Actuel / La mode végano-bobo-universitaire
«La mode idéologique en cause dans cet article n’est pas de l’ordre de la contestation, de la rébellion ou de la provocation: elle est actuellement ancrée dans les institutions. Elle règne.»
Elles inondent le monde académique: ces fameuses conférences, actions et autres réunions sur le véganisme, les transgenres ou la technologie. Mais cette mode intellectuelle n’est pas l’apanage des universités. Elle pourrit aussi le monde de la culture et des médias. Il est temps pour l’intelligentsia dominante de se remettre en question une bonne fois pour toutes.
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Au-delà de cette tendance contemporaine à tout décrire sous forme de communautés, et quoi qu’on pense de la question de fond touchant à cette motion, c’est la toute-puissance des «sujets dans les vent» qui est fatigante.</p><h3>Une mode intellectuelle</h3><p>Ce phénomène a un nom: il s’agit d’une mode intellectuelle. Pas un jour ne passe à l’Université de Neuchâtel, où je suis en train d’effectuer mon master en lettres et sciences humaines, sans qu’un joyeux luron n’envoie un courriel à toute la «communauté universitaire» – tiens, encore une – pour inviter «chacun.e» à participer à un «brainstorming sur le quinoa en Suisse», une «conférence sur les stéréotypes de genre», une «action étudiante contre l’islamophobie de la société», un «événement sur les smatphones éthiques» ou un «manifeste pour la reconnaissance des personnes asexuées».</p><p>Si cette affaire s’arrêtait aux «étudiant.e.s», comme on les définit dans cette hideuse novlangue, cela ne serait qu’un pet dans l’eau. Après tout, il y a toujours eu des jeunes, et la jeunesse implique une certaine dose de naïveté, d’idéalisme et, il faut bien de la dire, de niaiserie. Le problème, c’est que cette gangrène du sens des priorités atteint aussi, et peut-être même <em>d’abord</em>, les rangs des professeurs et de ce qu’on appelle encore «les élites culturelles» – mais pas cultivées. La mode idéologique en cause dans cet article n’est pas de l’ordre de la contestation, de la rébellion ou de la provocation: elle est actuellement ancrée dans les institutions. Elle règne.</p><h3>Le sens des priorités</h3><p>Encore une fois, il ne s’agit pas d’avancer que les régimes alimentaires alternatifs, la question du genre ou celle de la technologie, sont des non-sujets. Ces thèmes ont sans doute leur légitimité, mais, de grâce, ils ne doivent pas faire de l’ombre à des problèmes plus essentiels. Que reste-t-il de cette gauche qui se souciait du sort des travailleurs de notre pays? Que reste-t-il de cette droite libérale qui n’avait pas peur de parler de sécurité et de nation? Le terrain intellectuel de nos penseurs, artistes et journalistes semble s’être comme anesthésié. Ne pensons qu’aux artistes engagés qui ne font que répéter comme des robots que «la question des jeunes de banlieue, ça les touche» ou qui soutiennent le mouvement #metoo.</p><p>Comment interpréter cette situation? On peut y voir tout d’abord la démonstration que l’heure est bel et bien à la doctrine incontestable du progressisme béat. A rabâcher jour et nuit que le monde suit une évolution constante vers le mieux – comment peut-on encore soutenir une telle ineptie après les drames du XX<sup>e</sup> siècle? – une grande part d’intellectuels auto-proclamés s’est fabriqué un réflexe consistant à identifier le «nouveau» avec le «bien». Mais surtout, ce qui <em>fait </em>nouveau. Aujourd’hui, le paraître est roi! Pas étonnant que nous arrivions à des absurdités comme le «féminin inclusif» à la place de la grammaire française dans un discours académique. Pourvu que ça fasse «camp du bien».</p><p>Alors, quel remède pouvons-nous appliquer à ce poison? Quelle attitude adopter dans notre propre comportement influencé par la doxa du politiquement correct pour qu’il ne finisse pas par nous engloutir, «toutes et tous»? Peut-être serait-il bon de réfléchir à ce mot clef: verticalité. Toute hiérarchie n’est pas un mal. Elle est même souvent un bien. Elle peut s’incarner par une autorité, définissant les revendications étudiantes comme inégales aux réflexions des responsables politiques. La hiérarchie peut également s’appliquer aux sujets à aborder: faire de l’ordre dans son esprit, c’est avant tout déterminer quels enjeux sont plus importants que d’autres.</p><p>Un exemple de critère parmi d’autres: le nombre de personnes touchées par la problématique. Et peut-être alors, l’inégalité des salaires, le sort des régions périphériques, l’insécurité économique <em>et </em>culturelle de la classe moyenne inférieure – des réalités, par ailleurs, qu’a le mérite de mettre en lumière le mouvement des gilets jaunes dans le pays voisin, malgré tous leurs débordements – retrouveront une place de choix dans le registre des indignations académiques, artistiques et médiatiques. 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Nous parlons de la censure d’opinions et de crachats au visage d’intellectuels français venus simplement présenter leur livre à un petit public curieux de se confronter à un avis nuancé sur les débats qui secouent actuellement la notion de genre. Les psychanalystes Céline Masson et Caroline Elliachef étaient venues le 29 avril parler de leurs critiques à l’égard de la médicalisation précoce des enfants qui désirent changer de sexe; le philosophe Eric Marty était quant à lui venu le 17 mai parler de la différence entre l’approche anglo-saxonne et l’approche européenne du genre dans l’histoire des idées. Traitées de «transphobes», ces personnalités – situées à gauche! – ont été violemment contraintes d’annuler leur prise de parole sur le sol helvétique.