Actuel / David contre Goliath
La petite limonade locale s'est fait une place au milieu des monstres industriels.
© 2018 Bon pour la tête - Stephan Engler
En arrivant depuis Airolo, la plupart des voitures continuent rapidement leur route vers leur destination, généralement bien plus au sud du Tessin. C’est vrai, l’autoroute qui serpente entre ombre et lumière dans la très encaissée Valle Leventina donne plutôt envie de continuer son voyage. Pour ma part, depuis quelques années déjà je prends la sortie «Biasca», porte d’entrée du Val di Blenio. C’est une vallée peu connue, car elle n’a jamais été un grand lieu de passage. Elle a donc gardé une grande partie de son authenticité.
Dans le haut du Val du Blenio, le village d’Olivone. © 2018 Bon pour la tête. Stephan Engler
Les habitants de cette région un peu à l’écart aiment se retrouver entre eux lors de repas chez les uns ou les autres, dans les fameux «Grotto» ou lors de différents événements organisés dans la vallée. Et là, surprise! A côté des traditionnels et excellents produits du terroir toujours présents sur les tables, je découvre à chaque événement une petite bouteille de limonade inconnue à mes yeux. Renseignements pris, il s’agit de la «Gazose» comme on dit ici affectueusement. Elle est produite au début de la vallée, à Biasca. Avec la concurrence sans merci des multinationales qui distribuent leurs boissons dans tous les points de vente imaginables, je ne pensais pas qu’il existait encore de nos jours des boissons gazeuses artisanales de production locale. Il fallait que j’en sache plus sur cette entreprise qui, en toute modestie, concurrence les géants internationaux du business à bulles.
Danine, mon amie tessinoise, me propose de l’accompagner chez le producteur de la «Gazose», car elle échange les bouteilles vides consignées contre des pleines à chaque fin de mois. Après avoir descendu la vallée, nous arrivons enfin dans la petite ville de Biasca. Située à côté d’une longue route rectiligne près du rond-point principal de la ville, l’entreprise Fratelli Starnini SA, fondée en 1916, est composée d’un petit bâtiment industriel gris qui était une station-service à l’origine. A gauche du bureau de l’entreprise, on découvre un grand stock de ces petites bouteilles familières, ainsi que d’autres marques bien plus connues.
Entreprise familiale
Dans la petite réception vitrée, c’est la rencontre avec Samoa Starnini, la fille du propriétaire dont l'activité principale est l’accueil des clients, en plus des tâches administratives. Elle appelle son père pour la visite de la chaîne de fabrication. Après quelques minutes d’attente dans cette petite pièce claire, avec vue sur la route, c’est l’arrivée de Fernando Starnini, heureux propriétaire de 75 ans, semi-retraité selon ses dires. S'ensuit une discussion intéressante sur les aléas de l’entreprise, en plus de 100 ans d’existence. La chaîne de production est en action une fois par semaine, le mardi. C’est avec plaisir que le patron m'invite à le suivre sur la petite échelle qui longe le stock, et qui conduit au premier étage. Je n’ai jamais vu de chaîne de fabrication d’entreprise de boissons, donc point de comparaison possible, mais une chose est sûre: c’est petit et bruyant. Le maître des lieux m'explique, avec une belle gestuelle, toutes les phases de la fabrication: lavage des bouteilles, ajout de l’arôme naturel, remplissage, jusqu’au contrôle de qualité «visuel». Il jette simultanément un œil averti sur le travail de ses quelques collaborateurs œuvrant à la création de sa «Gazose». Tout à coup, deux enfants passent rapidement à côté des machines, «c’est la prochaine génération» me dit le patriarche en souriant. Ils profitent de la pause à l'école d'à côté pour jouer dans l’entreprise familiale.
Fernando Starnini contrôle toujours la production. © 2018 Bon pour la tête. Stephan Engler
Selon le propriétaire lui-même, les outils de fabrication sont anciens, mais visiblement bien entretenus, en tout cas ils semblent fonctionner encore très bien. Dans la gamme des boissons proposées, c’est la Gazose citron qui est le produit phare. Fraîche, elle est excellente! En seconde position, c’est l’arôme mandarine (environ 30% de la production) et pour finir, la Gazose framboise – produite uniquement en été afin de rafraîchir les Tessinois. Chaque mardi, environ 4800 bouteilles sont produites ici. Ensuite, les boissons sont livrées dans toute la vallée, mais également dans certains commerces de Bellinzona et de Lugano.
