A vif / L'affreuse journée de Barcelone
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Ce qui est sûr, c’est que le gouvernement espagnol a perdu la bataille des images. Toutes les télévisions du monde ont montré des flics vidant des urnes, matraquant ceux qui les défendaient. Le pouvoir de l’Etat est tombé dans le piège. Au lieu de laisser faire un référendum-bidon, organisé sans aucune garantie démocratique, au lieu de dégonfler un acte symbolique, il lui a donné une dimension politique gravissime.
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Dont les vues ont été mises en œuvre au-delà de ce qu’il put espérer dans le modèle productiviste et consumériste en Occident. Et pas là seulement. A leur manière, l’URSS, puis la Russie, la Chine, l’Inde et tant de pays développés, entrent en fait dans les mêmes schémas industriels et commerciaux. Sans parler des Etats-Unis qui étendent le modèle sous de nouvelles formes, jusqu’à l’implanter dans le monde entier, sans grande opposition, à travers le numérique qui fait de nous de nouveaux consommateurs. </span></p> <p><span>L’Europe a apporté autre chose au monde. Dès le XVIIIème siècle. Les Lumières, de Spinoza à Newton, de Descartes à Bayle. Avec l’apologie de la science contre l’obscurantisme. De l’émancipation opposée à la soumission. Avec cette notion unique jusqu’alors dans l’humanité: la liberté individuelle. 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Le best-seller de Emmanuel Todd (<em>La défaite de l’Occident</em>, éd. Gallimard) en fait brillamment le tour, y compris pour la Grande-Bretagne si chère à son cœur. Un peu simpliste parfois, lorsqu’il insiste lourdement sur l’abandon de la pratique religieuse, surtout celle des protestants qu’il a en si haute estime. Mais il a raison de parler de la montée du nihilisme. En Amérique étendu à l'Europe. Le consumérisme finit par consumer la petite flamme qui fait le propre de l’humanité. Selon le philosophe français Abdennour Bidar «l’humanisme est le fil directeur ou l’inspiration profonde de l’histoire culturelle de l’Occident». Mais où le renouer, ce fil? Par l’école, bien sûr, et pas celle des programmes mijotés de Microsoft, par la méditation, par un dialogue respectueux et curieux avec d’autres civilisations. Un petit tour en Asie, en Afrique, en Amérique latine, ça aide à comprendre le monde et à se connaître soi-même. Et surtout, c’est plus abordable, la lecture! Celle du livre Martin Bernard ouvre tant de perspectives stimulantes... Il foisonne de citations-clés. Au moins lire le dos de la couverture: «S’interroger sur l’avenir du continent européen n’a pas pour ambition de créer un nouvel impérialisme rivalisant avec ceux des autres grandes puissances, mais de susciter un nouvel espoir civilisationnel centré sur le respect et l’intégrité de la personne humaine et de la nature, ainsi que sur de nouvelles formes d’entraide et de spiritualité. 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Ils rencontrent beaucoup de problèmes ces temps-ci…', 'content' => '<p><span>Les minorités russophones sont perçues, à tort ou à raison, comme des sympathisants de Poutine. Le gouvernement a lancé tout un programme de «dérussification»: interdiction de regarder les télés et d'écouter les radios russes, restrictions des programmes locaux dans cette langue qui d’ailleurs disparaîtra totalement des écoles en 2025. Les russophones qui n’ont plus de passeports depuis la fin de l’URSS doivent maintenant obtenir un permis de séjour soumis à un examen de langue. S’ils ne maîtrisent pas suffisamment le letton, s’ils ratent un deuxième essai, ils sont menacés d’expulsion vers la Russie. Les jeunes générations sont peu touchées mais les personnes âgées se trouvent dans des situations difficiles au quotidien. L’administration a banni le russe. A Riga, dans les rues, dans les magasins, à l’aéroport, plus une enseigne en caractères cyrilliques. 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Comme si la fin de l’escalade belliqueuse ne permettait pas d’espérer au contraire une amorce de détente et d’accord avec la Russie propice à toutes les parties.</span></p> <p><span>Voir émerger de très jeunes dirigeants est réjouissant à l’heure où tant de vieux, de très vieux Présidents s’accrochent sans fin au pouvoir. Quel plaisir ainsi d’entendre le jeune chef d’Etat du Chili, Gabriel Boric (38 ans), réinventer la gauche latino-américaine en la débarrassant de ses scories idéologiques. Mais il émerge aussi des freluquets. Sans expérience de vie, sans profondeur, sans réel parcours démocratique. Brûlant d’abord et avant tout d’ambition politicienne. </span><span>Dans la catégorie des poids légers français, il y en a un qui fait plutôt pitié. L’ex-conjoint de Gabriel Attal, Stéphane Séjourné (38 ans), promis au rang de ministre de l’Europe et des Affaires étrangères. A l’oral le malheureux multiplie les fautes grossières de français. 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L’idée du référendum a été lancé par les indépendantistes au lendemain d’élections décevantes pour eux. Leur cause tendait à s’essouffler du fait qu’une grande partie de la population, notamment venue d’ailleurs, s’inquiète du projet. Le chef du mouvement, Carles Puigdemont, a choisi la fuite en avant. Le coup a partiellement réussi… en raison de la maladresse politique et la brutalité du pouvoir de Madrid.
