leur commerce. Après avoir été de grands voyageurs, Serge et Mireille vendent aujourd’hui des produits venus d’Asie, principalement d’Inde mais aussi de Birmanie et du Cambodge. Ils sélectionnent avec soins les artisans, privilégiant les structures coopératives respectueuses de l’environnement et du bien-être des populations locales. Nous gérons leur site internet et leur publicité, et tournons même pour eux des clips promotionnels. Pierre est devenu agressif avec Mireille lorsque celle-ci a déclaré que les néo-féministes exagéraient et que #MeToo décourageait toute tentative de séduction de la part des hommes. «Je n’ai pas peur de le dire, j’aime bien que l’on me tienne la porte et que les hommes me fassent sentir qu’ils me désirent…» Pierre lui a rétorqué que le patriarcat était une forme de fascisme et qu’en tant que progressiste nous devions tout faire pour l’abattre. J’ai essayé de dévier la conversation sur la nourriture bio mais très vite c’est l’écriture inclusive qui a fait s’échauffer les esprits. Serge, qui se pique d’aimer la littérature, a déclaré que le français était en danger, qu’il fallait le sauver des points médians et des réformes de l’orthographe. Pierre a rétorqué que pour rester vivantes les langues devaient changer, que les normes les étouffaient, que les règles orthographiques avaient été inventées pour empêcher les pauvres d’accéder aux études. «Etes-vous allés récemment au cinéma?» ai-je incidemment demandé à Mireille?</p> <p>Le lendemain, elle m’a appelée. «Avec Serge, on se demande si Pierre n’est pas en train devenir woke…» Mon sang s’est figé dans mes veines, une sourde angoisse est montée de mon estomac jusque dans ma gorge. «Non, non… Vous vous trompez… Vous avez bien vu, il continue de manger de la viande», ai-je rassuré Mireille. Mais le doute s’était instillé en moi, je me suis mise à mieux observer Pierre et, pour la première fois, j’ai fouillé dans ses poches et ses agendas, même dans son ordinateur. Ce que j’ai découvert est effrayant…</p> <p style="text-align: right;"><em>Suite la semaine prochaine</em></p> <hr /> <h4>Pierre Ronpipal est l’auteur de<br /><img src="https://media.bonpourlatete.com/default/w1200/1734002707_damned01.jpg" class="img-responsive img-fluid normal " width="149" height="206" /><br />«A moi de choisir ceux qui vont mourir»<br /><span>et de<br /></span><img src="https://media.bonpourlatete.com/default/w1200/1734002742_cover20242.jpg" class="img-responsive img-fluid normal " width="154" height="207" /><br />«Le vert était rouge à l’intérieur»<br />aux <a href="https://nouvelleseditionshumus.ch/" target="_blank" rel="noopener">Nouvelles Editions Humus</a></h4>', 'content_edition' => '', 'slug' => 'un-bien-cruel-conte-de-noel-1', 'headline' => null, 'homepage' => null, 'like' => (int) 39, 'editor' => null, 'index_order' => (int) 1, 'homepage_order' => (int) 1, 'original_url' => '', 'podcast' => false, 'tagline' => null, 'poster' => null, 'category_id' => (int) 6, 'person_id' => (int) 85, 'post_type_id' => (int) 1, 'post_type' => object(App\Model\Entity\PostType) {}, 'comments' => [ [maximum depth reached] ], 'tags' => [ [maximum depth reached] ], 'locations' => [[maximum depth reached]], 'attachment_images' => [ [maximum depth reached] ], 'person' => object(App\Model\Entity\Person) {}, 'category' => object(App\Model\Entity\Category) {}, '[new]' => false, '[accessible]' => [ [maximum depth reached] ], '[dirty]' => [[maximum depth reached]], '[original]' => [[maximum depth reached]], '[virtual]' => [[maximum depth reached]], '[hasErrors]' => false, '[errors]' => [[maximum depth reached]], '[invalid]' => [[maximum depth reached]], '[repository]' => 'Posts' }, (int) 1 => object(App\Model\Entity\Post) { 'id' => (int) 5284, 'created' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'modified' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'publish_date' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'notified' => null, 'free' => true, 'status' => 'PUBLISHED', 'priority' => null, 'readed' => null, 'subhead' => null, 'title' => 'Les ramasseurs de déchets, grands perdants du récit dominant sur la pollution plastique', 'subtitle' => 'A Busan, en Corée du Sud, les discussions sur le traité mondial sur la pollution plastique, qui se tenaient du 25 novembre au 1er décembre, se sont soldées par un échec. 