Actuel / L’improbable mariage de la carpe et du lapin
Mohamed Hamdaoui
Journaliste, député au Grand Conseil bernois
© Johanna Castellanos / Bon pour la tête
Les vicissitudes et les observations d’un politicien de milice lors d’une séance d’un parlement d’une ville de taille honnête, Bienne.
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Un quartier délicieux, dédié à la mobilité douce, mais si mal «vendu». Séparée du reste de la ville, par une route au trafic motorisé dense, cette vieille ville où on notamment vécu d’illustres personnalités comme Jean-Jacques Rousseau ou Johann Heinrich Pestalozzi, souffre d’un déplorable déficit d’image. Pourtant, il fait bon s’attarder la journée sur ses terrasses silencieuses ou écouter le soir des concerts de jazz ou de rock qui s’y tiennent régulièrement à ciel ouvert.</p><br><p>Quand mon emploi du temps le permet, j’ai pour habitude de me rendre au Parlement bien en avance. Quelques fois, les Jeunes UDC ou leurs contemporains du PS y distribuent des tracts. Mais les plus actifs actuellement, sont les militants et les sympathisants du POP, le Parti ouvrier et populaire. 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On me l’a pourtant proposé. Dans cette ville multiculturelle, quel beau symbole serait mon accession au titre honorifique de «premier citoyen», moi l’enfant du coin handicapé, franchement basané et musulman. Mais présider un hémicycle signifie se taire durant tout un exercice. Or si j’apprécie l’activité d’un politicien de milice, s’est aussi parce qu’il permet quelques jolies joutes oratoires.</p><h3>Capillotracté</h3><p>Tiens! Un autre président arrive sur son vélo, celui du Tribunal régional. Avec cet épicurien libéral-radical, nous nous lançons un défi au début de chaque séance: prononcer un mot plus ou moins «rare» depuis la tribune. En ce mois d’octobre, nous n’avons pas placé la barre très haut, puisque nous nous sommes simplement engagés à placer lors d’une de nos interventions l’adjectif «capillotractré». 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Il trouvait que ça claquait bien…</p> <p>Au pilori aussi tous les opéras et l’ensemble des symphonies de Richard Wagner. Comme cet antisémite notoire était idolâtré par des dignitaires du IIIe Reich, cela risquerait de faire de moi un «complice par contumace temporelle» d’un sympathisant nazi, moi qui ne me suis jamais remis d’avoir appris, enfant, la monstrueuse existence de la Shoah.</p> <p>Je ne devrai plus jamais tenter de me déhancher sur une chanson de Khaled. Il y a une dizaine d’années en effet, le «roi du raï» avait décidé de quitter la France car ce pays y autorise le mariage entre hommes. Il avait préféré s’exiler dans un autre qui les condamne.</p> <p>Plus jamais je ne fredonnerai les <em>Lacs du Conemara</em>, puisque par pure provocation, Michel Sardou et son génial parolier Pierre Delanoé (auteur notamment de très bienveillants tubes comme <em>Champs Elysées</em>, <em>Salma, ya salama</em>, ou <em>Fais comme l’oiseau</em>) avaient commis<em> Le temps des colonies</em>, un soir où ils avaient tellement picolé qu’ils étaient complètement noirs.</p> <p>Je bannirai tous mes CD de Johnny Cash et de Jerry Lee Lewis (il vit encore, youppie!). Ils étaient Blancs, venaient du sud des Etats-Unis et il n’est pas exclu que certains membres du KKK passaient leurs chansons dans les radio-cassettes de leurs bagnoles quand ils allaient se «faire un Noir».</p> <p>Plus mon armoire à disques se viderait, plus je risquerais de devenir parano. Quand Brassens, mon Brassens adoré, chantait <em>Gare au gorille</em>, ne faisait-il pas allusion à ma couleur de peau et à mon organe démesuré (même pas vrai!)? Et l’album blanc des Beatles? Pourquoi Ringo, Paul, John et George, tous de peau matte, ne l’avaient-ils pas baptisé <em>Album de toutes les couleurs du gentil monde dans lequel nous avons la chance de vivre entre frères et sœurs du même sang</em>? Et Mozart? Qui peut me prouver que lorsqu’il avait composé <em>L’enlèvement au sérail</em>, il n’était pas mû par des arrière-pensées islamophobes?</p> <p><em>Ad libitum. Ad nauseam</em> (c’est du latin).</p> <p>Croyant avoir expurgé mon armoire de tous les disques qui risqueraient de heurter mes identités multiples, je suis tombé sur un coffret comportant des raretés de la chanson française. Des perles. Dont celle-ci de Charles Trenet: <em>La biguine à Bango</em>.</p> <p>Je l’ai écoutée en boucle. Elle illustre à quel point il y a quelques décennies, les stéréotypes frappant les personnes «de couleur» étaient encore ancrés dans les têtes:</p> <p><em>Connaissez-vous la Martinique?</em> C<em>onnais-tu là-bas le Bango?</em> <em>Dès qu'il entend jolie musique</em> <em>Le voilà debout tout de go</em> <em>Pour danser avec demoiselle,</em> <em>Ah, c'est un galant damoiseau,</em> <em>Demoiselle, tu as des ailes,</em> <em>Quand tu fais Biguine à Bango…</em></p> <p>Aujourd’hui, le dernier couplet chanté sur une biguine entraînante serait non seulement interdit, mais carrément inconcevable. Non seulement les lois ont changé, mais les mentalités aussi:</p> <p><em>Bango, Bango a des petits frères </em> <em>Des petites sœurs qui dansent à Paris </em> <em>À Paris aussi on sait faire </em> <em>La Biguine comme au pays. </em> <em>Et tout comme à la Martinique, </em> <em>Demoiselles ont le ventre gros, </em> <em>On travaille pour la République </em> <em>Quand on fait Biguine à Bango! </em></p> <p>Or, cinquante ans après avoir enregistré cette chanson aux paroles aujourd’hui franchement choquantes, Trenet permettait que son inoubliable <em>Douce France</em> devienne l’hymne antiraciste des années 80.</p> <p>Tel est sans doute l’enjeu du surréaliste débat mémoriel actuel. L’histoire ne se réécrit pas. Elle doit être lue, écoutée, analysée et remise dans son contexte. Et l’on découvrira peut-être qu’au lieu de vouloir lâchement déboulonner des statues, il est plus enrichissant de tenter de connaître leur histoire.</p> <p>Je sais, cela demande un certain effort.