La petite chaîne de fabrication. © 2018 Bon pour la tête. Stephan Engler
A la fin de la visite, et après m’avoir donné quelques bouteilles de chaque arôme pour une dégustation ultérieure, c’est avec fierté qu’avant de prendre congé, Fernando Starnini me confie que sa fille est en train de prendre sa succession. Grâce à la fidélité des habitants de la vallée, toutes générations confondues, cette entreprise à de beaux jours devant elle.
Dans notre monde globalisé, il est encourageant de constater qu’un comportement adapté permet, sans contrainte ni effort, de diminuer l’empreinte écologique, de faire perdurer un patrimoine, et de pérenniser 10 emplois dans une vallée.
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Selon Sue qui vient du monde de l’urbanisme et du transport, la réalisation de Sea Bubbles est aboutie, mais pour avoir un impact réel sur la transition énergétique il fallait s’attaquer au transport de masse. Selon une étude réalisée en Suisse, 96% des émissions de CO<sub>2</sub> sont dues aux entreprises de transport professionnelles, en comparaison la navigation de plaisance ne représente que 4% des émissions.</p> <h3>Le défi du transport à faible empreinte écologique</h3> <p>Le transport rapide par bateau («<em>fast ferry market</em>»), avec son ADN de rapidité et d’efficacité, peut s’inscrire dans le processus de la transition énergétique. De plus, le transport de masse est très intéressant pour les navettes avec des hydrofoils. Celui-ci représente plus de 2 milliards de passagers par année, soit équivalent au transport aérien. </p> <p>Les bateaux de loisirs ont été écartés du développement initial pour des raisons d’efficacité, c’est le secteur du transport de personnes qui a été retenu. Bien entendu à l’avenir, la plateforme technologique développée pourra être adaptée également au transport de marchandises et au secteur des loisirs individuels. </p> <h3>Du projet au concret</h3> <p>Les compétences et l’expérience des co-fondateurs, qui ont tous noué des liens étroits avec le monde de la navigation, ont été déterminantes pour finaliser Mobyfly. Anders Bringdal possède cinq titres de champion du monde de planche à voile, Ricardo Bencatel a travaillé sur des systèmes de contrôle automatique de foil sur des voiliers de compétition pour deux équipes de la prestigieuse America’s Cup, Luna Rossa et Oracle Team USA.</p> <p>Mais rien n’aurait pu se faire sans le financement d’investisseurs privés qui ont été séduits par ce projet et qui ont permis la création du prototype. Un autre soutien de choix est le Canton du Valais avec sa fondation The Ark qui soutient l’innovation et favorise le développement de nouvelles technologies.</p> <p>La coque est construite au Portugal, il est prévu, à l’avenir, d’y construire toutes les coques de ce projet. Tous les autres matériaux et pièces sont dans la mesure du possible <em>Swiss made</em> ainsi que, bien sûr, la recherche et le développement. Dans cette démarche responsable il est important lors des commandes de construire au plus près du client afin de minimiser l’impact écologique et pour des questions de logistique des transports.</p> <p>Les circuits courts à toutes les échelles sont privilégiés afin d’être le plus vertueux possible dans la réalisation. La vision de l’entreprise se veut globale et pas seulement opérationnelle. Pour cela l’équipe fondatrice est entourée d’une douzaine de personnes avec des compétences diverses, pour l'architecture navale, l'analyse de la performance hydrodynamique des coques, la recherche de l'équilibre... S'y associent des ingénieurs en motorisation et en électronique, une équipe marketing et commerciale, ainsi que des spécialistes de la certification du bateau pour les transports publics. Le prototype qui navigue actuellement est la plus petite des unités. Le Mobyfly 10 (10 mètres) est certifié aujourd’hui pour une capacité de 12 passagers. 