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En jeu, rien de moins que les causes de la crise de la pollution plastique et les solutions appropriées pour y remédier.</p> <ul> <li> <p>D’un côté, la <a href="https://hactoendplasticpollution.org/fr/">Coalition de haute ambition</a> (HAC), les activistes du «zéro déchet» et de <a href="https://theconversation.com/traite-mondial-contre-la-pollution-plastique-en-coulisses-le-regard-des-scientifiques-francais-presents-234046">nombreux scientifiques</a> insistent sur la nécessité d’une <a href="https://hactoendplasticpollution.org/hac-member-states-ministerial-joint-statement-for-inc-5/">approche globale portant sur l’ensemble du cycle de vie des plastiques</a>, y compris leur production.</p> </li> <li> <p>De l’autre côté, une <a href="https://medium.com/points-of-order/spoiler-alert-f737a24292e6">petite minorité d’Etats</a> ainsi que l’industrie pétrochimique ont à de nombreuses reprises détourné l’attention de cette question de la production des plastiques. 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Il s’agit des travailleurs qui récupèrent, réutilisent ou revendent les plastiques, les textiles, l’aluminium et d’autres matériaux précieux issus des déchets.</p> <p>Dans le cadre du traité sur les plastiques, pour que ces travailleurs informels soient reconnus, que leurs conditions de travail puissent être améliorées et qu’ils puissent bénéficient d’une transition écologique plus équitable, les solutions politiques doivent aller au-delà des mécanismes économiques basés sur le seul marché et des stratégies axées sur le profit.</p> <p>Si ce n’est pas le cas, les efforts en faveur d’un recyclage plus inclusif et du développement de l’économie circulaire risquent de renforcer les injustices mêmes qu’ils prétendent combattre.</p> <h3>Qui sont les ramasseurs informels de déchets?</h3> <p>Les collecteurs de déchets – et les autres personnes travaillant avec eux dans un cadre informel et coopératif – effectuent une <a href="https://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S0921344924001824#sec0021">grande partie du travail de recyclage à l’échelle mondiale</a>. 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Il a été demandé que leurs contributions historiques à la réduction de la pollution plastique soient explicitement reconnues, et qu’un objectif explicite de transition juste soit intégré au traité sur les plastiques.</p> <h3>Avec l’économie circulaire, tout le monde est gagnant?</h3> <p>La <a href="https://theconversation.com/quatre-idees-recues-sur-la-transition-juste-227569">transition juste</a> est un principe défendu par les groupes de travailleurs et les défenseurs de la justice sociale afin de garantir que les politiques de transition écologique protègent, améliorent et compensent équitablement les moyens de subsistance des travailleurs et des communautés affectés par l’environnement.</p> <p>Les ramasseurs de déchets ont utilisé ce terme pour réclamer que le traité comprenne des dispositions pour améliorer leurs conditions de travail et de sécurité. Mais également pour que le traité intègre davantage les travailleurs informels aux systèmes de gestion des déchets, et pour exiger que les systèmes de <a href="https://theconversation.com/fr/topics/responsabilite-elargie-du-producteur-67766">responsabilité élargie des producteurs</a> (REP) soutiennent aussi les travailleurs du secteur des déchets, en particulier les <a href="https://www.wiego.org/gender-waste-project">femmes et d’autres groupes vulnérables</a>.