
Zeus kidnappe Ganymede © Wikimedia Commons
L’affaire Matzneff traduit un changement radical de notre morale sexuelle. «C’était une autre époque», explique ainsi Bernard Pivot qui avait interviewé avec une certaine complaisance l’écrivain aujourd’hui accusé de pédocriminalité. La morale sexuelle qui prévalait en France à la fin du XXe siècle, et même encore au début de notre XXIe siècle, n’était peut-être pas très éloignée de celle des Grecs et des Romains de l’Antiquité.
Christian-Georges Schwentzel Professeur d'histoire ancienne, Université de Lorraine
Zeus, le dieu violeur
Dans la mythologie grecque, Zeus, maître des dieux, est un véritable prédateur sexuel. Métamorphosé en un charmant taureau blanc, il s’approche de la toute jeune princesse Europe, alors qu’elle se promène le long du rivage de Tyr, au Liban actuel. La bête incarne une puissance virile menaçante, mais Europe ne se doute pas de ses intentions. Elle trouve l’animal bien agréable à regarder. Lentement, il s’approche d’elle. La jeune vierge, qui n’est encore qu’une enfant naïve et confiante, se met à le caresser. Elle joue avec le taureau en lui mettant des fleurs dans la bouche et autour des cornes. Des fleurs à l’image de sa virginité qu’elle ne songe nullement à protéger. Quand la jeune fille finit par lui grimper sur le dos, Zeus se jette avec elle dans la mer et l’entraîne de force jusqu’en Crète où il la viole, dans un bois, sous la forme d’un aigle.
C’est métamorphosé en ce même rapace que Zeus enlève aussi Ganymède, un bel adolescent qui vivait en Asie Mineure. Zeus apprécie autant les jeunes filles que les garçons. Il traite Ganymède de la même manière que ses autres «conquêtes» humaines: il le viole. Puis, pour le garder à ses côtés, il l’installe sur l’Olympe et en fait son serviteur.
Des agressions sexuelles vues comme des exploits virils
Les Grecs n’ont pas condamné Zeus pour ces abus sexuels à répétition. Pas plus que les Romains n’ont mis en examen Jupiter, équivalent latin du grand dieu vivant au sommet de son Olympe. Au contraire, ils admiraient ces agressions comme autant d’exploits d’un dieu viril et manipulateur. Selon eux, Zeus, mâle tout puissant, avait bien raison de se faire plaisir, suivant les codes de la phallocratie du moment. Le comportement du dieu correspondait parfaitement à son statut social, les relations sexuelles impliquant alors des relations de pouvoir entre dominants et dominés.
Hadrien, empereur pédophile
Né en 76 apr. J.-C., lettré, passionné par la culture grecque, Hadrien se hisse au sommet de l’Empire romain en 117 apr. J.-C. Celui qui fait figure de bon gestionnaire et de souverain philosophe se consacre alors à sa lourde tâche avec beaucoup de sang-froid. Son bon sens et son sérieux administratif tranchaient avec les pratiques délirantes de certains de ses prédécesseurs. C’est pourquoi, dès l’Antiquité, on lui colla l’étiquette de bon empereur que la tradition ultérieure, notamment le célèbre roman de Marguerite Yourcenar, Les Mémoires d’Hadrien, grava dans le marbre.
C’est lors d’une de ses tournées d’inspection en Asie Mineure, au début de l’année 124, qu’il vit pour la première fois le petit Antinoüs. Il était de passage à Claudiopolis, en Bithynie, région du nord-ouest de l’actuelle Turquie. Des notables locaux, connaissant ses goûts, avait peut-être repéré le bel enfant et en avaient fait l’acquisition sur un marché aux esclaves de luxe. Ils avaient dû payer très cher ce cadeau exceptionnel. Constituèrent-ils une cagnotte? En tout cas, la dépense en valait la peine, car rien n’était alors plus valorisant pour l’élite des cités de l’Empire que d’obtenir la reconnaissance impériale.
En 124, le très sérieux Hadrien est âgé de 48 ans. Il porte la barbe des philosophes, suivant la mode qu’il lança lui-même. Face au premier empereur barbu, imaginez le visage encore poupon du petit esclave de 12 ou 13 ans à peine. L’empereur serait aujourd’hui immédiatement arrêté pour pédocriminalité.
Maître et esclave
L’esclavage fournissait alors au maître un vivier sexuel exploitable selon ses désirs, sans s’exposer à la réprobation sociale. Antinoüs devint ainsi le mignon d’Hadrien, son puer delicatus, comme on disait en latin. Un «garçon délicieux», du moins du point de vue de l’empereur qui l’exploitait sexuellement sans lui demander son avis. Antinoüs est vu comme un délice, tel un vin ou un plat raffiné qu’Hadrien «consomme» avec une modération toute calculée, juste pour pouvoir en reprendre à nouveau et sans jamais en être rassasié. Un véritable art de vivre, une sorte de régime, mais pour le maître uniquement, car les états d’âme de l’esclave sexuel ne comptent pas plus que ceux d’un animal de compagnie.
Selon les codes du virilisme romain, un homme libre peut très bien entretenir des relations sexuelles avec un jeune garçon, pourvu qu’il le domine et pourvu que le dominé soit d’un statut inférieur: esclave, affranchi, étranger. Posséder un beau mignon est alors très valorisant. Hadrien, respecté, ne cache pas son Antinoüs. Tout le monde connaît ses pratiques sexuelles.