</p> <p>Sur cette indéfendable affaire se superpose un deuxième scandale: mise sous pression par la CUAE – la «Conférence Universitaire des Associations d’Etudiant.e.x.s» – l’Université de Genève (UniGE) a abandonné son dépôt de plainte contre les transactivistes ayant fait preuve de violence. Le rectorat a négocié avec la faîtière d’étudiants un accord commun – incluant tous les étudiants et collaborateurs de l’université – portant sur la défense de valeurs fondamentales telles que la liberté académique, la liberté d’expression, le refus de la violence, etc. Mais le <a href="https://www.unige.ch/communication/communiques/2022/luniversite-et-ses-etudiant-es-reaffirment-les-valeurs-de-linstitution">communiqué de l’université</a> souffre d’une certaine ambiguïté:</p> <p>«Par cette déclaration commune, le rectorat et les étudiant-es replacent (…) le débat dans son contexte académique et souhaitent rappeler des principes essentiels: le respect dû aux personnes passant par la lutte contre toute forme de discrimination, notamment de genre, d’origine ou de classe; le refus de la violence sous toutes ses formes; le respect de la liberté académique dans la recherche et l’enseignement, <em>encadrée par les valeurs précitées</em><sup><strong>1</strong></sup>. Ces convictions partagées permettent au Rectorat de renoncer au dépôt de plainte pénale initialement envisagé (…)»</p> <p>Faut-il en déduire que les conférences empêchées par les activistes LGBTQI+ n’auraient pas dû être organisées? Autrement dit, l’université donne-t-elle raison aux manifestants – au-delà de la violence dont ils ont fait usage – sur le bien-fondé de leur indignation? On pourrait le croire en lisant également ce passage: «Indépendamment de sa forme, l’action menée par les manifestant-es le 17 mai est révélatrice de la souffrance qui affecte certains groupes vulnérables – dont les personnes trans – et qui implique pour l’institution un devoir particulier de protection.»</p> <h3>Cotisations obligatoires et fonctionnement démocratique</h3> <p>Il ne sera pas question ici d’établir qui a gagné ce «match» (comme si on ne le savait pas, du reste), mais de livrer quelques informations sur cette faîtière d’étudiants et ses équivalents romands. Qui sont ces groupes désormais puissants dans les rapports de force idéologiques qui parcourent l’université et la société de manière générale (pour vous en convaincre, songez au fait qu’à Neuchâtel, les représentants des étudiants avaient réussi à ne faire comptabiliser que les réussites d’examens, et pas les échecs, en période de Covid)? Nous n’avons malheureusement pas réussi à contacter la CUAE, mais les informations à disposition de tous et les contacts pris auprès d’autres faîtières suffisent à répondre aux besoins de cet article.</p> <p>De manière générale, toutes les faîtières d’associations étudiantes nichées dans les universités romandes poursuivent les mêmes objectifs: mettre en réseau la communauté estudiantine, défendre ses intérêts auprès du rectorat et auprès du canton, favoriser l’égalité des chances, financer des événements ou des activités d’associations d’étudiants, etc. Bref, soutenir les étudiants.</p> <p>Pour être membre de la CUAE, il suffit de s’affilier à l’une des associations étudiantes de l’Université de Genève, qui elles-mêmes composent la CUAE. Une contribution de 5 CHF est alors prélevée dans les taxes universitaires que paient de toute manière les étudiants. Mais il est aussi possible de s’engager pour la CUAE à titre individuel. Par comparaison, «l’Association Générale des Etudiant·e·s de l’Université de Fribourg» (AGEF) vit grâce à une cotisation obligatoire de 20 CHF pour tout étudiant, dont une bonne partie repart dans les sections de la faîtière (une section par département ou faculté). C’est à peu près la même chose à Neuchâtel, où tous les étudiants sont <em>de facto</em> membres de la «Fédération des étudiant·e·s neuchâtelois·e·s» (FEN) et paient ainsi une cotisation de 15 CHF, comprise dans la taxe d’étude. Si quelqu’un ne souhaite pas la payer, il doit démissionner par écrit de la faîtière.</p> <p>On part alors du principe que les faîtières en question doivent se sentir responsables de leur caractère représentatif vis-à-vis des étudiants qu’elles fédèrent. Mais pas besoin de trop gratter pour se rendre compte qu’il ne s’agit pas vraiment du genre de la maison. La CUAE se définit sur son site comme «association faîtière et syndicat des étudiant.e.x.s de l’Université de Genève, et leur porte-parole auprès des autorités universitaires et politiques». Déjà, même s’il s’agit d’une volonté des individus qui composent la CUAE, son statut de syndicat pose question, dans la mesure où il reflète une certaine culture politique: n’y a-t-il pas incompatibilité entre cette nature de syndicat (unique en Suisse parmi les universités) et le fait de devoir représenter les étudiants dans leur diversité (y compris politique, diversité qu’on oublie souvent)?</p> <h3>Revendications politiques «si ça concerne les étudiants»</h3> <p>En partant de cette interrogation, on peut tirer un fil logique pour questionner les types de revendications portées par la CUAE et par leurs émules romandes. Si les représentants de toutes les autres faîtières estudiantines nous ont déclaré qu’ils condamnaient les moyens violents utilisés par les manifestants genevois pour faire entendre leur cause, ils sont également unanimes sur la limite que leurs associations se fixent concernant leurs revendications politiques. En effet, toutes les faîtières se donnent la compétence de prendre publiquement position «quand le sujet concerne les étudiants». Voici comment par exemple Guillaume Haas détaille le cas de l’AGEF, qu’il co-préside:</p> <p>«Notre grande différence avec la CUAE (Genève) est que l’AGEF (Fribourg) est représentée à tous les niveaux de l’université de Fribourg. Et quand je dis à tous les niveaux, c’est à tous les niveaux: au Sénat, qui est l’organe suprême de l’université, mais aussi dans la moindre des petites commissions. L’UniFR est l’une des universités les plus démocratiques d’Europe. C’est ce qui explique que l’AGEF ait peu de coups d’éclat, contrairement à nos camarades de la CUAE. Je ne leur en fait pas le reproche: c’est leur seul moyen de se faire entendre. Sur le plan des idées politiques, j’observe qu’il y a des personnes de tous bords à l’AGEF. Il y a des sensibilités différentes qui s’expriment lors de discussions sur les budgets et l’allocation des fonds, par exemple. Mais l’AGEF est apolitique: nous ne fonctionnons pas avec un système de représentants par partis. On ne parle que de politique quand le sujet concerne les étudiants.»