</p> <p>Etonnamment, ces demandes ont obtenu le soutien d’un large éventail de parties prenantes puissantes. 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Et c’est là que les choses se compliquent.</p> <h3>« Gagnant-gagnant », mais la victoire de qui ?</h3> <p>Dans mon livre <a href="https://mitpress.mit.edu/9780262546973/recycling-class/"><em>Recycling Class</em></a>, j’examine comment les efforts de recyclage inclusif ont été mis en œuvre à Bengaluru, l’une des plus grandes villes de l’Inde.</p> <figure><a href="https://images.theconversation.com/files/635250/original/file-20241129-15-cdpt12.jpg?ixlib=rb-4.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img src="https://images.theconversation.com/files/635250/original/file-20241129-15-cdpt12.jpg?ixlib=rb-4.1.0&q=45&auto=format&w=237&fit=clip" alt="" /></a> <figcaption><span></span></figcaption> </figure> <p>Dans cet ouvrage, je défends que l’intégration dans des programmes d’économie circulaire basés sur le marché n’est pas une solution miracle aux injustices ancrées dans les systèmes de production, de consommation et de production des déchets.</p> <p>La plupart des politiques d’économie circulaire et de recyclage inclusif reposent sur des mécanismes de marché, partant du principe que la création de marchés pour les déchets incitera les acteurs du marché à récupérer efficacement les déchets et à les convertir en ressources.</p> <p>Pour remplir leurs obligations en matière de <a href="https://theconversation.com/faire-payer-plus-les-entreprises-pour-quelles-reduisent-les-emballages-130073">responsabilité élargie des producteurs</a> (REP), les marques peuvent alors s’engager à acheter des plastiques recyclés et à financer la collecte des déchets en achetant des <a href="https://www.worldbank.org/en/programs/problue/publication/unlocking-financing-to-combat-the-plastics-crisis">crédits plastique</a>.</p> <p>Cette approche vise à améliorer le prix des déchets, à augmenter les salaires et à encourager les efforts de collecte, tout en attirant des investissements pour financer l’amélioration des infrastructures et des technologies.</p> <p>Cependant, les mécanismes fondés sur le marché aggravent les inégalités existantes en matière d’accès au marché. Les efforts visant à donner la priorité à la traçabilité et à la transparence – dans le but d’améliorer l’efficacité du marché et le respect de la réglementation – désavantagent souvent les travailleurs informels.</p> <p>Ces derniers ne disposent pas des ressources et des capacités techniques nécessaires pour adopter des systèmes de suivi complexes basés sur les SIG ou la blockchain, et se retrouvent exclus des processus formalisés. Les start-up financées par le capital-risque et les grandes entreprises s’emparent alors du secteur du recyclage.</p> <p>Les multinationales préfèrent d’ailleurs les partenariats avec des start-up technologiques qui offrent des services à «valeur ajoutée» tels que des indicateurs et des tableaux de bord environnementaux, permettant aux entreprises de mettre en scène leur propre récit sur le développement durable. Souvent issus de milieux éduqués et privilégiés, les employés de ces firmes <a href="https://www.sciencedirect.com/science/article/abs/pii/S001671852300057X">concurrencent les travailleurs informels existants, les subordonnant au passage</a>.</p> <p>A l’inverse, les femmes et les membres des minorités ethno-raciales et religieuses, qui constituent la majorité des travailleurs des économies informelles des déchets, sont confrontés à des obstacles supplémentaires. Notamment des <a href="https://mouvements.info/recuperateurs-de-dechets/">stigmates sociaux bien ancrés</a> qui limitent leur capacité à participer sur un pied d’égalité à ces marchés émergents. 