</p>', 'content_edition' => null, 'slug' => 'brulons-aussi-charles-trenet', 'headline' => false, 'homepage' => 'col-md-6', 'like' => (int) 610, 'editor' => null, 'index_order' => (int) 2424, 'homepage_order' => (int) 2664, 'original_url' => '', 'podcast' => false, 'tagline' => null, 'poster' => null, 'category_id' => (int) 4, 'person_id' => (int) 2604, 'post_type_id' => (int) 1, 'post_type' => object(App\Model\Entity\PostType) {}, 'comments' => [ [maximum depth reached] ], 'tags' => [ [maximum depth reached] ], 'locations' => [[maximum depth reached]], 'attachment_images' => [ [maximum depth reached] ], 'person' => object(App\Model\Entity\Person) {}, 'category' => object(App\Model\Entity\Category) {}, '[new]' => false, '[accessible]' => [ [maximum depth reached] ], '[dirty]' => [[maximum depth reached]], '[original]' => [[maximum depth reached]], '[virtual]' => [[maximum depth reached]], '[hasErrors]' => false, '[errors]' => [[maximum depth reached]], '[invalid]' => [[maximum depth reached]], '[repository]' => 'Posts' }, (int) 1 => object(App\Model\Entity\Post) { 'id' => (int) 1900, 'created' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'modified' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'publish_date' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'notified' => null, 'free' => false, 'status' => 'PUBLISHED', 'priority' => 'NORMAL', 'readed' => null, 'subhead' => 'Cinéma ', 'title' => 'Algérie: le deuil, enfin?', 'subtitle' => 'Coup de cœur pour «Papicha», premier long-métrage de Mounia Meddour racontant avec force, humour et poésie l’absurdité de la guerre civile algérienne et l’incroyable courage des femmes de ce pays pour faire face à l’obscurantisme islamiste.', 'subtitle_edition' => null, 'content' => '<p>Et soudain, j’ai enfin eu la force de pleurer. </p> <p>Enfin. </p> <p>Laisser un quart de siècle de tristesse solitaire s’exprimer publiquement.</p> <p>Pourtant, je ne voulais pas craquer. Un quart de siècle que je refusais de fondre publiquement.</p> <p>Un mec, ça ne chiale pas. Je ne suis pas une gonzesse. </p> <p>J’étais simplement un con. Comme tant d’autres. Comme trop d’autres.</p> <p>Une éternité à intérioriser l’insupportable. A écrire mes souffrances sur des mouchoirs en papier. A les noyer dans des boissons interdites. A dire «tout va bien.»</p> <p>Deuil impossible. Deuil inutile.</p> <p>Jusqu’à ce qu’un soir. Dans ma ville adorée de Bienne. Dans cette salle de cinéma où j’allais, adolescent, regarder tant de films. Où j’étais Alain Souchon, tenant Isabelle Adjani dans ses bras. Où j’espérais que Joss Beaumont ne se ramasse pas une balle dans le dos à la fin du «Professionnel». Je m’y trouvais beau et invulnérable.</p> <p>Jusqu’à ce moment où sur ce même grand écran, des jeunes femmes ont commencé à danser en criant «Viva l’Algérie» en écoutant Raina Raï chanter «Ya Zina» - «Que tu es belle.» Voir ces jeunes femmes s’éclater dans cette mer peu accueillante, avec ses vagues grises qui donnent envie de traverser à la nage la Méditerranée pour patauger au plus vite dans les flots calmes du lac Léman.</p> <p>Et pouvoir enfin pleurer. Chialer. Hurler. Gueuler : «Pourquoi?»</p> <p>Cette petite séquence de «Pachita» a failli me réconcilier avec la vie.</p> <p>Dans cette séquence, je me voyais, un quart de siècle plus tôt, sur une plage près d’Alger. On fumait des «Garos», des clopes épouvantables, en sirotant des bières qui avaient le goût du désespoir. On avait des projets plein la tête. Les nôtres étaient littéraires.</p> <p>On causait des «blédards» qui avaient réussi. Camus, bien sûr. Mais aussi Kateb Yacine et Mouloud Mammeri. On se faisait des clins d’œil. On n’imaginait pas la suite de cet atroce roman. On l’imaginait rose. Il fut noir.</p> <h3>Héroïnes </h3> <p>Un quart de siècle après cette monstrueuse et absurde deuxième guerre d’Algérie, voilà enfin un film qui décrit avec minutie et justesse cette époque épouvantable.</p> <p>Un film réalisé par une femme, Mounia Meddour, et essentiellement interprété par des femmes. Ce n’est pas un hasard. Il a quasi entièrement été tourné en Algérie. C’est un pur bonheur.</p> <p>Dans ce film, il y a Mokhtar, le gardien de la Cité universitaire. Si la vie s’était comportée mieux pour lui, il serait sans doute devenu camelot ou receleur dans la banlieue de Lyon, de Lille ou de Montpellier. Il serait peut-être un pote de bistrot ici, à Bienne. On se bourrerait la gueule en se moquant des couillons de tous bords. Mais non. Lui aussi fut entraîné dans le tourbillon lâche qui avait englouti tant de mecs algériens de l’époque. Lui aussi s’était rendu complice des atrocités islamistes. Par veulerie et par frustration sexuelle. Le parfait collabo. Cette foutue majorité silencieuse.</p> <p>Il y a aussi la rectrice de l’Université, éprise au fond d’elle des Lumières, mais soucieuse d’assurer l’ordre et le calme dans son établissement. A l’entendre, on imagine à quel point elle rêve de traverser elle aussi la mer, quitte à devenir simple pionne dans un lycée de Montreuil.</p> <p>Il y a ces femmes qui dansent, mâtent les mecs de leur âge et rêvent de défilés de mode, s’interrogent sur leur sexualité et font des doigts d’honneur aux types en djellaba qui leur crachent à la gueule parce qu’elles ne portent pas le voile.</p> <p>Des affiches, de plus en plus d’affiches, les avaient pourtant mises en garde.</p> <p>Nulle n’était censée ignorer la pseudo loi divine. </p> <p>Il y a ces rues sublimes d’Alger, ces échoppes et ces petits bars où l’on a envie de s’arrêter pour oublier un instant le tumulte de la modernité.</p> <p>Cette nuit où l’héroïne et son tourtereau s’enlacent pudiquement. Il rêve de Canada, elle veut se battre. Ici.</p> <p>T’en souviens-tu?</p> <p>Cette nuit-là, alors que la mer nous ouvrait les bras, pourquoi n’avais-je pas réussi à te convaincre de partager mon exil? 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Et bientôt à Alger, Oran, Annaba et Tamanrasset.</p> <p>Fatiha et toutes les autres « Papicha » le mériteraient bien.</p> <hr /> <p>De <a href="http://www.allocine.fr/personne/fichepersonne_gen_cpersonne=543957.html">Mounia Meddour</a> </p> <p>Avec <a href="http://www.allocine.fr/personne/fichepersonne_gen_cpersonne=706237.html">Lyna Khoudri</a>, <a href="http://www.allocine.fr/personne/fichepersonne_gen_cpersonne=871603.html">Shirine Boutella</a>, <a href="http://www.allocine.fr/personne/fichepersonne_gen_cpersonne=871605.html">Amira Hilda Douaouda</a></p> <p>Durée : 1 heure 45 minutes</p> <p> </p> <p><a href="http://www.allocine.fr/video/player_gen_cmedia=19584003&cfilm=273587.html?jwsource=cl" target="_blank" rel="noopener">La bande-annonce du film.