Des pratiques sexuelles codifiées
Hadrien jouissait dans la bouche de son mignon. Il pouvait aussi le sodomiser, prenant pour modèle les scènes très réalistes représentées sur une coupe romaine, dite coupe Warren, aujourd’hui au British Museum. On y voit notamment un homme barbu, qui ressemble à Hadrien jeune, étendu sur le dos, sodomisant un garçon qui se tient au-dessus de lui. Le puer s’est assis sur le sexe de son maître. De la main gauche, il tient une corde accrochée au plafond de la chambre à coucher. Cette installation lui permet de bouger les fesses pendant que l’homme le pénètre. Une oscillation qui lui donne plus de souplesse et accroît, par la même occasion, le plaisir du maître. Le puer est ici, étymologiquement, un cinaedus, terme latin formé sur le grec kinaidos qui désigne une personne qui « bouge » comme un danseur.
Ce vocabulaire technique très précis nous montre que, contrairement à certaines idées reçues, les esclaves sexuels n’étaient pas forcément passifs. Le maître n’est vraiment actif que lorsqu’il impose ses propres mouvements à son esclave. Mais la fellation s’adresse au maître au repos, de même que la sodomie du puer qui balance son fessier en s’aidant d’une corde. En fait, l’idéologie viriliste des Romains distinguait le «pénétrant», vu comme supérieur, du «pénétré», réputé inférieur.
Hadrien tirait donc une certaine gloire de l’exploitation sexuelle d’Antinoüs. Il pouvait se comparer à Zeus. Comme le maître des dieux, l’empereur possédait son Ganymède en son palais. Et comme d’autres Romains puissants, il pouvait se prendre pour un petit Jupiter.
Tout cela contraste un peu avec la vision sentimentale de la relation entre l’empereur et son amant, telle que la décrira Marguerite Yourcenar dans Les Mémoires d’Hadrien. Mais, rassurez-vous, cela n’enlève rien à la beauté du roman.
Un changement radical
Gabriel Matzneff pensait lui aussi pouvoir tirer une gloire personnelle de ses «exploits» sexuels. Comme Hadrien, il a pu incarner la figure de l’homme dominant. A la fin du XXe siècle, en France, il entrait dans la catégorie des êtres réputés supérieurs, ou du moins dotés d’une influence qui semblait leur garantir une forme d’impunité: romanciers, philosophes…
La morale sexuelle de l’époque ne s’intéressait guère aux «inférieurs», vus comme une source de jouissance légitime pour une élite bénéficiant d’une aura intellectuelle. L’Antiquité justifiait cette domination sexuelle par l’esclavage, tandis que le siècle dernier divinisait à sa manière les penseurs et les artistes, ce qui leur assurait un droit à la domination sexuelle sur les êtres réputés faibles.
Nous vivons actuellement un changement radical de société. Désormais, ceux qui furent un temps considérés comme «inférieurs», et à ce titre, abusés physiquement ou moralement, sont considérés avant tout comme des victimes, quel que soit leur statut social – même si, pour dénoncer et se faire entendre, la position sociale reste déterminante. Une nouvelle morale sexuelle voit le jour, fondée sur le consentement réciproque entre des individus parfaitement conscients de leurs pratiques et de leurs désirs, en dehors de toute pression physique ou psychologique.
Article publié sous licence Creative Commons par The Conversation le 14 janvier 2020.
Christian-Georges Schwentzel a publié « Le Nombril d’Aphrodite, une histoire érotique de l’Antiquité », aux éditions Payot.
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La jeune vierge, qui n’est encore qu’une enfant naïve et confiante, se met à le caresser. Elle joue avec le taureau en lui mettant des fleurs dans la bouche et autour des cornes. Des fleurs à l’image de sa virginité qu’elle ne songe nullement à protéger. Quand la jeune fille finit par lui grimper sur le dos, Zeus se jette avec elle dans la mer et l’entraîne de force jusqu’en Crète <a href="https://www.franceculture.fr/histoire/le-mythe-deurope-ou-lhistoire-dun-enlevement">où il la viole</a>, dans un bois, sous la forme d’un aigle.</p> <p>C’est métamorphosé en ce même rapace que Zeus enlève aussi Ganymède, un bel adolescent qui vivait en Asie Mineure. Zeus apprécie autant les jeunes filles que les garçons. Il <a href="https://sententiaeantiquae.com/2019/12/10/tawdry-tuesday-zeus-ganymede-and-a-cock-3/">traite Ganymède de la même manière</a> que ses autres «conquêtes» humaines: il le viole. 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Antinoüs est vu comme un délice, tel un vin ou un plat raffiné qu’Hadrien «consomme» avec une modération toute calculée, juste pour pouvoir en reprendre à nouveau et sans jamais en être rassasié. Un véritable art de vivre, une sorte de régime, mais pour le maître uniquement, car les états d’âme de l’esclave sexuel ne comptent pas plus que ceux d’un animal de compagnie.</p> <p>Selon les codes du virilisme romain, un homme libre peut très bien entretenir des relations sexuelles avec un jeune garçon, pourvu qu’il le domine et pourvu que le dominé soit d’un statut inférieur: esclave, affranchi, étranger. Posséder un beau mignon est alors très valorisant. Hadrien, respecté, ne cache pas son Antinoüs. Tout le monde connaît ses pratiques sexuelles.