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Une étude de <a href="https://www.circle-economy.com/resources/decent-work-in-the-circular-economy">Circle Economy</a> souligne que la plupart des emplois du secteur de l’économie circulaire restent ad-hoc et informels et ne bénéficient pas des garanties d’un emploi décent.</p> <p>En fin de compte, les travailleurs informels sont confrontés à un choix difficile: soit ils acceptent d’être exploités au sein des circuits de traitements des déchets en tant que simples ressources, soit ils risquent de perdre complètement leurs moyens de subsistance.</p> <p>Les systèmes actuels de production et de consommation du plastique déplacent donc la charge des déchets sur des communautés autochtones ou ethniques marginalisées, créant ainsi des <a href="https://www.dukeupress.edu/pollution-is-colonialism">zones sacrifiées</a>. Ce déplacement permet de maintenir la rentabilité, tout en perpétuant les atteintes à l’environnement et les inégalités sociales.</p> <p>En promouvant des technologies de <a href="https://www.bbc.com/afrique/monde-57087908">recyclage chimique</a> non éprouvées et en étendant les marchés du plastique, les entreprises <a href="https://theconversation.com/comment-lindustrie-fossile-influence-les-negociations-mondiales-sur-le-plastique-222112">pétrochimiques</a> et de matières plastiques <a href="https://direct.mit.edu/glep/article/21/2/121/97367/Future-Proofing-Capitalism-The-Paradox-of-the">s’approprient le langage de l’économie circulaire</a>. Cela leur permet de donner un vernis écologique à leurs propositions, tout en maintenant le <em>statu quo</em> sur les inégalités.</p> <p>Pendant ce temps, la HAC, plusieurs ONG et même certains ramasseurs de déchets invoquent également l’économie circulaire comme solution à la crise du plastique, en mettant l’accent sur le réemploi et le recyclage inclusif.</p> <h3>Demander des comptes aux pollueurs plutôt que compter sur l’efficacité du marché</h3> <p>Pour que l’économie circulaire aille au-delà de la simple protection du capitalisme fossile, elle doit prendre en compte les collecteurs de déchets et recycleurs informels dans le Sud et reconnaître les limites des mécanismes basés sur le marché. C’est vrai aussi bien pour le traité international sur la pollution plastique que pour d’autres démarches régionales comme le <a href="https://www.europarl.europa.eu/RegData/etudes/ATAG/2021/679066/EPRS_ATA(2021)679066_FR.pdf">plan d’action de l’UE pour l’économie circulaire</a>.</p> <p>En effet, toute stratégie de lutte contre la pollution plastique basée sur le marché et axée sur le profit est susceptible de reproduire ces schémas d’inégalité. Et par la même occasion, de pérenniser les injustices systémiques qui soutiennent le statu quo. Pour une transition vraiment juste, la lutte contre la pollution plastique ne doit donc pas devenir une opportunité de croissance économique ou de profit.</p> <p>Au contraire, nous avons besoin d’une approche centrée sur la réparation. Il faut d’abord, pour cela, reconnaître les contributions historiques des collecteurs informels du plastique ainsi que les préjudices qu’ils subissent. Puis redistribuer les ressources aux personnes les plus touchées et créer des systèmes qui donnent la priorité à la restauration de l’environnement et à la justice sociale plutôt qu’au profit des entreprises.</p> <p>Une économie circulaire bien financée devrait d’abord renforcer le pouvoir des travailleurs, puis améliorer les capacités des infrastructures et réduire la concentration de ces déchets en produits chimiques toxiques, plutôt que de s’appuyer sur des solutions basées sur le marché qui aggravent les inégalités.</p> <p>Les vraies solutions consistent à demander des comptes aux pollueurs et à adopter des approches circulaires fondées sur la sobriété et la réparation, et non sur l’efficacité du marché.