</a></p>', 'content_edition' => null, 'slug' => 'algerie-le-deuil-enfin', 'headline' => false, 'homepage' => 'col-md-12', 'like' => (int) 742, 'editor' => null, 'index_order' => (int) 1942, 'homepage_order' => (int) 2202, 'original_url' => '', 'podcast' => false, 'tagline' => null, 'poster' => null, 'category_id' => (int) 6, 'person_id' => (int) 2604, 'post_type_id' => (int) 1, 'post_type' => object(App\Model\Entity\PostType) {}, 'comments' => [[maximum depth reached]], 'tags' => [[maximum depth reached]], 'locations' => [[maximum depth reached]], 'attachment_images' => [ [maximum depth reached] ], 'person' => object(App\Model\Entity\Person) {}, 'category' => object(App\Model\Entity\Category) {}, '[new]' => false, '[accessible]' => [ [maximum depth reached] ], '[dirty]' => [[maximum depth reached]], '[original]' => [[maximum depth reached]], '[virtual]' => [[maximum depth reached]], '[hasErrors]' => false, '[errors]' => [[maximum depth reached]], '[invalid]' => [[maximum depth reached]], '[repository]' => 'Posts' }, (int) 2 => object(App\Model\Entity\Post) { 'id' => (int) 1763, 'created' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'modified' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'publish_date' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'notified' => null, 'free' => false, 'status' => 'PUBLISHED', 'priority' => 'NORMAL', 'readed' => null, 'subhead' => 'ACTUEL / Exposition nationale de sculpture ', 'title' => 'Don Quichotte contre les pisse-vinaigres biennois', 'subtitle' => 'Jusqu’au début du mois de septembre, Bienne abrite la 13e édition de l’Exposition suisse de sculpture. 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Les automobilistes exigeaient au contraire davantage de places de parcs et une partie de la population voulait profiter de ce scrutin pour manifester son mécontentement. Résultat: cette année-là, 61,5% des votants avaient rejeté ce projet pourtant en grande partie financé par la Confédération. Taux de participation: 35%. Presque un record dans cette ville résignée à des abstentions massives.</p> <h3><strong>«La force transformatrice des moments vécus»</strong></h3> <p>Désigné par la Fondation Exposition suisse de sculpture, Thomas Hirschhorn avait décidé de dédier cette 13<sup>e</sup> édition à l’écrivain biennois Robert Walser. Cet autodidacte tourmenté né en 1897 avait exercé de nombreux emplois précaires, tout en écrivant de nombreux textes alternant nouvelles et poèmes, romans et récits, pièces de théâtre et d’innombrables articles dans la presse. Il finit ses jours un triste 25 décembre (en 1956) de fortes neiges et marchant, seul, jusqu’à l’épuisement et la mort, pour s’évader de l’asile psychiatrique d’Herisau où il était interné. «Mon rêve, c'est que cet événement soit tellement fort, tellement intense qu'on n'oublie plus jamais Robert Walser. Et que l'on arrive à cette soi-disant éternité non pas par l'objet ou le matériau, mais par la densité, la beauté, et peut-être la force transformatrice des moments vécus sur place. C'est ça que je veux créer.» Mais Thomas Hirschhorn ne s’imaginait pas le nombre d’obstacles qui allaient se dresser devant lui.</p> <h3><strong>Taxis et «Neinsager»</strong></h3> <p>L’exposition aurait dû se dérouler en 2018. Les permis de construire avaient été accordés et le financement en partie assuré. C’était sans compter les nombreuses oppositions. «Je les avais totalement sous-estimées», reconnaîtra-t-il. L’opposition de la puissante Association des chauffeurs de taxis craignant de voir le chiffre d’affaires de ses membres baisser durant la manifestation. Oppositions aussi et peut-être surtout de nombreux pisse-vinaigre rancuniers, les tristes «Neinsager», qui n’avaient pas oublié que, 15 ans plus tôt, le nom de Thomas Hisrchhorn avait été au cœur d’un des plus absurdes règlements de compte politiques.</p> <h3>Christoph Blocher</h3> <p>Dix décembre 2003. Christoph Blocher accède au Conseil fédéral. La Suisse est divisée en deux camps: les pro et les anti. Domicilié à Paris depuis 1984, Thomas Hirschhorn présente une exposition au Centre culturel suisse de la Ville Lumière. Dans une pièce de théâtre, il n’hésite pas à démonter le mythe de Guillaume Tell. Une actrice vomit dans une urne de scrutin et un acteur adopte la position d’un chien pour uriner sur une image qui semble représenter le nouveau conseiller fédéral. Tollé! Sacrilège! En guise de représailles, les Chambres fédérales décident alors de raboter l’enveloppe financière de Pro Helvetia, qui avait soutenu financièrement cette exposition. Très peu de députés et de sénateurs ne l’avaient vue, mais la rumeur et l’indignation sélective avaient triomphé. «Je ne m'étais pas douté que je trainerais encore longtemps cette casserole», soupire Thomas Hirschhorn.</p> <h3><strong>Plier sans rompre</strong></h3> <p>Car Bienne la rouge change parfois de couleurs. Jusque-là groupusculaire, l’UDC compte désormais 11 sièges au Conseil de Ville (sur 60) et est même désormais le plus grand groupe parlementaire. Elle a largement bénéficié de l’image négative de cette cité horlogère de 56'000 habitants, multiethnique (plus de 130 nationalités représentées), avec un fort taux de bénéficiaires de l’aide sociale (11% de la population). Cette formation est localement très active, multiplie les pétitions et les actions de rues, est très présente sur les réseaux sociaux et inonde les médias locaux de lettres de lecteurs. Du pain béni! Au point qu’en raison de l’hostilité grandissante, Thomas Horschhiron finit par plier. Sans pour autant rompre. Avec la bénédiction des autorités de majorité rose-verte, il accepte de repousser d’un an son projet d’Exposition suisse de sculpture. Mais il n’en démord pas: elle aura lieu sur la place de la Gare de Bienne et sera consacrée à Robert-Walser.