A vif / Et l’opérette, ça vous chante?
Richard Dubugnon, compositeur suisse: «L’homme n’a pas évolué moralement depuis l’Antiquité. Pire: il a mis son affolante technologie au service de ses tares les plus viles.» © Ruslan Makushkin
Du 11 au 20 janvier prochains, à la Grange de Dorigny, se donnera la première, en création, d’une opérette du compositeur Richard Dubugnon, sous le titre de «Jeanne et Hiro». A peine deux mois après la création du «Mystère d'Agaune», oratorio salué par d’aucuns comme un chef-d’œuvre, et la présentation à Lyon d’une autre œuvre originale à caractère napoléonien, l’incursion de Richard Dubugnon dans le genre festif, voire folâtre de l’opérette, exigeait un éclaircissement, dûment apporté par notre entretien exclusif plutôt qu’inclusif…
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Il est vrai que l’on nommait les compositeurs «Maître» encore au début du siècle passé, or aujourd’hui seuls les chefs d’orchestre ont droit à ce terme flatteur, et en italien s’il vous plaît, alors que sans le compositeur, ils n’auraient rien à diriger…</p><p>Pour 2019, je ne suis pas devin, s’il y avait un horizon à imaginer «en bien», ce serait l’ébauche d’une action globale pour sauver le climat de notre planète! Je crains cependant que 2019 ne soit que la continuation de 2018: plus de pollution, plus d’insécurité, plus de peur, donc plus d’agressivité, hélas. L’homme n’a pas évolué moralement depuis l’antiquité. Pire: il a mis son affolante technologie au service de ses tares les plus viles. Mon souhait caché serait que la morale de mon ouvrage, que vous découvrirez en fin d’entretien, soit suivie par tous.</p><p><strong>La rumeur parle de votre prochain ouvrage en le qualifiant d’opérette. Est-ce bien sérieux? </strong></p><p>Il s’agit en effet d’une opérette mais – comme le terme le laisse deviner – c’est évidemment pour ne pas se prendre au sérieux. Une réaction sans doute à l’actualité que nous servent les médias friands de sensationnalisme et qui fait leur pain quotidien. En réalité, cela fait longtemps que je voulais m’amuser et montrer mon penchant clownesque, qui est plus «moi» dans la vie réelle que le compositeur de concertos et de musique savante.</p><p><strong>L’on dit aussi que l’opus en question sera représenté dans une grange. 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Ce transit m'est donc intrinsèque, il est organique, intestinal. </p><p><strong>Qu’en est-il de vos interprètes, chanteurs et musiciens? Vont-ils nous dérider?</strong></p><p>«C’est pas tous les jours qu’on vous déride les fesses», disait notre ami Tonton Georges, mais il s’agit de la troupe Cluster Créations, dirigée par Elisabeth Greppin-Péclat, rompue à l’exercice de création, puisqu’elle avait notamment ressuscité l’opéra Sauvage du regretté Dominique Lehmann en cette même Grange de Dorigny en 2016. <em>Pour Jeanne & Hiro,</em> le foisonnement de Rio nécessite des artistes versatiles capables de faire plusieurs personnages à la fois, des musiciens jouant de plusieurs instruments dans plusieurs styles, du classique au funk en passant par la samba bien sûr, et capables de jouer la comédie. Il y aura aussi de la vidéo, des effets sonores et un peu de magie. Je fais appel à cinq chanteurs, un petit orchestre de couleur jazz: piano, basse, batterie, percussion. 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Condamné à mort une première fois, puis libéré, exilé en Italie, voyageant de là en France où il se livra au journalisme, il revint en Russie dès 1916, adhéra à la Révolution de Février, mais s'éleva contre celle d'Octobre et, en 1919, passa une nouvelle fois à deux doigts de la mort, séjournant quelque temps dans la sinistre fosse du «vaisseau de la mort» de la Loubianka (prison de la Tchéka) qu'il décrit dans les deux livres auxquels le lecteur de langue française a désormais accès: <i>Saisons</i>, son autobiographie, et <i>Une rue à Moscou. </i></p> <p>Expulsé d'Union soviétique en 1922, réfugié à Paris jusqu'en 1940, puis finissant ses jours dans une petite maison située au cœur de la France occupée, Michel Ossorguine semble n'avoir gardé aucun ressentiment à l'égard d'un régime qu'il a certes combattu, acceptant comme une composante de l'âme et de l'histoire de son peuple bien-aimé le dernier état, catastrophique, de la révolution trahie.</p> <p>Aussi peu marxiste que peut l'être un individualiste ennemi des systèmes simplificateurs, ayant éprouvé la vérité de ses opinions au trébuchet de l'expérience et des souffrances humaines, il nous a laissé, avec <i>Une rue à Moscou</i>, le témoignage artistique le plus extraordinaire qui soit sans doute, recouvrant la période de 1914 aux années 1920 – exceptionnel en cela qu'il prend le parti des humains contre celui des idées, celui des destins particuliers contre celui des concepts abstraits.</p> <h3>Une journée merveilleuse</h3> <p>Roman de presque cinq cents pages serrées divisé en tout petits chapitres, <i>Une rue à Moscou</i> s'ouvre sur une merveilleuse journée, dans la maison d'angle d'une ruelle connue sous le nom de Sivtzev Vrajek, domicile d'un vieil ornithologue savant, célèbre dans le monde entier pour ses travaux. </p> <p>C'est le temps du retour des hirondelles, et la délicieuse Tanioucha, petite-fille du professeur, apparaît à la fenêtre, qui va éclairer de son sourire jusqu'aux pages les plus tragiques du livre. Le soir, tout un monde d'amis et de connaissances afflue dans la maison de Sivtzev Vrajek – que l'auteur nous présente d'emblée comme le centre de l'univers –, l'on converse et l'on écoute les dernières compositions d'un musicien de grand talent, Edouard Lvovitch.</p> <p>Il y a là un étudiant ratiocineur, l'une des premières victimes de la guerre toute proche, un savant biologiste, le jeune Vassia préparateur à l'université, un jeune officier plein d'avenir (et l'on verra duquel!) du nom de Stolnikov, la grand-mère Aglaya Dmitrievna, et bien d'autres personnages encore que nous suivrons dans leur destinée.</p> <p>De fait, tandis qu'Edouard Lvovitch exécute au piano son improvisation sur le thème du «Cosmos», la vie, elle, poursuit son œuvre féconde et destructrice à la fois. Pour annoncer la guerre, Ossorguine décrit alors une bataille rangée de fourmis: «Comme un invisible ouragan, comme une catastrophe universelle, une force divine, irrésistible et destructrice traversa l'espace, inconnu même à l'esprit de la fourmi la plus avisée». Et d'enchaîner aussitôt après: «Les armées des fourmis ne furent pas les seules à périr»...