</p> <h3>Des pratiques sexuelles codifiées</h3> <p>Hadrien jouissait dans la bouche de son mignon. Il pouvait aussi le sodomiser, prenant pour modèle les scènes très réalistes représentées sur une coupe romaine, dite coupe Warren, aujourd’hui au British Museum. On y voit notamment un homme barbu, qui ressemble à Hadrien jeune, étendu sur le dos, sodomisant un garçon qui se tient au-dessus de lui. Le <em>puer</em> s’est assis sur le sexe de son maître. De la main gauche, il tient une corde accrochée au plafond de la chambre à coucher. Cette installation lui permet de bouger les fesses pendant que l’homme le pénètre. Une oscillation qui lui donne plus de souplesse et accroît, par la même occasion, le plaisir du maître. Le <em>puer</em> est ici, étymologiquement, un <em>cinaedus</em>, terme latin formé sur le grec <em>kinaidos</em> qui désigne une personne qui « bouge » comme un danseur.</p> <p>Ce vocabulaire technique très précis nous montre que, contrairement à certaines idées reçues, les esclaves sexuels n’étaient pas forcément passifs. Le maître n’est vraiment actif que lorsqu’il impose ses propres mouvements à son esclave. Mais la fellation s’adresse au maître au repos, de même que la sodomie du <em>puer</em> qui balance son fessier en s’aidant d’une corde. En fait, l’idéologie viriliste des Romains distinguait le «pénétrant», vu comme supérieur, du «pénétré», réputé inférieur.</p> <p>Hadrien tirait donc une certaine gloire de l’exploitation sexuelle d’Antinoüs. Il pouvait se comparer à Zeus. Comme le maître des dieux, l’empereur possédait son Ganymède en son palais. Et comme d’autres Romains puissants, il pouvait se prendre pour un petit Jupiter.</p> <p>Tout cela contraste un peu avec la vision sentimentale de la relation entre l’empereur et son amant, telle que la décrira Marguerite Yourcenar dans <em>Les Mémoires d’Hadrien</em>. Mais, rassurez-vous, cela n’enlève rien à la beauté du roman.</p> <h3>Un changement radical</h3> <p>Gabriel Matzneff pensait lui aussi pouvoir tirer une gloire personnelle de ses «exploits» sexuels. Comme Hadrien, il a pu incarner la figure de l’homme dominant. A la fin du XX<sup>e</sup> siècle, en France, il entrait dans la catégorie des êtres réputés supérieurs, ou du moins dotés d’une influence qui semblait leur garantir une forme d’impunité: romanciers, philosophes…</p> <p>La morale sexuelle de l’époque ne s’intéressait guère aux «inférieurs», vus comme une source de jouissance légitime pour une élite bénéficiant d’une aura intellectuelle. L’Antiquité justifiait cette domination sexuelle par l’esclavage, tandis que le siècle dernier divinisait à sa manière les penseurs et les artistes, ce qui leur assurait un droit à la domination sexuelle sur les êtres réputés faibles.</p> <p>Nous vivons actuellement un changement radical de société. Désormais, ceux qui furent un temps considérés comme «inférieurs», et à ce titre, abusés physiquement ou moralement, sont considérés <a href="https://www.cairn.info/revue-etudes-2003-1-page-43.htm">avant tout comme des victimes</a>, quel que soit leur statut social – même si, pour dénoncer et se faire entendre, la position sociale reste déterminante. Une nouvelle morale sexuelle voit le jour, fondée sur le consentement réciproque entre des individus parfaitement conscients de leurs pratiques et de leurs désirs, en dehors de toute pression physique ou psychologique.</p> <p> </p> <h4>Article publié sous licence Creative Commons par <a href="https://theconversation.com/de-zeus-a-gabriel-matzneff-comment-la-morale-sexuelle-a-evolue-129852?utm_medium=email&utm_campaign=La%20lettre%20du%20week-end%20de%20The%20Conversation%20France%20-%201523914527&utm_content=La%20lettre%20du%20week-end%20de%20The%20Conversation%20France%20-%201523914527+CID_768a7a4b3dc360e492c1e1cec2d71491&utm_source=campaign_monitor_fr&utm_term=De%20Zeus%20%20Gabriel%20Matzneff%20%20comment%20la%20morale%20sexuelle%20a%20volu" target="_blank" rel="noopener"><em>The Conversation</em></a> le 14 janvier 2020. </h4> <hr /> <p><em>Christian-Georges Schwentzel a publié <a href="https://www.payot-rivages.fr/payot/livre/le-nombril-daphrodite-9782228924795">« Le Nombril d’Aphrodite, une histoire érotique de l’Antiquité »</a>, aux éditions Payot.</em></p> <hr /> <p> </p>', 'content_edition' => null, 'slug' => 'de-zeus-a-gabriel-matzneff-comment-la-morale-sexuelle-a-evolue', 'headline' => false, 'homepage' => 'col-md-6', 'like' => (int) 710, 'editor' => null, 'index_order' => (int) 2144, 'homepage_order' => (int) 2394, 'original_url' => '', 'podcast' => false, 'tagline' => null, 'poster' => null, 'category_id' => (int) 5, 'person_id' => (int) 85, 'post_type_id' => (int) 1, 'poster_attachment' => null, 'editions' => [], 'tags' => [ (int) 0 => object(App\Model\Entity\Tag) {}, (int) 1 => object(App\Model\Entity\Tag) {} ], 'locations' => [], 'attachment_images' => [ (int) 0 => object(Cake\ORM\Entity) {} ], 'attachments' => [ (int) 0 => object(Cake\ORM\Entity) {} ], 'person' => object(App\Model\Entity\Person) {}, 'comments' => [ (int) 0 => object(App\Model\Entity\Comment) {}, (int) 