</p> <h3><strong>Bâton de pélerin</strong></h3> <p>L’artiste au caractère bien trempé change alors de stratégie. Il loue un petit appartement en haut d’un immeuble surplombant la place de la gare et multiplie les réunions publiques pour expliquer son projet. Dans des bistrots ou à la bibliothèque municipale, dans d’autres lieux culturels ou même dans la rue, il s’explique, brandit son bâton de pèlerin, s’emporte, s’enthousiasme, se prend au jeu et finit par convaincre. Les chauffeurs de taxis retirent leur opposition et le préfet donne son feu vert. Mais le plus dur est à venir.</p> <h3><strong>Obtus et téméraire</strong></h3> <p>«C’est toujours difficile de concevoir une œuvre d’art dans l’espace public, où les conflits d’intérêts sont fréquents. Je me bats comme un chien pour chaque centimètre de terrain, sinon rien ne se passe. J’ai toujours été clair. Je ne suis pas extravagant mais obtus, téméraire et surtout dingue de Robert Walser. Je conçois dans sa ville natale un travail qui va marquer les esprits et entrer dans l’histoire de l’art», s’enflamme-t-il. Alors, depuis le début du mois d’avril, au risque de priver les automobilistes d’une vingtaine de places de parc dans cet endroit stratégique, lui et son équipe se sont activés. 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C’est quelque chose que j’ai appris en France, notamment. Les Français respectent les grévistes, qu’ils fassent eux-mêmes grève ou non. </p> <p>La grève à venir a ceci de pertinent, spécifiquement, qu’elle s’inscrit dans la queue de la comète #MeToo, et qu’elle vise, par ses très nombreuses revendications, à transformer ce mouvement de prise de conscience en un mouvement de propositions et de changement.</p> <p><strong>Comptez-vous vous associer d’une manière ou d’une autre à ce mouvement?<br /></strong>Depuis que j’ai arrêté la politique, en 2003, n’ayant pas été réélue, j’ai choisi de m’engager autrement pour les causes qui m’importent le plus, que ce soit l’emprisonnement ou les questions de genre. 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Peut-on vous qualifier de «féminosceptique», doutant parfois des inégalités entre hommes et femmes et de la forte implication des hommes dans ce phénomène? <br /></strong>Absolument pas. Je comprends votre question au regard de certaines de mes positions du siècle dernier (et parfois encore du début de ce siècle), mais depuis j’ai beaucoup étudié les questions de genre telles qu’elles se posent non seulement en Suisse ou en France, mais aussi ailleurs dans le monde et je pense que mon dernier livre notamment, <em>Le Nouveau Féminisme</em>, <em>combats et rêves de l’ère post-Weinstein</em> (Odile Jacob, 2019), répond sans ambiguïté à cette question.</p> <p><strong>Durant quelques mois, entre 2010 et 2011, le Conseil fédéral avait été majoritairement féminin. Avez-vous eu le sentiment que cette particularité avait eu des conséquences notables sur la politique menée? 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55 000 habitants, 60 élus
Chaque troisième jeudi de l’année, sauf au mois de juillet dédié aux vacances scolaires, nous sommes 60 à nous retrouver dans ce médiéval hémicycle de la vieille ville de Bienne, 55 000 habitants. Un quartier délicieux, dédié à la mobilité douce, mais si mal «vendu». Séparée du reste de la ville, par une route au trafic motorisé dense, cette vieille ville où on notamment vécu d’illustres personnalités comme Jean-Jacques Rousseau ou Johann Heinrich Pestalozzi, souffre d’un déplorable déficit d’image. Pourtant, il fait bon s’attarder la journée sur ses terrasses silencieuses ou écouter le soir des concerts de jazz ou de rock qui s’y tiennent régulièrement à ciel ouvert.
Quand mon emploi du temps le permet, j’ai pour habitude de me rendre au Parlement bien en avance. Quelques fois, les Jeunes UDC ou leurs contemporains du PS y distribuent des tracts. Mais les plus actifs actuellement, sont les militants et les sympathisants du POP, le Parti ouvrier et populaire. Depuis le début de la législature, après trois décennies d’absence, ils y siègent à nouveau grâce à une élue, une trentenaire idéaliste qui a le pacifisme et le multiculturalisme chevillés au corps.
Presse et politique
Simple coïncidence ou clin d’œil du destin? Mon siège se situe juste devant les places réservées à la presse. Surtout éviter toute forme de connivence avec «ces gens-là». Ne pas répercuter le vieux cliché affirmant que politiciens et journalistes sont «cul et chemise», même si personne en cet endroit n’ignore que je travaille à temps partiel pour l’hebdomadaire du coin dans lequel je m’interdis bien sûr d’aborder le moindre sujet de politique locale ou cantonale. Un devoir de réserve hypocrite, car pour peu de respecter la stricte séparation des faits et du commentaire, cette incompatibilité imposée me semble injustifiée.
Vaste débat.
Tutoiement
Nous nous tutoyons tous. Moi qui déteste ce manque de courtoisie, il m’avait fallu du temps pour me plier à cette pratique. Mais il fallait bien d’y céder afin de prouver ma volonté de m’intégrer. Alors, je dis «tu» à tout le monde, même au maire – qui est de mon parti, ça aide. Une jeune élue écologiste arrive pieds-nus. Il lui arrive souvent de dormir dans des squats et parfois même dans la rue. Il n’est pas rare de la voir débarquer au parlement avec un sac de couchage. Elle dit se satisfaire de cette vie. Dans ma ville, la mouvance «alternative» est très active et solidaire. Elle ne devrait donc pas avoir de difficulté à trouver un toit où passer la nuit.
Le président du Conseil de ville débarque, l’air un peu engoncé dans son costume-cravate. L’aboutissement d’une carrière pour ce politicien au relief incertain, moniteur d’auto-école dans le civil. La «protection» des automobilistes était d’ailleurs devenues sa principale préoccupation. Jamais je n’occuperai le «perchoir» présidentiel. On me l’a pourtant proposé. Dans cette ville multiculturelle, quel beau symbole serait mon accession au titre honorifique de «premier citoyen», moi l’enfant du coin handicapé, franchement basané et musulman. Mais présider un hémicycle signifie se taire durant tout un exercice. Or si j’apprécie l’activité d’un politicien de milice, s’est aussi parce qu’il permet quelques jolies joutes oratoires.