</p> <p>Or, cela devient plus difficile à appliquer dans des exemples concrets. C’est que cette ligne de conduite a priori juste et inoffensive est on ne peut plus floue. A partir de combien d’étudiants concernés une affaire est censée «concerner les étudiants»? Outre l’intégration des étudiants transgenres dans la forme des statuts de l’Union des étudiant-e-s de Suisse (UNES), les délégués de cette «faîtière des faîtières» ont par exemple traité d’une initiative populaire en assemblées des délégués, parce que la votation faisait courir un risque au programme ERASMUS, même si les étudiants n’étaient pas cités dans le texte. Rebelote avec la question de l’accord-cadre et HORIZON2020. Un ancien responsable de la FEN, la faîtière neuchâteloise, confie:</p> <p>«Peu de personnes s’engagent dans ces structures. Il y a eu des assemblées générales de la FEN où nous étions dix. Le fait que trop peu de gens s’y engagent ouvre la porte au fait que des activistes de groupes très virulents, qui ont l’habitude de participer et de mobiliser leurs "troupes" pour une cause, ramènent tous leurs amis.»</p> <p>Notre source explique avoir été prise de cours avec le reste du comité il y a quelques années: certains cercles militants qui connaissaient bien le système de la fédération ont requis une AG extraordinaire et ont pu avancer leurs pions en quasi-unanimité. A Genève, la CUAE indique elle-même sur son site que «l’association adopte la ligne et l’opinion de la majorité des gens qui s’y engagent». Les absents ont donc toujours tort, comme en démocratie. D’un certain point de vue, cela coule de source. Et il est vrai que si des étudiants ne se sentent pas représentés, ils ont intérêt à s’y engager.</p> <h3>Effet d'entre-soi</h3> <p>Mais d’un autre point de vue, comment en vouloir à des étudiants, qui n’adhèrent pas à la tendance «woke» ou «intersectionnelle» souvent représentée par ces associations qui raffolent d’écriture inclusive, de ne pas venir s’y impliquer? Un fait psychologique simple: quand la Fédération des Associations d’Etudiant-e-s-x (Lausanne) convoque une assemblée «ouverte à tou-x-te-s», un étudiant qui trouve cette graphie laide, contestable sur le fond, ridicule ou les trois à la fois se dira peut-être que le comité n’est sans doute pas si ouvert que cela à tout le monde, du moins pas aux idées qu’il défendrait s’il venait y parler en toute honnêteté.</p> <p>C’est un fait et non un commentaire, ni même une analyse: une idéologie radicale de gauche identitaire suinte du vocabulaire, du propos et des actions de la CUAE, comme de bien d’autres associations, y compris, mais dans une moindre mesure, les faîtières d’étudiants des autres universités. Et quand on se réunit autour de croyances sur les ressorts cachés du «système» et de la «société», par exemple leurs soi-disants ressorts «racistes» ou «transphobes», tout en excluant ou en méprisant – ne serait-ce que par un regard – toute autre approche, cela ressemble plus à une secte qu’à une association d’étudiants.</p> <p>Nous nous permettrons alors cette remarque personnelle: face à ce constat, au lieu de traquer les manifestations d’idéologie là où elles apparaîtront forcément à un moment donné, l’être humain étant ce qu’il est, ne vaudrait-il par mieux porter haut la valeur du pluralisme? Et se donner les moyens – pourquoi pas inventifs – de garantir cette diversité d’idées? Fait amusant, dans la Berne fédérale, l’association des étudiants s’organise autour… de représentants de partis. Cette solution a le mérite d’assumer la dimension politique de la démarche, tout en lui garantissant un certain équilibre. 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Il constate en revanche un écart entre le discours de gauche et la réalité de son corps d’élus: «La pluralité et la tolérance, brandies si souvent par le PS et les Verts, sont bien plus présentes chez leurs adversaires dans les faits. On le constate aussi dans des débats de société actuels, avec par exemple le courant woke de la gauche qui souhaite restreindre la liberté d’expression, censurer des œuvres, interdire certaines discussions, etc.»</p> <h3>La diversité des profils socio-professionnels, un atout? </h3> <p>La discussion devient encore plus intéressante quand on se penche sur un autre schéma: celui de l’observatoire des élites suisses (OBELIS), de l’Université de Lausanne, représentant le profil socio-professionnel des politiciens actuellement sous la Coupole. Ceux-ci sont répertoriés selon la distinction «ayant suivi des hautes études - n’ayant pas suivi de hautes études». 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Une mode intellectuelle
Ce phénomène a un nom: il s’agit d’une mode intellectuelle. Pas un jour ne passe à l’Université de Neuchâtel, où je suis en train d’effectuer mon master en lettres et sciences humaines, sans qu’un joyeux luron n’envoie un courriel à toute la «communauté universitaire» – tiens, encore une – pour inviter «chacun.e» à participer à un «brainstorming sur le quinoa en Suisse», une «conférence sur les stéréotypes de genre», une «action étudiante contre l’islamophobie de la société», un «événement sur les smatphones éthiques» ou un «manifeste pour la reconnaissance des personnes asexuées».