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Les moteurs d’une dimension d’environ 60cm de long pour un diamètre de 17cm en fonction peuvent atteindre une température de 140 degrés. Leur refroidissement s’effectue de manière naturelle par immersion dans l’eau. Naviguer avec les foils apporte un confort inédit aux voyageurs dans la plupart des conditions de navigation. Le bateau est comme suspendu au-dessus de l’eau et créé un sillage quasi inexistant. L’hydrofoil à zéro émission peut transporter les passagers confortablement à une vitesse de 70km/h tout en utilisant 95% d’énergie en moins que les ferries diesel existants, et ce sans créer de vagues ni de pollution. Grâce à sa technologie, le bateau est d’une incroyable stabilité et possède une grande efficacité énergétique. Pour ce qui est de l’autonomie, une pleine recharge suffit pour parcourir 140km en navigation à haute vitesse: aux alentours de 26-28 nœuds, soit environ 50km/h.</p> <p>A ce jour c’est la plus grande autonomie pour un bateau électrique. 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Grâce à la qualité du concept s'adaptant aux impératifs à la fois technologiques et écologiques, Mobyfly va sans doute contribuer à modifier le transport par bateau.</p> <p><img src="https://media.bonpourlatete.com/default/w1200/1705437641_mby8.jpg" class="img-responsive img-fluid center " /></p> <h4><em>Mobyfly et ses trois co-fondateurs, de gauche à droite: Ricardo Bencatel, directeur technique, Sue Putallaz, directrice générale et Anders Bringdal, directeur design. © S.E.</em></h4>', 'content_edition' => '', 'slug' => 'un-bateau-electrique-teste-sur-le-leman', 'headline' => null, 'homepage' => null, 'like' => (int) 93, 'editor' => null, 'index_order' => (int) 1, 'homepage_order' => (int) 1, 'original_url' => '', 'podcast' => false, 'tagline' => null, 'poster' => null, 'category_id' => (int) 5, 'person_id' => (int) 5950, 'post_type_id' => (int) 1, 'post_type' => object(App\Model\Entity\PostType) {}, 'comments' => [[maximum depth reached]], 'tags' => [ [maximum depth reached] ], 'locations' => [[maximum depth reached]], 'attachment_images' => [ [maximum depth reached] ], 'person' => object(App\Model\Entity\Person) {}, 'category' => object(App\Model\Entity\Category) {}, '[new]' => false, '[accessible]' => [ [maximum depth reached] ], '[dirty]' => [[maximum depth reached]], '[original]' => [[maximum depth reached]], '[virtual]' => [[maximum depth reached]], '[hasErrors]' => false, '[errors]' => [[maximum depth reached]], '[invalid]' => [[maximum depth reached]], '[repository]' => 'Posts' }, (int) 1 => object(App\Model\Entity\Post) { 'id' => (int) 4298, 'created' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'modified' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'publish_date' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'notified' => null, 'free' => true, 'status' => 'PUBLISHED', 'priority' => null, 'readed' => null, 'subhead' => null, 'title' => 'SDF, les chemins de la solitude', 'subtitle' => 'En marchant en ville dans la rue ou dans certains lieux un peu à l’écart nous avons tous déjà croisé un SDF. Leurs quotidiens sont l’opposé de notre mode de vie sédentaire. Nous qui sommes guidés par une multitude de repères tout au long de la journée. Et que dire de ces garanties qui nous semblent acquises pour toujours, comme un chez-soi sécurisé et l’assurance de bénéficier d’une aide dans toutes sortes de situations? Cela suscite bien des interrogations. Comment en est-il arrivé là? Quel est son parcours? Depuis combien de temps vit-il comme cela?', 'subtitle_edition' => 'En marchant en ville dans la rue ou dans certains lieux un peu à l’écart nous avons tous déjà croisé un SDF. Leurs quotidiens sont l’opposé de notre mode de vie sédentaire. Et que dire de ces garanties qui nous semblent acquises pour toujours, comme un chez-soi sécurisé et l’assurance de bénéficier d’une aide dans toutes sortes de situations?', 'content' => '<p>Sur le chemin pour la gare de Vevey, il y a quelques jours déjà, ma compagne a remarqué une personne qui dormait là. Le lendemain matin préoccupée par cette situation, elle prend quelques barres de céréales pour le SDF, je l’accompagne. </p> <p>Arrivé à l’esplanade de St Martin, les couleurs du matin sont magnifiques et la vue panoramique sur les montagnes est splendide. Pourtant la personne que nous cherchons n’a pas sa place sur ce cliché de carte postale. Assis sur un banc, un peu à l’écart, nous allons à sa rencontre. Après quelques mots échangés, ma compagne lui donne son petit-déjeuner et part prendre son train. Cela le touche beaucoup, son premier problème du matin est résolu.