1 => object(App\Model\Entity\Comment) {} ], 'category' => object(App\Model\Entity\Category) {}, '[new]' => false, '[accessible]' => [ '*' => true, 'id' => false ], '[dirty]' => [], '[original]' => [], '[virtual]' => [], '[hasErrors]' => false, '[errors]' => [], '[invalid]' => [], '[repository]' => 'Posts' } $relatives = [ (int) 0 => object(App\Model\Entity\Post) { 'id' => (int) 5295, 'created' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'modified' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'publish_date' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'notified' => null, 'free' => false, 'status' => 'PUBLISHED', 'priority' => null, 'readed' => null, 'subhead' => null, 'title' => 'Un bien cruel conte de Noël (1)', 'subtitle' => 'Catherine et Pierre forment un couple épanoui. 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La fidélité absolue est un concept éculé et hypocrite qui a pour but principal que les hommes soient certains que les enfants qui sortent des ventres de leur épouse soient bien le produit de leurs spermatozoïdes à eux. Transmettre ses gènes est un réflexe très animal, si Sapiens est vraiment un être supérieur, il devrait se détendre sur cette question. En plus, Pierre et moi n’avons pas fait d’enfants, trop concentrés sur nous-mêmes et nos vies à réussir. Marie, ma sœur, prétend que pour les femmes, l’importance de la fidélité n’a pas pour but la perpétuation de l’espèce mais plutôt la conservation à leur côté du mâle qui assure leur protection. Elle se trompe. Si Pierre et moi sommes toujours ensemble après trente-cinq ans de mariage, c’est justement parce que nous nous laissons la liberté d’aller de temps en temps voir ailleurs. Marie, elle, ne souhaitait plus de rapports sexuels tout en menaçant son mari de le quitter s’il la trompait. C’est lui qui est parti avec la première maîtresse qu’il s’est autorisée.</p> <p>Mais Pierre a changé.</p> <p>Nous nous sommes connus dans une manifestation contre le racisme alors que nous avions vingt-sept ans. Il était graphiste tandis que moi j’enseignais le français à des réfugiés dans un centre géré par l’Eglise protestante. Je l’avais déjà remarqué à d’autres occasions au fil des ans – Lausanne est une petite ville – notamment lors d’une soirée chez Jean-Luc, lequel a été mon amant lorsque j’avais vingt ans et que j’hésitais entre le trotskisme et l’écologie politique. Lorsque Jean-Luc, figure de proue des trotskistes locaux, m’avait quittée pour une camarade d’origine kurde plus valorisante pour lui, j’avais renoncé aux principes de la Quatrième Internationale et milité pour la sauvegarde de la planète, jusqu’à ma rencontre avec un zapatiste belge avec qui je suis partie au Mexique où j’ai attrapé une infection sexuellement transmissible. De retour en Suisse, j’ai soigné ma salpingite et terminé mes études de lettres. Entre deux amants de passage, je traversais de longues périodes d’abstinence sexuelle sans que cela me coûte. A la manif, j’ai trouvé Pierre très beau avec sa moustache et sa barbe de cinq jours. Et je l’ai trouvé irrésistible lorsqu’il a jeté une bouteille vide en direction des forces de l’ordre qui voulaient nous empêcher d’accéder à la salle où se déroulait une assemblée de l’UDC, ce parti d’extrême droite honni par nous. Pierre s’est fait réprimander par les camarades communistes qui assuraient le service d’ordre et il a fini par en venir aux mains avec eux. J’ai spontanément pris sa défense, nous nous sommes faits bousculer et avons quitté la manifestation, lui avec une arcade sourcilière fendue, moi avec un fort désir pour lui. Je l’ai emmené chez moi pour soigner sa blessure et nous avons fait l’amour toute la nuit. 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Pierre est devenu agressif avec Mireille lorsque celle-ci a déclaré que les néo-féministes exagéraient et que #MeToo décourageait toute tentative de séduction de la part des hommes. «Je n’ai pas peur de le dire, j’aime bien que l’on me tienne la porte et que les hommes me fassent sentir qu’ils me désirent…» Pierre lui a rétorqué que le patriarcat était une forme de fascisme et qu’en tant que progressiste nous devions tout faire pour l’abattre. J’ai essayé de dévier la conversation sur la nourriture bio mais très vite c’est l’écriture inclusive qui a fait s’échauffer les esprits. Serge, qui se pique d’aimer la littérature, a déclaré que le français était en danger, qu’il fallait le sauver des points médians et des réformes de l’orthographe. 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Ils réduisent de manière significative la quantité de plastique qui se retrouve dans les océans.</p> <p>Malgré cela, et parce qu’ils font un travail salissant et vivent dans des endroits sales, ils sont souvent tenus pour responsables du problème de la pollution plastique. Dans les discours politiques des villes et des Etats, leur travail a longtemps été <a href="https://journals.sagepub.com/doi/full/10.1177/0956247816657302">tourné en dérision, considéré comme non qualifié et inefficace</a>. <a href="https://www.undp.org/blog/unsung-heroes-four-things-policymakers-can-do-empower-informal-waste-workers">L’absence de reconnaissance officielle</a> de leur travail rend leurs revenus particulièrement instables et précaires. 