</p> <p>Et l'on entre dans le tourbillon. Mais que le lecteur n'imagine pas que le mouvement du livre va s'accélérer, pour céder au pathétique. Non: patiemment, posément, Ossorguine agence sur la muraille chaque élément de son immense fresque, laquelle comptera des visions d'une horreur insoutenable, pondérées cependant par le contrepoint des zones lumineuses de la vie reprenant ses droits.</p> <h3>La duperie compliquée et grandiose</h3> <p>De quoi est faite l'Histoire? A en croire Michel Ossorguine, qui en parle assez longuement dans <i>Saisons,</i> ce ne sont pas les historiens brassant leurs papiers poussiéreux qui nous renseigneront les mieux. Le «bruit du temps», dont parle Ossip Mandelstam, n'est pas à écouter dans les bibliothèques ou les archives, mais c'est dans la rue, dans les cours intérieures des maisons, dans les trains et sur les places qu'il faut lui prêter l'oreille. 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Quant aux gens bornés, ils parlaient de simple duperie, ce qui était injuste: la duperie était très compliquée et grandiose…»</p> <p>Plus compliquée et plus grandiose, encore, car née du peuple, et non plus seulement orchestrée par les puissants de ce monde, sera la duperie de la Révolution, et la vision qu'Ossorguine nous en donnera, multipliant les points de vue, saura nous apprendre, par le détail, à replacer chaque élan légitime et chaque erreur dans le contexte dramatique d'alors: «Des deux côtés, il y avait des héros, des cœurs purs, des sacrifices, des hauts faits, de l'endurcissement, une noble humanité non livresque, de la cruauté bestiale, la crainte, les désillusions, la force, la faiblesse, le morne désespoir. Il eût été beaucoup trop simple, et pour les survivants et pour l'histoire, qu'il existât une vérité unique ne combattant que contre le mensonge. Car il y avait deux vérités et deux honneurs luttant l'un contre l'autre. 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Si toutes les classes sociales ne sont pas représentées par Ossorguine (point de bourgeois ni d'aristocrates, par exemple), il nous invite néanmoins à suivre les faits et gestes d'une poignée de braves gens, parmi lesquels il s'en trouvera de plus vulnérables que les autres – ou de moins chanceux, tout simplement –, qui succomberont à la première vague d'événements.</p> <p>Il en va ainsi du beau Stolnikov, les jambes sectionnées par un obus, homme-tronc monstrueux qui finira par se jeter du haut d'une fenêtre; et d'autres qui, lors des années de famine, «s'arrangeront» comme ils pourront avec le nouveau régime, tel le misérable Zavalichine, devenu bourreau de la Tchéka en sorte de toucher de plus abondantes rations.</p> <p>Or Michel Ossorguine ne juge pas, et n'accuse jamais. Ce n'est pas «omnitolérance» de sa part, car on sent bien la sourde colère qu'il entretient à l'endroit des «grosses légumes», mais cela participe bien plutôt de son choix de décrire et d'expliquer le sort et les réactions d'une humanité moyenne prise dans un engrenage qui la dépasse.</p> <p>C'est là justement que réside l'immense intérêt d'<i>Une rue à Moscou</i>, sans compter la foison de détails observés par l'auteur. Le roman s'achève, après l'audition de l'Opus 37, dernière œuvre d'Edouard Lvovitch dans laquelle le génial musicien (on pense à Chostakovitch) concentre les aboutissants de la tragédie: «Le sens du chaos est né. 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Bon. Mais encore? On ne va pas tout raconter: lisez…</p> <p>Or ce qui marque la différence entre une série télé, – même les meilleures, comme la «mini» suédoise <i>Une si belle famille</i> – et ce roman, c’est qu’on oublie tout très vite de celle-là quand celui-ci nous reste «imprimé» en mémoire, avec tous ses personnages, ses dialogues incrustés dans le récit, ses moindres péripéties brassées dans le mouvement tourbillonnant de la narration, sa mélodie et ses sanglots – la sclérose en plaques de Judith, les désarrois de Clémence, le cancer de Karine, la rage de jalousie résignée d’Anne-Lise – ses cruautés compulsives et ses pardons, bref: la vie ressaisie par un regard aimant (aimant au double sens) et l’admirable travail d’un style.</p> <hr /> <p><img src="https://media.bonpourlatete.com/default/w1200/1709207682_9782080246066.jpg" class="img-responsive img-fluid left " width="200" height="311" /></p> <h4>«Les Indulgences», Pascale Kramer, Editions Flammarion, 249 pages.</h4>', 'content_edition' => '', 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jamais cessé de confronter sa modeste destinée de polygraphe autodidacte à celle de ces titans peu académiques que furent un Nietzsche – auquel il vient d’ailleurs de consacrer une nouvelle approche via la musique – ou un Pessoa, un Freud ou un Walter Benjamin, un Pavese ou un Rimbaud… </p> <h3>Comme une fraîcheur hors du temps</h3> <p>Ce qui saisit à la découverte de l’accrochage des œuvres de Jacques Pajak à l’Estrée, qui fera figure de révélation pour nombre de visiteurs – et j’en suis quoique connaissant déjà quelque peu, mais mal, cette œuvre que je croyais limitée à un certain «tachisme» –, c’est l’espèce de fraîcheur et de vigueur juvénile de cette peinture, alors même que toute une avant-garde et tant d’«écoles» de la première moitié du XXème siècle, dont elle procède par ailleurs, ont perdu de leur éclat et vieilli comme des modes passées. </p> <p>Au premier regard, ainsi, l’on se trouve devant l’effusion de couleurs de la grande toile intitulée comme les autres <i>Sans 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Qui aura jamais dit ce qu’elle dit de l’universel, que son chant investit depuis la nuit des temps, en termes qui ne soient pas trop vagues alors qu’elle est le contraire du vague et de l’imprécis, même lorsqu’elle divague apparemment ou semble délirer – quel discours, plus qu’en musique, remplacera-t-il jamais le chant? </p> <p>En contraste absolu avec ce qu’on peut dire le chant humain de toujours et de partout, qu’il soit d’imploration ou de déploration, hymne à la vie ou thrène de grand deuil, cantique des cantiques ou fulmination de l’éternel Job levant le poing au ciel, élégie de la nuit ou des jours sereins; à l’opposé de ce qu’on peut dire l’émotion, laquelle suggère la réalité