Capillotracté
Tiens! Un autre président arrive sur son vélo, celui du Tribunal régional. Avec cet épicurien libéral-radical, nous nous lançons un défi au début de chaque séance: prononcer un mot plus ou moins «rare» depuis la tribune. En ce mois d’octobre, nous n’avons pas placé la barre très haut, puisque nous nous sommes simplement engagés à placer lors d’une de nos interventions l’adjectif «capillotractré». Au grand dam de la majorité de nos collègues alémaniques… et sans doute des francophones qui ne connaissent pas Pierre Desproges.
Le responsable des Finances débarque, le visage serein. Nous allons pourtant débattre du budget communal, avant de le soumettre en votation populaire. En général, ce scrutin ne déplace pas plus de 20% du corps électoral. Mais cette année, l’exercice ne présente aucun suspense. A égalité parfaite – 30 élus chacun – la droite et la gauche ont tacitement décidé cette année de ne pas mener de combats inutiles. Seul un ex-soixante-huitard vert libéral propose un amendement visant à augmenter l’aide municipale à un lieu culturel exploité par une figure bien connue de la scène culturelle. Son lobbying et ses arguments sont tellement capillotractés qu’ils avaient failli faire capoter le projet. Heureusement, les verts-libéraux peuvent parfois compter sur les voix de la gauche.
Ecriture inclusive
Les lourdeurs de la fameuse «écriture inclusive». Faut-il au nom de la nécessaire et évidente égalité entre femmes et hommes ainsi mutiler la langue française que je chéris tellement? Une de mes camarades répond de manière affirmative en commençant son intervention par un épouvantable: «Chères collègues, chers collègues». A moins que ce ne soit l’inverse? Mon pote président du Tribunal et moi secouons la tâte. Il n’a pas encore placé son mot…
Après deux heures de débat, place à une pause d’une petite heure. Chaque groupe parlementaire a son restaurant attitré. Le nôtre est un établissement assez haut de gamme qui comporte une magnifique cave voûtée. Chacun a pris soin de passer commande durant la première partie de la séance. Sauf moi. Un besoin viscéral de décrocher un moment. De m’aérer les poumons et l’esprit. Et de préparer ma prochaine intervention. Je ne les écrits jamais mais tente de les réciter dans ma tête, comme un comédien amateur. La prochaine cause à défendre me tient à cœur. Elle résume presque à elle seule les raisons de mon engagement politique, qui est avant tout pour moi citoyen.
Pétition citoyenne
Au début de l’année, la toute puissante guilde des commerçants de la principale artère commerçante de Bienne avaient obtenu des autorités que les marchands forains en soient expulsés et obligés à un exil forcé non loin de là, sur une des places les plus hideuses du monde. Un espace triste et gris où presque personne ne se rend. L’indignation montait auprès de la population, mais pour des raisons obscures, le conseil Municipal ne semblait pas disposé à faire machine arrière. Jusqu’à ce jour où tout s’était emballé sur la page Facebook d’un citoyen. Jusqu’à ce que la carpe et le lapin décidassent de travailler main dans la main (c’est une image audacieuse…).
ASIN et NOMES réunis
Elle, jeune politicienne UDC membre de l’ASIN, l’Action pour une Suisse indépendante et neutre, proche du comité d’Egerkingen qui avait fait aboutir l’initiative anti-minarets et moi, vieil europhile irréductible membre du NOMES militant antiraciste résolu. Pareillement indignés par le triste sort de ces marchands forains, nous avions alors imaginé une opération de communication: lancer une pétition contre cette décision et aller nous-mêmes récolter les signatures. L’accueil réservé par la population fut démentiel. Les gens venaient spontanément signer notre texte. Pour ce qu’il revendiquait. Mais aussi parce qu’ils étaient presque heureux de voir deux élus que presque tout oppose être capable de travailler ensemble. «Zäme schaffe!», en dialecte alémanique. Résultat: un millier de signatures récoltées en deux jours.
Victoire
Retour au parlement. Il est plus de 22 heures. La question des marchands forains figure enfin à l’ordre du jour. Après des mois de posture incompréhensible, le Conseil municipal fait enfin marche arrière: les marchands forains pourront enfin réintégrer cette artère commerçante et retrouver leur dignité. La carpe et le lapin se font un clin d’œil complice (c’est encore une image!). Dès la prochaine session, nous pourrons à nouveau nous opposer quasi systématiquement, au risque de transformer notre assemblée en un cirque dès que nous devons parler d’asile, de politique des transports ou de fiscalité locale.
Minuit approche. Le président du parlement décide enfin d’interrompre les travaux et de renvoyer au mois de novembre la moitié de l’ordre du jour qui n’a pas pu être abordé. Comme dans nombre d’autres exécutifs locaux, nous autres élus avant la fâcheuse tendance de multiplier les interventions parlementaires au contenu parfois douteux. Un conseiller de ville vient par exemple de déposer un postulat urgent réclamant la distribution de petits récipients pour empêcher les fumeurs de jeter leurs mégots par terre. Il n’y a pas de futiles combat.
Il est trop tard pour rentrer en transports publics et ma santé précaire m’empêche de marcher jusqu’à mon gourbi. Allons-y pour le taxi. Grâce à mon jeton de présence (moins de 100 francs par séance), je peux m’offrir ce luxe. Sur le chemin qui mène à mon lit où je mettrai comme d’habitude beaucoup de temps avant de trouver enfin le sommeil, je commence à réfléchir au prochain mot que mon pote président du tribunal et moi devrons placer lors de la session de novembre: «somniloquent».
J’ai passé cette nuit-là à somniloquer!