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Il a été demandé que leurs contributions historiques à la réduction de la pollution plastique soient explicitement reconnues, et qu’un objectif explicite de transition juste soit intégré au traité sur les plastiques.</p> <h3>Avec l’économie circulaire, tout le monde est gagnant?</h3> <p>La <a href="https://theconversation.com/quatre-idees-recues-sur-la-transition-juste-227569">transition juste</a> est un principe défendu par les groupes de travailleurs et les défenseurs de la justice sociale afin de garantir que les politiques de transition écologique protègent, améliorent et compensent équitablement les moyens de subsistance des travailleurs et des communautés affectés par l’environnement.</p> <p>Les ramasseurs de déchets ont utilisé ce terme pour réclamer que le traité comprenne des dispositions pour améliorer leurs conditions de travail et de sécurité. Mais également pour que le traité intègre davantage les travailleurs informels aux systèmes de gestion des déchets, et pour exiger que les systèmes de <a href="https://theconversation.com/fr/topics/responsabilite-elargie-du-producteur-67766">responsabilité élargie des producteurs</a> (REP) soutiennent aussi les travailleurs du secteur des déchets, en particulier les <a href="https://www.wiego.org/gender-waste-project">femmes et d’autres groupes vulnérables</a>.</p> <p>Etonnamment, ces demandes ont obtenu le soutien d’un large éventail de parties prenantes puissantes. Par exemple la <a href="https://www.businessforplasticstreaty.org/vision-statement#Key-elements">Business Coalition for a Plastics Treaty</a>, les <a href="https://news.un.org/en/story/2024/10/1156301">dirigeants des Nations unies</a> et même <a href="https://resolutions.unep.org/resolutions/uploads/american_chemistry_council.pdf">l’industrie pétrochimique</a>.</p> <p>Certaines de ces demandes ont été intégrées aux projets de traité sur les plastiques discutés au cours des négociations, ce qui représente une victoire majeure pour les travailleurs du secteur informel des déchets.</p> <p>Un consensus se dégage sur le fait qu’une économie circulaire inclusive peut être bénéfique à la fois pour l’environnement, l’économie et les travailleurs en améliorant la gestion de la pollution, les moyens de subsistance et les opportunités de croissance économique pour les entreprises.</p> <p>Ces promesses demandent toutefois à être vérifiées sur le terrain. Et c’est là que les choses se compliquent.</p> <h3>« Gagnant-gagnant », mais la victoire de qui ?</h3> <p>Dans mon livre <a href="https://mitpress.mit.edu/9780262546973/recycling-class/"><em>Recycling Class</em></a>, j’examine comment les efforts de recyclage inclusif ont été mis en œuvre à Bengaluru, l’une des plus grandes villes de l’Inde.</p> <figure><a href="https://images.theconversation.com/files/635250/original/file-20241129-15-cdpt12.jpg?ixlib=rb-4.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img src="https://images.theconversation.com/files/635250/original/file-20241129-15-cdpt12.jpg?ixlib=rb-4.1.0&q=45&auto=format&w=237&fit=clip" alt="" /></a> <figcaption><span></span></figcaption> </figure> <p>Dans cet ouvrage, je défends que l’intégration dans des programmes d’économie circulaire basés sur le marché n’est pas une solution miracle aux injustices ancrées dans les systèmes de production, de consommation et de production des déchets.</p> <p>La plupart des politiques d’économie circulaire et de recyclage inclusif reposent sur des mécanismes de marché, partant du principe que la création de marchés pour les déchets incitera les acteurs du marché à récupérer efficacement les déchets et à les convertir en ressources.</p> <p>Pour remplir leurs obligations en matière de <a href="https://theconversation.com/faire-payer-plus-les-entreprises-pour-quelles-reduisent-les-emballages-130073">responsabilité élargie des producteurs</a> (REP), les marques peuvent alors s’engager à acheter des plastiques recyclés et à financer la collecte des déchets en achetant des <a href="https://www.worldbank.org/en/programs/problue/publication/unlocking-financing-to-combat-the-plastics-crisis">crédits plastique</a>.</p> <p>Cette approche vise à améliorer le prix des déchets, à augmenter les salaires et à encourager les efforts de collecte, tout en attirant des investissements pour financer l’amélioration des infrastructures et des technologies.</p> <p>Cependant, les mécanismes fondés sur le marché aggravent les inégalités existantes en matière d’accès au marché. Les efforts visant à donner la priorité à la traçabilité et à la transparence – dans le but d’améliorer l’efficacité du marché et le respect de la réglementation – désavantagent souvent les travailleurs informels.</p> <p>Ces derniers ne disposent pas des ressources et des capacités techniques nécessaires pour adopter des systèmes de suivi complexes basés sur les SIG ou la blockchain, et se retrouvent exclus des processus formalisés. Les start-up financées par le capital-risque et les grandes entreprises s’emparent alors du secteur du recyclage.