d’une ressemblance humaine qui échappe à toute explication ou justification utilitaire – et contre ce qu’on peut appeler la poésie au sens le plus accueillant et le plus profond, le discours dézinguant Sylvain Tesson, franc-tireur des grands espaces qui n’a jamais brigué le titre de prince des poètes ni de meilleur écrivain français que d’aucuns lui prêtent, aura saisi l'amateur sincère de poésie par la platitude et la médiocrité malveillante de ses formulations relevant de la jactance alignée et de la délation de mauvaise foi relayée à foison sur les réseaux sociaux bernés par la rumeur et la rhétorique sournoise du «pas de fumée sans feu»... </p> <p>Lisez donc le texte misérable de la fameuse pétition et visez les auteurs attroupés si satisfaits d'eux-mêmes: cela des défenseurs de poésie, des esprits libres et des cœurs sensibles? </p> <p>A vrai dire, autant le fiel visant Sylvain Tesson que le miel dégoulinant sur la seule poésie poétique qui soit apparemment recevable sur visa politiquement correct, excluent tout débat éventuel sur la question d’une poésie réellement engagée comme l’ont été celles d’un Nazim Hikmet ou d’un Ossip Mandelstam.</p> <h3>Fausse parole et vérités multiples</h3> <p>Je me rappelai les mises en garde du fameux essai d’Armand Robin intitulé <i>La fausse parole</i>, visant essentiellement le langage avarié de la propagande, justement figuré par l’expression «langue de bois», en lisant (ou relisant) ces jours, purs de toute idéologie partisane, <i>La panthère des neiges</i>, les nouvelles <i>d’Une vie à coucher dehors</i>, <i>Les chemins noirs </i>en leur traversée de la France profonde<i>,</i> <i>Un été avec Rimbaud</i> et le tout récent <i>Avec les fées, </i>célébration du merveilleux celtique à l’immédiat succès combien suspect n'est-ce pas? Et combien suspecte, aussi bien, cette panthère aussi insaisissable qu’une femme de rêve, à la fois hyper-réelle et fuyante (comme l’amoureuse perdue que l’auteur évoque en sa quête), fascinante et cruelle comme toute la nature environnante ou la culture essaie de se ressourcer. </p> <p>Quoi de passionnant dans ces marches au désert, ces immensités où l’on se les gèle, ces apparitions de yacks fantômes ou de chèvres bleues que survolent des aigles sans scrupules humanitaires – quoi de glorieux dans ces errances aux chemins noirs de France obscure où le soûlographe d’un soir à gueule cassée par une guerre contre lui-même poursuit sa chasse aux fées loin des estrades? Un écervelé, sur Facebook, croit y voir du «fascisme culturel», mais chacun en jugera sans ses lunettes en bois…</p> <p>Prends garde à la beauté des choses, pourrait-on dire à la façon du délicieux Paul-Jean Toulet qui savait la merveille autant que son ombre, comme les compères Tesson et Munier (le photographe animalier qui l’a invité au bout de nulle part), avec deux autres bons compagnons de route, apprennent à chaque instant à mieux lire le livre du monde en son inépuisable poésie…</p> <h3>Quand le Dr Michaux calme le jeu en souriant</h3> <p>Au lendemain de la mort du poète Henri Michaux, massivement méconnu du grand public, le journal <i>Libération</i> (!) publia, comme par défi (ferveur sincère ou sursaut narcissique de caste branchée?), pas moins de douze pages d’hommage qui eussent probablement ravi l’intéressé de son vivant malgré sa légendaire défiance envers toute publicité.</p> <p>Or c’est au farouche et génial explorateur d’Ecuador et de la Grande Garabagne, étonnant voyageur-voyant avant la lettre, qu’il faudrait revenir aujourd’hui pour élever de quelques crans le «débat», même inexistant en l’occurrence, en exhumant deux textes de 1936 initialement parus en espagnol (un congrès du PEN-Club avait suscité la première de ces conférences) et respectivement intitulés <i>L’Avenir de la poésie</i> et <i>Recherche dans la poésie contemporaine.</i></p> <p>«Le poète n’est pas un excellent homme qui prépare à son gré des mets parfaits pour le genre humain», déclare Henri Michaux en évoquant la suite de recommandations solennelles qui ont été faites avant lui par les congressistes distingués, «le poète n’est pas un homme qui médite cette préparation, la suit avec attention et rigueur, pour livrer ensuite le produit fini à la consommation pour le plus grand bien de tous», et l’observation vaut aujourd’hui pour tous ceux qui voient en la poésie un accessoire du développement personnel ou du combat politique: «La bonne poésie est rare dans les patronages comme dans les salles de réunion politiques». Et d’ajouter dans la nuance, à propos des «cas» de Paul Eluard et de Louis Aragon: «Si un homme devient fougueusement communiste, il ne s’ensuit pas que le poète en lui, que ses profondeurs poétiques en soient atteintes. Exemple: Paul Eluard, marxiste acharné, mais dont les poèmes sont ce que vous savez, de rêve, et du genre le plus délicat». Et sur Aragon: «Un homme autrefois bourgeois mécontent, et grand poète, devenu militant communiste, dévoué à la cause comme personne, mais médiocre poète, ses poèmes de combat ont perdu toute vertu poétique».</p> <p>Tout serait à citer dans cette réflexion anti-dogmatique, qui inclut dans sa pensée l’humour et le sens commun. «En poésie, continue Michaux qui compare la fonction de sa corporation à celle d’un médecin virtuel, il vaut mieux avoir senti le frisson à propos d’une goutte d’eau qui tombe à terre et le communiquer, ce frisson, que d’exposer le meilleur programme d’entraide sociale». Est-ce dire que la poésie n’ait à s’occuper que de gouttes d’eau insignifiantes? Pas du tout, et cela nous ramène au réalisme poétique de Rimbaud autant qu’aux veilles contemplatives de Sylvain Tesson en pleine nature: «Cette goutte d’eau fera dans le lecteur plus de spiritualité que les plus grands encouragements à avoir le cœur haut et plus d’humanité que toutes les strophes humanitaires. C’est cela la TRANSFIGURATION POETIQUE. Le poète montre son humanité par ses façons à lui, qui sont souvent de l’inhumanité (celle-ci apparente et momentanée). 