Média indocile – nouvelle formule

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Actuel / L’Union bien repartie pour un tour

Jacques Pilet

28 mai 2019

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Qu’annonçaient la plupart des médias? Que ces élections n’intéresseraient pas grand monde. Or, ce fut 51% de participation en moyenne. Pour mémoire, en Suisse, aux élections fédérales, c’était 48%. Une vague d’euroscepticisme allait balayer le continent, disait-on. Patatras. Le RN de Marine Le Pen aura deux députés de moins. Certes l’Italie enverra un lot de salvinistes, mais dans plusieurs pays les hyper-nationalistes font moins de voix que l’on attendait. Ceux-ci, d’ailleurs divisés entre eux, ne pèseront pas lourd. La carte bouge pourtant en profondeur. Mais pas comme l’ont dit les journalistes pressés de voir un retournement spectaculaire.



Le plus frappant dans ce vote, c’est l’érosion ou l’effondrement des grands partis traditionnels de gauche et de droite. En France, c’est une caricature. Les Républicains et les socialistes qui ont dirigé le pays pendant des décennies sont à 8,5 et à 6,2%. Que les lepénistes aient dépassé la formation de Macron d’un point n’enlève rien au fait que le macronisme, malgré les mois épouvantables subis par le gouvernement, reste bien en selle. Quant aux Verts qui font un bond en avant (13,5%), ils sont pro-européens et à Bruxelles, voteront souvent comme LRM. La FI de Mélenchon qui déteste l’Europe s’est écroulée.

En Allemagne, ce n’est pas la débâcle des grands mais une sérieuse secousse. La CDU d’Angela Merkel perd des plumes mais se trouve tout de même à 28,9%. Le choc: les Verts (20,5%) passent devant les socialistes (15,8%). A noter que les écolos allemands sont d’ardents pro-européens. L’extrême-droite fait 11%. Constat: plusieurs grands pays sortent des duos tout puissants gauche-droite, des forces tierces apparaissent. Pour le plus grand bien de la démocratie.

A l’est, Orban triomphe. Mais ce n’est pas lui qui fera éclater l’UE: il ne le souhaite pas. Mais il ne donnera pas le ton non plus: il est isolé dans sa famille eurosceptique. Le parti PIS est parvenu en tête en Pologne (45,6%!), devant une forte opposition néanmoins (Coalition européenne avec 38,3%). Mais il ne fera pas alliance avec le Hongrois, peu apprécié à Varsovie. Quant à la Tchéquie, où le milliardaire margoulin Babis a renforcé sa position, il n’a pas le moindre poids à Bruxelles. Mais c’est sans doute le pays qui décroche mentalement le plus du projet européen (28% de participation). Intéressante aussi, la Roumanie. Il y eut affluence dans les bureaux. Pour placer largement en tête le parti libéral d’opposition et gifler les prétendus socialistes au pouvoir dont le leader mafieux s’attaque à la justice et aux droits démocratiques. Et là, personne ou à peu près, ne veut d’une UE moins forte.

Si l’on ajoute que ni aux Pays-Bas, ni en Suède, ni au Danemark, les pourfendeurs de l’Europe n’ont connu de victoire éclatante, on peut dire que malgré les glissements politiques qui marquent la nouvelle carte, tous les pronostics catastrophistes sont démentis. Ils n’ont pas l’air malin ce matin, tous ces journalistes qui, ces derniers temps, ont fait la cour à Steve Bannon pour obtenir des interviews du prétendu unificateur des nationalismes et grand casseur de l’UE.

L’Union européenne peut respirer. Mais elle a devant elle tant de défis. Du souffle, il lui en faudra. Cela dit, la maladie du repli, de l’échauffement nationaliste, de l’égoïsme posé en vertu, ce mal qui s’attaque à toutes les valeurs des Lumières, ce vertige post-moderne reste bien présent. Il a gagné du terrain en profondeur. Le combat contre l’utopie vénéneuse ne fait que commencer.


Retrouvez nos articles sur le même thème dans notre dossier spécial Focus sur les élections européennes.

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VOS RÉACTIONS SUR LE SUJET

3 Commentaires

@volovron 06.06.2019 | 21h24

«Je ne comprends pas un mot d'allemand,donc je ne peut rien dire de la presse de l'autre côté de la Sarine,mais en ce qui concerne la Suisse Romande,mon avis est tout à fait coincidente avec votre article:dans votre pays,l'enemi public nº 1 c'est l'Union Européenne,suivi,de la France de par sa "proximité"en ce qui concerne la presse romande
Donc.à l'instar du Conseil Fédéral et le leurre de la "collegialité" et la "concordance"qui empeche un vraie debat d'idées,la presse cherche en France et en Europe le bouc émissaire.Onpasse au peigne fin le Macronisme et au même temps on passe "subtilement"(Une especialité Suisse)les mesures prises par la droite lobbyste du PLR et la extrême droite que,"subtillement" aussi la presse suisse appelle seulement UNION DEMOCRATIQUE DU CENTRE!!»


@PAC 07.06.2019 | 16h52

«Merci encore pour cette synthèse qui met du baume au cœur des démocrates.»


@hermes 07.06.2019 | 20h43

«De manière plus ou moins diffuse les Européens ressentent le besoin de resserrer les rangs face à un monde qu’ils perçoivent de plus en plus hostile à leur égard: c’est la raison pour laquelle ils se sont rendus massivement aux urnes et ont voté majoritairement pour des partis pro-européens.
En même temps, ils font clairement comprendre que l’UE doit changer de priorités. Elle est priée de mieux protéger ses citoyens contre une immigration désordonnée, contre la concurrence de produits fabriqués dans le non-respect des normes sanitaires, sociales et écologiques. Elle est également priée de se bouger pour une meilleure justice fiscale et sociale entre ses citoyens et pour une meilleure défense de son espace,
Tel est le défi à relever par ce nouveau parlement qui heureusement ne peut plus être verrouillé par les conservateurs et les sociaux-démocrates et doit désormais trouver des majorités avec les verts et les centristes.
Dans ce contexte, il est hautement souhaitable que Manfred Weber du PPE ne soit pas élu comme président de la commission car là aussi il faut un changement des priorités.
Si l’UE tient à sa survie et désire torpiller les nationalistes, elle sait ce qu’elle doit faire. Et elle peut le faire.»


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