Si cette affaire s’arrêtait aux «étudiant.e.s», comme on les définit dans cette hideuse novlangue, cela ne serait qu’un pet dans l’eau. Après tout, il y a toujours eu des jeunes, et la jeunesse implique une certaine dose de naïveté, d’idéalisme et, il faut bien de la dire, de niaiserie. Le problème, c’est que cette gangrène du sens des priorités atteint aussi, et peut-être même d’abord, les rangs des professeurs et de ce qu’on appelle encore «les élites culturelles» – mais pas cultivées. La mode idéologique en cause dans cet article n’est pas de l’ordre de la contestation, de la rébellion ou de la provocation: elle est actuellement ancrée dans les institutions. Elle règne.
Le sens des priorités
Encore une fois, il ne s’agit pas d’avancer que les régimes alimentaires alternatifs, la question du genre ou celle de la technologie, sont des non-sujets. Ces thèmes ont sans doute leur légitimité, mais, de grâce, ils ne doivent pas faire de l’ombre à des problèmes plus essentiels. Que reste-t-il de cette gauche qui se souciait du sort des travailleurs de notre pays? Que reste-t-il de cette droite libérale qui n’avait pas peur de parler de sécurité et de nation? Le terrain intellectuel de nos penseurs, artistes et journalistes semble s’être comme anesthésié. Ne pensons qu’aux artistes engagés qui ne font que répéter comme des robots que «la question des jeunes de banlieue, ça les touche» ou qui soutiennent le mouvement #metoo.
Comment interpréter cette situation? On peut y voir tout d’abord la démonstration que l’heure est bel et bien à la doctrine incontestable du progressisme béat. A rabâcher jour et nuit que le monde suit une évolution constante vers le mieux – comment peut-on encore soutenir une telle ineptie après les drames du XXe siècle? – une grande part d’intellectuels auto-proclamés s’est fabriqué un réflexe consistant à identifier le «nouveau» avec le «bien». Mais surtout, ce qui fait nouveau. Aujourd’hui, le paraître est roi! Pas étonnant que nous arrivions à des absurdités comme le «féminin inclusif» à la place de la grammaire française dans un discours académique. Pourvu que ça fasse «camp du bien».
Alors, quel remède pouvons-nous appliquer à ce poison? Quelle attitude adopter dans notre propre comportement influencé par la doxa du politiquement correct pour qu’il ne finisse pas par nous engloutir, «toutes et tous»? Peut-être serait-il bon de réfléchir à ce mot clef: verticalité. Toute hiérarchie n’est pas un mal. Elle est même souvent un bien. Elle peut s’incarner par une autorité, définissant les revendications étudiantes comme inégales aux réflexions des responsables politiques. La hiérarchie peut également s’appliquer aux sujets à aborder: faire de l’ordre dans son esprit, c’est avant tout déterminer quels enjeux sont plus importants que d’autres.
Un exemple de critère parmi d’autres: le nombre de personnes touchées par la problématique. Et peut-être alors, l’inégalité des salaires, le sort des régions périphériques, l’insécurité économique et culturelle de la classe moyenne inférieure – des réalités, par ailleurs, qu’a le mérite de mettre en lumière le mouvement des gilets jaunes dans le pays voisin, malgré tous leurs débordements – retrouveront une place de choix dans le registre des indignations académiques, artistiques et médiatiques. Et l’on pourra toujours en parler autour d’un bon plat de quinoa, sans avoir besoin d’y consacrer un colloque pluridisciplinaire.