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Or lisez, misère, la pauvre Delaume citée partout comme l’égérie de la fameuse pétition…</p> <p>Le mérite majeur de Sylvain Tesson, s’agissant de Rimbaud, consiste à le citer, et c’est un bonheur estival qui fait oublier les printemps institués. De la même façon, avec un élan généreux qui exprime l’essence même de l’indéfinissable poésie dont ne nous parviennent, comme l’exprimait Gustave Roud, que des éclats du paradis, Henri Michaux cite ces vers mémorables d’Eluard à la fin du poème intitulé <i>L’Amour la poésie</i>: «Il fallait bien qu’un visage / réponde à tous les noms du monde», et ces premiers vers de Supervielle dans <i>Les chevaux du temps</i>: «Quand les chevaux du temps s’arrêtent à ma porte / j’hésite un peu toujours à les regarder boire / puisque c’est de mon sang qu’ils étanchent leur soif», etc.</p> <hr /> <p><img src="https://media.bonpourlatete.com/default/w1200/1706785003_615km670sal._ac_uf10001000_ql80_.jpg" class="img-responsive img-fluid left " width="200" height="309" /></p> <h4>Sylvain Tesson, «Un été avec Rimbaud», Editions des Equateurs - France inter, 217 pages.</h4> <p><img src="https://media.bonpourlatete.com/default/w1200/1706785148_images.jpeg" class="img-responsive img-fluid left " width="200" height="329" /></p> <h4>«Une vie à coucher dehors», Prix Goncourt de la nouvelle, Editions Gallimard, Folio, 208 pages. </h4> <p><img src="https://media.bonpourlatete.com/default/w1200/1706785267_aaa_79.jpg" class="img-responsive img-fluid left " width="200" height="290" /></p> <h4>«La Panthère des neiges», Prix Renaudot, Editions Gallimard, 176 pages. </h4> <p><img src="https://media.bonpourlatete.com/default/w1200/1706785383_81kbcjlce7l._ac_uf10001000_ql80_.jpg" class="img-responsive img-fluid left " width="200" height="293" /></p> <h4>«Sur les chemins noirs», Editions Gallimard, 144 pages.</h4> <p><img src="https://media.bonpourlatete.com/default/w1200/1706785459_71bbb42yil._ac_uf10001000_ql80_.jpg" class="img-responsive img-fluid left " width="200" height="258" /></p> <h4>«Avec les fées», Editions des Equateurs, 224 pages.</h4> <p><img src="https://media.bonpourlatete.com/default/w1200/1706785581_product_9782070114016_180x0.jpg" class="img-responsive img-fluid left " width="200" height="331" /></p> <h4>«Œuvres complètes I», Henri Michaux, Bibliothèque de la Pléiade, 1'584 pages.</h4>', 'content_edition' => '', 'slug' => 'et-si-la-poesie-n-avait-que-fiche-des-printemps-et-des-presidents', 'headline' => null, 'homepage' => null, 'like' => (int) 54, 'editor' => null, 'index_order' => (int) 1, 'homepage_order' => (int) 1, 'original_url' => '', 'podcast' => false, 'tagline' => null, 'poster' => null, 'category_id' => (int) 6, 'person_id' => (int) 675, 'post_type_id' => (int) 1, 'post_type' => object(App\Model\Entity\PostType) {}, 'comments' => [[maximum depth reached]], 'tags' => [ [maximum depth reached] ], 'locations' => [[maximum depth reached]], 'attachment_images' => [ [maximum depth reached] ], 'person' => object(App\Model\Entity\Person) {}, 'category' => object(App\Model\Entity\Category) {}, '[new]' => false, '[accessible]' => [ [maximum depth reached] ], '[dirty]' => [[maximum depth reached]], '[original]' => [[maximum depth reached]], '[virtual]' => [[maximum depth reached]], '[hasErrors]' => false, '[errors]' => [[maximum depth reached]], '[invalid]' => [[maximum depth reached]], '[repository]' => 'Posts' } ] $embeds = [] $images = [ (int) 0 => object(Cake\ORM\Entity) { 'id' => (int) 5050, 'created' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'modified' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'name' => 'Richard Dubugnon.jpg', 'type' => 'image', 'subtype' => 'jpeg', 'size' => (int) 3328012, 'md5' => '3f11b3dac64f2b42a2e15d4e4ed589ca', 'width' => (int) 3960, 'height' => (int) 2640, 'date' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'title' => '', 'description' => 'Richard Dubugnon, compositeur suisse: «L’homme n’a pas évolué moralement depuis l’Antiquité. 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Jean-Louis Kuffer: Maître, puisque c’est sous ce titre que vous aimez être appelé en début d’année, comment voyez-vous l’avenir à l’horizon de 2019?
Richard Dubugnon: Où avez-vous lu que je désirais être appelé ainsi? Il est vrai que l’on nommait les compositeurs «Maître» encore au début du siècle passé, or aujourd’hui seuls les chefs d’orchestre ont droit à ce terme flatteur, et en italien s’il vous plaît, alors que sans le compositeur, ils n’auraient rien à diriger…
Pour 2019, je ne suis pas devin, s’il y avait un horizon à imaginer «en bien», ce serait l’ébauche d’une action globale pour sauver le climat de notre planète! Je crains cependant que 2019 ne soit que la continuation de 2018: plus de pollution, plus d’insécurité, plus de peur, donc plus d’agressivité, hélas. L’homme n’a pas évolué moralement depuis l’antiquité. Pire: il a mis son affolante technologie au service de ses tares les plus viles. Mon souhait caché serait que la morale de mon ouvrage, que vous découvrirez en fin d’entretien, soit suivie par tous.
La rumeur parle de votre prochain ouvrage en le qualifiant d’opérette. Est-ce bien sérieux?
Il s’agit en effet d’une opérette mais – comme le terme le laisse deviner – c’est évidemment pour ne pas se prendre au sérieux. Une réaction sans doute à l’actualité que nous servent les médias friands de sensationnalisme et qui fait leur pain quotidien. En réalité, cela fait longtemps que je voulais m’amuser et montrer mon penchant clownesque, qui est plus «moi» dans la vie réelle que le compositeur de concertos et de musique savante.
L’on dit aussi que l’opus en question sera représenté dans une grange. Le confirmez-vous à l’heure qu’il est?
Oui, à la Grange de Dorigny, mais on aura pris soin d’en ôter les bottes de paille, car vu que la musique est «hot», le risque d’incendie est grand.
Est-ce trop vous demander d’en détailler l’intrigue sans déflorer le secret de ses ressorts?
On laissera donc les ressorts vierges tout en vous dévoilant ceci: Jeanne & Hiro raconte l’histoire d’une soprano à la voix ordinaire qui débute l’opérette par une audition pour la Sopran’Ac, parodie de programmes télévisés. Recalée, elle décide d’aller à Rio pour changer de voix. Dans un Rio fantasmagorique, où se pratiquent des opérations en tout genre, elle y fera la connaissance du marabout noir albinos Loumbago, des travestis Foao, Woao et Boao, du culturiste Pho To Ma Tong et enfin de Hiro, champion du monde de karaoké, qui fera battre son cœur un peu plus fort. Ses tentatives de changer de voix lui feront connaître moult aventures et mésaventures, ce qui fait qu’elle n’aura à la fin qu’un seul désir: retrouver sa petite voix d’antan.