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Il trouvait que ça claquait bien…</p> <p>Au pilori aussi tous les opéras et l’ensemble des symphonies de Richard Wagner. Comme cet antisémite notoire était idolâtré par des dignitaires du IIIe Reich, cela risquerait de faire de moi un «complice par contumace temporelle» d’un sympathisant nazi, moi qui ne me suis jamais remis d’avoir appris, enfant, la monstrueuse existence de la Shoah.</p> <p>Je ne devrai plus jamais tenter de me déhancher sur une chanson de Khaled. Il y a une dizaine d’années en effet, le «roi du raï» avait décidé de quitter la France car ce pays y autorise le mariage entre hommes. Il avait préféré s’exiler dans un autre qui les condamne.</p> <p>Plus jamais je ne fredonnerai les <em>Lacs du Conemara</em>, puisque par pure provocation, Michel Sardou et son génial parolier Pierre Delanoé (auteur notamment de très bienveillants tubes comme <em>Champs Elysées</em>, <em>Salma, ya salama</em>, ou <em>Fais comme l’oiseau</em>) avaient commis<em> Le temps des colonies</em>, un soir où ils avaient tellement picolé qu’ils étaient complètement noirs.</p> <p>Je bannirai tous mes CD de Johnny Cash et de Jerry Lee Lewis (il vit encore, youppie!). Ils étaient Blancs, venaient du sud des Etats-Unis et il n’est pas exclu que certains membres du KKK passaient leurs chansons dans les radio-cassettes de leurs bagnoles quand ils allaient se «faire un Noir».</p> <p>Plus mon armoire à disques se viderait, plus je risquerais de devenir parano. Quand Brassens, mon Brassens adoré, chantait <em>Gare au gorille</em>, ne faisait-il pas allusion à ma couleur de peau et à mon organe démesuré (même pas vrai!)? Et l’album blanc des Beatles? Pourquoi Ringo, Paul, John et George, tous de peau matte, ne l’avaient-ils pas baptisé <em>Album de toutes les couleurs du gentil monde dans lequel nous avons la chance de vivre entre frères et sœurs du même sang</em>? Et Mozart? Qui peut me prouver que lorsqu’il avait composé <em>L’enlèvement au sérail</em>, il n’était pas mû par des arrière-pensées islamophobes?</p> <p><em>Ad libitum. Ad nauseam</em> (c’est du latin).</p> <p>Croyant avoir expurgé mon armoire de tous les disques qui risqueraient de heurter mes identités multiples, je suis tombé sur un coffret comportant des raretés de la chanson française. Des perles. Dont celle-ci de Charles Trenet: <em>La biguine à Bango</em>.</p> <p>Je l’ai écoutée en boucle. Elle illustre à quel point il y a quelques décennies, les stéréotypes frappant les personnes «de couleur» étaient encore ancrés dans les têtes:</p> <p><em>Connaissez-vous la Martinique?</em> C<em>onnais-tu là-bas le Bango?</em> <em>Dès qu'il entend jolie musique</em> <em>Le voilà debout tout de go</em> <em>Pour danser avec demoiselle,</em> <em>Ah, c'est un galant damoiseau,</em> <em>Demoiselle, tu as des ailes,</em> <em>Quand tu fais Biguine à Bango…</em></p> <p>Aujourd’hui, le dernier couplet chanté sur une biguine entraînante serait non seulement interdit, mais carrément inconcevable. Non seulement les lois ont changé, mais les mentalités aussi:</p> <p><em>Bango, Bango a des petits frères </em> <em>Des petites sœurs qui dansent à Paris </em> <em>À Paris aussi on sait faire </em> <em>La Biguine comme au pays. </em> <em>Et tout comme à la Martinique, </em> <em>Demoiselles ont le ventre gros, </em> <em>On travaille pour la République </em> <em>Quand on fait Biguine à Bango! </em></p> <p>Or, cinquante ans après avoir enregistré cette chanson aux paroles aujourd’hui franchement choquantes, Trenet permettait que son inoubliable <em>Douce France</em> devienne l’hymne antiraciste des années 80.</p> <p>Tel est sans doute l’enjeu du surréaliste débat mémoriel actuel. L’histoire ne se réécrit pas. Elle doit être lue, écoutée, analysée et remise dans son contexte. Et l’on découvrira peut-être qu’au lieu de vouloir lâchement déboulonner des statues, il est plus enrichissant de tenter de connaître leur histoire.</p> <p>Je sais, cela demande un certain effort.</p>', 'content_edition' => null, 'slug' => 'brulons-aussi-charles-trenet', 'headline' => false, 'homepage' => 'col-md-6', 'like' => (int) 610, 'editor' => null, 'index_order' => (int) 2424, 'homepage_order' => (int) 2664, 'original_url' => '', 'podcast' => false, 'tagline' => null, 'poster' => null, 'category_id' => (int) 4, 'person_id' => (int) 2604, 'post_type_id' => (int) 1, 'post_type' => object(App\Model\Entity\PostType) {}, 'comments' => [ [maximum depth reached] ], 'tags' => [ [maximum depth reached] ], 'locations' => [[maximum depth reached]], 'attachment_images' => [ [maximum depth reached] ], 'person' => object(App\Model\Entity\Person) {}, 'category' => object(App\Model\Entity\Category) {}, '[new]' => false, '[accessible]' => [ [maximum depth reached] ], '[dirty]' => [[maximum depth reached]], '[original]' => [[maximum depth reached]], '[virtual]' => [[maximum depth reached]], '[hasErrors]' => false, '[errors]' => [[maximum depth reached]], '[invalid]' => [[maximum depth reached]], '[repository]' => 'Posts' }, (int) 1 => object(App\Model\Entity\Post) { 'id' => (int) 1900, 'created' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'modified' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'publish_date' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'notified' => null, 'free' => false, 'status' => 'PUBLISHED', 'priority' => 'NORMAL', 'readed' => null, 'subhead' => 'Cinéma ', 'title' => 'Algérie: le deuil, enfin?', 'subtitle' => 'Coup de cœur pour «Papicha», premier long-métrage de Mounia Meddour racontant avec force, humour et poésie l’absurdité de la guerre civile algérienne et l’incroyable courage des femmes de ce pays pour faire face à l’obscurantisme islamiste.', 'subtitle_edition' => null, 'content' => '<p>Et soudain, j’ai enfin eu la force de pleurer. </p> <p>Enfin. </p> <p>Laisser un quart de siècle de tristesse solitaire s’exprimer publiquement.</p> <p>Pourtant, je ne voulais pas craquer. Un quart de siècle que je refusais de fondre publiquement.</p> <p>Un mec, ça ne chiale pas. Je ne suis pas une gonzesse. </p> <p>J’étais simplement un con. Comme tant d’autres. Comme trop d’autres.</p> <p>Une éternité à intérioriser l’insupportable. A écrire mes souffrances sur des mouchoirs en papier. A les noyer dans des boissons interdites. A dire «tout va bien.»</p> <p>Deuil impossible. Deuil inutile.