</p> <p>Les multinationales préfèrent d’ailleurs les partenariats avec des start-up technologiques qui offrent des services à «valeur ajoutée» tels que des indicateurs et des tableaux de bord environnementaux, permettant aux entreprises de mettre en scène leur propre récit sur le développement durable. Souvent issus de milieux éduqués et privilégiés, les employés de ces firmes <a href="https://www.sciencedirect.com/science/article/abs/pii/S001671852300057X">concurrencent les travailleurs informels existants, les subordonnant au passage</a>.</p> <p>A l’inverse, les femmes et les membres des minorités ethno-raciales et religieuses, qui constituent la majorité des travailleurs des économies informelles des déchets, sont confrontés à des obstacles supplémentaires. Notamment des <a href="https://mouvements.info/recuperateurs-de-dechets/">stigmates sociaux bien ancrés</a> qui limitent leur capacité à participer sur un pied d’égalité à ces marchés émergents. 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Une étude de <a href="https://www.circle-economy.com/resources/decent-work-in-the-circular-economy">Circle Economy</a> souligne que la plupart des emplois du secteur de l’économie circulaire restent ad-hoc et informels et ne bénéficient pas des garanties d’un emploi décent.</p> <p>En fin de compte, les travailleurs informels sont confrontés à un choix difficile: soit ils acceptent d’être exploités au sein des circuits de traitements des déchets en tant que simples ressources, soit ils risquent de perdre complètement leurs moyens de subsistance.</p> <p>Les systèmes actuels de production et de consommation du plastique déplacent donc la charge des déchets sur des communautés autochtones ou ethniques marginalisées, créant ainsi des <a href="https://www.dukeupress.edu/pollution-is-colonialism">zones sacrifiées</a>. Ce déplacement permet de maintenir la rentabilité, tout en perpétuant les atteintes à l’environnement et les inégalités sociales.</p> <p>En promouvant des technologies de <a href="https://www.bbc.com/afrique/monde-57087908">recyclage chimique</a> non éprouvées et en étendant les marchés du plastique, les entreprises <a href="https://theconversation.com/comment-lindustrie-fossile-influence-les-negociations-mondiales-sur-le-plastique-222112">pétrochimiques</a> et de matières plastiques <a href="https://direct.mit.edu/glep/article/21/2/121/97367/Future-Proofing-Capitalism-The-Paradox-of-the">s’approprient le langage de l’économie circulaire</a>. Cela leur permet de donner un vernis écologique à leurs propositions, tout en maintenant le <em>statu quo</em> sur les inégalités.</p> <p>Pendant ce temps, la HAC, plusieurs ONG et même certains ramasseurs de déchets invoquent également l’économie circulaire comme solution à la crise du plastique, en mettant l’accent sur le réemploi et le recyclage inclusif.</p> <h3>Demander des comptes aux pollueurs plutôt que compter sur l’efficacité du marché</h3> <p>Pour que l’économie circulaire aille au-delà de la simple protection du capitalisme fossile, elle doit prendre en compte les collecteurs de déchets et recycleurs informels dans le Sud et reconnaître les limites des mécanismes basés sur le marché. 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Puis redistribuer les ressources aux personnes les plus touchées et créer des systèmes qui donnent la priorité à la restauration de l’environnement et à la justice sociale plutôt qu’au profit des entreprises.</p> <p>Une économie circulaire bien financée devrait d’abord renforcer le pouvoir des travailleurs, puis améliorer les capacités des infrastructures et réduire la concentration de ces déchets en produits chimiques toxiques, plutôt que de s’appuyer sur des solutions basées sur le marché qui aggravent les inégalités.</p> <p>Les vraies solutions consistent à demander des comptes aux pollueurs et à adopter des approches circulaires fondées sur la sobriété et la réparation, et non sur l’efficacité du marché.<img src="https://counter.theconversation.com/content/244065/count.gif?distributor=republish-lightbox-basic" alt="The Conversation" width="1" height="1" /></p> <hr /> <h4><span><a href="https://theconversation.com/profiles/manisha-anantharaman-1526162">Manisha Anantharaman</a>, Assistant Professor, Center for the Sociology of Organisations, CNRS/Sciences Po, <em><a href="https://theconversation.com/institutions/sciences-po-2196">Sciences Po </a></em></span></h4> <h4>Cet article est republié à partir de <a href="https://theconversation.com">The Conversation</a> sous licence Creative Commons. Lire l’<a href="https://theconversation.com/les-ramasseurs-de-dechets-grands-perdants-du-recit-dominant-sur-la-pollution-plastique-244065">article original</a>.