<img src="https://counter.theconversation.com/content/244065/count.gif?distributor=republish-lightbox-basic" alt="The Conversation" width="1" height="1" /></p> <hr /> <h4><span><a href="https://theconversation.com/profiles/manisha-anantharaman-1526162">Manisha Anantharaman</a>, Assistant Professor, Center for the Sociology of Organisations, CNRS/Sciences Po, <em><a href="https://theconversation.com/institutions/sciences-po-2196">Sciences Po </a></em></span></h4> <h4>Cet article est republié à partir de <a href="https://theconversation.com">The Conversation</a> sous licence Creative Commons. Lire l’<a href="https://theconversation.com/les-ramasseurs-de-dechets-grands-perdants-du-recit-dominant-sur-la-pollution-plastique-244065">article original</a>.</h4> </div>', 'content_edition' => '', 'slug' => 'les-ramasseurs-de-dechets-grands-perdants-du-recit-dominant-sur-la-pollution-plastique', 'headline' => null, 'homepage' => null, 'like' => (int) 42, 'editor' => null, 'index_order' => (int) 1, 'homepage_order' => (int) 1, 'original_url' => '', 'podcast' => false, 'tagline' => null, 'poster' => null, 'category_id' => (int) 5, 'person_id' => (int) 85, 'post_type_id' => (int) 1, 'post_type' => object(App\Model\Entity\PostType) {}, 'comments' => [[maximum depth reached]], 'tags' => [ [maximum depth reached] ], 'locations' => [[maximum depth reached]], 'attachment_images' => [ [maximum depth reached] ], 'person' => object(App\Model\Entity\Person) {}, 'category' => object(App\Model\Entity\Category) {}, '[new]' => false, '[accessible]' => [ [maximum depth reached] ], '[dirty]' => [[maximum depth reached]], '[original]' => [[maximum depth reached]], '[virtual]' => [[maximum depth reached]], '[hasErrors]' => false, '[errors]' => [[maximum depth reached]], '[invalid]' => [[maximum depth reached]], '[repository]' => 'Posts' }, (int) 2 => object(App\Model\Entity\Post) { 'id' => (int) 5283, 'created' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'modified' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'publish_date' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'notified' => null, 'free' => true, 'status' => 'PUBLISHED', 'priority' => null, 'readed' => null, 'subhead' => null, 'title' => 'Les Etats-Unis financent un collectif international de journalistes', 'subtitle' => 'Si le réseau Organized Crime and Corruption Reporting Project (OCCRP) a révélé des avoirs russes cachés ou la corruption au Venezuela, le Delaware, paradis de l'évasion fiscale, reste pour lui un tabou. «Notre politique veut que nous ne fassions pas de rapports sur un pays avec son propre argent», a déclaré Drew Sullivan, son cofondateur.', 'subtitle_edition' => 'Si le réseau Organized Crime and Corruption Reporting Project (OCCRP) a révélé des avoirs russes cachés ou la corruption au Venezuela, le Delaware, paradis de l'évasion fiscale, reste pour lui un tabou. «Notre politique veut que nous ne fassions pas de rapports sur un pays avec son propre argent», a déclaré Drew Sullivan, son cofondateur.', 'content' => '<p style="text-align: center;"><strong>Urs P. Gasche</strong>, article publié sur <a href="https://www.infosperber.ch/medien/medienkritik/die-usa-finanzieren-internationales-journalisten-kollektiv/" target="_blank" rel="noopener"><em>Infosperber</em></a> le 5 décembre 2024, traduit par <em>Bon Pour La Tête</em></p> <hr /> <p>Parmi de nombreux autres médias, la <em>NZZ</em> et le <em>Tages-Anzeiger</em> ont diffusé à plusieurs reprises des révélations du réseau international de journalistes Organized Crime and Corruption Reporting Project (OCCRP). Ce faisant, ils n'ont pas rendu transparent le fait que les services gouvernementaux américains paient la moitié du budget de l'OCCRP. 