</p> <p>Je m’assieds à côté de lui pour en savoir plus. Mohamed a 58 ans et cela fait 6 ans qu’il est sans domicile fixe. Il est très calme et parle parfaitement le français. Pendant la conversation je remarque sa main toujours posée par sécurité sur ses modestes affaires à côté de lui. </p> <p>Son regard ne trompe pas, bien sûr il est cabossé par la vie, mais il paraît honnête et sobre. 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Celle-ci est mise à disposition par son employeur. A cette époque il est marié, a un garçon et possède sa propre voiture. Du jour au lendemain tout s’écroule, lors de son divorce, il part seul avec seulement quelques affaires dans son sac à dos.</p> <h3>Sur les routes d'Europe</h3> <p>Depuis ce jour-là, ses amis lui ont tourné le dos comme c’est trop souvent le cas, et cela juste au moment où il avait le plus besoin d’eux. Avec d’autres connaissances, il a tout simplement perdu le contact, car il n’habite plus la même région.</p> <p>Durant les six années suivantes il parcourt l’Italie, la France, la Belgique, l’Allemagne et la Suisse. Pour lui c’est en Italie que les conditions de vie sont les plus dures, en raison de la situation économique, défavorable pour toute la population. </p> <p>Il m’apprend que partout pour un SDF, même dans les petites villes, existent des structures. Souvent ce sont des associations qui mettent à disposition des personnes dans le besoin des douches, une machine à laver ainsi que d’autres services. Le grand problème insoluble reste l’argent, car il faut se nourrir et se déplacer pour aller dans ces structures. Mais pour Mohamed, le plus dur est le stress de ne pas savoir s’il pourra manger à midi et le soir. Pendant ses déplacements, parfois, il trouve de petits boulots, mais tout au plus pour quelques semaines. Pas de quoi retrouver une stabilité.</p> <p>En Suisse, à plusieurs reprises, il a dormi à St Martin, le pasteur le connait bien et l’aide de différentes manières. Il apprécie beaucoup cette région car c’est un lieu calme et serein.</p> <h3>Enfin un toit</h3> <p>Aujourd’hui Mohamed est en attente d’une place chez Emmaüs, c’est prévu pour le 12 juin ou peut-être quelques jours avant car il est possible qu’un lit se libère. 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L’explication du personnel est la suivante: la carte d’accès en plastique actuelle au format carte de crédit ne sera bientôt plus valable, pourtant elle fonctionne très bien avec le même système de lecture électronique. Résultat, des milliers de cartes en plastique à la poubelle.</p> <p>C’est d’autant plus incompréhensible que lors d’une visite sur la page d’accueil du géant orange le développement durable est bien mis en avant et parait être une priorité pour l’entreprise. </p> <p>Autre exemple, un rasoir Philipps Multigroom Pro. Après plusieurs années d’utilisation il fonctionne toujours parfaitement, seule la batterie rechargeable doit être changée. Après quelques recherches pour trouver le service officiel de Phillips en Suisse, surprise, il n’y a pas d’accu de rechange, selon eux c’est un «Exchange-Produkt», autrement dit, si pendant la garantie ce produit tombe en panne un nouveau modèle est envoyé à l’acheteur et l’ancien mis à la poubelle ou plutôt «recyclé». 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Pour les autorités, une population dense dans cette zone frontalière était un gage de sécurité. Mais malgré les avantages, la rigueur du climat et les voies de communications peu développées découragèrent un grand nombre de candidats. Avant cet essai d’installation, La Brévine fut exploitée par quelques paysans du Val-de-Travers voisin, notamment pour la coupe de bois, et ceci depuis la moitié du XIIIe siècle. Le vallon de La Brévine est alors appelé Chaux-des-Taillères ou Chaux d’Etaillières. Ensuite, l’arrivée de Huguenots fuyant France lui fait connaître un certain essor. En 1604, un temple est construit au hameau de la Brevena (de <em>abrevena</em> qui signifie abreuvoir), ce qui a pour conséquence de faire prévaloir le nom actuel dès le milieu du XVIIe siècle; aujourd’hui encore une fontaine figure sur les armoiries de la commune. Une autre date historique marquante est le 1er mars 1848, quand la Révolution neuchâteloise renversa la monarchie et que les Bréviniers s'opposèrent à l'ordre nouveau. Avec leurs voisins, ils créèrent la petite Vendée neuchâteloise, occupèrent Le Locle puis furent battus et s'exilèrent momentanément à Morteau. Le roi de Prusse céda finalement ses droits sur Neuchâtel le 26 mai 1857 en signant un traité à Paris. L'année suivante, l'ex-principauté se donna une constitution républicaine et La Brévine perdit sa mairie et ses douze juges.