</p> <p>Jusqu’à ce qu’un soir. Dans ma ville adorée de Bienne. Dans cette salle de cinéma où j’allais, adolescent, regarder tant de films. Où j’étais Alain Souchon, tenant Isabelle Adjani dans ses bras. Où j’espérais que Joss Beaumont ne se ramasse pas une balle dans le dos à la fin du «Professionnel». Je m’y trouvais beau et invulnérable.</p> <p>Jusqu’à ce moment où sur ce même grand écran, des jeunes femmes ont commencé à danser en criant «Viva l’Algérie» en écoutant Raina Raï chanter «Ya Zina» - «Que tu es belle.» Voir ces jeunes femmes s’éclater dans cette mer peu accueillante, avec ses vagues grises qui donnent envie de traverser à la nage la Méditerranée pour patauger au plus vite dans les flots calmes du lac Léman.</p> <p>Et pouvoir enfin pleurer. Chialer. Hurler. Gueuler : «Pourquoi?»</p> <p>Cette petite séquence de «Pachita» a failli me réconcilier avec la vie.</p> <p>Dans cette séquence, je me voyais, un quart de siècle plus tôt, sur une plage près d’Alger. On fumait des «Garos», des clopes épouvantables, en sirotant des bières qui avaient le goût du désespoir. On avait des projets plein la tête. Les nôtres étaient littéraires.</p> <p>On causait des «blédards» qui avaient réussi. Camus, bien sûr. Mais aussi Kateb Yacine et Mouloud Mammeri. On se faisait des clins d’œil. On n’imaginait pas la suite de cet atroce roman. On l’imaginait rose. Il fut noir.</p> <h3>Héroïnes </h3> <p>Un quart de siècle après cette monstrueuse et absurde deuxième guerre d’Algérie, voilà enfin un film qui décrit avec minutie et justesse cette époque épouvantable.</p> <p>Un film réalisé par une femme, Mounia Meddour, et essentiellement interprété par des femmes. Ce n’est pas un hasard. Il a quasi entièrement été tourné en Algérie. C’est un pur bonheur.</p> <p>Dans ce film, il y a Mokhtar, le gardien de la Cité universitaire. Si la vie s’était comportée mieux pour lui, il serait sans doute devenu camelot ou receleur dans la banlieue de Lyon, de Lille ou de Montpellier. Il serait peut-être un pote de bistrot ici, à Bienne. On se bourrerait la gueule en se moquant des couillons de tous bords. Mais non. Lui aussi fut entraîné dans le tourbillon lâche qui avait englouti tant de mecs algériens de l’époque. Lui aussi s’était rendu complice des atrocités islamistes. Par veulerie et par frustration sexuelle. Le parfait collabo. Cette foutue majorité silencieuse.</p> <p>Il y a aussi la rectrice de l’Université, éprise au fond d’elle des Lumières, mais soucieuse d’assurer l’ordre et le calme dans son établissement. A l’entendre, on imagine à quel point elle rêve de traverser elle aussi la mer, quitte à devenir simple pionne dans un lycée de Montreuil.</p> <p>Il y a ces femmes qui dansent, mâtent les mecs de leur âge et rêvent de défilés de mode, s’interrogent sur leur sexualité et font des doigts d’honneur aux types en djellaba qui leur crachent à la gueule parce qu’elles ne portent pas le voile.</p> <p>Des affiches, de plus en plus d’affiches, les avaient pourtant mises en garde.</p> <p>Nulle n’était censée ignorer la pseudo loi divine. </p> <p>Il y a ces rues sublimes d’Alger, ces échoppes et ces petits bars où l’on a envie de s’arrêter pour oublier un instant le tumulte de la modernité.</p> <p>Cette nuit où l’héroïne et son tourtereau s’enlacent pudiquement. Il rêve de Canada, elle veut se battre. Ici.</p> <p>T’en souviens-tu?</p> <p>Cette nuit-là, alors que la mer nous ouvrait les bras, pourquoi n’avais-je pas réussi à te convaincre de partager mon exil? 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Et bientôt à Alger, Oran, Annaba et Tamanrasset.</p> <p>Fatiha et toutes les autres « Papicha » le mériteraient bien.</p> <hr /> <p>De <a href="http://www.allocine.fr/personne/fichepersonne_gen_cpersonne=543957.html">Mounia Meddour</a> </p> <p>Avec <a href="http://www.allocine.fr/personne/fichepersonne_gen_cpersonne=706237.html">Lyna Khoudri</a>, <a href="http://www.allocine.fr/personne/fichepersonne_gen_cpersonne=871603.html">Shirine Boutella</a>, <a href="http://www.allocine.fr/personne/fichepersonne_gen_cpersonne=871605.html">Amira Hilda Douaouda</a></p> <p>Durée : 1 heure 45 minutes</p> <p> </p> <p><a href="http://www.allocine.fr/video/player_gen_cmedia=19584003&cfilm=273587.html?jwsource=cl" target="_blank" rel="noopener">La bande-annonce du film.</a></p>', 'content_edition' => null, 'slug' => 'algerie-le-deuil-enfin', 'headline' => false, 'homepage' => 'col-md-12', 'like' => (int) 742, 'editor' => null, 'index_order' => (int) 1942, 'homepage_order' => (int) 2202, 'original_url' => '', 'podcast' => false, 'tagline' => null, 'poster' => null, 'category_id' => (int) 6, 'person_id' => (int) 2604, 'post_type_id' => (int) 1, 'post_type' => object(App\Model\Entity\PostType) {}, 'comments' => [[maximum depth reached]], 'tags' => [[maximum depth reached]], 'locations' => [[maximum depth reached]], 'attachment_images' => [ [maximum depth reached] ], 'person' => object(App\Model\Entity\Person) {}, 'category' => object(App\Model\Entity\Category) {}, '[new]' => false, '[accessible]' => [ [maximum depth reached] ], '[dirty]' => [[maximum depth reached]], '[original]' => [[maximum depth reached]], '[virtual]' => [[maximum depth reached]], '[hasErrors]' => false, '[errors]' => [[maximum depth reached]], '[invalid]' => [[maximum depth reached]], '[repository]' => 'Posts' }, (int) 2 => object(App\Model\Entity\Post) { 'id' => (int) 1763, 'created' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'modified' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'publish_date' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'notified' => null, 'free' => false, 'status' => 'PUBLISHED', 'priority' => 'NORMAL', 'readed' => null, 'subhead' => 'ACTUEL / Exposition nationale de sculpture ', 'title' => 'Don Quichotte contre les pisse-vinaigres biennois', 'subtitle' => 'Jusqu’au début du mois de septembre, Bienne abrite la 13e édition de l’Exposition suisse de sculpture. 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Les automobilistes exigeaient au contraire davantage de places de parcs et une partie de la population voulait profiter de ce scrutin pour manifester son mécontentement. Résultat: cette année-là, 61,5% des votants avaient rejeté ce projet pourtant en grande partie financé par la Confédération. Taux de participation: 35%. Presque un record dans cette ville résignée à des abstentions massives.