</h4> </div>', 'content_edition' => '', 'slug' => 'les-ramasseurs-de-dechets-grands-perdants-du-recit-dominant-sur-la-pollution-plastique', 'headline' => null, 'homepage' => null, 'like' => (int) 42, 'editor' => null, 'index_order' => (int) 1, 'homepage_order' => (int) 1, 'original_url' => '', 'podcast' => false, 'tagline' => null, 'poster' => null, 'category_id' => (int) 5, 'person_id' => (int) 85, 'post_type_id' => (int) 1, 'post_type' => object(App\Model\Entity\PostType) {}, 'comments' => [[maximum depth reached]], 'tags' => [ [maximum depth reached] ], 'locations' => [[maximum depth reached]], 'attachment_images' => [ [maximum depth reached] ], 'person' => object(App\Model\Entity\Person) {}, 'category' => object(App\Model\Entity\Category) {}, '[new]' => false, '[accessible]' => [ [maximum depth reached] ], '[dirty]' => [[maximum depth reached]], '[original]' => [[maximum depth reached]], '[virtual]' => [[maximum depth reached]], '[hasErrors]' => false, '[errors]' => [[maximum depth reached]], '[invalid]' => [[maximum depth reached]], '[repository]' => 'Posts' }, (int) 2 => object(App\Model\Entity\Post) { 'id' => (int) 5283, 'created' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'modified' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'publish_date' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'notified' => null, 'free' => true, 'status' => 'PUBLISHED', 'priority' => null, 'readed' => null, 'subhead' => null, 'title' => 'Les Etats-Unis financent un collectif international de journalistes', 'subtitle' => 'Si le réseau Organized Crime and Corruption Reporting Project (OCCRP) a révélé des avoirs russes cachés ou la corruption au Venezuela, le Delaware, paradis de l'évasion fiscale, reste pour lui un tabou. «Notre politique veut que nous ne fassions pas de rapports sur un pays avec son propre argent», a déclaré Drew Sullivan, son cofondateur.', 'subtitle_edition' => 'Si le réseau Organized Crime and Corruption Reporting Project (OCCRP) a révélé des avoirs russes cachés ou la corruption au Venezuela, le Delaware, paradis de l'évasion fiscale, reste pour lui un tabou. «Notre politique veut que nous ne fassions pas de rapports sur un pays avec son propre argent», a déclaré Drew Sullivan, son cofondateur.', 'content' => '<p style="text-align: center;"><strong>Urs P. Gasche</strong>, article publié sur <a href="https://www.infosperber.ch/medien/medienkritik/die-usa-finanzieren-internationales-journalisten-kollektiv/" target="_blank" rel="noopener"><em>Infosperber</em></a> le 5 décembre 2024, traduit par <em>Bon Pour La Tête</em></p> <hr /> <p>Parmi de nombreux autres médias, la <em>NZZ</em> et le <em>Tages-Anzeiger</em> ont diffusé à plusieurs reprises des révélations du réseau international de journalistes Organized Crime and Corruption Reporting Project (OCCRP). Ce faisant, ils n'ont pas rendu transparent le fait que les services gouvernementaux américains paient la moitié du budget de l'OCCRP. 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Parmi eux, <a href="https://en.wikipedia.org/wiki/Panama_Papers"><em>The Panama Papers</em></a><em>, </em><a href="https://en.wikipedia.org/wiki/Pandora_Papers"><em>Pandora Papers</em></a><em>, </em><a href="https://en.wikipedia.org/wiki/Suisse_Secrets"><em>Suisse Secrets</em></a><em>, </em><a href="https://www.occrp.org/en/project/narcofiles-the-new-criminal-order"><em>Narco Files</em></a><em>, </em><a href="https://www.occrp.org/en/project/the-pegasus-project/about-the-project"><em>Pegasus Project</em></a><em>, </em><a href="https://en.wikipedia.org/wiki/Cyprus_Confidential"><em>Cyprus Confidential </em></a>et la série <a href="https://de.wikipedia.org/wiki/Die_Geldw%C3%A4scherei"><em>Laundromat</em></a>, qui a révélé les systèmes de blanchiment d'argent des élites dirigeantes en Azerbaïdjan et en Russie.</p> <h3><strong>Non sans conditions</strong></h3> <p>Les agences gouvernementales américaines ne financent pas l'OCCRP sans contrepartie: l'<a href="https://www.usaid.gov/"> U.S. Agency for International Development</a> dispose d'un droit de veto sur la nomination des dirigeants de l'OCCRP. De plus, l'agence gouvernementale américaine interdit d'utiliser son argent pour mettre au jour la corruption aux Etats-Unis.</p> <p>Certaines subventions étaient même affectées à un but précis: le Department of State, par exemple, a versé 173 000 dollars à l'OCCRP pour «détecter et combattre la corruption au Venezuela». Ou l'<a href="https://www.usaid.gov/">Agence pour le développement international (USAID)</a> a versé plus de deux millions de dollars dans le but de «mettre au jour la criminalité et la corruption à Malte et à Chypre».</p> <p>Le journal en ligne français indépendant <a href="https://www.mediapart.fr/en/journal/international/021224/hidden-links-between-giant-investigative-journalism-and-us-government">« Mediapart »</a> en a parlé le 2 décembre 2024 <a href="https://www.mediapart.fr/en/journal/international/021224/hidden-links-between-giant-investigative-journalism-and-us-government">.