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Le feu est dans la maison
Toute cette journée de dimanche, des personnalités respectables ont défilé devant les caméras de la télévision espagnole pour dénoncer cette «farce». Elles s’exprimaient sur un ton calme. Avec des arguments assez convaincants. Les rares voix indépendantistes étaient plus emportées. Mais qui, en Catalogne, pouvait bien entendre les appels à la raison et au dialogue? Le feu est dans la maison. Les opposants au projet de Puigdemont se taisent. Ses partisans se déchaînent et rentabilisent à leur profit l’émoi des étrangers devant des images détestables.
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Comme la charte fondamentale espagnole peut être aussi repensée en vue d’un véritable Etat fédéral, avec toutes les garanties pour les diverses régions d’être entendues et de se faire entendre. L’actuel puzzle de statuts d’autonomie divers et inégaux a fait son temps. Deux hommes l’ont probablement fait aussi après cette affreuse journée: Carles Puigdemont et Mariano Rajoy.
«Une idéologie dépassée, provinciale et aberrante»
Reste, au-delà de l’actualité, une question qui taraude bien des Européens. Le grand écrivain péruvien, Mario Vargas Llosa, qui connaît parfaitement l’Espagne, la pose ainsi: «Comment se peut-il qu’en Catalogne, une des régions les plus cultivées et cosmopolites d’Espagne, apparaisse avec cette ampleur une idéologie aussi dépassée, provinciale et aberrante que le nationalisme? Rien n’est plus opposé au provincialisme raciste et anachronique que la grande tradition culturelle bilingue de la Catalogne, avec ses artistes, musiciens, architectes, poètes, romanciers, chanteurs qui furent presque toujours à l’avant-garde, expérimentant des formes et des techniques nouvelles, s’ouvrant au reste du monde, s’appropriant l’innovation avec appétit et la propageant dans le reste de l’Espagne. Comment faire coïncider un Gaudi, un Dali, ou un Tàpies avec un Puigdemont ou un Junqueras?»
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Dans El Periodico That's all folks, par Artur Mas
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Qui peut être amélioré. Car le vieux plaideur de l’autonomie, Artur Mas, a quelque raison d’écrire dans <em>El Periodico</em>: « Si nous en sommes arrivés à ce point, c’est parce qu’au long de la dernière décade, les institutions espagnoles ont fermé, une à une, les portes que nous leur ouvrions vers une issue négociée, contractuelle, consensuelle, des adjectifs qui paraissent avoir disparu du vocabulaire de Rajoy (<em>le premier Ministre, ndlr</em>) et compagnie ». </p><p>Comme la charte fondamentale espagnole peut être aussi repensée en vue d’un véritable Etat fédéral, avec toutes les garanties pour les diverses régions d’être entendues et de se faire entendre. L’actuel puzzle de statuts d’autonomie divers et inégaux a fait son temps. 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Comme si la fin de l’escalade belliqueuse ne permettait pas d’espérer au contraire une amorce de détente et d’accord avec la Russie propice à toutes les parties.</span></p> <p><span>Voir émerger de très jeunes dirigeants est réjouissant à l’heure où tant de vieux, de très vieux Présidents s’accrochent sans fin au pouvoir. Quel plaisir ainsi d’entendre le jeune chef d’Etat du Chili, Gabriel Boric (38 ans), réinventer la gauche latino-américaine en la débarrassant de ses scories idéologiques. Mais il émerge aussi des freluquets. Sans expérience de vie, sans profondeur, sans réel parcours démocratique. Brûlant d’abord et avant tout d’ambition politicienne. </span><span>Dans la catégorie des poids légers français, il y en a un qui fait plutôt pitié. L’ex-conjoint de Gabriel Attal, Stéphane Séjourné (38 ans), promis au rang de ministre de l’Europe et des Affaires étrangères. A l’oral le malheureux multiplie les fautes grossières de français. 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A quel traître, à quel lâche cette dame va-t-elle comparer le pape François qui ose souhaiter un accord de paix?</span></p> <p><span>Professeur d’histoire et auteur de plusieurs ouvrages démontant les mythes historiques et leur instrumentalisation politique, l’historien Christophe Naudin ne mâche pas ses mots: «Faut arrêter avec les parallèles historiques à la con, à droite comme à gauche, 1914 comme 1938. Et plus encore quand on n’y connaît rien».</span></p> <p><span>Vladimir Poutine, lui, la connaît, l’histoire. Elle l’obsède même. Au point de commencer son interview avec l’Américain Tucker Carlson par une leçon de vingt minutes. Il y soulève des points fondés et intéressants, notamment sur les refus répétés des Occidentaux d’arrimer la Russie à leur bateau après l’effondrement de l’URSS. Il ose condamner le pacte germano-soviétique d’août 1939. 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