Le transit de l’Oratorio à l’Opérette exige-t-il ce qu’on pourrait taxer de grand écart musical?
Je suis habitué à m’adapter à chaque nouveau projet. Pour le Mystère d’Agaune auquel vous faites allusion, je me suis collé au texte magnifique de Christophe Gallaz, teinté de gravité et de douce poésie, tout en le mâtinant de touches humoristiques: ici des ustensiles de cuisine, des sirènes d’ambulances, là un orgue de Barbarie jouant des antiennes grégoriennes, un orgue faux jouant une valse déglinguée… Le burlesque n’est jamais loin, car le rire est sacré. Ceux qui ne rient pas ne sont pas humains! N’est-il pas vrai que le rire est le propre de l’homme, puisque certains animaux pleurent? Ce transit m'est donc intrinsèque, il est organique, intestinal.
Qu’en est-il de vos interprètes, chanteurs et musiciens? Vont-ils nous dérider?
«C’est pas tous les jours qu’on vous déride les fesses», disait notre ami Tonton Georges, mais il s’agit de la troupe Cluster Créations, dirigée par Elisabeth Greppin-Péclat, rompue à l’exercice de création, puisqu’elle avait notamment ressuscité l’opéra Sauvage du regretté Dominique Lehmann en cette même Grange de Dorigny en 2016. Pour Jeanne & Hiro, le foisonnement de Rio nécessite des artistes versatiles capables de faire plusieurs personnages à la fois, des musiciens jouant de plusieurs instruments dans plusieurs styles, du classique au funk en passant par la samba bien sûr, et capables de jouer la comédie. Il y aura aussi de la vidéo, des effets sonores et un peu de magie. Je fais appel à cinq chanteurs, un petit orchestre de couleur jazz: piano, basse, batterie, percussion. La mise en scène est assurée par le dramaturge vaudois Benjamin Knobil, également auteur de pièces de théâtre et qui a fondé la compagnie Nonante Trois.
Quel message cette œuvre nouvelle fait-elle passer, et notamment à l’attention de nos jeunes?
Comme dans toutes les comédies, il y a beaucoup de messages d’avertissement sous le couvert du burlesque: en ouverture d’opérette, le Cancan du cellulaire rappelle d'éteindre son téléphone portable en se moquant de l’addiction de certains. Les répliques du jury de la Sopran’Ac illustrent l'arrogance de ceux qui s’improvisent juges dans des matières où ils n’y entendent rien. L’air avec chœur Fum’ fum’ nous renvoie à l’époque où fumer était un art, alors qu'aujourd’hui c’est devenu un acte terroriste… Ainsi de suite. La morale que je cherche à faire passer - après m’être gentiment vengé des chanteuses égocentriques et copieusement moquesé du monde du showbiz classique et télévisé - est «on est vraiment bien qu’avec ce qu’on a » et « il faut s’accepter tel que l’on est ». Une prière toute bête, mais qui rendrait la planète un meilleur endroit pour vivre si elle était suivie par tous!
Je cite le quatrain final de Jeanne & Hiro chanté en chœur:
Ah qu'on est bien avec sa vraie voix,
On est vraiment bien qu'avec ce qu'on a!
Vouloir toujours plus, ça obsède,
Et fait négliger ce qu'on possède.
Il faut savoir s'accepter tel que l'on est.
Soprano, petite ou grande,
Noir, blanc, métis, albinos ou japonais,
La règle reste la même:
On ne peut aimer sans s'aimer soi-même.
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Une prière toute bête, mais qui rendrait la planète un meilleur endroit pour vivre si elle était suivie par tous!</p><p> Je cite le quatrain final de <em>Jeanne & Hiro</em> chanté en chœur: </p><blockquote><span style="font-size: 1.6rem;">Ah </span><font size="3">qu'on est bien avec sa vraie voix,<br></font><span style="font-size: 1.6rem;">On est vraiment bien qu'avec ce qu'on a!<br></span><span style="font-size: 1.6rem;">Vouloir toujours plus, ça obsède,<br></span><span style="font-size: 1.6rem;">Et fait négliger ce qu'on possède.<br></span><span style="font-size: 1.6rem;">Il faut savoir s'accepter tel que l'on est.<br></span><span style="font-size: 1.6rem;">Soprano, petite ou grande,<br></span><span style="font-size: 1.6rem;">Noir, blanc, métis, albinos ou japonais,<br></span><span style="font-size: 1.6rem;">La règle reste la même:<br></span><span style="font-size: 1.6rem;">On ne peut aimer sans s'aimer soi-même.</span></blockquote>', 'content_edition' => null, 'slug' => 'et-l-operette-ca-vous-chante', 'headline' => false, 'homepage' => 'col-md-12', 'like' => (int) 745, 'editor' => null, 'index_order' => (int) 1465, 'homepage_order' => (int) 1733, 'original_url' => null, 'podcast' => false, 'tagline' => null, 'poster' => null, 'category_id' => (int) 2, 'person_id' => (int) 675, 'post_type_id' => (int) 1, 'poster_attachment' => null, 'editions' => [], 'tags' => [ (int) 0 => object(App\Model\Entity\Tag) {} ], 'locations' => [], 'attachment_images' => [ (int) 0 => object(Cake\ORM\Entity) {} ], 'attachments' => [ (int) 0 => object(Cake\ORM\Entity) {} ], 'person' => object(App\Model\Entity\Person) {}, 'comments' => [], 'category' => object(App\Model\Entity\Category) {}, '[new]' => false, '[accessible]' => [ '*' => true, 'id' => false ], '[dirty]' => [], '[original]' => [], '[virtual]' => [], '[hasErrors]' => false, '[errors]' => [], '[invalid]' => [], '[repository]' => 'Posts' } $relatives = [ (int) 0 => object(App\Model\Entity\Post) { 'id' => (int) 4813, 'created' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'modified' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'publish_date' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'notified' => null, 'free' => false, 'status' => 'PUBLISHED', 'priority' => null, 'readed' => null, 'subhead' => null, 'title' => 'Quand les hirondelles d’Ossorguine résistent au chaos du monde', 'subtitle' => 'A l’enseigne de La Bibliothèque de Dimitri, salutaire opération de sauvetage du trésor littéraire de L’Age d’Homme, «Une rue à Moscou» de Michel Ossorguine (Mikhaïl dans la présente réédition), représente un fleuron relativement méconnu des fameux Classiques slaves dirigés par Jacques Catteau et Georges Nivat. 