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Parmi eux, <a href="https://en.wikipedia.org/wiki/Panama_Papers"><em>The Panama Papers</em></a><em>, </em><a href="https://en.wikipedia.org/wiki/Pandora_Papers"><em>Pandora Papers</em></a><em>, </em><a href="https://en.wikipedia.org/wiki/Suisse_Secrets"><em>Suisse Secrets</em></a><em>, </em><a href="https://www.occrp.org/en/project/narcofiles-the-new-criminal-order"><em>Narco Files</em></a><em>, </em><a href="https://www.occrp.org/en/project/the-pegasus-project/about-the-project"><em>Pegasus Project</em></a><em>, </em><a href="https://en.wikipedia.org/wiki/Cyprus_Confidential"><em>Cyprus Confidential </em></a>et la série <a href="https://de.wikipedia.org/wiki/Die_Geldw%C3%A4scherei"><em>Laundromat</em></a>, qui a révélé les systèmes de blanchiment d'argent des élites dirigeantes en Azerbaïdjan et en Russie.</p> <h3><strong>Non sans conditions</strong></h3> <p>Les agences gouvernementales américaines ne financent pas l'OCCRP sans contrepartie: l'<a href="https://www.usaid.gov/"> U.S. Agency for International Development</a> dispose d'un droit de veto sur la nomination des dirigeants de l'OCCRP. De plus, l'agence gouvernementale américaine interdit d'utiliser son argent pour mettre au jour la corruption aux Etats-Unis.</p> <p>Certaines subventions étaient même affectées à un but précis: le Department of State, par exemple, a versé 173 000 dollars à l'OCCRP pour «détecter et combattre la corruption au Venezuela». Ou l'<a href="https://www.usaid.gov/">Agence pour le développement international (USAID)</a> a versé plus de deux millions de dollars dans le but de «mettre au jour la criminalité et la corruption à Malte et à Chypre».</p> <p>Le journal en ligne français indépendant <a href="https://www.mediapart.fr/en/journal/international/021224/hidden-links-between-giant-investigative-journalism-and-us-government">« Mediapart »</a> en a parlé le 2 décembre 2024 <a href="https://www.mediapart.fr/en/journal/international/021224/hidden-links-between-giant-investigative-journalism-and-us-government">.</a></p> <p>Le fondateur de l'OCCRP est un ancien employé <a href="https://www.rockwellautomation.com/de-ch.html">de Rockwell</a> devenu journaliste: <a href="https://www.occrp.org/en/staff/drew-sullivan">Drew Sullivan</a>. L'OCCRP a été créé à l'instigation de fonctionnaires du gouvernement américain. Selon Mediapart, Sullivan a reçu pour cela, en 2008, un financement de départ de 1,7 million de dollars du <a href="https://www.state.gov/bureaus-offices/under-secretary-for-civilian-security-democracy-and-human-rights/bureau-of-international-narcotics-and-law-enforcement-affairs/">Bureau of International Narcotics and Law Enforcement Affairs</a>(INL). Il s'agit d'une agence d'application de la loi du Département d'Etat américain.</p> <p>L'OCCRP s'appuie souvent sur des documents divulgués provenant de sources non identifiées. La qualité des recherches et des révélations de l'OCCRP n'est pas mise en doute. L'orientation unilatérale des recherches et le manque de transparence des informations sur le financement donnent lieu à des critiques.</p> <p>L'ampleur des liens personnels et financiers de l'OCCRP avec le gouvernement américain va à l'encontre de «tous les principes de l'éthique journalistique». 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Confronté aux dernières découvertes, il a finalement reconnu l'importance du financement de Washington: «C'est le plus grand bailleur de fonds de l'OCCRP, oui, et ce depuis presque le début de notre histoire. [...] Je suis très reconnaissant au gouvernement américain.»</p> <p>Par écrit, Sullivan a renchéri: «Nous avons dû décider si nous voulions accepter de l'argent du gouvernement ou ne pas exister.» Sur le site web de l'OCCRP, les montants des sponsors ne sont pas indiqués.</p> <h3><strong>Conditions posées</strong></h3> <p>Sullivan a confirmé à la NDR le pouvoir d'influence des autorités américaines: «Dans le cadre d'accords de coopération que nous n'aimons pas conclure, ils ont un droit de regard sur le choix des personnes [...] Ils peuvent mettre leur veto sur quelqu'un [...] Ils n'ont jamais mis leur veto sur quelqu'un.»