</p> <h3><strong>«La force transformatrice des moments vécus»</strong></h3> <p>Désigné par la Fondation Exposition suisse de sculpture, Thomas Hirschhorn avait décidé de dédier cette 13<sup>e</sup> édition à l’écrivain biennois Robert Walser. Cet autodidacte tourmenté né en 1897 avait exercé de nombreux emplois précaires, tout en écrivant de nombreux textes alternant nouvelles et poèmes, romans et récits, pièces de théâtre et d’innombrables articles dans la presse. Il finit ses jours un triste 25 décembre (en 1956) de fortes neiges et marchant, seul, jusqu’à l’épuisement et la mort, pour s’évader de l’asile psychiatrique d’Herisau où il était interné. «Mon rêve, c'est que cet événement soit tellement fort, tellement intense qu'on n'oublie plus jamais Robert Walser. Et que l'on arrive à cette soi-disant éternité non pas par l'objet ou le matériau, mais par la densité, la beauté, et peut-être la force transformatrice des moments vécus sur place. C'est ça que je veux créer.» Mais Thomas Hirschhorn ne s’imaginait pas le nombre d’obstacles qui allaient se dresser devant lui.</p> <h3><strong>Taxis et «Neinsager»</strong></h3> <p>L’exposition aurait dû se dérouler en 2018. Les permis de construire avaient été accordés et le financement en partie assuré. C’était sans compter les nombreuses oppositions. «Je les avais totalement sous-estimées», reconnaîtra-t-il. L’opposition de la puissante Association des chauffeurs de taxis craignant de voir le chiffre d’affaires de ses membres baisser durant la manifestation. Oppositions aussi et peut-être surtout de nombreux pisse-vinaigre rancuniers, les tristes «Neinsager», qui n’avaient pas oublié que, 15 ans plus tôt, le nom de Thomas Hisrchhorn avait été au cœur d’un des plus absurdes règlements de compte politiques.</p> <h3>Christoph Blocher</h3> <p>Dix décembre 2003. Christoph Blocher accède au Conseil fédéral. La Suisse est divisée en deux camps: les pro et les anti. Domicilié à Paris depuis 1984, Thomas Hirschhorn présente une exposition au Centre culturel suisse de la Ville Lumière. Dans une pièce de théâtre, il n’hésite pas à démonter le mythe de Guillaume Tell. Une actrice vomit dans une urne de scrutin et un acteur adopte la position d’un chien pour uriner sur une image qui semble représenter le nouveau conseiller fédéral. Tollé! Sacrilège! En guise de représailles, les Chambres fédérales décident alors de raboter l’enveloppe financière de Pro Helvetia, qui avait soutenu financièrement cette exposition. Très peu de députés et de sénateurs ne l’avaient vue, mais la rumeur et l’indignation sélective avaient triomphé. «Je ne m'étais pas douté que je trainerais encore longtemps cette casserole», soupire Thomas Hirschhorn.</p> <h3><strong>Plier sans rompre</strong></h3> <p>Car Bienne la rouge change parfois de couleurs. Jusque-là groupusculaire, l’UDC compte désormais 11 sièges au Conseil de Ville (sur 60) et est même désormais le plus grand groupe parlementaire. Elle a largement bénéficié de l’image négative de cette cité horlogère de 56'000 habitants, multiethnique (plus de 130 nationalités représentées), avec un fort taux de bénéficiaires de l’aide sociale (11% de la population). Cette formation est localement très active, multiplie les pétitions et les actions de rues, est très présente sur les réseaux sociaux et inonde les médias locaux de lettres de lecteurs. Du pain béni! Au point qu’en raison de l’hostilité grandissante, Thomas Horschhiron finit par plier. Sans pour autant rompre. Avec la bénédiction des autorités de majorité rose-verte, il accepte de repousser d’un an son projet d’Exposition suisse de sculpture. Mais il n’en démord pas: elle aura lieu sur la place de la Gare de Bienne et sera consacrée à Robert-Walser.</p> <h3><strong>Bâton de pélerin</strong></h3> <p>L’artiste au caractère bien trempé change alors de stratégie. Il loue un petit appartement en haut d’un immeuble surplombant la place de la gare et multiplie les réunions publiques pour expliquer son projet. Dans des bistrots ou à la bibliothèque municipale, dans d’autres lieux culturels ou même dans la rue, il s’explique, brandit son bâton de pèlerin, s’emporte, s’enthousiasme, se prend au jeu et finit par convaincre. Les chauffeurs de taxis retirent leur opposition et le préfet donne son feu vert. Mais le plus dur est à venir.</p> <h3><strong>Obtus et téméraire</strong></h3> <p>«C’est toujours difficile de concevoir une œuvre d’art dans l’espace public, où les conflits d’intérêts sont fréquents. Je me bats comme un chien pour chaque centimètre de terrain, sinon rien ne se passe. J’ai toujours été clair. Je ne suis pas extravagant mais obtus, téméraire et surtout dingue de Robert Walser. Je conçois dans sa ville natale un travail qui va marquer les esprits et entrer dans l’histoire de l’art», s’enflamme-t-il. Alors, depuis le début du mois d’avril, au risque de priver les automobilistes d’une vingtaine de places de parc dans cet endroit stratégique, lui et son équipe se sont activés. 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C’est quelque chose que j’ai appris en France, notamment. Les Français respectent les grévistes, qu’ils fassent eux-mêmes grève ou non. </p> <p>La grève à venir a ceci de pertinent, spécifiquement, qu’elle s’inscrit dans la queue de la comète #MeToo, et qu’elle vise, par ses très nombreuses revendications, à transformer ce mouvement de prise de conscience en un mouvement de propositions et de changement.</p> <p><strong>Comptez-vous vous associer d’une manière ou d’une autre à ce mouvement?<br /></strong>Depuis que j’ai arrêté la politique, en 2003, n’ayant pas été réélue, j’ai choisi de m’engager autrement pour les causes qui m’importent le plus, que ce soit l’emprisonnement ou les questions de genre. 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Peut-on vous qualifier de «féminosceptique», doutant parfois des inégalités entre hommes et femmes et de la forte implication des hommes dans ce phénomène? <br /></strong>Absolument pas. Je comprends votre question au regard de certaines de mes positions du siècle dernier (et parfois encore du début de ce siècle), mais depuis j’ai beaucoup étudié les questions de genre telles qu’elles se posent non seulement en Suisse ou en France, mais aussi ailleurs dans le monde et je pense que mon dernier livre notamment, <em>Le Nouveau Féminisme</em>, <em>combats et rêves de l’ère post-Weinstein</em> (Odile Jacob, 2019), répond sans ambiguïté à cette question.</p> <p><strong>Durant quelques mois, entre 2010 et 2011, le Conseil fédéral avait été majoritairement féminin. Avez-vous eu le sentiment que cette particularité avait eu des conséquences notables sur la politique menée? 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