</p> <h3>En route pour la Vallée</h3> <p>Il y a longtemps que nous étions intrigués par cette localité de 630 habitants souvent citée en hiver pour son froid intense alors qu’elle se situe à une altitude de 1046 mètres seulement. Pour nous y rendre, nous avons choisi la route pittoresque depuis Couvet. Cette route secondaire nous amène avec ses nombreuses courbes entre prairie et forêt vers les hauteurs du lieu-dit Les Sagnettes. Un peu plus haut débute le chemin pédestre pour la Glacière de Montlési, phénomène naturel local. Eh oui, même en été il y a de la glace ici! Ensuite, la route descend lentement entre plusieurs fermes éparses. Quelques lacets plus tard, nous apercevons enfin la vallée, le clocher de La Brévine entouré par les maisons du village. En moins de temps qu’il ne faut pour le dire, nous voici au centre du village. Tout y est concentré: la boulangerie, l’église, l’administration communale, l’épicerie et l’Hôtel-de-Ville. Seul la boucherie et la fromagerie dérogent à cette règle et se trouvent légèrement en retrait. C’est le paradis du petit commerce, il n’existe pas de grandes surfaces dans la région. Dans la vallée de La Brévine, contrairement à trop d’autres endroits, les circuits courts et le manger local sont toujours de mise.</p> <p>Dans la salle à manger de l’Hôtel-de-Ville, Jean-Maurice Gasser, instigateur du Sentier des Bornes, nous attend. Passionné par l’histoire de sa commune, il nous parle de son nouveau projet concernant Michel Hollard, résistant de la Seconde guerre mondiale. C’est l’homme qui a sauvé Londres grâce aux informations passées par la frontière franco-suisse de La Brévine, laquelle se situe à quelques centaines de mètres du village. Ce courageux ingénieur en mécanique oublié par l’histoire a fondé, dès 1941, le réseau de renseignement «Agi» afin de surveiller les mouvements de l’armée allemande en France. Lors de ses nombreux voyages clandestins, il a apporté des informations cruciales à l’ambassade d’Angleterre à Berne. La plus importante d’entre elles étant sans doute l’emplacement en Normandie des rampes de lancement des missiles dirigés vers la capitale britannique, les tristement célèbres V1. Grâce à cette information ceux-ci ont pu être détruits par les Alliés.</p> <p>Après cet interlude historique, c’est sur la terrasse du restaurant que nous rencontrons Luca Bonnet qui, à 24 ans, est déjà un passionné de sa région. Il nous apprend une autre anecdote concernant le Sentier des Bornes. Il y a des années, un paysan venant du lieu-dit Les Charmottes en France apportait son lait à la laiterie de La Brévine, ceci parce que c’était plus court pour lui que d’aller à la laiterie française. Aujourd’hui encore les activités rurales sont ici importantes: la vallée ne possède pas moins de six laiteries! </p> <h3><strong>Ambiance matinale </strong></h3> <p>Le lendemain matin, surprise! Une fine couche de brouillard stagne et enveloppe les maisons. Cela corrobore l’explication que nous avons eue hier soir concernant les froids hivernaux et le climat particulier de La Brévine. C’est la topographie qui fait que le brouillard et le froid s’accumulent et stagnent ici, n’ayant pas de sortie possible. Sur la façade de la maison communale, juste à côté de la fontaine, se trouve l’indicateur de température fixé il y a peu. Le record de froid de 1987, de -41,8 degrés, est bien entendu indiqué, mais aussi la température de Grono, un village grison (dans la partie italophone du canton). Celui-ci possède le record de la température la plus chaude de Suisse. Décidément, tout est une question de températures chez les Bréviniers.