</p> <p>L'OCCRP ne peut pas enquêter sur des affaires américaines avec l'argent fourni par Washington. «Notre politique veut que nous ne fassions pas de rapports sur un pays avec son propre argent», a déclaré Sullivan à la NDR. «Je pense que le gouvernement américain ne le permet pas. Mais même dans d'autres pays où ces dispositions n'existent pas, nous ne le faisons pas parce que cela vous place dans une situation de conflit d'intérêts et que vous préférez rester à l'écart de telles situations.»</p> <p>Ainsi, le paradis fiscal américain du Delaware n'a jamais fait l'objet de toutes les recherches sur l'évasion fiscale et l'argent de la corruption.</p> <p>L'OCCRP a tout de même effectué des recherches isolées aux Etats-Unis: par exemple sur les <a href="https://www.occrp.org/en/investigation/meet-the-florida-duo-helping-giuliani-investigate-for-trump-in-ukraine">hommes d'affaires</a> qui avaient soutenu l'avocat de Donald Trump pour nuire à Joe Biden, ou sur la manière dont le Pentagone a dépensé des sommes énormes pour <a href="https://www.occrp.org/en/project/making-a-killing/revealed-the-pentagon-is-spending-up-to-22-billion-on-soviet-style-arms-for-syrian-rebels">fournir des armes</a> à des groupes rebelles en Syrie, ou encore sur un <a href="https://www.occrp.org/en/investigation/flight-of-the-monarch-us-govt-contracted-airline-once-owned-by-criminals-with-ties-to-russian-mob">contrat</a> entre le gouvernement américain et une compagnie aérienne dont les propriétaires sont liés au crime organisé en Russie.</p> <p>Ces recherches ont manifestement respecté une autre condition imposée par les autorités américaines à l'OCCRP: l'activité doit être «en accord avec la politique étrangère et les intérêts économiques des Etats-Unis et les promouvoir.» (<a href="https://www.govinfo.gov/content/pkg/COMPS-1071/pdf/COMPS-1071.pdf">US Foreign Assistance Act</a>).</p> <h3><strong>Voici comment la «NZZ» et Tamedia ont présenté la source OCCRP</strong></h3> <p><strong>«NZZ» du 19 juillet 2023</strong></p> <p>«L'Organized Crime and Corruption Reporting Project (OCCRP) est un réseau d'organisations journalistiques fondé en 2006, basé dans de nombreux pays différents et fonctionnant sous cette forme en tant que filiale du Journalism Development Network à but non lucratif, dont le siège est dans le Maryland.»</p> <p><strong>«Tages-Anzeiger» du 21 juin 2023</strong></p> <p>«Grâce à l'organisation OCCRP, des journalistes femmes de plusieurs pays ont pu étudier ces données, dont <em>Der Standard</em> en Autriche et <em>Der Spiegel</em> en Allemagne. Pour la Suisse, le bureau de recherche de Tamedia et Paper Trail Media était de la partie.»</p> <h3><strong>Informations complémentaires</strong></h3> <p><strong>22 décembre 2022</strong> <a href="https://www.infosperber.ch/politik/welt/twitter-diente-jahrelang-als-gehilfe-des-pentagons/">Twitter a servi pendant des années d'auxiliaire au Pentagone</a>. Elon Musk a partiellement révélé les outils internes de Twitter. Ils prouvent des services d'hommes de main pour la propagande de l'armée américaine à l'étranger.</p> <p><strong>12 février 2009</strong> <a href="https://www.tagesanzeiger.ch/27-000-pr-berater-polieren-image-der-usa-631302390683">27 000 conseillers en relations publiques polissent l'image des Etats-Unis</a>. 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1 Commentaire
@vladm 26.11.2018 | 10h23
«Merci pour cet article (ou la traduction).
Cet article mériterait d'être largement partagé, parce qu'il impacte tous et toutes. Dans ce cadre, je ne peux que regretter qu'il ne soit pas en libre accès. J'aurai eu envie de la partager avec de nombreux contacts, mais c'est un poil compliqué (ou je fais une copie dans un document interne, mais c'est peu déontologique)...
Je travaille dans le domaine, et partage cette analyse...»