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Condamné à mort une première fois, puis libéré, exilé en Italie, voyageant de là en France où il se livra au journalisme, il revint en Russie dès 1916, adhéra à la Révolution de Février, mais s'éleva contre celle d'Octobre et, en 1919, passa une nouvelle fois à deux doigts de la mort, séjournant quelque temps dans la sinistre fosse du «vaisseau de la mort» de la Loubianka (prison de la Tchéka) qu'il décrit dans les deux livres auxquels le lecteur de langue française a désormais accès: <i>Saisons</i>, son autobiographie, et <i>Une rue à Moscou. </i></p> <p>Expulsé d'Union soviétique en 1922, réfugié à Paris jusqu'en 1940, puis finissant ses jours dans une petite maison située au cœur de la France occupée, Michel Ossorguine semble n'avoir gardé aucun ressentiment à l'égard d'un régime qu'il a certes combattu, acceptant comme une composante de l'âme et de l'histoire de son peuple bien-aimé le dernier état, catastrophique, de la révolution trahie.</p> <p>Aussi peu marxiste que peut l'être un individualiste ennemi des systèmes simplificateurs, ayant éprouvé la vérité de ses opinions au trébuchet de l'expérience et des souffrances humaines, il nous a laissé, avec <i>Une rue à Moscou</i>, le témoignage artistique le plus extraordinaire qui soit sans doute, recouvrant la période de 1914 aux années 1920 – exceptionnel en cela qu'il prend le parti des humains contre celui des idées, celui des destins particuliers contre celui des concepts abstraits.</p> <h3>Une journée merveilleuse</h3> <p>Roman de presque cinq cents pages serrées divisé en tout petits chapitres, <i>Une rue à Moscou</i> s'ouvre sur une merveilleuse journée, dans la maison d'angle d'une ruelle connue sous le nom de Sivtzev Vrajek, domicile d'un vieil ornithologue savant, célèbre dans le monde entier pour ses travaux. </p> <p>C'est le temps du retour des hirondelles, et la délicieuse Tanioucha, petite-fille du professeur, apparaît à la fenêtre, qui va éclairer de son sourire jusqu'aux pages les plus tragiques du livre. Le soir, tout un monde d'amis et de connaissances afflue dans la maison de Sivtzev Vrajek – que l'auteur nous présente d'emblée comme le centre de l'univers –, l'on converse et l'on écoute les dernières compositions d'un musicien de grand talent, Edouard Lvovitch.</p> <p>Il y a là un étudiant ratiocineur, l'une des premières victimes de la guerre toute proche, un savant biologiste, le jeune Vassia préparateur à l'université, un jeune officier plein d'avenir (et l'on verra duquel!) du nom de Stolnikov, la grand-mère Aglaya Dmitrievna, et bien d'autres personnages encore que nous suivrons dans leur destinée.</p> <p>De fait, tandis qu'Edouard Lvovitch exécute au piano son improvisation sur le thème du «Cosmos», la vie, elle, poursuit son œuvre féconde et destructrice à la fois. Pour annoncer la guerre, Ossorguine décrit alors une bataille rangée de fourmis: «Comme un invisible ouragan, comme une catastrophe universelle, une force divine, irrésistible et destructrice traversa l'espace, inconnu même à l'esprit de la fourmi la plus avisée». Et d'enchaîner aussitôt après: «Les armées des fourmis ne furent pas les seules à périr»...</p> <p>Et l'on entre dans le tourbillon. Mais que le lecteur n'imagine pas que le mouvement du livre va s'accélérer, pour céder au pathétique. Non: patiemment, posément, Ossorguine agence sur la muraille chaque élément de son immense fresque, laquelle comptera des visions d'une horreur insoutenable, pondérées cependant par le contrepoint des zones lumineuses de la vie reprenant ses droits.</p> <h3>La duperie compliquée et grandiose</h3> <p>De quoi est faite l'Histoire? A en croire Michel Ossorguine, qui en parle assez longuement dans <i>Saisons,</i> ce ne sont pas les historiens brassant leurs papiers poussiéreux qui nous renseigneront les mieux. Le «bruit du temps», dont parle Ossip Mandelstam, n'est pas à écouter dans les bibliothèques ou les archives, mais c'est dans la rue, dans les cours intérieures des maisons, dans les trains et sur les places qu'il faut lui prêter l'oreille. Et c'est ce que fait le romancier.</p> <p>A cette guerre, ainsi, toutes les justifications <i>a posteriori</i> seront données, tandis que les milliers d'Ivan, de Vassili et de Nikolaï lancés contre des milliers de Hans et de Wilhelm n'ont eu à se satisfaire que de mots d'ordre: «Des mots simples, faciles à prononcer, ainsi qu'un certain nombre de belles expressions, les mêmes dans toutes les langues, pour remplacer la pensée...»</p> <p>«De cette façon, continue le romancier, grâce à une purification méticuleuse, les turpitudes et les mensonges des ronds-de-cuir se trouvaient, en dernier lieu, transformées en bel héroïsme et en larmes pures. Quant aux gens bornés, ils parlaient de simple duperie, ce qui était injuste: la duperie était très compliquée et grandiose…»</p> <p>Plus compliquée et plus grandiose, encore, car née du peuple, et non plus seulement orchestrée par les puissants de ce monde, sera la duperie de la Révolution, et la vision qu'Ossorguine nous en donnera, multipliant les points de vue, saura nous apprendre, par le détail, à replacer chaque élan légitime et chaque erreur dans le contexte dramatique d'alors: «Des deux côtés, il y avait des héros, des cœurs purs, des sacrifices, des hauts faits, de l'endurcissement, une noble humanité non livresque, de la cruauté bestiale, la crainte, les désillusions, la force, la faiblesse, le morne désespoir. Il eût été beaucoup trop simple, et pour les survivants et pour l'histoire, qu'il existât une vérité unique ne combattant que contre le mensonge. Car il y avait deux vérités et deux honneurs luttant l'un contre l'autre. 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Si toutes les classes sociales ne sont pas représentées par Ossorguine (point de bourgeois ni d'aristocrates, par exemple), il nous invite néanmoins à suivre les faits et gestes d'une poignée de braves gens, parmi lesquels il s'en trouvera de plus vulnérables que les autres – ou de moins chanceux, tout simplement –, qui succomberont à la première vague d'événements.</p> <p>Il en va ainsi du beau Stolnikov, les jambes sectionnées par un obus, homme-tronc monstrueux qui finira par se jeter du haut d'une fenêtre; et d'autres qui, lors des années de famine, «s'arrangeront» comme ils pourront avec le nouveau régime, tel le misérable Zavalichine, devenu bourreau de la Tchéka en sorte de toucher de plus abondantes rations.