</p> <h3><strong>Le lac des mystères</strong></h3> <p>Il n’y a pas de problème d’orientation: à la sortie du village à gauche c’est la route vers le lac des Taillères, à droite Le Cerneux-Péquignot, après l’église c’est la direction de La Chaux-du-Milieu.</p> <p>De nombreux lieux se nomment Chaux également de l’autre côté de la frontière. Selon les habitants, le mot <em>calma,</em> dérivé du bas latin, désigne probablement dans le Haut-Jura une large vallée dépouillée d’arbres.</p> <p>Nous avons une pensée émue pour le facteur, car le code postal 2406 est partagé à la fois par les hameaux de La Châtagne, Le Brouillet, Les Taillères ainsi que par le village de La Brévine. </p> <p>Après quelques minutes de route, nous arrivons au fameux lac des Taillères, si cher aux habitants de la vallée. Le parking est très apprécié des camping-cars de toutes sortes, du bus modifié des années 70 au luxueux véhicule aux plaques zurichoises.</p> <p>Pour profiter pleinement de la quiétude du lieu, il faut suivre le chemin pédestre qui longe un côté du lac, et l’idéal est d’arriver tôt le matin. 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D'après certaines archives, l'exploitation aurait débuté aux environ de 1665. La source connut vraisemblablement son apogée dans la seconde partie du XVIIIe siècle. Cette eau n'était pas seulement bue sur place, elle s'exportait également dans des bouteilles pas trop remplies et bien «goudronnées». En effet, le gaz contenu dans l'eau faisait souvent sauter le verre. C'est par caisses entières que La Brévine en expédiait. Mais l’attractivité s’amoindrit lorsque les médecins envoyèrent leurs malades dans les Alpes, au détriment de la source de La Brévine. En conséquence, au début du XXe siècle, personne, sinon par curiosité, n'en buvait.</p> <p>Mais revenons à notre sentier frontalier. Après une courte montée nous découvrons les premières bornes ainsi qu’un panneau indicateur. Des informations précises sont notées sur celui-ci concernant les marchandises autorisées par la douane lors du passage de cette symbolique frontière. Le voyage dans le temps par le Sentier des Bornes dure un peu plus de deux heures, il suit le tracé de la frontière franco-suisse qui sépare les deux pays depuis 1766.</p> <h3><strong>D’une ferme typique en lieu culturel </strong></h3> <p>Située en contre-bas de la route qui relie La Brévine et La Chaux-du-Milieu, une magnifique ferme neuchâteloise a été transformée en lieu culturel. La première mention de cette bâtisse date de 1503. Ses habitants ont été défricheurs, paysans, horlogers, bûcherons et dentellières. La dernière famille ayant habité la ferme du Grand-Cachot-de-Vent la quitta en 1954. Le bâtiment fut alors vendu pour servir pendant quelques temps de logement de vacances. Mais le manque d’entretien et l’hiver ont eu raison de son toit en 1963, et il était voué à la démolition. Heureusement, un instituteur de Neuchâtel, Pierre von Allmen, comprit son importance patrimoniale et architecturale. 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VOS RÉACTIONS SUR LE SUJET
2 Commentaires
@Giangros 03.08.2018 | 10h39
«Merci ! Ça donne envie d’y goûter ! »
@Lopog 03.08.2018 | 18h46
«Vu que vous êtes dans cette belle vallée qui est celle
de mes origines, je vous conseille de raconter les nombreuses histoires qui l’habitent. L’histoire de la Cima Norma (chocolat) et de ses patrons français et tessinois. L’histoire de la révolution radicale du 19eme où Carlo Poglia dû se cacher pour fuir les réactionnaires car condamnés aux pire et qui finalement devint le premier président du Conseil dEtat du tessinois moderne, sans compter ou conter l’utopie de loger les autorités dans un palace a Olivone, maison qui trône fièrement au milieu du village. Je ne parlerai pas non plus de la doyenne actuelle du village qui travailla dans a jeunesse en Angleterre comme bcp de personnes de la vallée. Le cercle tessinois de Londres est riche de son histoire bleniese...
Le côté red neck à pick up actuel cache une riche histoire de personnes qui comme mon grand-pere se trouva à 12 sur les quais pour partir aux Amériques et qui ne parti jamais, mais fût entrepreneur total ( épicerie, taxi, essence, boulangerie, cabinet dentaire). C’est une histoire suisse que bcp d’autres régions connaissent aussi.»