</a></p> <p>Le fondateur de l'OCCRP est un ancien employé <a href="https://www.rockwellautomation.com/de-ch.html">de Rockwell</a> devenu journaliste: <a href="https://www.occrp.org/en/staff/drew-sullivan">Drew Sullivan</a>. L'OCCRP a été créé à l'instigation de fonctionnaires du gouvernement américain. Selon Mediapart, Sullivan a reçu pour cela, en 2008, un financement de départ de 1,7 million de dollars du <a href="https://www.state.gov/bureaus-offices/under-secretary-for-civilian-security-democracy-and-human-rights/bureau-of-international-narcotics-and-law-enforcement-affairs/">Bureau of International Narcotics and Law Enforcement Affairs</a>(INL). Il s'agit d'une agence d'application de la loi du Département d'Etat américain.</p> <p>L'OCCRP s'appuie souvent sur des documents divulgués provenant de sources non identifiées. La qualité des recherches et des révélations de l'OCCRP n'est pas mise en doute. L'orientation unilatérale des recherches et le manque de transparence des informations sur le financement donnent lieu à des critiques.</p> <p>L'ampleur des liens personnels et financiers de l'OCCRP avec le gouvernement américain va à l'encontre de «tous les principes de l'éthique journalistique». 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Mais même dans d'autres pays où ces dispositions n'existent pas, nous ne le faisons pas parce que cela vous place dans une situation de conflit d'intérêts et que vous préférez rester à l'écart de telles situations.»</p> <p>Ainsi, le paradis fiscal américain du Delaware n'a jamais fait l'objet de toutes les recherches sur l'évasion fiscale et l'argent de la corruption.</p> <p>L'OCCRP a tout de même effectué des recherches isolées aux Etats-Unis: par exemple sur les <a href="https://www.occrp.org/en/investigation/meet-the-florida-duo-helping-giuliani-investigate-for-trump-in-ukraine">hommes d'affaires</a> qui avaient soutenu l'avocat de Donald Trump pour nuire à Joe Biden, ou sur la manière dont le Pentagone a dépensé des sommes énormes pour <a href="https://www.occrp.org/en/project/making-a-killing/revealed-the-pentagon-is-spending-up-to-22-billion-on-soviet-style-arms-for-syrian-rebels">fournir des armes</a> à des groupes rebelles en Syrie, ou encore sur un <a href="https://www.occrp.org/en/investigation/flight-of-the-monarch-us-govt-contracted-airline-once-owned-by-criminals-with-ties-to-russian-mob">contrat</a> entre le gouvernement américain et une compagnie aérienne dont les propriétaires sont liés au crime organisé en Russie.</p> <p>Ces recherches ont manifestement respecté une autre condition imposée par les autorités américaines à l'OCCRP: l'activité doit être «en accord avec la politique étrangère et les intérêts économiques des Etats-Unis et les promouvoir.» (<a href="https://www.govinfo.gov/content/pkg/COMPS-1071/pdf/COMPS-1071.pdf">US Foreign Assistance Act</a>).</p> <h3><strong>Voici comment la «NZZ» et Tamedia ont présenté la source OCCRP</strong></h3> <p><strong>«NZZ» du 19 juillet 2023</strong></p> <p>«L'Organized Crime and Corruption Reporting Project (OCCRP) est un réseau d'organisations journalistiques fondé en 2006, basé dans de nombreux pays différents et fonctionnant sous cette forme en tant que filiale du Journalism Development Network à but non lucratif, dont le siège est dans le Maryland.»</p> <p><strong>«Tages-Anzeiger» du 21 juin 2023</strong></p> <p>«Grâce à l'organisation OCCRP, des journalistes femmes de plusieurs pays ont pu étudier ces données, dont <em>Der Standard</em> en Autriche et <em>Der Spiegel</em> en Allemagne. 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VOS RÉACTIONS SUR LE SUJET
2 Commentaires
@Ph.L. 14.02.2020 | 11h31
«Un peu d'angélisme, en conclusion de cette article, je trouve, lorsqu'on y affirme naïvement qu' "une nouvelle morale sexuelle voit le jour, fondée sur le consentement réciproque...". On entend les petites trompettes larigoter dans les nuages. Cela dit, cette conclusion correspond peu ou prou à... la morale chrétienne (même si cette affirmation va choquer les athées progressistes, j'en suis bien conscient : qu'ils me pardonnent). Et quant aux résultats du prêche et de l'affirmation de la morale du consentement mutuel et de la tendresse entre les époux (en y ajoutant la fidélité) depuis quasi 2000 ans, c'est le bilan de toutes les morales de l'histoire et cela se passe de commentaire... Si l'homme était devenu bon au tournant du XXIe siècle, cela se saurait. Les dieux grecs sont donc très semblables aux hommes, en réalité : ils sont tragiquement incorrigibles. Ah, un rappel encore : les Grecs ne croyaient pas au progrès, ami... Mais il ne faut pas enlever à l'humanité ses illusions, soit.»
@Lagom 16.02.2020 | 17h15
«A force d'aller chercher des justifications dans des mythes qui n'ont jamais existé, ou chez des tarés qui ont régné dans le passé, le lecteur est tenté d'accepter l'inacceptable et de passer l'éponge. Les abus de tout genre des dominants envers des dominés sont condamnables et encore plus quand il s'agit d'atteintes physiques à l'encontre de mineurs innocents même consentants. Bernard Pivot montre publiquement un visage jovial et aimable mais cela n'empêche pas qu'il est potentiellement un gros salopard qui considère que le penchant de son invité hisse ce dernier dans les stratosphères de l'intellect. Je trouve l'article dans son ensemble provocateur, voire tendancieux du mauvais côté en quelque sorte. »