</p> <p>Or Michel Ossorguine ne juge pas, et n'accuse jamais. Ce n'est pas «omnitolérance» de sa part, car on sent bien la sourde colère qu'il entretient à l'endroit des «grosses légumes», mais cela participe bien plutôt de son choix de décrire et d'expliquer le sort et les réactions d'une humanité moyenne prise dans un engrenage qui la dépasse.</p> <p>C'est là justement que réside l'immense intérêt d'<i>Une rue à Moscou</i>, sans compter la foison de détails observés par l'auteur. Le roman s'achève, après l'audition de l'Opus 37, dernière œuvre d'Edouard Lvovitch dans laquelle le génial musicien (on pense à Chostakovitch) concentre les aboutissants de la tragédie: «Le sens du chaos est né. 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On ne va pas tout raconter: lisez…</p> <p>Or ce qui marque la différence entre une série télé, – même les meilleures, comme la «mini» suédoise <i>Une si belle famille</i> – et ce roman, c’est qu’on oublie tout très vite de celle-là quand celui-ci nous reste «imprimé» en mémoire, avec tous ses personnages, ses dialogues incrustés dans le récit, ses moindres péripéties brassées dans le mouvement tourbillonnant de la narration, sa mélodie et ses sanglots – la sclérose en plaques de Judith, les désarrois de Clémence, le cancer de Karine, la rage de jalousie résignée d’Anne-Lise – ses cruautés compulsives et ses pardons, bref: la vie ressaisie par un regard aimant (aimant au double sens) et l’admirable travail d’un style.</p> <hr /> <p><img src="https://media.bonpourlatete.com/default/w1200/1709207682_9782080246066.jpg" class="img-responsive img-fluid left " width="200" height="311" /></p> <h4>«Les Indulgences», Pascale Kramer, Editions Flammarion, 249 pages.</h4>', 'content_edition' => '', 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jamais cessé de confronter sa modeste destinée de polygraphe autodidacte à celle de ces titans peu académiques que furent un Nietzsche – auquel il vient d’ailleurs de consacrer une nouvelle approche via la musique – ou un Pessoa, un Freud ou un Walter Benjamin, un Pavese ou un Rimbaud… </p> <h3>Comme une fraîcheur hors du temps</h3> <p>Ce qui saisit à la découverte de l’accrochage des œuvres de Jacques Pajak à l’Estrée, qui fera figure de révélation pour nombre de visiteurs – et j’en suis quoique connaissant déjà quelque peu, mais mal, cette œuvre que je croyais limitée à un certain «tachisme» –, c’est l’espèce de fraîcheur et de vigueur juvénile de cette peinture, alors même que toute une avant-garde et tant d’«écoles» de la première moitié du XXème siècle, dont elle procède par ailleurs, ont perdu de leur éclat et vieilli comme des modes passées. </p> <p>Au premier regard, ainsi, l’on se trouve devant l’effusion de couleurs de la grande toile intitulée comme les autres <i>Sans 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personnage hors du commun, excessif à tous égards et dont la peinture constitue en somme, par-delà ses multiples activités et visées aussi confuses qu’ambitieuses, la pointe de sa quête effrénée et jamais satisfaite de ce qui ne se définit pas, en art non plus qu’en poésie, beauté ou vérité, chant du monde ou exorcisme du poids du monde, etc.</p> <h3>Tout lire, tout dire, tout faire, tout «déconstruire»…</h3> <p>Ce qu’il y a de très révélateur, et de très émouvant aussi, dans l’exposition actuelle de L’Estrée, c’est de découvrir en consonance, au-delà de leurs particularités plastiques évidemment différentes, ce qui unit le regard sur le monde d’un père jeune et d’un fils atteignant le double de l’âge de celui-ci, et qui se traduit par la même rigueur esthétique et la même intensité juvénile: à savoir l’affirmation sérieuse et jamais complaisante d’une vision toute personnelle, jamais académique ni flattant l’air du temps quoique tous deux soient engagés dans les menées collectives de leurs époques respectives, chacun farouchement indépendant, en autodidacte souvent tâtonnant, tous deux grands travailleurs, lecteurs boulimiques, le père donnant au fils l’exemple d’un énergumène rimbaldien de dix-sept piges impatient de changer le monde et à peu près sûr d’être le nouveau Leonard de Vinci avant de conclure à sa misérable nullité, se jurant supérieur à Picasso ou à Le Corbusier tel jour et doutant de tout le lendemain avant de se rêver réformateur des mathématiques mondiales ou peut-être chef d’un Etat idéal; et dans la foulée de ce vrai fou, plus de cinquante ans après sa mort tragique – lui fonçant sur la route comme un dératé et un autre cinglé déboîté lui rentrant dedans –, Frédéric qui s’en vient raconter aujourd’hui les tenants et aboutissants «musicaux» de la folie de Nietzsche…</p> <h3>La musique contre la mort</h3> <p>Si la musique a joué un rôle non négligeable dans les menées créatrices de Jacques le touche-à-tout, complice de Michel Puig et de Charles Dutoit pour deux opéras autant que d’Ernest Ansorge et de Freddy Buache pour le cinéma ou de René Berger pour les envolées théorique sur l’art, son fils fait cavalier seul, dans le sillage «nietzschéen» de son paternel, pour évoquer, dans son tout récent <i>Nietzsche au piano</i>, le philosophe en lequel il voit d’abord un poète, alors que le grand moustachu mal portant se voit essentiellement musicien; et l’on se dit que Jacques eût pu se montrer fier de Frédéric en lisant ce bel essai limpide d’écriture et solide de documentation, qui marque à la fois ce qui distingue fondamentalement l’aspiration de Nietzsche à une musique des îles bienheureuses et du sud dionysiaque, par opposition aux pompes germanique de son ami-ennemi Wagner, et ce qui fonde bonnement l’essence de la musique en sa qualité de langage le plus pur.</p> <p>Or cette musique, pour revenir à L’Estrée, passe autant par les paysages à l’encre de Chine de Frédéric que par les couleurs et les douleurs de Jacques, qui 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Quelle plus belle enseigne pour illustrer la vitalité de la poésie et la fraternité de celles et ceux qui l’aiment? Or à la veille de sa prochaine édition (du 9 au 25 mars 2024), une polémique absurde, mais révélatrice de quel malentendu, agite ces jours le marigot politico-littéraire parisien qui voit en l’écrivain Sylvain Tesson, appelé à présider la manifestation, un personnage idéologiquement suspect, «icône réactionnaire» dont le portrait partial qu’on en fait prouve qu’on n'en a rien lu. Au lieu d’un débat légitime sur les rapports de la poésie avec la société, ou sur l’engagement politique des poètes: une mêlée de basse jactance sectaire relayée par les médias et les réseaux sociaux érigés en nouvelle instance de censure.', 'subtitle_edition' => 'Le Printemps des poètes! Quelle plus belle enseigne pour illustrer la vitalité de la poésie? Or à la veille de sa prochaine édition, une polémique absurde agite le marigot politico-littéraire parisien. 