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Au-delà de cette tendance contemporaine à tout décrire sous forme de communautés, et quoi qu’on pense de la question de fond touchant à cette motion, c’est la toute-puissance des «sujets dans les vent» qui est fatigante.</p><h3>Une mode intellectuelle</h3><p>Ce phénomène a un nom: il s’agit d’une mode intellectuelle. Pas un jour ne passe à l’Université de Neuchâtel, où je suis en train d’effectuer mon master en lettres et sciences humaines, sans qu’un joyeux luron n’envoie un courriel à toute la «communauté universitaire» – tiens, encore une – pour inviter «chacun.e» à participer à un «brainstorming sur le quinoa en Suisse», une «conférence sur les stéréotypes de genre», une «action étudiante contre l’islamophobie de la société», un «événement sur les smatphones éthiques» ou un «manifeste pour la reconnaissance des personnes asexuées».</p><p>Si cette affaire s’arrêtait aux «étudiant.e.s», comme on les définit dans cette hideuse novlangue, cela ne serait qu’un pet dans l’eau. Après tout, il y a toujours eu des jeunes, et la jeunesse implique une certaine dose de naïveté, d’idéalisme et, il faut bien de la dire, de niaiserie. Le problème, c’est que cette gangrène du sens des priorités atteint aussi, et peut-être même <em>d’abord</em>, les rangs des professeurs et de ce qu’on appelle encore «les élites culturelles» – mais pas cultivées. La mode idéologique en cause dans cet article n’est pas de l’ordre de la contestation, de la rébellion ou de la provocation: elle est actuellement ancrée dans les institutions. Elle règne.</p><h3>Le sens des priorités</h3><p>Encore une fois, il ne s’agit pas d’avancer que les régimes alimentaires alternatifs, la question du genre ou celle de la technologie, sont des non-sujets. Ces thèmes ont sans doute leur légitimité, mais, de grâce, ils ne doivent pas faire de l’ombre à des problèmes plus essentiels. Que reste-t-il de cette gauche qui se souciait du sort des travailleurs de notre pays? Que reste-t-il de cette droite libérale qui n’avait pas peur de parler de sécurité et de nation? Le terrain intellectuel de nos penseurs, artistes et journalistes semble s’être comme anesthésié. Ne pensons qu’aux artistes engagés qui ne font que répéter comme des robots que «la question des jeunes de banlieue, ça les touche» ou qui soutiennent le mouvement #metoo.</p><p>Comment interpréter cette situation? On peut y voir tout d’abord la démonstration que l’heure est bel et bien à la doctrine incontestable du progressisme béat. A rabâcher jour et nuit que le monde suit une évolution constante vers le mieux – comment peut-on encore soutenir une telle ineptie après les drames du XX<sup>e</sup> siècle? – une grande part d’intellectuels auto-proclamés s’est fabriqué un réflexe consistant à identifier le «nouveau» avec le «bien». Mais surtout, ce qui <em>fait </em>nouveau. Aujourd’hui, le paraître est roi! Pas étonnant que nous arrivions à des absurdités comme le «féminin inclusif» à la place de la grammaire française dans un discours académique. Pourvu que ça fasse «camp du bien».</p><p>Alors, quel remède pouvons-nous appliquer à ce poison? Quelle attitude adopter dans notre propre comportement influencé par la doxa du politiquement correct pour qu’il ne finisse pas par nous engloutir, «toutes et tous»? Peut-être serait-il bon de réfléchir à ce mot clef: verticalité. Toute hiérarchie n’est pas un mal. Elle est même souvent un bien. Elle peut s’incarner par une autorité, définissant les revendications étudiantes comme inégales aux réflexions des responsables politiques. La hiérarchie peut également s’appliquer aux sujets à aborder: faire de l’ordre dans son esprit, c’est avant tout déterminer quels enjeux sont plus importants que d’autres.</p><p>Un exemple de critère parmi d’autres: le nombre de personnes touchées par la problématique. 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Qui sont ces groupes désormais puissants dans les rapports de force idéologiques qui parcourent l’université et la société de manière générale (pour vous en convaincre, songez au fait qu’à Neuchâtel, les représentants des étudiants avaient réussi à ne faire comptabiliser que les réussites d’examens, et pas les échecs, en période de Covid)? 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Si les représentants de toutes les autres faîtières estudiantines nous ont déclaré qu’ils condamnaient les moyens violents utilisés par les manifestants genevois pour faire entendre leur cause, ils sont également unanimes sur la limite que leurs associations se fixent concernant leurs revendications politiques. En effet, toutes les faîtières se donnent la compétence de prendre publiquement position «quand le sujet concerne les étudiants». Voici comment par exemple Guillaume Haas détaille le cas de l’AGEF, qu’il co-préside:</p> <p>«Notre grande différence avec la CUAE (Genève) est que l’AGEF (Fribourg) est représentée à tous les niveaux de l’université de Fribourg. Et quand je dis à tous les niveaux, c’est à tous les niveaux: au Sénat, qui est l’organe suprême de l’université, mais aussi dans la moindre des petites commissions. L’UniFR est l’une des universités les plus démocratiques d’Europe. 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Outre l’intégration des étudiants transgenres dans la forme des statuts de l’Union des étudiant-e-s de Suisse (UNES), les délégués de cette «faîtière des faîtières» ont par exemple traité d’une initiative populaire en assemblées des délégués, parce que la votation faisait courir un risque au programme ERASMUS, même si les étudiants n’étaient pas cités dans le texte. Rebelote avec la question de l’accord-cadre et HORIZON2020. Un ancien responsable de la FEN, la faîtière neuchâteloise, confie:</p> <p>«Peu de personnes s’engagent dans ces structures. Il y a eu des assemblées générales de la FEN où nous étions dix. 