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Actuel / David contre Goliath

Stephan Engler

3 août 2018

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En arrivant depuis Airolo, la plupart des voitures continuent rapidement leur route vers leur destination, généralement bien plus au sud du Tessin. C’est vrai, l’autoroute qui serpente entre ombre et lumière dans la très encaissée Valle Leventina donne plutôt envie de continuer son voyage. Pour ma part, depuis quelques années déjà je prends la sortie «Biasca», porte d’entrée du Val di Blenio. C’est une vallée peu connue, car elle n’a jamais été un grand lieu de passage. Elle a donc gardé une grande partie de son authenticité.



 

Dans le haut du Val du Blenio, le village d’Olivone. © 2018 Bon pour la tête. Stephan Engler

Les habitants de cette région un peu à l’écart aiment se retrouver entre eux lors de repas chez les uns ou les autres, dans les fameux «Grotto» ou lors de différents événements organisés dans la vallée. Et là, surprise! A côté des traditionnels et excellents produits du terroir toujours présents sur les tables, je découvre à chaque événement une petite bouteille de limonade inconnue à mes yeux. Renseignements pris, il s’agit de la «Gazose» comme on dit ici affectueusement. Elle est produite au début de la vallée, à Biasca. Avec la concurrence sans merci des multinationales qui distribuent leurs boissons dans tous les points de vente imaginables, je ne pensais pas qu’il existait encore de nos jours des boissons gazeuses artisanales de production locale. Il fallait que j’en sache plus sur cette entreprise qui, en toute modestie, concurrence les géants internationaux du business à bulles.

Danine, mon amie tessinoise, me propose de l’accompagner chez le producteur de la «Gazose», car elle échange les bouteilles vides consignées contre des pleines à chaque fin de mois. Après avoir descendu la vallée, nous arrivons enfin dans la petite ville de Biasca. Située à côté d’une longue route rectiligne près du rond-point principal de la ville, l’entreprise Fratelli Starnini SA, fondée en 1916, est composée d’un petit bâtiment industriel gris qui était une station-service à l’origine. A gauche du bureau de l’entreprise, on découvre un grand stock de ces petites bouteilles familières, ainsi que d’autres marques bien plus connues. 

Entreprise familiale

Dans la petite réception vitrée, c’est la rencontre avec Samoa Starnini, la fille du propriétaire dont l'activité principale est l’accueil des clients, en plus des tâches administratives. Elle appelle son père pour la visite de la chaîne de fabrication. Après quelques minutes d’attente dans cette petite pièce claire, avec vue sur la route, c’est l’arrivée de Fernando Starnini, heureux propriétaire de 75 ans, semi-retraité selon ses dires. S'ensuit une discussion intéressante sur les aléas de l’entreprise, en plus de 100 ans d’existence. La chaîne de production est en action une fois par semaine, le mardi. C’est avec plaisir que le patron m'invite à le suivre sur la petite échelle qui longe le stock, et qui conduit au premier étage. Je n’ai jamais vu de chaîne de fabrication d’entreprise de boissons, donc point de comparaison possible, mais une chose est sûre: c’est petit et bruyant. Le maître des lieux m'explique, avec une belle gestuelle, toutes les phases de la fabrication: lavage des bouteilles, ajout de l’arôme naturel, remplissage, jusqu’au contrôle de qualité «visuel». Il jette simultanément un œil averti sur le travail de ses quelques collaborateurs œuvrant à la création de sa «Gazose». Tout à coup, deux enfants passent rapidement à côté des machines, «c’est la prochaine génération» me dit le patriarche en souriant. Ils profitent de la pause à l'école d'à côté pour jouer dans l’entreprise familiale.

Fernando Starnini contrôle toujours la production. © 2018 Bon pour la tête. Stephan Engler

Selon le propriétaire lui-même, les outils de fabrication sont anciens, mais visiblement bien entretenus, en tout cas ils semblent fonctionner encore très bien. Dans la gamme des boissons proposées, c’est la Gazose citron qui est le produit phare. Fraîche, elle est excellente! En seconde position, c’est l’arôme mandarine (environ 30% de la production) et pour finir, la Gazose framboise – produite uniquement en été afin de rafraîchir les Tessinois. Chaque mardi, environ 4800 bouteilles sont produites ici. Ensuite, les boissons sont livrées dans toute la vallée, mais également dans certains commerces de Bellinzona et de Lugano.

 

La petite chaîne de fabrication. © 2018 Bon pour la tête. Stephan Engler

A la fin de la visite, et après m’avoir donné quelques bouteilles de chaque arôme pour une dégustation ultérieure, c’est avec fierté qu’avant de prendre congé, Fernando Starnini me confie que sa fille est en train de prendre sa succession. Grâce à la fidélité des habitants de la vallée, toutes générations confondues, cette entreprise à de beaux jours devant elle.

Dans notre monde globalisé, il est encourageant de constater qu’un comportement adapté permet, sans contrainte ni effort, de diminuer l’empreinte écologique, de faire perdurer un patrimoine, et de pérenniser 10 emplois dans une vallée.

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VOS RÉACTIONS SUR LE SUJET

2 Commentaires

@Giangros 03.08.2018 | 10h39

«Merci ! Ça donne envie d’y goûter ! »


@Lopog 03.08.2018 | 18h46

«Vu que vous êtes dans cette belle vallée qui est celle
de mes origines, je vous conseille de raconter les nombreuses histoires qui l’habitent. L’histoire de la Cima Norma (chocolat) et de ses patrons français et tessinois. L’histoire de la révolution radicale du 19eme où Carlo Poglia dû se cacher pour fuir les réactionnaires car condamnés aux pire et qui finalement devint le premier président du Conseil dEtat du tessinois moderne, sans compter ou conter l’utopie de loger les autorités dans un palace a Olivone, maison qui trône fièrement au milieu du village. Je ne parlerai pas non plus de la doyenne actuelle du village qui travailla dans a jeunesse en Angleterre comme bcp de personnes de la vallée. Le cercle tessinois de Londres est riche de son histoire bleniese...
Le côté red neck à pick up actuel cache une riche histoire de personnes qui comme mon grand-pere se trouva à 12 sur les quais pour partir aux Amériques et qui ne parti jamais, mais fût entrepreneur total ( épicerie, taxi, essence, boulangerie, cabinet dentaire). C’est une histoire suisse que bcp d’autres régions connaissent aussi.»


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