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Et d’ajouter dans la nuance, à propos des «cas» de Paul Eluard et de Louis Aragon: «Si un homme devient fougueusement communiste, il ne s’ensuit pas que le poète en lui, que ses profondeurs poétiques en soient atteintes. Exemple: Paul Eluard, marxiste acharné, mais dont les poèmes sont ce que vous savez, de rêve, et du genre le plus délicat». Et sur Aragon: «Un homme autrefois bourgeois mécontent, et grand poète, devenu militant communiste, dévoué à la cause comme personne, mais médiocre poète, ses poèmes de combat ont perdu toute vertu poétique».</p> <p>Tout serait à citer dans cette réflexion anti-dogmatique, qui inclut dans sa pensée l’humour et le sens commun. «En poésie, continue Michaux qui compare la fonction de sa corporation à celle d’un médecin virtuel, il vaut mieux avoir senti le frisson à propos d’une goutte d’eau qui tombe à terre et le communiquer, ce frisson, que d’exposer le meilleur programme d’entraide sociale». Est-ce dire que la poésie n’ait à s’occuper que de gouttes d’eau insignifiantes? Pas du tout, et cela nous ramène au réalisme poétique de Rimbaud autant qu’aux veilles contemplatives de Sylvain Tesson en pleine nature: «Cette goutte d’eau fera dans le lecteur plus de spiritualité que les plus grands encouragements à avoir le cœur haut et plus d’humanité que toutes les strophes humanitaires. C’est cela la TRANSFIGURATION POETIQUE. Le poète montre son humanité par ses façons à lui, qui sont souvent de l’inhumanité (celle-ci apparente et momentanée). 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Or lisez, misère, la pauvre Delaume citée partout comme l’égérie de la fameuse pétition…</p> <p>Le mérite majeur de Sylvain Tesson, s’agissant de Rimbaud, consiste à le citer, et c’est un bonheur estival qui fait oublier les printemps institués. De la même façon, avec un élan généreux qui exprime l’essence même de l’indéfinissable poésie dont ne nous parviennent, comme l’exprimait Gustave Roud, que des éclats du paradis, Henri Michaux cite ces vers mémorables d’Eluard à la fin du poème intitulé <i>L’Amour la poésie</i>: «Il fallait bien qu’un visage / réponde à tous les noms du monde», et ces premiers vers de Supervielle dans <i>Les chevaux du temps</i>: «Quand les chevaux du temps s’arrêtent à ma porte / j’hésite un peu toujours à les regarder boire / puisque c’est de mon sang qu’ils étanchent leur soif», etc.</p> <hr /> <p><img src="https://media.bonpourlatete.com/default/w1200/1706785003_615km670sal._ac_uf10001000_ql80_.jpg" class="img-responsive img-fluid left " width="200" height="309" /></p> <h4>Sylvain Tesson, «Un été avec Rimbaud», Editions des Equateurs - France inter, 217 pages.</h4> <p><img src="https://media.bonpourlatete.com/default/w1200/1706785148_images.jpeg" class="img-responsive img-fluid left " width="200" height="329" /></p> <h4>«Une vie à coucher dehors», Prix Goncourt de la nouvelle, Editions Gallimard, Folio, 208 pages. </h4> <p><img src="https://media.bonpourlatete.com/default/w1200/1706785267_aaa_79.jpg" class="img-responsive img-fluid left " width="200" height="290" /></p> <h4>«La Panthère des neiges», Prix Renaudot, Editions Gallimard, 176 pages. </h4> <p><img src="https://media.bonpourlatete.com/default/w1200/1706785383_81kbcjlce7l._ac_uf10001000_ql80_.jpg" class="img-responsive img-fluid left " width="200" height="293" /></p> <h4>«Sur les chemins noirs», Editions Gallimard, 144 pages.</h4> <p><img src="https://media.bonpourlatete.com/default/w1200/1706785459_71bbb42yil._ac_uf10001000_ql80_.jpg" class="img-responsive img-fluid left " width="200" height="258" /></p> <h4>«Avec les fées», Editions des Equateurs, 224 pages.</h4> <p><img src="https://media.bonpourlatete.com/default/w1200/1706785581_product_9782070114016_180x0.jpg" class="img-responsive img-fluid left " width="200" height="331" /></p> <h4>«Œuvres complètes I», Henri Michaux, Bibliothèque de la Pléiade, 1'584 pages.</h4>', 'content_edition' => '', 'slug' => 'et-si-la-poesie-n-avait-que-fiche-des-printemps-et-des-presidents', 'headline' => null, 'homepage' => null, 'like' => (int) 54, 'editor' => null, 'index_order' => (int) 1, 'homepage_order' => (int) 1, 'original_url' => '', 'podcast' => false, 'tagline' => null, 'poster' => null, 'category_id' => (int) 6, 'person_id' => (int) 675, 'post_type_id' => (int) 1, 'post_type' => object(App\Model\Entity\PostType) {}, 'comments' => [[maximum depth reached]], 'tags' => [ [maximum depth reached] ], 'locations' => [[maximum depth reached]], 'attachment_images' => [ [maximum depth reached] ], 'person' => object(App\Model\Entity\Person) {}, 'category' => object(App\Model\Entity\Category) {}, '[new]' => false, '[accessible]' => [ [maximum depth reached] ], '[dirty]' => [[maximum depth reached]], '[original]' => [[maximum depth reached]], '[virtual]' => [[maximum depth reached]], '[hasErrors]' => false, '[errors]' => [[maximum depth reached]], '[invalid]' => [[maximum depth reached]], '[repository]' => 'Posts' } ] $embeds = [] $images = [ (int) 0 => object(Cake\ORM\Entity) { 'id' => (int) 5050, 'created' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'modified' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'name' => 'Richard Dubugnon.jpg', 'type' => 'image', 'subtype' => 'jpeg', 'size' => (int) 3328012, 'md5' => '3f11b3dac64f2b42a2e15d4e4ed589ca', 'width' => (int) 3960, 'height' => (int) 2640, 'date' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'title' => '', 'description' => 'Richard Dubugnon, compositeur suisse: «L’homme n’a pas évolué moralement depuis l’Antiquité. 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