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Un fait psychologique simple: quand la Fédération des Associations d’Etudiant-e-s-x (Lausanne) convoque une assemblée «ouverte à tou-x-te-s», un étudiant qui trouve cette graphie laide, contestable sur le fond, ridicule ou les trois à la fois se dira peut-être que le comité n’est sans doute pas si ouvert que cela à tout le monde, du moins pas aux idées qu’il défendrait s’il venait y parler en toute honnêteté.</p> <p>C’est un fait et non un commentaire, ni même une analyse: une idéologie radicale de gauche identitaire suinte du vocabulaire, du propos et des actions de la CUAE, comme de bien d’autres associations, y compris, mais dans une moindre mesure, les faîtières d’étudiants des autres universités. Et quand on se réunit autour de croyances sur les ressorts cachés du «système» et de la «société», par exemple leurs soi-disants ressorts «racistes» ou «transphobes», tout en excluant ou en méprisant – ne serait-ce que par un regard – toute autre approche, cela ressemble plus à une secte qu’à une association d’étudiants.</p> <p>Nous nous permettrons alors cette remarque personnelle: face à ce constat, au lieu de traquer les manifestations d’idéologie là où elles apparaîtront forcément à un moment donné, l’être humain étant ce qu’il est, ne vaudrait-il par mieux porter haut la valeur du pluralisme? Et se donner les moyens – pourquoi pas inventifs – de garantir cette diversité d’idées? Fait amusant, dans la Berne fédérale, l’association des étudiants s’organise autour… de représentants de partis. Cette solution a le mérite d’assumer la dimension politique de la démarche, tout en lui garantissant un certain équilibre. 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Oui. Parce qu'elle le vaut bien. «Rends l'amour», de Benjamin Biolay, est le premier single de son nouvel album «Saint-Clair», dont la sortie est prévue pour septembre. Un single déjà promis à devenir un tube de l'été. Bien qu'il s'en défende, Biolay mijote avec brio les ingrédients d'un titre qui cartonne: la boîte à rythme du refrain, la simplicité de la mélodie du même refrain, les descentes typiques de la chanson française dans la même mélodie... Dans la droite ligne du précédent opus «Grand Prix» (2020). Ajoutez à cela le dernier son de synthé, une basse d'enfer et ce qu'il faut de mystère dans les paroles, et c'est un événement: «S'il te plaît, rends l'amour / Et je me jette de la falaise / Et je m'en vais te cueillir des fraises / Si tu veux, même, j'te baise». Le clip du single est lui-même un chef-d'œuvre de conciliation entre l'efficacité et l'hermétisme, l'évidence et le symbole. 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Mais il est parfois utile de jeter un coup d’œil plus affuté sur les représentants que nous avons encore actuellement à Berne. Car la composition d’un législatif dit quelque chose de la sociologie politique d’un pays. Deux prismes sont choisis ici: la diversité d’idées parmi les élus de chaque parti ainsi que leur profil socio-professionnel. Deux entrées a priori indépendantes mais qui touchent néanmoins à un thème commun: le pluralisme, garant, selon beaucoup de théories, d’une certaine représentativité de la société dans sa diversité.</p> <h3>Le pluralisme des idées, un gros mot à gauche?</h3> <p>On parle toujours de «l’avis des partis» sur tel ou tel sujet. Certes, les diverses formations politiques, par les votes de leurs délégués lors des assemblées, adoptent des résolutions, des prises de position, etc. Mais on oublie souvent que les partis sont composés de personnes, dont les plus importantes politiquement, dans une démocratie représentative, sont les élus. 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Ce qui signifie bien qu’il y a plus de différences entre les ailes gauche et droite d’un parti de droite (ou du centre) qu’entre les ailes gauche et droite d’un parti de gauche. Fait éclairant, le constat peut être vérifié avec d’autres élections sur le site de Smartvote, par exemple l’actuel scrutin vaudois.</p> <p>Interrogé sur ces données, l’historien et juriste Olivier Meuwly, membre du PLR, prêche d’abord pour sa paroisse: «Le pluralisme des idées est une vertu sur le plan intellectuel». Mais il nuance aussitôt: «Cela peut être aussi un facteur de confusion ou de division sur le plan électoral.» Historiquement, les libéraux-radicaux ont toujours eu cette caractéristique, explique le spécialiste. Une caractéristique qu’il juge donc neutre: les partis de droite n’en ressortent pas plus légitimes. Il constate en revanche un écart entre le discours de gauche et la réalité de son corps d’élus: «La pluralité et la tolérance, brandies si souvent par le PS et les Verts, sont bien plus présentes chez leurs adversaires dans les faits. On le constate aussi dans des débats de société actuels, avec par exemple le courant woke de la gauche qui souhaite restreindre la liberté d’expression, censurer des œuvres, interdire certaines discussions, etc.»</p> <h3>La diversité des profils socio-professionnels, un atout? </h3> <p>La discussion devient encore plus intéressante quand on se penche sur un autre schéma: celui de l’observatoire des élites suisses (OBELIS), de l’Université de Lausanne, représentant le profil socio-professionnel des politiciens actuellement sous la Coupole. Ceux-ci sont répertoriés selon la distinction «ayant suivi des hautes études - n’ayant pas suivi de hautes études». 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Mais il faut noter toutes les fois où la gauche, dans notre pays, place au premier plan de ses revendications l’égalité des chances, la dignité de chaque individu, le fait que chacun puisse et doive s’engager en politique ou dans un conseil d’administration, etc. Il y a donc un paradoxe évident entre la forte présence de ces thèmes au niveau de la posture de la gauche et la réalité des origines socio-professionnelles au niveau de ses représentants.</p> <p>Encore une fois, il n’a pas été question ici d’évaluer positivement ou négativement une homogénéité d’opinions ou de parcours. Mais de pointer des faits et de les mettre en perspective avec le langage de la gauche. Cette famille de pensée, incontournable dans la vie politique suisse, devrait davantage se pencher sur ses paradoxes. «C’est une des conditions pour que la social-démocratie, prise dans ses contradictions internes, ne subisse pas une dégringolade à la française – moins violente, mais quand même. 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Ces thèmes ont sans doute leur légitimité, mais, de grâce, ils ne doivent pas faire de l’ombre à des problèmes plus essentiels". De la vient le problème de tout ton argumentaire. Pourquoi il y aurait-il une hiérarchie des luttes? Pourquoi ne se compléterait-elle pas? Je n'en garderai une qui, à mon sens, ne peut qu'être le sujet principal de nos préoccupations: l'alimentation. Aujourd'hui l'alimentation fait un gaspillage incommensurable, pourtant la famine n'est pas éradiquée. Elle pollue plus que n'importe qu'elle industrie (même celle du transport!), alors que notre monde cours à la catastrophe écologique. Elle tue des millions d'animaux chaque jours directement et indirectement dans des conditions atroce et insoutenable à regarder même pour nous. L'alimentation est au cœur de nos problèmes, car elle est un élément majeur de la catastrophe naturelle. 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On pourrait même caricaturalement le résumé à « il leur faudrait une bonne guerre à ces jeunes cons ». Et quand cela vient d’un grand père gâteux dans un repas de Noel trop long, on se contente de répondre : « mais oui papy… ». Mais si papy est, de par son âge avancé, pardonné, ce n’est pas le cas de BLT. Vous avez moins de 2 ans que diable ! Pour étayer mes propos, et au regard du peu de temps dont je dispose, je vais simplement m’acharner sur le titre : « La mode végano-bobo-universitaire ». Il est déjà malheureux pour un journaliste de continuer à utiliser ce mots fourretout qu’est bobo. Et pour cause, la désignation à la fois d’une catégorie sociale et d’une idéologique par le terme bourgeois-bohème avait pour but de discrédité l’une comme l’autre. Mais de fait une catégorie sociale ne peut pas être une « mode », ou alors je souhaiterai me mettre rapidement à la mode d’être riche. Pire encore, comme être universitaire pour être une mode. 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On y débite des lieux communs, y développe des idées soit-disant nouvelles, exprimées dans un langage aussi obus qu'incompréhensible, qui véhicule une foule de banalités plus inutiles les unes que les autres. En ce qui concerne mon alimentation, j'estime être assez mature pour décider moi-même de ma consommation alimentaire. Je refuse d'absorber des petites graines (je ne suis pas un volatile !!), de consommer tous ces vieux légumes ressuscités, et de remplacer la viande par n'importe quel tofu. L'effort à faire est de consommer le plus possible de produits locaux, de limiter consciemment la consommation de viande et encore une fois préférer celle d'élevages connus et de bouchers respectueux des animaux. Lutter contre la faim dans le monde, c'est avant tout éviter les achats compulsifs dans les grandes surfaces, qui vendent de tout et n'importe quoi sans s'occuper de la provenance et de la composition des produits. 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Ce n'est pas mauvais, le quinoa, mais j'en ai marre d'en voir et d'en lire partout. Idem pour les LGBmachin-e-s, ou pour MeToo et Balancetonporc, leur agressivité et leurs dérives pour la plupart en forme de règlements de comptes personnels. Marre aussi des donneurs de leçons comme votre premier commentateur, que je viens de lire... Il ne doit pas être facile pour les étudiants environnés ou imbibés de ce discours de résister à ce flux bien-pensant et de garder un esprit critique et une vision personnelle des choses. 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VOS RÉACTIONS SUR LE SUJET
5 Commentaires
@M7 10.12.2018 | 14h17
«"Encore une fois, il ne s’agit pas d’avancer que les régimes alimentaires alternatifs, la question du genre ou celle de la technologie, sont des non-sujets. Ces thèmes ont sans doute leur légitimité, mais, de grâce, ils ne doivent pas faire de l’ombre à des problèmes plus essentiels". De la vient le problème de tout ton argumentaire. Pourquoi il y aurait-il une hiérarchie des luttes? Pourquoi ne se compléterait-elle pas?
Je n'en garderai une qui, à mon sens, ne peut qu'être le sujet principal de nos préoccupations: l'alimentation. Aujourd'hui l'alimentation fait un gaspillage incommensurable, pourtant la famine n'est pas éradiquée. Elle pollue plus que n'importe qu'elle industrie (même celle du transport!), alors que notre monde cours à la catastrophe écologique. Elle tue des millions d'animaux chaque jours directement et indirectement dans des conditions atroce et insoutenable à regarder même pour nous. L'alimentation est au cœur de nos problèmes, car elle est un élément majeur de la catastrophe naturelle. Ainsi, revoir notre alimentation ne peut qu'être vital en tout point: la revoir cela implique un changement, et plus ce changement tardera plus il devra être radicale. Ces changements peuvent et doivent s'accompagner de changement sociaux et du travail: revaloriser l'agriculture, changer de productions végétal afin d'avoir une économie alimentaire autonome etc., création à la fin d'emploi durable et j'en passe (n'est-ce pas là l'essentiel dont tu parles?).
Je finirais en te passant un lien d'un physicien et philosophe, Aurélien Barrau, qui s'adresse justement à des étudiants en philosophie comme toi sur la question animal, l'alimentation et de l'écologie. La naïveté que tu dénonces devrait te questionner sur ta propre pédanterie.
Lien: https://www.youtube.com/watch?v=vluvc2RODos»
@franclem 11.12.2018 | 13h34
«Le #Débat au début de l’article explique peut-être le ton péremptoire, vindicatif et peu nuancé de ce « billet ». Mais, il faut dire ce qu’il en est, on attend d’un journal payant un peu plus de qualité. Le texte est plus proche d’un commentaire du 20 minutes que d’un article questionnant des idéologies et leurs visées. On pourrait même caricaturalement le résumé à « il leur faudrait une bonne guerre à ces jeunes cons ». Et quand cela vient d’un grand père gâteux dans un repas de Noel trop long, on se contente de répondre : « mais oui papy… ». Mais si papy est, de par son âge avancé, pardonné, ce n’est pas le cas de BLT. Vous avez moins de 2 ans que diable !
Pour étayer mes propos, et au regard du peu de temps dont je dispose, je vais simplement m’acharner sur le titre : « La mode végano-bobo-universitaire ». Il est déjà malheureux pour un journaliste de continuer à utiliser ce mots fourretout qu’est bobo. Et pour cause, la désignation à la fois d’une catégorie sociale et d’une idéologique par le terme bourgeois-bohème avait pour but de discrédité l’une comme l’autre. Mais de fait une catégorie sociale ne peut pas être une « mode », ou alors je souhaiterai me mettre rapidement à la mode d’être riche. Pire encore, comme être universitaire pour être une mode. C’est un statut qui désigne ceux et celles qui fréquentent les universités et pas une mode que l’on peut volontairement suivre. Il ne reste que le veganisme qui peut être perçu comme une mode ou une idéologie. Et sur ce point je peux rejoindre l’auteur en penchant pour le premier. Le titre aurait été ainsi : « Véganisme et autres, une mode portée par les étudiants et les bobos ». Mais cela oblige non seulement expliquer en quoi le véganisme et le langage épicène sont des modes et non des idéologies, mais aussi en quoi elles touchent plus ces catégories particulières. Et finalement, faire une proposition d’analyse pour répondre à pourquoi. Bref, faire un article…
»
@JeanPaul80 11.12.2018 | 17h00
«Ces conférences sur la bouffe, ces théories toutes faites, ces élucubrations quotidiennes sur ce qui est bon ou mauvais politiquement correct, sain ou malsain, sont d'un ennui à rendre dépressif n'importe quel auditeur, entré de bonne humeur dans la salle. On y débite des lieux communs, y développe des idées soit-disant nouvelles, exprimées dans un langage aussi obus qu'incompréhensible, qui véhicule une foule de banalités plus inutiles les unes que les autres. En ce qui concerne mon alimentation, j'estime être assez mature pour décider moi-même de ma consommation alimentaire. Je refuse d'absorber des petites graines (je ne suis pas un volatile !!), de consommer tous ces vieux légumes ressuscités, et de remplacer la viande par n'importe quel tofu. L'effort à faire est de consommer le plus possible de produits locaux, de limiter consciemment la consommation de viande et encore une fois préférer celle d'élevages connus et de bouchers respectueux des animaux. Lutter contre la faim dans le monde, c'est avant tout éviter les achats compulsifs dans les grandes surfaces, qui vendent de tout et n'importe quoi sans s'occuper de la provenance et de la composition des produits. Il s'agit de n'acheter que le strict nécessaire et d'éviter le gaspillage régulier. La faim dans le monde est essentiellement due aux guerres, qui rapportent des fortunes toujours aux mêmes salauds insensibles à la souffrance des autres, mais ne pensant qu'à se gaver, à remplir leur ventre et leur portefeuille, quitte à les faire péter. Quant à la questionnées genres, il s'agit d'une nouveauté que l'on doit à des pseudo-scientifiques du XXIè siècle, qui embrouillent les cerveaux les moins illuminés. On pourrait peut-être éviter de tout compliquer inutilement...»
@Elizabeth 11.12.2018 | 21h46
«Ah, que ça fait du bien de vous lire ! De voir que je ne suis pas la seule à n'en plus pouvoir du politiquement correct à outrance, de ces obsessions souvent sottes mais toujours vertueuses, généralement intolérantes et dictatoriales. Ce n'est pas mauvais, le quinoa, mais j'en ai marre d'en voir et d'en lire partout. Idem pour les LGBmachin-e-s, ou pour MeToo et Balancetonporc, leur agressivité et leurs dérives pour la plupart en forme de règlements de comptes personnels. Marre aussi des donneurs de leçons comme votre premier commentateur, que je viens de lire... Il ne doit pas être facile pour les étudiants environnés ou imbibés de ce discours de résister à ce flux bien-pensant et de garder un esprit critique et une vision personnelle des choses. »
@Lagom 13.12.2018 | 11h41
«@franclem: selon le titre la mode ici est faite par l'association des 3 termes. Vous ne pourriez pas les dissocier pour les descendre un à un à la kalachnikov. Personnellement, j'ai bien aimé la partie qui concerne la hiérarchie et le retour aux soucis de base. Jonas Follonier est une espoir journalistique. Dans quelques années nous pourrions prétendre l'avoir lu alors qu'il était encore jeune étudiant.»